Atelier Cochenilles Animation : Philippe Kreiter - INRA PACA Pression / Evolution des Emergents dans le Grand Sud-Ouest : • Pseudococcus viburni (cochenille farineuse) : incidence en verger de pommier, sur cultures ornementales, tomate hors sol et fraise. Ravageur non négligeable en augmentation. • Parthenolecanium corni (Lécanine du Cornouiller) : elle est vectrice du Virus de l'enroulement. Aquitaine, faible intensité sur vigne et pas d'incidence sur le rendement. Elle est en recrudescence sur vigne en Corrèze et prunier en Aquitaine. • Epidiaspis leperii (cochenille rouge du poirier) : elle est en augmentation en verger de prunier en Aquitaine. Elle est ponctuellement très nuisible. • Pseudaulacaspis pentagona (Cochenille Blanche du mûrier) : en recrudescence en Limousin ; sur Noyer et sur Kiwi en Aquitaine et MidiPyrénées. Problème pour certains pays Asiatiques pour l'exportation de Kiwi. Systématique – Reconnaissance 8000 espèces identifiées / 18 familles en France. 3 grandes familles, Coccididae, Diaspididae, Pseudococcidea les plus représentées dans les cultures en nombre et en nuisibilité. En arbo, les cochenilles peuvent attaquer toutes les parties de l'arbre. Les adultes des différentes espèces se différencient par les moyens de protection des pontes : – sacs, – carapaces, Ex coccididae, – boucliers, Ex : pou de san josé, – mixtes ou rien Attention aux risques de confusion car les traits morphologiques ne suffisent pas à une détermination précise de l'espèce. Un montage entre lame et lamelle reste indispensable pour finaliser diagnostic (C'est une affaire de spécialiste !). Important quand il faut déterminer les moyens de lutte (cycle différent …). Cycle de développement dimorphisme sexuel très marqué : • les femelles passent leur vie à s'alimenter, il n'existe pas de forme « parfaite », • les mâles au stade adulte ne s'alimentent pas, ils ont une morphologie d'insecte « vrai » (pattes, ailes ...) o développement paramétabole chez la femelle (pas de changement d'aspect) o mâle holométabole Selon les familles 2 à 3 stades larvaires se succèdent : • • chez les femelles on distingue au stade adulte 3 phases : femelle non fécondée, fécondée, pondeuse. chez le mâle il existe deux stades nymphaux. Les cochenilles peuvent enchaîner plusieurs cycles par an, souvent en lien avec les conditions climatiques, environnementales (Ex : une fertilisation mal maîtrisée et une richesse de la sève peut entraîner une nouvelle génération en été). Fécondité : de quelques œufs à 3 - 4000 œufs pour une même femelle selon les espèces. La plupart des espèces des zones tempérées ne vivent qu'une seule année (seulement quelques semaines le plus souvent). La larve néonate constitue le seul stade de dissémination pour certaines espèces, notamment les Diapididae (cochenille à bouclier) qui vont ensuite perdre leurs pattes et se fixer au végétal pour commencer à se nourrir et pondre. Pour d'autres, les individus peuvent être mobiles jusqu'à la ponte puis se fixer ensuite après la production des premiers œufs. Exemples d'espèces nuisibles : • en arboriculture : Famille des Coccididae : Parthenolecanium corni, Famille des • • Pseudococcidae : Pseudoccocus viburni en viticulture : Famille des Coccididae : Parthenolecanium corni, Pulvinaria vitis (réémergent, nuisible dans les années 70), Famille des Pseudococcidae : Heliococcus bohemicus en cultures légumières : Pseudococcus viburni, signalé comme de plus en plus polyphage. Famille des Coccididae Parthenolecanium corni Cycle théorique souvent dépassé en conditions de vergers notamment dans le sud de la France. En conditions de vergers irrigués et riches (azote) : 2 générations probables avec une nouvelle femelle pondeuse dans le courant de l'été (juillet/août, une génération en 1 mois), hivernation au stade L2. Si développement important = signe de déficience du contrôle biologique car il existe de nombreux ennemis naturels intervenant sur tous les stades larvaires. Méthodes de contrôle : Famille des Pseudococcidae : Pseudococcus viburni et comstocki (très semblables d'aspect) Famille des