Numéro n°1 - décembre 2010

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Concertation publique sur le projet
Décembre 2010
N°1
CAHIER D’ACTEURS
SUR LE PROJET CYRÉNÉE, RACCORDEMENT
DE LA CORSE AU GAZ NATUREL A PARTIR DU GALSI
Par
Yves POGGI (1)
Docteur d’Etat es Sciences Physiques
Consultant international en environnement
Santa Gatti (2)
Docteur en chimie
Les cahiers
d’acteurs sont
l’expression
du point de vue
d’acteurs soucieux
de faire porter à la
connaissance du
public leur point de
vue sur le
projet Cyrénée.
Les propos
tenus dans le
présent document
n’engagent que leur
auteur.
(1) Hameau de Monticelli
20232 Poggio d’Oletta
[email protected]
(2) Résidence la Pinède
20168 Porticcio
[email protected]
Observations sur certains impacts
environnementaux relatifs à la pose
off shore du gazoduc Cyrénée
1 - Introduction
Le projet Cyrénée devant alimenter la Corse en gaz naturel se fera concomitamment
avec la réalisation du projet GALSI, gazoduc Algérie-Sardaigne-Italie. Ce dernier projet
a été inclus par l’Union européenne dans la liste des projets prioritaires pour le développement de l’énergie et plus récemment, dans le Plan de relance européen. Il s’agit
d’un projet stratégiquement important pour l’avenir de l’approvisionnement énergétique
européen. Une bretelle, dénommée Cyrénée, prévue entre la Sardaigne et la Corse permettra également le développement énergétique et socio-économique de cette île, tout
en préservant son environnement.
La canalisation, d’une longueur de 300 kilomètres, dont 100 kilomètres environ seront
posés off shore, sera connectée au GALSI en Sardaigne à Saline au sud d’Olbia et son atterrage, en Corse, se fera sur la façade littorale de la commune de Zonza vers Pinarello.
Il paraît donc important de sensibiliser le public et le poseur - la société GRTgaz - sur
certains impacts de la pose de cette canalisation sur les écosystèmes sous-marins.
Cahier d’Acteur N°1 - 1
Concertation publique sur le projet
2 - Les impacts prévisibles du projet
dans sa partie off shore
Le sanctuaire Pelagos
Le tracé du projet Cyrénée
Figure 1-a
Figure 1-b
Figure 1-c
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Concertation publique sur le projet
Si le tracé évite le parc marin international des bouches de Bonifacio, il se situe par
contre en totalité dans le sanctuaire Pelagos comme l’illustrent les figures 1-a,1-b,1-c.
Un accord international signé le 25 novembre 1999, à Rome, a permis la création d’un
sanctuaire pour les mammifères marins en mer Méditerranée entre la France, l’Italie et
la principauté de Monaco (dépositaire) pour l’obtention par cette zone du statut de SPAMI
(Specially Protected Areas of Mediterranean Importance, zone de la mer Méditerranée
d’importance spéciale). Cet accord, ratifié par les trois pays concernés, est entré en vigueur le 21 février 2002.
Ce sanctuaire, d’une superficie de 87 500 km², héberge un capital biologique de haute
valeur patrimoniale par la présence de nombreuses espèces de cétacés. Il s’agit aussi
d’un espace dédié à la concertation, pour que les nombreuses activités humaines déjà
présentes puissent s’y développer en harmonie avec le milieu naturel qui les entoure
sans compromettre la survie des espèces présentes et la qualité de leurs habitats.
Le Sanctuaire a pour objectif d’instaurer des actions concertées et harmonisées entre les
trois pays pour la protection des cétacés et de leurs habitats contre toutes les causes de
perturbations : pollutions, bruit, captures et blessures accidentelles, dérangement, etc.
En octobre 2007, lors de la 3ème Réunion des Parties Contractantes de l’Accord d’ACCOBAMS les participants ont fait plusieurs recommandations de mesures de gestions
contre les bruits sous-marins.
