session 2 session 2 Patrimoine bâti et réglementation énergétique Comparaison européenne entre dispositifs juridiques Heritage and energy regulation Comparison between European legal frameworks La session est présidée par Stéphane Demeter, Président d’ICOMOS Belgique. Session chaired by Stéphane Demeter, President of ICOMOS Belgium Session chaired by Jean-Louis Luxen, Euromed Heritage legal expert Comment les règles et les normes influent-elles sur les pratiques des acteurs ? Quelles sont les caractéristiques des différentes transpositions nationales de la directive européenne 2002/91/CE qui ouvre la possibilité aux Etatsmembres de ne pas fixer d’exigences pour certains bâtiments ? Quelles applications en sont données selon les contextes de chacun des pays ? What is the influence of rules and standards on the stakeholders’ way of dealing with heritage? What are the characteristics of the various national transpositions of the 2002/91/EC European directive regarding the ability to exclude certain buildings? How is it applied according to context in each country? 43 actes du colloque session 2 Introduction aux débats : De la directive européenne de 2002 à celle de 2010 Introduction to the discussions: From the 2002 to the 2010 European directive Sara Byström Juriste Abstract The objective of sustainable development is a major one that cannot be ignored, be it in Europe or around the Mediterranean Sea. The necessary decrease in buildings energy consumption shall however go hand in hand with the equally rightful interest of preservation of our built heritage, even when its heritage value is not officially protected. Rules and energy regulation which are strictly enacted within the European frame can somehow be toned down or even disappear in some cases. The first key document - the 2002 European directive on Energy Performance of Buildings (ref: 2002/91/EC) - specifies that exemptions can be enacted for heritage buildings. Since May 19th, 2010, a new European directive (’EPBD2’, ref: 2010/31/UE), confirms the possibility of exempting. It goes however further in that it maintains the importance of the ’energy performance’ concept. 44 A methodology frame with further calculation details will be drawn up by the European Union before June 30th, 2011. In Europe, most of the countries seem to have exempted protected heritage, in cases where buildings could be too severely harmed. In spite of a few variations (namely when it comes to the extent of official protection), what is missing regarding the transpositions of European countries is the ’intermediary’ or imprecise heritage, for instance because it is only protected according to ’unofficial’ or local norms and uses, but also the indeterminate heritage which still waits to be listed. Examples from France, Finland, Italy, Austria and Norway can give us a hint of the different regulation adaptations that have be chosen according to each national context, and will let us consider the issue in a different juridical environment. It is anyway important to intensify our awareness efforts to decision makers so that future national enactments answer the needs of our built heritage, on a building or large-scale basis. – Le développement durable constitue aujourd’hui un objectif inévitable, en Europe comme autour de la Méditerranée. Il est ainsi légitime qu’intervienne une baisse de la consommation énergétique. Celle-ci doit se faire de la manière la plus juste possible, notamment pour le patrimoine car la conservation du patrimoine apparaît tout aussi légitime. En termes de droit, la difficulté vient de la distance entre, d’une part, les règles, et d’autre part, la réalité du patrimoine et notamment la source de sa valeur matérielle ou immatérielle. Cette appréciation de la valeur patrimoniale, donc culturelle, peut poser problème dans sa relation à la règle. La première directive européenne de 2002 sur la performance énergétique des bâtiments représente un document clé. Elle avait ouvert à chaque pays transposant la possibilité d’édicter des dérogations pour les bâtiments patrimoniaux lorsque les travaux de mise aux normes risquaient de provoquer des modifications inacceptables des spécificités du patrimoine bâti, qu’il soit protégé officiellement, qu’il fasse partie d’un environnement classé ou qu’il présente des valeurs architecturales ou historiques particulières. Ces termes assez larges laissaient la voie libre aux pays transposant de respecter les bâtiments patrimoniaux selon leur propre contexte, notamment administratif. Depuis le 18 juin 2010, la directive EPBD 2 est entrée en vigueur. L’application des articles relatifs à la fixation d’exigences minimales pour les bâtiments existants doit être effective au 9 juillet 2013. Cette nouvelle directive, plus pragmatique, permet une meilleure adaptation aux contextes de chaque pays. Elle affirme l’importance de la performance énergétique et introduit la notion de calcul des niveaux optimaux de performance énergétique en fonction des coûts sur la durée de vie des constructions. Ces termes facilitent l’adoption d’actions plus adaptées au patrimoine bâti, selon sa durée de vie, sa performance et le coût des investissements. Un cadre méthodologique sera établi par l’Union Européenne avant le 30 juin 2011. Chaque pays doit transposer la directive selon ses spécificités. Elle impose le respect d’exigences minimales lors des rénovations majeures du patrimoine existant. Cette notion sera définie par les Etats-membres, soit en pourcentage de la surface, soit par la valeur économique du bâtiment. Une attention particulière sera aussi portée aux différents systèmes techniques des bâtiments, par exemple au chauffage. La possibilité d’une dérogation pour chaque pays subsiste donc pour les bâtiments protégés, ceux appartenant à un environnement classé ou ceux présentant une valeur architecturale ou historique spécifique et dont l’apparence serait modifiée de manière inacceptable par les rénovations. Il faut insister sur l’importance de la transposition par les différents pays qui peuvent étendre ces notions et élaborer des règles qui leur conviennent dans le respect des exigences minimales. Des objectifs intermédiaires par rapport aux plans nationaux doivent être définis avant 2015. Les associations et professionnels que vous êtes ont un grand rôle à jouer pour les transpositions dans vos pays selon les spécificités de votre patrimoine et de votre contexte administratif. La directive énonce en effet des notions de principe peu définies qu’il vous reste à articuler. Un questionnaire portant sur les modalités et difficultés de cette transposition a été élaboré et envoyé aux branches nationales d’ICOMOS, mais n’a recueilli que quelques réponses. J’en profite d’ailleurs pour remercier ceux qui nous l’ont retourné. Nous constatons aussi que le grand perdant dans les transpositions est celui du patrimoine «intermédiaire» comme celui protégé uniquement selon des normes et usages non officiels ou locaux, mais aussi celui sans statut formel car non encore inventorié. Cette session permettra de présenter quelques exemples nationaux pour illustrer les règles adoptées et les difficultés rencontrées pour les appliquer en France, en Finlande, en Italie, en Autriche et en Norvège. Espérons que ce colloque permettra de stimuler la coopération européenne et l’échange méditerranéen. Il me paraît fondamental que les professionnels comprennent l’importance de leurs savoirs et de leurs savoir-faire et qu’ils se tournent vers leurs organismes décisionnels afin que les transpositions des textes prennent en compte, de manière optimale, les spécificités de leurs métiers mis au service du patrimoine bâti ; en ensemble urbain ou isolé, protégé officiellement ou en statut «intermédiaire». 45 actes du colloque session 2 – La rénovation thermique des bâtiments existants : le dispositif réglementaire en France La directive européenne relative à l’efficacité énergétique des bâtiments de juin 2010 fait suite à la première directive de 2002, et il me paraît important d’analyser les nuances qu’elle y apporte. Elle s’inscrit dans un objectif général d’amélioration de la performance énergétique des bâtiments au sein de l’Union européenne, mais prévoit de tenir compte des conditions climatiques, des spécificités locales, de l’usage du bâtiment et de son âge. Elle introduit également la possibilité d’élaborer une réglementation distincte pour les bâtiments neufs et pour les bâtiments anciens. Il revient aux Etats-membres de mettre en place les différentes dispositions législatives, réglementaires et administratives nécessaires pour se conformer à la directive. Existing buildings thermal renovation: the French regulation Concernant les bâtiments existants, le Parlement européen et la Commission européenne ont souhaité introduire des critères technicoéconomiques. Les Etats devront imposer des règles lorsque des travaux suffisamment conséquents seront engagés. Les considérants de la première directive de 2002 mentionnent ce même principe de rapport coût/efficacité. Pour la France, il s’est traduit dans la loi d’orientation et de programmation de la politique énergétique de 2005 qui a introduit la possibilité de réglementer les bâtiments existants. Une réglementation globale est définie et fixe un objectif d’atteinte d’une performance pour certains bâtiments. Elle a également introduit la possibilité d’une réglementation élément par élément avec des exigences de moyen, par exemple pour l’isolation d’un mur en contact avec l’extérieur. Marie-Christine Roger Ministère de l’Ecologie, du Développement durable, des Transports et du Logement Abstract The 2010 European directive on energy efficiency gives new details in relation to the 2002 directive. It offers each Member State a possibility to use separate regulations for new and existing buildings while technical criteria according to a costefficiency ratio appear. In France since 2005 a law on energy policies sets a given energy efficiency objective and specified