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La géographie
1.1
Un pays immense à la géographie plurielle
« Si certains pays ont trop d’histoire, nous avons trop de géographie. »
William Lyon Mackenzie King,
Premier ministre du Canada de 1921 à 1948
La devise du Canada (A mari usque ad mare : « D’un océan à l’autre ») est
l’une des illustrations de l’immensité de son territoire de près de 10 millions
de km2. Il s’agit du deuxième pays du monde en superficie, après la Russie.
Le Canada est 18 fois plus grand que la France, 242 fois plus grand que
la Suisse et 327 fois plus grand que la Belgique. L’emprise spatiale
du Canada est majeure, sur le continent Nord-Américain comme à l’échelle
mondiale (voir figure 1.1).
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Communiquer et coopérer avec les Canadiens
Figure 1.1 Une emprise spatiale majeure
Quiz Connaissez-vous le Canada ? 33
L’observation de la figure 1.1 permet de prendre conscience de l’étendue
du Canada et de sa situation particulière, avec ses frontières ouvertes sur
trois océans : l’océan Pacifique à l’ouest, l’océan Atlantique à l’est et l’océan
Arctique au nord. Le Canada possède le plus long littoral du monde :
202 080 km4.
Le Canada est bordé par deux frontières terrestres avec les États-Unis et
partage également des frontières maritimes avec le Danemark (Groenland)
et la France (Saint-Pierre-et-Miquelon).
Sur la plus grande partie du territoire, les paysages du Canada sont
ceux d’un pays nordique. Cela se caractérise par les traces laissées par
les différentes périodes glaciaires : de nombreux cours d’eau, une myriade
de lacs et des forêts boréales (comme en Scandinavie ou en Sibérie).
LLUn pays immense en quelques chiffres
– 5 514 km d’est en ouest.
– 8 892 km de frontières partagées avec les États-Unis (dont 2 477 km
avec l’Alaska).
– 9 % du territoire canadien est recouvert par des réserves d’eau.
– Plus de 2 millions de lacs.
?
Le saviez-vous Faire le tour du Canada à pied en suivant la côte, à raison de 20 km par jour, prendrait plus
de 27 ans. Faire le tour de la France métropolitaine au même rythme ne prendrait que
6 mois !
La distance entre la côte Est et la côte Ouest du Canada est presque identique à la distance
d’un vol entre Paris et Montréal !
La ville de Montréal est à la même latitude que Bordeaux et la ville de Toronto se trouve
sur la même latitude que Nice. Le point le plus au sud du Canada se trouve sur la même
latitude que Barcelone.
4
Source : World Factbook annuel de la CIA.
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Communiquer et coopérer avec les Canadiens
Influences et conséquences
¬¬
Comme tous les habitants d’un pays au territoire immense et peu
peuplé, les Canadiens ont développé une relation spécifique à l’espace.
À titre d’exemple, les activités de loisirs dans des lieux isolés au cœur
de la nature sauvage sont particulièrement appréciées.
Que ce soit dans les domaines personnel ou professionnel, l’étendue
du pays implique des déplacements sur de longues distances.
L’avion est la solution qui est la plus souvent privilégiée malgré les prix
élevés des transports à l’intérieur du territoire. Ces prix s’expliquent
par des standards aéronautiques de haut niveau et par le coût
des systèmes de dégivrage, présents dans tous les aéroports
canadiens. Le prix d’un trajet vers l’Europe depuis l’est du Canada
est inférieur à celui d’un voyage vers la Colombie-Britannique ou le
Yukon. On notera également qu’effectuer de longs trajets en voiture est
une pratique habituelle pour les Canadiens.
Afin de minimiser les coûts de transports, beaucoup de réunions
d’affaires se déroulent à distance grâce à des solutions technologiques
avancées.
Au Canada, on observe une mobilité professionnelle qui, depuis
longtemps et pour des raisons économiques, a conduit à « l’éclatement » des familles sur le territoire. Par exemple, un grand
nombre de techniciens de la construction de la région Atlantique
– où le chômage est élevé – travaillent dans le Grand Nord Canadien
(région d’implantation d’industries extractives) durant plusieurs mois
et à plus de huit heures d’avion de leur famille.
