Thème 1 : Croissance, crises et environnement

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Thème 1 : Croissance, crises et environnement
Chapitre 2 Croissance et environnement
CE QUE DIT LE PROGRAMME
NOTIONS : Capital naturel, physique, humain, institutionnel, biens communs, soutenabilité,
réglementation, taxation, marché de quotas d’émission
Acquis de première : externalités, droits de propriété, offre et demande, défaillance du marché
INDICATIONS COMPLÉMENTAIRES :
 On expliquera pourquoi l’analyse économique du développement durable, qui se fonde sur la
préservation des possibilités de développement pour les générations futures, s’intéresse au niveau et à
l’évolution des stocks de chaque type de capital (accumulation et destruction) ainsi qu’à la question
décisive du degré de substitution entre ces différents capitaux.
 On évoquera, à l’aide d’exemples, les limites écologiques auxquelles se heurte la croissance
économique (épuisement des ressources énergétiques et des réserves halieutiques, déforestation,
augmentation de la concentration des gaz à effet de serre, etc.).
 L’exemple de la politique climatique permettra d’analyser les instruments dont disposent les pouvoirs
publics pour mener des politiques environnementales.
 En lien avec le programme de première sur les marchés et leurs défaillances, on montrera la
complémentarité des trois types d’instruments que sont la réglementation, la taxation, les marchés de
quotas d’émission.
DEFINITIONS DES NOTIONS A CONNAITRE POUR CE CHAPITRE



NPT (notions programme de terminale).
NPP (notions programme de première).
NC (notions complémentaires à connaître).

Biens communs (NPT) : biens qui ont la particularité d’être à la fois rivaux et non exclusifs.

Capital humain (NPT): ensemble de l’expérience et des compétences accumulées qui ont pour effet de
rendre les travailleurs plus productifs. On y inclut parfois la santé d’une population.

Capital naturel (NPT) : ensemble des ressources naturelles utiles à l’homme et exploitables
techniquement et économiquement.

Capital physique (NPT) : ensemble des biens de production durables.

Capital institutionnel (NPT) : Ensemble de réseaux sociaux, de normes, de valeur et d’institutions qui
permettent d’accroître la confiance entre les acteurs dans une société donnée et favorisent ainsi la
coopération.

Croissance économique (NPT) : augmentation de la production d’un territoire sur longue période. Le taux
de croissance économique mesure le rythme de la croissance économique. Il se mesure par le taux de
variation du PIB en volume.

Défaillance du marché (NPP) : Phénomènes qui mettent en échec le fonctionnement d’un système de marchés
concurrentiels.


Développement durable (NPT) : développement qui permette de répondre aux besoins du présent sans
compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs.
Développement humain (NC) : processus d’expansion des libertés réelles dont jouissent les individus.

Effet rebond (NC) : Augmentation de consommation liée à la réduction des limites à l’utilisation d’une
technologie.

Externalités (NPP) : effet produit par un agent économique lorsqu’il procure à autrui, par son activité une
utilité ou un avantage gratuits (externalité positive), ou une désutilité (externalité négative), un dommage
sans compensation monétaire.

Empreinte écologique (NC) : indicateur qui mesure la surface nécessaire pour produire ce qui est
consommé par une population et pour absorber les rejets de gaz à effet de serre qu’elle engendre.

Internalisation des externalités (NC) : Prise en compte par un acteur économique des externalités
négatives générées par son activité qu’il intègre alors à son calcul de coûts.


Intensité énergétique de la production (NC) : Quantité d’énergie nécessaire pour produire 1000$ de PIB.
Intensité carbone (NC) : quantité de CO2 émise dans l’atmosphère pour produire 1000$ de PIB.

Marchés de quotas d’émission (NPT) : lieu d’échanges entre offreurs et demandeurs de « droits à
polluer », lesquels sont émis par la puissance publique et attribués aux agents économiques en fonction
d’un niveau global de pollution toléré.

Offre (NPP) : Quantité de biens ou services que les agents économiques sont prêts à vendre sur un
marché à un prix donné.

Demande (NPP) : Quantité de biens ou services que les agents économiques sont prêts à acquérir sur un
marché à un prix donné.

Politique climatique (NC) : mesures adoptées pour limiter le réchauffement climatique et faire face à ses
effets.

Réglementation (NPT) : norme imposée par les pouvoirs publics qui fixe les limites de pollution que les
agents économiques peuvent émettre. Dans ce chapitre cet outil réglementaire s’oppose aux outils
économiques de lutte contre la pollution.


Soutenabilité forte (NPT) : Non-décroissance du stock de capital naturel
Soutenabilité faible (NPT) : Non-décroissance du stock des différentes formes de capital : si une unité de
capital naturel peut être substituée par une unité d’un autre type de capital, la condition de soutenabilité
faible est respectée.