Espèces fréquentes dans le Sanctuaire PELAGOS
Taille
Couleur
Particularité
Espèce
> 10 m
Gris foncé
Gris foncé tête massive, au profil
« carré «, souffle orienté vers
l’avant gauche, petit aileron
dorsal triangulaire
Cachalot
<2m
Bleu noir et blanc
Stries sombres sur les flancs
Une flamme typique blanche part
des flancs vers l’aileron dorsal
Dauphin bleu et
blanc
>2m
Bleu foncé et blanc
Flancs marqués par un « V » bleu
Dauphin commun
2,5 à 5 m
Gris sombre et taches
blanchâtres
Absence de rostre (front plat),
nageoire dorsale au milieu du
dos, cicatrices sur le corps
Dauphin de Risso
5 à 10 m
Noir et gris foncé
Tête ronde et globuleuse, aileron
bas et large, recourbé vers
l’arrière
Globicéphale noir
2,5 à 5 m
Bleu et blanc
Rostre court et bien marqué,
flanc gris
Grand Dauphin
> 15 m
Dos gris
ventre clair
Tête triangulaire et fanons, avec
une coloration asymétrique.
Souffle vertical et petit aileron
reculé
Rorqual commun
5 à 10 m
Corps gris tête claire
Nageoire dorsale en arrière du
corps
Ziphius
Cahier d’Acteur N°1 - 3
Concertation publique sur le projet
De nombreuses études se sont efforcées de définir l’habitat des cétacés. Elles départagent la présence des différentes espèces par la température de l’eau de surface et les
différentes masses d’eau en présence, les profondeurs et le relief topographique, les
phénomènes hydrologiques tels que les upwellings ou les fronts ou la combinaison de
plusieurs facteurs à divers niveaux spatio-temporels. Les habitats préférentiels au vu
des observations réalisées se situeraient sur le talus continental (figure 2) sur lequel
serait implantée la canalisation, et l’environnement pélagique.
Figure 2
La présence des mammifères marins est, de plus, dépendante de la distribution des
proies dont ils se nourrissent. Il a été démontré que leur présence en mer Tyrrhénienne,
dans le sanctuaire Pelagos, est particulièrement importante en période estivale qui se
trouve être également celle de leur reproduction.
Les impacts possibles sur les cétacés
L’univers acoustique des cétacés
Même s’il faut être encore particulièrement prudent quant à l’impact que peuvent avoir
les sons sur les mammifères marins, plusieurs études scientifiques témoignent de modifications comportementales.
Le bruit sous-marin anthropogénique est une forme de pollution qui, bien que reconnue,
n’est quasiment pas réglementée. On sait que de nombreuses espèces de poissons et de
mammifères marins sont très sensibles aux sons, et dépendent de ceux-ci pour s’orienter, trouver leur nourriture, localiser un partenaire, éviter les prédateurs, et communiquer entre eux. Le sens le plus développé chez les cétacés à dents est l’audition : ils sont
dotés de la fonction d’écholocation, sorte de sonar naturel, qui permet la localisation
Cahier d’Acteur N°1 - 4
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dans l’espace de leurs congénères et des proies. Les ondes sonores à haute fréquence
(figure3) sont émises par une cavité proche de l’évent (en bleu sur le schéma suivant),
puis focalisées vers la cible, réfléchies par la cible, captées au niveau de la mâchoire inférieure pour être enfin interprétées par le cerveau (en rouge sur le schéma).