1.2
Une grande diversité de régions,
de provinces et de territoires
Le Canada fédère dix provinces et trois territoires (voir figure 1.2 ci-après),
chacun d’eux présentant des particularités géographiques (relief, climat,
etc.), historiques, démographiques, économiques et culturelles. Une distinction existe entre les provinces et les territoires : « les provinces exercent
Quiz Connaissez-vous le Canada ? 35
des pouvoirs constitutionnels de plein droit, les territoires ont des
pouvoirs délégués sous l’autorité du Parlement du Canada5 ». Cependant,
la tendance s’oriente de plus en plus vers un transfert des pouvoirs aux
territoires à l’instar de ceux dont disposent les provinces. Les territoires
s’étendent sur près de 40 % de la superficie du Canada alors qu’ils
ne représentent que 3 % de la population du pays.
Chaque territoire ou province a sa propre capitale et son propre gouvernement. Ce dernier gère certains domaines de compétences ainsi que
des enjeux particuliers. La répartition des pouvoirs entre le gouvernement
fédéral et les gouvernements des provinces sera abordée ultérieurement
(voir le chapitre 6 « Les institutions fédérales et provinciales »).
Un tableau synthétique et une description plus détaillée des provinces et
territoires figurent dans les annexes du présent ouvrage (voir en Annexe A.1
« Cartes d’identité des régions, provinces et territoires »).
Influences et conséquences
¬¬
Au cours de l’histoire de cet immense territoire, les influences
extérieures ont donné naissance à des cultures locales distinctes,
au-delà des trois cultures fondatrices (la culture des Premières Nations,
la culture franco-canadienne et la culture anglo-saxonne). D’autres
îlots culturels peuvent être observés : la culture acadienne, les cultures
francophones d’autres provinces, les cultures asiatiques, etc.
Ces différences régionales se traduisent par des comportements
différents dans le monde professionnel : on observe plus ou moins
de formalité ou d’influences culturelles d’une minorité dominante sur
certains secteurs d’activités.
L’immensité du pays a permis à de nombreux immigrants de diverses
origines de quitter leur pays surpeuplé ou pauvre et de venir s’installer
dans de grands espaces prometteurs (par exemple, la région
des Prairies). Les vagues successives d’immigration ont contribué
à façonner un peuple ouvert sur le monde. Les politiques d’immigration
ont en outre favorisé la diversité des cultures, ce qui explique l’intérêt
des Canadiens pour les autres composantes de la mosaïque culturelle
de leur pays.
5
Source : http://www.pco-bcp.gc.ca/aia/index.asp?lang=fra&page=provterr&doc=difference-fra.htm.
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Communiquer et coopérer avec les Canadiens
Figure 1.2 Les provinces et territoires du Canada
Quiz Connaissez-vous le Canada ? 37
1.3
Une grande variété de reliefs
Le relief, les sols et la végétation sont variés et contribuent à une grande
diversité de paysages. Six grands reliefs peuvent être observés de l’Est
à l’Ouest du pays ainsi qu’au Nord : les Appalaches, les grands lacs
et les basses terres du Saint-Laurent, le bouclier canadien, les plaines
de l’intérieur, la cordillère et enfin, l’Arctique.
Chaque relief s’étend sur de vastes territoires et possède des caractéristiques
propres en termes de structures géologiques, de conditions climatiques,
de sols et de végétation :
–– La chaîne des Appalaches se déploie depuis l’Est de l’Amérique du Nord
(principalement aux États-Unis) jusqu’à Terre-Neuve. Des paysages de
moyenne montagne apparaissent uniquement dans la région atlantique
de Gaspésie (Sud-Est du Canada).
–– Les grands lacs et les basses-terres du Saint-Laurent (Sud-Est du
Canada) constituent une plaine. Cette région se compose de quelques
collines et de terres fertiles. Petite en superficie, elle est néanmoins
la plus peuplée du pays.