both a global regulation for existing buildings and an element-based regulation. The global regulation meets surface and cost of works criteria and aims to an efficiency objective under 120 kWh/m²/year. For buildings built before 1948, the global regulation does not apply as only the elementbased regulation does. Furthermore, the Grenelle de l’Environnement sets a 38% energy reduction global objective for the whole of the building stock by the year 2020. There are incentives for heavy renovations of existing buildings as one third of the French building stock was built before 1948. Moreover, as part of the directive implementation, France agreed that protected buildings would not 46 have to comply with energy performance requirements in the event that these regulations would lead to a loss or deterioration of character and appearance. These regulations are expected to change. For existing buildings, it involves a better understanding of inertia, loss and dynamic behaviour of walls phenomena, integration of eco-materials and renewable energy. In order to do so, several projects are underway: BATAN project: thermal study of old buildings in partnership with Maisons Paysannes de France. The objective consists in establishing a typology of rural buildings and a new calculation pattern through a set of experiments HYGROBA project: improving knowledge on hydric and thermal matters, compatibility between existing insulation solutions and old walls ATHEBA project: awareness worksheets on regulations and hygrothermal behaviour of buildings towards the general public and professionals ENRABF project: heritage-compatible energy saving strategies conducted by energy engineers and the Architectes des bâtiments de France, circulation of results among the general public and professionals La réglementation globale s’applique pour les bâtiments existants d’une superficie supérieure à 1 000 m², quand le coût des travaux dépasse 25 % du coût de la construction hors foncier, soit environ 300 euros par mètre carré. Les bâtiments postérieurs à 1948 se voient appliquer la réglementation globale, alors que pour les bâtiments antérieurs, c’est a réglementation élément par élément qui s’applique. Cette même règle est valable pour les petits bâtiments, pour les mêmes raisons technico-économiques. En matière de réglementation globale, l’évaluation de la performance est réalisée en définissant un indicateur de performance homogène à une consommation qui prend en compte les caractéristiques du bâtiment et fait intervenir un modèle de calcul. La performance du bâtiment réhabilité est évaluée et ne doit pas dépasser, après travaux, 120 kWh/m²/an en moyenne. Ce modèle de calcul est bâti à partir de la connaissance acquise depuis l’après-guerre sur les matériaux industriels. Nos connaissances sont en effet insuffisantes pour élaborer un modèle de calcul capable de représenter correctement les caractéristiques thermiques spécifiques des matériaux traditionnels. D’autre part, selon l’article 4 de la directive, les Etats-membres peuvent fixer ou non des règles pour les bâtiments et monuments officiellement protégés en raison de leur valeur architecturale ou historique spécifique. La France a transposé cette disposition dans le décret du 19 mars 2007 par la non-applicabilité des exigences de performance énergétique aux monuments historiques classés ou inscrits à l’inventaire et les espaces protégés en application du code du patrimoine, lorsque les dispositions réglementaires auraient pour effet de modifier leur caractère ou leur apparence de manière inacceptable. Sont ainsi exclus, les bâtiments en secteurs sauvegardés ou situés en zone de protection du patrimoine architectural urbain ou paysager, les bâtiments aux abords des monuments historiques ou en sites inscrits et classés, ceux inscrits sur la liste du Patrimoine Mondial de l’humanité de l’UNESCO ainsi que les immeubles bénéficiant du label Patrimoine du XXème siècle. La réglementation française a volontairement introduit des règles adaptées à la rénovation des bâtiments anciens. C’est pourquoi l’arrêté du 13 juin 2008 prévoit que la réglementation globale ne s’applique pas aux bâtiments construits antérieurement au 1er janvier 1948. En revanche, la réglementation élément par élément s’applique à ces bâtiments. Nous avons souhaité définir un cadre respectant un principe de précaution pour la savegarde des bâtiments anciens, 47 actes du colloque car nous étions conscients de l’insuffisance de nos connaissances et de l’inadaptation de nos méthodes dans ce domaine. La dynamique du Grenelle de l’environnement a été initiée en 2007 et fixe un objectif de diminution de 38 % des consommations d’énergie de l’ensemble du parc à l’horizon 2020. A cet effet, il est prévu d’encourager les rénovations lourdes de logements existants, pour atteindre 400 000 rénovations par an à compter de 2013. Nous n’avons pas voulu contraindre par un outil réglementaire figé et rigide, la spécificité de notre patrimoine. Il faut aussi rappeler qu’un tiers du patrimoine français est composé de bâtiments datant d’avant 1948, ce qui représente 10 millions de logements sur 30 millions de logements. Il nous faut donc mettre en place une réglementation nationale tout en conservant une certaine souplesse. Nous devons aussi intervenir par d’autres outils prenant en compte les spécificités locales, pour progresser en matière de performance énergétique. Il n’est en effet pas question que le patrimoine s’exonère de toute exigence en ce domaine. A terme, cet impératif de rénovation impose d’aménager la réglementation pour prendre en compte tous les bâtiments, y compris les bâtiments anciens. Depuis plusieurs années, des études sont menées pour mieux appréhender le comportement du bâti ancien, mais il reste beaucoup à faire. L’objectif consiste à modéliser la déperdition, l’inertie des murs et le comportement dynamique particulier des parois anciennes. Il s’agit également, tout en axant la réflexion sur l’analyse et le diagnostic des bâtiments anciens, d’évaluer la compatibilité d’isolants, éco-matériaux ou autres, avec les matériaux traditionnels. Enfin, nous souhaitons étudier les différentes possibilités d’intégration des énergies renouvelables dans le bâti ancien. Plusieurs projets concrets ont été lancés. Le projet BATAN porte sur l’étude des phénomènes physiques qui caractérisent la thermique du bâti ancien, avec la collaboration et l’assistance de Maisons Paysannes de France et d’autres partenaires qui connaissent bien ce domaine. Le projet vise à réaliser une première approche typologique de ce bâti. Nous avons lancé une campagne d’expérimentation approfondie in situ pour poser les bases d’un futur modèle de calcul. Nous souhaitons également, à travers les premiers résultats, identifier les réels enjeux de réhabilitation énergétique du bâti ancien. Nous disposons 48 session 2 de suffisamment de recul pour montrer que de manière générale, les consommations calculées surestimaient les consommations des bâtiments par rapport à la réalité. Il nous faut donc approfondir ce sujet. Le projet BATAN est limité en terme de financement, il n’a pas la prétention d’être exhaustif et représentatif de tout le patrimoine français. Il comprend cependant un certain nombre de maisons rurales, de bourgs et de centres urbains. Dans un deuxième temps, nous souhaitons élargir ce panel à d’autres types de bâtiments. Le projet HYGROBA vise à améliorer la connaissance hydrique et thermique des parois anciennes par des mesures sur des échantillons réels et par le rassemblement des connaissances existantes en la matière. Il doit aussi étudier la compatibilité des solutions d’isolation existantes avec chaque type de paroi ancienne testée. Il comportera une phase de modélisation. J’insiste sur la nécessité de laisser suffisamment de temps à l’expérience pour ne pas tirer de conclusions trop hâtives. Le projet ATHEBA prévoit de créer des fiches à l’intention du grand public et des professionnels du bâtiment pour faire ressortir les spécificités de ces bâtiments, les informer sur la réglementation et sur le comportement hygrothermique de ces bâtiments et les sensibiliser sur les précautions à prendre et les méthodes à appliquer lors de la rénovation du bâti ancien. Enfin le projet ENRABF propose de réunir des Architectes des bâtiments de France et des énergéticiens, avec le concours de Maisons Paysannes de France, pour élaborer des stratégies d’économies d’énergies compatibles avec le patrimoine. L’objectif de ce projet vise à mettre en lumière les expériences locales réussies. Il s’agit de diffuser les solutions retenues à la fois aux Architectes des bâtiments de France et à tous les acteurs et professionnels du bâtiment qui ne comprennent pas toujours que les solutions qu’ils proposent sont inadaptées aux bâtiments patrimoniaux. Pour conclure, l’objectif final est de réaliser un site internet décrivant les enjeux de la préservation du bâti ancien et proposant des solutions pour réaliser des économies d’énergie dans le respect de ces édifices, à la fois pour le grand public et les professionnels. Il s’agit d’élaborer de nouvelles solutions à partir des directives, sans s’enfermer dans un carcan juridique, mais en en gardant l’esprit. Energy efficiency and thermal comfort standards of cultural heritage buildings in Finland La performance énergétique et les normes de confort thermique des bâtiments anciens en Finlande Seija Linnanmäki Senior advisor at the National Board of Antiquities, Department of Monuments and Sites, Finland Résumé En règle générale, la réhabilitation énergétique du bâti existant dans les climats nordiques se traduit par le remplacement des fenêtres et le renforcement de l’isolation thermique au niveau des murs extérieurs et des sols. Typiquement, les processus de réhabilitation énergétique ignorent l’authenticité des matériaux et l’architecture des bâtiments. Cette présentation rend compte des types d’impact les plus récurrents de la réhabilitation énergétique