Figure 3
L’univers des cétacés est essentiellement acoustique. Les sons se propageant très loin
dans l’eau et cinq fois plus vite que dans l’air, certains cétacés sont capables de communiquer à plusieurs centaines de kilomètres de distance, et d’émettre des sons répétitifs
que l’on qualifie de chant. Il ne faut donc pas s’étonner que le Sanctuaire Pelagos soit
particulièrement surveillé notamment en ce qui concerne la gestion du bruit, en effet,
les études démontrent que certaines formes de bruit océanique peuvent tuer, blesser et
rendre sourds les baleines, d’autres mammifères marins, ainsi que des poissons. D’autre
part, les spécialistes mettent en avant les divers types de réactions que peuvent avoir les
cétacés subissant des émissions sonores d’origine anthropique :
impact physique
tissu corporel et système auditif endommagés ;
impact perceptif
empêche de communiquer avec ses congénères, masque
l’écoute d’autres sons biologiquement importants, interférence avec les facultés d’écoute, décalage adaptatif des
vocalises ;
impact
comportemental
grosse interruption du comportement normal, déplacement
hors de la zone de nuisance sonore ;
effets indirects
une diminution de la disponibilité des proies, incitation à une
accoutumance aux sons.
Impacts en phase travaux - Mesure compensatoire
Il est évident que la pose du tube offshore interagit avec le milieu ambiant à cause de
l’impact potentiel provoqué par les variations du bruit environnemental dues au trafic des
bateaux de pose et du fonctionnement des divers engins utilisés en cours de construction.
Il serait donc important d’éviter les travaux durant la période estivale durant laquelle la
présence des cétacés en mer Tyrrhénienne est importante et qui correspond de plus à la
période de leur reproduction.
Impacts en phase exploitation - mesure compensatoire
Il est nécessaire de prendre en compte le fait que la vitesse du son étant supérieure dans
l’eau que dans l’air, le bruit se propage plus loin dans ce premier élément, augmentant
d’autant le rayon de la sphère d’impact sonore sur les cétacés.
Les sources de bruit peuvent provenir :
a - de l’écoulement du méthane à haute pression et grand débit dans le gazoduc
b – du déplacement des robots de surveillance aussi bien internes qu’externes.
Le bruit ayant des impacts négatifs sur les cétacés - dérangements, surdité, lésions
traumatiques, dysfonctionnement du système d’écholocalisation, difficultés de commu-
Cahier d’Acteur N°1 - 5
Concertation publique sur le projet
nication, échouages, destruction d’écosystèmes littoraux (ports et remblais, dragages) et
donc de l’habitat des cétacés côtiers - il serait donc bon de déterminer les spectres, en
intensités et en fréquences, des bruits issus du méthanoduc dans sa phase exploitation
et de les comparer avec les audiogrammes de cétacés (figure 4).
Figure 4
Audiogramme
de cétacés
Impacts liés à la corrosion, puis à l’abandon
du gazoduc
La protection contre la corrosion est assurée par un revêtement de la canalisation de
plusieurs couches de polypropylène et par des anodes sacrificielles.
La corrosion est le phénomène de dégradation d’un substrat métallique, sous l’action du
milieu ambiant. Elle correspond au retour de la matière à son état le plus stable. Elle est
accompagnée du phénomène de dissolution des métaux : acier de la canalisation, métaux
composants les anodes sacrificielles anticorrosion.
Afin de ne pas alourdir le bilan environnemental des générations futures, il parait important d’amener des éléments d’appréciation compte tenu des recherches menées à
l’heure actuelle par des laboratoires spécialisés sur le devenir des métaux dans l’environnement marin. En effet, au-delà d’une certaine concentration, parfois très faible, dans
le milieu marin, certains métaux peuvent avoir des effets néfastes. Une analyse de la biodisponibilté des métaux - fer, aluminium, zinc - présents dans la conception du gazoduc,
l’acclimatation et l’adaptation des différents organismes vivants présents dans les biotopes, et les implications induites par la pollution anthropogénique est donc nécessaire.
Il serait bon d’amener des réponses aux questions suivantes :
>> Quelles sont les conditions exactes de l’abandon de la canalisation sur le fond en fin
de vie ?
>> Quelle est la durée de vie estimée des couches de polypropylène ?
>> Quels seront les impacts de cet abandon sur tous les écosystèmes en présence ?