–– Le bouclier canadien (appelé également bouclier précambrien)
occupe plus de la moitié de la surface du Canada, depuis les basses
terres de la baie d’Hudson (un des plus grands ensembles marécageux
au monde), en allant vers les Grands Lacs au sud, les monts Torngat
(les plus hautes montagnes de l’Est du Canada situées à Terre-Neuveet-Labrador) et les hautes terres de l’île de Baffin (au nord-est du pays).
–– Les plaines de l’intérieur (au centre du pays) résultent du dépôt
de sédiments par des rivières qui se jetaient dans des mers peu
profondes qui recouvraient ces étendues il y a 500 millions d’années.
Ces sédiments ont donné un sol fertile et propice à l’agriculture.
Ceci explique également que des prairies couvrent le sud des plaines
de l’intérieur. Au nord de ces plaines, on trouve des forêts de trembles
puis la taïga 6.
6
Formation végétale constituée de conifères (source : Larousse).
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Communiquer et coopérer avec les Canadiens
–– La cordillère (pics et plateaux) s’étend sur 1 500 km, depuis la
Colombie-Britannique (à l’Ouest) et l’Alberta (au centre) jusqu’au Yukon
(au Nord-Ouest du pays). Elle comporte trois parties :
- à l’Est : les montagnes Rocheuses (dont le point culminant est
le Mont Robson, 3 954 mètres) ;
- au centre : des plateaux (le Yukon et la Colombie-Britannique) et
des montagnes (les chaînes Selkirk et Purcell) ;
- à l’Ouest : des montagnes côtières, découpées de fjords, où se situe
le mont Logan, point culminant du Canada avec ses 5 959 mètres.
La cordillère résulte de la collision (et de plusieurs séries de chocs
ultérieurs), il y a plusieurs millions d’années, de la plaque tectonique
de l’Amérique du Nord et de celle du Pacifique. Le paysage de la cordillère est alpin (hautes montagnes, plateaux, vallées profondes et fertiles)
et attire de nombreux touristes parce qu’il est notamment possible
d’y observer l’empreinte des différentes glaciations (par exemple,
le glacier Columbia).
–– L’Arctique couvre environ 25 % du territoire du Canada. Le sol gelé
en permanence est recouvert d’un mince tapis de végétation qui,
sous les latitudes polaires, laisse place à de la glace.
1.4
Des climats extrêmes,
des domaines de végétation variés
Les conditions climatiques ont une influence majeure sur la vie au Canada.
Le climat n’est pas un élément banal de la vie quotidienne, il est important
de le connaître et de le prendre en considération dans les décisions
professionnelles.
La très vaste superficie du territoire canadien d’est en ouest, les différences
de latitude des régions, la proximité des océans et les différents reliefs
font partie des facteurs qui expliquent la grande variété de climats
du pays. Ainsi, plus l’on va vers le nord, plus les températures sont basses.
Celles-ci peuvent en effet être extrêmes. Toutefois, une grande partie
du Canada connaît les quatre saisons distinctes que l’on retrouve
habituellement autour du globe. L’ensoleillement est également variable
selon les régions. Il peut être de huit heures par jour dans le Sud du pays
Quiz Connaissez-vous le Canada ? 39
et être quasiment nul à la même période au Nord. D’une façon générale,
le climat froid est dominant dans la majeure partie du Canada et il devient
de plus en plus « rude » au-delà du 50e parallèle nord.
La proximité des océans permet l’émergence de climats plus doux et plus
humides. Le paramètre de l’humidité est essentiel (après la température)
et il varie également selon les régions. La quantité de précipitations (pluie,
neige ou grêle) est plus importante dans le sud du Canada (l’air chaud retient
plus d’eau que l’air froid). L’eau non évaporée est à l’origine de nombreux
cours d’eau. Ces derniers font l’objet d’une exploitation hydroélectrique,
l’une des sources d’énergie majeures du pays.
