Robotique et image se marient pour la chirurgie mini

publicité
La Tribune.fr
30 septembre 2016
Robotique et image se marient pour la chirurgie mini-invasive
(Crédits : Vincent Kessler)
STRASBOURG (Reuters) - L'institut hospitalo-universitaire de Strasbourg (IHU), un centre
de soins, de recherche et de transfert de technologies en chirurgie mini-invasive qui permet
de repousser les limites des techniques opératoires sans ouverture des corps, ouvrira la
semaine prochaine des blocs opératoires futuristes.
"Notre plateforme clinique est unique au monde", dit Jacques Marescaux, directeur général
et initiateur de l'IHU, en évoquant la capacité qu'elle offrira de "tout analyser pendant
l'intervention, l'IRM, le scanner, les échographies 4D, etc."
Classé premier ex-aequo parmi les six projets d'IHU retenus en 2011 par le programme
gouvernemental des Investissements d'avenir, il allie la robotique à l'imagerie numérique.
Qu'elles servent à la formation ou aux interventions, les technologies de l'image sont
omniprésentes dans les neuf salles d'opération dédiées aux pathologies de l'appareil digestif
: écrans aux murs, caméras au plafond, appareils d'imagerie médicale installés à portée du
champ opératoire.
Partenaire et matrice de l'IHU, l'Institut de recherche contre les cancers de l'appareil digestif
(Ircad), que ce professeur en chirurgie digestive a créé et dirige depuis 22 ans, s'est forgé
une réputation internationale en chirurgie mini-invasive, discipline dans laquelle il a formé
5.200 chirurgiens l'an dernier.
La chirurgie laparoscopique (endoscopie appliquée à la cavité abdomino-pelvienne), qui
consiste à introduire une caméra et des outils miniaturisés dans le corps du patient par de
simples incisions et par les voies naturelles, suppose une instrumentation sophistiquée mais
également une vision optimale.
RÉALITÉ AUGMENTÉE
Pour passer à une "réalité augmentée", "il fallait que les machines du département de
radiologie migrent dans celui de chirurgie", souligne Jacques Marescaux.
Le Zeego est, à ce titre, la star du bloc opératoire. Ce scanner robotisé, qui se présente
comme une énorme pince articulée, peut effectuer en une seconde le tour du patient pour
offrir au chirurgien une image de ses organes en 3 D et qu'il pourra superposer à celle du
champ opératoire.
Siemens, qui a conçu cette machine pour la cardiologie interventionnelle, est l'un des
principaux partenaires de l'IHU, avec Storz, autre entreprise allemande spécialiste des
instruments d'endoscopie.
Les Américains Medtronic et Intuitive Surgical, leader mondial des robots de chirurgie miniinvasive, dont la dernière version du "da Vinci" équipe l'IHU, ont installé de leur côté un
centre de formation à l'Ircad, qu'une passerelle et 400 fibres optiques relient au nouvel
institut.
Fondation de coopération scientifique, l'IHU strasbourgeois a été doté d'un capital de 70
millions d'euros par l'Etat mais dispose d'un budget de 220 millions d'euros sur dix ans,
programme de recherche inclus, avec l'apport du privé.
Le nouveau bâtiment, voisin du nouvel hôpital civil dont il constitue le pôle de chirurgie
hépato-digestive, représente 100 millions d'euros dont 60 en équipements apportés par les
industriels, 40 pour la construction de 13.000 m2 payée par les collectivités territoriales et les
fonds européens.
6.000 PATIENTS PAR AN
Quelque 6.000 patients y seront traités par an et inscrits dans un protocole de recherche
clinique ou médico-économique.
Avec ses partenaires de recherche privés et publics dont l'Inria (Institut national de
recherche en informatique et en automatique) et ICube (Laboratoire des sciences de
l'ingénieur, de l'informatique et de l'imagerie), l'IHU s'attaque notamment au développement
d'un robot compatible IRM scanner ou d'un robot d'endoscopie flexible, mais pas seulement.
Il veut également étudier les parcours de soins et le rapport coût-bénéfice d'une chirurgie de
moins en moins traumatisante mais aux technologies de plus en plus onéreuses. Un Zeego
coûte environ 500.000 euros, un da Vinci dernière génération, autour de deux millions.
L'IHU ne disposera d'aucune chambre - l'hôpital peut y suppléer - et privilégiera les parcours
ambulatoires, offrant au patient opéré la possibilité de demeurer 24 ou 48 heures dans un
"hospitel", structure hôtelière adaptée où ses paramètres médicaux seront surveillés à
distance.
"Ce qui est cher, en chirurgie, c'est la complication. On va facilement prouver qu'avec les
thérapies mini-invasives, le malade va être mieux traité, plus rapidement, avec le moins
d'hospitalisation possible, donc moins de risques de maladies nosocomiales et moins de
complications", dit Jacques Marescaux.
(Edité par Yves Clarisse)
Gilbert Reilhac
Téléchargement