L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts Nouveaux modèles du dysfonctionnement psychique et de l’intervention thérapeutique 1 L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts Nouveaux modèles du dysfonctionnement psychique et de l’intervention thérapeutique L’auto-attention - la personne dirigée vers l’action ou vers elle-même: L’approche de Tscheulin (1994) L’incongruence différentielle: L’approche de Speierer (1994) Le (dys)fonctionnement émotionnel: « Emotion-focused therapy » (Greenberg et al., 2004) Les schémas et les processus explicatifs: « Klärungsorientierte Thérapie » (Sachse et al., 2003, 2009) 2 1 L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts L’auto-attention : personnes dirigées vers elles-mêmes ou vers l’action L’approche différentielle de Tscheulin (1992, 1995) Types d’auto-attention 1. La personne "dirigée vers elle-même" (trait) se trouve souvent dans un état où - elle se réfère à son Self comme objet - elle est "à la merci" de ses incongruences Le trait se trouve souvent chez les patients dépressifs ou dysthymiques, les patients anxieux (phobies, TAG anxiété généralisée) 2. La personne "dirigée vers l’action" (trait) se trouve souvent dans un état d’auto-attention périphérique, où - elle se réfère à ses actions (et buts) et pas à son Self - elle risque de ne pas percevoir ses incongruences (même dangereuses pour elle) Le trait se trouve souvent chez les patients souffrant d’un Trouble de conversion, des troubles "psycho-somatiques" (ex.Trouble somatoforme), Trouble de la dépendance ou de certains Troubles de la personnalité (p. ex. personnalité borderline) 3 L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts Le modèle de l'incongruence différentielle (1) (d'après Speierer, 1994) Antécédents de l'incongruence • Dispositions bio- / neuro-psychologiques • Expériences socio-communicatives (apprentissage: ex. "incongruence apprise" par le déficit primaire du regard positif inconditionnel) • Evénements critiques de vie 4 2 L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts Le modèle de l'incongruence différentielle (2) (d'après Speierer, 1994) Incongruence – types d’incongruence Incompatibilité entre éléments "expérientiels" ayant une importance personnelle et le concept du Self. Le concept du Self comprend 3 catégories d'éléments : 1. les composantes du Self "primaire", les expériences liées à l'organisme: par ex. réactivité psycho-végétative des réponses affectives (peur) 2. les valeurs "introjectées", surtout en lien avec déficits du regard positif inconditionnel: par ex. le perfectionnisme, faire tout pour être apprécié, devoir toujours être « à la hauteur », mais aussi être très faible/sans valeur 3. les constructions dues à l'expérience de vie (liées à des événements critiques de vie ou acquises à plus long terme): par ex. perdre la mère lors de l’enfance, être l’aîné d’une fratrie nombreuse, vivre dans la pauvreté, avoir subi un accident grave (engendrant un handicap) Les composantes avec lesquelles les expériences actuelles (et importantes) sont incompatibles déterminent le type d'incongruence. 5 L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts Le modèle de l'incongruence différentielle (3) (d'après Speierer, 1994) Les différents types d’incongruence liées aux 3 catégories du Self Exemples de stratégies / accents d’intervention différentielles: 1. incongruences liées aux composantes du Self "primaire", Valider le fait qu’il y a ces tendances « organismiques » à réagir (ex. réactivité psycho-végétative), aider la personne à les reconnaître et les accepter; ainsi que les différencier pour permettre une meilleure intégration dans le Self 2. incongruences liées aux valeurs "introjectées", Mettre l’accent sur le manque de regard inconditionnel (comme vécu par la personne) – ou: trop de regard « conditionnel » – par les personnes de référence; valider le besoin d’être reconnu avec ses besoins et émotions, y compris ceux démontrant faiblesses, échec, etc. 3. les constructions dues à l'expérience de vie Mettre l’accent sur les changements éprouvés (avant – après) en lien avec ces événements; valoriser les ressources qu’ils représentent, les rendre transparent comme « construction » et « apprentissage », une manière complexe de répondre; élaborer exigences et surmenage qui y sont/étaient liées 6 3 L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts Le modèle de (dys)fonctionnement de la « thérapie focalisant l’émotion » (emotion-focused therapy) de Greenberg et coll. (1) 7 1. Emotions et états affectifs représentent un système de significations élémentaires 2. Ils comprennent les composantes: - ressenti corporel, - tendance à l’action, - évaluations de la situation (« appraisals »). 3. Ces composantes, notamment les « appraisals », sont en lien avec le traitement cognitif conscient et élaboré et sont ainsi à la base de nos actions 4. Les émotions primaires (e.g. notamment les émotions de base comme la peur, la colère, tristesse…) ont une fonction adaptative pour l’individu et son milieu social. 5. Dans cette fonction adaptative, les émotions primaires éveillent et dirigent l’attention de la personne et comportent des signaux adressés aux autres personnes du milieu. 6. Les émotions préparent l’action et peuvent la guider (en partie). L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts Le modèle de (dys)fonctionnement de la « thérapie focalisant l’émotion » (emotion-focused therapy) de Greenberg et coll. (2) 7. Ce « traitement affectif » est automatique (notamment avec les émotions primaires); il est suivi – et superposé ou modifié – par des processus plus élaborés et complexes par lesquels sont intégrés: - des informations sensorielles, - des informations liées à la mémoire, - des contenus représentés en vue d’un « felt sens » (sens ressenti) de nous-mêmes et de la situation 8. Cette synthèse - d’ordre supérieur – de ces différentes composantes, découlant de différentes étapes de traitement est appelée « schéma émotionnel » 9. Le « schéma émotionnel » est l’objet central des efforts thérapeutiques 8 4 L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts Le modèle de (dys)fonctionnement de la « thérapie focalisant l’émotion » (emotion-focused therapy) de Greenberg et coll. (4) Les différents types d’émotions 1. Les émotions primaires adaptatives : elles disent l’état de la personne à ce moment-là, c’est la première réaction d’une personne face à un événement. Elles peuvent être simples, comme la colère, la tristesse, les pleurs, ou plus complexes, comme la jalousie. 2. Les émotions primaires maladaptées : des émotions que les personnes vont regretter d’avoir éprouvé. 3. Les émotions secondaires : une « défense » contre un sentiment ou une pensée primaire. Des éléments culturels sont en jeu; par ex., un homme triste ne va pas forcément montrer de la tristesse, mais de la colère, selon sa culture. Une femme en colère va plus facilement montrer de la tristesse. 9 4. Les émotions instrumentales : réaction émotionnelle en fonction d’une pression sociale. C’est une émotion qui peut se révéler manipulatrice. L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts Le modèle de (dys)fonctionnement de la « thérapie focalisant l’émotion » (emotion-focused therapy) de Greenberg et coll. (5) Exemples d’émotions primaires adaptées, les états discrèts, la tristesse pour le deuil (perte) la colère pour l’abus ou le viol la peur pour la menace mais aussi des sensations ou des significations corporelles ressenties ou la « douleur émotionnelle » Exemples d’états affectifs primaires « inadaptés » (ou maladaptés): les peurs phobiques ou attaques de panique ou des sensations complexes, ex. la perte de l’estime de soi le sentiment d’insécurité Exemples d’états affectifs secondaires « inadaptés » des sentiments négatifs comme l’impuissance ou la perte d’espoir 10 Exemple d’états émotionnels instrumentaux « inadaptés » les « larmes de crocodile ». 