L`économie du sacré - Université Rennes 2

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 Colloque de synthèse La vie matérielle des couvents mendiants en Europe centrale (III.) L’économie du sacré (v. 1220 -­‐ v. 1550) Université de Rennes 2 (France) 2-­‐3 juin 2016 Organisation : Marie-­‐Madeleine de CEVINS (CERHIO, Université de Rennes) Ludovic VIALLET (CHEC, Université Blaise-­‐Pascal, Clermont-­‐Ferrand) Le colloque de synthèse du programme MARGEC1 se propose d’examiner l’inscription de l’économie des couvents mendiants centre-­‐européens dans les croyances et pratiques du christianisme occidental, du XIIIe siècle jusqu'à la diffusion du protestantisme. Il a pour objectif de préciser ce que cette économie devait à une vision du salut présentée depuis saint Augustin comme un échange continu de bienfaits spirituels contre des biens matériels – échange qui ne se réduit pas au schéma maussien du « don / contre-­‐don ». L’enjeu est de savoir dans quelle mesure et par quels aspects il s’agissait d’une « économie du Sacré ». Ce concept donne en effet une illusion de cohérence qu’il faudra confronter aux pratiques attestées par les sources, en profitant de l’observatoire inédit qu’offre le fait mendiant en Europe centrale. Seront ainsi replacées dans leur environnement institutionnel, social et culturel mais aussi et surtout spirituel les données tirées de la documentation réunie et exploitée par les collaborateurs du programme MARGEC – à commencer par celles qui ont alimenté les deux précédentes rencontres scientifiques, axées respectivement sur la terre comme fondement de l’économie des couvents centre-­‐européens (Atelier thématique 1, à Clermont-­‐Ferrand le 23 juin 2014) et sur les manifestations concrètes de l’exigence de pauvreté dans le quotidien des frères (Atelier thématique 2, à Wrocław les 21-­‐23 mai 2015). Qu’avait de « sacré » l’économie des couvents mendiants ? Que pesaient les activités liturgiques (opus Dei, offices et autres prières collectives), sacramentelles (eucharistie, pénitence, extrême-­‐onction) et plus largement salvifiques (prières de recommandation, indulgences, confraternité…) des frères mendiants dans les recettes et dans les dépenses des communautés ? En quoi celles-­‐ci se démarquaient-­‐elles sur ce plan des établissements ecclésiastiques non mendiants ? Ces activités étaient-­‐elles considérées comme prioritaires 1
Programme ANR-­‐12-­‐BSH3-­‐0002 [« Marginalité, économie et christianisme. La vie matérielle des couvents mendiants en Europe centrale (v. 1220-­‐v. 1550) »]. Voir l’URL : margec.huma-­‐num.fr. 1 aux yeux des bienfaiteurs des frères (à côté du travail manuel, de l’oraison privée, de la prédication…) ? Ces questions trouvent une résonance particulière en Europe centrale. Car, au moins à titre d’hypothèse de départ, on peut douter de l’impact du message (diffusé entre autres par les prédicateurs mendiants) faisant du salut le fruit d’une negociatio perpétuelle dans une région encore très largement rurale aux XIIIe-­‐XVIe siècles. Ce discours n’était peut-­‐être entendu, compris et appliqué que dans les zones les plus urbanisées de cet espace (Silésie, Sépusie, « villes saxonnes »…) – tandis que partout ailleurs, dans les bourgades ou à proximité des résidences princières, la subsistance des frères a pu reposer sur d’autres logiques, plus proches de l’économie domaniale – que pratiquaient alors les établissements monastiques et les couvents mendiants féminins. On aimerait définir en particulier les termes des échanges sur lesquels l’économie des couvents mendiants était fondée. Comment a-­‐t-­‐on articulé la croyance en un Jugement dernier qu’il convenait de préparer par des suffrages étalés dans un temps indéterminé, donc perpétuels, et l’exigence d’instabilité matérielle faite aux Mendiants ? Quels types de services religieux les frères octroyaient-­‐ils à leurs bienfaiteurs en contrepartie des biens matériels qu’ils recevaient d’eux ? L'alignement des pratiques franciscaines sur celles des autres ordres mendiants en matière de services pro anima constaté en Europe occidentale à la fin du Moyen Âge, avec une accélération au XVe siècle s’observe-­‐t-­‐il en Europe centrale ? Son refus caractérise-­‐t-­‐il a contrario les réformes observantes ? On touche là aux fondements mêmes de la réussite des Mendiants en « terre de nouvelle chrétienté » — puisque, étant les plus « pauvres » des oratores, ils dépendaient de la générosité des fidèles. Tandis que la subsistance des moines et des clercs séculiers était assurée quoi qu’il advienne, la question du rapport entre coût d’entretien des religieux par les habitants et « efficacité » de leur action pour le salut de ladite communauté se posait avec acuité et constamment à propos des Mendiants. Qu’attendaient d’eux les fidèles d’Europe centrale qui, individuellement ou collectivement, leur consentaient des dons ? En quoi les frères leur semblaient-­‐ils « utiles », à l’heure où les mouvements hérétiques de la fin du Moyen Âge et certaines municipalités (au nom du bonum commune) contestaient leur bien-­‐fondé ? Ces réguliers tenus théoriquement de prier pour l’âme de tous les chrétiens au nom de la caritas se concentraient-­‐ils en priorité sur les fidèles les plus généreux à leur égard, contribuant ainsi à « privatiser » la prière d’intercession ? Telles sont les pistes que ce colloque aimerait explorer. Les communications pourront partir des questionnements suivants : -­‐ Quelle était la part de la liturgie (notamment eucharistique) dans les dépenses des couvents mendiants centre-­‐européens ? Celle-­‐ci faisait-­‐elle l’objet d’une comptabilité spécifique ? Était-­‐elle particulièrement développée du fait du maillage relativement faible (en Europe centrale) des institutions ecclésiastiques ? -­‐
Quel fut l’impact de la vision (ou « économie ») de la mort – dans un espace relativement peu touché par la Peste noire – sur les moyens de subsistance des Mendiants centre-­‐européens (d’après les testaments, les demandes de sépulture et de fondations pro anima, etc.) ? Et en quoi les services funèbres demandés aux Mendiants par les fidèles (souvent par testament) différaient-­‐ils de ceux qu’ils « commandaient » à d’autres clercs ? La surreprésentation de la noblesse parmi les 2 soutiens des couvents centre-­‐européens contribua-­‐t-­‐elle (chez les Mendiants aussi) à l’essor du faste funéraire ? -­‐
Quels revenus propres (ou quelle économie propre) a générés la fonction de foyer de pèlerinage de certains couvents mendiants centre-­‐européens ? -­‐
Quel « profit » matériel les Mendiants centre-­‐européens ont-­‐ils tiré de la diffusion-­‐
vente des indulgences, qu’elles soient destinées aux bienfaiteurs de leurs propres églises ou à ceux qui répondaient aux appels de la papauté ? -­‐
Comment expliquer le succès (en Hongrie notamment) des lettres de confraternité mendiantes ? Répondaient-­‐elles à une nécessité économique pour les frères, à une certaine vision du salut de la part de leurs bienfaiteurs ? -­‐
Dans quelle mesure les attentes spirituelles des donateurs des frères en matière de grâces salvifiques (prières de recommandation, rémission des fautes, participation aux mérites, sépulture au couvent sinon dans l’habit) étaient-­‐elles satisfaites ? Ce bilan nuancé devra tenir compte, naturellement, du profil social des bienfaiteurs. Les communications, d’une durée maximale de 30 minutes, prendront la forme d’études de cas portant sur un couvent précis ou celle de bilans synthétiques inédits, fondés sur les sources textuelles et iconographiques. Elles seront publiées, avec les contributions des deux rencontres précédentes, dans un volume intitulé Marginalité, économie et christianisme. Les frères mendiants dans l’Économie du Sacré en Europe centrale (v. 1220 -­‐ v. 1550), à paraître aux Presses Universitaires de Rennes. Les textes définitifs devront être remis en septembre 2016 (délai de rigueur), de façon à permettre aux contributeurs de procéder aux ajustements et modifications découlant des échanges et discussions ayant eu lieu pendant ces manifestations, sans retarder pour autant la publication. Les propositions de communication (accompagnées d’un titre au moins provisoire) doivent être adressées par mail à marie-­‐[email protected] et [email protected] avant le 3 novembre 2015. Le détail de chaque proposition – avec titre définitif et résumé d’environ 1000 caractères-­‐
signes (en français ou en anglais) – est attendu pour janvier 2016. Comme pour les rencontres précédentes, les frais de séjour et de déplacement des communicants seront pris en charge par les partenaires institutionnels du programme MARGEC. Les organisateurs 3 
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