Cahier d’Acteur N°1 - 6
Concertation publique sur le projet
>> Quels seront les effets de la dispersion des éléments de dégradation du Polypropylène, de l’acier et des autres métaux constitutifs de la canalisation dans la colonne
d’eau qui le surplombe une fois la dégradation de l’acier amorcée, d’autant qu’il est
bien connu qu’il existe des possibilités de perte d’adhérence du polypropylène autour
des soudures.
Impacts liés aux fuites dans la canalisation
Il s’agit bien entendu des fuites liées à la structure même du méthanoduc, mais également à celles produites par d’éventuelles conséquences géologiques.
Le gazoduc faisant l’objet de cette enquête, transportera un gaz que l’on appelle communément du méthane mais qui est en réalité du gaz naturel non associé. Celui-ci est composé de 81% à 97% de méthane (CH4) et éventuellement de traces d’autres gaz, dioxyde
de carbone (CO2), sulfure d’hydrogène (H2S), dioxyde d’azote (N2), hélium (He).
Or, dans l’hypothèse de fuites éventuelles de ce gazoduc, à haute pression et à la température des fonds marins, le méthane libéré est, au contact de l’eau, retenu dans des
composés nommés hydrates de méthane ou « clathrates » (méthane solidifié sous forme
d’énormes cristaux).
Figure 5
Clathartes
Aujourd’hui, un vaste débat porte sur la « sécurité de détention » que l’on peut accorder
à ces cages et sur les craintes qu’elles inspirent :
>> Tout d’abord, parce qu’elles agissent comme de véritables « concentrateurs » de méthane : 1 volume de clathrates libère 170 volume de méthane lorsqu’il se dissocie.
>> Ensuite parce que l’idée d’une telle dissociation est possible dès que les conditions de
température et de pression nécessaires à l’existence stable de ces composés ne sont
plus remplies.
Il faut donc prendre au sérieux deux hypothèses de risque, l’une «climatique» (provoquant une hausse de la température du fond océanique), l’autre «mécanique» (une
brusque perturbation des conditions de pression). Dans les deux cas, le danger réside
dans un dégazage massif de méthane libéré par les clathrates.
Cahier d’Acteur N°1 - 7
Concertation publique sur le projet
L’hypothèse mécanique se rapporte essentiellement à l’apparition d’instabilités dans les
couches de sédiment déposées sur des talus sous-marins inclinés, qui pourraient déclencher de vastes coulées de matières. Lors de tels glissements, les clathrates présents
dans la masse ou dans l’environnement peuvent se dissocier, sous le choc, en provoquant
le dégazage du méthane qu’ils stockent.
Dans une moindre mesure, ce risque mécanique peut également être induit par les activités humaines entrainant un échauffement des fonds marins, ce qui pourrait provoquer
de dangereuses déstabilisations accompagnées d’émissions de méthane. Ce danger est
bien connu des compagnies pétrolières qui, de ce fait, s’intéressent, voire participent, à
des programmes de recherche sur le sujet (Source : Le magazine de la recherche européenne).
L’hypothèse climatique : il n’est pas exclu que le réchauffement actuel de la Méditerranée puisse provoquer de tels épisodes. D’où l’importance d’envisager sérieusement les
problèmes liés aux fuites de méthane dans le gazoduc, dans la mesure de la profondeur
de pose de la canalisation.
Impacts liés aux herbiers de posidonies
La conservation et la protection de la biodiversité marine supposent avant tout de préserver les milieux qui n’ont pas encore été très perturbés par les activités anthropiques, et
de restaurer un milieu perturbé par des pollutions massives.
Le droit international prend en compte le danger d’introduction d’espèces exotiques ou
de parasites risquant de menacer la survie des espèces endémiques. Ainsi, il est imposé
aux Etats de prendre toutes les mesures nécessaires pour prévenir l’introduction intentionnelle ou accidentelle d’espèces étrangères ou nouvelles pouvant y provoquer des
changements considérables et nuisibles (convention de Montego Bay article 196 al.1). La
convention de Berne prévoit également cette interdiction dans son article 8. La convention de Rio est quant à elle la première à proposer l’éradication de l’espèce menaçante en
cas de besoin, comme le fait d’ailleurs le protocole de Barcelone de juin 1995 (article 13).