sur le patrimoine culturel bâti en Finlande. Afin d’éviter ces effets nuisibles, trois types d’actions pourraient être appliqués. Premièrement, nous avons besoin de nous assurer que les bâtiments légalement et officiellement protégés seront exclus au niveau national du champ de la directive. Cette option est présentée dans l’article 4, paragraphe 2 de la Directive Performance énergétique des bâtiments (EPBD 2010/31/EC), et devrait être appliquée lors de la transposition de la directive, et ce dans chaque pays. Deuxièmement, il faut ouvrir le débat sur les normes de confort thermique appliquées au patrimoine culturel bâti. Le confort thermique est assuré par l’air conditionné qui utilise la plus grande partie de l’énergie des bâtiments. Les normes de confort thermique sont basées sur un modèle statique figurant dans le Standard 55 ASHRAE, qui ne prend pas en compte la capacité humaine d’adaptation comportementale, physiologique et psychologique. L’application d’un modèle adaptatif au lieu d’un modèle statique offre un plus grand potentiel en matière d’économie d’énergie. Troisièmement, nous devons trouver des moyens de chauffage et de climatisation du bâti ancien dont la consommation d’énergie primaire et les émissions de CO2 soient aussi faibles que possible. Convenablement contrôlé, un faible taux d’émissions de CO2 pourrait permettre de réduire le besoin d’isolation supplémentaire. De ce point de vue, il n’y a aucune différence entre des bâtiments légalement protégés et les autres bâtiments existants. 49 actes du colloque – Currently, the most serious threat for the architecture and technical systems in historic buildings is the demand to reduce CO2 emissions and adapt to climate change. Unfortunately energy renovations often ignore the architectural and material authenticity of historic buildings. This presentation briefly reports of the most typical effects of energy renovations on cultural heritage buildings in Finland. To avoid the harmful effects from the conservation point of view, three actions should be applied. First we need to ensure that officially protected buildings will be nationally excluded from the scope of the directive, in each EU country. Secondly, we should start the discussion about the thermal comfort standards applied in cultural heritage buildings. Thermal comfort is controlled by air-conditioning utilizing the biggest amount of energy in buildings. Local standards for thermal comfort are based on the static model in ASHRAE Standard 55, which do not take into account the human ability of behavioural, physiological and psychological adaptation. The application of an adaptive model instead of a static one, has greater potential to energy saving. Thirdly, we need to find ways to heat and cool our old buildings so that the primary energy consumption and the CO2 emissions are as low as possible. Properly verified, low CO2 emissions may reduce the need for additional insulation. In this aspect, there is no difference between legally protected and other existing buildings. National Climate Change Strategies Finland has been a pioneer in the implementation of adaptation policy. The first long-term climate and energy strategies were formulated already in 2001. However, cultural heritage sector has been concerned about the impacts and challenges of climate change to our built heritage and the cultural environment. Two years ago, in 2008, the Ministry of the Environment published a report of Climate change 50 session 2 and the Cultural Environment. It tells, of course, about the storms and floods and other extreme weather phenomena, however, we should not damage our built heritage with careless energy renovations. ’Over the short term, the cultural environment may be affected less by climate change as such, than by mitigation and adaptation measures, such as... various solutions for energy efficiency...’. The ERA17 Energy-Smart Built Environment programme was launched in October 2010 by the Ministry of the Environment. In these strategies, existing buildings are mentioned only as a source of potential energy saving 1. The implementation of EPBD in Finland To come back to EPBD (Energy Performance of Buildings Directive), until now, Act on the Energy Certificate 487/2007 is the only legal procedure actually implementing the Directive which takes into account the possibility for an exemption given in the Directive. Thus, Energy Certificate is not needed for officially protected buildings in Finland. To answer the demands assessed in the EPBD 2010, the Ministry of the Environment launched the draft for new requirements for energy efficiency of new building in September 2010. This revised draft observes both U-values for building envelope and overall energy performance, primary energy use per energy carrier and air-tightness. Designed energyuse has to be counted and used energy has to be able to be metered. Also renewables are taken into account according to EU directive 2009/28/EC «RES Promotion of the use of energy from renewable energy resources». What is new in National Building Code Part D2 under revision is a new parameter E-value, which tells the maximum energy use allowed for various building types1. The total energy consumption is related to the building type, for example: residential blocks - 140 kWh/m2a; offices, schools and day-care centres - 190 kWh/m2a; hotels - 280 kWh/m2a ; shops - 270 kWh/m2a. Single-family and detached houses are given various E-values depending on the building size and material. Buildings bigger than 150 m2 should be more energy efficient than smaller ones. The Ministry of the Environment has started the work for binding regulations addressed on renovation of existing buildings in autumn 2010. In case of officially protected building, conservation plan will be taken into account. Challenges: structural humidity control and air-tightness In Nordic countries mitigation and adaptation to climate change means significant changes in architecture, outdoors in facades as well as in indoors. Additional thermal insulation may cover the facades with unsuitable materials, wooden windows are often replaced by plastic or aluminium thermal windows, and the outer doors renewed. Pre-study on building physical behaviour and durability of building envelopes is going on at Tampere University of Technology and the Technical Research Centre, however, it seems that researches, engineers and building physicists have difficulties to find suitable methods for traditional structures. Thermal comfort standards Thermal comfort is that single factor, which has the biggest influence on the quality of indoor air climate and therefore also to the energy consumption of buildings. Thermal comfort standards are very rarely discussed among conservation specialists; however, by changing the standards we might be able to save both – energy as well as buildings. It is commonly known, that buildings account for nearly 40 % of the total primary energy consumption and 30% of greenhouse gas emissions. Thus, as Alice Kwok and Nicolas Rajkovich have stated ’Since lighting, space heating, ventilation and air-conditioning utilize the largest amount of energy in buildings, a logical place to begin is by addressing the standards that define the operation of heating and cooling systems.’ 2 Today, local standards for ventilation regulations are based on the static model originally formulated in American ASHRAE standard 55. The standard was developed in 1970s by experimental research of Ole Fanger and his group at the Kansas State University. Static-heat-balance-model was developed in a laboratory climate chamber. According to the static model, ’a human is a passive recipient of indoor air provided’. People are unable to control the system. Indoor air is wanted to be even, constant and consistent, and the conditions are managed by the building control system. Therefore, the comfort zone is only +-2 degrees Celsius. This demand can only be met with exhaustive technology and electricity consumption. However, the standard gives also another option. In adaptive model, the human ability to physiological, psychological and behavioural adaptation is observed. People are able to extend their comfort zone if they have an easy access to the building controls – and that is a way to save heating and cooling energy. People may change their position, their activity, add or remove clothing, open or close the window, adjust thermostats, use fans, shading, curtains, blinds etc. Thermal comfort is known to be based on previous experiences of the space. Thermal expectations are a result of the building type, local climate, the desire for seasonal clothing and the social dress code as well as the past experiences in the space and in home. In consequence, expectations are also different in mechanically and naturally ventilated buildings. People who had acclimatized to air-conditioned buildings had lower thermal tolerance than others. Researchers have shown that the amount of complains is lower in naturally ventilated buildings than in those buildings which were ventilated mechanically. People modify their expectation according to the known facilities of buildings. Mechanical intervention is not always necessary. In relation to historic and naturally ventilated buildings, people have a toleration of moderate discomfort, and those buildings are ’forgiven’ their occasionally poor abilities. 3 Energy efficiency is an important part of the usability of heritage buildings as stated in the Venice Charter 1964. ’The conservation of a monument is always facilitated by making use of them for some socially useful purpose. Such use is therefore desirable but it must not change the lay-out or decoration of the building. It is within these limits only that modifications demanded by a change of function should be envisaged and may be permitted.’ I hope that we could find ways to improve the energy-efficiency of our cultural heritage buildings, without compromising their architectural and historical values. 