Recommandations pour la ventilation mécanique à domicile

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Recommandations pour la ventilation mécanique à domicile1
Groupe de travail «Ventilation mécanique à domicile» de la Société suisse de Pneumologie (SSP)
A. Introduction
Durant l’épidémie de poliomyélite des années
vingt, Philip Drinker inventa le «poumon
d’acier» aux Etats-Unis. Cet appareil permit la
survie de quelques malades dont la musculature
respiratoire était déficiente. Lors d’une nouvelle
épidémie de poliomyélite en Europe au début des
années cinquante, les chances de survie des malades graves furent grandement améliorées
grâce à la ventilation à pression positive par trachéotomie. De plus en plus de patients furent
transférés à domicile à la même époque environ,
en raison des coûts élevés du traitement hospitalier. La ventilation à domicile se révéla non seulement plus économique mais contribua aussi
beaucoup à l’amélioration de la qualité de vie des
personnes affectées.
Le recul de la poliomyélite ne fit pas pour autant
disparaître le problème clinique de l’hypoventilation alvéolaire. De plus en plus de syndromes
d’hypoventilation chronique d’autres origines
ont été identifiés. Récemment, leur diagnostic a
été nettement facilité par l’introduction de l’oxymétrie transcutanée continue, de la mesure de la
PCO2 transcutanée continue ou du ETCO2, et de
la polysomnographie. Dans le même temps, les
possibilités thérapeutiques ont été améliorées
par des innovations techniques telles que les
respirateurs transportables et surtout le masque
facial ou nasal, qui permet le plus souvent
une respiration sans trachéotomie. Enfin, une
convention entre la Ligue pulmonaire Suisse
(LpS) et la Fédération suisse pour tâches communes des assureurs-maladie (SVK) a permis en
1990 de régler une série de problèmes techniques et financiers. En particulier, la SVK à
laquelle sont rattachés de nombreuses caisses
maladie, prête gratuitement aux patients des
appareils de ventilation à domicile, comme elle
Tableau 1. Symptômes de l’hypoventilation alvéolaire chronique.
Symptômes neuropsychologiques
Fatigue, faiblesse, baisse de rendement, incapacité de concentration, instabilité de
l’humeur, irritabilité, affaiblissement intellectuel, troubles de la mémoire, céphalées,
somnolence diurne excessive, troubles respiratoires du sommeil.
Symptômes cardiopulmonaires
Cœur pulmonaire chronique, cyanose, polyglobulie, infections bronchopulmonaires
fréquentes, diminution des performances physiques.
le fait déjà pour les appareils de dialyse à domicile. Le Groupe de travail «Ventilation mécanique
à domicile», créé en 1990 par la LpS et dépendant depuis 2002 de la Société suisse de Pneumologie (SSP), a élaboré pour la première fois en
1991 des lignes directrices concernant la ventilation à domicile [1] puis publié en 1996 une première version révisée [2]. Des aspects concernant l’évaluation, l’indication thérapeutique et le
suivi des patients, pour lesquels la ventilation à
domicile entre en ligne de compte, y sont décrits.
Le texte ci-après constitue la troisième version
de ce document, il paraît sous le titre «Recommandations pour la ventilation mécanique à
domicile» et s’applique à compter de sa date de
publication dans le «Forum Médical Suisse».
B. But de la ventilation mécanique
à domicile
La ventilation à domicile s’applique principalement aux malades souffrant d’hypoventilation
alvéolaire chronique. Quelques caractéristiques
de l’hypoventilation chronique sont présentées
dans le tableau 1 p. Le but principal de ce traitement est la suppression de l’hypoventilation
alvéolaire et de ses conséquences. Un respirateur prend en charge de manière intermittente
ou permanente la fonction défaillante du système
respiratoire. Le désencombrement des voies respiratoires, indispensable pour une ventilation
adéquate et nécessitant à l’occasion des mesures
supplémentaires, est tout aussi important. Ces
mesures vont de la physiothérapie aux aspirateurs à mucosités et aux systèmes d’aide à la toux
(Cough Assist par ex.). Voici les résultats pouvant
être attendus de ces traitements:
1. Une amélioration de la qualité de vie. Chez la
plupart des patients, l’efficacité de la ventilation se manifeste par la disparition des effets
invalidants de l’hypoventilation alvéolaire en
quelques jours ou semaines.
