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Au service de la construction durable
Une démarche éco-responsable et citoyenne
L’économie circulaire
appliquée aux matériaux
de construction
L’exemple de la plateforme
de Roques-sur-Garonne
Compte-rendu du petit-déjeuner débat du 17 octobre 2013
À Roques-sur-Garonne, CEMEX et Eiffage ont mis en œuvre dès 2010 un process industriel de recyclage des déchets issus de la déconstruciton de bâtiments et infrastructures de l’agglomération toulousaine. Le produit de ce process est ensuite réintégré
dans les filières de production de ces deux partenaires, engagés depuis fort longtemps dans une démarche de développement durable.
La présentation de ce partenariat qui s’inscrit parfaitement dans la démarche d’Agenda 21 porté
par la Commune de Roques-sur-Garonne, a été l’occasion d’échanger avec des professionnels
et des techniciens sur les utilisations possibles des matériaux recyclés dans nos constructions
modernes.
Plus largement, ce rendez-vous a créé l’opportunité, au lendemain de la conférence environnementale 2013, de mieux cerner la notion encore récente d’« Economie Circulaire » qui mêle
à la fois les principes d’économie verte, d’économie de fonctionnalité ou encore d’écologie industrielle et de voir comment elle peut être déclinée au secteur des matériaux de construction.
À travers le témoignage d’industriels, d’élus et d’experts, des bases de réflexion ont été posées pour comprendre les grands principes de ce nouveau modèle économique et les enjeux
à venir pour les entreprises et les parties prenantes.
REMERCIEMENTS
• Mme Martine MATHOREL,
Directrice de l’ARPE (Agence Régionale du Développement Durable)
• Mme Louise WALTHER-VIEILLEDENT, Chef de division à la DREAL (Direction
Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement) Midi-Pyrénées
• M. Christian CHATONNAY, Maire de Roques sur Garonne
• M. Gérard BARDOU, ADEME (Agence De l’Environnement et de la Maîtrise de
l’Energie) – Délégation Midi-Pyrénées
• MM. Yahya LAMFARRAJ & Olivier MARTIN, CETE (Centre d’Etudes Techniques de l’Equipement) du Sud-Ouest
INTRODUCTION
Christian CHATONNAY
Maire de Roques-sur-Garonne
En tant que Maire, j’ai un réel plaisir à vous accueillir à Roques sur Garonne, bien connu des toulousains
notamment pour ses grandes enseignes commerciales. Mais, à côté de celles-ci, on ne parle jamais de
Cemex, ni d’Eiffage, ni des entreprises bien implantées sur la commune et qui ont, en tout cas, leur place
sur cette commune.
Roques a une particularité : elle est partagée en trois zones bien distinctes.
Une zone commerciale, je viens d’en parler : un centre commercial de première importance de l’agglomération
toulousaine.
Une deuxième zone dans laquelle nous nous trouvons : le village, en bordure de Garonne.
Et une troisième zone, qui est connue également, une zone naturelle, devenue naturelle, qui est de l’autre
côté de l’autoroute, qui a été un lieu d’extraction de granulats pendant de nombreuses années, des années
70 à 80 voire 90 et un résultat mitigé : quelques gravières devenues des décharges publiques et cette
situation est du passé. Il existe aussi une réserve naturelle « la réserve naturelle du lac de Lamartine ». Par
ailleurs, la réserve pour la production d’eau potable, avec des usines ultra performantes, distribuent l’eau à
environ 50000 habitants. Enfin, cette zone dispose de réalisations privées telles qu’un golf.
Dans ce panorama, des sociétés telles que Cemex ou Eiffage qui s’implantent chez nous
représentent un réel intérêt, une richesse pour nous, à condition que tout se fasse dans les règles
de l’art. C’est notre rôle en tant que collectivité.
Gérard BARDOU
Ademe - Délégation Midi-Pyrénées
Préciser ce qu’est l’économie circulaire n’est pas forcément facile car il n’existe pas
de définition officielle. Celle que l’ADEME a choisi est la suivante : « l’économie
circulaire est un système économique d’échanges et de production qui, à tous les
stades du cycle de vie des produits, des biens et des services, vise à économiser
les ressources naturelles. »
Pour être plus concret, il est possible d’intervenir dans trois domaines d’action pour l’économie
circulaire. La première est liée à l’offre pour nos acteurs économiques, la deuxième à la
demande des consommateurs et la troisième à la gestion des déchets.
Quand on parle de l’offre et des acteurs économiques, c’est par le biais de l’écologie
industrielle et de l’économie de la fonctionnalité.
Sur la demande à proprement parler des consommateurs, il est possible d’agir sur la
consommation responsable, sur l’achat, l’utilisation des produits que l’on achète, et
aussi sur l’allongement de la durée de ces produits.
Au niveau de la gestion des déchets, comme l’a dit Monsieur le
Maire, on traite le sujet du recyclage, de la valorisation.
Les objectifs de l’économie circulaire sont multiples :
Au-delà de ces précisions, la commune s’inscrit dans une zone naturelle. Il s’agit d’une préoccupation
première pour la commune : notre équipe municipale veut faire retrouver les lettres de noblesse à certains
territoires qui ont été un peu défigurés, ou qui ont été maltraités. Qui dit environnement, dit développement
durable. Qui dit développement durable aussi, dit, démarche interne. Dans le cadre de notre Agenda 21, il
est bien naturel d’inviter les entreprises qui sont partie intégrante de ce territoire à cette démarche et à cette
concertation.
Enfin, l’économie circulaire portée sur les invitations et qui est la raison qui nous réunit aujourd’hui, le
recyclage, les matériaux, sont des sujets qui intéressent le Maire que je suis ainsi que l’équipe municipale
que j’ai l’honneur de diriger.. Et bien sûr, j’ai de suite compris l’importance de cette matinée et de cette visite,
qui sera à mon sens enrichissante. Vous faites partie de ces entreprises qui s’intègrent vraiment dans cette
volonté municipale d’aller de l’avant, de ne pas regarder derrière. Et de faire, dans le développement durable,
toujours mieux qu’hier.
