nature Theo Iff Jean-Marc Sandoz Les tempêtes estivales En Europe, le semestre hivernal est celui des tempêtes. Les vents sont en moyenne plus faibles en été. Mais l’été apporte aussi son lot de dangers avec lui, les orages locaux pouvant être à l’origine de puissantes bourrasques. Si nous faisons un petit saut dans le temps, nous découvrirons des mesures pour le moins 60 marina.ch juillet/août 08 Signes et effets de l’arrivée d’une tempête et d’un orage local. Une manifestation plutôt rare, ici photographiée sur le lac de Neuchâtel le 21 août 2007: Ursula Ramseier une trombe d’eau (en haut). Les trombes d’eau peuvent apparaître lorsque l’eau est plus chaude que l’air, que de l’air froid passe sur la surface de l’eau et qu’un nuage d’orage se forme dans les parages. juillet/août 08 marina.ch Theo Iff Deux ou huit fois peuvent être jusqu’à huit fois plus puissants que le vent moyen. Rafales mises à part, les orages sont également caractérisés par des différences locales de puissance et de direction du vent. Alors que les tempêtes hivernales génèrent des rafales à large échelle, les rafales des orages estivaux peuvent être très localisées. Les causes sont, ici aussi, bien connues. Pendant un orage, l’air situé à basse altitude est refroidi très rapidement par les pluies violentes et la grêle: ceci donne d’un côté naissance à une différence de pression locale considérable entre l’air froid de l’orage et l’environnement encore chaud et de l’autre, à un courant d’air important appelé outflow en anglais. Les violentes rafales sont généralement provoquées par d’importantes précipitations: un paquet d’air est alors entraîné par les précipitations d’une altitude très élevée jusqu’au sol. Il s’écrase ensuite avec une vio- Philippe Gyarmati La différence de température entre la zone subtropicale chaude et la région polaire glaciale (qui se refroidit énormément pendant les mois de nuit polaire) est très importante durant le semestre d’hiver. Cet écart entre le Nord et le Sud donne naissance à de puissants systèmes de basse pression sur l’Atlantique qui peuvent générer de gros grains orageux même sur les lacs suisses. En été, l’air du Nord est réchauffé par le long jour polaire et son soleil de minuit. La différence de température entre le Nord et le Sud est alors plus petite. Sur l’Atlantique, les zones de basse pression sont donc plus faibles et les vents moins puissants. surprenantes. La rafale de vent la plus rapide jamais enregistrée en Suisse à moins de 800 mètres d’altitude (190 km/h) a été mesurée à Glaris le 15 juillet 1987, soit en plein au milieu de l’été! Voilà une mesure qui n’a pas grand-chose à voir avec la théorie d’un été à vents faibles et d’un hiver à vents puissants, mais ce phénomène a une explication tout à fait logique. A large échelle, le vent est généralement plus faible en été. Localement, les orages peuvent par contre provoquer des rafales très puissantes. Sur les lacs, ces situations sont souvent plus dangereuses qu’en hiver. Le vent n’augmente en effet pas petit à petit, mais soudainement. La différence entre le vent moyen et les puissantes rafales est d’ailleurs très peu agréable pour les navigateurs à la voile. En hiver, la vitesse maximale des rafales atteint environ deux fois celle du vent moyen, mais lors des orages estivaux, les gros coups de vent Philippe Gyarmati texte: PHILIPPE GYARMATI (METEOTEST) 61 nature lence inouïe au sol. Des extrêmes sont atteints lorsque l’orage avance lui-même rapidement et que les rafales sont canalisées par la topographie. Ce qui se passe alors dans l’atmosphère est comparable au resserrement d’un cours d’eau qui provoque des rapides. Le magazine nautique suisse Se pose alors la question suivante: est-il possible de prédire le risque de puissantes bourrasques orageuses? En règle générale, un orage est déplacé par des vents soufflant à 3000 mètres d’altitude. La direction du courant et surtout la vitesse de déplacement de l’orage peuvent être lues sur des cartes météo représentant le vent à cette altitude. La température est un autre facteur déterminant la puissance des rafales. Plus la différence de température entre l’air situé sous l’orage et l’air environnant est grande, plus il est vraisemblable que des rafales plus puissantes apparaîtront. Cela signifie qu’en règle générale, les rafales les plus puissantes soufflent au moment du jour où la température est la plus élevée, soit en fin d’après-midi. Mais lorsqu’un front froid s’approche, une différence de température peut apparaître localement à n’importe quel moment du jour. Dans le cas du passage d’un front froid, le vent est renforcé par un vaste champ de pression. En effet, la pression atmosphérique augmente considérablement à l’arrière d’un front froid, conférant ainsi encore plus de puissance au vent. Les rafales orageuses les plus puissantes apparaîtront donc dans le cas suivant: un jour d’été, le soleil chauffe l’air à plus de 30° Celsius. Le soir, un front froid actif approche ra- los En fin d’après-midi pidement depuis l’ouest. A l’avant du front se forme une ligne orageuse avec de violentes averses de grêle. Les orages passent très vite d’ouest en est sur le plateau suisse et les rafales ne cessent de pousser le front vers l’avant. Lorsqu’il rencontre un resserrement, le front orageux subit une nouvelle accélération et atteint des vitesses extrêmes. Une situation typique: orage en formation sur le lac des Quatre-Cantons. marina.ch Ralligweg 10 marina.ch Ralligweg 10 3012 Berne 3012 Berne Tél. 031 301 00 31 [email protected] Tél. 031 301 00 31 [email protected] www.marina-online.ch Service des abonnements Tél. 031 300 63 43 www.marina-online.ch Service des abonnements Tél. 031 300 63 43