Les différentes régions climatiques se définissent par la latitude, l’altitude
et la proximité de grands plans d’eau. À titre d’exemple, la ville de Vancouver
ou l’île de Victoria connaissent un climat doux en comparaison de celui
d’une ville comme Winnipeg (Manitoba) à la même saison.
Il est intéressant de souligner quelques caractéristiques des différents
climats canadiens :
–– Le climat de la côte atlantique est frais en été. Les températures
hivernales sont adoucies par l’air atlantique.
–– Les climats continentaux des basses-terres du Québec et de l’Ontario présentent des hivers plus ou moins froids selon la latitude ainsi
que des étés frais au nord et chauds et humides au sud. De fortes
chaleurs avec un air saturé en humidité sont régulièrement observées.
Les précipitations sont relativement abondantes, tout comme les chutes
de neige au nord de Montréal.
–– Le climat subarctique de la vallée du Mackenzie et du corps
principal du bouclier canadien se caractérise par deux mois d’été avec
une température moyenne supérieure à 10 °C et quelques jours chauds
ainsi que par des hivers longs et rigoureux (la température moyenne
est de - 25 à - 30 °C en janvier). Les chutes de neige sont inégales :
il y a peu de neige dans le nord-ouest mais on observe de fortes chutes
de neige et de violentes tempêtes en Ungava (Labrador). Les plateaux
intérieurs de la Colombie-Britannique et du Yukon connaissent un climat
tempéré de montagne au sud (- 5 °C en janvier et 20 à 22 °C en juillet) et
un climat polaire de montagne au nord (de - 15 à - 20 °C en janvier
et de 12 à 15 °C en juillet). Le minimum absolu, - 43 °C, a été relevé
en février 1947 à Snag (Yukon).
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Communiquer et coopérer avec les Canadiens
–– Le climat des Prairies ou « la région de l’horizon à perte de vue » est
de type continental excessif semi-aride avec des étés frais et des hivers
rigoureux, voire très rigoureux.
–– Le climat de la cordillère est alpin, avec de fortes chutes de neige
(10 mètres par an au Parc National du Glacier).
–– Le climat de la côte Pacifique et des montagnes de l’Ouest est plus
tempéré que celui de la façade orientale (côte atlantique). Sur la côte
sud-ouest de la Colombie-Britannique, l’hiver n’est pas très froid et
l’été n’est pas très chaud. Mais cette région reçoit beaucoup de pluies.
Les vents chauds participent à ce climat doux que les reliefs de
la cordillère limitent par leur altitude.
–– Le climat de l’Arctique et de la taïga est polaire et se caractérise
par l’absence d’été et des hivers très froids (minimum absolu de - 53 °C
en janvier) avec peu de neige.
Témoignage
« Je suis arrivé depuis le Maroc à Montréal en plein hiver, pour une mission
de deux ans. J’ai été choqué par les conséquences sur la vie quotidienne et
professionnelle du froid et des fortes chutes de neige auxquelles je n’étais pas
du tout habitué. Même si des moyens importants sont déployés pour dégager
les routes et faciliter la circulation, le climat hivernal complique les déplacements
des équipes et vient souvent bousculer l’agenda. Ce qui m’a le plus frappé,
c’est le calme des Canadiens face aux événements et leur capacité à s’adapter,
à se réorganiser. Ils sont à la fois pragmatiques et créatifs face aux diverses situations qui peuvent se produire. »
Karim, Directeur commercial, Montréal
LLLe Canada et le Protocole de Kyoto
Le Protocole de Kyoto est un traité international signé en 1997. Il est entré
en vigueur en 2005 et vise à la réduction des émissions de gaz à effet
de serre (GES) dans le cadre de la Convention-cadre des Nations Unies
sur les changements climatiques. En 2012, le Canada devait réduire
ses émissions de GES de 6 % par rapport à 1990. Le gouvernement
fédéral conservateur (élu en 2006) risquait de faire face à des pénalités
de 14 milliards de dollars canadiens s’il restait membre sans atteindre
ses objectifs et a donc décidé de se retirer du Protocole de Kyoto.
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