REFORME POLITIQUE: LA DIMENSION SOCIALE SEMAINE 3: JOUR 1 UNE INTRODUCTION A L'ECONOMIE DE GENRE: LES FEMMES DANS LE MENAGE Par Kirsten Friis-Jensen et Noman Kanafani, Université Royale Agricole de Copenhague TABLE DES MATIERES 1. INTRODUCTION 2. CONCEPTS CLE 2.1. Le ménage 2.2. Reproduction et production 2.3. Division du travail par genre versus par sexe 2.4. Le travail salarié versus le travail non salarié 2.5. Production de culture de rente versus culture vivrière 2.6. Harmonie versus conflit d'intérêt dans le ménage 3. LE GENRE DANS L'ANALYSE ECONOMIQUE 3.1. La nouvelle économie domestique 3.1.1. Le modèle de gain de capital humain 3.1.2. La fonction d'utilité du ménage 3.2. La thèse boserupienne 3.2.1. Les système agricoles de Boserup 3.2.2. Les liens entre les systèmes agricole et le genre 3.3. Les limites du modèle 4. L'INFLUENCE DE LA REFORME POLITIQUE SUR LE GENRE 4.1. La promotion des culture de rente 4.1.1. Les cultures de rente et les avantages comparatifs homme – femme 4.1.2. Les cultures de rente et les systèmes agricoles 4.2. La nouvelle technologie 5. REMARQUES DE CONCLUSION 6. QUESTION DE DISCUSSION ANNEXE: LES SYSTEMES AGRICOLES DE BOSERUP BIBLIOGRAPHIE 1. INTRODUCTION Le but de ce chapitre est d'investiguer la dimension du genre au sein de l'analyse économique au niveau micro. L'intention est de voir comment différentes mesures de réforme politique peuvent affecter les hommes et les femmes différemment. Les économistes aiment voir leur discipline comme une discipline "sans genre". Nous pensons rarement aux hommes et aux femmes quand nous utilisons des outils économiques d'analyse. Ceci est particulièrement vrai parce que la théorie économique conventionnelle prend les "individus" comme l'unité de base de l'analyse. Cependant, cet "individu" a toujours été appelé "l'homme économique", en tant que "il". Et le "il" est devenu un terme institutionnalisé, synonyme d'être humain. Les féministes, cependant, voient ce fait comme un symptôme du biais masculin enraciné dans l'économie. Prendre les individus comme la principale unité de prise de décision ne signifie pas que les économistes ignorent la famille comme institution sociale de base. Il est vrai que la théorie ne porte presque aucune attention aux relation et transactions économiques qui prennent place au sein de la famille. Mais la principale responsable en est l'hypothèse implicite de la théorie conventionnelle que l'intérêt de la famille, en tant qu'unité, est en harmonie avec les intérêts de chacun de ses membres. Par conséquent, les économistes ignorent souvent ce qui se passe réellement au sein des ménages. Le ménage demande des ressources, les transforme en services et les offre à la vente sur le marché. Le processus de transformation ainsi que de distribution des bénéfice se passe sans conflit. L'économique traditionnelle voit le ménage comme une unité fonctionnant sans problème, dans laquelle l'utilité et les préférences de tous les participants sont satisfaites selon une distribution qui fonctionne bien et où un équilibre est maintenu entre les besoins et contraintes de la famille. Cette hypothèse implicite, et irréaliste, présente la famille comme une institution quelque peu mystérieuse, une "boîte noire", et elle aide à déguiser le biais masculin, intentionnel ou non. Il est certain que beaucoup d'économistes ont été totalement choqués quand ils ont été accusés d'être des "machistes"! Bien que beaucoup de choses aient évolué depuis lors, il n'est cependant pas possible d'affirmer que nous savons maintenant tout ce qu'il faut savoir sur cette "boîte noire". Le processus pour observer à l'intérieur de celle-ci a été graduel et lent. Il a commencé avec les articles de Mincer (1962) et Becker (1965) qui se sont concentrés sur l'allocation du temps des femmes. Ces articles ont rendu les économistes conscients de la dimension du genre dans la théorie et du conflit possible entre la famille et ses membres individuels: càd la question concernant la volonté de l'individu de maximiser le bien-être de la famille (Blau et Ferber, 1986). Cependant, la première analyse basée empiriquement sur la participation des femmes dans la force de travail, avec ses liens avec l'évolution des systèmes d'exploitation, n'est pas apparue avant 1970. Elle a été entreprise par Ester Boserup qui a tenté de corréler ce processus d'évolution avec la croissance de la population et le changement technologique dans les pays moins développés (PVD). Ce chapitre va se concentrer sur les relations intra-ménage. Le but est d'observer l'effet de ces relations sur les options qu'ont les hommes et des femmes pour devenir pleinement intégrés dans le système économique au sein de l'environnement agricole dans les pays en voie de développement. Il a été suggéré que les différences de genre sont plus faciles à exposer au sein de ce cadre de travail. C'est parce que dans les systèmes économiques où beaucoup de tâches domestiques ont été transférées en biens semi-publics ou commercialisés (tels que les jardins d'enfants, les supermarchés, les homes pour personnes âgées, les hôpitaux, etc.), la différence entre les options économiques des hommes et des femmes devient moins claire. Il est important de garder à l'esprit cependant que de telles différences d'option existent aussi dans les économies développées – c'est seulement une affaire d'étendue et de degré de clarté. Nous allons commencer par introduire certains concepts clé avant d'introduire deux modèles de ménage différents qui tentent de regarder dans la "boîte noire". Après une courte évaluation de ces modèles, nous allons voir comment certains instruments de la réforme politique peuvent mener à différents effets sur les hommes et les femmes, selon les approches théoriques adoptées. Finalement, nous allons terminer en résumant le chapitre et en tirant certaines conclusions. 2. CONCEPTS CLE 2.1. Le ménage Le ménage dans ce chapitre est soit une famille nucléaire, qui est une "coalition" de deux agents adultes (homme et femme) et un ou plus agents dépendants (enfants), ou un ménage consistant en un homme et deux femmes ou plus et leurs enfants. Ces deux types sont distincts de la famille étendue où le nombre d'agents adultes est plus grand et les relations familiales sont plus larges (parents, tantes, oncles, cousins, etc.). Ils est clair que la famille étendue est une unité moins appropriée pour l'analyse au sein de l'environnement rural dans les pays en voie de développement. Cependant, puisque notre préoccupation centrale est les relations entre genres, et puisque accroître le nombre d'agents adultes va compliquer l'analyse, nous allons utiliser les définitions précédentes du ménage/ famille comme référence de travail. En réalité, la nature des relations économiques entre hommes et femmes change seulement un peu dans les différentes structures familiales. Naturellement, la famille en tant qu'institution sociale n'existe pas seulement pour des raisons économiques. Cependant, notre préoccupation sera exclusivement cela, càd l'effort de la théorie économique pour comprendre et justifier l'existence et le fonctionnement de cette institution sociale dans une dimension économique. 2.2. Reproduction et production Le temps de tout individu est habituellement divisé en travail et non-travail. Le temps passé à travailler, contrairement au temps de non-travail, génère un revenu. Le temps de non-travail, d'autre part, peut être divisé en deux fractions: le temps pour les tâches domestiques et le temps de loisir. L'économie a peu à dire sur le temps de loisir, tandis que le temps de travail et le temps passé aux tâches domestiques sont tout à fait pertinents. On les appelle également temps de production et de reproduction respectivement. La production implique toutes les activités qui génèrent un revenu présent ou futur. Dans l'agriculture, cela implique typiquement du temps passé à la production de cultures vivrières et de rente, à l'élevage, à la volaille, au tissage, à l'artisanat et au travail extérieur à la ferme. La reproduction se réfère aux différents types d'activités incluant la reproduction biologique (naissance et soins aux nourrissons), la reproduction générationnelle (éducation, socialisation et formation des enfants) et entretien journalier du ménage, incluant le ramassage du bois et de l'eau, la cuisine, le nettoyage, la couture, les soins aux malades et ainsi de suite. La distinction entre les activités productives et reproductives est significative, parce qu'on suppose souvent que seul le travail productif a une valeur économique. Ceci implique soit que les femmes ne travaillent pas, soit que leur travail soit inférieur dans un sens économique. Il est clair que l'existence du ménage dépend de l'interaction entre les activités masculines et féminines puisque, à la fois les activités productives et reproductives doivent être effectuées. Comme le travail reproductif, dans les traitements traditionnels, n'a pas de valeur économique, il apparaît rarement dans les statistiques et enquêtes nationales. Cependant, il est tout à fait possible d'assigner des prix shadow au loisir et aux temps de reproduction et de les incorporer dans les comptes nationaux ainsi que dans les statistiques familiales. La valeur du temps passé au non-travail peut être estimée comme le revenu certain dû au nontravail, et plusieurs activités reproductives résultant en bien et services qui auraient autrement été achetés sur le marché. Mais même quand cela est fait, le travail des femmes sera sous-estimé. C'est parce que les domaines typiques de travail féminin payent moins par heure en comparaison aux tâches productives masculines. Les femmes sont donc supposées travailler plus d'heures pour égaliser le revenu de l'homme dans le ménage. Une autre différence entre le travail des hommes et des femmes, qui rend les calculs encore plus durs, se réfère à la nature de l'allocation de temps. Les hommes remplissent leurs tâches en faisant une chose à la fois et leur journée de travail s'arrête quand ils ont réalisé leur part des activités productives. Les femmes, au contraire, travaillent au sein du ménage et leurs tâches se chevauchent souvent. Elles mènent habituellement plus d'une tâche à la fois. Et puisque leurs responsabilités sont nombreuses et continues, la frontière entre leur travail et leur loisir est souvent peu claire et probablement non existante. 