INTRODUCTION AU METAMORPHISME alain Meunier 5 leçons Objets et méthodes L ’acquisition des « fabriques » - les microstructures Les réactions minérales Le rôle de la phase fluide Applications 1ere leçon OBJETS ET METHODES Les Sables d’Olonne – secteur de Cayola 1.1 OÙ TROUVE-T-ON LES ROCHES METAMORPHIQUES? 1.1.1 LES CONTEXTES GEODYNAMIQUES: 1 - la subduction Mouvement et enfoncement modifient les conditions de pression, température, contrainte. 1.1.1 LES CONTEXTES GEODYNAMIQUES: 2 - la collision continentale Mêmes constatations avec en plus la résistance de la plaque continentale subductée à s’enfoncer profondément. Cela provoque la formation de grandes failles qui modifient localement les roches. 1.1.1 LES CONTEXTES GEODYNAMIQUES: 3 - le métamorphisme océanique Hydrothermalisme et métamorphisme modifient les basaltes aussi bien que la lithosphère océanique. Les circulations d’eau sont essentielles. 1.1.1 LES CONTEXTES GEODYNAMIQUES: 4 - le métamorphisme de contact Le facteur métamorphique prédominant ici est le transfert de chaleur du corps magmatique vers son encaissant. Il entraîne la diffusion chimique qui modifie les minéraux. Le métamorphisme lié aux chocs météoritiques est négligeable sur Terre. Il ne sera pas traité ici. 1.1.2 QUEL EST LE POINT COMMUN DE CES CONTEXTES? 1 – le raisonnement 1 - La matière se réorganise à l’état solide sans fusion. 2 - Réorganisation impose transferts chimiques déclenchés par les changements de température et de pression. 3 – Nous pouvons donc décrire ces changements dans l’espace pression – température – force chimique. 4 – L’outil énergétique (J) pour cet espace est donné par l’énergie libre de Gibbs (1906): G = H – TS Entropie (J.K-1) d’où DG = -SdT + VdP + ∑µidni température pression force chimique Barbey & Libourel (2003) Les relations de phases et leurs applications. Des sciences de la Terre aux matériaux, Gordon & Breach, 243 p. 1.1.2 QUEL EST LE POINT COMMUN DE CES CONTEXTES? 2 – la représentation HYDROTHERMAL METAMORPHISM La nature des roches métamorphiques dépend de leur composition chimique X. Il faut ajouter la variable temps: t. LES VARIABLES A CONSIDERER: P, T, X, µx , t. 1.1.2 QUEL EST LE POINT COMMUN DE CES CONTEXTES? 3 – variables intensives et variables extensives Potentiel chimique (J.mol-1) DG = -SdT + VdP + ∑µidni Variables extensives: variables caractérisant un système physique, qui sont proportionnelles à la taille de ce système. Masse, volume, nb d’atomes … Variables intensives: quantités qui ne dépendent pas de la quantité de matière. C'est le contraire d'une variable extensive. Pression, température, potentiel chimique … Le produit d’une variable extensive par une variable intensive est un terme de l’énergie (J). 1.2 LA PRESSION (P) 1.2.2 LA PRESSION 1 - définitions hydrostatic pressure: the pressure caused z by a column of water. In the upper crust of the Earth, there are enough fractures, cracks, and porosity that the fluid within these voids is under hydrostatic pressure. P z g z dz P z 0 0 where is density, g the acceleration of gravity, and z depth material density (g/cm3) density (kg/m3) water 1 1000 sedimentary rock 2.7 2700 lithostatic pressure: the pressure caused mafic rock 3.0 3000 by a column of rock upper mantle 3.3 3300 1 GPa = 10 kbars nonhydrostatic, tectonic stresses have little effect on pressure Typical tectonic stresses in the Earth are <100 MPa, such that a lithostatic pressure of 300 MPa (i.e., ~10 km depth) is affected by less than 30 MPa. 1.2.2 LA PRESSION 2 - pressions hydrostatique et lithostatique For rocks at depth, we use lithostatic pressure. Consider a rock at 3 km depth. Lithostatic pressure F (weight of rock of overlying column). Pl = g h if (density) = 2700 km/m3, g (gravity) = 9.8 m/s2 and h (depth) is 3000 m, Pl = 2700 9.8 3000 = 79.4 106 Pa ~ 80 Mpa ~ 0.8 kb For every km in the Earth’s crust, the lithostatic pressure increases 27 MPa. The lithostatic pressure is equal in all directions (isotropic stress), [s1 = s2 = s32 ] Tout cela décrit la pression