• L’utilisation modérée et plus efficace des ressources
non renouvelables,
• Une production courte,
• Une consommation respectueuse
de l’environnement,
• L’utilisation et la valorisation des
déchets en tant que ressource,
• Et le traitement des déchets
sans nuisance.
3
CEMEX & EIFFAGE : TABLE RONDE
1 – PRÉSENTATION DES ACTIVITÉS DES PARTENAIRES
Frédéric POISSON
Eiffage - Responsable d’Exploitation du site
Eiffage est numéro 3 du BTP au niveau national et numéro 4 au niveau européen.
Les activités principales sont la construction métallique avec la société Eiffel, les concessions et les
partenariats public-privé, l’énergie et la construction et les travaux publics – ces derniers représentant à
peu près 30% en termes de chiffre d’affaire et d’effectif dans le groupe Eiffage.
Localement sur Toulouse, l’implantation est assez importante, avec trois secteurs de travaux : deux dans
le sud et un sur le nord. Et pour appuyer ces centres de travaux, le poste de SMEG (Société de Matériaux
Enrobés de Garonne) qui est situé sur la commune de Roques depuis la fin des années 80, et qui représente
un appui, un outil industriel pour les travaux.
Fabrice CHARPENTIER
CEMEX - Directeur Régional de Cemex Granulats Sud-Ouest
A mon poste, je gère les activités de la société pour la production et la commercialisation de
granulats dans les régions Aquitaine et Midi-Pyrénées. A Toulouse spécifiquement, et à
Roques plus particulièrement, nous exerçons une activité de négoce de matériaux
et notamment de matériaux recyclés avec Eiffage.
La société Cemex est un groupe international, d’origine mexicaine, présent
dans cinquante pays environ, plus particulièrement en Amérique Latine, en
Amérique du Nord, en Europe, en Asie et au Moyen-Orient.
Nos activités sont particulièrement intégrées, avec au plan
international la production de ciment, de béton prêt à l’emploi, et
également de granulats. En France, nous avons deux de ces
activités : le béton et les granulats.
2 - LES ENGAGEMENTS ENVIRONNEMENTAUX
• F.C. Nos engagements environnementaux sont ancrés dans la société de très longue date. Il
y a plus de vingt ans, nous avons créé une Direction Environnement visant à développer la culture
environnementale. Nombre de collaborateurs sont répartis sur l’ensemble de ce dispositif avec pas
moins de 6 collaborateurs en région Sud-Ouest qui travaillent sur l’ensemble de notre dispositif
Granulat et s’occupent d’environnement et du suivi administratif de nos engagements avec nos
parties prenantes.
En ce sens, nous avons d’abord développé un Plan Environnement Entreprise (avec
l’ADEME), puis un Plan d’Actions Développement Durable et nous nous engageons
désormais dans la Responsabilité Sociétale des Entreprises. Cette culture se développe
et nous amène à progresser au-delà du simple fait de réaménager correctement nos carrières
; nous valorisons ces carrières afin de restituer des terrains agricoles ou industriels, et mettre
en valeur la biodiversité que l’on peut trouver sur nos carrières réaménagées. Cette démarche
est parfaitement intégrée et assimilée. Notre collaboration avec la société Eiffage est une
déclinaison locale réussie de cette politique globale et ses objectifs.
• F.P. Eiffage est dans la même dynamique que Cemex, au niveau environnemental.
Le poste d’enrobés de Roques est certifié ISO 14001, et s’inscrit dans une démarche
d’amélioration continue. Ainsi, chaque année, nous progressons sur les thématiques
environnementales, tant au niveau industriel sur site, qu’au niveau des chantiers. Eiffage
est impliqué sur l’aspect environnemental et les impacts aussi bien sur les gros chantiers
que les plus petits.
nous valorisons les carrières afin de
restituer des terrains agricoles ou industriels, et
mettre en valeur la biodiversité que l’on
peut trouver sur nos carrières réaménagées
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3 – NAISSANCE D’UNE ALCHIMIE POUR DEVELOPPER UN
PROJET COMPLEXE ET AGIR CONCRETEMENT ENSEMBLE
• F.P. Cemex livre ce poste depuis toujours, soit depuis 25 ans. En parallèle, les chantiers génèrent de
plus en plus de déchets inertes et nous sommes face à une problématique : celle de pouvoir les revaloriser
ou de pouvoir les stocker pour pouvoir les retravailler.
Nous avons commencé l’activité de recyclage sur notre propre site et nous sommes rapidement heurtés à
des problèmes de place. Naturellement, nous nous sommes rapprochés de notre partenaire Cemex pour
pouvoir mettre tous les moyens possibles en commun et éviter d’envoyer tous ces déchets en décharges.
Un objectif : pouvoir les revaloriser au maximum.
• F.C. J’identifie trois motifs pour le rapprochement de Cemex et d’Eiffage.
Le premier est l’économie de la ressource. Il est clair que la ressource en granulats n’est pas
inépuisable et nous devons être très précautionneux dans la manière dont nous en disposons, d’autant qu’il
n’est pas aisé d’obtenir des autorisations auprès de la DREAL. Quand nous les avons, il s’agit de gérer nos
ressources.
La deuxième attente était de monter une offre qui soit la plus adaptée possible aux besoins d’Eiffage.
Une offre complète entre les granulats naturels et l’acceptation de remblais. De plus, le recyclage était un
axe de développement pour nos propres besoins, au-delà de répondre à la problématique de notre client.
