10 ENVIRONNEMENT Photo Bernard Molins/MAAPR BIODIVERSITÉ LE VOLET AGRICOLE Ouvrant la conférence internationale sur la biodiversité fin janvier à Paris, le Président de la République a déclaré que le respect de l’environnement devait être « l’objectif de l’agriculture toute entière ». Des propos qui font échos au volet agricole de la stratégie nationale adoptée par la France en février 2004. L marielle roux ors du sommet de la Terre à Rio en 1992, la biodiversité a été reconnue comme patrimoine commun de l’humanité. La France a ratifié en 1994 la Convention pour la diversité biologique (CBD) issue de la conférence de Rio et s’est dotée en février 2004 d’une stratégie nationale pour la biodiversité, déclinée en cinq plans d’action : agriculture, mer, urbanisme, transport et outre-mer. Les activités agricoles et rurales jouent un rôle majeur dans la gestion du vivant et ont une influence directe sur sa diversité. Pour améliorer la prise en compte de la biodiversité dans les politiques agricoles françaises comme dans les pratiques de terrain, cinq grandes orientations sont retenues : promouvoir la biodiversité dans les démarches territoriales ; favoriser les pratiques agricoles qui maintiennent ou produisent de la biodiversité, notamment grâce au développement de l’infrastructure écologique (haies, linéaires, talus, surfaces toujours en herbe, bosquets) et à la réduction des pollutions diffuses ; renforcer les dispositifs de conservation et de réglementation des ressources génétiques pour l’agriculture et l’alimentation ; mettre en place un outil de suivi de l’état de la diversité du vivant en milieu rural et Bima 2005 janvier/février 2005 de son évolution et enfin, renforcer la sensibilisation et les compétences des agriculteurs et de tous les acteurs du monde agricole et rural. Le plan d’action agriculture pour la biodiversité précisera l’état zéro de chaque action, sera évalué et révisé tous les deux ans. Début 2005, au plus tard, sera constitué un groupe de travail, pérenne, émanant d’un réseau agriculture-biodiversité. Objectif : la conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique en milieu rural, qu’elle soit ordinaire ou remarquable. C’est l’ensemble des pratiques agricoles favorables au maintien, au développement et à l’utilisation durable de la biodiversité qui seront ainsi renforcées l Pour en savoir plus : www.recherche.gouv.fr/biodiv2005paris « Biodiversité : science et gouvernance » BIODIVERSITÉ ET AGRICULTURE Pour Dominique Bussereau, « il ne s’agit pas de créer des sanctuaires de la nature en milieu rural », mais pour autant, « une bonne gestion de la biodiversité est un atout pour un agriculteur ». Pour mieux comprendre l’enjeu du débat agriculture et biodiversité, quelques éléments à retenir. Des rapports complexes • La diversité du vivant, base de la production agricole, représente également pour l’agriculture une contrainte qu’il lui faut gérer (ravageurs, mauvaises herbes, prédateurs, concurrence avec des espèces sauvages…); • l'agriculture contribue à la diversité biologique (sélection de races et de variétés, création de structures paysagères constituant des habitats particuliers...), et d’un autre côté, elle la réduit (homogénéisation et simplification du parcellaire et des cultures, impacts négatifs pour la biodiversité de certains intrants et pratiques agricoles…). Une intégration progressive •1992 : réforme de la PAC et intégration de la notion de multifonctionnalité et d’environnement ; •1999 : mise en œuvre du second pilier de la PAC et des mesures agroenvironnementales spécifiquement ciblées sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité ; •2003 : accords de Luxembourg : élargissement de la prise en compte de l’environnement dans le premier pilier de la PAC grâce à la conditionnalité environnementale des aides. Ces évolutions reconnaissent la multifonctionnalité des territoires ruraux et assignent progressivement à ces espaces des objectifs environnementaux et sociaux, en conjonction avec la production agricole.