2. Un allongement de l’espérance de vie pour
autant que le pronostic soit déterminé par
l’hypoventilation et ses conséquences.
3. Une diminution du nombre d’infections broncho-pulmonaires et d’hospitalisations.
4. La diminution de la dyspnée grâce au soulagement périodique de la musculature respi-
Autres symptômes fréquemment associés
Sudations nocturnes, syndrome métabolique (sujets obèses), hypertension
systémique, toux inefficace et infections pulmonaires à répétition (en particulier,
maladies neuromusculaires).
1 Les présentes recommandations remplacent
les lignes directrices du 30 mai 1996 publiées dans
le «Journal Suisse de Médecine» (SMW) en 1996
(Schweiz Med Wochenschr 1996;126:2191–6).
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ratoire ou à la prise en charge permanente de
l’activité respiratoire.
5. La prévention momentanée voire complète de
l’invalidité et de l’incapacité de travail, pour
autant que l’hypoventilation alvéolaire soit
dépistée précocement et que la ventilation
mécanique soit mise en place à temps.
6. La diminution ou la prévention d’une hypertension artérielle pulmonaire.
C. Indications de la ventilation
à domicile
En règle générale, la ventilation à domicile est
indiquée lorsque le pronostic à long terme et au
moins à moyen terme est favorable après correction de l’hypoventilation (affections chroniques
à évolution lente). Dans certaines situations
et après un examen particulièrement soigneux,
il arrive que soit indiquée une ventilation à
domicile limitée dans le temps (par exemple avec
un but palliatif) ou une ventilation à domicile en
dehors des indications classiquement reconnues. Le tableau 2 p présente les pathologies
pour lesquelles la ventilation mécanique à domicile peut être envisagée.
Le bénéfice que ce traitement coûteux peut
apporter au malade et à son entourage dépend
largement d’une indication correctement posée.
Tableau 2. Indications possibles de la ventilation mécanique à domicile
(liste non exhaustive).
Hypoventilation lors d’affections neuromusculaires
Syndrome d’hypoventilation chez l’obèse
Syndrome post-poliomyélite
Myopathies (par ex. dystrophie musculaire de Duchenne, de Steinert, de Becker;
myopathie des ceintures)
Tétraplégie
Sclérose latérale amyotrophique (voir texte)
Paralysie diaphragmatique bilatérale
Hypoventilation alvéolaire primaire (Syndrome d’Ondine)
Autres troubles de la régulation centrale de la respiration tels que syndrome d’apnées
centrales du sommeil, respiration périodique ou respiration de Cheyne-Stokes
Hypoventilation dans les affections squelettiques, pleurales et pulmonaires
Cyphoscoliose
Remaniements cicatriciels étendus de la plèvre et du poumon
Séquelles de thoracoplastie ou de collapsothérapie pour tuberculose
Status post résection pulmonaire étendue
Hypoventilation post-traumatique ou post-chirurgicale
Hypoventilation dans les affections pulmonaires obstructives
Bronchite obstructive chronique (BPCO) (voir texte)
Bronchiectasies
Fibrose cystique
Autres états d’hypoventilation
Indications limitées dans le temps telles que situations palliatives, affections
pulmonaires, incluant les pathologies cardiorespiratoires et les patients en attente
de transplantation cardiaque ou pulmonaire
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Une ventilation au long cours dont l’indication
est posée sans avoir minutieusement informé
le malade et son entourage et évalué tous les
aspects de la prise en charge peut être à l’origine
d’un surcroît de travail pour les soignants,
d’un inconfort pour les patients, voire d’un échec
du traitement.
La liste présentée dans le tableau 2 n’est pas
exhaustive pour plusieurs raisons. Tout d’abord,
certaines indications inhabituelles ne sont pas
prévisibles. Ensuite, le développement de méthodes de respiration artificielle moins invasives
permet d’étendre les indications à des situations
cliniques nouvelles. L’utilisation de plus en plus
courante de l’oxymétrie transcutanée et de la
capnographie peut permettre un dépistage plus
précoce de patients souffrant d’une hypoventilation alvéolaire. Enfin, de nouvelles possibilités
thérapeutiques peuvent ouvrir la voie à de nouvelles indications, telles que par exemple le
recours à la ventilation mécanique à domicile en
tant que mesure transitoire avant une transplantation pulmonaire ou cardiopulmonaire.