1. Ministry of the Environment of Finland (2010), National Building Code Part D2.www.ymparisto.fi. 2. Kwok A. G., & Rajkovich N. B. (2010). Addressing climate change in comfort standards. Building and Environment 45, 18-22. 3. Nicol F., "Thermal comfort" in Santamouris M. (ed). Solar thermal technologies for buildings. Low Energy Architecture Research Unit, London Metropolitan University, 2003, pp. 279-331. p50 : 19th Century Casern in Suomenlinna Fortress, designed by Russian Engineering Officers. Picture Seija Linnanmäki, 2010. Below : U-value assessed for an outer wall in National Building Code C3 2010 is 0,14 W/m2K. 51 actes du colloque session 2 Les lignes directrices de la réglementation relative au patrimoine historique en Italie Legal guidelines for heritage buildings in Italy Elvira Petroncelli Architecte, professeur à l’Université de Naples, Italie Abstract The 2002/91/EC Directive is part of the efforts aiming at fighting global warming and points at promoting energy consumption reduction. It offers energy efficiency calculation methods in order to assess the buildings’ performance and to promote this action in regard to the objectives. In the first place, it has to be remembered that more than 40% of the final energy consumption in the Union is used by the housing and the service sector: a proper control of energy efficiency of new buildings and those on which an intervention is necessary to ensure appropriate living conditions seems to be then the natural answer if the Kyoto Protocol is to be respected. Italy officially transposed the Directive in 2005 and broadened the possibilities of exclusion. Next to ’…buildings and monuments officially protected as part of a designated environment or because of their special architectural or historic merit, where compliance with the requirements would unacceptably alter their character or appearance; ...’, it added unprotected mansions, gardens and parks which are remarkable for their rare beauty or the buildings’ complexity, 52 which constitute a distinct feature with aesthetic and traditional values. A certain number of Italian Regions passed local regulations as well. In the quite homogeneous frame that appeared with these regulations, there are almost no new elements except for small details. Somehow, should we work based only on the energy efficiency of a building? When compared for example to the choice of a site and to spatial organisation, the energy component has almost always been of great importance through times. This thought should lead us to deal in a broader way with all that has to do with energy matters and historical built heritage –or historical centres- and to reread its particularities and characteristics. Even if a global approach on the elements that help define energy efficiency lead to observe that the situation is not exactly the same when we go through the different components in a fragmented way, buildings cannot be separated from their urban and environmental context. This question should therefore necessarily be tackled within a discourse on sustainable development, precisely for the context and historical buildings. A systemic approach could lead to go beyond dynamics that are too technicist and to revise policies that encouraged an unreasonable growth of cities as well as an inconsiderate use of spatial resources. – La directive européenne EPBD de 2002 s’inscrit dans le cadre d’une initiative de lutte contre le changement climatique. Elle s’attache à promouvoir la performance énergétique, dont elle offre une méthode de calcul, fixe des exigences minimales, établit la certification de la performance énergétique des bâtiments et prévoit une inspection régulière des installations. Les Etats-membres peuvent décider de ne pas appliquer ces exigences aux monuments et bâtiments officiellement protégés ou qui présentent une valeur historique et architecturale particulière si ce changement modifie de manière inacceptable leur caractère ou leur apparence. L’Italie a transposé cette directive en 2005 et a exclu de son application non seulement le patrimoine classé, mais aussi les espaces plus vastes se distinguant par leur rare beauté ainsi que les bâtiments, centres et ensembles historiques, parcs et jardins. Un décret législatif de 2006 précise que l’application est également exclue en cas de risque d’altération inacceptable. Par la suite, la conférence Etat/Régions et collectivités territoriales de 2009 a défini un plan visant à favoriser l’utilisation des énergies renouvelables et l’amélioration de la performance énergétique dans les interventions sur des bâtiments existants, mais en excluant les bâtiments des centres historiques. De fait, la réglementation italienne ne diffère que marginalement du contenu de la directive européenne de 2002 en ce qui concerne le patrimoine. Les Régions en Italie ont des réglementations locales et ont adopté pour la plupart des mesures d’encouragement aux économies d’énergie. Certaines Régions, comme la Toscane, ont posé la question du patrimoine historique à l’échelle urbaine, pour considérer de manière intégrée le bâtiment et son contexte, naturel ou bâti. Récemment le ministère du Patrimoine et de l’action culturelle a élaboré des lignes directrices d’utilisation efficace de l’énergie pour le patrimoine culturel. De manière générale, les lignes directrices fournissent des orientations pour évaluer et améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments protégés. Elles constituent un outil pour les projets de rénovation thermique. En outre, les lignes directrices procurent aux administrations responsables de la sauvegarde du patrimoine des orientations pour la formulation de jugements sur l’efficacité énergétique du bâtiment et sur les conditions de conservation à garantir lors des travaux. Les lignes directrices prévoient qu’il faut non seulement prendre en compte la performance énergétique, mais aussi identifier l’insertion dans le paysage et les techniques d’intervention à différentes échelles. Deux niveaux d’intégration sont identifiés : partiel ou total, selon que les éléments nouveaux insérés deviennent ou non des composants actifs du bâti. Les stratégies d’intervention proposées doivent donc être définies par rapport au bâtiment dans son ensemble. Avant toute intervention, une analyse du bâtiment à la fois historique, culturelle, topographique et climatique doit être fournie, comprenant également une étude des phénomènes de détérioration. Le contexte et l’environnement doivent être étudiés et une analyse technique du bâtiment par rapport au système d’isolation et à la structure portante doit aussi être réalisée. Ensuite, le diagnostic doit indiquer quelles modifications peuvent être apportées. Les lignes directrices désignent clairement comme inacceptables des interventions n’intégrant pas l’environnement et le paysage. Plusieurs documents doivent être élaborés : analyse du territoire et de la morphologie du contexte, carte de la visibilité des installations, carte des éléments de patrimoine, du paysage… L’amélioration de l’efficacité énergétique représente un élément important des mesures nécessaires pour respecter le protocole de Kyoto. Toutefois, il faut aussi s’interroger sur le rôle qu’assume le patrimoine historique dans l’amélioration de la performance énergétique des bâtiments, sur la manière de réaliser des économies d’énergie et sur les actions possibles. Une partie du patrimoine se compose d’ensembles de bâtiments qui définissent la spécificité et la mémoire historique d’un lieu particulier. Aussi, il est très important de sensibiliser les maîtres d’œuvre à la compréhension de la nature et la spécificité d’un bâtiment, et de son inscription dans le paysage car les centres historiques se caractérisent par une grande fragilité qui les rend vulnérables même à des changements minimes. En Italie, environ 40 % de la consommation énergétique ainsi que des émissions de gaz à effet de serre proviennent des édifices résidentiels et du secteur tertiaire. Les études montrent que les constructions réalisées entre 1948 et 1978 sont particulièrement 53 actes du colloque énergétivores et c’est durant cette période que l’activité de construction a été la plus dynamique. Environ 20 % des habitations datent d’avant 1919 et 50 % ont été construites entre 1946 et 1981. La localisation géographique représente un facteur de différenciation entre modes de chauffage, les installations centralisées étant principalement concentrées au nord du pays. Par contre, dans le sud et les îles, la consommation énergétique pour la climatisation représente un poste important qui connaît une forte croissance. Environ 7 millions d’édifices résidentiels, distribués de manière homogène sur le territoire, ont des murs portants. La transmission thermique de ces bâtiments est en moyenne inférieure de 20 % aux bâtiments en béton armé. La majorité des bâtiments historiques construits avant 1919 présentent de bonnes performances énergétiques. Les questions liées à la performance énergétique de ce patrimoine sont particulièrement intéressantes à l’échelle urbaine et territoriale. Le tissu urbain, les matériaux utilisés, l’organisation de l’espace influent ponctuellement sur le bâtiment, mais aussi sur le microclimat. Les choix de l’exposition, du traitement des surfaces, de l’articulation du tissu urbain – pour favoriser par exemple la création de barrières aux vents dominants ou des formes de meilleure ventilation –, sont tous des moyens intéressants déjà introduits dans les bâtiments historiques. Au contraire, la substitution du pavé traditionnel par un revêtement d’asphalte représente un élément à reconsidérer. Aujourd’hui, le manque d’une culture éco-durable dans le processus d’intervention est dommageable tout comme l’absence de main-d’œuvre suffisamment qualifiée pour intervenir en toute sécurité. L’homme a toujours recherché les meilleures solutions pour s’adapter à son milieu. Il a accordé beaucoup d’attention