Taxation (NPT) : modalité de l’intervention publique qui consiste à modifier la structure relative des prix
par l’introduction d’un impôt afin de limiter les émissions de gaz à effet de serre.
Sujets de bac déjà « tombés » :
Epreuve composée Partie 1 (Questions de cours sans document)
→ Montrez que le PIB ne permet pas d'évaluer la soutenabilité de la croissance (pondichéry, 2013).
→ Présentez les trois types d'instruments d'une politique climatique. (Amérique du Nord, 2013)
→ Comment le capital institutionnel participe-t-il au bien-être des populations ? (Antilles-Guyane, 2013)
→ Montrez que le PIB ne mesure pas la soutenabilité de la croissance. (France métropolitaine, 2013)
→ Comment la taxation permet-elle d'agir sur la préservation de l'environnement ? (Asie, 2013)
→ Vous présenterez deux limites écologiques auxquelles se heurte la croissance. (Polynésie, 2014)
Epreuve composée Partie 2 (Après avoir présenté le document, vous…)
Epreuve composée Partie 3 (A partir du dossier documentaire de vos connaissances …)
→ Vous montrerez que la politique climatique repose sur la complémentarité de différents instruments. (Liban,
2013)
→ Vous expliquerez pourquoi les trois types d'instruments utilisés en matière de politiques climatiques sont
complémentaires. (France Métropolitaine, 2013)
Dissertation (Dossier de 4 documents factuels)
→ Dans quelle mesure la croissance économique peut-elle être soutenable ? (Autres centres étrangers, 2013)
→ Comment les politiques climatiques peuvent-elles permettre de préserver l'environnement ? (Polynésie, 2013)
→ Les instruments dont disposent les pouvoirs publics sont-ils efficaces pour préserver l'environnement ? (Asie,
2014)
Chapitre 2 Croissance et environnement
Depuis l’invention de la bombe atomique, l’homme sait qu’il peut détruire l’espèce humaine. Au terme de
deux siècles d’industrialisation (depuis la révolution industrielle 1780 GB, 1820 FR, 1840 USA/ALL), d’explosion
démographique (1,6 milliard en 1900, 2,5 milliards en 1950, 6,5 milliards d’hommes en 2005 et 8 milliards en
2025, 9 milliards en 2050), l’homme sait qu’il peut détruire la planète. Une question épineuse se pose à notre
génération : « Comment sauver l’homme, comment sauver la terre ? ». En effet, nous sommes divisés en
peuple dont les cultures et les intérêts immédiats sont différents. Certains vivent dans l’opulence et le
gaspillage (nous !) et d’autres vivent dans la misère, comme les enfants des bidonvilles qui recherchent de
quoi survivre dans les poubelles.
Croissance et développement durable sont-ils conciliables ? En d’autres termes : est-il possible de continuer
à croître tout en préservant l’environnement ? Le progrès technique nous apportera-t-il les solutions pour
rendre cette conciliation possible ? Faudra-t-il comme le soutiennent les partisans de la décroissance
changer radicalement nos modes de vie ? Est-ce notre modèle de développement qui est en cause ?
Point bac : Dans un sujet sur croissance et développement durable, évoquer aussi le
développement humain (Vu dans le chapitre 1). Et dans un sujet croissance et développement
humain, ne pas oublier la question de la soutenabilité. La question est de savoir si ce
développement humain fondé en partie sur la croissance peut être durable ?
1. L’impact des différents capitaux sur le bien-être de la population
1.1. Le bien-être vu par le courant dominant en économie
Objectif essentiel = croissance
Document 2 p. 144 Bordas
Produire nécessite des capitaux
Toute activité productive engage, en combinaison variable, quatre types de facteurs de production, ou
selon un terme aujourd'hui plus fréquent, de capitaux : naturel, technique (également appelé capital produit),
humain et social. Les deux premiers ont des définitions généralement bien acceptées. Au sein du capital
naturel, il importe de bien distinguer les ressources renouvelables (mais pas inépuisables) et les stocks finis et
donc épuisables de substances utiles, en général contenues dans le sous-sol. Par capital humain, nous
entendons les connaissances et compétences acquises par les individus, via l'éducation et la pratique. Le
capital social est constitué de l'ensemble des institutions et relations sociales qui font que la combinaison des
trois types précédents est d'une efficacité très variable selon les contextes « sociaux». Avec la même dotation
initiale en capitaux naturels, techniques et humains, une société où les institutions économiques sont
légitimes et efficaces, où les coûts de transactions sont réduits parce que la confiance entre acteurs est
grande se développera beaucoup plus vite qu'une société en guerre civile larvée. On dira que son capital
social est bien plus élevé. Ce capital est par nature collectivement «possédé» par la société concernée. C'est
un bien collectif. [...]
Le capital naturel est un facteur de production essentiel dans deux types d'activité :
– La production primaire : le capital naturel y est étroitement complémentaire du capital humain et