La ventilation à domicile est indiquée dans la
broncho-pneumopathie chronique obstructive
(BPCO) dans la mesure où les conditions ci-dessous sont remplies [3]:
– Traitement médical optimal; état stable
– Hypercapnie symptomatique, et un des points
suivants:
– PaCO2 055 mm Hg/7,3 kPa;
– ou PaCO2 entre 50 et 54 mm Hg/6,6–7,2 kPa
et saturation nocturne 988% (oxymétrie)
pendant au moins 5 minutes consécutives
avec un apport d’oxygène 02 L/min;
– ou PaCO2 50–54 mm Hg/6,6–7,2 kPa et
au minimum 2 hospitalisations pour défaillance respiratoire hypercapnique au cours
des 12 mois précédents.
Dans les affections neuromusculaires dégénératives (formes congénitales sévères, sclérose
latérale amyotrophique), la ventilation invasive
comporte le risque de prolonger la survie et donc
la souffrance associée à la maladie, pendant
des années, et de générer un état de dépendance extrême («Locked-in syndrome»). Dans
ces situations, la ventilation mécanique invasive
par trachéotomie n’est indiquée qu’exceptionnellement et seulement après qu’une information claire sur la nature de la maladie et son pronostic ait été apportée au patient et à ses proches.
La respiration non invasive constitue en revanche un traitement palliatif des troubles respiratoires reconnu aujourd’hui notamment en cas
de sclérose latérale amyotrophique. Le groupe
de travail s’est exprimé dans une publication
spécifique concernant «les soins palliatifs respiratoires en cas de sclérose latérale amyotrophique», et notamment sur les conditions préalables
à remplir ainsi que les exigences en termes de
qualité [4].
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D. Conditions pour l’institution
d’un programme de ventilation
à domicile et rôle du Groupe de travail
«Ventilation mécanique à domicile»
Le Groupe de travail «Ventilation mécanique à
domicile» travaille en tant que groupe de médecins-conseils pour la SVK sur la base d’un
contrat passé entre la SSP et la SVK. Il vérifie par
conséquent la conformité de toute demande de
prise en charge avec les présentes recommandations. En cas de réponse positive, la SVK prend
alors en charge les coûts. Le Groupe de travail se
considère comme le promoteur et le garant de la
qualité de la ventilation à domicile en Suisse. Le
contrôle de l’indication à la ventilation et de son
efficacité constitue un gage de qualité important.
Le Groupe de travail exige pour cela une documentation écrite permettant de justifier aux yeux
d’un(e) expert(e) en ventilation à domicile l’indication au traitement et d’en démontrer l’efficacité.
Une copie du rapport de sortie au médecin traitant
ne remplit en règle générale pas ces conditions.
Outre la conformité avec les présentes recommandations, les conditions ci-après doivent être
réunies:
1. mise en évidence d’une hypoventilation alvéolaire intermittente (par exemple nocturne)
ou permanente (par exemple au moyen
d’analyses de sang, de tests de la fonction pulmonaire, de l’oxymétrie nocturne, de la mesure du CO2 exhalé (ETCO2) ou transcutané,
de la polygraphie, etc.);
2. handicap actuel ou prévisible consécutif à
l’hypoventilation;
3. antécédents ou risque de décompensation
cardiaque droite et d’infections broncho-pulmonaires;
4. absence de maladie rapidement évolutive ou
instable pouvant compromettre la réalisation
pratique de la ventilation mécanique (pathologies psychiatriques par ex.);
5. démonstration de l’efficacité de la ventilation
par une méthode de mesure objective (voir 1.).
E. Conditions préalables éthiques,
sociales et logistiques pour
l’institution d’un programme de
ventilation à domicile
1. Consentement et capacité de coopération du
patient. Pour les enfants, consentement du
représentant légal.
2. Information précoce et claire du patient et de
ses proches sur les avantages et les inconvénients de la ventilation mécanique à domicile.
3. Volonté et capacité de coopération à long
terme de tiers, dans la mesure où ces derniers
sont nécessaires pour les soins dans l’immédiat ou plus tardivement en cas de dépendance ventilatoire accrue.
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4. Une assistance spécialisée liée à la maladie de
base et aux problèmes respiratoires doit être
assurée en permanence.