au choix du lieu d’implantation et a cherché à conjuguer données climatiques, exposition, utilisation judicieuse des matériaux locaux. C’est pourquoi les centres historiques anciens témoignent d’une recherche de performance énergétique par des moyens particulièrement adaptés. Pour conclure, l’optimisation de la performance énergétique des édifices résidentiels me paraît d’une importance évidente, car 70 % de la population européenne vit dans les villes, qui produisent 80 % du PIB, et l’activité résidentielle est la grande consommatrice d’énergie. Toutefois, nous ne pourrons fournir 54 session 2 de réponse convenable à l’échelle urbaine si nous n’œuvrons pas à une sensibilisation du public et à une reconsidération de nos modes de vie et des structures urbaines. La performance énergétique ne peut être abordée que de manière holistique. Par ailleurs, le rôle du législateur me semble névralgique pour définir des règles et influer sur les comportements. De même, les actions de sensibilisation doivent être constantes pour conduire à une utilisation responsable des ressources énergétiques et mieux apprécier ce que la nature nous prodigue et que nos prédécesseurs avaient su mettre à profit. A challenge for historic buildings in Austria, between thermal renovation and conservation Un défi pour les bâtiments historiques en Autriche, entre rénovation thermique et conservation Johannes Sima Architect, engineer at the Federal Office for Historic Monuments in Vienna, Austria Résumé Dans le domaine de la conservation des monuments, nous sommes face à deux défis majeurs et en apparence incompatibles : répondre à une obligation légale de préservation authentique de nos monuments, d’une part, et faire face à d’ambitieux objectifs en termes de réduction de notre consommation d’énergie, d’autre part. Est-il possible de préserver le paysage monumental autrichien de manière authentique tout en réduisant la consommation d’énergie ? L’Office Fédéral pour la Préservation des Monuments est actuellement confronté à cette problématique et, avec l’aide de partenaires issus du monde de la science et de la politique, étudie la question avec la plus grande attention. Les autorités en charge de la conservation des monuments doivent aujourd’hui faire face à la responsabilité sociale que représente la réduction de la consommation énergétique. Cela signifie que des moyens doivent être trouvés afin d’adapter de façon raisonnée les monuments aux nouvelles obligations. L’unique solution réside dans une amélioration de la performance énergétique qui soit compatible avec les caractéristiques des monuments, amélioration dont les solutions – et elles sont nombreuses – devront être appliquées avec raison et discrétion et adaptés à leurs objets respectifs. Des mesures doivent être prises dans le domaine de la conservation du patrimoine bâti en lien avec la performance énergétique, mesures qui feraient usage des caractéristiques des structures existantes, telle que les propriétés de transfert d’humidité, l’isolation interne optimisée ou le chauffage de certaines parties des bâtiments. Les méthodes de restauration utilisées doivent être évaluées et, si nécessaire, adaptées. C’est uniquement de cette façon que le niveau de connaissances et la richesse des expériences pourront croître de manière continue et contribuer à protéger notre patrimoine monumental de dommages irréversibles. Concernant l’Autriche, des recommandations ont été émises pour que la restauration à l’identique soit privilégiée par rapport à toute modification ou changement. Une typologie des mesures a été introduite selon trois niveaux d’acceptation : vert, jaune et rouge. 55 actes du colloque – Those involved in conserving listed buildings and protecting the environment share the goal of long-term sustainable progress. This means that we have to be very careful in handling both the available resources and historical monuments, and we have to promote both the best energy-related technology and the goal of authentic conservation. Those active in the field of conservation are faced with two opposing challenges. It is their task to ensure authentic conservation of historical buildings, on the one hand, and on the other, they are required to make large reductions in energy consumption. There may be a long tradition of energy saving measures as applied to buildings, but historical buildings have to be approached with sensitive and individually designed measures. Progress toward reconciling the two goals is only possible with close collaboration between the owners and the various partners. Austria’s historical buildings range in scale from single buildings to urban complexes, in material from wood construction to Gothic cathedrals, and in architecture from farmhouses to blocks of flats. Compared with other countries, a large percentage of secular historical buildings are in regular use in Austria. About 40,000 of a total 80,000 are listed, and about 20,000 are thermally treated. The passage of the centuries saw the development of building styles that were optimally suited to the climatic conditions and the available materials. However, the 20th century saw a radical transformation of behaviour and expectations of those living in historical buildings. The price paid for the change in lifestyle was an explosion in energy production. Now that manmade climate change is accepted as a reality, measures are being taken to reduce the amount of carbon being discharged; the most effective way to do this is to ensure that energy for heating and cooling is preserved within the building for as long as possible. The most economical way to do this is to apply insulation to the outside of the building and to insulate the windows. However, the energy problem cannot be solved purely by technical measures without changing our lifestyles. 56 session 2 The core task of a body concerned with preserving historical monuments is to preserve authenticity. This relates not only to the exterior but to the entire building. Despite their disagreements, all parties agree that the building should be preserved through use in accordance with its function and properly maintained. Increasing energy efficiency can best be pursued through circumspect measures that improve the existing indoor conditions, thus resulting in improvements for all concerned. The most important goal for the future is to lay down standards and guidelines calculated to protect historic buildings from irrevocable harm. The European directive allows for dispensations for listed buildings. Austria has allowed the concrete definition of measures to the provinces concerned, meaning that there are nine different versions of the regulation. Further, all matters concerning buildings are in the hands of the provinces, while the preservation of listed buildings is the responsibility of the federal state. must include the elimination of defects, the carrying out of repairs and the restoration of original functions. Rehabilitation, in other words, must be prioritised over change and replacement. Sixth, replacements are to be made in the same materials as the original. Seventh, as historical buildings are generally not ideal in construction or use, it is important to use faulttolerant methods. Finally, individual and customdesigned solutions must be prioritised over standardised measures, but historical buildings should not be used for testing risky measures. Following the general principles, a checklist is included to determine whether or not specific measures can be approved. This will help all parties involved to reach their decisions: Approved or green methods involve little or no change to the fabric of the building. These include reduction of building usage through conscious behavioural changes, remedying of defects in doors and windows, improvement of insulation through adequate drying, insulation of ceilings and the heat distribution, and changing energy sources. Yellow changes are changes to the fabric, meaning approval in certain circumstances, because more elaborate planning is involved. These include structural and interior insulation, roof insulation, upgrading of windows, and changeover to radiant heat and automatic ventilation. Red changes involve great and serious change to the fabric, so approval can only be given in extreme and exceptional cases, such as external insulation, new windows and doors, visible solar collectors, or alterations to walls. Therefore, there is scope for restoring historical buildings, and conservation is not necessarily opposed to all changes. Every historical building must be seen as a specific case and given precise consideration. Noticeable results and long-term solutions are not provided by standardised solutions, but rather by packages of measures specifically designed for the historical building. When done properly, renovation serves the cause of preserving the building in the long term; it is a complicated process but a perfectly feasible one, given that the buildings concerned only represent 1% of Austria’s total. However, the concepts can also extend to the other 99% as well. The implementation of specific packages of measures must be reinforced by regulations outside the specific field of monument protection. p56 : Graz - quartier historique/ Graz – historic district p57 : Mauvais traitements de façades/ Wrong facade treatments Generous grants are offered for residential buildings, but if the Office does not agree to a certain change, the applicant can lose the subsidy. Furthermore, the budget only allows for isolated projects. This situation leads to delays, misunderstandings and resentments. Therefore, the Office is pressing for historic monuments to be made a special category in the area of renovation. We are engaging in a dialogue with the provincial authorities responsible for grants in view of this situation, and are working out a set of guidelines for restoration. The guidelines present the basic principles for optimising energy consumption