les biens matériels et leur circulation au Moyen-Age - ENS

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François Menant
ENS, séminaire „Eléments d’économie médiévale“
2008-2009
1-Historiographie récente de la circulation des biens
dans l’Europe médiévale
Ce texte a aussi servi d’introduction à l‘école doctorale oraganisée par J.-L.
Gaulin à Lyon-2, 27-29 octobre 2008 : „La circulation des biens au Moyen Âge.
Entre histoire de l’économie et histoire des idées“. C’est le commentaire d’une
bibliographie, ci-jointe. Je le mets en ligne en janvier 2013 sans l’avoir mis à
jour. Je suis bien conscient qu‘on a beaucoup réfléchi et écrit en ce domaine
entre-temps : il est probable qu‘aucun des §§ du texte et des sections
bibliographiques correspondantes ne peuvent être désormais utilisés tels quels.
Je me suis engagé à une tâche un peu démesurée : Ce qui me frappe en établissant la
bibliographie, c’est l’abondance des travaux d’histoire économique médiévale depuis 10-15 ans,
tout spécialement sur la circulation des biens. En fait ce secteur, compris au sens large,
constitue l’essentiel de la production en économie médiévale de cette période.
Les 20 ans précédents –depuis les années 80- avaient été marqués par un passage à vide de
l’histoire économique du Moyen Age en France (après les trente glorieuses de l’après-guerre), et à
un degré variable dans les autres pays européens : Allemagne et en partie Italie, mais pas
Espagne et Grande-Bretagne. Ni Canada, francophone spécialement ; quant aux Américains, ils
n’ont pas beaucoup d’économistes du Moyen Age mais sur le nombre ça en fait quand même
quelques-uns, non négligeables.
La reprise a emprunté des voies tracées par les anglo-saxons, les espagnols, et les autres
disciplines de sciences sociales : anthropologie (économie du don notamment), économistes du
développement … ; parfois les voies tracées par les historiens modernistes ont été empruntées
(mais toujours adaptées), par ex. sur le marché (de la terre, un peu du crédit : K. Reyerson auprès
des travaux de G. Postel-Vinay), les crises alimentaires. Cf. § 12 de la bibliographie.
Le panorama est donc foisonnant : je vais donner quelques outils pour s’y repérer. C’est une sorte
de résumé, en 40 minutes, de deux ans de séminaire, plus les thèmes qu’on n’a pas eu le temps
encore d’y aborder.
Ce dont je ne parle pas : les rapports avec les économistes. Cf. deux ou trois références en fin de
texte.
I-Quelques caractères de la recherche récente sur la circulation des biens
1-Peu de recherches sur la production
(§ 10 de la bibliographie –à peine une esquisse)
Il me semble que l’orientation d’ensemble de la recherche actuelle est beaucoup plus axée sur la
circulation des biens que sur la production
Par ex. il n’y a guère de travaux me semble-t-il sur la production agricole, l’élevage …
Sur la métallurgie, la céramique, les archéologues travaillent mais les historiens ne se servent pas
beaucoup de leurs résultats ? quand même C. Verna, …
L’enquête de Braunstein sur la genèse de l’acier, les recherches sur l’histoire des mines et de la
métallurgie…
Le bâtiment aussi : les recherches sur les châteaux en Rhône-Alpes. Et Ph. Bernardi sur la
construction.
Le textile est une grosse exception positive, avec le travail de Dominique Cardon et les études des
Toscans (Franceschi...). Même les journées de Prato, qui me semblent être le principal endroit où
on pourrait se soucier de la production, ne s’en préoccupent guère depuis longtemps : parmi les
dernières semaines, je ne relève que la construction (« edilizia », 2004), « economia e energia »
(2002), et il faut remonter à 1992 pour trouver une semaine dédiée à une production industrielle,
la soie. En revanche il y a eu ces dernières années plusieurs semaines de Prato sur la circulation
des biens : foires et marché, le marché de la terre, la fiscalité….
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Au total il me semble que l’urgence serait plutôt d’intensifier les recherches sur la production des
biens que sur leur échange. Cela permettrait d’atteindre un niveau équivalent sur les deux volets,
évidemment complémentaires, alors que le volet production me paraît en retard.
2-La circulation des biens : qu’entendre sous cette expression ?