2.3. Division du travail par genre versus par sexe Il n'est pas nécessaire de préciser que la distinction plus haut entre la production et la reproduction reflète aussi la division standard entre l'utilisation du temps des hommes et des femmes. Ceci est cependant principalement dû à la différentiation du genre plutôt que du sexe entre hommes et femmes, càd que c'est dû à des biais et à une discrimination plutôt qu'à une différence biologique entre les hommes et les femmes. A part la reproduction biologique, toutes les activités mentionnées plus haut peuvent en principe être menées par toute personne indépendamment de son sexe. Le terme "genre" est donc utilisé en vue de décrire l'allocation socialement définie des tâches entre hommes et femmes. Il s'ensuit que les domaines typiques de travail des hommes et des femmes sont définis différemment dans des cultures différentes, et que la division par genre du travail change avec le temps. 2.4. Le travail salarié versus le travail non salarié La division traditionnelle du travail ne signifie pas seulement que les hommes sont habituellement responsables de la production et les femmes des tâches de reproduction, mais aussi que le travail productif des femmes n'est souvent pas comptabilisé. Les femmes rurales entreprennent des activités productives qui sont complémentaires aux activités masculines traditionnelles: le désherbage et la récolte sont souvent menés par les femmes et les enfants, mais ils sont habituellement comptés comme travail non salarié. Ceci signifie que toute la famille est impliquée dans les activités productives, mais le paiement final va souvent être reçu par le mari. Les femmes sont également responsables de produire pour la consommation domestique du ménage (légumes, œufs, vêtements, nattes, briques pour les réparations de la maison, etc.). Ils est clair que ces activités sont substituts à l'achat de biens, mais elles ne sont probablement pas prises en compte. Typiquement, les femmes mènent ces responsabilités en même temps que toutes les tâches de reproduction citées plus haut. Il est important de noter que, bien que la contribution principale des femmes soit dans le domaine de la reproduction et du travail non salarié, elles ont souvent leurs propres activités de production qui leur apportent un revenu propre. Celles-ci sont typiquement liées à la commercialisation du surplus de la production alimentaire domestique et de l'extension du travail domestique, tel que le nettoyage et la lessive pour les autres personnes, en même temps que beaucoup l'artisanat. 2.5. Production de culture de rente versus culture vivrière Il est également important, au sein du contexte agricole, de distinguer les cultures de rente et les cultures vivrières. La production de cultures de rente (sucre de canne, cacao, arachides, coton, ananas, etc.) est entreprise par les fermiers pour recevoir un revenu liquide. Les cultures vivrières d'autre part sont produites principalement pour satisfaire les besoins de base du ménage et le surplus est habituellement vendu sur le marché local pour générer un revenu supplémentaire pour le ménage. La plupart des différences dans les méthodes de production et la productivité entre ces deux cultures est un résultat de la différence substantielle dans la recherche et le développement (R&D) menés par les agences nationales et internationales. La production de culture de rente est typiquement vue comme un input important de l'industrie et un contibuteur significatif à la balance des paiements. Elle reçoit, de là, beaucoup de support et d'attention publique. Les intérêts commerciaux dans la production de rente sont également grands puisqu'elle requiert un input manufacturé (pesticides, engrais, et semences de variétés à haut rendement). Ces facteurs expliquent l'implication relativement intensive publique et commerciale dans les cultures de rente en vue d'augmenter à la fois la demande d'inputs et la productivité des fermiers. La production de culture vivrière reçoit, au contraire, bien moins d'attention, probablement parce que cette production est typiquement basée sur les inputs produits localement (gains de la récolte de la dernière année, fumier animal et désherbage manuel). La production de culture vivrière se repose souvent sur la connaissance et la pratique traditionnelle et le cycle tourne indépendamment des intérêts publics et commerciaux. De plus, les ventes de surplus prennent habituellement place sur les marchés informels qui typiquement ne sont pas incorporés dans les statistiques et enquêtes nationales. La conséquence est que la production et la productivité des cultures vivrières augmente à une vitesse plus lente que celles des cultures de rente, et l'écart de productivité entre elles s'élargit continuellement. Il existe aussi une différentiation claire entre genres dans les responsabilités par rapport à cette division de culture. Tandis que les homme sont typiquement impliqués dans la production de cultures de rente, les femmes sont habituellement responsables des cultures vivrières domestiques. 2.6. Harmonie versus conflit d'intérêt dans le ménage Le revenu total du ménage consiste en tous les revenus des activités de production en même temps que la valeur de la production domestique en nature. Tout revenu généré par un travail extérieur à la ferme est aussi inclus. On fait souvent l'hypothèse que chaque ménage rassemble ses revenus et les redistribue de manière à ce que tous les membres en bénéficient de manière égale1. C'est pourquoi la théorie économique traditionnelle atteint presque les mêmes conclusions même quand la famille, plutôt que l'individu, est prise comme unité de décision de base. Mais l'harmonie supposée des intérêts de tous les membres du ménage peut ne pas exister dans les faits. La racine du problème est que, tandis que le conflit d'intérêt au sein du ménage est tout à fait concevable, le revenu nominal du ménage est habituellement contrôlé par l'homme adulte, bien que ce revenu soit le résultat d'efforts collectifs et du travail de tous les membres de la famille. Pour mentionner juste un domaine où un conflit d'intérêt existe, nous pouvons nous référer aux enquêtes sur beaucoup de partie du monde qui montrent que les femmes ont une propension marginale plus élevée que les homme (au sein du même groupe de revenu) à dépenser pour des biens de consommation qui bénéficient aux enfants et augmentent leurs capacités (Walters 1995, Elson, 1991). Il s'ensuit que le revenu des femmes à partir de leurs propres activités productives va plus probablement bénéficier à toute la famille, tandis que les hommes choisissent typiquement de dépenser une part plus élevée du revenu qu'ils contrôlent pour leur propre consommation. Le fait que les hommes gagnent généralement plus que les femmes et, par conséquent, dépensent des montants absolus plus grands pour leur famille déguise leur comportement plus égoïste (voir Rogers 1995 pour les résultats de l'enquête sur la République Dominicaine). Le possible conflit d'intérêt existe en même temps qu'une distribution parfaitement inégale du pouvoir et des moyens. Les hommes contrôlent non seulement la principale partie du revenu du ménage, mais aussi sont typiquement les propriétaires réels des avoirs du ménage, incluant la terre. Et bien que ce facteur dépendent fortement de la culture, les hommes exercent souvent les droits de propriété tandis que les femmes ont un pur droit d'usage par rapport aux avoirs du ménage. Si et quand les différences de préférences créent un conflit interne d'intérêts dans le ménage, les maris, qui tiennent presque toutes les cartes, réussissent habituellement à conclure l'affaire en leur faveur2. 3. LE GENRE DANS L'ANALYSE ECONOMIQUE Les économistes ont développés certains modèles pour essayer de comprendre ce qui se passe réellement dans la "boîte noire" du ménage. Nous allons présenter ici trois approches différentes qui tentent d'expliquer et/ ou découvrir la racine des différences entre genres, au sein et à l'extérieur du ménage. La première approche se trouve dans le cadre de la Nouvelle économie domestique (NED), et la seconde est souvent appelée la Thèse de Boserup. Il est intéressant de constater que les deux modèles arrivent à la même 1 C'est le traitement dans le modèle dit du bien-être familial, où la famille agit comme si elle maximisait une fonction égalitaire de bien-être familial social. Le bien-être familial est la somme des utilités de tous ses membres. Les membres du ménage, en d'autres mots, agissent de manière coopérative tout le temps (voir Stiglitz, 1988). 2 L'économiste bien connu A. Sen a écrit: "Globalement, les hommes et les garçons ont la haute main sur les femmes et les filles quant à la distribution des ressources du ménage, particulièrement quand ces ressources sont rares" (cité dans Bunivic et Mehra, 1990). conclusion par rapport à l'exclusion et à la dégradation de la situation des femmes sur le marché du travail. Mais tandis que la première interprète cela comme une conséquence logique du processus d'optimisation du ménage, la deuxième le voit principalement comme un produit de l'influence culturelle européenne et de l'hégémonie sur les sociétés locales dans les PVD. 3.1. La nouvelle économie domestique C'est l'approche néoclassique du sujet. Le modèle est développé et basé sur la division par genre du travail qui est apparue durant le processus d'industrialisation en Europe et aux Etats-Unis. Selon cette approche, la famille est le produit de la tentative de deux adultes individuels de gagner une utilité plus élevée. Et puisque la spécialisation et l'échange mènent à de plus grands bénéfices globaux, selon le raisonnement économique standard, alors la spécialisation par genre va également maximiser l'utilité de la famille. Le mariage, ou la cohabitation, est alors une transaction convenable sur base de laquelle la division du travail entre les hommes et les femmes prend place, et cette division est purement gouvernée par les productivités marginales et les conditions d'optimisation. La cohabitation est une institution à travers laquelle chaque adulte "engage" l'autre et reçoit des "profits" résiduels en retour: les femmes "engagent" les hommes comme gagne-pain et les hommes "engagent" les femmes comme nurses, et cela apporte plus d'utilité pour chacun d'eux que s'ils avaient choisis de vivre séparément. Les mérites de la spécialisation au sein du ménage sont empruntés aux concepts familiers d'avantages absolus et comparatifs dans la théorie du commerce international. Les avantages absolus apparaissent quand une personne est plus efficace que l'autre pour le travail du ménager ou reproductif, et en même temps est moins efficace que l'autre pour le travail productif. Une personne pourrait avoir une valeur plus élevée pour le temps passé à la maison relativement à sa possibilité de gain sur le marché en comparaison aux autres personnes, et vice versa. L'avantage comparatif, qui est un cas moins clair, apparaît quand un individu est en réalité plus efficace que l'autre dans les activités productives et reproductives. Dans les deux cas, bien sûr, la spécialisation sera bénéfique (Boîte 1). On suggère que les familles typiques à travers le monde en général, et dans les PVD en particulier, montrent des avantages absolus forts entre les hommes et les femmes. C'est parce que les filles sont traditionnellement élevées et formée au travail ménager tandis que l'on donne habituellement aux garçons des aptitudes productives. Le fait que la reproduction biologique soit le domaine exclusif des femmes renforce cette tendance. Les avantages comparatifs au sein de cette famille peuvent apparaître dans les sociétés qui ont déjà été loin sur le chemin de l'égalité homme femme. 