Newsletter du 8 mars 2012 Hausse cyclique du marché des actions dans une tendance de marché baissier Les prévisions conjoncturelles des économistes changent actuellement presque tous les mois. Avant Noël, beaucoup d’entre eux estimaient que l’économie mondiale afficherait une croissance nulle pour l’année 2012. Pourtant, dès fin janvier, l’atmosphère sur les marchés financiers s’est considérablement améliorée. Les chiffres du chômage en baisse en janvier (8,3% contre 8,5% en décembre 2011) constituent sans doute la raison principale de cette meilleure atmosphère aux EtatsUnis. Les indicateurs conjoncturels précoces mondiaux se sont toutefois également redressés de manière significative, comme le montre le graphique ci-dessous: Graphique: indicateurs conjoncturels avancés Les pays du BRIC ont également participé à l’amélioration de la situation. Après des taux de croissance de plus de 10% en 2009 et en 2010, la Chine affichait une augmentation du PIB de 9,5% pour l’année 2011. Selon la revue spécialisée «The Economist», le PIB attendu pour le Brésil (+3,3%) et pour l’Inde (+7,1%) est, pour l’année écoulée, plus solide que ne l’envisageaient les prévisions il y a encore quelques semaines. Toutes ces indications soulignent encore davantage le contexte que PIMCO (plus grand gestionnaire d’obligations pour clients institutionnels au monde) décrit comme «The New Normal»: une croissance durable et en augmentation dans les pays émergents, et une croissance faible et fragile dans les vieux pays industrialisés. En Europe, la BCE a également poussé vers plus d’optimisme en accordant aux banques commerciales européennes des prêts à 3 ans d’un montant illimité (LTRO). L’Espagne, l’Italie, mais aussi la France, en tirent profit en pouvant acquérir des fonds sur le marché des capitaux avec des conditions bien plus intéressantes qu’en décembre. Ces liquidités de la BCE d’un montant de plus de 1 billion d’euros atténuent sans nul doute à court terme le risque de pénurie de crédits. Nous craignons cependant que ces mesures ne résolvent pas les problèmes du secteur bancaire mais ne servent qu’à gagner du temps. Grâce au LTRO, les banques reçoivent de la part de la BCE, presque gratuitement, des liquidités qu’elles placent à nouveau ou utilisent pour acheter des emprunts d’Etat avec un rendement d’au moins 4%. Malheureusement, la quantité d’argent provenant de ces crédits et se retrouvant dans l’économie réelle est presque nulle. Le LTRO permet aussi d’éviter d’avoir à instaurer en urgence un taux de 1 fonds propre plus élevé pour les banques commerciales. Une nouvelle orientation de leur stratégie commerciale, comme la diminution de l’investment banking ou la vente des activités commerciales n’appartenant pas à l’activité principale, est de nouveau repoussée. Dans le même temps, les politiques doivent faire en sorte que les banques soient soulagées des titres d’Etat surendettés. Tant que ces tâches nécessaires et urgentes ne sont pas abordées, les faillites bancaires, et les conséquences économiques négatives qui en découlent, ne sont qu’une question de temps. Pour résumer, nous pensons que, malgré l’étonnante amélioration des chiffres du marché ces dernières semaines, les risques conjoncturels et géopolitiques existent toujours. Le processus de désendettement des pays industrialisés prendra des années. L’endettement des pouvoirs publics est trop important et le taux d’épargne des ménages privés n’est pas suffisamment consolidé. Dans ce contexte, les entreprises solidement dotées en capital n’investiront que timidement, et dans des projets plus raisonnables qu’auparavant. Les conséquences en seront, d’une part, que l’objectif du plein emploi sera plus long à atteindre et, d’autre part, qu’il existera sur le long terme des fluctuations importantes dans le comportement de consommation des ménages privés. En dépit de la «New Normal These» de PIMCO, les pays émergents seront eux aussi touchés par cette évolution, même si les effets seront moins prononcés que pour les pays industrialisés. La transformation d’une économie tournée vers les exportations, comme on l’observe notamment en Asie du Sud-Est, en une économie intérieure ne peut pas se faire du jour au lendemain. Le conflit autour du programme nucléaire iranien représente un risque supplémentaire. Une escalade de ce conflit pousserait le prix du pétrole, déjà certes très élevé, vers le haut. Si ce cas de figure se réalisait, les analystes n’excluent pas la possibilité d’un prix de USD 150,00 par baril (WTI) Ce qui influencerait fortement la consommation privée. US personal saving rates in % 1991-12-01 1993-03-01 1994-06-01 1995-09-01 1996-12-01 1998-03-01 1999-06-01 2000-09-01 2001-12-01 2003-03-01 2004-06-01 2005-09-01 2006-12-01 2008-03-01 2009-06-01 2010-09-01 2011-12-01 7.7 5.5 5.5 4.9 4.7 6.0 2.8 2.6 2.3 3.2 4.0 1.4 2.7 4.5 5.5 5.4 4.7 10 9 8 7 6 5 4 3 2 1 0 Source: US Departement of Commerce Du fait de la forte hausse des actions depuis octobre 2011, il faut s’attendre à ce que les cours maximum soient progressivement atteints dans les prochaines semaines, déclenchant ainsi une phase de consolidation. Des troubles liés aux réformes du marché du travail prévues en Italie et en Espagne pourraient faire office de déclencheur, de même qu’un nouvel élan de scepticisme face aux résultats conjoncturels dans les pays périphériques. La croissance économique de la Chine qui devrait être moins élevée que prévu (+7,5% pour 2012) pourrait aussi troubler les perspectives sur les marchés financiers. La situation des portefeuilles de crédit des banques de ce pays se dégrade à vue d’œil, d’une part à cause de mauvaises répartitions des pouvoirs publics dans les provinces chinoises, et d’autre part en raison d’une surchauffe du marché immobilier dans les villes «Tier 2» et «Tier 3», c’est-à-dire en dehors des régions de Pékin, Shanghai ou Hong Kong. 2 Dans l’environnement de marché actuel, la surpondération des actions CH et des actions en devises étrangères est depuis peu partiellement garantie, ou diminuée par des ventes. Les taux d’intérêt bas, qui le resteront un certain temps, ont mené à un allongement de la duration de nos portefeuilles d’obligations. Nous maintenons toutefois encore notre sous-pondération pour cette classe de placement. Nous nous concentrons sur le pétrole et le gaz naturel pour les matières premières et sur l’or et le platine pour les métaux précieux. Nous sous-pondérons toutes les autres matières premières du fait de la menace d’un ralentissement conjoncturel. 3