Textedel’exposédeFrançoisBALsuividelaréactiondePatricia PrieurésaintBenoit14octobre2016 C’estlacommunionquenousrecherchons… Communion suppose rencontre. Je suis frappé, en lisant l’évangile, de voir combien Jésus a été, je crois délibérément,àlarencontredegensquin’allaientpasbien. Etquandonleluireproche,ilsejustifieendisant:cenesont pas les bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. Faites l’exercice une fois. Vous prenez toutes les rencontres personnelles de Jésus dans l’évangile: des lépreux, en quantité, des aveugles, des possédés, des paralysés, des malades divers, le père d’un épileptique, le centurion romain, les larrons sur la croix, Nicodème, le femme adultère, la pécheresse chez le pharisien, le jeune hommeriche,MartheetMarie,etc…etc…Fantastiquequ’en si peu de pages, il y ait tant de personnages. Vous verrez, tous sont dans une situation douloureuse, souvent extrême. SileSeigneurnousvoit,nousrencontre,c’estdansl’ordrede sa mission, ce n’est pas un hasard. En fait Jésus a mis en pratiquesonconseilévangélique«quandtudonnesunfestin … invite d’abord les boiteux, les estropiés, les aveugles », vousconnaissezcetexte.DoncJésusinviteàlacommunion,sonfestin,d’abordceuxquine s’ensortentpas,aujourd’hui,nous. Ladeuxièmechoseàexaminerdanscesrencontres,c’estdequoileurparleJésus?Quel estlesujetdeleuréchange?Dequoiparlent-ils?Avecleparalysé,ilparledesaparalysie et besoin de guérison, avec l’aveugle de sa cécité, avec la femme adultère de sa condamnation,avecleslarrons,deleurcondamnation,aveclecenturiondelaguérisonde sonesclave,avecZacharieetElisabethdeleurinfertilité,etc…etc.…Avecchacun,l’échange portedirectementsurcequilesblesse,surcequilesfaitsouffrir.Ilyalàuneparticularité essentielle des évangiles, à mon avis très volontaire de la part des évangélistes. Le lieu de rencontreetdedialogueentreleSeigneuretchacunestjustementlelieuoùchacunnes’en sortpas.LelieuprivilégiéderencontreavecleSeigneurestlàoùjesuisdémuni,écrasé. Onvalire,pourcommencernotretravail,ledébutduchapitre9desaintJean:laguérison del’aveugle-né. Vousêtesprobablementcommemoiunpeuinterloquésparlaquestiondesdisciples:«estceluiousesparentsquiontpéchépourqu’ilsoitcommeça?».Jecroisquecettequestion n’est pas si incongrue que ça, et qu’au contraire elle marque la permanence de nos penchantshumains.Vouloiruneexplication.Quitteàcequecenesoitpastrèsbienveillant. Le seul motif possible est le péché. Aujourd’hui, pour les explications, on est plus dans la techniqueetlagénétique. Cequiestintéressant,c’estlaréponsedeJésus.Endisant«nilui,nisesparents»,ilclôtle dialogue,ilrefusedediscuterdeça.Ilnefautpaschercherdanslareligionuneexplication auxchoses,àlamaladie.LaréponsedeJésusestailleurs«c’estpourquelesœuvresdeDieu semanifestentenlui». Cetteréponseprendtoutsonsenssijedis:l’aveugle-né,c’estmoi,c’estchacundenous.Et notreaveuglement,cesontnosyeuxdelafoiquinevoientpasl’œuvreduSeigneur.Est-ce quejecroisquelaviequim’estdonnée,estlelieuoùjevaismanifesterlesœuvresdeDieu. Est-ce qu’on se dit les uns aux autres, ta mission, c’est de manifester les œuvres de Dieu. C’est un peu incroyable de se dire qu’on peut manifester les œuvres de Dieu, alors qu’au premier plan de notre vie apparait la galère de la maladie psychique, pour certains, une galèrequotidienne. Ensuite,lechapitresepoursuitlonguement,trèslonguement,parunprocèsinvraisemblable faitaujeunehomme,àcausedesaguérison.Onluiposetoutescesquestionshumaineset religieuses possibles: il y a supercherie, ce n’est pas lui, etc. … et on y mêle le péché, ses parents.L’horreur.Kafkaïen.Etcinqfoisdesuiteilrépond:jenesaisqu’unechose,c’estce qu’ilafaitpourmoi. Ainsi,lesœuvresdeDieuvontsemanifesterenmoi,parmoi,sij’arriveàdire«Voilàceque leSeigneurafaitpourmoi».Nonpassijedonnedesexplications,oudesjustificationsaux questionsdumondesurlamaladiedemafemme,demonfils,maissij’arriveàdirecequele Seigneur a fait pour moi. Ceci ne retire en rien la valeur des actes, ce que je fais avec ma femme,avecmonfils,oucequejefaispourmafemmeoupourmonfils.Jeparleicidece quiouvremesyeux.EtsaintJeanditquepar-làlesœuvresdeDieusontmanifestées. Donc notre travail est de discerner ce que le Seigneur a fait pour moi. Et dans notre situation,prochesdelamaladiepsychique,nousnoustrouvonsenpermanenceàlongerun précipice spirituel