technique. Ces derniers perdent une grande partie de leur valeur s'ils ne sont pas combinés à un volume
suffisant de capital naturel.
– L'entretien de la capacité de la nature à fournir, au-delà des biens et services marchands de la production
primaire, des services non marchands (qui n'ont pas, ou pas encore, de prix explicite sur un marché) mais qui :
1) engendrent des externalités positives (des gains) au profit d'autres activités ou directement au profit du
bien-être des populations (par exemple : les services hydrologiques, climatiques et de loisir rendus par une
forêt), 2) ont une «valeur d'option» (par exemple : la bactérie amazonienne pas encore découverte, mais qui
sera le remède miracle contre le cancer...), 3) ont une «valeur d'existence» aux yeux de beaucoup (par
exemple : les baleines ou les gorilles).
Pierre-Noël GIRAUD et Denis LOYER, "Capital naturel et développement en Afrique", in Serge MICHAÏLOF,
«À quoi sert d'aider le Sud», Economica, octobre 2006.
1. Illustrer. Donnez un exemple de chaque type de capital.
 Capital naturel : énergies fossiles (pétrole, charbon…), ressources halieutiques, ressources
forestières…
Le capital naturel est constitué des écosystèmes naturels qui produisent un flux de biens et de services
environnementaux valorisables :
 le capital naturel renouvelable ;
 le capital naturel non renouvelable.
Le capital naturel renouvelable est actif et s‘auto-entretient grâce à l‘énergie solaire (ex : les écosystèmes).
Les écosystèmes peuvent être récoltés pour fournir des biens écosystémiques (ex : du bois) mais ils peuvent
également fournir des flux de services environnementaux lorsqu‘ils sont laissés en place (ex : le contrôle de
l‘érosion, la capture du carbone, la récréation).
Le capital naturel non renouvelable est plus passif (ex : l‘énergie fossile, les dépôts de minerais) et ne produit
pas de services jusqu‘à ce qu‘il soit extrait.
 Capital physique (également appelé capital technique ou capital produit) : machines, usines,
bâtiments, infrastructures, véhicules… Ne pas confondre avec capital technologique. Voir chapitre 1
(partie sur les sources de la croissance).
 Capital humain : nombre d’habitants, qualification des habitants, espérance de vie, état de santé de la
population… Voir aussi chapitre 1.
 Capital institutionnel : confiance entre les individus, faiblesse des vols et des atteintes aux personnes,
faible niveau d’inégalités, institutions fiables…
Réseaux, ainsi que normes, valeurs et convictions communes qui facilitent la coopération au sein de groupes
ou entre ceux-ci ». Variable relationnelle, c’est-à-dire qu’il prend sa forme dans les relations entre les gens,
individus, groupes ou communautés
Les institutions sont l’ensemble des contraintes humaines qui structurent les interactions politiques,
économiques et sociales. Appareil législatif, autres normes, formelles ou informelles, valeurs, peuvent
contribuer au bien-être des populations comme à la croissance économique. Le capital institutionnel regroupe
ces institutions.
2. Expliquer. Pourquoi le capital social est-il un bien collectif ?
Un bien collectif présente la caractéristique d’être à la fois non rival et non exclusif. Le capital social
correspond à cette caractéristique : il profite simultanément à tous les membres de la société et il n’est pas
nécessaire de payer un prix pour en bénéficier.
Le capital est constitué d’actifs qui fournissent sur une longue période un flux de biens et de services.
Autrement dit, le capital est une richesse dont il est possible de retirer du bien-être suite à la consommation
des biens et services qu’il procure. Contrairement à la définition traditionnelle, le capital, selon l’approche
par capitaux pour mesurer le développement durable, ne se limite pas uniquement aux actifs échangés sur les
marchés. Il en va de même pour les biens et services qui en sont issus. Par exemple, une forêt représente un
actif du capital naturel puisque les arbres qu’elle contient peuvent être transformés en papier, mais aussi
parce qu’elle absorbe du CO2, forme un habitat et fait partie intégrante du paysage.
L’approche par capitaux repose sur la théorie de l’économie du bien-être et de l’économie de
l’environnement ainsi que sur la notion élargie de capital. Selon cette approche, toute société possède des
richesses qui, une fois transformées en biens et services, permettent de répondre aux besoins de ses
membres et ainsi améliore son bien-être.
Voir diapo 2
Accumulation de
capital physique
Accumulation de
capital humain
Croissance
économique
Hausse du bien-être
Accumulation de
capital naturel
Accumulation de
capital social et
institutionnel
Forme de
capital
Accumulation et effet sur la croissance
 Hausse de l’intensité capitalistique → hausse de la productivité apparente du travail
Physique
 Incorporation du progrès technique → hausse de la PGF
 Gains de productivité et croissance économique
