ACCFP TECHNICAL REPORT Thème : Intérêt économique de la prévision saisonnière: modélisation bioéconomique d’ exploitations agricoles au Burkina Faso Warvar Pierye Isabelle DABIRE RESUME L’agriculture en Afrique de l’ouest, vitale pour la population locale, est fortement dépendante du facteur climat. Cette dépendance s’explique par le fait que la production agricole est basée sur l’agriculture en pluviale. Cependant la saison des pluies connait une forte perturbation ces dernières décennies, soit en termes de la quantité d’eau reçue, soit en termes de distribution temporelle et spatiale des pluies, (Maurizio, Lorenzo, Andrea, Idrissa, Birama, & Mamadou, 2008). Cette variabilité du temps et du climat a des impacts significatifs sur la vie de la population à travers les questions de sécheresse, des inondations, des vagues de chaleur, de la famine et des épidémies. Ces impacts influent sur la capacité des populations à répondre à des besoins essentiels. Elles sont donc exposées à l’insécurité alimentaire, à une mauvaise gestion des ressources en eau, à des problèmes de santé, des calamités naturelles et à la dégradation de l'environnement. En conséquence, le climat se trouve dans le centre des préoccupations majeures des scientifiques et le monde des décideurs. Et donc, connaître le statut de la saison à venir est une donnée pertinente pour tout acteur de la chaîne. Notre etude permettra d'évaluer la contribution réelle des prévisions saisonnières dans les activités agricoles et le revenu des agriculteurs par le biais de modélisation économique. En outre, cette étude a permis d'évaluer la perception du changement climatique par les agriculteurs, de leurs moyens de prévisions saisonnières et de leur stratégie d'adaptation, dont celle de la mise en œuvre d'une assurance au risque basée sur un indice climatique. ABSTRACT Economic interest of seasonal forecasting in Burkina Faso: bioeconomic modeling for agricultural farmers.Agriculture that is vital for the local populations in West Africa, is highly dependent on the climate factor. This dependency is explained by the fact that agricultural production is based on agriculture in rain. However, rainy season meet strong disturbance in recent decades, either in terms of the quantity of water received, or in terms of temporal and spatial distribution . This variability of weather and climate has significant impacts on the lives of people around issues of drought, floods, waves of cold and heat, famine and epidemics. These impacts affect the ability of people to meet the essential requirements. They are therefore exposed to food insecurity, poor management of water resources, natural disasters, health problems and environmental degradation. Accordingly, climate lies in the centre of the major concerns of the scientific and policy-makers world. And so, know the status of the upcoming season is a relevant fact for any player in the chain. Agricultural seasonal forecasting will have a positive impact on agricultural production because integrating meteorological information while cropping calendar helps reduce uncertainty to climate risks. Our study will assess the real contribution of seasonal forecasts in agricultural activities and the income of farmers through economic modeling. Moreover, this study allowed evaluating the perception of climate change by farmers, their means of seasonal forecast and their adaptation strategy, new material adaptation through the implementation of a climate insurance based on an index. Keyword: seasonal forecasting, risk insurance, bio-economic modeling. Acknowledgements This project was funded through the African Climate Change Fellowship Program (ACCFP). The ACCFP is supported by a grant from the Climate Change Adaptation in Africa (CCAA), funded jointly by the International Development Research Centre (IDRC) of Canada and the UK’s Department of International Development (DFID). The International START Secretariat is the implementing agency in collaboration with the Institute of Resource Assessment (IRA) of the University of Dar Es Salaam and the African Academy of Sciences (AAS). Introduction Etant dans un contexte de changement et de variabilité climatique, devenus à présent une réalité indéniable et en partie inévitable du fait des émissions passées et actuelles du gaz à effet de serre (GES), ces fluctuations saisonnières peuvent constituer un frein au développement socio économiques des pays sahéliens ; Dès lors le climat se situe au centre des préoccupations majeures du monde scientifique et des décideurs politiques. Et c’est ainsi que, connaitre l’état de la saison à venir est une donnée pertinente pour tout acteur de la chaine agricole. C’est pourquoi les prévisions saisonnières de court terme du climat et mécanismes préventifs des catastrophes font l’objet de l’un des projets Prioritaires du Plan d’action national