5. La mise sur pied d’une ventilation mécanique
au domicile du malade doit être un objectif réaliste. Chaque fois que possible, la ventilation
mécanique doit viser une plus grande autonomie du patient. L’admission dans un programme de ventilation à domicile est ainsi
indiquée notamment pour les tétraplégiques
qui, grâce à cette forme de ventilation, peuvent
être pris en charge dans une institution moins
coûteuse (avec par exemple des aménagements spéciaux pour handicapés en dehors
d’un centre pour paraplégiques), ou pour les
malades post-poliomyélitiques entièrement
paralysés qui séjournent dans un foyer.
La coopération et la motivation du patient conditionnent la réussite de la ventilation à domicile.
Il est cependant difficile d’estimer ces deux critères car il s’agit de traits de caractères qui peuvent être affectés par l’hypercapnie. Le médecin
n’est pas rarement dans la situation de devoir encourager avec patience son malade à envisager
la ventilation mécanique à domicile. Le recouvrement de la vigilance initiale et de la «personnalité» d’origine après quelques nuits de ventilation
normale, pour autant que la ventilation soit entreprise à temps, représente l’un des succès les
plus remarquables de ce traitement.
F. Techniques de ventilation
mécanique à domicile
Différentes techniques permettent d’obtenir une
ventilation adéquate. Il convient de distinguer
la ventilation par pression positive de la ventilation par pression négative.
1. Les ventilateurs à pression positive utilisés
pour la ventilation mécanique à domicile sont
de type volumétrique ou barométrique. Ce
type de ventilation peut être assuré par voie
non invasive (le plus fréquent, via un masque
facial ou nasal), ou plus rarement, via une trachéotomie.
2. Les ventilateurs à pression négative ne sont
utilisés que rarement aujourd’hui, pouvant
favoriser le collapsus inspiratoire des voies
respiratoires supérieures et entraîner ainsi
des apnées ou hypopnées. Ils sont connus
sous les noms de «Pneumowrap», «Raincoat», «Poncho» ou «Cuirasse».
G. Mise en pratique
a. Evaluation
L’indication à la ventilation mécanique à domicile doit être posée après une évaluation soigneuse effectuée par des médecins spécialistes
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bénéficiant d’expérience dans cette forme de
traitement. Dans les cas douteux, une consultation est demandée auprès d’un centre spécialisé
avant que l’indication définitive ne soit posée et
que le patient ne soit informé.
La prise en charge du coût des appareils (prix
d’achat en 2003 variant selon l’appareil et l’équipement entre 4600 et 20 000 francs, et coûts annuels inhérents allant de 850 à 2400 francs) dépend d’une garantie financière, et en cas de
situation initiale incertaine, le Groupe de travail
pour la ventilation mécanique à domicile recommande la prise de contact avec un centre ayant
de l’expérience à ce sujet, avant que la ventilation mécanique ne débute.
Les requêtes sont d’une part examinées au
niveau médical par les médecins-conseil membres actifs du Groupe de travail, et d’autre part
vérifiées d’un point de vue administratif par
les administrations des autres entités supportant
les coûts. Dans le cas où les conditions décrites
en D. et E. sont remplies, l’évaluation a lieu:
1. Au moyen d’une anamnèse médicale et sociale ainsi que d’un examen clinique.
2. A cela s’ajoute la preuve d’une hypoventilation alvéolaire intermittente (nocturne par
exemple) ou permanente au moyen de gazométries artérielles (pCO2, bicarbonates et pH),
oxymétrie continue, capnographie, éventuellement polygraphie ou polysomnographie en
période stable.
3. La preuve de l’efficacité du traitement respiratoire nouvellement adapté au moyen de
l’oxymétrie, de la capnographie notamment
sous ventilation, et/ou de la gazométrie avec
pCO2, bicarbonates et pH au moins 6 heures
après interruption de la ventilation mécanique (en cas de ventilation uniquement nocturne).
4. Enfin, la fonction pulmonaire.
b. Choix des appareils
Le type d’appareil prévu pour la ventilation
mécanique à domicile doit être proposé dans la
demande de prise en charge financière. Il faut
remarquer à ce propos que les appareils et leur
entretien sont soumis à un contrôle de qualité.
En ce qui concerne la SVK, la prise en charge
n’est accordée que pour les appareils remplissant les exigences formulées par le Groupe de
travail pour la ventilation mécanique à domicile
et figurant sur la liste positive SVK. La liste des
appareils peut être obtenue auprès de la SVK.