Et enfin la dernière raison de notre partenariat réside dans le souci de la logistique. Après avoir fait du
« transport », nous faisons maintenant de la « logistique ». Nous sommes à la recherche permanente de
la performance et parvenons à une économie de coûts et à une meilleure optimisation de l’utilisation des
véhicules. Car un véhicule qui circule à vide n’est pas un bon véhicule.
les chantiers génèrent de plus en plus de
déchets inertes et nous sommes face à
une problématique : celle de pouvoir les
revaloriser ou de pouvoir les stocker pour
pouvoir les retravailler.
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4 – LE FONCTIONNEMENT CONCRET : AU PLAN OPÉRATIONNEL
GRAND
TOULOUSE
GRAND
TOULOUSE
GRAND
TOULOUSE
Granulats
pour chantiers
ROQUES
ROQUES
Carrière
de SALLES
Carrière
de SALLES
1
Granulats naturels pour :
> Chantiers
> Poste d’enrobage EIFFAGE
Enrobés routiers
ROQUES
Carrière
de SALLES
2
Granulats naturels pour :
> Chantiers
> Poste d’enrobage EIFFAGE
• F.P. Sur cette illustration, nous avons représenté le rayon d’action de nos agences de travaux dans
le grand Toulouse avec le site de Roques qui fait partie du périmètre et la carrière de Salles, où sont
extraits et transformés les matériaux Cemex, qui sont ensuite livrés soit sur le site Cemex de Roques,
soit pour alimenter directement notre poste.
Ensuite, sur le site de Roques, nous fabriquons les enrobés pour les besoins de nos chantiers
et sur le site Cemex de Roques, nous avons des granulats naturels, qui partent aussi pour les
besoins de nos chantiers.
La deuxième étape représente la mise en place de cette logistique. Tous les matériaux issus de
la carrière de Salles arrivent sur le site de Roques, que ce soit sur le site de Cemex, ou le site
d’Eiffage. L’ensemble des camions repartent vers le site de Salles, en charge, avec des matériaux
inertes non valorisables, qui permettent donc la diminution des surfaces finales en eau.
nous fabriquons les enrobés pour
les besoins de nos chantiers et sur
le site Cemex de Roques, nous avons des
granulats naturels qui partent aussi pour
les besoins de nos chantiers
6
GRAND
TOULOUSE
Granulats
pour chantiers
Matérieux
inertes
non recyclables
utilisés pour le
réaménagement
de la carrière
ROQUES
GRAND
TOULOUSE
Granulats
pour chantiers
Enrobés routiers
Matérieux
inertes
non recyclables
utilisés pour le
réaménagement
de la carrière
Inertes non-recyclables
GRAND
TOULOUSE
Granulats
pour chantiers
Enrobés routiers
Matérieux
inertes
non recyclables
utilisés pour le
réaménagement
de la carrière
Déblais de chantier
recyclables (déconstruction)
ROQUES
Inertes non-recyclables
Enrobés routiers
Déblais de chantier
recyclables (déconstruction)
ROQUES
Inertes non-recyclables
Bétons de retour
Carrière
de SALLES
Granulats naturels pour :
> Chantiers
> Poste d’enrobage EIFFAGE
Carrière
de SALLES
4
Granulats naturels pour :
> Chantiers
> Poste d’enrobage EIFFAGE
Ensuite, sur le site de Roques, nous avons par le biais de nos chantiers des déblais recyclables issus
de la déconstruction, et la partie des enrobés qui sont aussi les fraisages de route et les rabotages,
que nous récupérons pour pouvoir les réintégrer à 100% dans notre fabrication. Tout ceci se fait
évidemment avec une logistique des plus pertinentes. La plupart des camions qui arrivent sur le site
de Roques pour mettre en stock les déblais ou les enrobés qui vont être recyclés peuvent repartir,
soit avec des matériaux naturels issus des carrières de Cemex, soit avec les matériaux recyclés,
soit avec des enrobés routiers puisque nous avons l’avantage sur Roques d’être mitoyens de
Cemex. A partir de là, une fois qu’il a posé ses déblais, le camion peut partir soit avec du matériau
naturel, soit avec les enrobés routiers, soit avec des matériaux recyclés.
Carrière
de SALLES
5
Granulats naturels pour :
> Chantiers
> Poste d’enrobage EIFFAGE
nous avons par le biais de nos chantiers
des déblais recyclables issus de la
déconstruction [...] que nous récupérons pour
pouvoir les réintégrer à 100%
dans notre fabrication
On voit bien la courroie de transmission et Roques au centre du dispositif. A travers le matériau
que l’on recycle et le choix des matériaux que l’on propose à nos clients, nous rentrons pleinement
dans le concept d’économie circulaire. A Roques, les matériaux sont générés par le grand Toulouse.
7
> En quoi le site de Roques présente-t-il un intérêt dans le dispositif ?
> Est-il possible de refaire un enrobé (respectivement un béton) avec un enrobé
(respectivement un béton) recyclé ?
• F.P. Roques est essentiel dans le dispositif dans la mesure où nous réalisons des gains sur le poste
« transport ». En faisant de la mise à disposition des matériaux recyclés le cœur du dispositif commercial,
nous valorisons mieux nos produits et en avons une meilleure économie. Travailler sur des retours de
matériaux sur les sites excentrés de Toulouse serait une aberration totale. Il faut admettre que dans les
villes, il y ait des plateformes de transit et de valorisation et penser à les placer dans des endroits judicieux.
> Au-delà de l’utilisation logistique, pour quelle raison est-ce un succès ?
• F.P. Cemex a une infrastructure qui est en place, que ce soit pour le pesage, le chargement et le
déchargement. Nous avons de notre côté du matériel mobile de concassage. La mise en commun
de ces moyens permet de limiter les investissements et les dépenses de fonctionnement.