5 L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts Le modèle de (dys)fonctionnement de la « thérapie focalisant l’émotion » (emotion-focused therapy) de Greenberg et coll. (6) Le dysfonctionnement 1. Le « traitement affectif » (emotion processing) est perturbé par des schémas émotionnels dysfonctionnels 2. Le but thérapeutique général vise une nouvelle construction de significations et de nouvelles formes de réactions émotionnelles 3. Le travail thérapeutique / les interventions se refèrent à des situations thérapeutiques spécifiques, définies sur la base du processus thérapeutique actuel; la présence d’une telle situation spécifique est évaluée selon des critères (p. ex. "marqueurs procéduraux") 11 L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts La « thérapie focalisant l’émotion » (emotion-focused therapy) de Greenberg et coll. (7) stratégies d’intervention et mode de changement Stratégies / interventions spécifiques selon le type d’émotion En travaillant avec les émotions primaires adaptées, il s’agit de mettre à disposition des informations supplémentaires, des tendances d’action et des besoins, qui permettent d’activer le caractère fonctionnel de ces émotions. Pour les états émotionnels primaires inadaptés, le schéma émotionnel dysfonctionnel doit être rendu accessible et restructuré. Les états affectifs secondaires inadaptés (comme l’impuissance) doivent être explorées attentivement. Pour les émotions inadaptées et instrumentalisées, l’attention doit être dirigée vers leur fonction interpersonnelle ou vers leurs bénéfices secondaires (liés à la maladie). 12 6 L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts La « thérapie focalisant l’émotion » (emotion-focused therapy) de Greenberg et coll. stratégies d’intervention et mode de changement Les principaux processus du changement émotionnel : (1) L’augmentation de la conscience émotionnelle (emotional awareness), par la direction et la réorientation de l’attention et de la prise de conscience, et par la mise en lien avec les constructions narratives. (2) Permettre, accepter et faire confiance, en se référant à des formes plus mûres de la régulation émotionnelle, à la place des réactions affectives dysfonctionnelles de « l’enfant blessé ». (3) Le transfert et le remplacement des réactions affectives dysfonctionnelles par des réactions différentes adaptées et l’accès à d’autres souvenirs émotionnels ; en recourant aux « voix » du Self et des autres par la réorientation de l’attention vers un nouveau besoin ou un nouvel objectif. 13 L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts 14 7 L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts Nouveaux modèles du dysfonctionnement psychique et de l’intervention thérapeutique La « thérapie visant la clarification » de Sachse 15 L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts La « thérapie visant la clarification » (Klärungsorientierte Therapie; Sachse, 2001, 2009) Modèle du dysfonctionnement – éléments (1) Le « modèle motivation-émotion-régulation » (« Motivations-EmotionsRegulations-Modell ») propose un cadre heuristique pour la description du traitement intrapsychique et de la régulation de l’action du client. Le modèle comprend trois domaines : (1) les conditions environnementales actuelles (stimuli) ainsi que les conséquences sociales et non sociales des actions ; (2) le traitement des stimuli et des informations concernant les conséquences par le biais de processus plus complexes (interprétation, évaluation et attribution) ; (3) les traits de personnalité et structures durables sous-tendant les processus. Le traitement intrapsychique et la régulation de l’action actuels sont influencés par les informations sur les stimuli (domaine 2), les variables dispositionnelles (domaine 3; par ex., le savoir) et d’autres processus. 16 Le domaine (3) comprend les déterminants internes, des traits / structures durables (savoir et postulats concernant le monde, la situation, la personne elle-même ; les motivations, etc.). 8 L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts La « thérapie visant la clarification » (Klärungsorientierte Therapie; Sachse, 2001, 2009) Modèle du dysfonctionnement – éléments (2) Les « schémas » représentent une composante centrale du modèle. • Ils sont activés par les conditions de la situation actuelle et influencent le traitement qui suit. • Ils peuvent mener à des processus de traitement de l’information et de traitement affectif hautement automatisés, pouvant se produire sans dépense de capacité, de manière rapide, rigide et non consciente pour la personne Les schémas dysfonctionnels n’activent pas seulement • les émotions et les états affectifs sous-jacents (comme les émotions de base de peur, tristesse, colère, etc. ; ou la gêne et la tendance à l’évitement), • mais aussi les significations ressenties (« felt senses », ressenti de réactions corporelles comme l’inquiétude vague ou la tension). 17 L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts La « thérapie visant la clarification » (Klärungsorientierte Therapie; Sachse, 2001, 2009) Modèle du dysfonctionnement – éléments (3) Un client peut montrer des déficits ou des difficultés spécifiques pour toutes les facettes du traitement, par ex. • une représentation erronée (de la situation, de ses motivations propres) • des résistances (ambivalences ; conflits envers le vécu ou les buts) • des schémas émotionnels déformés (« une erreur est une catastrophe ») • une dépendance exagérée aux normes (orientation vers l’extérieur). • Etc. 18 9 L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts La « thérapie visant la clarification » (Klärungsorientierte Therapie; Sachse, 2001, 2009) Stratégies d’intervention Sachse propose différentes stratégies de l’intervention portant sur les divers déficits et/ou perturbations du traitement intrapsychique – et du traitement affectif – ainsi que de la régulation de l’action. Une technique spécifique est le processus explicatif, en tant que mini-séquence thérapeutique ou épisode thérapeutique Pour le réaliser, il y a des marqueurs situationnels, une séquence à respecter, ainsi que des indicateurs / paramètres du bon fonctionnement. Son application permettra de évoquer élaborer clarifier différentes composantes du modèle « motivation-émotion-régulation », et notamment les ingredients des schémas et leur impact 19 L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts Nouvelles approches : Les interventions ciblées Le processus explicatif 20 10 L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts Le processus explicatif (PE) / les modes du traitement explicatif (d’après Sachse, 1992) Niveau 1 Aucun traitement de contenu important 2 Intellectualisation 3 Rapport 4 Evaluation 5 Evaluation personnelle 6 Signification personnelle 7 Explication des structures de signification / construction des représentations 8 Intégration 21 L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts Le processus explicatif (PE) / les modes du traitement explicatif (d’après Sachse, 1992) 22 1. Aucun traitement de contenu important « Aujourd’hui, il pleut. » 2. Intellectualisation « Par mauvais temps, les gens sont plus tristes. » 3. Rapport « Hier, je suis allé rendre visite à Pierre. » 4. Évaluation « Mon cousin, Pierre, est vraiment désagréable. » 5. Évaluation personnelle « Je ressens à quel point Pierre peut être désagréable. » 