5 LE MARCHÉ DU TRAVAIL Dans une perspective libérale, le travail est un facteur de production vendu sur un marché selon les lois de l’offre et de la demande (voir fiche 20). La fiche 2 a analysé l’évolution de l’offre de travail (la population active). Penchons-nous ici sur le fonctionnement du marché du travail, puis sur l’évolution de la demande de travail. STRUCTURES ET FONCTIONNEMENT q Le fonctionnement théorique du marché du travail En adoptant l’analyse néoclassique du marché du travail, on est amené à considérer l’offre de travail (celle de la population L’OFFRE ET LA DEMANDE DE TRAVAIL active) et la demande (celle du système Salaire horaire (S) productif : entreprises, administrations) comme étant fonction du prix du travail. Offre Lorsque celui-ci s’accroît, c’est-à-dire quand le salaire horaire augmente, les actifs potentiels sont incités à renoncer à l’oisiveté. Une hausse des salaires entraîne donc un accroissement de l’offre de travail, Se c’est-à-dire de la population active; ce phénomène se traduit par un déplacement vers le haut le long de la courbe d’offre de travail (➚) et, inversement, une diminution Demande du salaire provoque un déplacement vers le bas le long de la courbe ( ). Qe Quantité de travail (Q) La demande de travail évolue de manière inverse à la variation du salaire. Ainsi, une augmentation du salaire incite les entreprises à limiter leur emploi de travailleurs, donc provoque un déplacement vers le haut le long de la courbe de demande ( ) : les firmes économisent le facteur travail devenu plus coûteux, en lui substituant du capital. En cas de baisse du salaire, c’est le phénomène inverse qui se produit : les entreprises embauchent de nouveaux travailleurs car le coût du travail devient attractif. On aboutit à un déplacement vers le bas le long de la courbe de la demande de travail (➘). q L’équilibre du marché du travail Lorsque la demande et l’offre de travail sont égales, au point d’intersection des courbes sur le graphique (Qe, Se), on dit que le marché du travail est équilibré (situation de plein-emploi). Lorsque les quantités demandées sont supérieures aux quantités offertes (en dessous du point d’équilibre), il y a pénurie d’actifs, comme pendant les Trente Glorieuses. Quand les quantités demandées sont inférieures aux quantités offertes (au-dessus du point d’équilibre), il y a chômage (sous-emploi). 18 LA DEMANDE DE TRAVAIL q Les aspects quantitatifs La définition de la productivité (fiche 7) permet de comprendre de quelles variables dépendent les quantités de travail demandées par les entreprises. En effet, en réalisant un « produit en croix », on arrive à la relation suivante : Population active occupée = Production ou PIB Durée du travail x Productivité horaire La demande de travail des entreprises dépend de leur activité, en d’autres termes de la croissance économique. Mais d’autres variables agissent également : la durée du travail influe sur la demande de travail, car une baisse de la durée du travail entraînerait, toutes choses égales par ailleurs, une augmentation de la demande de travail. De même, une augmentation de la productivité provoquerait, si aucune autre variable ne se modifie, une baisse de la demande de travail. Les entreprises augmentant l’efficacité du travail, elles n’ont plus besoin d’employer autant Travail et emploi de travailleurs. Dans la réalité, les choses sont plus complexes, car ces variables Considérer le travail comme une maragissent en même temps. Ainsi, la France chandise s’échangeant sur un marché suppose que le produit vendu soit homoa connu pendant les Trente Glorieuses une gène. Pour le travail, cette condition croissance économique très forte (autour n’est pas respectée : l’heure de travail de 5 % de croissance par an des richesses d’un ingénieur n’est pas équivalente à créées) accompagnée de gains de produccelle d’un manœuvre. Il faudrait donc tivité élevés, mais moins importants : la plutôt évoquer plusieurs marchés du travail, chacun confrontant une offre et demande de travail des entreprises a augune demande d’un travail particulier, et menté durant cette période, aboutissant à faire une analyse non plus en termes de des créations massives d’emplois. q Les aspects qualitatifs travail, mais d’emploi. Celui-ci est défini comme l’utilisation du temps de travail dans un cadre précis : statut professionnel (indépendant ou salarié), niveau de qualification, responsabilités… La demande de travail des entreprises se modifie également qualitativement, c’est-à-dire dans sa composition. Pour revenir à l’exemple précédent, pendant les Trente Glorieuses, la croissance extensive organisée dans un cadre taylorien (voir fiche 12) nécessitait une main-d’œuvre industrielle spécialisée, formée hâtivement, capable de reproduire toujours les mêmes gestes, avec des cadences accélérées. L’évolution des techniques de production impose désormais le recours à des travailleurs plus qualifiés, capables d’autonomie et de prise en charge des incidents mineurs. Mais l’évolution technique n’agit pas que directement. Les mutations sectorielles (voir fiche 16) transforment également les exigences du système productif : la tertiairisation entraîne ainsi une demande accrue de personnel administratif, commercial, de recherche… et un tassement des emplois industriels d’exécution. Plus récemment, le développement des loisirs et des services aux ménages a créé des postes d’employés non qualifiés. 19