Diaspididae : Pou de san josé Bouclier, corps mou identifié par le pygidium (partie terminale non segmentée Pas de carapace, corps mou, du corps d'un animal segmenté). protégé par une cire. Cycle théorique souvent moins figé dans la réalité Seule phase d'intervention = des vergers (plus de cycles sortie d'hivernation des ou décalés dans le temps), broussins et déplacement vers fin de l'usage des huiles de le pédoncule des jeunes fruits, pétroles, ensuite les larves rentrent dans + coïncidence du stade le fruit et ne sont plus sensible avec celui de la accessibles par la floraison (réduit les pulvérisation, phase très possibilités d'intervention). courte + cycle très décalé d'un site à l'autre même à peu de distance (viburni hiverne à tous les stades, au moment de l'émergence tous les stades sont présents). Chimique : batterie d'usages autorisés, ce n'est pas un usage si dépourvu que ça ! – Produits de contact : famille des Organo-Phosphorés, une seule phase d'intervention = émergence des premières larves et première mue larvaire (jeunes larves encore sensibles au phyto et pas de bouclier formé). – Produits systémiques : Spirotetramat : toxique par ingestion. Mais pour chaque espèce de cochenille le mode de contrôle doit être adapté en fonction de la biologie de l'insecte, pas de généralité pour les méthodes de lutte. Un bon contrôle = connaissance de la biologie, a minima le repérage du premier stade larvaire, prépondérant car le plus sensible au phyto (pas encore de bouclier) ou quand la larve est accessible pour la pulvérisation (avant l'entrée dans la cavité pédonculaire pour viburni par exemple), pour être efficace. Pas de seuil de nuisibilité : biologie, fécondité … trop variées pour être précis il faudrait un seuil par espèce. Observation : loupe, scotch double face (à condition qu'il soit de très bonne qualité) pour capturer les larves migrantes à proximité des foyers au moment du début de l'essaimage (migration des larves après l'éclosion des œufs). Observation à la parcelle indispensable pour déterminer le stade clé car il existe parfois un décalage important dans les cycles de développement selon les secteurs géographiques. Méthodes alternatives : taille, brossage des troncs, décapage haute-pression si forte infestation (efficace contre les Diaspididae). • dans le cas des cochenilles non mobiles : pas de « couper - brûler » qui ne laisse pas le temps aux auxiliaires de revenir sur les arbres pour parasiter à nouveau les autres colonies restées sur les arbres => laisser les branches au sol quelques temps (de toute façon les cochenilles ne reviendront pas dans le arbres car elles ne se déplacent pas). • dans le cas de cochenilles mobiles : broyage des fruits, élimination des repousses et éviter les variétés à broussin. Terpène d'agrumes (prevB2 ou prev'am = mais attention pas d'AMM cochenille), savon noir et bioshower (savon potassique) = dessiccation immédiate des larves mobiles. Monitoring : seuil 1200 individus, pas de fondement scientifique par convention et très dépendant du positionnement des pièges (cochenilles très peu mobiles). Intéressant essentiellement pour identifier les phases du cycle, mais uniquement pour les espèces qui ont des mâles et pour savoir si l'insecte est bien présent dans le verger. Auxiliaires : plusieurs espèces d'auxiliaires selon les espèces de cochenilles (la plupart sont des micro-hyménoptères). Des solutions par lâchers d'auxiliaires sont possibles (déjà faits) (Ex : élevage de P. pentagona sur pomme de terre, parasitage massif par Encarsia berlesi et lâcher des cochenilles parasitées dans les vergers => régulation rapide programme Bulgarie). Favoriser les auxiliaires secondaires comme les forficules (hors vergers de fruits à noyau) ou chrysopes dont l'activité de prédation est souvent sousestimée. Conclusion : – – – – considérer les cochenilles comme des parasites « prioritaires », ne pas attendre de grosses infestations, observer les cycles et les stades clés à l'échelle de la parcelle, et en associant les moyens de lutte, les cochenilles ne devraient pas constituer une impasse.