 Accroit la qualification des travailleurs et donc leur efficacité
 Facilite l’utilisation des nouvelles technologies dans la production (travailleurs
Humain
capables de s’approprier les innovations)
 Gains de productivité et croissance
 Indispensable à la production de nombreux biens et services : énergies fossiles,
Naturel
ressources des forêts, ressources halieutiques.
 soutient la croissance.
 Multiplie les effets positifs de l’accumulation des trois autres sortes de capitaux et
Institutionnel
soutient donc la croissance.
On peut parler de vision économiciste car cette vision du bien-être transforme tout en capital. Dans cette
perspective, l’éducation, la nature et même les relations sociales ne sont envisagées que comme des
ressources permettant de produire des richesses marchandes.
Nous allons voir à présent que l’éducation et la nature peuvent apporter du bien-être indépendamment de
leur contribution à la production de richesse mesurée par le PIB.
1.2. Une prise de distance nécessaire avec la vision économiciste du bien-être
Les différents capitaux (notamment humain, naturel et institutionnel) peuvent – indépendamment de leurs
effets sur la croissance – agir sur le bien-être de la population. La vision économiciste à tendance à les
considérer uniquement comme des facteurs de production dont l’accumulation permet la croissance.
Document polycopié n°1
Niveau d’éducation et bien-être
« Un certain nombre d'importantes techniques de mesure ont été élaborées pour chiffrer certains
avantages sociaux de l'éducation [...]. L'un des avantages les plus manifestes de l'instruction est l'amélioration
de la santé. Plus le niveau de formation est élevé, meilleure est l'hygiène de vie. Les personnes mieux
instruites risquent moins de fumer ou de boire beaucoup. D'après les estimations, une année supplémentaire
d'études diminue la consommation moyenne quotidienne de cigarettes de 1,6 pour les hommes et 1,1 pour
les femmes. La surcharge pondérale risque également moins de menacer les personnes mieux instruites qui,
par ailleurs, ont tendance à faire plus d'exercice par semaine que les personnes moins instruites – environ 17
minutes par année supplémentaire d'études. [...]
Le niveau de formation est l'une des principales variables prédictives de nombreuses formes d'engagement
politique et social. [...] Toutes autres choses restant égales par ailleurs, la participation politique augmente en
même temps que l'instruction. De plus, il existe une corrélation positive entre le niveau de compétence
littéraire des adultes et leur participation à des activités bénévoles associatives dans de nombreux pays de
l'OCDE. [...]
L'instruction diminue le risque de délinquance en aidant à socialiser les jeunes qui demeurent scolarisés.
[...] Les variables liées au capital humain environnant ont un effet positif sur les comportements antisociaux.
Bien qu'il faille du temps pour que les effets de ces avantages sociaux se fassent tous sentir, la société peut
tirer parti d'un investissement dans la formation en dépensant moins pour la protection sociale, la prévention
de la délinquance et la mise en application de la loi. [...]
Les éléments d'information donnent à penser que l'instruction a des effets positifs, à la fois immédiats et à
long terme, sur le bonheur déclaré par les intéressés eux-mêmes. [...] Le niveau d'instruction est associé à un
bonheur plus grand même quand on a neutralisé la variable du revenu familial. Il est possible que le niveau
d'instruction ait un impact sur le bonheur des autres ; dans ce cas, il se peut que des individus égoïstes
tendent à sous-investir dans la formation d'un point de vue social. »
Du bien-être des nations : le rôle du capital humain et social, OCDE, 2001.
1) Quels sont les effets bénéfiques de l’éducation présentés par le texte ?
Effet positif sur la santé par l’intermédiaire du mode de vie : moindre sédentarité et moins de conduites à
risque pour la santé.
Stimule l’engagement politique et l’engagement associatif.
Réduit les comportements anti-sociaux et favoriserait donc le « vivre ensemble ».
On peut ajouter la capacité à exercer son esprit critique et à conduire sa vie de manière éclairée.
2) Expliquez la phrase soulignée à l’aide de la notion d’externalités.
L’éducation a un impact positif, involontaire, sur la satisfaction d’autrui (par exemple, je travaille mieux et plus
vite avec quelqu’un de bien formé qu’avec quelqu’un de mal formé) : on peut donc bien parler d’externalité
positive. Mais ces effets positifs externes ne sont pas pris en compte par l’individu qui décide de se former ; il
ne retient en effet que les avantages et inconvénients qu’il supporte directement. Ainsi, au regard des coûts
qu’il supporte, les gains globaux de sa décision sont sous-estimés, et il décide d’arrêter trop tôt ses études.
3) Pourquoi est-il important, lorsque l’on souhaite mesurer le rôle de l’éducation dans le bonheur, de raisonner
toutes choses étant égales par ailleurs ?