Les herbiers de posidonies sont présents le long de la plus grande partie des côtes de
la Méditerranée, Corse comprise, dont ils sont endémiques. Ils constituent, entre le voisinage de la surface et 30-40 m de profondeur (localement moins) un rôle écologique et
économique très important en Méditerranée :
>> pôle de biodiversité (entre 20 et 25% des espèces animales et végétales connues de la
Méditerranée y ont été observées)
>> frayère et nurserie pour de nombreuses espèces, en particulier pour des poissons
d’intérêt économique
>> fixation des sédiments dans le lacis des rhizomes (matte), atténuation de l’énergie de
la houle et des vagues et contrôle du profil d’équilibre des rivages sableux.
Figure 6
l’herbier à Posidonia
Oceanica
La pose du gazoduc n’entraînera qu’une destruction minime de l’herbier de posidonies
sur un couloir d’environ un mètre autour de la canalisation près de la zone d’atterrage.
Cette pose provoquera également une turbidité très passagère gênant épisodiquement
les écosystèmes présents. Un tel impact très limité dans le temps et dans l’espace est
négligeable vis-à-vis de celui induit par les espèces invasives telles : caulerpa racemosa
et caulerpa taxifolia introduite accidentellement à Monaco. Ces deux espèces ne sont pas
présentes en Corse.
Cahier d’Acteur N°1 - 8
Concertation publique sur le projet
La Taxifolia représente un danger pour l’équilibre naturel et perturbe gravement l’écosystème sous-marin. En effet, certains poissons fuient et toutes les autres plantes aquatiques disparaissent alors que la propagation de la Taxifolia est très rapide. Les espèces
Caulerpa Taxifolia et Racemosa se propagent facilement car elles n’ont pas de prédateurs excessifs et grâce à la sécrétion de substances toxiques elles provoquent la fuite
des poissons, tout en détruisant l’herbier de Posidonies. L’impact écologique est évidemment très important.
Ces espèces invasives peuvent être introduites par mouillages d’ancre. C’est un tel phénomène qui a pollué toutes les côtes varoise et italienne à partir de Monaco.
Figure 7
Caulerpa racemosa
Il est donc tout particulièrement nécessaire d’éviter l’essaimage direct et indirect de
cette algue en Corse lors de la pose de la canalisation. Deux possibilités pour ce faire :
>> Faire démarrer la pose du câble à partir de la Corse encore protégée de l’invasion par
Caulerpa taxifolia et racemosa ;
>> Prendre le maximum de précautions lors de la pose de la canalisation : notamment
l’utilisation d’une pose par système de positionnement dynamique, évitant l’usage des
ancres de positionnement et de déhalage des barges contenant les tronçons de la
canalisation.
Impacts liés aux déchets
Caulerpa taxifolia
La phase de pose de la canalisation est considérée comme la phase où les actions pourraient être les plus agressives pour l’environnement. Par conséquent, les effets indésirables relatifs à de tels projets sont souvent examinés pour la phase de construction
à court terme. Il conviendrait cependant de les étendre aux phases exploitation dans le
cadre de réparation de la canalisation.
Même peu étendus, des déversements d’huile (ou de mazout) sur un plan d’eau peuvent
provoquer une forme de pollution très visible et une importante nappe pourrait avoir des
conséquences socio-économiques significatives sur les secteurs avoisinant les zones
du projet. Un haut niveau de maintenance est fondamental afin d’éviter les petites fuites
répétitives émanant des machines et des véhicules, notamment à bord des barges et des
autres embarcations. Un équipement approprié (bacs récepteurs, éléments absorbants,
barrages flottants, pompes, etc.) devra être disponible afin d’enrayer et de nettoyer au
plus vite tout déversement d’huile dû à une activité en zone d’atterrage ou maritime. Les
employés devront être entraînés au maniement de cet équipement. Les solutions envisagées pour la gestion des déchets devront être établies sur la base de la «hiérarchie de la
minimisation des déchets» qui tient compte des points suivants, par ordre d’importance :
>> Réduction de la production de déchets à la source.