Enfin, cette mitoyenneté nous permet d’optimiser le transport au maximum, pour éviter les impacts
environnementaux, par exemple.
> Qu’en est-il du volet financier ?
• F.P. Pour Eiffage, il est possible de refaire des enrobés avec des anciens enrobés. Sur
le site de Roques, cette revalorisation est pratiquée depuis 10 à 15 années, mais les proportions
d’enrobés réemployés n’ont jamais réellement dépassé 5 à 10 %. Pour augmenter cette proportion,
on a fait un gros investissement en 2007 pour changer l’outil industriel et développer le réemploi
des enrobés. A l’heure actuelle, nous atteignons en moyenne environ 25% de taux de recyclage
sur notre site de Roques.
• F.C. Pour Cemex, la démarche vertueuse est engagée et nous sommes en train de
mettre en place la filière de collecte pour garantir la régularité du produit recyclé.
Il s’agit pour nous de trouver la juste place et la destination du béton. Les qualités requises ne
sont pas les mêmes en fonction des ouvrages pour les clients du béton. Et vous voyez très bien
que si nous allons dans cette voie, nous valoriserons mieux le produit. Il est très important que
cette filière ait un appui financier pour que des partenaires puissent consommer ces produits.
Aller vers la filière béton est vraiment indispensable et va nous permettre d’aller encore plus
loin sur le recyclage.
• F.C. Aujourd’hui, nous avons une ressource naturelle qui est de plus en plus rare et de plus
en plus chère à valoriser. Il nous faut donc utiliser ce matériau pour des besoins qui le méritent et qui ne
trouvent pas d’équivalent localement. Aujourd’hui, nous cherchons à réserver les matériaux naturels
pour les utilisations les plus exclusives (enrobés routiers, bétons prêts à l’emploi ou préfabriqués) et
trouver des alternatives pour ceux qui sont utilisés en terrassement, particulièrement le recyclage.
Bien évidemment, si l’on agit en discriminant dans ce sens, on valorisera mieux tous nos produits, et on
placera ces produits recyclables dans une dynamique vertueuse.
> Quels sont les freins au développement de ce dispositif et plus largement à
l’augmentation des volumes de produits recyclés ?
• F.C. Systématiquement, elle porte sur la concurrence de produits naturels, donc
non renouvelables, à vil prix pour des utilisations inadaptées. Mais il faut persévérer
dans la voie que nous avons choisie car les fournisseurs et les mœurs évoluent.
Mais il ne s’agit pas de vendre le produit recyclé très cher. Il s’agit de le vendre au
juste prix. Auquel cas, le client aura le choix d’avoir un produit rare et plus
cher, un produit moins rare et moins cher et pourra prétendre aller sur les marchés aux
conditions financières qui seront intéressantes au plan technique et environnemental.
Aller dans cette voie, c’est enrichir la société.
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Yahya LAMFARRAJ & Olivier MARTIN
CETE du Sud-Ouest
> Qui sont les CETE et quelles sont leurs missions ?
Les CETE sont les Centres d’Etudes Techniques de l’Equipement, compléments régionaux du
Laboratoire National des Ponts et Chaussées. Nos missions et activités sont le contrôle et l’expertise,
la recherche et les audits.
En juin 2004, nous sommes passés de la norme française NF P 18-540 à une série de normes
européennes. En substance, on peut distinguer celles qui caractérisent la géométrie du granulat
(forme générale, angles,…), sa nature intrinsèque (dureté, résistance à l’usure,…) mais aussi la
composition chimique des granulats. Sans oublier les courbes granulométriques…
> Il n’y a donc pas de discrimination sur le papier entre des matériaux naturels
et des matériaux recyclés ?
• Y.L. En effet, nous les appliquons pour tous types de granulats, naturels ou recyclés. Il n’y
a donc pas de différenciation dans les normes en fonction du produit à caractériser.
> Y a-t-il des freins psychologiques, techniques ou autres ?
• O.M. Il n’y en a aucun d’un point de vue technique car dans certains cas, le produit
recyclé peut être meilleur que des granulats d’origine naturelle. Ils sont psychologiques,
plus certainement, puisque les habitudes pèsent. Il s’agit de l’une de nos missions :
diffuser les bonnes pratiques pour lever ces freins psychologiques, notamment dans
les collectivités, auprès des élus ou des techniciens. Il faut aussi souligner que pour les
chantiers, encore peu d’entreprises proposent des matériaux recyclés.
En conclusion, il n’y a pas de souci d’utilisation des matériaux de
recyclage en technique routière à condition qu’ils respectent les normes
techniques. Je salue l’initiative de l’organisation de cet événement, car il permet
de montrer le sérieux du recyclage.
9
Gérard BARDOU
ADEME - Délégation Midi-Pyrénées
Au niveau européen, deux types de déchets sont jugés prioritaires : les déchets organiques et les déchets
du BTP. On estime que le BTP produit chaque année 250 millions de tonnes de déchets.
En ce qui concerne les axes de la politique de l’ADEME, et ce, quel que ce soit le type de déchet, notre
mission porte sur la connaissance, le conseil et la participation à la mise en place de filières.
Pour les déchets du BTP, en ce qui concerne l’organisation de leur valorisation et leur réutilisation, le
constat que nous dressons est, contrairement à Roques, que les acteurs ne sont pas tous
mobilisés. Nous nous apercevons souvent que les responsabilités entre les acteurs sont mal comprises ou
mal appliquées. Qu’il s’agisse des maîtres d’ouvrage, des clients, des professionnels, la précision de « qui
doit faire quoi » est à améliorer. Sur les cultures, les habitudes sont difficiles à changer et il y a beaucoup
de réticences à l’emploi des matériaux recyclés. Nous agissons donc au niveau de la recherche, du soutien
de programmes de recherche, pour développer des utilisations pertinentes de ces déchets. Et il y aussi
l’absence de reconnaissance des maîtres d’ouvrage et heureusement que certaines entreprises vertueuses
se lancent dans cette politique.