d’adaptation (SP/CONDD, 2007). La possibilité de formuler les prévisions du temps de façon probabiliste fait de la prévision d’ensemble un outil d’aide à la décision bien adapté aux activités économiques ou sociales sensibles aux conditions météorologiques (T. N. Palmer, J. Barkmeijer, R. Buizza, E. Klinker et D. Richardson, 2002). Quel est l’apport réel des prévisions saisonnières dans l’agriculture du Burkina Faso, pays à très forte variation saisonnière ? La réponse à cette question à savoir « Evaluer l’intérêt économique des prévisions saisonnières dans l’agriculture du Burkina Faso » constitue l’objectif général de la présente étude. Cet objectif sera donc de montrer la contribution des prévisions saisonnières comme outil d’amélioration de productivité agricole. De cet objectif général, découlent trois objectifs spécifiques : - Estimer le bénéfice économique et social des prévisions météorologiques saisonnières - Proposer des réallocations possibles des surfaces cultivables, en fonction des scénarii climatiques. Matériels et Méthode Description des sites Cette étude sera réalisée sur deux sites : A Houndé , un département du Burkina Faso située dans la province de Tuy et dans la région des Hauts‐Bassins et à Djibo, un département du Burkina Faso située dans la province de Soum et dans la région Sahel. Ce choix se justifie par : Pour Houndé, d’une part par le fait que cette localité est une zone représentative d’une des diversités agro- écologiques.et d’autre parce que cette population a été un site d’intervention de la météorologie nationale avec le projet CFAR (climate forecasting for agricultural resource) et donc les populations connaissent et utilisent les prévisions saisonnière dans leur décision. Pour le site de Djibo, par le fait que c’est une zone sahélienne et beaucoup plus exposée aux effets du changement climatique. Collecte de données La méthode de travail est essentiellement basée sur une synthèse bibliographique des études, méthodes et données existantes, une enquête de terrain auprès des producteurs a été réalisée pour identifier les pratiques agricoles, les conditions socio économiques des producteurs à partir d’un questionnaire. Des levées de points de GPS à permis d'identifier la zone et de déterminer la taille des exploitations cultivées. Analyse des données L’Etape de l’analyse des données et de la modélisation est toujours en cours car étant dans un programme de thèse les activités sont planifiées sur au moins trois ans et présentement, nous sommes sur le second site pour la collecte des données. Néanmoins, nous allons présenter des résultats partiels obtenus sur le site de Houndé. Résultats et discussions Perceptions des changements Au niveau des producteurs de Houndé le changement se perçois en terme de modification de fréquence et de l’intensité des phénomènes climatiques extrêmes tels que la sécheresse et l’inondation, la dégradation continue des sols, l’augmentation continue de la température, les vagues de chaleur, le problème de faible rendement des cultures due à l’inadéquation des semences aux nouveaux paramètres climatiques. L’Information sur le statut de la saison à venir est devenue une donnée capitale pour toute décision de production. IL ressort de notre étude que 96% de la population enquêtée disposent d’informations sur les prévisions saisonnières. 92% de la population totale enquêtée prennent en compte l’information Météo dans leur décision de production ; 8% pensent que faire des prévisions c’est «défier Dieu ». L’information reçue pour la campagne 2009 est une prévision de saison sèche, ce qui est vérifiée à 65%. Car il y a eu de fortes pluies suivies d’un arrêt brutal. Outre les prévisions météorologique, certain producteurs ont des indicateurs traditionnelles de prévision de la saison basés sur le comportement de certains éléments de la nature. Il s’agit de la floraison de certain arbre, de l’apparition et/ou de la disparition de certains oiseaux et insectes (et surtout de leur déplacement), de la variation des températures ou de l’état de la saison précédente, de la direction du vent, des étoiles et de la lune. Voici en graphique le niveau d’utilisation de chaque indicateur. Nous constatons que l’indicateur le plus utilisé est « oiseaux ». Besoins d’adaptations Comme besoin d’adaptation, les producteurs ont demandés une accessibilité facile aux semences améliorées, de meilleures techniques culturales qui leur permettront d’améliorer la gestion des terres et de récupérer les terres dégradées. Il ressort de cette enquête que la prise en compte de l’information météorologique leur permet de mener des actions d’anticipation et que, pour que cette information soit utilisée sans crainte il faut une assurance. Cela nous amener à mettre en place un processus de mise en œuvre d’une assurance climatique basée sur un indice. Le Scénario sur le processus de