3.1.1. Le modèle de gain de capital humain Il est clair à partir des exemples de la Boîte 1 que le différentiel de salaire entre les hommes et les femmes sur le marché joue le rôle décisif dans la détermination de l'allocation optimale du temps dans le ménage. Il est aussi bien connu et très documenté que les femmes à travers le monde gagent moins que les hommes (voir par exemple Blau et Fermer, 1986). La Nouvelle économie domestique explique ce différentiel de gains par trois facteurs: les coûts d'opportunité des soins aux enfants, l'éducation et l'expérience de travail. Ces facteurs sont incorporés dans l'équation du gain de capital humain. Boîte 1: Les avantages du mariage Supposez qu'ils y ait deux personnes H et F est que chacune d'elles ait un total de 10 heures par jour pour le travail de marché et autre. H gagne 15 unité par heure sur le marché tandis que F gagne seulement 10 unités. Le travail du ménage a également une valeur et est identifié comme le coût d'opportunité du non-travail sur le marché, càd 15 pour H et 10 pour F. Les avantages absolus: Dans ce cas, F a besoin de seulement 1 heure pour faire tout le travail ménager par jour, tandis que H prend 2 heures, càd que F est plus efficace pour le travail ménager tandis que H gagne plus sur le marché. Comme on peut le voir dans le calcul simple qui suit, le mariage et la spécialisation sont tout à fait utiles. Le temps passé pour le travail ménager est réduit et le revenu du travail sur le marché augmente. Notez que, après le mariage, F passe une heure supplémentaire pour le travail ménager plutôt que les 2 heures que H avait l'habitude de passer. Par conséquent, F gagne 10 unités de revenu, mais H gagne 2 heures et gagne 30 unités de plus par jour. Le gain net est 20, et puisque F et H rassemblent leurs ressources, les deux sont supposés mieux nantis suite à la spécialisation. Avantages absolus Production séparée Spécialisation & Echange Type de travail Travail de marché Travail ménager Travail de marché Travail ménager H 8 h x 15 unités = 120 unités 2 h x 15 unités= 30 unités 10 h x 15 unités= 150 unités 0 h x 15 unités= 0 unités F 9 x 10 unités= 90 unités 1 h x 10 unités= 10 unités 8 h x 10 unités= 80 unités 2 h x 10 unités= 20 unités Revenu 210 unités 40 unités 230 unités 20 unités Avantages comparatifs: Même si H est plus efficace pour le travail ménager comme pour le travail de marché, le mariage et la spécialisation sont bénéfiques. Dans l'exemple suivant, F a besoin de 2 heures pour le travail reproductif tandis que H peut faire tout le travail ménager en 1 heure. Comme on peut le voir dans le tableau suivant, H doit faire tout le travail et le revenu de la famille à partir du travail de marché va augmenter de 5 unités. Avantages comparatifs Production séparée Spécialisation & Echange Type de travail Travail de marché Travail ménager Travail de marché Travail ménager H 9 h x 15 unités= 135 unités 1 h x 15 unités= 15 unités 8 h x 15 unités= 120 unités 2 h x 15 unités= 30 unités F 8 x 10 unités= 80 unités 2 h x 10 unités= 20 unités 10 h x 10 unités= 100 unités 0 h x 10 unités= 0 unités Revenu 215 unités 35 unités 220 unités 30 unités Si les différentiels de salaire entre eux étaient de 100%, juste comme la différence d'efficacité pour le travail ménager, alors la spécialisation par l'un d'eux dans un des deux types de travail donnerait le même revenu. En réalité, dans ce cas les partenaires ne vont pas gagner économiquement du mariage, càd de rassembler leurs ressources. De même, une hausse du travail ménager, due disons aux enfants, va réduire le revenu de la famille. Mais cela n'implique pas nécessairement qu'avoir des enfants réduit l'attraction du mariage. La fonction d'utilité du mariage incorpore plusieurs arguments (variables) en même temps que le revenu. Certains de ces arguments, qui accroissent l'utilité, sont non monétaires, comme la satisfaction et le bonheur dérivés de l'amour et du fait d'avoir des enfants. Notez enfin que puisque nous supposons implicitement des rendements constants, les exemples simples ci-dessus résultent en une spécialisation complète, càd que le partage du travail ménager est exclu. A la fois les hommes et les femmes visent à maximiser leur revenu sur la vie, et en vue de le faire, ils investissent en eux-mêmes, càd qu'ils s'éduquent et se forment eux-mêmes et accumulent un capital humain. La relation positive entre l'accumulation de capital humain et la hausse qui en résulte en possibilité de gain sont formalisées dans la fonction des gains de capital humain. La fonction suggère que le gain net de l'individu à chaque période, Yt, est la somme des gains de base sans éducation plus les rendements de l'investissement en capital humain que l'individu a accumulé jusqu'à cette période, net de dépenses d'investissement. Formellement, ceci peut être exprimé comme suit (Mincer et Polachek, 1980): t-1 In Yt = In E0 + (r) . Σ ki + In (1 - kt ) i=0 où Eo r k (1) est le gain de base de l'individu sans éducation, est le taux de rendement moyen de l'investissement en capital humain de l'individu (supposé constant et le même à chaque période), est le rapport des dépenses d'investissement sur le gain brut. Si nous divisons l'investissement en capital humain en seulement deux composantes, l'investissement en scolarité (de l'année 0 à l'année s-1) et l'investissement en formation professionnelle formelle et informelle (telle qu'accumulée de l'année s à l'année t-1), l'équation précédente peut être écrite comme: s-1 t-1 In Yt = In E0 + (r) . Σ ki + (r) . Σ kj + In (1 - kt ). i=0 j=s De même, l'investissement doit être décomposé explicitement ici entre net et brut, càd que le facteur de dépréciation du capital humain doit être pris en compte. Quand l'investissement net est négatif, càd que les aptitudes se sont érodées, le pouvoir de gain décline. On suggère ici que la dépréciation des aptitudes due à la non utilisation du stock de capital humain est bien plus importante que la dépréciation due à l'utilisation ou au vieillissement. (Mincer et Polachek, 1980) Le point central du modèle, autant que nous sommes concernés ici, est de démontrer que la taille optimale et la distribution optimale d'investissement humain sont substantiellement différentes entre les hommes et les femmes. Les différences émergent à la base parce que le travail des femmes, contrairement à celui des hommes, est discontinu. Les variations "parfaitement rationnelles" de la taille et la structure des investissement humains "expliquent" les différences de gain entre les hommes et les femmes. On a suggéré que la fonction plus haut convenait aux profils de gain individuel des travailleurs masculins. Le modèle convient aussi aux profils de gain des femmes, pourvu qu'elles aient un contact continu avec le marché du travail, càd pourvu que leurs habitudes de travail soient similaires à celles des hommes. Quand nous traitons des femmes, deux faits statistiquement documentés doivent être pris en compte. Premièrement, après le mariage, les femmes dépensent moins de la moitié de leur temps de vie sur le marché du travail. (2) Deuxièmement, que ceci ne signifie pas seulement moins d'années de travail durant un temps de vie, mais plusieurs entrées et sorties du marché du travail, ce qui implique la discontinuité de l'expérience de travail. Aussi loin que la structure générale de l'allocation d'investissement est concernée, on a fait remarquer par exemple que quand on s'attend à une expérience de travail continue, et que l'objectif de l'investissement est l'acquisition et le maintien du pouvoir de gain sur le marché, on va s'attendre à ce que les rapports d'investissement post-scolaire kj déclinent doucement et continuellement. Cette conclusion émerge de modèles de distribution optimale de l'investissement ainsi que de la simple observation que quand (t) augmente, le temps de vie restant va se raccourcir. Le modèle arrive à deux conclusions de base: - Puisque l'investissement lié au travail dans le capital humain commande un rendement qui est reçu au travail, au plus la durée attendue et réelle de l'expérience de travail est courte, au plus les incitations sont faibles pour augmenter les aptitudes de travail sur le cycle de vie. - Etant donné la discontinuité du travail des femmes, les conclusions que l'investissement en capital humain décline continuellement sur les années successives de vie après avoir quitté l'école n'est plus valide. Au plus la participation est continue, au plus les investissements sur l'expérience de travail initiale seront plus larges que sur le travail ultérieur. La discontinuité attendue du travail induit que les femmes acquièrent moins de formation professionnelle que les hommes durant l'emploi pré-maternel. La non-participation prolongée aux marchés du travail durant la période d'éducation des enfants entraîne la dépréciation des aptitudes acquises à l'école et au travail. On a aussi suggéré que "le taux de dépréciation est supérieur quand le stock accumulé de capital humain est plus grand". Et dans la mesure dans laquelle il y a une perspective de continuité de l'emploi après que les enfants aient atteint l'âge de l'école, les femmes ont des incitations plus fortes à reprendre les investissements dans les aptitudes liées au travail. Par conséquent, le profil d'investissement optimal des femmes montre un investissement négatif en capital humain durant l'éducation des enfants (dépréciation), et deux pics avant et après3. Dans leur effort d'optimisation de leurs gains sur la vie, les femmes "choisissent" typiquement d'avoir moins d'éducation que les hommes. Le taux de rendement de l'éducation est relativement inférieur pour les femmes. Comme les femmes savent/ supposent que leur participation à la force de travail en moyenne sera basse et discontinue 3 Mincer et Polachek (1980) appliquent