in historic buildings. The first goal has to be the conservation of the original building. Second, plans are not to be drawn up until an analysis has been made of the condition of the building. Third, this analysis enables a comprehensive project for the building, as opposed to one composed of isolated measures. Fourth, standardised goals cannot be set for historic building renovation; goal-setting has to be done in the light of the behaviour of those using the building. Fifth, the first measures to be taken 57 actes du colloque session 2 The European energy legislation and impact on built cultural heritage in Norway Les directives européennes et leur application au patrimoine culturel en Norvège Terje Nypan President of the European Heritage Legal Forum secretariat and Senior Councillor at the Directorate for cultural heritage, Ministry of Environment, Norway Résumé Les bâtiments classés ne représentent qu’environ 1% des bâtiments anciens et les exigences de performances énergétiques fixées par la Directive européenne de 2010, selon son article 4, ne s’appliquent pas aux bâtiments «officiellement protégés». Cependant, un système gradué serait plus adapté à toute la diversité du patrimoine bâti en distinguant des édifices sans modifications possibles, des bâtiments sujets seulement à des modifications mineures et des bâtiments où elles seraient permises. Recherches et expérimentations démontrent qu’il est possible d’améliorer considérablement l’efficacité énergétique du patrimoine sans dénaturer sa valeur historique, si l’on ne considère pas uniquement les consommations d’énergie liées à l’usage mais aussi les effets environnementaux sur l’ensemble du cycle de vie des constructions. Aussi, vaut-il mieux rénover, ou démolir et reconstruire les bâtiments anciens inefficaces en énergie, avec des conséquences différentes en matière d’emplois dans ce secteur ? La nouvelle directive a permis certains assouplissements, mais elle entraîne cependant différents effets néfastes pour le patrimoine comme les certificats de performance énergétique établis d’après calculs et non sur la base des consommations observées. Les défis qui nous attendent, c’est de réussir à construire demain des bâtiments neufs bien plus économes en énergie et, préserver et mettre en valeur les bâtiments patrimoniaux sur lesquels repose une économie du secteur touristique en Europe, à hauteur de 404 milliards d’euros par an, avec quelques 8 millions d’emplois à la clé. Il existe en Norvège trois ensembles de règles : au niveau national, la législation sur l’urbanisme et les bâtiments ainsi que la réglementation technique, et au niveau local, les règles relatives à l’approbation ou au refus d’interventions sur les bâtiments existants. Les pays réunis dans le cadre du CEN TC 346 ont décidé de travailler à l’élaboration d’une norme CEN relative aux méthodes de calcul des consommations, aux certificats d’efficacité énergétique et à des mesures spécifiques pour les bâtiments historiques protégés. 58 for measuring and calculating energy use. In practice the legislation refers to procedures and targets that are not determined and the directive text states: ’once the framework is in place’. – Protected buildings account to only 1% of old buildings. The exemption specified in the 2010 directive somehow concerns but these buildings. I think that in order to protect all houses of historical interest a scaled system should be favoured, with if possible buildings that cannot undergo any changes, others in historical areas that could undergo minor changes, and a third category –without any legal status– which could suffer important modifications as long as facades are not affected. The legal basis for national heritage policies and exemptions to EU legislation is in art. 2, 6, 114, 36, 34 and 35 of the Treaty of the European Union (Lisbon treaty). In the Energy Performance for Buildings Directive (EPBD), article 4 is an exemption for ’officially protected buildings’ if energy efficiency measures ’unacceptably alter the building’s character’. Brussels cannot mandate which buildings are protected, such decisions are for the national governments. Who decides what an ’unacceptable alteration of a building’s character’ is? The first drafts of the EPBD contained a clause forbidding public spending for buildings that did not conform to energy requirements after 2014. This would have made it impossible for governments to give money to heritage buildings. The EHLF worked to remove it. It disappeared. The energy demands are applicable when a major renovation is made. Major renovation is defined in Article 2.10 as more than 25% of the value of the building (excluding the land value) or works affecting more than 25% of the building envelope surface. Governments can choose which method they wish to apply. The EPBD is a framework directive; it refers to the applications of existing CEN standards Energy performance to date has been calculated and interpreted in very disadvantageous way for heritage buildings. The energy performance certificate shall include the energy performance of the building which can be calculated theoretically, i.e. not measured. Examples of theoretical calculations do not reflect the empirical energy efficiency of a historic house. This is a danger for historic houses. Better models must be developed. In situ empirical measurements are allowed. The calculation and issuing of Certificates will be done by private consultants. With the Certificate, the owner receives a list of (advised) measures to undertake to increase energy efficiency. A historic house owner will not be advised to conserve and improve existing windows. Such options are not in the guidelines. He will be advised to change windows. The owner will easily end up buying new plastic windows as these are cheaper than new wooden windows. Norwegian legislation consists of three parts: the Planning and Building legislation (PBL), the Technical Building regulations and the Guidelines for approval or refusal of building interventions at the municipal level. The PBL demands that historical, architectural or cultural value is preserved in external construction works. When changes are made to existing buildings, (…) the municipality shall ensure that the historical, architectural or cultural value relating to external construction works, as far as possible, are preserved. The municipality may grant permission for change in use of existing structures and the necessary reconstruction and rehabilitation, even where it is not possible to adapt the structure to energy demands without disproportionate costs (art. 31). Who decides? In Norway such questions will be referred to our office. Any intervention shall be executed so that it includes good visual qualities in relation to the built and natural environment. Visual appearance is a parameter by which to assess changes to building exteriors. Where the older preservation worthy fireplaces are ’necessary’ for interior design of cultural-historical, antiquarian or listed building protection worthy fireplaces may still be used. Chapter 14 covers energy and when energy requirements are not consistent with preserving cultural and heritage values the energy requirements, energy demands can be dispensed 59 actes du colloque session 2 with. Conservation policies are given priority. My office decides. The responsible for maintenance is the owner. Changes and adjustments to the building may be granted only when they will not negatively affect the building and features from a health and safety, environmental or conservation point of view. This gives the heritage authorities a wide field of discretion and real power. What municipalities must consider, from the conservation point of view, is defined by the Guidelines. Energy, research and experience show that considerable improvement of energy efficiency in historic houses without damage to their historic appearance is possible. The most efficient intervention is to install windows with low-energy coating. Second is installing floor insulation, and third is installation of temperature controlled heating systems. Insulation of roof and floor, improving the windows and temperature management yield 60-80% improvement in efficiency. An improvement of up to 90% can be achieved by moving to more environmentally efficient energy sources. Measure before kWh/ yr. after kWh/ yr. % reduction % accumulated measure name 1 68 200,00 63 900,00 6,30 6,30 Closing and insulating draught fair leakages 2 63 900,00 58 800,00 7,98 14,29 Insulation joisting between heated space and cold loft 3 58 800,00 46 400,00 21,09 35,37 Insulation floor against old basement 4 46 400,00 30 600,00 34,05 69,43 Installation 1 layer windows Low Energy coating 5 30 600,00 26 800,00 12,42 In 1992 the energy efficiency legislation included rules that would effectively forbid construction of log buildings. We commissioned a life-cycle study of a traditional log house compared with a modern insulated wood-frame house to assess the energy and environmental impacts from the two different construction systems. The conclusion was that the traditional building (log house) was not less energy efficient in a life-cycle perspective including constituent materials. The regulations were changed. Also in the updated legislation energy demands for log houses are different from modern buildings. Fifteen years after the research project new log houses are popular and the construction is an important local economic activity and constitutes a pool of skilled craftsmen for historic buildings. Taking part in the public debate and correcting disinformation The government agency for energy efficiency promotes and subsidises efficiency measures. This agency stated that 40% of heat loss occurs through windows in advertising campaign. My office stated in newspapers that this information is a lie. It is not true since for most historic buildings, the loss 60 81,84 Installation new temperature control system el-heating