16-Reperes-01-09:Mise en page 1 20/12/08 10:18 Page 222 Repères qu’au cours du XXe siècle, avec la carte postale, cessant alors d’être l’apanage des « biens nés » et de la bourgeoisie. Le cyber-anniversaire n’est qu’évoqué, de même que les anniversaires de mariage et autres commémorations plus ou moins collectives, voilà de quoi alimenter un prochain livre… rappel de la mort d’un guerrier ou un événement marquant de la vie d’un saint. Cet ouvrage privilégie l’anniversaire de la naissance (birthday et Geburtstag) et Alain Montandon précise : « Au Moyen Âge, on fête le jour du saint dont on porte le nom (une date qui marque soit la naissance, soit le plus souvent la mort du saint). Dès la seconde moitié du XVIIe siècle, ce furent les pays protestants qui marquèrent les anniversaires de naissance. En France, l’anniversaire de naissance commença à être fêté un siècle plus tard, au XVIIIe siècle, lors de la reconnaissance du moi et de la valorisation de l’individualité. » L’ouvrage nous entraîne de Narbonne au temps d’Auguste (Renée Carré), aux anniversaires du cinéma (Les Damnés de Visconti, par Suzanne Liandra-Guigues, Hôtel de France de Chéreau et Festen de Vinterberg, par Valérie Deshoulières et Providence de Resnais, par Jean-Louis Leutrat), en passant par l’anniversaire dans la poésie (de Johan Heinrich Voss, par Alain Montandon, d’Elizabeth Bishop et Mario Luzi, par Caroline Andriot-Saillant), le roman (Claude Roy par Bernadette Puijalon et Jacqueline Trincaz, Naïm Kattan par Jean Arrouye, Tadeusz Kantor par Isabelle Michemot), le théâtre (Harold Pinter par Virginie Iché) ou l’art (Sophie Calle par Frédérique ToudoireSullapierre). Le philosophe Alain Roger propose un récit désopilant sur la « vérité » de l’âge. Régine Sirota décortique la cérémonie d’anniversaire et explicite ses règles (de l’invitation, du cadeau, de la décoration, de l’habillement, de l’offrande de nourriture, du gâteau et ce qui va avec le moule, la levure chimique et le thermostat du four, des bougies, du chant, etc.). Claude Grimmer s’attarde sur l’histoire de cette « fête laïque », qui n’entre vraiment dans les mœurs, en France, Thierry Paquot Olivier Assouly LE CAPITALISME ESTHÉTIQUE. Essai sur l’industrialisation du goût Paris, Cerf, 2008, 190 p., 23 € Bruno Latour et Vincent Antonin Lépinay L’ÉCONOMIE, SCIENCE DES INTÉRÊTS PASSIONNÉS. Introduction à l’anthropologie de Gabriel Tarde Paris, La Découverte, 2008, 136 p., 11 € Voici deux courts essais, menés rondement, qui replacent l’économie à sa juste place – pas celle que lui confèrent les « sciences économiques » depuis plus d’un siècle – et rendent hommage à Gabriel Tarde (1843-1904), trop longtemps mésestimé et même ignoré. Le premier démontre, avec talent, que l’évolution du capitalisme serait caractérisée par la captation et la transformation de productions superflues, à l’instar de la beauté, des loisirs et de l’appréciation esthétique, en valeurs mesurables, échangeables et capables de coloniser la plupart des dimensions de la vie sociale. Il en va de l’inscription de la culture au sein de l’économie. Mettre en lumière ensemble les grandes mutations du domaine de la consommation économique et esthétique, c’est souligner des articulations majeures qui 222