6. Signification personnelle « Quand Pierre me répond ainsi, je le ressens comme une critique personnelle et je me sens désemparé. » 7. Explication des structures de signification Construction des représentations 8. Intégration Niveau + superficiel Niveau + approfondi 11 L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts Le processus explicatif PE (Sachse, 1992) (1) : modes du client (MT) et offres du thérapeute (OT) Niveau 1 : Aucun traitement de contenu important Le thérapeute n’encourage pas le client à traiter des contenus qui lui sont relevants. Niveau 2 : Intellectualisation Utilisation des savoirs sans relation avec les émotions ou données (faits) personnelles. Le thérapeute encourage le client à exprimer des hypothèses ou des suppositions concernant les contenus abordés, à les intellectualiser. Niveau 3 : Rapport Descriptions concrètes sans avoir recours explicitement à des évaluations et des émotions. Le thérapeute encourage le client à décrire de manière concrète le contenu. Niveau 4 : Evaluation Attribution d'évaluation au contenu. La valeur est considérée comme une caractéristique du contenu. Le thérapeute encourage le client à donner une valeur au contenu ou aux précédents modes de traitement de manière descriptive. 23 L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts Le processus explicatif PE (Sachse, 1992) (2) : modes du client (MT) et offres du thérapeute (OT) Niveau 5 : Evaluation personnelle La personne évalue le contenu et reconnaît cette évaluation comme une partie de son cadre de référence. Le thérapeute encourage le client à donner une évaluation personnelle au contenu. Niveau 6 : Signification personnelle La personne peut actuellement sentir une émotion ou une signification ressentie par rapport au contenu et elle le signale. Le thérapeute encourage le client à signaler une émotion ou d’une signification ressentie par rapport au contenu. Niveau 7 : Explication des structures de signification / construction des représentations La personne explique et verbalise des aspects (composantes) de signification qu'elle reconnaît chez elle par rapport au contenu. Le thérapeute encourage le client à expliquer et verbaliser des aspects émotionnels de signification qu'il reconnaît chez lui par rapport au contenu. 24 Niveau 8 : Intégration La personne met en relation les aspects de signification expliqué avec d'autres aspects; elle trouve des liens, mais aussi des contradictions. Le thérapeute encourage le client à mettre en relation les aspects de signification expliqué avec d'autres aspects; à trouver des liens, mais aussi des contradictions, et à les intégrer. 12 L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts Exemple pour les deux échelles du processus explicatif PE (Sachse & Elliott, 2002, 94): Mode de traitement (client, MT) et offre de traitement explicatif (thérapeute, OT) C: Ce n’est qu’hier que j’ai remarqué à nouveau combien je deviens terriblement ennuyé quand je me rends compte que je raconte quelque chose à quelqu’un et qu’il ne m’écoute pas du tout. (Niveau : 5, évaluation personnelle) T1: Vous sentez vraiment à quel point cela vous ennuie ? T2: Qui était avec vous à ce moment-là ? T3: Qu’est-ce que vous ressentiez précisément à ce moment-là ? T4: Qu’est-ce que cela signifie pour vous « devenir terriblement ennuyé » ? 25 L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts Nouvelles approches : Les interventions ciblées 26 13 L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts Interventions ciblées - ou visant des tâches spécifiques (« task directed interventions ») : Critères et déroulement général 1. Situation de départ : situation thérapeutique spécifique, définie sur la base du processus thérapeutique actuel; la présence de la situation est évaluée selon des critères (p. ex. "marqueurs procéduraux") 2. But thérapeutique : but procédural, à court terme, à atteindre chez / avec le client 3. Intervention : intervention élémentaire ou séquence d'interventions structurées (selon des règles) 4. Evaluation de l'intervention : selon des critères de succès préétablis 5. Fin de l’intervention ciblée et suite du processus thérapeutique « normal » 27 L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts Les interventions ciblées – exemples Techniques développées dans le cadre de la TCP Questionnement Confrontation Processus explicatif Focusing Techniques d'autres approches expérientielles (par ex. Gestalt-thérapie) La chaise vide Les deux chaises Awareness continuum Techniques cognitivo-comportementales Relaxation Résolution de problèmes Techniques d'exposition Tâches à domicile 28 14 L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts Les interventions ciblées : Questionnement - poser des questions Les buts principaux : 1. Clarifier et compléter la compréhension du thérapeute 2. Diriger et approfondir le processus thérapeutique Types de question 1. Questions d’information et de compréhension (y compris certaines questions concrétisantes) 2. Questions d’approfondissement (y compris certaines questions concrétisantes) 3. Questions « validantes » 29 L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts Questionnement - exemples 30 C : Je sais que les serveurs trompent souvent les gens - et de plus, ils ne sont pas gentils du tout en faisant leur service; mais malgré ça, je n'ai pas été capable de m'abstenir de leur donner un pourboire alors, je n'ai pas réussi à me retenir, et pourtant ce serveur ne le méritait pas. Mais de lui refuser ça, j'ai pas été capable. Et puis je le fais quand même, et ça me met dans une grande colère envers moi-même, parce que je suis trop lâche et... Des réponses thérapeutique sous forme de question : Ta J’ai bien compris? Réagir « malgré vous » dans cette situation vous fait vous sentir lâche et vraiment en colère envers vous? Tb Pourquoi est-ce si important pour vous… qu’est-ce que cela entraînerait de ne rien lui donner ? Comment vous le viveriez ? Tc Réagir de cette manière et vous sentir « trop lâche » - qu’estce qu’il signifie pour vous ? Td Ne pas arriver à refuser qch – à dire « non » - vous met dans une grande colère envers vous ? Est-ce bien ce que vous voulez dire? 15 L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts Les interventions ciblées : les situations de départ – indications procédurales Les situations de départ peuvent se référer (« indication procédurale ») (1) à l'énoncé actuel, précédent (2) à plusieurs énoncés précédents comprenant l’"évolution" d’un thème (p. ex. thème répété) ou d’un processus lors de la même séance (3) à plusieurs séances, se réfèrent à la limite à toute la thérapie Exemples pour la confrontation ad 1 : la confrontation à une discrépance / divergence actuelle entre niveaux (ou canaux) de communication ad 2 : la confrontation à des discrépances ou contradictions concernant les contenus ad 3 : la confrontation aux "forces" ou aux "faiblesses", à un malentendu ou une perception erronée concernant la thérapie; la confrontation aux implications d’un style "orienté vers l’action" ou "orienté vers soi-même" 31 L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts Les interventions ciblées : la confrontation dans l’entretien motivationnel Une application particulière est l’entretien motivationnel (de Miller & Rollnick, 1991), conçu pour les troubles de la dépendance, qui se base aussi sur la TCP. Il vise le développement et le maintien de la motivation au changement dans le traitement de la dépendance à l’alcool Ici les situations de départ se réfèrent (« indication procédurale ») (1) à l'énoncé – ou plusieurs énoncés – précédent(s) (2) le thérapeute cherche à mettre le doigt sur et à développer des contradictions