qui consiste à chercher des explications, surtout des explications religieuses.Plusoumoinsconsciemment,c’estparcequenoussommesmauvais,àcausedu péché,etc…OubienàattribueràDieudesdécisionsdelanature.Jecroisquec’estundes rôlesdesgroupesRelaisdes’entraideràvoir–aupointdepouvoirledire–qu’est-cequele Seigneurafaitpourmoi? François Bal propose une méditation de la parabole du bon samaritain, en disant que l’hommeblessé,c’estchacundenous,etquelebonsamaritainc’estleSeigneur. Unpointsurlequeljevoudraisrevenir,c’estlefaitquelebonsamaritainnesermonnepasle blessé.Illesoigne,point.Illesoigneenversantdel’huileetduvinsurlesblessures.Quelle est notre huile, quel est notre vin. Je vous propose une recette, qui fait du bien aux blessures. Diredeschosescomme: - Tuvauxmieuxquecequetucrois - Personnenetecondamne - Tavie,c’estpourquelesœuvresdeDieusemanifestententoi - Si tu te nourris bien à la Parole de Dieu, ta vie deviendra une source jaillissante pourlavieéternelle ToutescesphrasesqueleSeigneurditàchacundenous,pourquoinenouslesdirions-nous pas les uns aux autres. Je crois, par expérience, qu’une fraternité chrétienne est d’autant plusvivantequ’elletrouvelesmoyens,lesinitiativesquipermettentdedireceschoses.Par lepartageenvéritéévidemment,maisaussiparlescontactspersonnels,deuxàdeuxetpas forcémentengrandgroupe,etc.… Dernier point sur lequel je veux revenir: comment je vois la communauté qui m’accueille, pour ce qui nous concerne ici, le groupe Relais. Pour reprendre la symbolique de notre méditation, je suis un blessé ramassé sur la route par le Seigneur, qui a pensé que j’avais besoin de frères pour prendre soin de moi. On est tous de plus ou moins blessés, et les autresmembresdugroupeontreçucetteinjonctionduSeigneur:prendssoindeFrançois,il en a besoin. Quelquefois, on est obnubilé par l’idée qu’on est là pour faire du bien aux autres, qu’on en oublie de voir les autres comme chargés de prendre soin de moi. La vie fraternelleestplusdoucequandjevoislesautrescommedeslieutenantsduSeigneurpour prendresoindemoi,commelui-mêmel’afaitaudébutdel’histoire. François Bal RéactiondePatriciasuitedelaconférencedeFrançoisBal… FrançoisBalnousaparlédel'importancedelaRELECTUREdenotrevie,àlaLumièrede l'Evangile…Ilprêchaituneconvaincue,etjen'aipasoséprendrelaparolepourcompléter, ouproposeruneautreméthodequiafaitsespreuvesmêmesionenparlebeaucoupmoins actuellement. Ils'agitdeleREVISIONdeVie,VOIR,JUGER,AGIR,quej'aiapprisetpratiquéàlaJECF (jeunesseétudiantechrétienne),puisàl’ACO,(actioncatholiqueOuvrière).D'autresle viventégalementàl'ACI(actioncatholiquedesmilieuxindépendants)... Unexemplepeutpermettredecomprendredequoiils'agit.Ilyaquelquesmoisj'aiéchangé longuementavecMarylène,dontlemariesttrèsdépressif.Jenevaispasrapportericitous lesélémentsdecequiaétépartagé,c'estleVOIR,(quienl’occurrenceétait«entendre»; Enyrepensant:JUGER.Danssaplainte,sasouffrance,j'aivuqueMarylènenesedonnait pasassezdetemps«pourelle»,elleprenaitàpeinesoind'elledesafatigue,desasanté, ellen’a,semble-t-il,pasdeloisirs.Jenel'aijamaisentenduparlerd'amis,elleauntelsens dudevoirquel'attentionasonmariprendtoutesesénergies,malgrésoncomportement souvent«contrariants,etirrespectueuxdelapersonnedel'autre» – Enmettantcelaàlalumièredel’Evangile,jemesuisditqueMarylènedonnaitbeaucoup degested’amouràsonmarimaisnes'aimaitpasassez.OrleChristadit«aimerson prochaincommesoi-même» – J'aipenséaussiauChristquandilcueilleetmangelesépisdeblésunjourdeShabbat,en disantauxpharisiensquelesabbatestfaitpourl'hommeetnonl'hommepourle sabbat...etjerapportecelaaumariage:ilestfaitpourl'amourdechacundesconjoints etnonpourl'esclavagedel'unpourl'autre...etc. – L'amourqueporteMarylèneàsonmarim'apparaîtaussid'unetrèsgrandegratuité,elle luidonnesavie...J'aicertainementdelagraineàprendre... – Etmaintenantquevais-jefairedecela?AGIR:certainementchercheràêtreplusproche deMarylène,maisvoireaussiquellessontsesrelationsaveclesmembresdesafamille etlesautresrelationsdesavie,m'intéresseràsasantéetàsesgoûtspourqu’ellesles expriment,mettreenvaleursestalents,voireplusquesessouffrances… CetterelectureachangémonregardsurMarylène,laprochainefoisquenousnousverrons, nousparleronssansdouteautrement,dèsaujourd'huijelaporteautrementdansmaprière. Cetterelectureestaussiuneétapedeconversiondansmavieconjugale. Patricia