CONSOMMATION – ETAT DE LA BRANCHE

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CONSOMMATION – ETAT DE LA BRANCHE 2008
I. La consommation en Suisse en 2008
1) Contribution continue de la consommation privée des ménages à la croissance
économique
Le produit intérieur brut réel (PIB) 2008 s’est élevé à 488,3 milliards de francs (480,5
milliards de francs en 2007). Soit une progression de 1,6% (3,3% en 2007). La
consommation privée est la principale et la plus stable composante du PIB (environ 60%).
En France, cette part est de 55%, de 70% aux Etats-Unis. Elle a représenté un montant de
284,7 milliards de francs en 2008 (279,9 milliards en 2007), soit une progression de 1,7%
(2% en 2007).
La croissance des dépenses de consommation privée en 2008 s’est établie comme suit:

1er trimestre: +0,4%. La croissance de la consommation privée s’est avérée un peu
plus faible qu’aux trimestres précédents, mais les signes de ténacité ont perduré dans
un contexte d’incertitude croissante quant à l’évolution des prix et de la conjoncture.
Les consommateurs se sont montrés peu inquiets pour leur propre situation financière.

2e trimestre: +0,6%. Les dépenses de consommation ont augmenté sensiblement en
comparaison de la croissance relativement modeste du premier trimestre et en raison
de l’effet exceptionnel d’une montée en flèche des dépenses des ménages pour
l’habitat, le logement et l’énergie.

3e trimestre: +0,3%. Bien que moins marquée qu’au 2e trimestre, la consommation
privée a encore largement soutenu la croissance. La solidité dont a fait preuve la
consommation privée dans un contexte d’incertitude économique grandissante a été
stimulée par le dynamisme du marché de l’emploi. Les produits des branches comme
le mobilier, la culture, les loisirs, l’habillement, les transports et les télécommunications
ont été consommés en quantités plus importantes.

4e trimestre: +0,1%. La croissance de la consommation privée s’est définitivement
révélée moins vigoureuse que ne le laissait prévoir le chiffre d’affaires du commerce de
détail. Les ménages ont réduit leurs dépenses dans les domaines particulièrement
sensibles à la conjoncture (mobilier, culture, loisirs), mais la demande pour les
boissons, l’alimentation, la santé, les transports et les télécommunications s’est
renforcée.
2) Recul du climat de consommation après deux ans à un haut niveau
L’enquête réalisée trimestriellement par le Secrétariat d’Etat à l'économie (SECO) auprès
de quelque 1100 ménages a montré un recul de la confiance des consommateurs dès le
mois d’avril 2008, après deux ans à un haut niveau. Le recul s’est accéléré en juillet et en
octobre. La crise bancaire et la perspective d’une crise de l’économie réelle ont fait chuter
le moral des consommateurs. Avec -27 points, la valeur de l’indice en octobre se situe audessous de sa moyenne à long terme (environ -8 points de 1972 à 2008). Toutefois, le
niveau le plus bas enregistré par le passé (-54 points en octobre 1992) n’a pas été atteint.
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Le niveau du climat de consommation reste plus élevé en Suisse que chez nos voisins et
supérieur à ceux qui ont caractérisé les deux dernières récessions.
Tout au long des derniers mois de l’année 2008, les signes annonciateurs d’un sérieux
ralentissement de la consommation se sont intensifiés. Les nouvelles immatriculations de
véhicules ont subi un coup de frein brutal. On a assisté pour la première fois depuis
plusieurs années à une contraction des dépenses du groupe des biens et services de
finance et d’assurance engendrée par les turbulences sur les marchés financiers
internationaux. En revanche, le chiffre d’affaires du commerce de détail a continué à
enregistrer un taux de croissance important de 2,9% en termes réels (3,6% en 2007). Ce
secteur a largement participé à la bonne santé conjoncturelle du marché intérieur. Cette
robuste croissance a profité autant aux biens et services de consommation courante
(alimentation) qu’aux biens et services plus sensibles à la conjoncture (biens
d’équipement, mobilier, habitat, électroménager, électronique, loisirs), et ce même si le
chiffre d’affaires a eu tendance à se fragiliser en cours d’année. Rien à voir avec les
résultats en net recul qu’ont connu les Etats-Unis et nos voisins européens. Les grands
distributeurs suisses ont d’ailleurs annoncé avoir réalisé des résultats annuels records.
3) Recul du pouvoir d’achat des ménages suisses
Le fait marquant de cette année est la forte augmentation de l’inquiétude des ménages à
propos de l’érosion du pouvoir d’achat. Ce thème arrive en quatrième position des
préoccupations des Suisses derrière le chômage, la hausse des coûts de la santé et la
prévoyance vieillesse. Il est la préoccupation qui affiche la plus grande progression. Les
dépenses de consommation des ménages n’ont augmenté que de 0,3% au troisième
trimestre 2008, deux fois moins qu’au trimestre précédent. Les habitudes de
consommation n’ont pourtant pas changé aussi radicalement qu’on aurait pu le penser.
En effet, le marché du travail, qui est l’un des principaux facteurs déterminants de la
consommation privée, ne réagit qu’avec un temps de retard à la conjoncture, cela d’autant
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plus que les augmentations de salaires obtenues à l’issue des négociations salariales ont
été satisfaisantes.
En 2008, les salaires réels (différence entre salaires nominaux et inflation) ont enregistré
un recul de 0,4%. A l’automne 2007, au moment des prises de décision en matière
salariale pour 2008, les entreprises ont octroyé une revalorisation moyenne des salaires
nominaux supérieure à la hausse des prix estimée alors à 1,5% pour 2008.
L’augmentation nominale de 2% accordée augurait ainsi une hausse du pouvoir d’achat
des salaires. Cependant, l’inflation qui a prévalu en 2008 s’est soldée par un taux de 2,4%
sous l’effet de la hausse marquée des produits pétroliers. Après une quasi-stagnation en
2006 (+0,1%) et une hausse de 0,9% des salaires réels en 2007, le pouvoir d’achat des
Suisses est donc reparti à la baisse en 2008.
II. Les prix en Suisse en 2008
1) L’indice des prix à la consommation à un niveau record en 2008
L’indice des prix à la consommation (IPC) indique une hausse générale des prix de 2,4%
en 2008 (0,7% en 2007). La Suisse a ainsi affronté des niveaux d’inflation inconnus depuis
quinze ans (3,3% en 1993), qui dépassent les 2% normalement visés par la Banque
nationale suisse.
Ce mouvement d’accélération des prix a débuté en octobre 2007 avec la hausse des prix
des matières premières, principalement le pétrole mais aussi les céréales et les produits
dérivés du lait. Les produits touchés ont eu une incidence directe sur le pouvoir d’achat
des ménages car pratiquement tous les postes du panier de la ménagère ont subi des
hausses de prix. Les plus fortes hausses ont été enregistrées dans les rubriques logement
et énergie, alimentation, habillement et chaussures, et transports.
La pression sur les prix s’est relâchée depuis novembre 2008. Selon les estimations de
l’OFS, le taux annuel moyen du renchérissement pour 2009 devrait reculer de -0,2%.
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Des baisses de prix ont été observées dans deux domaines:

Communications: Les prix des télécommunications continuent à baisser d’année en
année. En 2008, les consommateurs ont bénéficié de baisses sur les tarifs de la
téléphonie mobile en raison de la commercialisation de nouveaux produits (par
exemple, crédits de consommation correspondant à la taxe d’abonnement) et de la
répercussion de la baisse des tarifs de terminaison mobile sur les prix de détail. Pour
cette même dernière raison, une baisse des tarifs des communications en téléphonie
fixe a été constatée à destination de la plupart des réseaux mobiles. Concernant les
offres Internet, depuis 2004, les prix étaient restés pratiquement inchangés, même si
les débits ont augmenté. En 2008, les offensives des concurrents de Swisscom en
matière d’offres dégroupées montrent que les effets de la libéralisation du dernier
kilomètre se concrétisent enfin pour les consommateurs (Ofcom).

Santé: Dans le domaine de la santé, la tendance à la baisse amorcée en 2005
perdure. Les génériques continuent de séduire, puisque leurs ventes ont connu une
croissance de 7,5% en 2008. Si tous les patients utilisaient systématiquement le
générique le moins cher, 135 millions de francs pourraient être économisés
(santésuisse).
IPC selon les groupes principaux (évolution des prix en %)
2007
2008
Indice total
101,2
103,7
Communications
95,5
92,7
Alimentation, boissons non
101,8
104,9
alcoolisées
Loisirs et culture
99,0
99,6
Habillement et chaussures
94,3
98,1
Equipement ménager et entretien
100,8
101,6
courant
Santé
99,9
99,7
Enseignement
102,1
103,7
Restaurants et hôtels
102,5
104,9
Logement et énergie
103,6
108,6
Transport
102,7
106,3
%
+2,5
-2,8
+3,1
+0,6
+3,8
+0,8
-0,2
+1,6
+2,4
+5,0
+3,6
Source: OFS
2) L’indice des prix d’assurance maladie recule, mais sans répit pour le revenu
disponible des ménages
L’IPC ne suffit pas à donner une estimation réelle du coût de la vie, puisqu’il ne comprend
pas les primes d’assurance maladie. Pour cela, il faut se tourner vers l’indice des primes
d’assurance maladie (IPAM).
En 2008, l’IPAM a reculé de 0,6% (contre une progression de 1,4% en 2007), car, du côté
de l’assurance de base, les Suisses ont plus fait jouer la concurrence entre les caisses,
choisi des franchises plus élevées et opté pour des modèles alternatifs. Cette diminution
est toutefois si modeste qu’elle n’a pas d’influence sur le revenu disponible pour les
ménages.
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IPAM (Indice des primes d’assurance maladie) (évolution des primes en %)
2007
2008
%
Indice total
143,1
142,5
-0,6
Assurance de base
153,3
151,7
-1,6
Assurances complémentaires 123,0
124,4
+1,4
Impact sur le revenu
2006/2007
2007/2008
disponible des ménages
0,0%
0,0%
Source: OFS
III. Conclusion
L’année 2008 a été difficile pour le budget des ménages. On a assisté à une flambée des
prix dans pratiquement tous les domaines. Cependant la consommation en Suisse a
relativement bien résisté à cette tendance ainsi qu’à la situation conjoncturelle globale
morose. La consommation privée a même encore largement soutenu la conjoncture, ce
qui est remarquable dans un contexte de grande incertitude économique, alors que les
autres indicateurs économiques sont passés au rouge les uns après les autres.
Le comportement des consommateurs attendu pour 2009 dépend grandement de
l’ampleur de la crise économique et surtout de l’évolution de l’emploi, facteur déterminant
pour la propension à consommer. Cela d’autant plus que le marché de l’emploi réagit
toujours avec un temps de retard sur la conjoncture. L’économie suisse s’est montrée
solide jusqu’à fin octobre 2008. Mais, depuis, elle ne peut plus se soustraire à une
tendance mondiale baissière.
Cependant, cette situation est compensée par une baisse des prix entamée fin 2008. Les