entre le comportement actuel – décrit dans les énoncés actuels – et les buts à long terme du client En lien avec cette confrontation aux contradictions entre l’actuel et le long terme, le thérapeute stimule et aide le client à développer des arguments en faveur de son changement. Le thérapeute soutient également l’estime de soi pour que le sujet croie en sa possibilité de changer 32 16 L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts Les interventions ciblées : la confrontation Règles techniques : 1. La confrontation est ancrée dans l’ici et maintenant 2. Elle se situe dans le cadre de référence du client 3. Elle est formulée de manière explicite, concrète et non ambiguë 4. Elle est clairement structurée et elle n’est pas trop longue (pour ne pas détourner l’attention du client) 5. Elle est réalisée comme une réponse empathique sous forme d’affirmation (ni négation ni question) 33 L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts Confrontations - exemples 34 Une cliente avec un parcours académique bien réussi, avant qu’elle fasse les examens… C : J’ai tellement peur en préparant ces examens. Je dors mal et suis tellement tendue… Il est vrai que, jusqu’à présent, j’ai assez bien réussi tout ce qui est épreuve scolaire ou universitaire. Mais c’est comme les autres fois: je me sens tellement fragile et j’ai tant de doutes et je revois mes documents à maintes reprises… j’ai tant l’impression que ça ne va pas marcher… je le sais… Voici des réponses thérapeutique sous forme de confrontation aux forces: Vous ête très inquiétée par ces examens. Et en même temps vous pouvez vous rendre compte que vous avez réussi des épreuves pareilles à nombre de reprises… Mais il me semble que… par moments vous vous rendez compte qu’il y a une force en vous – que vous ne ressentez pas toujours – une force qui vous permet de faire face… et de réussir… En pensant à ces forces: quels sentiments entraînent-elles pour vous? 17 L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts Confrontations - exemples Une cliente avec un parcours académique assez bien réussi, avant qu’elle fasse les examens… C : J’ai tellement peur en préparant ces examens. Je dors mal et suis tellement tendue… Il est vrai que, jusqu’à présent, j’ai assez bien réussi tout ce qui est épreuve scolaire ou universitaire. Mais c’est comme les autres fois: je me sens tellement fragile et j’ai tant de doutes et je revois mes documents à maintes reprises… j’ai tant l’impression que ça ne va pas marcher… je le sais… Une réponse thérapeutique sous forme de confrontation aux forces: Vous êtes très inquiétée par ces examens… Mais il semble que… par moments vous vous rendez compte qu’il y a une force en vous – que vous ne ressentez pas toujours – une force qui vous permet de faire face… et de réussir… En pensant à cette force: quels sentiments entraîne-t-elle pour vous? 35 L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts Confrontations - exemples Un client avec les problèmes de l’adaptation à l’école, qui a des difficultés à s’insérer dans la classe… C : Il me font vraiment chier. Ben, je n’ai pas été poli, mais ils font les malins et parlent, et parlent. S’ils avaient un peu bougé, un tout petit peu… mais non. Les profs à l’école c’est toujours la même chose. Ahh non, voilà, et après la pause, je me suis cassé… Une réponse thérapeutique sous forme de confrontation aux faiblesses : Cette situation vous a tant énervé … Et vous n’avez pas pu rester plus calme et attendre un moment… c’est là où vous pouvez vous faire mal à vous-même: s’énerver – et se casser. Si l’on considère cette impatience comme une « faiblesse » quels sont les risques d’une telle faiblesse pour vous ? 36 18 L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts L’approche différentielle de Tscheulin (1992, 1995) L’auto-attention : personnes dirigées vers elles-mêmes ou vers l’action Types d’auto-attention 1. La personne "dirigée vers elle-même" (trait) se trouve souvent dans un état où - elle se réfère à son Self comme objet - elle est "à la merci" de ses incongruences Le trait se trouve souvent chez les patients dépressifs ou dysthymiques, les patients anxieux (phobies, TAG anxiété généralisée) 2. La personne "dirigée vers l’action" (trait) se trouve souvent dans un état d’auto-attention périphérique, où - elle se réfère à ses actions (et buts) et pas à son Self - elle risque de ne pas percevoir ses incongruences (même dangereuses pour elle) Le trait se trouve souvent chez les patients souffrant d’un Trouble de conversion, des troubles "psycho-somatiques" (ex.Trouble somatoforme), Trouble de la dépendance ou de certains Troubles de la personnalité (p. ex. personnalité borderline) 37 L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts L’approche différentielle de Tscheulin (1992, 1995) L’auto-attention : personnes dirigées vers elles-mêmes vs dirigées vers l’action Règles d’indication 1. Pour patients dirigés vers eux-mêmes Qui sont restreints ou bloqués dans leur possibilités / capacités d’agir s’appliquent des interventions directives, qui stimulent l’action : • Questionnement et « suivi » actif des problèmes / manifestations quotidiens (activités quotidiennes problématiques, évitées, etc.) • Tâches à domicile (p. ex. exposition aux situations problématiques) • Confrontation (aux forces) 38 2. Pour patients dirigés vers l’action Qui ont des problèmes d’être en lien avec leur Self et de se sentir eux-mêmes et qui, par conséquent, ont la tendance à omettre des incongruences s’appliquent des interventions « évocatrices » stimulant le vécu et l’expérience émotionnelle (du Self) : • Questionnement (approfondissant) • Confrontation (aux faiblesses) • Processus explicatif / Focusing • Technique « à deux chaises » 19 L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts 39 Efficacité Etudes sur les effets thérapeutiques Recherches en TCP - Exemples 40 20 L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts Etude d‘efficacité dans les Troubles anxieux (Teusch, Böhme & Gastpar, 1997; Teusch & Böhme, 1999) Question : Analyse de l‘efficacité de la TCP chez les Troubles anxieux (Trouble panique avec agoraphobie) et comparaison de son efficacité avec un traitement combinant TCP et exposition comportementale Patients : 40 patients avec Trouble panique avec agoraphobie (selon DSM-III-R), hospitalisés à une clinique psychosomatique. Age moyen: 33 ans, 40 % hommes, 60 % femmes. Les symptômes anxieux pré-existaient depuis 6-7 ans (moyen) et ont été traités préalablement durant 4 ans en moyenne sans succès. La majorité des patients (88 %) avait préalablement reçu un traitement pharmacologique (9 patients on continué le traitement avec les médicaments, sous contrôle). Critères d‘exclusion: pas de Troubles psychotiques ou Trouble de la dépendance. Les groupes de patients ont été randomisés et sont comparables au niveau social et démographique (sexe; état civil, scolarité; statut) 41 L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts Etude d‘efficacité dans les Tourbles anxieux (Teusch, Böhme & Gastpar, 1997; Teusch & Böhme, 1999) Formes de traitement: Traitement centré sur la personne : Thérapie basée sur manuel durant 14 semaines avec en individuel (1 séance) et en groupe (4 séances par semaine), complété par des éléments „psycho-gymnastique“, thérapie de création et d‘activité. Pas de tâches à domicile ni tâches d‘exposition préscrites. Le traitement combiné de la même durée avec traitement centré sur la personne (et compléments) : 1 séance en individuel et 3 séances en groupe (TCP), plus 1 séance hebdomadaire d‘exposition en groupe avec tâches à domicile et entraînement individuel quotidien à l‘exposition (selon Mathews, Gelder & Johnston, 1981). Plan de recherche: Etude randomisée et contrôlée avec 2 conditions de traitement (2 groupes à 20 patients) et 5 points de mesure: début, fin, suivi après 3, 6 et 12 mois. 42 Variables dépendantes: Instruments d‘évaluation (par 2 clinicien indépendants) : DSM-SCID-1 (trouble panique) et SCID-2 (agoraphobie); Hamilton Anxiety Scale (HAMA) et Hamilton Depression Scale (HAMD), Fear Survey Schedule (FSS), incl. Échelles d‘évaluation visuelles-analogues concernant être prêt à l‘autoexposition aux stimuli phobogènes. 