isotrope mais est-ce toujours le cas? Notions de contrainte (stress) et de déformation (strain) 1.2.3 LES CONTRAINTES NON ISOTROPES (STRESS) the rocks state of stress: isotropic (lithostatic/hydrostatic) or anisotropic (deviatoric). Ellipsoïde des contraintes s3 s1 s1 s3 Déviateur de contrainte: s1 – s3 If the 3 principal stresses are equal in magnitude = isotropic stress If the principal stress are unequal in magnitude = anisotropic stress Here the greatest stress is called s1, intermediate stress, s2 and minimum stress is called s3 . Here the state of stress is represented by an ellipsoid, not a sphere 1.2.4 LES DEFORMATIONS (STRAIN) 1 – isotrope et anisotrope smean = (s1 + s2 + s3)/3 Isotropic stresses act equally on all directions, resulting in a volume change of the rock . No shear stress peut être négatif Deviatoric stress, changes the shape of the body. The difference between isotropic stress and additional stress from tectonic forcing. 1.2.4 LES DEFORMATIONS (STRAIN) 2 – les 3 types de déformation Ellipsoïde des déformations noncoaxiale coaxiale Déformation non-coaxiale Déformation coaxiale The lines that are perpendicular before and after strain are called Principal Strain Axes. 1.2.5 EXEMPLES DE DEFORMATION 1 - déformation en tension Tension: s3 is negative, and the resulting strain is extension, or pulling apart s1 Fentes de tension s3 original shape strain ellipsoid 1.2.5 EXEMPLES DE DEFORMATION 2 - déformation en compression Compression: s1 is dominant, Plissements folding or more homogenous s3flattening s1 1.2.5 EXEMPLES DE DEFORMATION 3 - déformation en cisaillement Shear motion occurs along planes at an angle to s1 If directed pressure is great enough rocks can break and/or fold s1 s3 schistosité boudinage 1.2.6 NOTION DE MECANIQUE DES ROCHES 1 – principes de base Strain: adimensionnel (% déformation); stress: pression (Pa) Pente = E (module d’Young) • High confining stress hinders the formation of fractures and so reduces brittle properties. • Reduction of brittleness by high confining stress is a second reason why solid rock can be bent and folded by ductile deformation. • Differential stress is stress that is not equal in all directions. La grandeur physique mise en jeu est la viscosité dynamique (h prononcez êta) Pa.s 1.2.6 NOTION DE MECANIQUE DES ROCHES 2 – comportements fragile - ductile A and B have the same elastic deformation, but B experiences larger ductile deformation because the temperature of A is lower than that of B or the confining pressure applied to B is higher than that to B. 1.2.7 APPLICATION: GOUGES ET MYLONITES Shallow fault zone with fault breccia Les Sables d’Olonne Deep fault zone with mylonite 1.2.8 COMPORTEMENTS DE LA CROUTE ET DU MANTEAU 1 – la loi de Byerlee 1.2.8 COMPORTEMENTS DE LA CROUTE ET DU MANTEAU 2 – domaines fragiles et domaines ductiles 1.3 LA TEMPERATURE (T) 1.3.1 LA TEMPERATURE 1 - le gradient géothermique De l’équation de transfert de chaleur on extrait la relation température - profondeur suivante: qs H 2 T z Ts z z k 2k z: profondeur (m) T(z): température à la profondeur z (K) Ts : température de surface (K) qs : flux de chaleur à la surface (W m-2) : densité (g cm-3) H: production de chaleur à la surface (W kg-1) k : conductivité thermique (W m-1 K-1) Qu’est la température? C’est la fonction croissante du degré d’agitation thermique des particules (plus ou moins équivalent au carré d’une vitesse), 1.3.2 LA TEMPERATURE 2 - application à une zone de subduction La plaque subductée entraîne son « froid » en profondeur. Par exemple l’isotherme 600 °C dépasse les 100 km de profondeur. 1.3.4 LA TEMPERATURE 3 - application à une collision continentale L’invagination des isothermes est nettement moins prononcée que dans les zones de subduction car la lithosphère continentale est sans cesse ramenée vers le haut par la poussée d’Archimède du manteau plus dense. L’isotherme 600°C ne dépasse pas 80 km de profondeur. L’épaississement dans la zone de collision accumule les roches de la croûte continentale qui produisent de la chaleur par la désintégration radioactive de U, Th et K. C’est le terme H de l’équation de la température. 