is lower. It was necessary for the heritage authorities to be more aggressive in defence of historic buildings. Subsidies for energy improvements are to change windows, not to improve existing windows. It is (most often) more costly to renovate old windows than put in new ones, due to manpower costs. To change this we refer to research from the 1990’s. Research concluded that the smallest negative overall environmental impact occurs if old windows are supplied with a single-glazed inner frame. The second best option is old windows supplied with a double-glazed inner frame. The effects considered environmental categories, such as global warming, acidification, photo-oxidant formation, euthrophication, and fossil fuel consumption, over a period of 90 years. However if we look only at the total operative energy consumption over 90 years it is 15% higher for windows supplied with an inner frame with single- or double-glazing compared to new windows with energy glass. Is it an appropriate environmental response to consider only operative energy use without considering the total environment effect? Tear it down and built new? Tear down all the old energy inefficient houses and build new efficient ones and the short term energy consumption will increase. How much energy is used to demolish, move to a waste dump, and produce new building materials, transport and construct compared to reuse and improvement of existing construction? We do not have exact figures here and propose European cooperation to get these facts. To demolish and build new produces 1200% more waste than rehabilitation/reuse. The shorter life cycle of modern materials compared to reuse should be considered. New building materials are more energy intensive. Modern materials are increasingly composite materials and are a waste treatment challenge. This approach gives a better overall environmental development, still saves huge amounts of energy while saving historic built environments. Historic rehabilitation: 30% of cost materials, 70% manpower. New construction: 50% of costs materials and 50% manpower. Manpower is the most expensive component. It is cheaper to use more industrial materials and fewer people. Yet Europe’s biggest challenge, excepting environment, is unemployment! The positive development for employment by reuse and improvement of historic houses is important; many jobs can be created. This demands more local natural materials than industrial materials, generates local employment and reduces foreign spending. The International Labour Organization and the World Bank agree. Challenges ahead CEN TC 346 will develop a CEN standard for energy calculation, efficiency certificates and proposed measures for historic and protected buildings. The Directive says that CEN standards shall be used. Improved calculation methods take account of historic houses based on empirical facts. Certificates include recommendations for cost effective improvements specific for historic buildings. in waste and a future waste problem treating the modern building materials. The environment effects could strengthen the negative development. The needed reduction in energy use in buildings can just as effectively be achieved by conservation and improvement of (most) existing buildings while having a more positive impact on the environment issue and energy use in a shorter term perspective. Society will build new and more energy efficient buildings, but why where there are existing buildings and especially if these buildings have a historic value? Stéphane DEMETER Nous devons en effet faire appel à nos compétences pour que chacun se saisisse, dans ce domaine, de cette question et ne la laisse pas entre les mains des spécialistes de la transposition, plutôt préoccupés par l’aspect environnemental. Patrimoine et environnement ne sont pas forcément très proches au sein des différentes structures administratives, ce qui peut poser problème étant donné l’étendue du champ d’application de cette directive. Je partage votre plaidoyer à tous pour la réalisation de mesures réelles de la performance énergétique in situ. Par ailleurs, la question évoquée sur la pointe de l’iceberg que représente le patrimoine classé et protégé me paraît également très intéressante, d’autant que les listes de patrimoine sont appelées à être remises à jour. Enfin, je tiens à remercier Seija Linnanmäki de nous avoir remis en mémoire la Charte de Venise et de revenir ainsi aux fondamentaux. Merci à tous. Transposing the directive into national legislation can have unexpected consequences. When transposed in Slovenia, article 4 disappeared. The Ministry of Culture noticed this afterwards, sounded the alarm and two ministries are now trying to rectify this mistake. In the short term we risk increasing energy use to demolish old buildings and produce new buildings and the new building materials. The historic environments which attract tourists and generate a turnover of 404 billion Euros per year and support at least 8 million jobs are at risk. Add a huge increase 61 actes du colloque session 2 Débat Est-ce que cela est un moyen d’améliorer les choses pour le patrimoine bâti ? Discussion Terje NYPAN, Conseiller culturel à la Direction du patrimoine de Norvège, Président du secrétariat du European Heritage Legal Forum Le débat est animé par Mireille Grubert, directrice de l’Ecole de Chaillot, Cité de l’architecture et du patrimoine. Discussion conducted by Mireille Grubert, Head of the Ecole de Chaillot, Paris Mireille GRUBERT Je vous remercie pour ces interventions à la fois riches et diverses. Je relève certains points communs dans la transposition de la directive par les Etatsmembres. Les exemples d’aujourd’hui, quoique peu nombreux, me paraissent représentatifs des mouvements de fonds qui se dessinent à l’échelle européenne. Cette nouvelle directive doit être mise en perspective avec l’ensemble de la législation communautaire et celles des Etats-membres. Une des leçons que je retire de cette présentation est la nécessité de disposer d’une expertise professionnelle à tous les niveaux, à même de distinguer les éléments de qualité du patrimoine et d’identifier les niveaux de protection évoqués dans les textes. Cette nécessité d’expertise entraîne un fort besoin de formation. Il est urgent d’identifier les qualités énergétiques du bâti ancien. Plusieurs programmes en France s’y attellent déjà. Ces démarches de recherche existent aussi dans d’autres pays. L’urgence de cette approche est accentuée par la disparition rapide du patrimoine. On peut espérer qu’à l’avenir, lorsque les qualités techniques, sociales, économiques, à la fois à court 62 et long terme, du bâti ancien seront mises en lumière, une directive européenne pourra préconiser de promouvoir certains dispositifs traditionnels dans la construction neuve. Ce type de pratiques existe, comme vous le savez, mais n’est pas reconnu. C’est à ce dialogue et à cette reconnaissance mutuelle qu’il nous faut œuvrer. François-Régis BACH, Société pour la protection des paysages et de l’esthétique de la France L’intervention d’Elvira Petroncelli m’a paru très intéressante. En particulier, elle porte un regard vigilant sur les incitations et aides de l’Etat. Quelle est la situation en Italie en matière de photovoltaïque ? En France, le gouvernement peine à définir une stratégie claire. Il vient de promulguer le troisième arrêté ministériel de changement des tarifs d’achat de l’électricité photovoltaïque en un an, et le rachat de l’électricité photovoltaïque à des tarifs différents entre le jour et la nuit entraîne une forte spéculation. Elvira PETRONCELLI, Architecte, professeur à l’Université de Naples L’Etat a défini plusieurs types d’incitation en faveur de l’électricité photovoltaïque afin de sensibiliser la population. Entre autres, l’Italie a introduit des tarifs horaires différenciés pour rationaliser la gestion du réseau et inciter les usagers à des comportements durables. Cependant, l’audience dont bénéficie ce programme en Italie est très limitée. Caroline D’ASSAY, Présidente de l’Association PRO PATRIMONIO En Roumanie, il est très difficile d’imposer à la population de conserver un monument historique et de respecter des réglementations souvent mal faites, ce qui pose de vrais problèmes. Michael VIEHHAUSER, Urbaniste, aménagement régional, Stockholm Un certain nombre de pays ont des approches différentes, cependant le problème est le même partout, celui d’économiser l’énergie. L’efficacité est le mot-clé, mais je pense que cela est une mauvaise approche car nous devrions plutôt parler pour le patrimoine bâti de suffisance. Signer un contrat de performance énergétique n’est pas acheter de l’énergie mais acheter un degré de température de chauffage sans s’interroger sur ceux qui fournissent cette performance. Vous devez vous rappeler que l’objectif est de réduire la consommation d’énergie des bâtiments dans un temps donné et que la conservation du patrimoine bâti est un objectif différent. La réduction des émissions de gaz à effet de serre est un tsunami politique que nous devons prendre en compte. Cela ne concerne pas vraiment les monuments historiques mais tous les autres bâtiments. Je ne suis pas certain que des mesures pesant sur le marché, seules, seraient suffisantes. Cela pourrait se faire si les propriétaires de bâtiment présentant de mauvaises performances devaient payer plus que ceux de bâtiment à faible consommation. Cependant, cela n’a rien à voir avec la façon dont on parvient à réduire la consommation. Les prix des énergies vont croître et les usagers vont venir vers nous pour demander qu’on les aide. Isabelle PALLOT-FROSSARD, Directrice du Laboratoire de recherche des monuments historiques au ministère de la Culture La démarche consistant à mesurer précisément l’efficacité énergétique des bâtiments anciens me paraît aller dans le bon sens. Jusqu’à présent, deux approches s’opposaient. Soit le bâti ancien était totalement discrédité, soit il constituait une sorte