Lors d’une réunion qui a été organisée récemment en Midi-Pyrénées, il a été noté par les professionnels un
manque d’implication de l’Etat qui, de fait, laisse perdurer des pratiques illégales.
Un autre frein, c’est la très faible capacité de recyclage des déchets du BTP et un manque
de capacité de cette filière. C’est pour cela que nous intervenons en cohérence avec les plans
départementaux de gestion et d’élimination des déchets du BTP pour mailler le territoire d’installations de
tri-valorisation.
Nous lançons deux appels à projet annuels en Midi-Pyrénées pour aider à la mise en place de ce type de
plate-forme sur le territoire. Dans le cas présent, la complémentarité de ces deux entreprises
améliore la viabilité économique du dispositif.
Nous n’avons qu’un objectif : développer la prévention. Nous intervenons sur des chantiers propres,
des chantiers en construction, essayons de former des entreprises, des professionnels. Pour les
déchets du BTP, notre objectif est ambitieux : 70% des tonnages valorisés-matière !
Notre position et les leviers sont clairement l’ouverture des marchés aux matériaux recyclés, et
le développement des actions de contrôle. Nous travaillons, bien sûr, sur la communication, la
sensibilisation, la formation, et continuons à optimiser le maillage du territoire
Il existe des subventions à travers les appels à projet pour les plates-formes de recyclage mais
aussi pour les nouvelles technologies de valorisation des déchets. Il y a, aussi, le soutien à
l’aide à la décision. Pour ce qui est de la construction ou des chantiers propres, il est possible
de financer, pour démarrer, les missions auprès des syndicats professionnels pour assurer la
formation et l’animation de ces politiques de déchets du BTP. Ensuite, il y a des appels à projet.
Et enfin, les appels à manifestation d’intérêt sur l’économie circulaire qui sont ouverts depuis le
mois dernier au niveau national et jusqu’en 2015. Tous vos projets peuvent être étudiés sous
ces angles-là.
les habitudes sont difficiles à changer et il y
a beaucoup de réticences à l’emploi des
matériaux recyclés
Pour en revenir à la connaissance des gisements des déchets du BTP, l’ADEME est active sur deux
observatoires régionaux : l’observatoire des matériaux de construction et du recyclage et l’Observatoire des
déchets industriels en Midi-Pyrénées (ORDIMIP).
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Martine MATHOREL
Directrice de l’ARPE
L’ARPE – Agence Régionale du Développement Durable - est un opérateur de la Région Midi-Pyrénées. Nous
avons trois missions principales : l’observation, l’information et l’encadrement des projets des collectivités
qui intègrent toutes les questions de développement durable.
Avez-vous des exemples d’initiatives dans le cadre de l’économie circulaire ?
• M.M. Nous n’avons pas vraiment de diagnostic exhaustif en région sur les initiatives
qui ont pu se développer dans les différents départements. Il faut dire que le concept est
relativement nouveau même si c’est une question de bon sens ; au point que, comme à Roques,
des rapprochements se font entre entreprises, sans aucun accompagnement public et financier sur la base
de problématiques partagées. Des initiatives existent certainement depuis très longtemps et n’ont pas été
valorisées même si elles répondent complètement à la définition donnée par Gérard Bardou de l’économie
circulaire.
Deux derniers exemples, entre entreprises dans le Tarn. L’entreprise Regain (24 salariés à
Castres) est aussi dans une démarche de responsabilité sociétale avec une démarche ISO 26 000
engagée. Cette société fabrique des vêtements professionnels, des uniformes pour l’armée et pour
les pompiers. Toutes les chutes de tissus sont effilochées pour en faire des fils recyclés et tous
les anciens vêtements de leurs clients sont récupérés, triés et transférés chez la Sicam (Albi),
qui les réutilise pour le rembourrage de matelas et pour l’isolation de voitures. C’est un exemple
aussi particulièrement intéressant et particulièrement réussi, qui ne portait pas le nom d’économie
circulaire mais qui, me semble-t-il, correspond à la définition.
Dernière initiative qui me parait intéressante, c’est l’initiative de la Chambre de Commerce
et d’Industrie du Tarn et Garonne qui met à disposition, depuis déjà plusieurs années, une
chargée de mission environnement. Elle réalise des diagnostics de flux et envisage les synergies
possibles : ils offrent de l’ingénierie, de l’appui technique pour aider et inciter la vie des entreprises
qui ne savent pas quoi faire de leurs déchets, sans savoir qu’à quelques kilomètres un voisin
peut-être intéressé. Voilà quelques initiatives qui paraissent intéressantes.
Je vais juste en citer quelques unes, qui sont soit à l’échelle du territoire, soit à l’échelle d’une zone d’activités,
soit qui mettent en synergie une collectivité avec une entreprise ou des entreprises entre elles.
A l’échelle du territoire, peut-être pour citer l’initiative de la Communauté de Communes « Tarn et
Dadou » qui a souhaité réaliser une expérimentation à l’échelle d’une zone d’activité sur son territoire. «
Tarn et Dadou » autour de Gaillac, communauté de communes de plus de 50.000 habitants, s’intéresse à
l’économie circulaire. En ce sens, ils ont souhaité mettre en place une démarche un peu expérimentale, à
une échelle qui s’avérait finalement trop étroite pour pouvoir passer à l’action. A ce stade, nous n’avons pas
de résultats très précis.