Pour des questions de sécurité, en cas de dépendance élevée au support ventilatoire (>18 heures
par jour), un deuxième appareil doit être demandé comme respirateur de réserve. De plus,
ces patients doivent avoir à disposition à domicile une batterie constamment chargée permettant de faire face à une interruption prolongée
de courant.
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c. Initiation du patient à la ventilation
à domicile
Le choix de l’appareil et l’apprentissage de la
ventilation mécanique doivent être effectués
dans un centre spécialisé. Selon les cas, des spécialistes en laryngologie, rhinologie, neurologie,
psychologie et assistance sociale doivent être
disponibles. Les techniques de physiothérapie
spécifiques telles que les appareils d’aide à la
toux (Cough Assist par exemple) doivent être
disponibles. L’apprentissage de la ventilation
mécanique concerne souvent aussi les proches,
qui doivent se familiariser avec l’appareil et
selon la situation avec la trachéotomie et la canule de trachéotomie. Dans ces cas, il peut être
judicieux d’apprendre l’aspiration trachéale et la
ventilation au ballon (Embu). Une attention toute
particulière doit être portée aux coupures de courant et aux systèmes d’alarme chez les patients
fortement dépendant de la ventilation. Le passage de l’hôpital à la maison est psychologiquement délicat et doit être prévu en collaboration
avec le médecin traitant et le dispensaire de la
ligue cantonale de la LpS.
d. Surveillance et contrôle
Le médecin traitant prend en charge la surveillance médicale au moyen de contrôles fréquents
au départ, puis espacés ensuite. La vérification
clinique périodique de l’indication, de l’effet thérapeutique et du réglage adéquat de l’appareil
est réservée au centre spécialisé. Ces contrôles
ainsi que ceux effectués par le personnel compétent des ligues ont lieu en fonction de l’état clinique mais au plus tard après six à douze mois,
puis au moins annuellement. Dans le cas de patients équipés avec des appareils barométriques
à deux niveaux de pression (de type «BiPAP»)
pour cause de syndrome des apnées obstructives
du sommeil, les contrôles ont lieu selon les «Recommandations pour le diagnostic et la prise en
charge du syndrome des apnées du sommeil» de
la SSP. Lors de ces contrôles, les signes d’hypoventilation alvéolaire sont recherchés par la mesure des gaz sanguins à l’état natif, sous ventilation; ces examens sont éventuellement complétés
par une oxymétrie et capnographie nocturne. En
fonction de la situation et de l’indication, d’autres examens tels que polygraphie, polysomnographie, mesure des pressions respiratoires
maximales ou d’autres mesures peuvent s’avérer nécessaires. Les contrôles sont pratiqués
selon le type de maladie et d’examens nécessaires ambulatoirement ou lors d’une brève hospitalisation. Les examens décisifs sont les oxymétries, les capnographies et les analyses de sang
effectuées à domicile ou à l’hôpital. Le centre
spécialisé dispose d’un service qui apporte une
aide à ces invalides respiratoires dans les situations d’urgence, assure une admission aisée à
l’hôpital et met à disposition un appareil de remplacement.
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e. Procédure administrative
Alors que la possibilité d’une ventilation mécanique à domicile doit être connue de tout médecin, l’indication définitive est réservée au centre
spécialisé, après évaluation anamnestique, sociale et physiologique approfondie. Dès lors, la
procédure administrative dépend comme suit de
l’organisme prenant en charge les coûts:
1. Pour les patients dont la caisse-maladie est
affiliée à la SVK, le formulaire «Ventilation
mécanique à domicile» (disponible auprès
de la SSP et de la SVK) est envoyé avec un
rapport médical contenant les données pertinentes (voir sous a. Evaluation) au président
du Groupe de travail à l’adresse de la SSP.
La SVK a conféré au Groupe de travail
«Ventilation mécanique à domicile» de la SSP
les fonctions et compétences de médecinconseil pour l’examen des requêtes. Si la
requête est approuvée par le président et par
les membres du Groupe de travail qu’il aura
désignés au cas par cas, les règles ci-après
s’appliquent après contrôle administratif
concluant effectué par la SVK:
– La SVK annonce au médecin requérant et
à la caisse maladie du patient l’accord
de prise en charge financière et la remise
d’un appareil neuf ou du stock.