aussi leur modèle empiriquement en utilisant une petite enquête sur le marché américain du travail. Ils ont tenté de trouver dans quelle mesure l'écart de salaire (de 152%) entre les femmes mariées et les hommes avec la même formation moyenne peut être expliqué par les différences d'histoires de travail, d'investissement en travail et de dépréciation. Leurs résultats suggèrent que, si les expériences de travail des femmes étaient aussi longues que celles des hommes, 45% de l'écart de salaire seraient effacés. Ils concluent que "A ce stade de la recherche, nous ne pouvons pas conclure que la part inexpliquée restante de l'écart de salaire est attribuable à la discrimination ni, pour cette question, que cette part expliquée n'est pas affectée à la discrimination." (p.199) Il est intéressant de noter que E0, le gain de base sans investissement en capital humain ou formation professionnelle, est typiquement inférieur pour les femmes que pour les hommes. Le modèle, bien sûr, n'explique pas cela. (à cause des tâches reproductives biologiques), leur choix de moins d'éducation est pertinent avec l'objectif de maximisation du revenu à vie. Le modèle de gain de capital humain livre une tentative puissante d'expliquer les différences entre les rendements pour les hommes et les femmes de l'éducation et de l'expérience de travail. Ceci, peut-être indirectement, fait remarquer le coût d'opportunité d'avoir des enfants et d'être impliqué dans les activités reproductives. Le modèle démontre que le travail reproductif a une valeur économique reconnue en termes de coûts d'opportunités dans deux domaines: premièrement, la perte de revenu dans les périodes hors du travail et deuxièmement la réduction du revenu futur à cause de l'expérience de travail discontinue à travers les années. 3.1.2. La fonction d'utilité du ménage Comme on l'a fait remarquer plus haut, la fonction d'utilité de la famille inclut plusieurs arguments, monétaires et non monétaires. Les individus dans le monde néoclassique bénéficient de la liberté de leur choix et ils doivent supporter la responsabilité pour les choix qu'ils font. Une question intéressante de ce point de vue est pourquoi les femmes "choisissent" de sortir de la sphère économique et de se concentrer sur un travail reproductif? En considérant que la faible position économique des femmes est due à leurs tâches reproductives (comme le modèle plus haut le suggère), pourquoi choisissent-elles de le faire, d'avoir des enfants par exemple? Est-ce que les arguments non monétaires dans la fonction d'utilité du ménage attirent plus les femmes que les hommes? La nouvelle économie de la famille semble répondre à cette question de manière affirmative: les préférences des femmes sont plus inclinées vers les choses hors du marché, non monétaires et non terrestres! La théorie argumente de plus que les activités hors marché ne sont pas insignifiantes ou inférieures, elles se passent juste en dehors du cadre économique. La nouvelle économie de la famille comprend et présente alors le ménage en termes de choix libres et d'optimisation sous la contrainte de rareté des ressources et au sein de l'environnement social spécifique. Le gain à partir du mariage est plus grand quand les inputs du mari et de la femmes sont complémentaires. Dans les sociétés avec une faible substitution entre le travail du marché et extérieur, la complémentarité entre genres va avoir une plus grande influence sur le bien-être de la famille. Comme la société se déplace vers une plus grande substitution entre les sphères de travail, la dépendance d'un genre sur l'autre décroît, puisque les bien et services auparavant faits à la maison deviennent disponibles sur le marché. Par conséquent, aussi longtemps que chaque membre de la famille est capable d'offre des inputs et services dont les autres membres ont besoin, la nouvelle approche fournit une vision utile du fonctionnement du système familial. 3.2. La thèse boserupienne Ce modèle, contrairement au précédent, est historique, développé dans les systèmes agricoles en particulier et a des bases plus pratiques. Il vise à établir la lumière sur les arrangements familiaux au sein de régions géographiques particulières et de modes de production particuliers. Les aspects de genre de différentes sociétés agricoles étaient presque un domaine exclusif des anthropologues étudiant le contexte social de différents modes de production. Ester Boserup, une économiste danoise, a présenté en 1970 la première analyse globale, basée empiriquement sur la participation évolutionniste des hommes et des femmes dans l'agriculture dans les PVD. Son premier travail a été publié en 1965: Les conditions de la croissance agricole – L'économie du changement agraire sous la pression de population. Le livre est une critique de l'école néo-maltusienne pessimiste qui suggère une relation négative entre la pression de population et la croissance agricole. Sur base de la recherche historique, elle postulait que les deux variables sont positivement liées. Ce livre a peu à dire sur les relations entre genres, à part faire remarquer que les femmes ont généralement des jours de travail plus longs que les hommes dans la plupart des sociétés rurales. Elle a publié son célèbre travail Le rôle des femmes dans le développement économique en 1970, dans lequel elle lie sa thèse précédente sur le développement agraire aux problèmes de genre. Il est donc important de saisir la vision de son travail précédent en vue de comprendre sa perception des relations entre genres dans la production rurale. La thèse de Boserup permet à la fois de prédire les effets possibles de l'évolution en agriculture des problèmes de genre et fournit un outil utile pour formuler les stratégies agricoles. 3.2.1. Les systèmes agricoles de Boserup En étudiant l'évolution mondiale des systèmes agricoles sur les trois derniers siècles, Boserup a essayé de lier les hausses de population aux changements technologiques. Ses découvertes allaient contre l'économie classique dominante dans deux domaines centraux, l'utilisation de la terre et l'incitation à travailler. Il est généralement accepté que l'augmentation de la pression de population requiert de plus en plus de terre, et que les rendements décroissants augmentent quand de plus en plus de terre marginale est cultivée. Cependant, Boserup affirme que "… cette terre a presque toujours fait partie du système productif d'une communauté, comme la terre en jachère, les pâturages, les réserves de chasse ou autres". Par conséquent, plutôt que de considérer la terre en jachère et les forêts comme inutilisées, elles les considère comme une partie intégrée du système de culture existant. Quand la pression de population apparaît, l'intensité de l'utilisation de la terre augmente et les méthodes agricoles changent de la technologie primitive vers des méthodes plus avancées. Elle distingue cinq systèmes historiques de culture agricole, forêt – jachère, bush – jachère, jachère courte, cultures annuelles et cultures associées. Le premier système, forêt – jachère, est le plus primitif d'un point de vue technologique. Cependant, ce système fournit le rendement le plus élevé par homme/ heure. Les caractéristiques de base des cinq systèmes sont présentées dans l'Annexe 1. L'évolution d'un système de culture à un autre arrive, selon Boserup, en réponse à la hausse relative de la population. Le passage d'un système de forêt – jachère à un système de bush – jachère, par exemple, requiert une hausse du poids de travail à cause de la plus grande intensité d'utilisation du travail et du besoin plus fréquent de nettoyage de la terre. Comme les périodes de jachère diminuent, les outils de travail s'améliorent et les cendres sont utilisées comme engrais. De nouvelles hausses de population stimulent d'autres changements, incluant une nouvelle réduction des périodes de jachère. La culture des pâturages requiert soit un désherbage fréquent soit l'utilisation d'une charrue puisque les racines de l'herbe ne sont pas affectées par le feu. Comme l'intensification de la culture réduit la fertilité du sol, l'utilisation de fumier animal devient nécessaire. A ce stade de développement, les droits privés sur les terres communes émergent en même temps que les petites propriétés et les groupes de population sans terre. Le système de production annuelle de culture, de rotation annuelle des cultures et de production de fourrage devient courant. Le rendement par hectare continue à croître jusqu'au dernier stade de cultures associées, de plusieurs saisons par an, habituellement supporté par l'irrigation. Une des idées centrales de la thèse est que les changements dans les systèmes de culture requièrent plus d'input travail et que la productivité par unité de travail décline. Dans les systèmes d'autosuffisance et de faible densité de population, les personnes travaillaient seulement jusqu'au point où les besoins de la communauté pour l'alimentation étaient rencontrés. Ceci laisse beaucoup de temps pour le loisir. A cet égard, la thèse de Boserup va contre l'affirmation non historique des économistes de "l'homme économique" qui vise toujours la maximisation du profit ou du revenu. Il est inutile de préciser que différents systèmes de culture et différentes étapes dans chaque système peuvent coexister, parce que les différences dans la fertilité du sol permettent à certaine communautés d'utiliser des systèmes moins intensifs en travail par rapport aux autres communautés voisines. De même, les systèmes de culture de Boserup sont analysés dans des zones préindustrielles où la principales préoccupation est de produire de la nourriture. L'exposé fournit des aperçus de pourquoi les nouveaux systèmes d'exploitation peuvent être difficiles à promouvoir dans les zones d'exploitation plus ou moins autosuffisantes. L'analyse éclaire aussi l'importance d'incitations à substituer le travail au loisir et souligne que les rendements marginaux du travail doivent être suffisamment élevés s'il faut utiliser une terre arable à haut potentiel de rendement, avec une faible densité de population, pour produire des surplus au-delà des besoins de la communauté. 