-échange marchand de biens immobiliers (terres et maisons), de biens mobiliers (produits
agricoles et fabriqués),
argent et créances (fiscalité, loyers, crédit…). Le crédit, beaucoup étudié ces dernières années,
tient une place particulière dans la circulation des biens, puisque c’est lui qui la lubrifie, et qui
souvent aussi la declenche lorsqu’il aboutit à la vente forcée des biens d’un emprunteur
insolvable (aussi le crédit sur gage mobilier, très mal connu). Et le crédit peut aussi prendre la
forme d’une avance de produits, de blé surtout.
-et même biens immatériels : échange de biens matériels contre des prières.
-circulation sous forme de prélèvement (seigneurial et fiscal, d’ailleurs souvent difficiles à
délimiter ; très étudié ces dernières années), de salaires et formes voisines (je n’en parlerai guère),
- transaction non marchande : entraide et troc dans le cadre de communautés comme le village,
distributions gratuites (de nourriture en particulier, surtout lors des disettes : monastères,
associations charitables, municipalités…). Les byzantinistes sont un modèle pour ces échanges
non commerciaux, cf. EHB (§ 12 de la bibliographie) : tributs, butin, cadeaux, charité…
3-Circulation des biens et évolution sociale
Je ne parlerai pas en détail de l’aspect social de la circulation des biens, et il n’y a pas de § làdessus dans la bibliographie. C’est pourtant essentiel : accumulation, appauvrissement et
prolétarisation… L’objet final de toute étude sur la circulation des biens, c’est d’identifier son
impact social. Par exemple :
-le jeu du marché de la terre, dans l’Occident des XIe-XIVe s. –d’après l’exemple italien en tout
cas, mais aussi toulousain ou anglais (et de façon accélérée en temps de crise, autour de 1300)-,
aboutit à la transformation de la société rurale : disparition des petits propriétaires-exploitants
qui formaient le tissu social, transformation en dépendants (métayers…) et exode vers la ville.
-le programme de recherche sur le « conjoncture de 1300 » s’achève par la question : comment la
crise a-t-elle modifié la mobilité sociale? l’idée de départ : forte mobilité sociale pendant le XIIIe s.
(ex. villes italiennes), impression de blocage à partir du dernier tiers du XIIIe, alors même que la
crise agricole s’amplifie. Quelle est la corrélation entre les deux?
4-Les transferts de problématiques
En fait les objets de la recherche sont en partie modelées par la recherche elle-même : le marché
de la terre, la rente foncière dans certains pays, la commercialisation, ne sont devenus des objets
historiques autonomes que lorsqu’ils ont été identifiés et délimités par une recherche. Les
historiens français par ex. ont plus ou moins travaillé sur le marché de la terre ou la
commercialisation sans le savoir.
Le phénomène historiographique que l’on retourve dans toutes les démarches que je passe en
revue, c’est un fort mouvement, dans un pays, chez un groupe d’historiens : prise de conscience
d’une question, dénomination (commercialisation, marché de la terre, prélèvement seigneurial,
crédit ; un cas qui ne fonctionne pas très bien pour l’identification de l’objet : « conjoncture de
1300 », pas très compréhensible à l’expérience) et travail dans les sources, puis diffusion dans
d’autres écoles historiographiques.
C’est le phénomène de transferts que j’ai suivi pour le marché de la terre (j’en profite pour traiter
ici tout ce thème) (§ 2 de la bibliographie), un sujet particulièrement intéressant où l’on voit la
circulation entre les continents, au gré des intérêts des historiens mais aussi des circonstances
politiques : découvert par Postan en 1936, dans une société que l‘on croyait ignorer le marché de
la terre (les serfs n’avaient pas de droit de propriété), au moment où disparaissait Chayanov, qui
de son côté avait élaboré un modèle de « société paysanne » à marché de la terre stable, qui allait
avoir une grande influence. Les deux influences ne débouchent qu’en 1960 : publication des
Charters of the Villeins, et redecouverte de l’oeuvre de Chayanov, notamment en Amérique latine
(correspond bien aux préoccupations de réforme agraire), et se mêlent ausitôt à de multiples
courants d’idées : réciprocité (Pastor-Rodriguez), la micro-histoire (Levi). Influence les
modernistes, les byzantinistes, les médiévistes espagnols, anglais…; les médiévistes français ne
seront touchés que beaucop plus tard, los de la reprise des études à la fin des années 90. Deux
volumes collectifs : l’intérêt se poursuit.
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5-La documentation
un autre caractère de la recherche actuelle. Vraiment pas le temps d’en parler, mais il faut
souligner que l’essor des travaux sur la circulation des biens (comme sur les autres secteurs
d’histoire médiévale d’ailleurs) ne se conçoit pas sans les progrès réalisés dans la découverte et
les méthodes d’analyse des sources.