prix notamment des carburants et de l’alimentation sont en baisse et ont un effet
immédiatement visible sur le pouvoir d’achat. D’autres bonnes nouvelles, comme la baisse
des prix obtenue par l’Elcom début 2009, pourraient soutenir encore un peu le moral des
consommateurs.
Non sans mal, le Surveillant des prix a également obtenu une certaine retenue de la part
des entreprises disposant d’un monopole public (CFF, La Poste, etc.) quant à leur volonté
d’augmenter les prix. Un accord à l’amiable a été trouvé alors que La Poste avait annoncé
un peu précipitamment de nouvelles mesures tarifaires pour le 1er avril 2009. C’est la
situation bénéficiaire de La Poste (825 millions de francs, une baisse de 9% par rapport à
2007 mais un chiffre d'affaires en hausse de 3%, surtout grâce à PostFinance) qui a fait
pencher la balance. Concrètement, la hausse des tarifs des colis du service intérieur et
des envois à destination de l’étranger est reportée à avril 2010. De plus, La Poste prend
en charge la TVA, qui aurait pu renchérir les prix en raison de la libéralisation du marché
des lettres jusqu’à 50 grammes. Les consommateurs feront donc provisoirement
l’économie de quelque 200 millions de francs.
Du côté des transports publics, les tarifs des transports publics n’augmenteront pas cette
année en raison de la situation conjoncturelle difficile. La dernière augmentation des tarifs
remonte à décembre 2007. Le répit pour les voyageurs sera toutefois de courte durée. Les
entreprises de transports publics ont d’ores et déjà annoncé que la hausse sera inévitable
en décembre 2010. Selon les CFF, son ampleur dépendra de l'évolution du marché et des
coûts. L’ex-régie estime avoir besoin de prix plus élevés. Les prestations ont été
améliorées et de nouveaux investissements dans le matériel roulant sont nécessaires.
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Des coûts supplémentaires sont aussi venus s’ajouter pour l’électricité, les salaires et les
matières premières.
Les primes d’assurance maladie n’ont pas péjoré le revenu disponible des ménages en
2008. Une situation qui ne devrait pourtant pas durer, car le spectre d’importantes
hausses de primes dans l’assurance maladie de base pointe. On avance actuellement des
chiffres de l’ordre de 10%. Selon l’Office fédéral de la santé publique, le problème est que
les coûts des prestataires de soins en 2008 ont augmenté plus fortement que ne le
prévoyaient les assureurs. Ces derniers ont donc fixé leurs primes 2008 et 2009 à un
niveau trop bas. L’an dernier, les coûts de la santé ont progressé de 4%, et il faut
s’attendre cette année à une hausse allant jusqu'à 5%.
En ce début 2009, un vent frais souffle sous la Coupole fédérale. On y perçoit une réelle
volonté de combattre les entraves à la concurrence. Le pouvoir d’achat est enfin un sujet
politique. Il ne s’agit pas de combattre par principe les prix plus élevés en Suisse, mais de
lutter partout où ils ne sont pas justifiés, partout où ils ne reflètent pas une plus-value,
partout où le marché cloisonné crée des situations de rente qui désavantagent les
consommateurs. Ainsi l’importation parallèle des produits brevetés a été autorisée en
décembre dernier (hormis les médicaments) et l’application du principe du Cassis de Dijon
a aussi passé la rampe au Parlement au printemps. Ce sont des pas importants du
politique en direction des consommateurs, qui sont plus que jamais des soutiens
indispensables à l’activité économique. La FRC espère que les parlementaires qui doivent
encore débattre de l’instauration d’une TVA unique, qui pourrait renchérir les prix, sauront
également s’en inspirer.
Sources: OFS, Seco, santésuisse, Credit Suisse, UBS
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