– L’appareil, commandé par la SVK auprès
d’une entreprise répondant aux exigences
de qualité, est fourni gratuitement en prêt
au patient, sur la base d’un contrat d’utilisation.
– L’entretien et les réparations de l’appareil
sont assurés par les fabricants sur la base
de contrats passés avec la SVK.
– L’assurance-maladie prend en charge les
coûts du matériel nécessaire au traitement
dans la limite prévue par la législation
ainsi que les visites à domicile du personnel des ligues cantonales, dans la mesure
où elles sont prescrites par le médecin et
qu’elles concernent la ventilation mécanique à domicile. Les factures sont envoyées
à la SVK pour vérification, et cette dernière
les fait suivre pour paiement à la caisse
maladie.
2. Pour les patients dont la caisse-maladie
n’est pas affiliée à la SVK, les modalités financières doivent être directement traitées
avec la caisse maladie ou l’assurance concernée est tenue légalement de prendre en
charge les coûts. Un rapport est adressé au
médecin-conseil de la caisse maladie du
patient précisant l’indication à la ventilation,
attestant de son efficacité, et mentionnant la
ou les «positions LiMA» correspondant au
ventilateur avec ses accessoires. Le fournisseur du ventilateur adresse à la caisse maladie un contrat de vente ou de location pour
l’appareil et ses éventuels accessoires (humidificateur par ex.).
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3. Dans les cas où les coûts du respirateur doivent être pris en charge par l’assurance invalidité (AI), il faut au préalable déterminer
si ce traitement concerne l’affection de base
couverte par l’AI.
H. Organisation
a. Validité des recommandations
Les présentes recommandations ont été approuvées le 24 juin 2004 et remplacent les lignes
directrices parues le 30 mai 1996 dans le «Journal Suisse de Médecine» (SMW) [2].
b. Organisation et adresses
Les requêtes sont à adresser à:
Président du Groupe de travail «Ventilation
mécanique à domicile», Secrétariat de la Société
suisse de Pneumologie, Südbahnhofstrasse 14c,
Case postale, CH-3000 Berne 14.
SSP:
Société suisse de Pneumologie, Secrétariat,
Südbahnhofstrasse 14c, Case postale,
CH-3000 Berne 14, Tél. 031 378 20 30,
Fax 031 378 20 31.
SVK:
Schweizerischer Verband für Gemeinschaftsaufgaben der Krankenversicherer,
Secrétariat, Muttenstrasse 3, CH-4502 Soleure,
Tél. 032 626 57 47, Fax 032 626 57 30.
c) Membres du Groupe de travail
Bauer Werner, Berne; Baumberger Michael,
Nottwil; Bloch Konrad, Zurich; Brändli Otto,
Wald; Fitting Jean-William, Lausanne; Gugger
Matthias, Berne; Hammer Jürg, Bâle; Hänni
Peter, Soleure (médecin-conseil SVK); Janssens
Jean-Paul, Genève; Junier Laurent, Lausanne;
Karrer Werner, Montana; Keller Harriet, Barmelweid; Knoblauch Andreas, St-Gall; Lehmann
Thomas, Berne; Michel Franz, Nottwil; Neukomm Brigitte, Soleure; Pfister Maurus, Rorschach; Pons Marco, Lugano; Rochat Thierry,
Genève; Schatt Dominique, Soleure; Schwizer
Bernhard, Lucerne; Solèr Markus, Bâle (président depuis le 01/07/2004); Strobel Werner,
Bâle; Uldry Christophe, Rolle; Vella Silvano,
Weiler Thomas, Berne.
Références
1 Richtlinien für die mechanische Heimventilation vom
17. Juni 1991, tirage spécial du supplément «Tuberkulose
und Lungenkrankheiten», n° 4 du 17 juin 1991.
2 Richtlinien für die mechanische Heimventilation vom 30. Mai
1996. Schweiz Med Wochenschr 1996;126:2191–6.
3 Goldberg A, Hill N. Clinical indications for noninvasive positive pressure ventilation in chronic respiratory failure due to
restrictive lung disease, COPD and nocturnal hypoventilation
– a consensus conference report. Chest 1999;116:521–34.
4 A. Knoblauch, M. Gugger, R. Keller, et al. Atemprobleme bei
Patienten mit amyotropher Lateralsklerose: therapeutische
Optionen. Schweiz Med Forum 2001;39:972–8.
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