La clause « toutes autres choses restant égales par ailleurs » permet de s’assurer que la corrélation observée
entre éducation et bonheur est bien une relation de cause à effet. En l’absence de cette clause, il est possible
que la corrélation mise en évidence soit la conséquence d’une troisième variable, comme par exemple le
revenu familial.
Document polycopié n°2
L’environnement, à la base de notre bien-être
Les conditions environnementales affectent la qualité de la vie des individus à plusieurs égards. En premier
lieu, elles agissent sur la santé humaine, dans la mesure où la qualité de l'air et de l'eau ou le niveau de bruit
ont un impact direct tant sur la santé physique que psychologique. Des études montrent que les conditions
environnementales sont la cause de près d'un quart de toutes les maladies dans le monde (OMS 2008). Ainsi,
les individus bénéficient nettement d'une eau propre et d'une nature saine. Par ailleurs, de bonnes conditions
environnementales sont une condition indispensable à la détente.
L'accès à des espaces naturels tels que parcs, forêts ou lacs peut accroître la variété des options de loisirs
disponibles. Il s'agit donc d'un déterminant de la qualité de la vie.
Rapport du CAE, Évaluer la performance économique, le bien-être et la soutenabilité,
1) Quels sont les deux effets positifs d’un environnement de qualité sur le bien-être qui sont évoqués dans le
texte ?
Effet sur la santé. Les dégradations environnementales (pollutions diverses notamment) sont la cause de près
d’un quart de toutes les maladies dans le monde.
Ressources d’aménités : aspects agréables de l’environnement qui ne sont ni appropriables, ni quantifiables
en termes de valeur monétaire : randonnées par exemple, plages propres, etc.
Quant à la qualité des relations sociales, elles ont évidemment un rôle essentiel pour le bien-être en dehors
du rôle que leur font jouer les économistes en tant que capital.
Maintenant que nous avons vu les éléments qui pouvaient être à la source du bien-être dans une société et
notamment le rôle de la croissance économique, nous allons nous demander à quelles conditions ce bienêtre peut être durable.
2. Croissance et développement soutenable
2.1. Croissance et dégradations environnementales
2.1.1. Un panorama inquiétant de l’impact de la croissance sur l’environnement
Voir diapo 3
Document 3 P.143 Bordas
1. Entre 1980 et 2007, la demande d’énergie en Gtep a augmenté de 64,38 %.
2. L’augmentation de la demande d’énergie a pour origine la croissance des pays en développement.
Entre 1980 et 2007, la part des pays en développement dans la demande d’énergie est passée de 27 % à
45 %. Le rattrapage économique engendre des besoins énergétiques importants.
3. La demande d’énergie augmente car elle est rendue nécessaire par la croissance économique. La
production de biens et de services repose sur un usage intensif d’énergie.
Voir diapo 4
Indiquer qu’aujourd’hui principalement énergie fossile :
 Pétrole = 34% de la consommation mondiale d’énergie ;
 Charbon = 26% ;
 gaz=21%.
Conséquences de l’épuisement des ressources : niveau élevé des cours (risque d’inflation importante et
désastreuse pour les pays pauvres) et tensions entre pays.
Document polycopié n°3
La croissance économique et les émissions de CO2
1) Montrez à l’aide de ce graphique, qu’il existe
une corrélation entre la croissance économique
et la quantité de CO2 émise.
2) Que peut-on déduire de la comparaison entre
le Canada et la Suède sur l’intensité carbone de
la croissance dans ces deux pays ?
1) Montrez, à l’aide des données de ce graphique, qu’il existe une corrélation entre la croissance économique
et la quantité de CO2 émise.
 Nuage de points pour étudier corrélation.
 Lorsque la droite des moindres carrés (qui réduit les écarts à la moyenne entre les points et la droite) a
une pente positive, il y a corrélation positive (quand la variable A augmente, la variable B augmente
aussi).
 Lorsque sa pente est négative, il y a corrélation négative (quand la variable A augmente, la variable B
diminue, ou inversement).
 Quand la droite est verticale ou horizontale, il n’y a pas de corrélation.
 Plus la pente est importante, plus la corrélation est forte.
Ici, la corrélation est assez clairement positive. Lorsque le niveau de vie d’un pays est élevé, l’intensité
carbone augmente.
2) Que peut-on déduire de la comparaison entre le Canada et la Suède sur l’intensité carbone de la croissance
dans ces deux pays ?
La Suède parvient à émettre moins de CO2 pour 1 euro de PIB créé. Donc, s’il y a bien corrélation, les
décisions politiques qui sont prises peuvent néanmoins contenir quelque peu l’impact environnemental de la
croissance économique.
Début de l’ère industrielle = démarrage croissance. Début de l’augmentation sensible de la concentration en
gaz à effet de serre.
*27 ballons de 10 kilomètres de diamètre. C'est le volume mondial de CO2 rejeté chaque année. Pour en