>> Récupération des déchets en vue de leur réutilisation sur le site.
>> Recyclage pour leur utilisation hors site.
Figure 8
Transplantation
d’espèces invasives
lors de mouillages
Dans ce but, le mélange de déchets et l’élimination sur les sites ou dans la mer seront
interdits. On installera des collecteurs destinés à centraliser le stockage séparé des déchets en attendant qu’ils soient réutilisés, transférés hors du site ou, s’agissant d’embarcations, déchargés au port. Un service d’exploitation utilisera les containers appropriés pour la collecte et le transport des déchets jusqu’au collecteur central des déchets,
conformément au principe de «l’obligation de prudence» de l’Union européenne qui stipule la tenue de registres officiels afin de garantir la bonne gestion et l’élimination dans
les règles de tout déchet transporté hors du site.
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Concertation publique sur le projet
Avant d’utiliser des produits chimiques ou autres substances dangereuses, il faudra obtenir les fiches de données de sécurité de tous les fabricants. La gestion des déchets
provenant de ces produits sera strictement conforme aux instructions contenues dans
ces fiches.
Impacts sur les coraux des profondeurs
Corail ne signifie pas mer et poissons tropicaux. Le corail froid existe, celui de l’Atlantique ou des profondeurs. Il a été au cœur de la Journée mondiale de l’environnement
organisée par le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE). Les coraux froids vivent dans des eaux d’une température de 4 à 13 degrés, à des profondeurs
oscillant entre 100 et 4 000 mètres. Jusqu’à peu, on pensait qu’ils se limitaient aux eaux
de l’hémisphère nord mais on les trouve dans les mers et océans du monde entier notamment en Méditerranée. Les scientifiques commencent juste à mesurer leur importance écologique. Comme les coraux tropicaux, ceux d’eau froide sont menacés par la
pollution, le réchauffement, etc. Selon Klaus Toepfer, directeur exécutif du PNUE, «ces
coraux abritent peut-être d’importants corps et éléments qui pourraient être sources de
nouveaux médicaments ou de produits industriels novateurs. Ces bénéfices pourraient
être perdus si nous gérons mal ces nouvelles ressources émergentes.»
Figure 9
Coraux des
profondeurs entre
100 et 4 000 mètres
Il paraît donc important de souligner ici que, dans les profondeurs, existent des oasis
coralliennes tout aussi luxuriantes et vitales pour la biodiversité. Bâtisseurs de récifs,
affranchis de tout besoin de lumière. Ils construisent, au fil des millénaires, d’étonnants
monts de carbonates sous-marins qui recèlent les archives détaillées des changements
environnementaux. Migrateurs, ces coraux profonds sont peut-être les ancêtres de
nombre de nos coraux de surface et constituent encore aujourd’hui une réserve précieuse, qu’il est nécessaire de protéger, ainsi que tous les biotopes que l’on peut trouver
dans les grandes profondeurs. Il faudra donc être vigilant, lors de la pose de la canalisation afin d’éviter les sites de localisations de ces coraux.
Images Nautile/IFREMER
Figure 10 - Exemples de biotopes des profondeurs
Cahier d’Acteur N°1 - 10
Concertation publique sur le projet
3 - Les impacts géologiques prévisibles
sur la pérennité de la canalisation
Les avalanches sous-marines
C’est dans la première moitié du XXième siècle, que l’on a pour la première fois imaginé,
que le creusement des canyons devait s’être effectué sous la mer, mettant en jeu des
processus alors inconnus. Dans les années 1950, certains géologues eurent l’idée de
mettre en parallèle la rupture soudaine de câbles téléphoniques transatlantiques et le
processus de creusement des canyons. Ce qui était capable de couper des câbles d’acier
de plusieurs centimètres de diamètre et avancer à plusieurs dizaines de km/h, pouvait
vraisemblablement être capable de creuser des canyons. Le concept d’avalanche sousmarine était né.