3.2.2. Le lien entre les systèmes agricoles et le genre Comme mentionné plus haut, c'est seulement en 1970 que Boserup s'est penchée sur l'évolution des systèmes d'exploitation par rapport à la participation en travail des hommes et des femmes, et a lié ce fait à la hausse de population et au changement technologique. Elle a distingué trois types de systèmes d'exploitation sur la base de la participation des genres: les systèmes féminin, masculin et mixte. Les systèmes d'exploitation féminins. Ce type de système était dominant dans les zones avec une terre abondante relativement au travail. Les droits sur la terre étaient souvent connectés aux droits d'usage plutôt qu'à la propriété. L'exploitation agricole ici est basée sur les méthodes de brûlis avec la binette comme outil de base. Les systèmes d'exploitation féminins dominaient de grandes parties d'Afrique (sud du Sahara) et étaient rencontrés dans certaines parties de l'Inde, de la Thaïlande et de la Chine. La division du travail par genre dans ce système est claire, excepté pour le nettoyage de la terre, la plupart du travail est fait par les femmes. Les femmes se supportaient elles-mêmes ainsi que leurs familles et tendaient à être indépendantes et mobiles. Elle utilisaient à peine des inputs achetés et les cultures allaient presque exclusivement à la consommation domestique. Le surplus de production était commercialisé par les femmes et utilisé comme supplément aux gains de subsistance en nature. "L'Afrique", note Boserup, "est la région de l'exploitation agricole féminine par excellence". Les systèmes d'exploitation masculins. Ce système a émergé du système féminin à cause de la pression de population accrue et du besoin d'utiliser la traction animale et d'appliquer une culture moins extensive. L'arrivée de la charrue, selon Boserup, entraîne habituellement un changement radical dans les rôles des sexes dans l'agriculture. L'introduction de systèmes d'exploitation où le principal équipement est mené par des hommes entraîne un changement énorme dans la distribution du travail et dans les relations économiques et sociales entre sexes, peut-être à cause de la force physique requise4. L'accès à la terre dépend ici de la propriété, et les structures de production sont basées sur une culture relativement intensive. Le travail au champ est fait presque entièrement par les hommes et est complété par du travail salarié. Si les femmes y contribuent, c'est durant la récolte et d'autres périodes de pic. La satisfaction des besoins économiques de la famille dans ce système dépend entièrement des hommes et ce système était dominant relativement tôt dans le Moyen Orient et dans beaucoup de parties d'Asie et d'Amérique Latine. Le système requiert l'existence de travailleurs sans terre (hommes et femmes), où les familles sans terre peuvent être totalement dépendantes de la capacité des femmes à obtenir un travail salarié. Avec le passage de la culture itinérante à la culture avec charrue "le travail des hommes augmente habituellement tandis que celui des femmes diminue. Tant que la densité de population reste assez basse pour permettre une culture extensive à la charrue sans irrigation… les femmes vont avoir peu de travail agricole à faire" (Boserup, 1970, p.34)5. Le système d'exploitation mixte. Ce système émerge à cause d'une hausse encore plus rapide de la densité de population et de l'introduction d'une culture encore plus intensive: la culture intensive toute l'année et les cultures multiples sont souvent facilitées par l'irrigation. Le système partage beaucoup des caractéristiques du système masculin et on le trouve à travers le monde sous différentes formes. La demande de travail est élevée et les femmes retournent aux champs pour remplir des tâches manuelles telles que le désherbage, les transplantations et la récolte. Cependant, contrairement à leur rôle dans les systèmes féminins, les femmes ne sont pas des producteurs indépendants mais des travailleurs subordonnés non salariés sur les champs de leurs maris, ou des travailleurs salariés. La caractéristique centrale dans le système est la division du travail entre les hommes et les femmes: les femmes font le travail manuel inférieur sous la supervision des hommes. Ceci est le résultat direct du monopole des hommes sur les nouveaux équipements et les méthodes agricoles modernes6. L'introduction de nouveaux équipements améliorés, qui réduisent le besoin de la force musculaire des hommes, aurait dû replacer les femmes dans la sphère de production ou ouvrir l'horizon des systèmes féminins. Mais, au contraire, l'écart de productivité entre les hommes et les femmes tend à s'élargir à cause du monopole des hommes sur ces nouveautés. Par conséquent, au cours du développement agricole, la productivité du travail des hommes tend à augmenter tandis que les femmes restent plus ou moins statiques. Le corollaire du déclin relatif de la productivité du travail des femmes est un déclin de leur statut au sein du système agricole et de leur statut social au sein de la famille. 4 Boserup (1970) note que "dans les systèmes agricoles primitifs, la différence de productivité entre le travail agricole masculin et féminin est à peu près proportionnelle à la différence de force physique." P.53 5 La polygamie dans le système agricole féminin est tout à fait normal et est une source de richesse pour la famille selon Boserup. La logique sous-jacente à cela est trouvée dans la terre abondante et dans le fait que chaque femme du ménage a le droit d'avoir une parcelle de terre. Boserup a trouvé que prendre une femme supplémentaire double habituellement le revenu du ménage même si l'input travail du ménage augmente en moyenne seulement de 33%. Cependant, dans le système d'exploitation masculin où l'input de travail des femmes est bas et la terre est obtenue par titre plutôt que par besoin, une femme supplémentaire diminue la richesse agrégée du ménage. La polygamie dans ces systèmes est un résultat plutôt qu'une cause, de richesse. 6 Notez que le travail reproductif est réalisé presque exclusivement par les femmes dans les trois systèmes mentionnés. Boserup résume ici la thèse en quelques mots: "Les rôles par sexes dans l'exploitation agricole peuvent être brièvement décrits comme suit: dans les régions à très faible densité de population où la culture itinérante est utilisée, les hommes font peu de travail à la ferme, les femmes en font la plus grande partie. Dans les régions à densité un peu plus forte, où le système agricole est la culture extensive avec charrue, les femmes font peu de travail à la ferme et les hommes font bien plus. Finalement, dans les régions de culture intensive de terre irriguée, les hommes et les femmes doivent travailler dur dans l'agriculture en vue de gagner assez pour supporter une famille à partir d'un petit morceau de terre" (p.35). Quand ces découvertes ont été rapportées aux systèmes agricoles cités dans l'Annexe 1. Boserup a conclu que les trois premiers systèmes, forêt, bush et courte jachère, étaient souvent dominés par les femmes, tandis que les cultures annuelles et les cultures associées correspondaient aux caractéristiques des systèmes masculins. Différents systèmes correspondent à des fonctions du ménage et des relations au sein du ménage entièrement différentes. D'autre part, les changements dans les systèmes agricoles prennent seulement place lentement parce que de tels changements requièrent souvent des déplacements entre l'input de travail des genre et une hausse de la charge de travail. Les coutumes aussi entravent habituellement le développement de nouveaux systèmes, particulièrement quand l'exécution de tâches spécifiques doit être réalisée par l'autre sexe. La question à laquelle il faut répondre alors est quelle est l'origine du monopole masculin sur les nouvelles techniques et quels sont les facteurs derrière les déplacement immatures et forcés vers les systèmes d'exploitations mixtes? Boserup a argumenté que dans beaucoup de parties du monde, notamment en Afrique (sud du Sahara), les systèmes d'exploitation mixtes ont été créés artificiellement par des colons européens ignorants. Cela s'est réalisé via l'utilisation de deux outils puissants: l'introduction de titres privés sur la terre et la nouvelle technologie. L'introduction de titres sur la terre dans les systèmes agricoles dominés par les femmes et de nouvelles technologies pour que les fermiers en subsistance développent des unités de ferme plus commercialisées est historiquement liée à la colonisation européenne de plusieurs parties des pays en voie de développement. L'image idéale européenne d'un fermier est un homme actif travaillant sur sa propre terre, tandis que les femmes sont supposées être secondaires et s'occuper des enfants et de la cuisine. Les européens n'ont jamais reconnu, ni probablement désiré reconnaître, le rôle des femmes africaines comme productrices: ils comprenaient simplement très mal le système féminin. L'implication des colons dans l'agriculture africaine et leur désir de "moderniser" les systèmes agricoles traditionnels ont mené à la promotion unilatérale et à l'introduction d'une technologie pour les hommes exclusivement. Les colons européens, les administrateurs coloniaux et les conseillers techniques, fait remarquer Boserup, "sont largement responsables de la détérioration du statut des femmes dans les secteurs agricoles des pays en voie de développement. Ce sont eux qui ont négligé la force de travail agricole féminine". De plus, elle fait remarquer avec justesse que "tous les européens partageaient l'opinion que les hommes étaient supérieurs aux femmes pour l'exploitation agricole et il semblait donc en découler que, pour le développement de l'agriculture, l'exploitation par les hommes devait être encouragée pour remplacer l'exploitation par les femmes. Beaucoup d'européens ont fait tout ce qu'ils pouvaient pour réaliser cela" (p.54)7. La base du "progrès" vers le système d'exploitation mixte n'est ni naturelle ni une conséquence d'une optimisation de l'utilité de la famille sur base des choix libres, comme affirmé dans le modèle précédent. C'est plutôt, selon Boserup, un résultat de l'interprétation du monde environnant du concept de "fermier". Juste comme "il" est devenu le terme institutionnel pour l'agent de la théorie économique, un fermier est devenu synonyme d'un homme, et la contribution des femmes à la production agricole a été sousestimée, si pas totalement ignorée. 