absorber un seul, il faudrait couvrir la France et l'Allemagne de forêts.
*6 tonnes. C'est l'émission annuelle de CO2 d'un Français moyen. Une vache, elle, émet en méthane
l'équivalent de 1 tonne de CO2 par an.
Voir diapos 5 et 6
Document polycopié n°4 Evolution des émissions de gaz à effet de serre
Manicore.com, 2011.
Document polycopié n°5
Document polycopié n°6 Concentration record des gaz à effet de serre en 2013
Les gaz à effet de serre ont atteint un niveau de concentration record en 2013, a annoncé mardi 9 septembre
à Genève l'Organisation météorologique mondiale (OMM), une agence de l'Organisation des nations unies.
Qui plus est, le taux d'accroissement du dioxyde de carbone (CO2) atmosphérique entre 2012 et 2013
représente la plus forte augmentation annuelle depuis 1984, année des premières mesures fiables.
Des données préliminaires laissent supposer que cela pourrait être dû à la réduction des quantités de CO2
absorbées par la biosphère terrestre alors que les émissions de ce gaz continuent de croître.
En 2013, la concentration de CO2 dans l'atmosphère représentait 142 % de ce qu'elle était à l'époque
préindustrielle (1750), et celle du méthane et du protoxyde d'azote respectivement, 253 % et 121 %.
L'océan absorbe aujourd'hui environ le quart des émissions totales de CO 2, mais cela est lourd de
conséquences, selon les experts : « Le rythme actuel d'acidification des océans semble en effet sans précédent
depuis au moins 300 millions d'années. »
Pour le secretaire général de l'OMM, Michel Jarraud, la situation est inquiétante :
« Nous savons avec certitude que le climat est en train de changer et que les conditions météorologiques
deviennent plus extrêmes à cause des activités humaines, telles que l'exploitation des combustibles fossiles.
(…) L'ignorance ne peut plus justifier l'inaction. »
Le Monde.fr avec AFP | 09.09.2014 à 10h51.
A retenir :
→ Document polycopié n°4 : nette progression des émissions de GES depuis les Trente glorieuses,
notamment en raison de l’utilisation et du développement des énergies fossiles.
→ Document polycopié n°5 : C’est l’Amérique du Nord qui a l’intensité carbone la plus forte. Les pays
pauvres eux, émettent très peu par habitant. A ce propos, rappelez que 20% de la population mondiale
consomme 80% des richesses naturelles. La Chine a un total d’émission très important en raison de la
taille de sa population. En ce sens, le développement extrêmement rapide de ce pays est inquiétant
pour la lutte contre le réchauffement climatique. Si l’intensité carbone rejoignait celle des Etats-Unis
avec une population 4 fois supérieure, les conséquences seraient dramatiques. Voir diapo 7.
→ Document polycopié n°6 : concentration de CO2 record en 2013.
Explication réchauffement climatique
Terre exposé au soleil durant la journée. Doit se débarrasser de cette énergie pour éviter le réchauffement
climatique (rayonnement infrarouge).
Dans le même temps, le rôle des gaz à effet de serre est de capturer suffisamment de rayonnements solaires
pour que l’eau puisse se présenter sur la Terre sous forme liquide, indispensable à la vie.
Problème : quand cette couche de gaz à effet de serre dans l’atmosphère devient trop importante en raison
des activités humaines, trop de rayons sont capturés et la Terre se réchauffe.
Voir diapo 8
Document polycopié n°7 La difficile réduction des gaz à
effet de serre
Compte tenu de la hausse des émissions des vingt
dernières années, limiter la hausse de la température
planétaire à +2 °C d'ici à 2100 revient à diviser les émissions
mondiales de GES par 2,6 entre 2010 et 2050. Pour une
population de 9 milliards d'individus prévue en 2050,
l'empreinte carbone par personne devra donc plafonner à
2,2 tonnes de CO2 eq [tonnes équivalent CO2].
Pour atteindre ce niveau en tenant compte de la hausse de
la population et de celle du pouvoir d'achat, il faudrait à la fois
tripler l'efficacité énergétique de la production et diviser par
trois le contenu carbone de la production d'énergie. Or le
premier ratio, c'est-à-dire le nombre de kWh nécessaires pour
fabriquer un produit ou fournir un service, n'a diminué que de
30 % dans le monde entre 1970 et 2005 et le second ratio,
nombre de tonnes de CO2 émises par kWh, de seulement 10 %
de 1970 à 2005.
1) Quel est le principal moyen pour
continuer à faire croître le pouvoir d’achat
des populations ?
2) Quel défi cela pose-t-il pour la lutte contre
le réchauffement climatique ? Remporter ce
défi semble-t-il envisageable ?
1) Quel est le principal moyen pour continuer à faire croître le pouvoir d’achat des populations ?
Croissance économique.
2) Quel défi cela pose-t-il pour la lutte contre le réchauffement climatique ? Remporter ce défi semble-t-il
envisageable ?
Continuer à croître tout en réduisant de manière drastique l’intensité carbone du PIB. Difficilement
conciliable. On voit bien que le rythme de réduction de l’impact environnemental est aujourd’hui très