d’idéal architectural. Or les normes de confort et de préservation de l’environnement se sont largement modifiées. Le programme BATAN me semble très important pour réaliser un point de la situation. Un scientifique de l’Université de York, Roy Newton, a démontré dans les années 60 que le comportement énergétique de la cathédrale de York n’était pas si mauvais grâce à la captation de chaleur durant le jour, restituée durant la nuit. Certains organismes de recherche disposent déjà de connaissances qu’il nous faut rassembler, dans l’idée générale qu’il vaut mieux intégrer le patrimoine, qu’il soit protégé ou non, plutôt que de le classer dans les exceptions. Une telle solution pourrait aboutir au paradoxe d’un traitement inégalitaire des bâtiments. Mieux vaut bien connaître les performances énergétiques du patrimoine bâti, pour ensuite, aller dans le sens de l’adaptation acceptable du patrimoine bâti à ces nouvelles contraintes énergétiques. Olivier ECALLE, Société Pyraine J’ai fondé un bureau d’études thermiques. Je suis satisfait de l’accent mis sur la modélisation, qui nécessite le recours à des logiciels sophistiqués et le passage par des bureaux d’études, seuls à maîtriser leur utilisation. Toutefois, un modèle peut fournir n’importe quelles conclusions selon les paramètres pris en compte. C’est toute la difficulté des études portant sur les bâtiments anciens. Avec la croissance de ce marché, la qualité des études risque de s’en ressentir. Mieux vaudrait réaliser moins d’études et disposer de plus de gens de terrain, pragmatiques et censés, qui me paraissent mieux à même d’aider le client à avoir une vision thermique et à faire les choix les plus adaptés. Malory CHERY, Architecte des bâtiments de France La loi Grenelle envoie un double message. D’une part, elle promeut l’amélioration thermique du bâti ancien ; d’autre part, elle remet en cause l’avis de l’Architecte des bâtiments de France. En France, le système de gestion du patrimoine s’appuyait à la fois sur des lois de protection et sur une administration. Aujourd’hui, cette administration est malmenée. L’avis conforme de l’Architecte des bâtiments de France a été rétabli, mais avec une procédure de recours qui crée, à mon sens, une instabilité juridique. Terje NYPAN Pour revenir à l’article 4 de la directive européenne, il apparaît comme un mécanisme de défense. Sans cette possibilité d’exception, nous aurions dû nous soumettre à toutes les fantaisies des industriels du bâtiment comme des technocrates, sans aucun recours. Il faut bien comprendre que nous ne sommes pas opposés à l’idée d’améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments. Cependant, certains bâtiments ne s’y prêtent pas. Tout Paris peut être concerné par l’article 4, mais il faut néanmoins améliorer l’efficacité énergétique de nombreux bâtiments, sans détruire l’atmosphère et la qualité de vie de la ville. 63 actes du colloque En revanche, il est évident qu’aucun chantier d’importance ne sera entrepris dans un bâtiment historique comme Notre-Dame de Paris. C’est cette différence qu’il faut souligner et clarifier dans les textes législatifs. Mireille GRUBERT , Cette clarification doit-elle être le fruit d’une démarche commune à l’échelle de l’Europe, ou relève-t-elle de la subsidiarité et doit-elle s’effectuer plutôt au niveau national ? Terje NYPAN L’un n’empêche pas l’autre. Il faut travailler en partenariat pour essayer de mettre en évidence des synergies. Cependant, en fin de compte, chaque nation doit pouvoir décider pour elle-même comment elle souhaite appliquer cette démarche. Michèle PRATS, Vice-présidente ICOMOS France Je pense que le problème principal de l’article 4, auquel nous sommes confrontés, est celui de la définition du patrimoine. En effet, les définitions divergent : pour certains, le patrimoine renvoie exclusivement aux monuments historiques. La France et l’Italie défendent une conception plus large. Les quelques monuments insignes ne posent pas de problème particulier. En revanche, Paris dans son ensemble est plus difficile à traiter, car le patrimoine parisien intègre non seulement l’architecture des façades, mais aussi la structure urbaine. Ces ensembles construits de manière homogène doivent être respectés. Il en est de même pour de nombreuses autres villes, mais aussi 64 session 2 pour l’habitat rural ou les villages perchés. Ce patrimoine auquel nous sommes tous attachés attire 90 millions de visiteurs par an. Il doit à la fois faire l’objet d’une protection et d’une amélioration de ses performances énergétiques, sans le dénaturer. Cela pose toute une série de problèmes techniques, mais aussi de difficultés en termes de formation, car il faut disposer de personnes de terrain qui connaissent les matériaux traditionnels, très différents des matériaux inertes d’aprèsguerre. Nous devons élaborer des solutions non pas globales, mais adaptées à chaque type de bâti. Toute la difficulté est là. Georges ZOUAIN, GAIA Heritage J’appartiens à l’équipe de gestion du programme Euromed Heritage. L’intervention précédente m’a fortement interpellé en considérant la ville comme un monument. Je pense qu’il y a là matière à réflexion. Le patrimoine urbain comprend également les emprises publiques, très grandes consommatrices d’énergie. La performance énergétique du patrimoine urbain relève ainsi de l’Etat lui-même, qui a un devoir de gestion de ce domaine public patrimonial. Or, les méthodes et les considérations de gestion et de réduction de la consommation d’énergie diffèrent totalement de celles que peut mettre en œuvre un particulier. Ainsi, l’amélioration de l’efficacité énergétique se joue à plusieurs niveaux. Le niveau individuel est étroitement rattaché au niveau global. J’ignore à quel point peut jouer la liberté de l’individu dans un système patrimonial aussi complexe que celui d’une ville. Il s’agit de questions récurrentes auxquelles il n’existe pas de réponse simple. Philippe LAMOURET, Architecte des bâtiments de France Je rebondis sur la question de la définition de l’efficacité énergétique et de son application aux bâtiments traditionnels. La mise en place, en France, des Aires de valorisation de l’architecture et du patrimoine, les AVAP, qui incluent une dimension énergétique et environnementale, va nous obliger à codifier les types de traitements énergétiques dans le patrimoine ancien. Cet exercice risque de s’avérer assez redoutable. Il demeure néanmoins nécessaire si nous ne voulons pas exclure les centres historiques de cette problématique, alors que les citadins fuient déjà trop souvent les centres pour s’installer dans les zones pavillonnaires très consommatrices d’énergie et d’espace. Samir ABDULAC, Vice-président ICOMOS France A la fin de ce débat, il me semble que, autant il est facile de modéliser l’architecture postérieure aux années 50 et 60, caractérisée par des constructions de logements et de bureaux à très grande échelle, autant il est difficile d’établir une typologie et de modéliser le comportement thermique du bâti ancien. Celui-ci, en effet, s’adaptait à son contexte climatique et topographique et à son environnement construit ou naturel. Nous étudions des éléments individuels dont nous vérifions le comportement. La réglementation prévoit des possibilités de dérogation, mais les aides financières existantes jouent également un rôle d’incitation vis-àvis des particuliers. Il faut donc réussir à aider les particuliers à mieux adapter leur bâti sans passer par un équipement technologique de type photovoltaïque ou autre. Cette évolution nécessite une expertise encore à développer. Malory CHERY, Architecte des bâtiments de France Il faudrait mettre en place une évaluation des effets pervers des aides de l’Etat. Par exemple, les aides à l’installation de panneaux photovoltaïques sont versées sans comprendre un volet d’isolation de la maison. En outre, elles entraînent aussi une augmentation de la consommation d’électricité, qui paraît gratuite. Enfin, en France, le tarif d’achat de l’électricité est plus élevé si le photovoltaïque est intégré à la toiture, alors qu’il peut être plus pertinent de l’installer en couverture d’une terrasse. Ainsi la réglementation et les dispositifs incitatifs peuvent s’avérer contre-productifs. Il faudrait que des retours d’expérience soient pris en compte. Etienne BRULET, Architecte En tant que professionnel, je souhaite souligner la confusion qui règne malgré la profusion de colloques et de formations. Un pays en avance sur le plan environnemental comme l’Allemagne abandonne déjà des pratiques que nous commençons tout juste à prescrire. Les diagnostics ne sont pas encore prêts, non plus que les modélisations. La situation est très incohérente, et nous aimerions être plus soutenus. Marie-Laure VERROUST, revue La Demeure Historique L’expérience m’a montré que les habitants des monuments historiques peuvent se révéler de très bons guides, car ils disposent d’une expérience concrète et d’une connaissance des aléas des climats et des aménagements qu’il faudrait réaliser pour optimiser les monuments au niveau énergétique. Kim VANGUERS, Responsable Energy House Manager, EREC Je travaille pour le Conseil Européen des Energies Renouvelables. J’ai coordonné un projet visant à promouvoir des exemples de bâtiments anciens intégrant une mesure de l’efficacité énergétique et l’utilisation de technologies à énergie renouvelable. Nous nous sommes appuyés sur notre propre bâtiment, qui date du XIX ème siècle et fonctionne exclusivement grâce aux énergies renouvelables. En termes d’acceptabilité, il est plus que toléré, puisqu’en cinq ans, nous avons accueilli presque 20 000 visiteurs. Nous avons réalisé quatre autres études de concept énergétique et développé des outils pour les architectes et les ingénieurs. Ces recommandations sont disponibles sur notre site internet *. Ce projet nous a permis d’initier un dialogue avec les propriétaires publics et privés de bâtiments historiques pour améliorer la qualité des interventions. * http://www.erec.org/ 65