Ex. (immodeste) : le crédit, pour lequel le programme prévoyait une analyse (réalisée, sinon
entièrement publiée) par type de sources : notaires, juridiques, fiscales, « langages de la théologie,
du droit et de l’administration ».
Ou les notaires : considérable regain d’intérêt, attesté par la présence au séminaire de plusieurs
doctorants travaillant sur ce type de sources. Etude détaillée de l’évolution de l’acte notarié et de
sa signification (P. Nobili), des modalités du recours au notaire en concurrence avec d’autres
modes d’enregistrement des transactions (Mathieu Allingri). Même type de travaux sur les
enquêtes, la comptabilité (comptes de châtellenie) …
II-Les formes de la circulation des biens particulièrement étudiées ces derniers temps
J’insiste seulement sur certains thèmes, selon ce que je connais le mieux et les intérêts des
participants.
Trois volets de répartition des thèmes, logiquement : prélèvement, échange, consommation. Mais
je vais bouleverser ce classement pour grouper plutôt certains des thèmes autour de grands
phénomènes : cela correspond mieux aux processus de recherche récents.
1-production agricole, alimentation, crises alimentaires, rythmes économiques (§§ 1 et 9),
et commercialisation (§ 3), qui en somme va avec.
En résumé, un groupe franco-hispano-italien-américain, avec experts anglais, est arrivé
collectivement à la remise en question de la date-butoir de la fin du XIIIe siècle qui closait
généralement nos études monographiques : le modèle dominant (résumé et mis en question lors
du colloque Postan-Duby) était que l’essor économique et démographique en cours depuis le Xe s.
(aujourd’hui on remonte plus haut) butait sur un plafond malthusien, d’où famines et stagnation.
La révision du modèle permet de prendre connaissance de voies de recherche différentes, à
l’étranger, dans d’autres périodes, dans d’autres sciences sociales (anthropologie, que je
n’approfondis pas ici).
Eléments de révision de ce schéma de la « crise de 1300 » :
a-d’une part, des sources nouvelles apparaissent ou deviennent vraiment denses précisément à
cette époque : registres notariés, enquêtes, comptabilités… Loin d’avoir été épuisées par les
recherches antérieures, elles offrent des moyens abondants de reprendre l’analyse.
b-d’autre part, nous avions le sentiment que l’Europe méditerraneéenne, dont nous étions
spécialistes, avait été négligée dans la construction du modèle : un peu le même type de
réaction que pour Féodalités et féodalisme dans le monde méditerranéen en 1978. Par ex. la
famine de 1315-1318, qui est un élément fondamental dans la construction du modèle classique
des disettes, n’est pas aussi forte en Méditerranée que dans le Nord-Ouest ; le modèle alimentaire
peut être différent (châtaignes, mil…), les rapports avec la ville, avec l’économie d’échanges et de
crédit, sont différents….
c-des modèles alternatifs étaient en train de se répandre :
*commercialisation anglaise (§ 3 de la bibliographie), en résumé, les paysans ne se sont pas
laissé acculer aux ciseaux malthusiens, ils réagissent en vendant sur le marché ; fonctionne
encore bien mieux en milieu méditerranéen. On a bien plus de souces, et la commercialisation
des produits semble beaucoup plus variée: artisanat rural, orientation vers des cultures à mettre
sur le marché comme la vigne, les plantes tinctoriales….Bonne approche sociale aussi, avec la
mise en évidence des groupes intermédiaires, des petites villes ou gros bourgs…
Deux exemples : le Toulousain de Petrowiste, les draps de Mainoni.