3.3. Les limites du modèle La nouvelle économie domestique se concentre sur la capacité conjointe de la famille d'optimiser l'utilité, tandis que la thèse de Boserup se concentre sur les déplacements du pouvoir économique et social qui prennent place quand les systèmes féminins et masculins d'exploitation se développent vers un système d'exploitation mixte. Le travail reproductif, dans les deux modèles, est réalisé par les femmes. Cependant, puisque les systèmes d'exploitation de Boserup sont distingués sur la base de la participation des genres dans la sphère productive, elle considère les tâches reproductives comme des barrières à la reconnaissance totale des femmes comme agents dans l'économie, affectant leur pouvoir de négociation et leur indépendance économique. L'approche néoclassique vise à expliquer les différences de genre au sein de la famille en faisant abstraction des relations humaines et en les réduisant à une dimension unique. L'avantage du modèle est sa capacité de devenir une partie intégrée des économies modernes. Cependant, et comme on l'a fait remarquer plus tôt, un des désavantages de base de la NED est l'harmonie d'intérêt supposée au sein du ménage. Les deux adultes du ménage sont auto-employés dans une affaire conjointe (disons une ferme) avec des revenus rassemblés. Une fonction d'utilité commune est souvent supposée en vue de déterminer l'allocation optimale du travail. L'affirmation de l'harmonie des intérêts est probablement la raison principale sous-jacente à la conclusion de Ferber et Birnbaum (1977) selon laquelle la NED est piégée dans les hypothèses néoclassiques qui la rendent incapable de répondre aux questions féministes sur les genres. La thèse de Boserup montre le changement dans les relations intra-ménage dû à l'accès différentié des partenaires familiaux à la connaissances et aux avoirs en même temps que l'effet des traditions et attitudes internes et externes. Sa subdivision des systèmes agricoles est moins abstraite que le traitement de la NED et est facile à saisir. On a suggéré que son travail "fournissait la plupart de la substance pour l'attention accrue envers les problèmes des femmes dans les Nations Unies, les agences de développement et les ONG à partir de 1995" (Buvinic et Mehra, 1990). L'idée centrale de son travail, le lien entre la population et les changements technologiques d'une part et le statut des femmes et leur implication dans la force de travail d'autre part, a été soumise à la critique. Les difficultés pour incorporer ses concepts dans la théorie économique moderne sont également claires puisque les traditions et attitudes culturelles jouent un rôle important dans le modèle. Il est 7 Boserup a fait remarquer que peut être les européens étaient impressionnés par l'intensité plus élevée de culture et les meilleurs rendements dans les champs où les hommes aidaient les femmes. Mais c'est de nouveau un signe de leur ignorance, parce que les hommes à l'origine ne prenaient part à la culture que quand et où des méthodes intensives étaient nécessaires, comme on l'a démontré plus haut. également honnête de dire qu'au moins une, bien qu'extrême, implication de sa thèse, selon laquelle le développement a un impact négatif sur les femmes, a toujours besoin de preuves empiriques plus convaincantes. Les modèles précédents ont été parmi les premières tentatives pour inclure les aspects liés aux femmes et au genre dans le cadre de la production. Les deux ont été utilisés comme base pour des enquêtes de ménage et ont été étendus par d'autres économistes. De plus, les deux ont été sujets à la critique des féministes. Beneria (1995), entre autre, trouve la NED et la thèse de Boserup contre-productives pour comparer avec les premières tentatives de "découvrir les femmes". On pense que les deux modèles ont fait des compromis substantiels pour rester en accords avec l'économie dominante. On argumente aussi que la NED souffre d'un raisonnement circulaire, comme Ferber et Birnbaum (1977) l'ont fait remarquer: les femmes se spécialisent dans le ménage parce qu'elles gagnent moins sur le marché du travail, et elles gagnent moins parce qu'elles se spécialisent dans le ménage. Ils trouvent que la NED légalise les différences entre genres et les accepte comme une conséquence naturelle de l'implication plus grande des femmes dans la sphère reproductive. De plus, les conclusions du modèles peuvent être détournées pour maintenir et prolonger l'insignifiance économique des femmes et le contrôle économique des hommes. Les critiques affirment aussi que le modèle n'explique pas le bon sens économique derrière les déplacements des institutions familiales contemporaines vers des ménages isolés et la hausse du taux de divorce dans les sociétés occidentales (Allén, 1990). Ces tendances peuvent également être observées maintenant en Afrique du Sud, en Amérique Latine et dans certaines partie de l'Asie. Les changements dans les institutions familiales, selon les critiques, impliquent que le modèle peut mener à de mauvaises conclusions et des recommandations politiques erronées sur la stratégie de développement la plus convenable pour la famille et l'économie. 4. L'INFLUENCE DE LA REFORME POLITIQUE SUR LE GENRE Nous allons tenter ici de voir les effets possibles de certaines mesures politiques sur les problèmes de genre à la lumière des modèles examinés plus haut. Les mesures de réforme politique sont la promotion des cultures de rente à l'exportation et l'introduction de nouvelles technologies. Les hommes ont été presque exclusivement le groupe cible de ces mesures de réforme politique. Notre objectif ici est d'utiliser les modèles révisés auparavant en vue de découvrir s'il y a un sens économique réel à impliquer les hommes et laisser les femmes en dehors. Un objectif additionnel est d'investiguer les conséquences possibles d'un tel ciblage sur les relations intra-ménage. 4.1. La promotion des cultures de rente Les économies basées sur l'agriculture sont souvent dépendantes de leur capacité à produire des cultures d'exportation et de là à réduire les déficits de la balance des paiements. Les ménages ruraux, d'autre part, passent d'unités agricoles semi autosuffisantes à des unités de consommateurs désirant un revenu liquide pour payer les taxes, l'école et les frais d'hôpital et l'achat de biens à la consommation. La promotion des cultures de rente est souvent vue comme la réponse pour satisfaire à la fois le besoin économique de devises et le besoin de la famille d'un revenu. Le déplacement vers la production de culture de rente signifie un changement dans la stratégie agricole d'une structure diversifiée de production de plusieurs produits à une stratégie de monoculture. Notre intérêt ici n'est pas de discuter des bénéfices globaux des cultures de rente versus les cultures vivrières, mais plutôt des implications pour les genres de telles transformations8. Dans les sociétés où les femmes supportent les principales responsabilités de rencontrer les besoins des enfants et où les hommes contrôlent l'argent, une hausse du revenu du ménage ne mène pas nécessairement à un niveau de vie plus élevé pour les femmes et les enfants. Le déplacement vers les cultures de rente affecte la stratégie de production du ménage et les structures de consommation. Une réorientation de la production de la ferme vers un plus grand accent sur la production de culture de rente change les relations intra-familiales et la capacité du ménage à acquérir les biens les plus nécessaires puisqu'ils ne sont plus produits sur le plan domestique et le revenu change d'un revenu en nature vers un revenu en liquide. 4.1.1. Les cultures de rente et les avantages comparatifs homme – femme La nouvelle économie domestique, telle que présentée plus haut, construit le concept d'avantages absolus et comparatifs. L'approche est habituellement utilisée pour analyser les options d'emploi salarié, où la paie des femmes est généralement inférieure à celle des hommes. Supposez qu'un ménage paysan ait l'intention de passer à la production de culture de rente. Supposez aussi que l'homme soit actuellement impliqué dans un travail extérieur à la ferme et la femme dans la production de cultures vivrières (ainsi que dans la reproduction). Sur base du différentiel de salaire homme/ femme, il est facile de démontrer que la famille sera mieux nantie si l'homme continue avec son travail extérieur à la ferme et la femme est formée pour produire des cultures de rente. Cette conclusion est basée sur la comparaison des niveaux de salaires agraires des hommes et des femmes qui suggère que le gain marginal de l'implication des femmes dans la production de culture de rente a un sens économique9. La conclusion est particulièrement vraie quand les femmes ont déjà une certaine expérience et un savoir-faire dans la production agricole. Le coût d'opportunité de l'implication des femmes dans la production des cultures de rente est estimé être 20-50% inférieur au coût des hommes abandonnant leurs salaires extérieurs. (La famille peut choisir soit de gagner le même revenu avec moins d'heures de travail ou plus de revenu pour les mêmes heures…) Un avantage additionnel de ceci serait une réduction du risque associé à l'échec de la récolte. Quand l'homme est responsable de la production de culture de rente et la femme travaille à l'extérieur de la ferme, l'échec de la récolte signifie une perte du gain d'opportunité de l'homme à partir du travail extérieur à la ferme, qui est supérieur à celui de la femme10. 8 Un passage aux cultures de rente peut résulter en une réduction de l'offre alimentaire sur les marchés locaux. Comme la production alimentaire devient un second domaine prioritaire, le déclin du surplus alimentaire de la famille peut correspondre à des prix alimentaires plus élevés. Certains ménages seront donc affectés à la fois par le déclin de leur propre production alimentaire et la hausse des prix alimentaires sur le marché. La question est si la hausse supposée du revenu des cultures de rente compense ce fait et maintient, ou même augmente, le revenu disponible du ménage? C'est une question à laquelle il est difficile de répondre ici parce qu'elle dépend de plusieurs variables. Mais si on remarque que les prix des cultures de rente tropicales et subtropicales ont en fait décliné de presque 40% durant les années 1980 (Koopman, 1992), la proposition que le déclin de la production alimentaire n'était pas accompagné d'une hausse du revenu des cultures de rente ne peut être exclue. 9 L'exemple est basé sur plusieurs hypothèses, incluant celle que la productivité des femmes dans la production de cultures de rente est similaire à celle des hommes, que des opportunités de travail extérieur à la ferme sont disponibles, que la parcelle de terre de la famille est trop petite, etc. 10 On a découvert que les travailleuses agricoles gagnaient environ la moitié du salaire des hommes à la fin des années 1980 dans la région subsaharienne (Mehra, 1995). Boserup (1970) a trouvé que dans les zones avec une faible offre de travail féminin, l'écart de salaire entre les hommes et les femmes est de 10%, tandis que l'écart est généralement entre 30 et 50%. La conclusion de la NED est alors claire: quand un ménage fermier s'engage dans la production de culture de rente et quand un des adultes a l'opportunité de travailler à l'extérieur de la ferme, la famille se portera mieux si le mari prend un travail salarié additionnel et la femme est pleinement impliquée dans le fonctionnement de la ferme (en même temps que les tâches reproductives). La logique de base de ceci est essentiellement la même que dans la structure couramment observée et bien connue dans laquelle les femmes se chargent de la production de cultures vivrières tandis que les hommes cherchent un emploi extérieur à la ferme. 