1.3.4 GRADIENT GEOTHERMIQUE ET ESPACE P-T Les facies métamorphiques sont définis par l’ensemble des réactions minérales formées dans les conditions P,T similaires (Eskola, 1920) Le gradient géothemique continental (25-30°C km-1) traverse les facies zéolite, schistes verts, amphibolite puis atteint la courbe de fusion des granites hydraté. Le faciès granulite ne s’observe qu’en l’absence d’eau. 1.4 COMPOSITION DES ROCHES (X) – POTENTIEL CHIMIQUE (µX) 1.4.1 LA COMPOSITION DES ROCHES (X) 1 - les séquences (protolites) AMPHIBOLITE MICASCHISTE Lump the common types of sedimentary and igneous rocks into six chemically based-groups 1. Ultramafic - very high Mg, Fe, Ni, Cr 2. Mafic - high Fe, Mg, and Ca 3. Shales (pelitic) - high Al, K, Si 4. Carbonates- high Ca, Mg, CO2 5. Quartz - nearly pure SiO2. 6. Quartzo-feldspathic - high Si, Na, K, Al 1.4.2 LA COMPOSITION DES ROCHES (X) 2 – isochimique ou non-isochimique Un cas extrême, le métamorphisme de contact, nous apprend qu’il y a des transferts de matière macroscopiques. La question est donc: à quelle échelle ces transferts sont-ils opérationnels? C’est au-delà de cette échelle que l’on peut considérer les processus du métamorphisme comme isochimiques. Quelle est la source d’énergie autorisant ces transferts? 1.4.3 LE POTENTIEL CHIMIQUE µX 1 - définition La source d’énergie recherchée est le gradient de potentiel chimique (driving force). Qu’est donc le potentiel chimique? Pour un l’élément i: µi = G°i + RT lnai ; les gaz: µi = G°i + RT lnfi . Il s’exprime en J mol-1 R= NA × kB = 8,314 J mol-1 K-1 In L. L Perchuck (ed.), Progress in Metamorphic and Magmatic Petrology. A Memorial Volume in Honor of D. S. Korzhinskii. Cambridge University Press. Cambridge, pp. 197-245. Photo courtesy G. Zaraisky. Winter (2001) An Introduction to Igneous and Metamorphic Petrology. Prentice Hall. marbre granodiorite Si, Mg Ca 1.4.3 LE POTENTIEL CHIMIQUE µX 2 – état idéal – non-idéal Cas général d’une réaction chimique: aA + bB = cC + dD c d C D P et T constants, a b A B donc RTlnK = RTln{c(aC)d(aD)/a(aA) b(aB)} a a K= a a non-ideal solutions An activity coefficient is a variable factor which expresses the degree of non-ideality of the solution (equal to 1 for ideal solutions): log10gi = -Azi2I1/2 zi: charge on ion I (1,2,3…) A: solvent constant (Awater = 0.509 kg1/2mol-1/2) I: ionic strength of the solution (mol1/2kg-1/2) I = 1/2Simizi2 mi: molality of i (mol kg-1) 1.4.4 LA COMPOSITION DES FLUIDES Réaction de dévolatilisation : muscovite + quartz orthose + silicate d’alumine + eau Si3Al3O10(OH)2K + SiO2 Si3AlO8K + Al2SiO5 + H2O la température à laquelle la réaction se produit varie avec la teneur en eau du fluide: XH2O = [H2O]+[CO2]/[H2O] 1.5 LE TEMPS (t) 1.0 1.0 400 0.8 0.8 300 0.6 200 0.4 100 0.2 Pression GPa 500 Pression GPa Température °C 1.5.1 TRAJETS PROGRADE ET RETROGRADE 1 – les trajectoires temporelles P,T,t 2 0.6 0.4 1 t pro tr a ad gr e je 0.2 t t0 t1 t2 Temps t3 100 200 300 et r aj rét ra r og de 3 400 Température °C 3 étapes: 1 - trajet prograde: P et T augmentent simultanément, 2 - boucle: P décroît tandis que T augmente, 3 - trajet rétrograde: P et T décroissent simultanément. 500 1.5.1 TRAJETS PROGRADE ET RETROGRADE 2 – les évidences pétrographiques Trajet prograde: formation de la staurotide muscovite staurotide Trajet rétrograde: remplacement d e la staurotide par la muscovite. 1.5.2 LES DIFFERENTES TRAJECTOIRES P,T,t b 18 16 fusion en régime saturé d'eau Pression kbar 14 12 10 10 fusion 8 Pression kbar a 20 Dis 6 4 2 Sil 3 2 trajectoire P,T,t antihoraire 0 And 100 200 300 400 500 600 700 800 900 1000 Température °C 8 6 4 2 0 trajectoire P,T,t horaire 1 Dis And trajectoire P,T,t horaire Sil TRAJECTOIRES P, T, t 100 200 300 400 500 600 700 800 900 1000 Température °C CONSEQUENCES? Quelles seraient les roches métamorphiques de la séquence pélitique correspondant aux échantillons 1, 2 et 3? 