21 L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts Etude d‘efficacité (Teusch, Böhme & Gastpar, 1997; Teusch & Böhme, 1999) 43 Résultats - effets Fin de thérapie: Dans les deux groupes, l‘intensité des symptômes de panique et d‘agoraphobie a sensiblement amélioré (Rating SCID), de même l‘évaluation de la résistance et de l‘interférence (selon FSS). L‘amélioration est importante et hautement significative, statistiquement et cliniquement. Le taux de cas améliorés a été meilleur dans le traitement combiné, mais la différence n‘est pas significative. Le taux de patients avec rémission complète (ou amélioration très importante) est de 60%. Lors du suivi: après 3 et 6 mois pas d‘amélioration supplémentaire dans les 2 groupes; le groupe TCP s‘approchait du groupe combiné de plus en plus pour atteindre à 12 mois quasiment le même niveau (taux identique). Après 1 an taux avec rémission complète panique (42.5%) et agoraphobie (32.5%) (taux élevé). Les tailles de l‘effet de changement sont assez élevées à la fin du traitement (entre 0.50 et 1.00). Elles augmentent après 12 mois (pratiquement toutes les mesures > 0.80) et sont a qualifier comme étant élevées. Pour les symptômes principaux (selon SCID) et les échelles de Hamilton elles ont très élevées (ES>=1.50). Les groupes ne se distinguent pas dans les tailles d‘effet globales. Un résultat différentiel intéressant: Le traitement combiné a été plus efficace dans la mesure où les personnes s‘exposaient plus rapidement aux situations phobogènes, à la fin du traitement et surtout après 6 mois. Cette différence disparaît après un an et indique qu‘il y avait des changements internes ultérieurs dans le groupe TCP. L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts Efficacité : résultats des méta-analyses (Elliott et al., 2004) Tailles d‘effet de changement (ESchange) Fin de thérapie Suivi (1-11 mois) Suivi tardif (12 mois et plus) 0.97 1.16 1.04 Taille de l‘effet globale non pondérée pondérée (selon effectifs) 0.99 0.86 Tailles d‘effet groupe contrôle (comp. avec clients non traités) Différence moyenne non pondérée 0.89 Différence moyenne pondérée 0.78 Tailles d‘effet comparatives (différents traitements) Traitements dirigés vers le processus vs. TCP non dirigée Trtm. centrés sur le client vs. Cognitivo-comportementaux Trtm. dirigés & expérientels vs. Cognitivo-comportemental 0.48 - 0.19 +0.20 44 22 L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts Efficacité Modèles explicatifs et modus operandi Recherches en TCP - Exemples 45 L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts La recherche en intervention psychologique Recherche sur les processus: empathie et auto-exploration L’étude de Sander, Tausch, Bastine & Nagel (1969) en TCP (I) Hypothèse : Les interventions empathiques (empathie comme variable du processus de la part du thérapeute, en terme des “verbalisations des expériences émotionnelles” (VEE) influencent l’”auto-exploration” du client (variable du processus du client, en terme de AE) Réalisation : Les thérapeutes (N=4) baissent leur niveau de VEE pendant 10 minutes au milieu d’une séance thérapeutique régulière et le remontent après au niveau normal. On observe les effets sur AE chez N=12 clients (3 par thérapeute). 46 23 Prof. Dr Michaël Reicherts L’entretien psychologique I – SA 2009 La recherche en intervention psychologique Recherches sur les processus: empathie VEE et auto-exploration L’étude de Sander, Tausch, Bastine & Nagel (1969) en TCP (II) Niveau de VEE Psychothérapeutes 10 I II III IV 8 VEE : Effets (ANOVA, 4 groupes, mesures répétées) F p Thérapeutes 0.2 n.s. Phases 40.2 <.001 Phases * Thérapeutes 3.8 n.s. 6 4 Phase I (normale) 47 Phase II (baisse VEE expérimentale) Phase III (normale) Prof. Dr Michaël Reicherts L’entretien psychologique I – SA 2009 La recherche en intervention psychologique Recherches sur les processus: empathie VEE et auto-exploration L’étude de Sander, Tausch, Bastine & Nagel (1969) en TCP (III) Niveau d’auto-exploration des clients (AE) Clients des psychothérapeutes 6 I II III IV 5 AE : Effets (ANOVA, 4 groupes, 3 mesures répétées) F p Thérapeutes 1.2 n.s. Phases 29.2 <.001 Phases * Thérapeutes 11.6 <.01 4 48 Phase I (normale) Phase II (baisse VEE expérimentale) Phase III (normale) 24 Prof. Dr Michaël Reicherts L’entretien psychologique I – SA 2009 L’importance du premier contact : Auto-exploration et succès thérapeutique I (recherche de Tscheulin, 1992) Auto-exploration 6 5.5 Cl. nettement améliorés Cl. non améliorés 5 4.5 4 1 49 2 3 4 Entretien No. Evolution de l’auto-exploration lors des 4 séances initiales auprès des clients nettement améliorés et clients pas ou peu améliorés. Prof. Dr Michaël Reicherts L’entretien psychologique I – SA 2009 L’importance du premier contact : Auto-exploration et succès thérapeutique II (recherche de Tscheulin, 1992) Auto-exploration 6 5.5 Cl. nettement améliorés Cl. non améliorés 5 4.5 4 1 50 2 3 Entretien initial : 1ère, 2ème, 3ème partie Evolution de l’auto-exploration lors des 3 tiers de l’entretien initial auprès des clients nettement améliorés et des clients pas ou peu améliorés. 25 L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts Utilisation différentielle de 2 types de confrontation par les thérapeutes - face aux 2 types de clients (action / self-oriented) Résultats d’une recherche non-expérimentale (Tscheulin, 1992) Nombre de confrontations lors de 2 séances consécutives clients orientés clients orientés vers eux-mêmes vers l’action n=5 n=5 __________________________________________________ Confrontation aux “ forces ” 5 10 Confrontation 2 20 aux “ faiblesses ” __________________________________________________ Total 51 7 30 Les clients orientés vers l’action ont été confrontés 4 fois plus que le clients orientés vers eux-mêmes (différence significative); les autres interventions (variables des base) étant les mêmes. Les thérapies des clients orientés vers l’action ont duré plus longtemps (28 à 74 séances) que celles des clients orientés vers eux-mêmes (4 à 20 séances). A la fin, la thérapie a été évaluée comme également efficace par les deux groupes de clients. L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts Recherches sur l’efficacité différentielle de la confrontation chez les clients « dirigés vers l’action » ou « dirigés vers eux-mêmes » Etude de Tscheulin (1992) Design quasi-expérimental (2 * 2) Facteur groupe : orientation vers soi-même vs vers l’action (comme caractéristique du client, évaluée préalablement): • clients orientés vers l’action (N=8) et • clients orientés vers eux-mêmes (N=8) (clients choisis à partir d’un échantillon de N=36 (1ère recherche) et N=45 (2ème recherche) Facteur traitement: conditions de traitement • TCP standard • TCP standard + confrontations (après préparation du thérapeute sur la base de l’enregistrement des séance(s) préalables) Réalisé lors d’un traitement de 5 séances à 30 min., à partir de la 2ème séance Par 4 thérapeutes (traitant chacun 2 clients de chaque type) (avec « Treatment integrity check » lors du troisième tiers de la 2ème et 4e séance) 52 26 Prof. Dr Michaël Reicherts