largement insuffisant pour continuer à croître et faire face à l’augmentation prévue de la population
mondiale.
Document polycopié n°8
Le changement climatique menace le développement
Président de la République des Maldives, chapelet de quelque 1 200 îles à fleur d'eau, dans l'océan Indien —
l'un des pays les plus vulnérables au réchauffement de la planète —, de 2008 à 2012, Mohamed Nasheed est
un fervent avocat de la lutte contre le changement climatique.
Le changement climatique est une réalité que nous éprouvons fortement. Nous avons 16 îles dont nous
avons dû déménager les populations en raison de l'érosion des côtes (due à la montée du niveau marin). Nos
nappes d'eau douce ont été contaminées sur 70 îles en raison de l'intrusion de l'eau de mer sur les terres
émergées. Pour obtenir de l'eau douce, nous devons dessaler l'eau de mer, ce qui est très coûteux. Avec le
réchauffement des eaux de surface, les poissons demeurent plus en profondeur et deviennent inaccessibles
au type de pêche que nous pratiquons — c'est-à-dire une pêche sans filet qui n'altère pas le reste de
l'écosystème.
Nous avons donc des problèmes d'accès à l'eau, de sécurité alimentaire, de migrations internes, nous avons
tous les problèmes sérieux auxquels les autres pourront être plus tard confrontés. Nous devons consacrer 40
% de nos investissements au financement de politiques d'adaptation. Pour cela, nous devons lever de
nouveaux impôts, ce qui ne contente personne.
Pour comprendre la réalité du réchauffement, il faut avoir de l'eau dans son salon. À Manhattan, on
réalisera tout cela un peu plus tard parce qu'ils sont derrière des digues. Mais un jour, à New York, ils verront
de l'eau dans leur salon et ils se diront : « Tiens, le changement climatique est une réalité ! » Chez nous, aux
Maldives, l'eau est déjà dans la maison.
Propos recueillis par J. FOLLOROU et S. FOUCART, Le Monde, 14 oct. 2011.
Voir diapo 9.
Intéressant dans ce texte : le coût des effets du réchauffement climatique probablement supérieur au coût
entrainé par les mesures à prendre pour l’éviter. Rapport Stern : prédisait un effondrement du PIB (produit
intérieur brut) mondial de 5 % à 20 % à l'horizon de quelques décennies si les gouvernements ne s'attaquaient
pas au réchauffement.
On peut identifier trois facteurs principaux de la dégradation environnementale :
 P = population (décisif dans PED)
 A = Niveau individuel moyen de consommation (lié à la croissance) (décisif dans PDEM)
 T = nature de la technologie (travailler la terre à la faux a évidemment moins d’impact que d’utiliser un
tracteur). (décisif dans PDEM)
L’équation d’impact est donc I = PAT
Baisse des ressources halieutiques Voir diapo 10
Document 3 p. 151 Bordas La destruction irréversible d’un capital naturel : la déforestation
Il y a huit mille ans, la forêt couvrait la moitié de la surface terrestre, contre 30 % 2005 selon la FAO. Due
pour l'essentiel à la conversion des forêts à l'agriculture, cette déforestation se poursuit au rythme inquiétant
de 13 millions d'hectares par an. Toutefois, la plantation de forêts nouvelles et l'extension naturelle forêts
existantes réduisent cette perte. Sur la période 2000-2005, la perte nette de superficie forestière est estimée
à 7,3 millions d'hectares par an.
[...] Historiquement, la déforestation a été beaucoup plus importante dans les pays tempérés que dans les
pays tropicaux alors que c'est l'inverse aujourd'hui. Outre les fluctuations climatiques, le principal facteur en a
été le développement l'agriculture, avec un taux de déforestation moyen de 250 000 hectares par an.
Actuellement, ce sont surtout les forêts primaires, celles qui n'ont jamais été exploitées et qui sont
évidemment les plus riches en multifonctionnalités, qui sont concernées. [...] La perte annuelle dans le monde
depuis 1990 est de 6 millions d'hectares.
Gilles ROTILLON, « Préserver les ressources naturelles», Cahiers français, n° 355, mars-avril 2010.
1. Expliquer. Quelles sont les causes de la déforestation ?
Les causes de la déforestation sont principalement les variations climatiques et le développement de
l’agriculture. L’action humaine l’emporte de plus en plus sur les causes naturelles.
2. Déduire. Comment calcule-t-on la perte nette de superficie forestière?
La perte nette de superficie forestière se calcule en soustrayant à la déforestation brute la plantation de
nouvelles forêts.
Voir diapos 11 et 12
3. Expliquer. Quelles sont les conséquences de La déforestation ?
Les conséquences de la déforestation sont multiples. D’une part, elle engendre une perte de biodiversité.
D’autre part, elle accroît l’érosion des sols. Enfin, elle contribue au réchauffement climatique en réduisant les
capacités d’absorption de CO2 par la biosphère.
4. Déduire. Ces conséquences sont-elles réversibles pour les forêts primaires?
La destruction de la forêt primaire a des conséquences irréversibles principalement sur la biodiversité qu’elle