*explication des crises alimentaires par la spéculation davantage que par le manque de
ressources (§ 9 de la bibliographie). Sen, Palermo, et autrs hypothèses : Epstein. Rôle du
marché… : les famines du XIVe s. sont très différentes de celle que décrit Raoul Glaber…
*questions sur les modèles de consommation alimentaire (§ 1 de la bibliographie) : d’une part
l’histoire de l’alimentation a fait d’énormes progrès depuis trente ans, et commence à esquisser
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une histoire des goûts, des modèles alimentaires… D’autre part les archéologues fournissent des
résultats en contraste violent avec les textes : les Florentins de La Roncière amateurs exclusifs de
pain blanc s’opposent radicalement aux greniers fouillés par Puig et Ruas, pleins de céréales
secondaires et de plantes diverses, quasiment inconnues des textes. Il faut aussi prendre en
compte les alimentations alternatives qui apparaissent au détour des textes : châtaignes, céréales
secondaires…
Tous ces éléments composent un modèle alternatif aux modèles classiques, mais il reste à
les organiser, à les creuser…
2-Prélèvement
*prélèvement seigneurial
au sens large : revenu domanial, revenu seigneurial. (§ 4 de la bibliographie)
Anthropologie du prélèvement seigneurial. Une recherche qui peut servir d’inspiration pour
d’autres secteurs, dans la mesure où elle s’est attachée aux formes du prélèvement autant ou
davantage qu’à son contenu (qui mériterait cependant d’être creusé) : les lieux, les intermédiaires,
les gestes, et surtout les temps du prélèvement : la recherche a révélé combien les calendriers du
prélèvement étaient importants dans son rendement (Demade). En fait il faut traiter ensemble
deux secteurs où l’importance des calendriers a été mise en évidence :
-le prélèvement
-la spéculation sur les blés
et peut-être même le marché de la terre, comme l’a proposé Demade sur son cas franconien.
Dans l’étude du prélévement seigneurial, je note seulement le croisement entre préoccupations
économiques (quel est l’effet sur la production : stimulée ; et sur les échanges : qu’est-ce que les
seigneurs font de leur revenu ? ) et préoccupations sociales-anthropologiques-symboliques :
comment est ressenti le prélèvement ? quel rôle symbolique joue-t-il dans la formalisation des
rapports sociaux ?..
*la rente foncière. Très inégalement étudiée selon les pays. Les champions : espagnols.
*la fiscalité
(§ 8 de la bibliographie). La fiscalité ne concerne pas directement la circulation des biens, mais
l’influence considérablement. Très grosse campagne de recherche collective depuis dix ans, avec
exploitation de fonds et confrontation des sources, des techniques de prélèvement, des échelles de
perception (royale, municipale), etc. Surtout franco-espagnol, tandis que les Italiens ont leur
propre mouvement de recherche, très proche.
Au total énorme production historiographique, de gens proches de nous : D. Menjot en tête,
associé à Manuel Sanchez Martinez. Sur les techniques, mais aussi sur l’effet du développement
fiscal sur l’économie, sur les structures sociales… Ses effets indirects par ex. : on emprunte pour
payer l’impôt, les fermiers de l’impôt s’enrichissent… L’époque que nous étudions est en fait celle
où la fiscalité renaît et bouleverse certainement les équilibres financiers et économiques, à tous
niveaux. Le prélèvement et la redistribution fiscaux sont un facteur très important dans la
circulation des biens ; la difficulté : comment les prendre en compte à l’échelon individuel :
sources différentes, pas toujours faciles à croiser.
*dîme, économie ecclésiale
pas dans la bibliographie, mais je note ici que l’économie ecclésiale en général constitue un
secteur encore trop peu exploré des prélèvements et des échanges. –en partie liée à la question du
don, en partie à celle du prélèvement via la dîme-. C’est un autre secteur non négligeable de la
recherche récente. Cf. l’exposé de Chiffoleau pour le versant franciscain ; mais il y a un gros
versant antérieur à aborder de façon plus sytématique que cela n’a été fait.
On peut interpréter toute la dénonciation monastique et grégorienne de l’usurpation des biens
d’Eglise par les laïcs, entre IXe et fin XIe siècles, comme une vaste attaque menée par les
ecclésiastiques pour mettre la main sur les prélèvements : dîme, casuel, et prélèvements des
domaines ruraux –d’origine fiscale en particulier- disputés entre Eglise et seigneurs laïcs. Même
chose dans le domaine de l’échange : la commémoration des morts confiée aux moines est
échangée contre une masse de revenus concédés aux moines. Là aussi on rencontre Chiffoleau
pour une situation analogue à la fin du Moyen Age. Mais ce mouvement de transferts de revenus
est déjà très fort avec les clunisiens.
3-échanges
-grand commerce
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pas de § dans la bibliographie, et je vais peu en parler : en fait secteur en déshérence
actuellement en dépit de quelques belles recherches comme Damien Coulon sur le commerce
catalan…. Je traite dans cet exposé essentiellement des échanges au niveau local/régional,
comme me semble-t-il la majeure partie de la recherche actuelle, ou bien suis-je influencé par les
milieux de recherche que je fréquente moi-même ? Dans le même ordre d’idées, la banque, très
étudiée : notamment à Asti.
-Crédit
(§ 7 de la bibliographie)
Essentiel puisqu’il fournit les moyens de la circulation des biens. Grand renouvellement des
études depuis une dizaine d’années. Gaulin en a parlé en expliquant le programme de recherche
que nous avions mené ; Kusman, Nobili et Delzant aussi.