4.1.2. Les cultures de rente et les systèmes agricoles Boserup a, à travers son travail, fait remarquer que quand le changement agricole suit les structures traditionnelles, cela bénéficie généralement aux hommes et réduit l'implication des femmes dans les tâches manuelles agricoles. Nous allons maintenant utiliser son cadre de travail pour mettre en lumière les effets possibles du déplacements de la production de culture de rente sur les relations intra-ménage. Il est clair que ces effets dépendent du type prédominant de système agricole. Commençons par supposer que la motivation économique d'un déplacement vers la production de culture de rente est présente pour, au moins, le membre masculin de la famille. L'introduction de la production de culture de rente dans les systèmes masculins d'exploitation agricole résulte en un fardeau de travail croissant pour les femmes et en un potentiel de conflits internes au sein de la famille. On attend maintenant des femmes qu'elles offrent le travail additionnel nécessaire dans les périodes de pic et un certain nombre de tâches manuelles additionnelles, comme désherber et appliquer le fumier, sont souvent transférées aux épouses. Naturellement, les heures de travail augmentent pour les hommes et les femmes, mais il faut garder à l'esprit que la charge de travail reproductif des femmes est souvent immense et ne diminue pas avec le passage à la production de culture de rente. Le déplacement de la production résulte alors dans l'intensification des heures des femmes et l'extension de leurs jours. Le travail manuel féminin, de plus, requiert une force physique et est souvent lassant, tandis que celui des hommes est plus varié et créatif. Le changement de la production de la famille des cultures vivrières aux cultures de rente modifie le type de revenu du ménage et apporte de sérieux conflits internes. L'argent liquide va souvent être transféré directement aux maris, tandis que les femmes ont habituellement plus d'accès aux résultats de tout surplus de la production de culture vivrière. De même, les besoins de base du ménage, qui sont la principale préoccupation des femmes, sont souvent automatiquement satisfaits avec la production de cultures vivrières, tandis que plus de négociation et d'arguments vont être nécessaires pour assurer une allocation raisonnable de l'argent entre différents biens de consommation. On suggère également que le déplacement vers les cultures de rente marginalise les femmes encore plus parce qu'elles vont être laissées en dehors du planning de la production future, incluant la décision à propos du montant de dette que la famille va supporter, et vont rester en arrière par rapport à la connaissance technique. Boserup a conclut que la promotion unilatérale des cultures de rente parmi les hommes va avoir des effets substantiels sur les relations intra-ménage, accroissant la charge de travail des femmes et l'incertitude financière dans le court terme, et réduisant leur statut économique et social dans le long terme. Le raisonnement plus haut est également valide par rapport à l'introduction de cultures de rente dans le système d'exploitation mixte. Les changements dans les relations intra-ménages sont plus évidents quand la production de culture de rente est promue parmi les hommes dans les systèmes agricoles dominés par les femmes. C'est à cause de deux facteurs. Premièrement, les nouvelles cultures de rente créent un conflit dans l'allocation de la terre limitée entre la production de culture vivrière et de culture de rente. Deuxièmement, le travail des femmes sera maintenant requis à la fois dans leurs propres champs et dans les champs de leurs maris comme travail non salarié. La variation de productivité, du pouvoir de négociation et la transformation d'une utilisation de la terre extensive à une utilisation intensive réduit l'accès des femmes à la terre et résulte par là en une auto-offre alimentaire insuffisante. L'introduction de cultures de rente mène en fait à des transferts de revenu de la femme au mari. L'offre des femmes et enfants comme travail non salarié ne leur apporte pas nécessairement une part du revenu des cultures de rente. La hausse apparente de revenu du ménage peut s'avérer être un transfert de revenu des autres membres du ménage. Cette transformation, selon Boserup (1970) va mener à la "réduction du rôle des femmes à celui d'aides familiales ou de travailleurs engagés pour la terre appartenant aux fermiers hommes, avec un statut des hommes renforcés sur les femmes". Quand la situation intra-ménage est caractérisée par une faible allocation des ressources de la part de leurs maris à leurs femmes, les femmes vont être forcées d'intensifier leur engagement dans des projets indépendants générateurs de revenu pour supporter leurs enfants. Une manière apparente de réaliser cela est d'améliorer la productivité des cultures vivrières. Cependant, la pauvre recherche et développement dans les cultures vivrières traditionnelles et l'accès limité des femmes au crédit et par là aux inputs modernes, entravent l'adoption de tels projets. Il est donc devenu difficile d'entrer en concurrence avec la production de culture de rente et le préjudice de l'attitude conservatrice des femmes vers la transformation agricole devient plus fort (Buvinic et Mehra, 1990). En bref, la promotion unilatérale des cultures de rente n'est pas considérée comme sensible à partir de la perspective des genres de Boserup. L'extension de la journée de travail des fermiers et l'utilisation de nouvelles méthodes agricoles sont vues comme les conséquences naturelles de la hausse de population, mais les changements dans les structures de production bénéficient aux hommes plus qu'aux femmes et aident à élargir l'écart entre leur statut social et économique. Une approche plus égale pourrait accroître la connaissance des deux genres et fournir des options de développement plus larges pour le ménage et la société au sens large. Cela pourrait requérir cependant que les hommes laissent tomber certains de leurs "droits" biaisés par le genre. Les deux approches revues plus haut peuvent, dans un certain sens, être utilisées alors pour démontrer la faiblesse et l'erreur d'exclure ou non le ciblage de la promotion des stratégies de cultures de rente vers les femmes. Mais ceci ne doit pas ignorer le fait qu'ils y a des approches substantiellement différentes avec différentes valeurs et outils d'analyse, comme cela va être montré clairement dans le paragraphe suivant. 4.2. La nouvelle technologie Bien que à la fois les hommes et les femmes soient impliqués dans la production agricole dans les PVD, l'introduction d'une nouvelle technologie est ciblée principalement vers les hommes. C'est probablement dû à la perception que les hommes sont plus "modernes", moins averses au risque et plus volontaire pour déployer de nouvelles méthodes dans leurs systèmes de production que les femmes. Les femmes sont vues comme conservatrices et liées aux traditions (Buvinic et Mehra, 1990). Les changements dans les systèmes agricoles affectent les hommes et les femmes différemment, comme c'est rendu clair dans les pages précédentes. Cependant, la technologique en tant que telle pourrait réduire les différences entre sexes en réduisant la signification de la disparité entre la force physique des hommes et des femmes. La technologie peut aussi accroître la productivité des femmes, puisque qu'elle aide habituellement à diminuer les efforts physiques nécessaires pour des tâches spécifiques. Mais, hélas, les attitudes dominées par le genre envers la technologie ont affecté les systèmes féminins de manière négative. Les nouvelles technologies ont souvent bénéficié aux hommes, et les femmes sont réduites à effectuer le travail manuel dans les systèmes agricoles dominés par les homme. Les femmes souffrent généralement d'un pauvre accès à l'information, de l'exclusion des opportunités d'éducation et des programmes dirigés vers le renforcement des capacités techniques rurales. La fonction de gains de capital humain, au sein de la NED, suggère qu'il y a une différence substantielle dans le rendement de l'éducation entre les hommes et les femmes. Ceci est clairement mis en lumière dans le modèle de Mincer et Polachek (1980). L'implication est que les bénéfices de la société à partir de l'éducation des hommes sont plus élevés que ceux de l'éducation des femmes, et les hommes doivent maintenir leur monopole sur les nouvelles technologies et les méthodes de production. Le monopole et le biais masculin sur la technologie sont, dans un certain sens, rien de moins qu'une conséquence "naturelle" des calculs rationnels sur les coûts et bénéfices sociaux. L'approche de Boserup, d'autre part, souligne que ce biais a ses racines dans la perception coloniale européenne de l'agriculture, où les hommes jouent le rôle le plus marquant dans la production, tandis que les femmes sont presque invisibles. L'exclusion originale des femmes crée la base pour une nouvelle exclusion et le processus continue comme une boule de neige. Les deux approches fournissent alors des explications sur l'état actuel du biais technologique, mais Boserup les considère clairement comme le résultat d'une mauvaise conception et de la discrimination. De même, l'évaluation de l'effet de cet état sur les femmes est particulier et la société en général est substantiellement différente entre les deux approches. Boserup insiste sur le besoin de mener une R&D dans le domaine des cultures vivrières et sur l'importance de cibler de nouvelles technologies et méthodes de production vers les femmes. La question de la technologie et du genre a été étudiée de près par Koopman (1992), Buvinic et Mehra (1990) et Mehra (1992). Ces enquêtes donnent les observations suivantes. Premièrement, il y a une R&D seulement très limitée dans le domaine de la production alimentaire en Afrique subSaharienne. Il s'ensuit que les méthodes de production des femmes ont peu d'espoir de s'améliorer. Deuxièmement, les travailleuses occasionnelles sont les premières à perdre leur travail quand une nouvelle technologie apparaît dans des domaines de production intensifs en travail. Troisièmement, les femmes sont souvent exclues des programmes d'éducation offerts aux fermiers et cela mène à l'élargissement de la division entre les standard d'éducation et de formation des hommes et des femmes. Les études concluaient que le ciblage des améliorations techniques vers les hommes exclusivement a un coût social élevé parce que cela élargit l'écart de pauvreté et diminue le potentiel de développement à long terme du pays. Ceci est basé sur le fait que les familles menées par la femme dominent les groupes les plus pauvres de la population, que les ménages les plus pauvres sont les plus dépendants de la capacité des femmes à générer un revenu, et que la hausse du chômage masculin résulte souvent en une augmentation de la charge de travail des autres membres de la famille, ce qui affecte l'éducation des enfants. La conclusion est qu'en excluant les femmes des mesures de développement telles que l'éducation et l'accès à la technologie, le coût social augmente et les options des individus pour participer au développement dépendent du genre. Ceci ne marginalise pas seulement les femmes mais aussi leurs enfants, dont une moitié sont des garçons! 