L’entretien psychologique I – SA 2009 Recherches quasi-expérimentales sur l’efficacité différentielle de la confrontation chez des clients « dirigés vers l’action » ou « dirigés vers eux-mêmes » (Tscheulin, 1992) Succès thérapeutique selon Questionnaire de changements (VEV): comparaison entre situations propices et moins propices dans deux études quasi-expérimentales ETUDE I Clients dirigés vers eux-mêmes sans confr av confr Clients dirigés vers l’action sans confr av confr Evaluation Situations thérapeutiques A B C D 1 220 186 170 203 2 247 168 103 193 Thérapeutes 3 207 136 200 248 4 237 237 219 238 Prédiction (A+D) > (B+C) P = .005 U = 8.5 53 Moyennes 227 182 173 220 Prédiction confirmée Prof. Dr Michaël Reicherts L’entretien psychologique I – SA 2009 Recherches quasi-expérimentales sur l’efficacité différentielle de la confrontation chez des clients « dirigés vers l’action » ou « dirigés vers eux-mêmes » (Tscheulin, 1992) (suite) ETUDE II Clients dirigés vers eux-mêmes sans confr av confr Clients dirigés vers l’action sans confr av confr Evaluation Situations thérapeutiques A B C D 5 222 190 172 182 6 225 169 181 240 7 208 196 168 202 8 191 194 228 175 Moyennes 212 187 187 200 Thérapeutes Prédiction (A+D) > (B+C) P = .049 U = 16 54 Prédiction confirmée 27 L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts Modèles et explications théoriques de l'efficacité et du "modus operandi" de la TCP Modèles d'apprentissage Renforcement verbal Contre-conditionnement (ou « désensibilisation non-systématique ») Apprentissage par modèle Efficacité personnelle Apprentissage discriminatif Modèles de conflit Modèles cognitifs et modèles de traitement de l'information Modèle de Wexler Modèle de Reicherts & Pauls 55 L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts Modèle SORC(K) selon Kanfer & Saslow (1967) basé sur conditionnement opérant / contingence de renforcement (selon Skinner, 1937) Stimulus Organisme Réaction Conséquence + SD O R 0 C - 56 C+ (ou C-) conséquence « positive » C- (ou C+) conséquence « négative » C0 (ou C) pas de conséquence (« nulle ») } K 28 L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts Modus operandi en TCP: Principes d’apprentissage opérant Types de renforcement et de punition (selon Holland & Skinner, 1961) conséquence / condition présentation / réalisation retrait / suppression positive / agréable négative / aversive renforcement positif C+ punition I punition II renforcement négatif C- C+ C- 57 L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts Explication des mécanismes thérapeutiques et du « modus operandi" en TCP Le contre-conditionnement ou la « désensibilisation non-systématique » 1. La réalisation des variables de base, notamment la considération positive, crée un climat d’accueil positif et de sécurité. 2. Ce cadre interactionnel aidera le client à acquérir un état d’une (relative) détente. 3. C’est dans cet état que le client affrontera des thèmes difficiles et chargés d’émotions négatives, où il fera signe de son niveau d’implication. 4. A partir de cette « confrontation » il commence à les explorer. Le caractère « non-systématique » réside dans le fait qu’il n’y a pas de démarche explicite ni d’hiérarchie de situations problématique. 58 29 L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts Explication des mécanismes thérapeutiques et du « modus operandi" en TCP Apprentissage par modèle 1. Le thérapeute démontre, dans ses comportements attentifs et empathiques, un fonctionnement et des interactions caractérisés par l’acceptation, l’exploration et l’ouverture non seulement envers le client mais aussi envers les thèmes et problèmes abordés. 2. Du point de vu du client, le thérapeute présente des comportements « modèle » dans un cadre et climat protégé, que le client peut adopter provisoirement et « tester », sans courir le risque d’être critiqué ou corrigé. Efficacité personnelle 3. Au fur et à mesure que le client expérimente ses comportements verbaux, non-verbaux, cognitifs et affectifs, il augmente sa conviction de pouvoir aborder ces thèmes et états émotionnelles et de s’y ouvrir et de commencer lui même à analyser leur signification et à les résoudre. 59 L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts Modus operandi de la TCP : le modèle du conflit Tendance à la réaction Gradient d’évitement Gradient de rapprochement But Distance du but 60 30 Prof. Dr Michaël Reicherts L’entretien psychologique I – SA 2009 Modus operandi de la TCP : le modèle du conflit changement thérapeutique Tendance à la réaction Gradient de rapprochement Gradient d’évitement But Distance du but 61 L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts Le traitement de l’information émotionnelle Le modèle de Reicherts & Pauls (1983) Informations internes / externes (corps, environnement, mémoire) Différenciation Niveau de Différenciation Nombre de dimensions proposées 62 Structures de signification du vécu émotionnel - actuelles Distinction Niveau de Distinction Nombre de niveaux d’évaluation (nuances) utilisées lors du rating Intégration Niveau d’intégration (non étudié) 31 L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts Le traitement de l’information émotionnelle paramètres cognitifs (Reicherts & Pauls, 1983) • Nombre de dimensions émotionnelles personnelles (élaborées pour différencier des états et expériences affectifs) Groupes et médians (test de Kruskal-Wallis) (N=60; n=20 par groupe) Clients (en début de thérapie) 63 8.0 Sujets normaux (contrôle) 10.5 Psychologues/psychothérap. 11.0 Chi2 19.40 p<.001 A la fin de la thérapie, les clients (n=10) ont augmenté le nombre de dimensions émotionnelles (médian 10.2) L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts Le traitement de l’information émotionnelle paramètres cognitifs (Reicherts & Pauls, 1983) • Degré de distinction sur les dimensions émotionnelles (nombre de nuances en distinguant des états affectifs) Groupes et médians (Test de Kruskal-Wallis) (N=60; n=20 par groupe) Clients (en débuts de thérapie) 8.2 Sujets normaux (contrôle) 9.3 Psychologues/psychothérap. 10.1 Chi2 11.20 p<.005 64 32 L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts Etude d‘efficacité dans les Troubles anxieux (Teusch, Böhme & Gastpar, 1997; Teusch & Böhme, 1999) Question : Analyse de l‘efficacité de la TCP chez les Troubles anxieux (Trouble panique avec agoraphobie) et comparaison de son efficacité avec un traitement combinant TCP et exposition comportementale Patients : 40 patients avec Trouble panique avec agoraphobie (selon DSM-III-R), hospitalisés à une clinique psychosomatique. Age moyen: 33 ans, 40 % hommes, 60 % femmes. Les symptômes anxieux pré-existaient depuis 6-7 ans (moyen) et ont été traités préalablement durant 4 ans en moyenne sans succès. La majorité des patients (88 %) avait préalablement reçu un traitement pharmacologique (9 patients on continué le traitement avec les médicaments, sous contrôle). Critères d‘exclusion: pas de Troubles psychotiques ou Trouble de la dépendance. Les groupes de patients ont été randomisés et sont comparables au niveau social et démographique (sexe; état civil, scolarité; statut) 65 L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts Etude d‘efficacité dans les Tourbles anxieux (Teusch, Böhme & Gastpar, 1997; Teusch & Böhme, 1999) Formes de traitement: Traitement centré sur la personne : Thérapie basée sur manuel durant 14 semaines avec en individuel (1 séance) et en groupe (4 séances par semaine), complété par des éléments „psycho-gymnastique“, thérapie de création et d‘activité. Pas de tâches à domicile ni tâches d‘exposition préscrites. Le traitement combiné de la même durée avec traitement centré sur la personne (et compléments) : 1 séance en individuel et 3 séances en groupe (TCP), plus 1 séance hebdomadaire d‘exposition en groupe avec tâches à domicile et entraînement individuel quotidien à l‘exposition (selon Mathews, Gelder & Johnston, 1981). Plan de recherche: Etude randomisée et contrôlée avec 2 conditions de traitement (2 groupes à 20 patients) et 5 points de mesure: début, fin, suivi après 3, 6 et 12 mois. 66 Variables dépendantes: Instruments d‘évaluation (par 2 clinicien indépendants) : DSM-SCID-1 (trouble panique) et SCID-2 (agoraphobie); Hamilton Anxiety Scale (HAMA) et Hamilton Depression Scale (HAMD), Fear Survey Schedule (FSS), incl. Échelles d‘évaluation visuelles-analogues concernant être prêt à l‘autoexposition aux stimuli phobogènes. 