Un autre exemple que je peux citer est celui de la zone d’activités « Portes du Tarn » à St-Sulpice et
Buzet sur Tarn, qui a fait l’objet dès la conception de la zone, d’une intégration de la démarche d’économie
circulaire et dont les objectifs affichés sont notamment d’autoproduire au moins 65 % de leur énergie
sur le site, d’avoir des factures énergétiques inférieures de 20 % par rapport aux autres zones
d’activités classiques de la région, de valoriser 80 % de leurs déchets, de créer une animation
locale sur la zone dédiée à l’économie circulaire et de mettre en place un suivi des impacts
environnementaux.
Je pense également à un exemple de coopération entre collectivités et
entreprises. Il se déroule à Cransac (sur le bassin de Decazeville) qui est dans
une démarche d’Agenda 21 depuis plusieurs années. La commune de Cransac a
mis en place il y a quelques années maintenant, un réseau de chaleur peu courant
qui valorise les déchets de l’usine Andros à Brétenoux (46) et se sert des 300
tonnes de noyaux générés chaque année pour alimenter son réseau de chaleur. Ce
qui est particulièrement intéressant, c’est que ces noyaux ont un pouvoir calorifique
supérieur à celui du bois. Il s’agit d’un exemple très réussi - et aussi très subventionné
- d’économie circulaire.
11
Quels sont les leviers pour développer la connaissance du concept d’économie
circulaire, mais aussi pour encourager les différents acteurs, qu’ils soient publics ou
privés, à se poser la question et à initier des projets ?
• M.M. Je pense d’abord que le rôle des pouvoirs publics est d’inciter, d’accompagner,
d’encourager, par de l’appui technique, par la mise à disposition de l’ingénierie, par les
subventions bien sûr, mais aussi en montrant l’exemple par le biais des achats publics, des
appels d’offre des collectivités. Les collectivités émettent aussi des règles, donc je pense qu’il est très
important que l’ensemble des collectivités intègrent dans leurs démarches qui sont déjà en cours (schémas
régionaux, politiques locales d’urbanisme, SCOT et plans locaux d’urbanisme, les Agenda 21,…) le concept
de l’économie circulaire pour faire en sorte de favoriser, d’inciter, de mettre en synergie les entreprises
sur le territoire, mettre en adéquation les besoins des collectivités avec une offre locale pertinente. Donc,
en préparation, il y a le Schéma Régional de Développement Economique et le Schéma d’Aménagement
Durable du Territoire. J’imagine que dans les années à venir, ces schémas devront se nourrir de cette
dimension là, voire aller jusqu’à bâtir une réelle stratégie sur le développement de l’économie circulaire.
Deuxième levier, il est important de bien structurer l’accompagnement régional pour faciliter
la vie aux entreprises ou aux collectivités qui souhaiteraient initier des actes concrets. Les
chambres de commerce sont en réseau, des entreprises également. Je pense que l’initiative de la CCI
du Tarn et Garonne mérite d’être répliquée un peu partout en Midi-Pyrénées. Enfin, il faut faire connaître
les outils qui peuvent aider à mettre en place ce type de démarche, notamment les observatoires afin de
recueillir des données utiles sur les flux et permettre de trouver la solution et les leviers à mettre
en place localement.
Dernier point : valoriser les initiatives qui existent, puisqu’on voit qu’il
y en a. Il y en a une qui vient d’ailleurs être présentée ici, sur la HauteGaronne, d’autres qui n’ont pas été encore repérées, il est
important de valoriser ces initiatives. Le petit-déjeuner de
ce matin me paraît tout à fait indiqué.
INTERVENTIONS SPONTANÉES
Philippe GOUZE
Secrétaire Général de l’UNICEM Midi-Pyrénées
Je voudrais partager avec vous une réflexion concernant les problèmes qui ont été abordés par les
intervenants et qui sont aussi les préoccupations du syndicat et qui tiennent aux freins que connaît
encore l’économie circulaire.
Le premier a été abordé : les matériaux recyclés peuvent particulièrement se substituer à des
matériaux naturels, donc il faut que les donneurs d’ordre et les clients aient confiance dans ces
matériaux pour économiser la ressource naturelle.
Le deuxième point : on ne devrait plus parler de démolition mais de déconstruction
parce que lorsque les matériaux arrivent en mélange sur un site, au-delà du coût que cela
engendre pour les retrier, l’exploitant n’aura pas le matériel nécessaire pour produire des
matériaux à même de répondre aux cahiers des charge des matériaux.
Et le troisième point important : malheureusement, il existe toujours des décharges
sauvages. Donc tant qu’il sera possible pour certains de se débarrasser à prix zéro de
matériaux, nous aurons autant de matériaux qui échapperont au recyclage. Je renvoie
aux réflexions tenues dans le cadre de l’élaboration des Plans départementaux de gestion
des déchets du BTP initiés dans les années 2000 à 2002, où dans certains départements,
entre le chiffre théorique annoncé des matériaux recyclés, et ce qui était capté
et donc traçable, nous obtenions des pourcentages très différents. Cela
prouve bien qu’il y a encore une marge de progression importante
pour qu’il y ait de moins en moins de matériaux qui partent dans
la nature en dehors de tout contrôle et qui puissent rentrer
dans des filières agréées.
Voilà les trois freins qu’il faut lever, nous attendons
avec impatience l’actualisation des plans
départementaux de gestion des déchets BTP
dans lesquels nous aurons, en tant que
Profession, des choses à dire.
12
Pierre VIOLA
DREAL Midi-Pyrénées, Service Connaissance Evaluation Climat
Je voudrais simplement apporter un point de vue sur l’Observatoire Régional des Matériaux de
Construction et du Recyclage de Midi-Pyrénées dont la mission est de constituer un lieu
d’échange et de concertation entre les différentes structures (Etat, professionnels, collectivités
et donneurs d’ordres) et des éléments chiffrés pour l’orientation des politiques d’aménagement
du territoire, aux plans qualitatif et quantitatif. A ce stade, l’Observatoire n’en est qu’à sa première
année de fonctionnement mais la charte a été validée. La promotion du recyclage, qui figure dans l’intitulé
de cet Observatoire, et aussi de manière plus large l’économie circulaire fait partie de ses missions.
