démarches socioéconomiques alternatives du tiers

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Université Lumière Lyon II
Institut de la Communication
Master 2 Professionnel
Développement de Projets Artistiques et Culturels Internationaux
Mémoire en vue de l’obtention du Master deuxième année
Développement de Projets Artistiques et Culturels Internationaux :
DÉMARCHES SOCIOÉCONOMIQUES ALTERNATIVES
DU TIERS-SECTEUR ARTISTIQUE ET CULTUREL :
QUEL DÉVELOPPEMENT ENVISAGER ?
Recherche-appliquée rattachée à l’étude de quatre structures :
- Artenréel, Coopérative d’Activités et d’Emploi à Strasbourg
- SCOP Les Trois-Huit, compagnie de théâtre au NTH8, à Lyon
- Les Articulteurs, grappe d’entreprises en Pays de Redon et Vilaine
- Culture et Coopération, grappe d’entreprises à Saint-Étienne
par Juliette BONNET
Promotion en 1 an 2011‐2012 Sous la direction de : BONNIEL‐CHALIER Pascale Membre du comité pédagogique, Master DPACI, Université Lumière Lyon II Membres du jury : BADY Vincent Membre du collectif les Trois‐Huit au Nouveau Théâtre du 8e, Lyon COGREL Alban Chargé de mission pour le cluster les Articulteurs, Redon
GARLAN Alain Membre du comité pédagogique, Master DPACI, Université Lumière Lyon II RÉSUMÉ
Inscrits dans une actualité économique en sursis, les arts et la culture sont face à une réalité
peu clémente. Le secteur est amené à se poser la question de nouveaux modes de
fonctionnement à inventer, mais également de la vision politique et des valeurs dans
lesquelles s’engager. Certaines structures artistiques et culturelles, véritablement pilotes
depuis plusieurs années dans le domaine de l’innovation sociale, expérimentent des modes
de travail coopératifs et mutualisés pour participer à la structuration professionnelle des arts
et de la culture.
La question que pose ce mémoire est celle des pistes de développement de ces écosystèmes
socioéconomiques du tiers-secteur artistique et culturel. Pour tenter de répondre à cette
interrogation, ce mémoire s’engage de manière innovante dans une analyse à la fois
individuelle et croisée de quatre démarches socioéconomiques effectives de l’économie
sociale et/ou solidaire dans le champ culturel.
La Coopérative d’Activités et d’Emploi Artenréel à Strasbourg, la Société Coopérative de
Production les Trois-Huit (collectif artistique de théâtre) à Lyon, les deux groupements
d’entreprises artistiques et culturelles les Articulteurs en Bretagne et Culture et Coopération à
Saint-Étienne cristallisent à eux seuls des configurations structurelles hétérogènes, au service
de démarches fortement similaires. Ces organismes préfigurent en quelque sorte des modes
de gestion innovants pour le secteur et s’inscrivent dans une éthique de l’économie, du travail
et de l’action territoriale.
Le choix méthodologique de ce mémoire est l’analyse stricte de logiques d’acteurs sur les
plans économique, politique, territorial et sociologique.
« Démarches socioéconomiques alternatives du tiers-secteur artistique et culturel : quel
développement envisager ? » est donc un mémoire dont la démarche de recherche-action est
centrale. Il développe une première caractérisation de ces structures et donc une préthéorisation de ces écosystèmes. Il permet également par la connaissance et l’analyse, de
mettre à distance des expérimentations à l’œuvre pour questionner à la fois le mouvement
réflexif des acteurs mais aussi leur engagement éthique. L’objectif de ce travail de recherche
est la réalisation d’un diagnostic d’expérimentations socioéconomiques, artistiques et
culturelles afin d’en pointer les enjeux actuels, et ainsi d’extraire ce qui devra faire l’objet de
notre attention pour leur développement.
La majeure partie du déroulement est consacrée à l’analyse des structures observées. Deux
parties s’attachent à développer deux des caractéristiques principales de ces structures, la
première étant la coopération en tant que processus au cœur des structures et la seconde
étant la situation socioéconomique des acteurs.
L’analyse des processus de coopération nous a montré qu’elle est le produit d’un équilibre
précaire et humain entre formalisation et rapports interpersonnels. Pouvant être fermée
(active à l’intérieur des équipes de travail) ou ouverte (avec d’autres partenaires territoriaux),
la coopération va par exemple nécessiter la mise en place de protocoles d’intégration de
nouveaux entrants (afin de déterminer les conditions de viabilité de cette coopération). La
mise en place de dispositifs de mutualisations (économique, de compétences, de moyens) et
d’une gouvernance partagée (actionnariat populaire, rapport entre salariés/bénévoles) sont
deux principales caractéristiques des coopérations de l’économie sociale et solidaire.
Bien que l’économie reste au service du projet politique, penser à la structuration
socioéconomique de son projet est d’une part primordiale pour la pérennisation d’une activité
mais participe également à l’émancipation et l’autonomie des acteurs. Dans le secteur
artistique et culturel, la question économique est particulièrement complexe à aborder dans
un secteur frileux ou désintéressé de cet enjeu. Par ailleurs, la théorisation des trois types
d’économies (marchande, non marchande et non monétaire) demande à ces structures de
l’économie sociale et solidaire de se situer dans ce triptyque. Ce mémoire a permis d’extraire
deux visions indépendantes mais complémentaires, contribuant à l’équilibre économique
d’une structure : la coopération économique (une forme avancée de mutualisation concernant
par exemple la trésorerie ou encore l’incubation) et la diversification des ressources (dans
chacune des trois logiques économiques citées plus haut).
Ce mémoire s’inscrit donc dans une actualité certaine et dans l’ardent besoin du secteur
artistique et culturel de trouver une structuration socioéconomique pérenne et viable. Ne pas
tomber dans la résignation et participer dores et déjà à la construction de ces alternatives est
ce qui a stimulé ce mémoire de bout en bout.
D’un mémoire professionnel de recherche-action dont la problématique porte sur le
fonctionnement et l’efficacité de ces structures, l’objectif serait maintenant de comprendre et
d’expliquer ce phénomène de l’innovation sociale dans lequel s’inscrivent ces démarches
artistiques et culturelles de l’économie sociale et solidaire, dont la question principale est
l’articulation entre l’objectif d’utilité sociale et l’enjeu du développement économique de nos
logiques d’acteurs.
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