5. REMARQUES DE CONCLUSION Nous avons commencé ce chapitre en introduisant une série de concepts clé pour nous familiariser avec les idées de base qui peuvent être groupées sous le titre d'économie des genres. Ensuite, nous avons tenté de présenter deux cadres théoriques distincts pour analyser les problèmes de genre. La première approche, la NED, explique et justifie la dégradation de la situation des femmes sur le marché du travail par leurs obligations reproductives biologiques. La seconde approche, la thèse de Boserup, voit la division du travail par genre existante comme un phénomène historique et largement un résultat de l'hégémonie culturelle européenne. Les femmes, selon Boserup, ne sont pas "naturellement" dépendantes d'un gagne-pain masculin. Les deux approches reconnaissent, néanmoins, que les hommes sont plus intégrés sur le marché du travail et ont de meilleures options économique que les femmes – impliquant que le genre a son importance. Ceci devrait promouvoir une reconsidération de notre vision de la théorie économique moderne comme une discipline sans genre. L'idée de base de la NED est de découvrir comment un ménage alloue le travail de ses membres en vue de maximiser la fonction objectif de la famille. L'allocation du temps de la famille est simplement dictée par les avantages absolus et comparatifs de ses différents membres. Les membres de la famille, pour utiliser les mots de Becker (1965) "qui sont relativement plus efficaces pour les activités de marché utilisent moins de leur temps dans des activités de consommation (càd travail à la maison) que les autres membres". Une des faiblesses fréquemment citées de cette approche est l'hypothèse que les personnes se comportent toujours rationnellement. Ceci mène parfois à des implications ahurissantes, vu que presque tous les résultats sont dans un certain sens optimaux. L'image réelle qui émerge de la vie réelle observée a peu de ressemblance avec les conclusion du modèle de maximisation rationnelle. Il est apparent que les rôles des maris et femmes sont largement prédéterminés par la tradition et les facteurs culturels11. D'autre part, l'approche ignore tout le point des problèmes de genre. En supposant une fonction d'utilité du ménage commune, la NED a peu à dire sur les relations intra-familiales. D'une façon ou d'une autre, les conflits d'intérêt au sein de la famille sont écartés par hypothèse12. 11 Cf. Ferber et Birnbaum (1977) et Blau et Ferber (1986). Il est important de faire remarquer ici qu'il y a un certain nombre de tentatives pour trouver l'équilibre famille coopérative/ non coopérative qui ses différents membres poursuivent différents intérêts. Cf. note de bas de page n°1. Cependant, de tels modèles requièrent même un degré plus élevé de rationalité. 12 Nous avons aussi examiné la pratique courante de cibler certaines mesures politiques sur les hommes exclusivement et analysé les mérites de ceci à partir des cadres de travail présentés. La difficulté majeure pour comparer les résultats à partir des deux approches est que tandis que la NED prend la situation présente comme donnée et fait ressortir ce qui est le plus bénéfique pour la famille, la seconde approche souligne que les conditions actuelles sont injustes et résultent de la discrimination. Cette approche, juste comme les écoles féministes de pensée, montre qu'une fois que ces conditions injustes sont changées, les bénéfices (qui ne sont pas exclusivement des bénéfices économiques) seront plus grands. De plus, ce qui est affirmé par la NED être bon pour la famille peut s'avérer être bon pour le membre adulte masculin. La principale conclusion dans ce chapitre est qu'il faut travailler près de chaque mesure de réforme politique pour comprendre ses résultats possibles sur les relations de genre, et que les résultats encore dépendent de l'approche théorique incorporée. Les problèmes de genre deviennent de plus en plus importants et gagnent lentement une certaine "respectabilité", même parmi les économistes. Ce fait nous apprend quelque chose à propos de la théorie économique standard, pas à propos du genre! 6. QUESTIONS DE DISCUSSION Ce chapitre a probablement soulevé plus de question qu'il n'a donné de réponses. Notre objectif cependant était de mettre en lumière certains aspects du genre qui sont, autrement, souvent ignorés dans l'analyse économique. L'objectif est de provoquer une nouvelle manière de penser sur la famille, la prise de décision du ménage et les relations intraménage. Nous vous recommandons de travailler en groupes et de discuter les idées présentées ici en utilisant votre propre expérience et vos connaissances sur votre environnement. 1. Discutez le principe implicite de rationalité dans la NED. Est-ce un concept incontournable quand on essaie de modéliser les comportements et relations humains? Estce que le manque de comportement parfaitement rationnel émerge de l'ignorance des agents économiques ou est-ce que la rationalité économique et le gain matériel personnel sont des motifs trop étroits pour être un guide exclusif à la prise de décision humaine? 2. Discutez le problème de l'harmonie d'intérêts au sein du ménage. Est-ce que l'harmonie apparente est un résultat du statut inférieur des femmes, càd un résultat de l'obéissance? Quelles seront les conséquences socio-économiques si les femmes deviennent entièrement intégrées dans le système économique? 3. Essayez d'analyser les effets possibles d'autres mesures d'ajustement structurel, telles que la réduction des dépenses publiques sociales, l'introduction des paiements de rémunérations dans les écoles et hôpitaux, les mesures de contrôle d'inflation, sur les relations intra-ménage et sur les femmes. ANNEXE 1: La thèse boserupienne - le lien entre la pression de population, la technologie et le genre. Système agricole Charatéristiques Utilisation de la terre et du travail Culture forêt – jachère Période de jachère: Plus de 25 ans Paysage: Forêt Méthode de nettoyage : feu Saison de croissance sur les terre nettoyées: 1- 2 ans Technologie: Utilisation de la binette, pas de désherbage, cendres comme engrai Autres: Très bas niveau d'échange des produits et services _ Utilisation très extensive de la terre _ Faible rapport population/ terre _ Rapport élevé output/ travail _ Droit de cultiver au sein du territoire _ Rapport élevé loisir/ travail Culture bush – jachère Période de jachère: 6-10 ans Paysage: Bush et petits arbres Méthode de nettoyage : feu et outils à la main Saison de croissance: 2-10 ans _ Utilisation très extensive de la terre - FAIBLE RAPPORT POPULATION/ TERRE _ Rapport élevé output/ travail _ RAPPORT ELEVE LOISIR/ TRAVAIL _ Les droits de cultures commencent à apparaître _ Les groupes sans terre apparaissent TECHNOLOGIE: LA BINETTE, BAS NIVEAU DE DESHERBAGE, CENDRES COMME ENGRAI AUTRES: BAS NIVEAU D'ÉCHANGE DES PRODUITS ET SERVICES Culture avec courte jachère Période de jachère: 1-2 ans Paysage: Herbes sauvages Méthode de nettoyage : Charrue et traction animale SAISON DE CROISSANCE: 1- 2 ANS Autres: Les transactions de produits et services émergent lentement _ Utilisation croissante de la terre _ Rapport croissant population/ terre _ Rapport déclinant output/ travail _ Sous-emploi saisonnier _ Les propriétaires terriens apparaissent _ Les petits fermiers offrent un travail saisonnier Période de jachère: Moins de 6 mois Paysage: Terre cultivée Saison de croissance: annuelle Technologie: Fumier et plantes fixant le nitrogène comme engrais, charrue et traction animale, rotations annuelles des cultures, production d'herbe et d'autres _ Terre plus fertile avec charrue _ Terres marginales utilisée comme zones de pâturage pour les animaux domestiques _ Sous-emploi saisonnier _ Input de travail croissant, loisir TECHNOLOGIE: CHARRUE ET TRACTION ANIMALE, FUMIER COMME ENGRAI, herbes sauvages comme fourrage, DESHERBAGE NECESSAIRE Cultures annuelles Cultures associées cultures pour le fourrage Autres: Les transactions monétaires émergent lentement décroissant Période de jachère: 0-3 mois Paysage: Terres cultivées Saison de croissance: La même parcelle est utilisée au moins deux fois par an Technologie: Charrue et traction animale, élevage en étables, IRRIGATION, FUMIER _ Utilisation intensive de la terre _ Rapport élevé travail/ terre _ Faible rapport output/ travail _ Titres individuels sur la terre ET PLANTES FIXANT LE NITROGENE COMME ENGRAIS AUTRES: LES TRANSACTIONS MONÉTAIRES SONT PLUS COURANTES Bibliographie Allén, T. (1992). Economic Development and the Feminisation of Poverty. In N. Folbre, B. Bergman, B. Agarwall, and M. Floro (eds.), Women's Work in theWorld Economy. London: The Macmillan Press Ltd. Amsden, A. (1980). Economics of Women and Work. Penguin Books. Amsden, A. (1980). Introduction. In Economics of Women and Work. Penguin Books. Becker, G. (1965). A Theory of Allocation of Time. The Economic Journal 299: 493-517. Beneria, L. (1995). Toward a Greater Integration of Gender in Economics. World Development 11: 1839-1850. Blau, F. and Ferber, M. (1986). The Economics of Women, Men and Work. Englewood Cliffs, New Jersy: Prentice-Hall. Boserup, E. (1965). The Conditions of Agricultural Growth - The Economics of Aagrarian Change Under Population Pressure. University of Chicago Press. A second edition is published in 1993 by Earthscan, London. Boserup, E. (1970). Woman's Role in Economic Development. London: Allen and Unwin. Boserup, E. (1976). 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