Sophie DECREUSE
CEMEX - Directrice Produits & Qualité Nationale
Je souhaitais apporter un complément aux propos du CETE. Nous avons effectivement les mêmes
exigences en terme mécanique sur un produit recyclé que sur un produit naturel. Au-delà, des
essais complémentaires sont réalisés sur les matériaux recyclés pour éviter les dérives liées à leur origine
et s’assurer du caractère inerte de ces produits.
Christian BÉRANGER
CEMEX, Directeur Développement Durable
Il y a, à mon sens, plusieurs points de satisfaction. D’abord, la déclinaison d’une politique
globale au plan local, ce qui est réconfortant pour les entreprises. Ensuite, le constat que
l’économie circulaire n’est pas une lettre au Père Noël mais quelque chose d’extrêmement
concret dans lequel deux entreprises, et ce ne sont pas les moindres, se sont engagées
avec comme carburant, la synergie.
Pour revenir à septembre 2013 qui a vu se tenir la 2ème Conférence Environnementale, l’Etat a
pris des engagements pour son compte propre mais aussi en vue d’une déclinaison en régions et
dans les territoires sur ces thématiques des matériaux et de l’économie circulaire et il ne faudrait
pas que ces engagements viennent ralentir ou contredire les actions engagées localement de
manière volontaire.
Autre point : la contribution des parties prenantes, et en particulier des ONG, qui
demandent des efforts importants sur ces sujets mais qui doivent prendre en
compte les réalités économiques des acteurs et ne pas vivre dans le rêve.
Enfin, le souhait que les textes de loi en préparation intègrent cette notion de mieux-disant
et permettent à tous les acteurs déjà engagés de continuer à exercer et à innover.
Du côté du béton, le travail reste encore à faire car la possibilité d’utiliser des bétons recyclés
dans des nouveaux bétons n’est permise par la norme que depuis quelques années et les
utilisateurs craignent encore pour ce qui concerne la durabilité des bétons. C’est pourquoi le
projet national RecyBéton a été lancé en 2013 pour lever toutes ces interrogations d’ici 20162017. Entre autres points à vérifier : le pourcentage maximal de produits recyclés que l’on peut utiliser pour
telle ou telle utilisation. Pour autant, il existe déjà une large gamme d’utilisations qui permettent l’emploi de
matériaux recyclés répondant aux normes actuellement en vigueur.
le projet national RecyBéton
a été lancé en 2013 pour lever toutes
ces interrogations
13
Marie-Laure CAMBUS
France Nature Environnement Midi-Pyrénées
Je voulais saluer cette initiative en faveur de l’économie circulaire qui nous paraît aller dans le bon sens car elle
permet de réduire les extractions de matériaux nobles, les alluvionnaires en particulier, non renouvelables.
En parallèle, je m’interroge sur les freins et leviers sur le développement de la valorisation de ces matériaux, notamment dans
les marchés publics, et je pense qu’un des leviers serait de favoriser les mieux-disant.
D’autre part, je m’interroge également sur le manque d’objectifs chiffrés qui figurent dans les Schémas Départementaux des
Carrières et qui, à mon sens, seraient de nature à favoriser le développement de cette filière.
Martine MATHOREL - ARPE Un des leviers est effectivement au niveau des achats des collectivités,
d’autant que le dispositif légal et juridique existe pour faire appel aux mieux-disant en matière de
développement durable.
Oliver MARTIN - CETE Afin de comparer les offres des entreprises en matière de performances
environnementales, il existe 2 logiciels – des éco-comparateurs - qui intègrent des paramètres tels
que la consommation d’énergie, les émissions de gaz à effet de serre,… L’un a été conçu par l’Etat,
l’autre par le syndicat des entreprises routières.
Fabrice CHARPENTIER - CEMEX La contrainte produit ses effets, mais les encouragements ont autant de valeur. Surtout que pour répondre à la contrainte faudrait-il que
l’offre de matériaux à recycler soit suffisante ou suffisamment regroupée pour que sa collecte soit
économiquement viable. Or, il nous arrive d’être en rupture de produits recyclés faute
d’avoir à disposition du matériau recyclable. J’aimerais revenir sur une initiative lancée
récemment par le Syndicat du BPE (Béton Prêt à l’Emploi) de Midi-Pyrénées qui vise à assurer
la collecte de bétons de retour à concasser et la livraison de granulats par le même transporteur
pour réduire les rotations et donc les coûts, le tout en s’appuyant sur des plateformes telles que
celles de Roques qui assure le lien entre carrière et centrales à béton.
Thierry ROBOAM - Eiffage TP Dans les 15 dernières années, des progrès considérables
ont été faits dans le domaine du recyclage. Par contre, des différences de rythme sont très
importantes entre les donneurs d’ordre. Et nous ne pouvons progresser dans l’utilisation
de ces matériaux mais aussi dans la recherche de nouvelles solutions qu’en partenariat avec
les donneurs d’ordre. En Midi-Pyrénées, il y a encore des départements où il n’est pas possible
d’utiliser (des enrobés tièdes ou encore) plus de 10% de matériaux recyclés dans les formules
d’enrobés, tout çà sur des marchés départementaux. Les entreprises seront motrices mais
elles ne pourront bien avancer qu’avec le soutien des maîtres d’ouvrage et des
maîtres d’œuvre.