33 L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts Etude d‘efficacité (Teusch, Böhme & Gastpar, 1997; Teusch & Böhme, 1999) 67 Résultats - effets Fin de thérapie: Dans les deux groupes, l‘intensité des symptômes de panique et d‘agoraphobie a sensiblement amélioré (Rating SCID), de même l‘évaluation de la résistance et de l‘interférence (selon FSS). L‘amélioration est importante et hautement significative, statistiquement et cliniquement. Le taux de cas améliorés a été meilleur dans le traitement combiné, mais la différence n‘est pas significative. Le taux de patients avec rémission complète (ou amélioration très importante) est de 60%. Lors du suivi: après 3 et 6 mois pas d‘amélioration supplémentaire dans les 2 groupes; le groupe TCP s‘approchait du groupe combiné de plus en plus pour atteindre à 12 mois quasiment le même niveau (taux identique). Après 1 an taux avec rémission complète panique (42.5%) et agoraphobie (32.5%) (taux élevé). Les tailles de l‘effet de changement sont assez élevées à la fin du traitement (entre 0.50 et 1.00). Elles augmentent après 12 mois (pratiquement toutes les mesures > 0.80) et sont a qualifier comme étant élevées. Pour les symptômes principaux (selon SCID) et les échelles de Hamilton elles ont très élevées (ES>=1.50). Les groupes ne se distinguent pas dans les tailles d‘effet globales. Un résultat différentiel intéressant: Le traitement combiné a été plus efficace dans la mesure où les personnes s‘exposaient plus rapidement aux situations phobogènes, à la fin du traitement et surtout après 6 mois. Cette différence disparaît après un an et indique qu‘il y avait des changements internes ultérieurs dans le groupe TCP. L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts Efficacité : résultats des méta-analyses (Elliott et al., 2004) Tailles d‘effet de changement (ESchange) Fin de thérapie Suivi (1-11 mois) Suivi tardif (12 mois et plus) 0.97 1.16 1.04 Taille de l‘effet globale non pondérée pondérée (selon effectifs) 0.99 0.86 Tailles d‘effet groupe contrôle (comp. avec clients non traités) Différence moyenne non pondérée 0.89 Différence moyenne pondérée 0.78 Tailles d‘effet comparatives (différents traitements) Traitements dirigés vers le processus vs. TCP non dirigée Trtm. centrés sur le client vs. Cognitivo-comportementaux Trtm. dirigés & expérientels vs. Cognitivo-comportemental 0.48 - 0.19 +0.20 68 34 L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts Efficacité de l’entraînement à l’intervention TCP Département de Psychologie de l’Université de Fribourg Etude de Defago & Reicherts (2007, 2009) Tailles d’effet de changement (ESchange) Etudiant-e-s avant-après la pratique du cours Entretien I & II Niveau processus explicatif PE 4.26 (.33) vs. 4.70 (.29) 1.24 Reicherts, M. & Defago, L. (2009). Kognitive und affektive Prozesse bei der Realisierung klientenzentrierter Interventionen – Eine experimentelle Studie. In R. Sachse et al. (Ed.), Grundlagen und Konzepte Klärungsorientierter Psychotherapie (pp. 253-268). Göttingen: Hogrefe. 69 L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts Efficacité de l’entraînement à l’intervention TCP Département de Psychologie de l’Université de Fribourg Etude de Defago & Reicherts (2007, 2009) Implications cognitive et affective dans les interventions thérapeutiques Studierende Anfänger vs und Prä-Training Therapeuten in Ausbildung avancée (n=19) (étudiants pré-training (n=44) thérapeutes en formation 4 3.5 3 2.5 70 2 kognitive Implikation affektive Implikation unmittelbares Verstehen 35 L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts Efficacité Modèles explicatifs et modus operandi Recherches en TCP - Exemples 71 L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts La recherche en intervention psychologique Recherche sur les processus: empathie et auto-exploration L’étude de Sander, Tausch, Bastine & Nagel (1969) en TCP (I) Hypothèse : Les interventions empathiques (empathie comme variable du processus de la part du thérapeute, en terme des “verbalisations des expériences émotionnelles” (VEE) influencent l’”auto-exploration” du client (variable du processus du client, en terme de AE) Réalisation : Les thérapeutes (N=4) baissent leur niveau de VEE pendant 10 minutes au milieu d’une séance thérapeutique régulière et le remontent après au niveau normal. On observe les effets sur AE chez N=12 clients (3 par thérapeute). 72 36 Prof. Dr Michaël Reicherts L’entretien psychologique I – SA 2009 La recherche en intervention psychologique Recherches sur les processus: empathie VEE et auto-exploration L’étude de Sander, Tausch, Bastine & Nagel (1969) en TCP (II) Niveau de VEE Psychothérapeutes 10 I II III IV 8 VEE : Effets (ANOVA, 4 groupes, mesures répétées) F p Thérapeutes 0.2 n.s. Phases 40.2 <.001 Phases * Thérapeutes 3.8 n.s. 6 4 Phase I (normale) 73 Phase II (baisse VEE expérimentale) Phase III (normale) Prof. Dr Michaël Reicherts L’entretien psychologique I – SA 2009 La recherche en intervention psychologique Recherches sur les processus: empathie VEE et auto-exploration L’étude de Sander, Tausch, Bastine & Nagel (1969) en TCP (III) Niveau d’auto-exploration des clients (AE) Clients des psychothérapeutes 6 I II III IV 5 AE : Effets (ANOVA, 4 groupes, 3 mesures répétées) F p Thérapeutes 1.2 n.s. Phases 29.2 <.001 Phases * Thérapeutes 11.6 <.01 4 74 Phase I (normale) Phase II (baisse VEE expérimentale) Phase III (normale) 37 Prof. Dr Michaël Reicherts L’entretien psychologique I – SA 2009 L’importance du premier contact : Auto-exploration et succès thérapeutique I (recherche de Tscheulin, 1992) Auto-exploration 6 5.5 Cl. nettement améliorés Cl. non améliorés 5 4.5 4 1 75 2 3 4 Entretien No. Evolution de l’auto-exploration lors des 4 séances initiales auprès des clients nettement améliorés et clients pas ou peu améliorés. Prof. Dr Michaël Reicherts L’entretien psychologique I – SA 2009 L’importance du premier contact : Auto-exploration et succès thérapeutique II (recherche de Tscheulin, 1992) Auto-exploration 6 5.5 Cl. nettement améliorés Cl. non améliorés 5 4.5 4 1 76 2 3 Entretien initial : 1ère, 2ème, 3ème partie Evolution de l’auto-exploration lors des 3 tiers de l’entretien initial auprès des clients nettement améliorés et des clients pas ou peu améliorés. 