Communiqué de la BCL (pdf - 32 Ko)

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COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Luxembourg, le 18 juillet 2014
PROJECTIONS MACROÉCONOMIQUES DE JUIN 2014 DE LA BCL:
L’EMBELLIE ÉCONOMIQUE TEND À S’AFFIRMER, MAIS DIVERS
FACTEURS DE RISQUE DEMEURENT
Le présent communiqué porte exclusivement sur les projections macroéconomiques de juin
2014 de la BCL. Dans la droite ligne du communiqué de la BCL du 16 juin 2014 (« Analyse
détaillée des finances publiques par la BCL : publication différée, en attente d’informations sur
les finances publiques de la part du Gouvernement »), il ne renferme aucune référence directe
aux finances publiques luxembourgeoises.
Les projections macroéconomiques commentées ci-dessous doivent dans ce contexte de
transmission «à géométrie variable » des données statistiques officielles être considérées avec
prudence. Les variables faisant l’objet des projections et l’analyse des risques entourant ces
dernières sont bien entendu fragilisées par la carence de la part du Gouvernement sur le plan
de la transmission de certaines informations sur les finances publiques demandées par la BCL.
Les nouvelles projections macroéconomiques de la BCL sont résumées au tableau suivant et
commentées en détail en annexe. Les projections précédentes datent de décembre 2013.
Depuis ce dernier exercice, le contexte européen a plutôt favorablement évolué. La demande
internationale adressée au Luxembourg ne s’améliorerait cependant que modérément en 2014
et 2015 par rapport aux projections de décembre 2013.
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Tableau 1 : Projections macroéconomiques de juin 2014 de la BCL*
Projections de juin 2014 de la BCL
Révisions
par
rapport
à
décembre 2013**
2013
2014
2015
2016
2013
2014
2015
PIB réel (%)
2,1
2,4 – 3,0
1,8 – 3,8
2,1 – 4,1
0,2*
0,7*
0,8*
Emploi salarié (%)
1,8
2,0
2,1
2,3
0,0
0,7
0,6
Taux de chômage (%)
6,9
7,1
7,0
6,8
0,0
0,0
-0,2
Coût salarial moyen (%)
3,1
2,5
3,3
3,0
0,6
-0,1
0,0
IPCH (%)
1,7
1,0
2,4
1,8
0,0
-0,2
0,6
IPCH excluant l'énergie (%)
2,4
1,8
2,9
2,3
0,0
-0,3
0,6
IPCN (%)
1,7
1,0
2,4
1,8
0,0
-0,3
0,6
Sources : Statec, BCL.
* : Sur la base des informations disponibles à la date du 21 mai 2014.
** : Révisions en termes de points centraux (point central de la fourchette de juin 2014 moins le point
central de celle de décembre 2013).
Au niveau national, les plus récentes estimations des comptes nationaux annuels confirment les
anticipations antérieures d’une croissance proche de 2% en 2013. La dynamique trimestrielle
du PIB en volume au cours de l’année 2013 serait néanmoins un peu plus favorable
qu’escompté en décembre 2013, ce qui donne lieu à un acquis de croissance plus élevé pour
l’ensemble de l’année 2014.
L’embellie économique s’est affirmée au cours des premiers mois de 2014. Le secteur financier
continue à profiter du retour graduel de la confiance sur les marchés financiers, dont a
témoigné la poursuite de la progression des marchés boursiers au cours des premiers mois de
2014. Fort logiquement, la valeur nette d’inventaire des OPC a tiré profit de cette évolution au
cours des quatre premiers mois de 2014.
Les nouvelles s’améliorent aussi graduellement pour le secteur non financier. Ce constat se
base essentiellement sur le marché du travail, dont les données signalent une amorce de
revirement. Il convient en particulier de noter l’accélération de la progression en glissement
annuel de l’emploi salarié et les inflexions favorables observées dans l’intérim.
L’amélioration conjoncturelle ne peut occulter les faiblesses structurelles qui se pérennisent
depuis le début de la crise. Le taux d’utilisation des capacités de production dans l’industrie
manufacturière demeure proche de son creux historique. En ce qui concerne le secteur
financier, la mise en œuvre de nombreuses règlementations pourrait porter préjudice à la
rentabilité des banques, ce qui ne resterait pas sans conséquences sur l’emploi. L’abolition
partielle du secret bancaire à partir de 2015 risque d’engendrer une perte de revenus qui
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semble a priori gérable pour la place financière. L’impact total de cette mesure est toutefois
particulièrement difficile à cerner.
Au niveau européen, la résolution des nombreux défis rend fort improbable que la croissance
de l’activité renoue avec son rythme d’avant la crise. Dans de telles conditions, il ne semble
guère réaliste de tabler sur un retour à la croissance tendancielle historique dans un futur
proche au Luxembourg.