Une partie du crédit est en nature ou concerne directement la circulation d’un bien matériel ; elle
est probablement bien plus importante qu’on ne l’imagine : achats à crédit (généraux), avance de
produits, avance de paiement pour des fabrications…
Je relève seulement un point qui m’intéresse, auquel Kusman a fait allusion : réseaux et marché
(§ 7 de la bibliographie) . Comment se combinent-ils ? y a-t-il un moment où on peut dire que le
marché du crédit naît en Europe ? Plus largement, est-ce qu’on peut légitimement se demander
quand commence l’économie de marché ? Comment se combinent marchés internationaux et
marchés locaux, pour le crédit notamment ? Kusman a fait allusion aux théories des réseaux, un
domaine en plein essor…
-la question du don, de la réciprocité
(§ 12 de la bibliographie)
Sa place dans l’économie du haut Moyen Age (jusqu’au XIe s.) est assez bien étudiée, et la
question plus obscure de savoir à quel degré elle se maintient ensuite. Cf. l’exposé de Chiffoleau.
-le salariat
(§ 5 de la bibliographie)
L’étude du salariat reprend ces derniers temps, et relève aussi en bonne partie de la circulation
des biens, ne serait-ce que parce qu’il n’est pas strictement défini comme un paiment régulier en
monnaie.
Je ne sais rien, sauf un élément important : la rétribution, au Moyen Age, n’est pas directement
conforme à notre notion de salaire, il y a toute une étude à faire là-dessus : groupe de recherche
de L. Feller, travaux de Ph. Bernardi, livre de R. Castel…
4-la consommation
(§ 6 de la bibliographie)
C’est une autre démarche d’analyse de la circulation des biens, ne partant ni de la transaction
elle-même, ni de la production, mais de la consommation : livres de C. Dyer, et colloque de
Valence de septembre 08. Et déjà Prato 1974 (Domande e consumi. Livelli e strutture), 1996
(Alimentazione e nutrizione).
Ce dernier colloque (Alimentazione…) indique la voie la plus souvent empruntée quand on traite
de consommation : la consommation alimentaire, de base (=nutrition ; par ex. Montanari, Storia
dell’alimentazione, et les travaux nombreux sur la consommation des cérales et ses problèmes,
vus ci-dessus : disettes… Ex. Riera… ; Flaran sur L’alimentation des villes ; Nourrir les cités de
Méditerranée… ; etc.)
Mais aussi objets fabriqués et produits de luxe (toute une branche des travaux sur l’alimentation,
avec Laurioux, Redon…). Mais on a bien moins étudié la consommation de produits non
alimentaires : les notaires et autres sources riches pourtant.
Et l’ex. de Wickham, haut Moyen Âge, ci-dessous.
Débuts de l‘économie occidentale
Très loin de la préoccupation de tous les participants, mais je souligne que c’est un secteur où
l’on travaille et réfléchit énormément : contact profitable. Ex. le livre de Devroey. Aussi –un
exemple entre beaucoup- la consommation de produits de luxe comme indicateur de l’évolution
sociale : Wickham, consommation des aristocraties et par entraînement des groupes qui les
servent (ex. d’indicateur : céramique de qualité) ; consomment bien plus que les sociétés
paysannes, et des produits différents, importés… Différence entre élites italiennes et franques,
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pas vraiment vue jusque là. Toutr ceci est indicatif de ce qu’on pourrait faire, mutatis mutandis,
pour les siècles suivants.
En fin de bibliographie, § 12, j’ai cité quelques influences extérieures qui ont orienté certains de
ces domaines de recherche. L’intensité de la discussion à ce sujet a montré combien cette
question des influences est importante.
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Autres :
Genre
Travaux d’économistes :
Robert M. Townsend, The medieval village economy: a study of the Pareto mapping in general
equilibrium models (Princeton: Princeton University Press, 1993).
Avner Greif,
« Théorie des jeux et analyse historique des institutions : les institutions
économiques du Moyen Age», Annales HSS, mai-juin 1998,n°3, pp. 597-633.
http://www-econ.stanford.edu/faculty/greifhp.html : page d’Avner Greif (Stanford)
http://www.carloalberto.org/people/botticini/doc/CV_november2008.pdf : page de Maristella Botticini.
bon exemple d’analyse de données médiévales par une économiste : examine les contrats
agraires, le prêt juif et les dots en Toscane au Xve s. sous l’angle du risque .
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