1.5.3 LE GRADIENT METAMORPHIQUE Le gradient métamorphique est représenté par le lieu géométrique des températures maximales atteintes par les roches d ’une série métamorphique. Nicollet (http://christian.nicollet.free.fr/) 1.6 L’ANATEXIE – LIMITE DU METAMORPHISME 1.6.1 LA FUSION COMMENÇANTE DES ROCHES: MIGMATITES À ce stade, les biotites ne fondent pas. gneiss mélanosome leucosome Les Sables d’Olonne – secteur du Bois Saint Jean 1.6.2 LA FUSION DES BIOTITES (MIGMATITES) À ce stade, les biotites fondent donnant un liquide granitique. gneiss biotites + grenats quartz + feldspaths Les Sables d’Olonne – secteur de Cayola 1.6.3 LA LIMITE DU METAMORPHISME 1 – le contrôle de la fusion commençante les conditions P, T de l’anatexie dépendent de la présence d’eau (µH2O) 12 courbe de fusion en régime saturé d’eau) P=PH2O (kb) 8 4 0 Dans l’espace P-T, la pente des courbes est donnée par l’équation de Clapeyron: dP/dT = DS/DV 600 700 800 Température (°C) 12 P=PH2O (kb) 8 Mu + Pl + Qz courbe de déshydratation) 4 0 Fels K + Sil Al + Vap 600 700 Température (°C) 800 Les pentes des courbes de fusion et de déshydratation sont inverses. Elles ont donc nécessairement un point d’intersection dans l’espace P-T. 1.6.3 LA LIMITE DU METAMORPHISME 2 – fusion des biotites 4 0 600 700 800 Température (°C) La quantité de liquide magmatique produite augmente considérablement: granites d’anatexie. Les biotites fondent à température plus élevée et pression plus basse. 100 % de magma 8 Fels K + Gr + Vap Bi + Pl + Sil Al + Qz P=PH2O (kb) 12 Fusion biotite Fusion muscovite Fusion progressive minéraux anhydres (% magma augmente progressivement avec T°C) 50 0 700 800 900 T (°C) 1000 1100 1200 1.6.4 LES GRANITES D’ANATEXIE from Barbey P. & Libourel G. 2003 température (°C) 600 700 2 800 10 GRANITES + + + 4 6 qz mu liq afkfs H2O phl qz ab + + + + 20 12 pression (kb) mu qz ab liq sil/ky + + + + + + + qz afkfs liq H2O liq en kfs phl qz + MIGMATITES + liq en akfs + 8 10 900 + + + + + + + + + + 30 + + + + GRANULITES + 40 profondeur (km) 1.7 MINERAUX MARQUEURS DE L’INTENSITE DU METAMORPHISME 1.7.1 LE DOMAINE DE STABILITE 1 – la théorie 1.7.1 LE DOMAINE DE STABILITE 2 – la position du point triple 4,5 kb – 550°C (Pattison, 1992) 3,8 kb – 500°C (Holdaway, 1971) 1.7.2 LES INCERTITUDES SUR LA PRESSION 1 – gradients de pression locaux Interface solide-solide Faible compression Forte compression Interface solide-fluide Chemin de diffusion La diffusion est déclenchée par des différences de potentiel chimique entre les interfaces solide-solide et solide-fluide, Les chemins sont dans les 2 sens et le transfert des éléments dépend des concentrations locales, Llana-Fùnes et al. 2012 Contrib. Mineral. Petrol. 1.7.2 LES INCERTITUDES SUR LA PRESSION 2 – influence sur les reactions minérales Le stress modifie très fortement les conditions des réactions minérales par l’établissement de gradients de pression localisés entre faces exposées à la pression de confinement et faces en contact avec les fluides, (Wheeler, 2014, Geology, 42, 8, 647-650. Gradient de pression = Pression confinement – Pression de fluide Gradient de pression 50 MPa Pression isotrope 130 °C CONCLUSION alors, que faire? Ce cours est une simple initiation aux grands principes qui régissent le métamorphisme. Cela dit, il n’a de sens que si on arrive à les maîtriser par le biais d’exercices d’application: - observation et interprétation des structures – identification des minéraux, - compréhension des lois des réactions minérales (équilibres, cinétique), - lecture et construction de diagrammes de phases. QUELQUES REFERENCES Nicollet C. (2010) Métamorphisme et géodynamique. Dunod, 288 p. http://christian.nicollet.free.fr/page/enseignement/licencemetam.html Barbey P. & Libourel G. (2003) Les relations de phases et leurs applications. Des Sciences de la Terre aux matériaux. Collection Géosciences G.B., 243 p. Best M.R. (2011) Igneous and metamorphic petrology. Blackwell, 729 p. 1.2.8 COMPORTEMENTS DE LA CROUTE ET DU MANTEAU 3 – la lithosphère fragile- ductile