14
CONCLUSION
Louise WALTHER-VIEILLEDENT
DREAL MP, en charge de la division climat et promotion du développement durable
Je vous remercie tout d’abord d’avoir convié la DREAL pour conclure ce petit-déjeuner. Ceci me permet de
revenir sur quelques points que j’ai pu noter au cours des présentations et débats très intéressants que nous
venons d’entendre :
• Le sujet de l’économie circulaire est bien un sujet sous les feux de l’actualité, puisqu’il a fait l’objet d’une
des tables rondes de la conférence environnementale nationale des 20 et 21 septembre derniers ; la
DREAL attend désormais la feuille de route qui en découlera afin d’envisager en lien avec ses partenaires
régionaux des déclinaisons intéressantes pour Midi-Pyrénées, notamment concernant les entreprises.
• Il est cependant déjà évident, comme l’ont démontré ce matin les témoignages de CEMEX et EIFFAGE, que
des expériences abouties sont souvent issues du « bon sens », entre acteurs du terrain volontaires, car
ils sont les plus à même de détecter des opportunités et des pistes de progrès, allant dans le sens d’une
optimisation économique et environnementale ;
• Pour autant, une impulsion de niveau institutionnel ou des fédérations professionnelles, notamment au
plan régional, a son intérêt, notamment pour valoriser des expériences, avec leurs clés de réussite et leurs
difficultés, pour donner l’idée et surtout l’envie à d’autres acteurs de s’engager sur une telle voie. En ce
sens le petit déjeuner de ce matin est une initiative dont il faut se féliciter et vos expériences doivent être
notées pour d’autres occasions de capitalisation ;
• Un autre chantier pouvant impliquer le niveau régional rejoint les débats autour des achats publics (avec
des questions d’ordre réglementaires) et de l’accompagnement des acteurs (voire des consommateurs)
vers de nouveaux produits issus du recyclage, a minima en terme de pédagogie, car il s’agit bien d’un
changement de culture ! La dimension temporelle est ici un facteur important de réussite.
• Il a été mentionné lors des échanges une future loi sur l’économie circulaire : ce n’est pas encore dans
nos tablettes ; cela n’aura de toute façon pas vocation à tout régir, il restera de la place pour les initiatives
locales et la recherche de synergies entre acteurs : les entreprises mais aussi les collectivités territoriales.
• Pour terminer, je me permets de porter à votre connaissance l’existence d’un partenariat régional, impliquant
le conseil régional, les trois chambres consulaires, l’ADEME, la DIRECCTE, la DRAAF, Pôle Emploi et des
agences de la Région (ARPE, MPE et MPI), et la DREAL, sur ce qu’on appelle l’économie verte. De quoi
s’agit-il ? En deux mots : comment concrétiser le développement durable au sein du monde économique
? Une étude a déjà été réalisée en 2012 sur comment dix secteurs économiques de Midi-Pyrénées sont
impactés ou saisissent des opportunités, en terme de « verdissement » : vous trouverez le rapport sur le
site de la DREAL ( http://www.midi-pyrenees.developpement-durable.gouv.fr/economie-verte-a8194.html
) ; je précise que cette étude est actuellement complétée sur trois secteurs économiques, dont l’un qui
vous concerne tout particulièrement ce matin : celui du BTP.
• Il ne fait pas de doute que le sujet qui nous a réunis ce matin nous mobilisera à nouveau dans les prochains
mois ; je vous dis donc à nouveau merci, et à bientôt.
Vincent RAYNAUD
CEMEX, Correspondant Développement Durable
Ce projet qui a été initié fin 2009 au début d’une crise économique dont on mesure encore la
dureté n’a pu aboutir que grâce à la volonté de 2 entreprises engagées de longue date sur le
thème du Développement Durable et qui ont l’une et l’autre l’ambition de voir plus loin que leurs
simples exercices annuels. Il a pu se concrétiser car, tant pour CEMEX que pour EIFFAGE, il fait
sens au plan économique, logistique et environnemental, à tel point qu’il constitue une solution
adaptée pour de nouveaux produits à recycler tels que les retours de bétons sur centrale qui
vont venir augmenter les volumes et améliorer encore l’efficacité du dispositif. Et tout çà, dans le
cadre de la norme ISO 14001, qui garantit le respect de procédures environnementales et une
amélioration continue du dispositif.
Fortes de ce 1er succès à Roques, les deux sociétés ont décidé de le répliquer sur le site de
Cugnaux, dans la proche banlieue toulousaine où les conditions d’une nouvelle réussite sont
également réunies. Sans oublier ce qui se fait entre CEMEX Bétons et CEMEX Granulats
en Aquitaine Sud pour valoriser les retours de bétons sur centrales alors qu’ils étaient
auparavant considérés comme des déchets.
Pour ce qui est de CEMEX, ce dispositif est une des déclinaisons de sa politique de
Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) récemment publiée qui vise à en faire
une entreprise performante, responsable et pérenne en agissant à différents niveaux.
On peut citer, en lien avec le présent sujet, les quelques objectifs suivants : valoriser les
ressources et les services de proximité en développant le recyclage pour économiser
des ressources naturelles non renouvelables ; anticiper les impacts liés aux procédés
industriels et aux transports ; commercialiser des produits, services et solutions
efficaces, innovants et durables ; agir en fournisseur responsable et en transparence.
En mot de conclusion, j’espère que cette matinée aura permis aux participants de
constater que chez CEMEX et EIFFAGE, on a bien compris ce qu’était l’économie
circulaire et qu’on la pratique au quotidien de manière vertueuse au service de la
construction durable.
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EIFFAGE TRAVAUX PUBLICS SUD OUEST
13 Rue des Lacs
CS 25114 - Lespinasse
31 151 FENOUILLET CEDEX
Parc de Canteranne - 21 avenue de Canteranne
Bâtiment 2, 3e étage
33 608 PESSAC CEDEX
Tél. 05 61 37 36 36
Tél. 05 57 89 03 40
Création graphique et mise en page : Kreactiv’ (Montauban) - Soutien rédactionnel et mise en page : Hind BRUNEL - HTSocial (Toulouse)
CEMEX
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