En dehors de la curiosité naturelle pour un phénomène qui semble affecter une partie
non négligeable de l’espace marin, les avalanches sous-marines peuvent entraîner la
destruction d’ouvrages posés sur le fond, qu’il s’agisse de câbles de télécommunications
ou d’énergie, de structures pétrolières ou de gazoduc. Elles peuvent aussi avoir indirectement des répercussions désastreuses sur la frange littorale.
Quoiqu’il en soit, ce phénomène par libération de pétrole, de méthane a des impacts très
néfastes sur l’environnement. Pouvoir plus précisément évaluer les risques liés aux avalanches pour un ouvrage ou pour la zone littorale est donc vital.
La sismicité en mer Tyrrhénienne
La convergence des plaques tectoniques est responsable du développement de la Méditerranée occidentale. Elle continue à être active. La morphologie de la mer Tyrrhénienne
englobe des zones insulaires. Ses fonds ont été façonnés successivement, entre autres,
par d’importants plissements et chevauchements à l’âge alpin, la morphogénèse des oscillations quaternaires du niveau de la mer, l’érosion atmosphérique, marine et fluviale,
les phénomènes de sédimentation récents et actuels.
Une étude a été réalisée par IFREMER pour le compte du BRGM dans le cadre du projet «
Etudes préliminaires de l’aléa tsunami en Méditerranée occidentale ».
Le rapport qui en découle présente une évaluation préliminaire de la distribution des
glissements sous-marins au large des côtes méditerranéennes françaises, dans le but
de fournir des données d’entrée pour une modélisation numérique. Le résultat est une
série de zones bien individualisées tant par la présence de tel ou tel type de glissement,
par leur contexte morphologique et géologique. Cette étude a produit la restitution cartographique sous forme de SIG des limites des zones, et une série de fiches pour chaque
zone.
Cahier d’Acteur N°1 - 11
Concertation publique sur le projet
Figure 11 - cartes des aléas sismiques - Rapport IFREMER
On peut constater sur ces cartes que la zone de pose du gazoduc Cyrénée se trouve en
aléa sismique de maximum à modéré.
Il est donc nécessaire de tenir compte de cet impact sur l’intégrité du méthanoduc et les
fuites de méthane qui pourraient en résulter : fuites pouvant avoir un impact négatif sur
les biotopes actuels et surtout pour les générations futures qu’il ne faut pas négliger
puisque la durée de vie de la canalisation est de 50 ans.
4 - Conclusion
Contact
Bureau d’Ajaccio :
Concertation publique
sur le projet Cyrénée
Ce cahier d’acteur ne se veut être ni une étude d’impact, ni une liste exhaustive des différents impacts à prendre en compte. Pour le prolonger, il serait intéressant d’aborder
les sujets de la pêche, du tourisme, des transports maritimes, des problèmes de pose
compte tenu de l’existence de porte à faux induisant des nuisances supplémentaires, de
la coordination des travaux entre les projets GALSI et Cyrénée pour limiter les impacts
environnementaux, sans oublier les impacts positifs sur l’environnement, l’économie,
l’emploi grâce à la substitution d’une source énergétique polluante - le fuel lourd - par
une source d’énergie plus propre - le gaz naturel.
Ce cahier d’acteur ne se veut être qu’une sensibilisation du public et du poseur de la canalisation à certains impacts importants induits par la pose off shore.
10 parc belvédère,
avenue de la libération
20 000 Ajaccio
Tél. : 04 95 26 68 13
www.concertationcyrenee.fr
Mail : [email protected]
Cahier d’Acteur N°1 - 12
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