ÉCHOS DES SERVICES NEUROPÉDIATRIE Maladies métaboliques L’alimentation comme traitement pour éviter le retard mental Si les maladies du métabolisme brillent par leur diversité, elles sont heureusement rares. Les traitements sont complexes, parfois inexistants. L’alimentation joue néanmoins un rôle important pour nombre d’entre elles. ous sommes ce que nous mangeons… C’est d’autant plus vrai pour Thomas qui ne mange jamais de viande, de poisson, de laitage, de pâtisserie, de pain… Lorsqu’il fait ses emplettes, le tour du rayon alimentation est vite bouclé: des fruits, quelques légumes et le tour est joué ! On l’aura compris, Thomas doit suivre un régime alimentaire ultra strict et ce, durant toute sa vie. Un régime qu’il suit déjà depuis la maternité, depuis que les analyses effectuées quelques jours après sa naissance ont révélé une trop grande concentration de phénylalanine dans son organisme. L'accumulation de cet acide aminé et de ses dérivés toxiques provoque une dégradation progressive et irréversible du cerveau qui entraîne à terme un retard mental important, indique le Dr MarieCécile Nassogne, neuropédiatre. Les enfants atteints d’une phénylcétonurie classique qui ne suivent aucun régime alimentaire N UNE ÉQUIPE POUR CHAQUE PATIENT La consultation pluridisciplinaire des maladies métaboliques est assurée par le Dr Marie-Cécile Nassogne, neuropédiatre, Martine Dassy, diététicienne, Alix de Bohan, assistante de pédopsychiatrie, et Astrid Perron, assistante sociale. Cette équipe travaille en étroite collaboration avec le laboratoire des Maladies métaboliques dirigé par le Pr M-F Vincent. Rens.: Dr Marie-Cécile Nassogne,: [email protected], tél.: 02/764 52 72. Des recettes à gogo Les diététiciennes des sept centres des maladies métaboliques belges se sont réunies afin d’éditer un nouveau livre de recettes à base de produits hypoprotéinés. Un fascicule explicatif sur la maladie et le régime alimentaire est également en cours d’élaboration. Rens.: Martine Dassy, [email protected], tél.: 02/764 75 09. présentent des difficultés sévères de développement avec un langage pauvre et des troubles majeurs du comportement. Beaucoup doivent être placés en institution spécialisée dès les premières années de vie. S’ils sont bien suivis par contre, les enfants traités dès la naissance ne présentent aucun symptôme, rassure la neuropédiatre. Haro sur les protéines Pour limiter l'apport en phénylalanine, Thomas doit donc recourir à des produits spéciaux distribués en pharmacie et capables de couvrir ses besoins nutritionnels. Les difficultés sont nombreuses car quasiment tous les aliments contiennent des protéines et par conséquent de la phénylalanine, explique, Martine Dassy, diététicienne. Les parents d’enfants atteints de cette maladie doivent être très vigilants. Au début, ils ont du mal à accepter la situation, mais avec le temps, tout rentre dans l’ordre: la confiance s’ installe et les bonnes habitudes se prennent au fur et à mesure de la diversification alimentaire du bébé. L’objectif à ce stade: dédramatiser la situation tout en faisant respecter les règles d’hygiène alimentaire ! C’est important car jusqu’à 7 ans environ le cerveau est en plein développement! Bilan pluridisciplinaire La phénylcétonurie fait partie de la grande famille des maladies du métabolisme. Et si ces maladies sont effectivement nombreuses, elles sont aussi pour la plupart très rares (exemple: dix phénylcétonuriques naissent chaque année en Belgique). Afin d’aider les parents et les enfants confrontés à ce type de pathologie, une consultation pluridisciplinaire a été lancée dans le Service de neuropédiatrie en janvier dernier. Instaurée dans le cadre d’une convention établie avec l’INAMI il y a quelques années, cette consultation propose un bilan médical, psychologique, diététique et social complet en une après-midi. Une soixan- LES MALADIES MÉTABOLIQUES : UNE FAUSSE NOTE DANS LA PARTITION Bien que le corps humain soit une petite merveille des dérapages existent. Un enzyme manque, un acide aminé fait défaut et voilà que tout bascule. C’est notamment le cas pour les maladies métaboliques. Certaines réactions biochimiques ne se déroulent pas comme prévu: une accumulation de substances toxiques apparaît et provoque de graves conséquences pour le développement. Dans la majorité des cas, l’origine des maladies métaboliques est génétique. Les traitements actuels sont basés sur différents types de régime alimentaire, suppléments en vitamines et prise de médicaments épurateurs. Des recherches sont en cours, d’autres modalités de traitement font progessivement leur apparition: la transplantation d’hépatocytes (lire BIC 100), le génie génétique… taine de patients sous régime alimentaire particulier sont actuellement pris en charge dans le cadre de cette convention, indique le Dr Nassogne. Ils sont hospitalisés ou suivis en ambulatoire avec, si nécessaire, une prise en charge dans un établissement scolaire spécialisé. Si la phénylcétonurie est une maladie métabolique relativement «facile» à contrôler, ce n’est pas le cas pour quantité d’autres maladies métaboliques pour lesquelles il n’existe encore aucun traitement. Ces maladies évoluent mal et plongent bien souvent les familles dans le plus grand désarroi. En cause : la difficulté de vivre au quotidien avec ces enfants qui souffrent de nombreux handicaps et qui nécessitent des soins adaptés. Encore faut-il trouver un lieu de prise en charge adéquat… ■ XL BIC 105 ● septembre - octobre 2003 - 5