En 2013 la croissance du PIB en volume reposait principalement sur le rebond du commerce
international, alors que la demande domestique avait légèrement reculé. L’année 2014 serait
marquée par une croissance plus vigoureuse, mais également plus équilibrée. Les exportations
de biens et services continueraient à se raffermir dans un contexte européen plus propice.
Cette évolution s’accompagnerait de surcroît d’une demande domestique renouant avec la
croissance, portée principalement par un marché de l’emploi robuste et corrélativement par une
consommation privée plus vigoureuse.
La progression du coût salarial demeurerait modérée en dépit de la robustesse du marché du
travail, le chômage étant toujours élevé en perspective historique et la reprise économique
demeurant fragile et assez contenue. Le scénario de base en matière de coûts salariaux tient
par ailleurs compte du récent accord conclu dans le secteur bancaire, qui prévoit un gel des
salaires barémiques sur une période de trois ans.
L’inflation globale définie sur la base de l’IPCH et de l’IPCN serait modérée en 2014 et plus
faible qu’escompté dans les projections de la BCL de décembre 2013 sous l’influence
déterminante de deux facteurs, à savoir d’une part des prix administrés n’ayant pas été adaptés
en début d’année et d’autre part l’impact baissier des biens alimentaires et des biens industriels
non énergétiques. Même s’ils afficheraient toujours une diminution en 2014, les prix
énergétiques seraient quant à eux légèrement plus élevés qu’escompté en décembre 2013.
L’inflation repartirait nettement à la hausse en 2015 (avant de décroître à nouveau en 2016), le
Gouvernement ayant décidé de relever de 2 points les taux de TVA de 6%, 12% et 15% à
respectivement 8%, 14% et 17%. Cette mesure, qui constituait le principal facteur de risque lors
des exercices précédents, exerce un impact théorique et mécanique de l’ordre de 1 point de
pourcentage sur le taux d’inflation. Il convient de noter que les projections reposent sur une
transmission intégrale aux prix de la hausse des taux de TVA, mais avec des impacts
légèrement différés dans le temps selon la composante.
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Avec le recul de l’inflation globale en 2014, le paiement de la prochaine tranche indiciaire
s’éloignerait de la fin 2014 au début 2015. La modulation du mécanisme d’indexation, qui est
d’application jusqu’à la fin 2014, ne serait donc plus contraignante.
Les projections macroéconomiques de la BCL de juin 2014 sont entourées de divers facteurs
de risque. Les conséquences de la crise financière en Europe n’étant pas encore
définitivement amorties, il subsiste un risque pesant sur les perspectives macroéconomiques du
Luxembourg. A priori, ces aspects ne jouent pas de rôle direct pour le scénario du Luxembourg,
qui demeure cependant exposé aux répercussions d’un possible ralentissement économique
chez ses partenaires commerciaux.
Le secteur bancaire est en outre confronté au nécessaire renforcement de la régulation et de la
supervision bancaire. Ces mesures sont de nature à renforcer la solidité du secteur bancaire,
mais elles se soldent aussi par des coûts de mise en œuvre ainsi que par une hausse du coût
du capital qui entravent la rentabilité des banques et risquent du coup de peser sur l’emploi.
L’abolition partielle du secret bancaire d’ici 2015 devrait, du moins dans un premier temps,
également exercer un impact défavorable sur la place financière. Celui-ci pourrait s’avérer plus
important qu’il n’est admis dans le scénario sous-jacent.
La nécessaire consolidation budgétaire au niveau européen constitue un facteur additionnel de
risque. Le scénario actuel pour l’Union européenne fait état d’une amélioration des déficits
publics et ce dans la plupart des Etats membres, mais le déficit public projeté pour la zone euro
serait toujours en moyenne de 2,3% en 2015 selon les projections de juin 2014 des services de
l’Eurosystème.
En ce qui concerne les risques pesant sur l’inflation au Luxembourg, l’hypothèse de travail est
que les entreprises vont répercuter intégralement (mais pas instantanément) la hausse des taux
de TVA sur leurs prix de vente. Cette hypothèse est probablement réaliste, car l’ajustement des
taux de TVA est permanent. Elle l’est aussi pour certains prix comme par exemple les prix de
l’énergie, où les prix sont fixés selon une formule standardisée. Elle l’est peut-être moins pour
les prix de biens et services exposés à un environnement fortement concurrentiel. En
conséquence, il n’est pas exclu que l’impact effectif de la hausse des taux de la TVA soit plus
faible ou plus étalé dans le temps. Une telle constellation repousserait les hausses de l’échelle
mobile des salaires et engendrerait du même coup également une dynamique différente pour le
coût salarial moyen.
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