38 L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts Utilisation différentielle de 2 types de confrontation par les thérapeutes - face aux 2 types de clients (action / self-oriented) Résultats d’une recherche non-expérimentale (Tscheulin, 1992) Nombre de confrontations lors de 2 séances consécutives clients orientés clients orientés vers eux-mêmes vers l’action n=5 n=5 __________________________________________________ Confrontation aux “ forces ” 5 10 Confrontation 2 20 aux “ faiblesses ” __________________________________________________ Total 77 7 30 Les clients orientés vers l’action ont été confrontés 4 fois plus que le clients orientés vers eux-mêmes (différence significative); les autres interventions (variables des base) étant les mêmes. Les thérapies des clients orientés vers l’action ont duré plus longtemps (28 à 74 séances) que celles des clients orientés vers eux-mêmes (4 à 20 séances). A la fin, la thérapie a été évaluée comme également efficace par les deux groupes de clients. L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts Recherches sur l’efficacité différentielle de la confrontation chez les clients « dirigés vers l’action » ou « dirigés vers eux-mêmes » Etude de Tscheulin (1992) Design quasi-expérimental (2 * 2) Facteur groupe : orientation vers soi-même vs vers l’action (comme caractéristique du client, évaluée préalablement): • clients orientés vers l’action (N=8) et • clients orientés vers eux-mêmes (N=8) (clients choisis à partir d’un échantillon de N=36 (1ère recherche) et N=45 (2ème recherche) Facteur traitement: conditions de traitement • TCP standard • TCP standard + confrontations (après préparation du thérapeute sur la base de l’enregistrement des séance(s) préalables) Réalisé lors d’un traitement de 5 séances à 30 min., à partir de la 2ème séance Par 4 thérapeutes (traitant chacun 2 clients de chaque type) (avec « Treatment integrity check » lors du troisième tiers de la 2ème et 4e séance) 78 39 Prof. Dr Michaël Reicherts L’entretien psychologique I – SA 2009 Recherches quasi-expérimentales sur l’efficacité différentielle de la confrontation chez des clients « dirigés vers l’action » ou « dirigés vers eux-mêmes » (Tscheulin, 1992) Succès thérapeutique selon Questionnaire de changements (VEV): comparaison entre situations propices et moins propices dans deux études quasi-expérimentales ETUDE I Clients dirigés vers eux-mêmes sans confr av confr Clients dirigés vers l’action sans confr av confr Evaluation Situations thérapeutiques A B C D 1 220 186 170 203 2 247 168 103 193 Thérapeutes 3 207 136 200 248 4 237 237 219 238 Prédiction (A+D) > (B+C) P = .005 U = 8.5 79 Moyennes 227 182 173 220 Prédiction confirmée Prof. Dr Michaël Reicherts L’entretien psychologique I – SA 2009 Recherches quasi-expérimentales sur l’efficacité différentielle de la confrontation chez des clients « dirigés vers l’action » ou « dirigés vers eux-mêmes » (Tscheulin, 1992) (suite) ETUDE II Clients dirigés vers eux-mêmes sans confr av confr Clients dirigés vers l’action sans confr av confr Evaluation Situations thérapeutiques A B C D 5 222 190 172 182 6 225 169 181 240 7 208 196 168 202 8 191 194 228 175 Moyennes 212 187 187 200 Thérapeutes Prédiction (A+D) > (B+C) P = .049 U = 16 80 Prédiction confirmée 40 L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts Modèles et explications théoriques de l'efficacité et du "modus operandi" de la TCP Modèles d'apprentissage Renforcement verbal Contre-conditionnement (ou « désensibilisation non-systématique ») Apprentissage par modèle Efficacité personnelle Apprentissage discriminatif Modèles de conflit Modèles cognitifs et modèles de traitement de l'information Modèle de Wexler Modèle de Reicherts & Pauls 81 L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts Modèle SORC(K) selon Kanfer & Saslow (1967) basé sur conditionnement opérant / contingence de renforcement (selon Skinner, 1937) Stimulus Organisme Réaction Conséquence + SD O R 0 C - 82 C+ (ou C-) conséquence « positive » C- (ou C+) conséquence « négative » C0 (ou C) pas de conséquence (« nulle ») } K 41 L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts Modus operandi en TCP: Principes d’apprentissage opérant Types de renforcement et de punition (selon Holland & Skinner, 1961) conséquence / condition présentation / réalisation retrait / suppression positive / agréable négative / aversive renforcement positif C+ punition I punition II renforcement négatif C- C+ C- 83 L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts Explication des mécanismes thérapeutiques et du « modus operandi" en TCP Le contre-conditionnement ou la « désensibilisation non-systématique » 1. La réalisation des variables de base, notamment la considération positive, crée un climat d’accueil positif et de sécurité. 2. Ce cadre interactionnel aidera le client à acquérir un état d’une (relative) détente. 3. C’est dans cet état que le client affrontera des thèmes difficiles et chargés d’émotions négatives, où il fera signe de son niveau d’implication. 4. A partir de cette « confrontation » il commence à les explorer. Le caractère « non-systématique » réside dans le fait qu’il n’y a pas de démarche explicite ni d’hiérarchie de situations problématique. 84 42 L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts Explication des mécanismes thérapeutiques et du « modus operandi" en TCP Apprentissage par modèle 1. Le thérapeute démontre, dans ses comportements attentifs et empathiques, un fonctionnement et des interactions caractérisés par l’acceptation, l’exploration et l’ouverture non seulement envers le client mais aussi envers les thèmes et problèmes abordés. 2. Du point de vu du client, le thérapeute présente des comportements « modèle » dans un cadre et climat protégé, que le client peut adopter provisoirement et « tester », sans courir le risque d’être critiqué ou corrigé. Efficacité personnelle 3. Au fur et à mesure que le client expérimente ses comportements verbaux, non-verbaux, cognitifs et affectifs, il augmente sa conviction de pouvoir aborder ces thèmes et états émotionnelles et de s’y ouvrir et de commencer lui même à analyser leur signification et à les résoudre. 85 L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts Modus operandi de la TCP : le modèle du conflit Tendance à la réaction Gradient d’évitement Gradient de rapprochement But Distance du but 86 43 Prof. Dr Michaël Reicherts L’entretien psychologique I – SA 2009 Modus operandi de la TCP : le modèle du conflit changement thérapeutique Tendance à la réaction Gradient de rapprochement Gradient d’évitement But Distance du but 87 L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts Le traitement de l’information émotionnelle Le modèle de Reicherts & Pauls (1983) Informations internes / externes (corps, environnement, mémoire) Différenciation Niveau de Différenciation Nombre de dimensions proposées 88 Structures de signification du vécu émotionnel - actuelles Distinction Niveau de Distinction Nombre de niveaux d’évaluation (nuances) utilisées lors du rating Intégration Niveau d’intégration (non étudié) 44 L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts Le traitement de l’information émotionnelle paramètres cognitifs (Reicherts & Pauls, 1983) • Nombre de dimensions émotionnelles personnelles (élaborées pour différencier des états et expériences affectifs) Groupes et médians (test de Kruskal-Wallis) (N=60; n=20 par groupe) Clients (en début de thérapie) 89 8.0 Sujets normaux (contrôle) 10.5 Psychologues/psychothérap. 11.0 Chi2 19.40 p<.001 A la fin de la thérapie, les clients (n=10) ont augmenté le nombre de dimensions émotionnelles (médian 10.2) L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts Le traitement de l’information émotionnelle paramètres cognitifs (Reicherts & Pauls, 1983) • Degré de distinction sur les dimensions émotionnelles (nombre de nuances en distinguant des états affectifs) Groupes et médians (Test de Kruskal-Wallis) (N=60; n=20 par groupe) Clients (en débuts de thérapie) 8.2 Sujets normaux (contrôle) 9.3 Psychologues/psychothérap. 10.1 Chi2 11.20 p<.005 90 45 L’entretien psychologique I – SA 2009 Prof. Dr Michaël Reicherts Fin de la partie théorique … Merci pour la bonne collaboration ! 91 Jean Tinguely Fountain « Jo Siffert » Fribourg/Switzerland 46