Institut UTINAM – UMR CNRS 6213 UFR Sciences et Techniques - 16, Route de Gray 25030 BESANCON Cedex Groupe Dynamique des Structures Complexes Contacts : POUTHIER Vincent et YALOUZ Saad Tél.: (33) 03 81 66 64 77 [email protected] Objet : Travail d’étude : Licence Physique/Chimie 3ième année La décohérence quantique : comment l’apparence classique du monde émerge-t-elle d’une description quantique. La mécanique quantique repose sur des postulats qui, mis les uns ou bout des autres, forment une recette de cuisine pour appréhender les phénomènes physiques à l’échelle atomique et/ou moléculaire. Depuis plus d’un siècle, l’utilisation de cette recette quantique fut couronnée par de nombreux succès et l’on peut citer à titre d’exemple l’explication de la stabilité atomique, la formation des édifices moléculaires, la super-fluidité, la supraconductivité, l’étude des semi-conducteurs, l’effet transistor, le laser… Ces succès ont bouleversé la société humaine et permis une multitude de progrès dans des domaines tels que les technologies de l’information (téléphonie, informatique …) et la médecine (IRM). Dans ces conditions, on pourrait penser que la mécanique quantique ne possède plus de secrets pour la personne qui connaît les fameuses recettes sur le bout des doigts. Mais ce serait oublier le lourd problème que pose l’interprétation des postulats fondamentaux de la physique quantique. A ce sujet, Richard Feynman1 disait d’ailleurs : « Je crois pouvoir affirmer sans me tromper que personne ne comprend la mécanique quantique ». Cachés derrière un cadre mathématique plus ou moins abstrait (espace des états, kets, équation de Schrödinger…), les postulats fondamentaux montrent qu’une description quantique conduit souvent à des idées non intuitives apparemment en opposition avec la vision classique du monde qui nous entoure. L’exemple le plus frappant est bien sûr le principe de superposition : ne serait-il pas surprenant de décrire l’état d’un enfant comme étant à la fois en classe et en récréation ! De la même manière, comment concevoir un monde dans lequel un objet ne serait ni une onde, ni une particule mais plutôt soit l’une ou soit l’autre selon comment on le regarde. Enfin, même si la notion de hasard se retrouve dans la description classique du monde, ce hasard est souvent perçu comme la mesure de notre ignorance. En revanche, même pour le plus simple des systèmes traité de manière quantique, on ne peut prédire le résultat d’une mesure : le hasard est inhérent à la théorie quantique. Albert Einstein lui-même n’a jamais admis ce caractère absolu du hasard ce qu’il exprima à Max Born en lui disant : « Tu crois en un Dieu qui joue aux dés, et moi en une loi et un ordre complet ». 1 Prix Nobel de Physique en 1965 et père de l’électrodynamique quantique Dans ce contexte, la théorie de la décohérence, relativement jeune dans sa formulation moderne, permet de faire le lien entre théorie quantique et théorie classique. Elle montre en particulier comment notre vision classique du monde émerge bel et bien d’une description quantique d’un système lorsque l’on prend soin de considérer le couplage de celui-ci avec son environnement. Dans ce stage de nature plutôt bibliographique, nous proposons aux étudiants de redécouvrir (ou de découvrir) la mécanique quantique à travers des textes simples. Tout d’abord, il s’agira de revenir sur les postulats fondamentaux et de prendre conscience des conséquences étranges de ces derniers (hasard, principe de superposition, principe d’incertitude, réduction du paquet d’onde, intrication). Ensuite, le problème posé par l’acte de mesure sera analysé (le fameux chat de Schrödinger mort et vivant à la fois !). Enfin, nous verrons comment la théorie de la décohérence permet d’expliquer la destruction des superpositions d’états et ainsi de réconcilier théorie quantique et vision classique (le chat est soit mort soit vivant, mais pas les deux !).