FEUILLES DES MONOCOTYLÉDONES AQUATIQUES. 279 lure apparente. Pendant l'expérience, on voit l'eau sortir par la base de la b r a n c h e , d'abord, en bouillonnant, à cause des gaz qui s'échappent en m ê m e t e m p s , puis goutte à goutte et très lentement, lorsque les c a n a u x aérifères de la lige sont injectés. C'est avec le P. perfoliatus que celle expérience a le mieux réussi ; en une h e u r e , une b r a n c h e d'une douzaine de centimètres de h a u t e u r , t r è s saine et intacte, m'a donné un centimètre cube de liquide. Si l'on fait l'expérience dans de l'eau tenant en dissolution une faible quantité de prussiale j a u n e de potasse, 1/5000 par e x e m p l e , l'eau recueillie bleuit p a r l e sulfate ferroso-ferrique ; c'est, donc bien l'eau extérieure qui a traversé le corps de la plante. Si, avant l'expérience, on examine au microscope les feuilles des plantes sur lesquelles on doit e x p é r i m e n t e r , ou celles d'autres individus pris dans les m ê m e s conditions, on constate l'existence d'un réseau aérifère sous-épidermique, à mailles étroites, qui se d é t a c h e , par sa teinte s o m b r e , et se continue dans les c h a m b r e s sous-stomatiques. Après l'expérience, tandis que l'eau remplit les canaux aérifères de la tige, les choses ont peu ou point changé dans les feuilles; si une injection s'y est produite, elle est localisée. L'eau extérieure a donc p é n é t r é dans le corps de la plante, plutôt par les ouvertures accidentelles que p a r les stomates, et p r o b a blement par celles qui se trouvent à l'aisselle des feuilles. D'ailleurs j a m a i s , dans la n a t u r e , la plante n ' a u r a à subir de diminution de pression semblable à celle réalisée par l'expérience ; l'injection ne p o u r r a donc être que très localisée, et devra toujours se faire par des ouvertures autres que les stomates. En r é s u m é : les plantes qui vivent normalement s u b m e r gées sont généralement dépourvues de stomates. La disparition des stomates p a r adaptation à la vie dans l'eau a lieu, non parce que ces organes seraient nuisibles à la plante, mais seulement parce qu'ils sont inutiles. Enfin, certaines