mise en œuvre de cette assurance climatique a abouti à l’élaboration d’une « Matrice de sensibilité ». La matrice de sensibilité permet d’identifier le secteur le plus exposé aux risques climatiques et le risque le plus élevé dans un secteur d’activité considéré. Dans ce cas précis, l’indice climatique pour lequel une assurance est nécessaire est « l’irrégularité des pluies » et la spéculation la plus vulnérable à ce risque est le « Maïs ». Cela signifie que si un système d’assurance était fonctionnel, les producteur seraient prêts à prendre une assurance pour la production du maïs contre l’irrégularité des pluies. Combien de Francs, les producteurs sont t-ils prêts à payer pour le transfert de leur risque sur le marché des assurances ? Pour répondre à cette question, nous avons enquêté sur le consentement à payer une prime d’assurance de chaque producteur. Les resultats de cette enquête montre que 11% des producteurs veulent bénéficier d’une assurance mais ne sont pas près à payer pour deux raisons principales : certains disent qu’ils n’ont pas les moyens de payer, d’autres estiment que cette prime doit être prise en charge par le secteur public ( c'est-à-dire le gouvernement) comme subvention au secteur agricole. La majorité est prête à payer une somme comprise entre 5 000 et 40 000 Francs CFA ( environ $10 et $80 US). Au délà de cette somme, le consentiment à payer diminu et devient nulle lorsque le montant atteint 120 000 Francs CFA ($ 240) . Cependant, un groupe de producteurs est prêt à payer plus de 240 000 Francs CFA ($ 480). Il s’agit des producteurs de semences ameliorées qui investissement beaucoup pour la reussite de leur production et encourage vraiment le processus de mise en œuvre d’une assurance. CONCLUSION Cette étude nous a permis de constater que les prévisions saisonnières sont bien perçues par les paysans, constituent un outil idoine d’adaptation aux changements climatiques. Elle a aussi montré l’intérêt des assurances qui permet aux producteurs d’être moins vulnerable face un risque climatique quelconque. Comme perspective, nous comptons terminer l’étude similaire que nous avons entamé dans un village situé dans la région du Sahel, car nous somme persuadé que les résultats de cette région reconnue très vulnerable aux effets des changements climatiques nous permettra de faire une bonne analyse comparative, qui servira d’outil d’aide à la décision dans le choix des stratégies d’adaptations pour l’accompagnement des producteurs dans les différentes régions du Burkina Faso. Bibliographie ACMAD. (2008, Novembre). Information sur les sciences climatiques. BULLETIN DE VEILLE CLIMATIQUE POUR L’AFRIQUE , pp. 1‐6. Alain, K. (2009). IMPACT DES TECHNIQUES DE CONSERVATION DES EAUX ET DES SOLS SUR LES RENDEMENTS AGRICOLES DANS LE BASSIN VERSANT DE TOUGOU. Ouagadougou, BURKINA FASO. Benjamin, S., & Serge, J. (2004, Décembre). La variabilité climatique en Afrique de l’Ouest aux échelles saisonnière et intra‐saisonnière : mise en place de la mousson et variabilité intra‐ saisonnière de la convection. SECHERESSE N°4, vol 15 , pp. 321‐330. Brunner, A. (2009). Soil erosion and reservoir sedimentation in Dano, Burkina Faso. Dano, BURKINA FASO. GIEC. (2007). Conférence internationale sur la réduction de la vulnérabilité des systèmes naturels, économiques et sociaux en Afrique de l’Ouest, face aux changements climatiques. Ouagadougou, BURKINA FASO. IAVS. (2009). Formation aux outils et méthodologies pour l'intégration des changements climatiques dans les politiques et stratégies de sécurité Alimentaire en Afrique de l’Ouest. Ouagadougou,BURKINA FASSO. Madeleine C., T., Ricardo, G. H., & Martin, B. (2008). Seasonal forescast, climatic change and human health. New York; Madrid; geneva: Springer. Maurizio, B., Lorenzo, G., Andrea, d. V., Idrissa, A., Birama, D., & Mamadou, N. (2008). Les prévisions saisonnières et leurs impact sur la prévention de l'insécurité alimentaire: Le cas d’étude de la campagne 2007/2008 et la prévision pour la campagne 2008/2009. Seasonal forecasting in West Africa, its applications and anticipating future climate change (p. 38). Niamey: AMMA/ENSEMBLES workshop. Neil, L., James, A., Vicente, B., Ian, B., Jyoti, K., & Rodel, L. (2008). Climate change and adaptation. USA: Earthscan. Nicolas, F. (2007). Prévisions météorologiques saisonnières : les Services GMES d’observation de l’Océan à la rescousse pour améliorer les Services Météo. FRANCE. Shardul, A., & Frankhauser, S. (2008). aspects économiques de l'adaptation aux changements climatiques: coût, bénéfices et instruments économiques. OECD. SP/CONEDD. (2007). Programme d'Action National d'Adaptation à la variabilité et aux changements climatiques (PANA). BURKINA FASO: MECV. T. N. Palmer, J. Barkmeijer, R. Buizza, E. Klinker et D. Richardson. (2002, Février). L’avenir de la prévision d’ensemble. La Météorologie ‐ n° 36 .