abrite (ex. : selon l’UICN, au rythme actuel l’orang-outan n’aura plus d’habitat sauvage en 2020).
Voir diapos 13 à 21 sur l’empreinte écologique
Il s’agit de considérer l’économie comme un organisme qui consomme des ressources et rejette des
déchets. Puisque ces ressources proviennent de la nature et que les déchets générés y retournent, la question
qui se pose est alors la suivante : quelle partie reproductive de nature est nécessaire pour répondre
durablement à nos besoins ?
Autrement dit, quelle surface de sols bioproductifs nous faut-il pour produire chaque année, notamment par
le biais de la photosynthèse, ce que nous consommons durant cette même période (énergie, bois, fibres,
fruits, légumes, céréales, viande, lait, ressources halieutiques, etc.) ? Et quelle surface de sols est nécessaire
pour assimiler nos déchets et nos pollutions (déchets ménagers, CO2...) ? L’empreinte écologique de la
France est aujourd’hui estimée à 5,6 hectares par habitant, tandis que la moyenne mondiale s’élève à 2,3
hectares par habitant. On peut donc considérer que notre pays – comme tous les pays développés – a une
dette écologique vis-à-vis du reste de l’humanité.
Voir sur le blog un lien à partir duquel vous pouvez calculer votre empreinte écologique.
http://www.e-graine.org/calculer_son_empreinte.html
Document polycopié n°9 La question de la biodiversité
L'érosion de la biodiversité est un péril écologique moins spectaculaire
que la fonte des glaces ou une marée noire. Pourtant, la dégradation
rapide de la diversité des espèces menace nos conditions de vie. H La
biodiversité —autrement dit l'existence de milliers d'espèces vivantes,
animales ou végétales, et les interactions entre elles dans différents
écosystèmes — nous rend pourtant d'inestimables services : dépollution
de l'eau, fertilisation des sols, pollinisation des cultures, régulation du
climat, sans oublier la valeur culturelle et récréative de la diversité des
paysages. Ce capital offert par la nature a une particularité : l'homme
peut le dilapider, mais pas le reproduire artificiellement. Une fois qu'un
écosystème a changé d'état, il est très difficile de le ramener à son état
antérieur: c'est ce qu'on appelle le « point de basculement ». D'où
l'importance de préserver sans plus attendre ces systèmes naturels. Le
Sommet de la Terre de Rio de 1992 avait instauré une convention sur la
diversité biologique, entrée en vigueur en 1993. Ce n'est que dix ans plus
tard, en 2002, que les États signataires se sont engagés à réduire pour
2010, proclamée « année de la biodiversité », le rythme d'érosion de la
biodiversité sur leur territoire. 170 pays se sont dotés à cette fin d'une
stratégie de protection de la biodiversité. Mais à l'échéance, aucun des
120 États ayant fourni un bilan n'avait atteint son objectif. Il est vrai
qu'infléchir la tendance impliquerait une sérieuse révision d'un modèle
de croissance fondé sur la surexploitation de l'environnement.
Manuel Domergue, «La faune et La flore en chute libre», Alternatives
Economiques Hors-série n' 086, Les chiffres de l'économie 2077, octobre
2010.
1) Quels sont les services «économiques» que rend la biodiversité ?
Dépollution, fertilisation des sols, pollinisation, régulation du climat, etc.
On peut ajouter que dans cette biodiversité se trouve des plantes dont les propriétés demeurent inconnues et
qui pourront donner lieu à des médicaments. On se prive donc de la possibilité de soigner à l’avenir certaines
maladies.
2% des espèces déjà éteintes.
2) Pourquoi l'auteur du texte considère-t-il la biodiversité comme un «capital» ?
Capital car biodiversité considéré comme productrice de flux de services (que l’on peut assimiler à des
revenus). Ce capital peut être dilapidé.
3) Quelle particularité a ce type de capital? Pourquoi sa préservation exige-t-elle une mobilisation collective?
Le capital naturel ne peut pas être reproduit par les hommes artificiellement, contrairement au capital
physique ou humain.
On peut ajouter les pollutions en tout genre : notamment la pollution atmosphérique (responsable de
nombreuses maladies respiratoires avec leurs effets sur le bien-être et leurs coûts économiques de prise en
charge des soins) et la pollution des eaux et rivières qui entraine elle aussi des maladies et des coûts de
retraitement des eaux usées.
Un exemple en Chine : dans le Sud, une concentration en cuivre 740 fois supérieure à la normale a été relevée
dans les huitres. Nombreux cancers dans certains villages en raison des diverses pollutions. Démontage et
recyclage des déchets électroniques source de nombreuses pollutions.
2.1.2. Les défaillances du marché en matière de préservation de l’environnement
Exercice polycopié n°1
La rivalité désigne le fait que la consommation d’un bien par un acteur économique empêche les
autres de le consommer.
L’excluabilité désigne le fait que l’on puisse empêcher un acteur économique de consommer ce bien
s’il refuse d’en payer le prix.
1) Classez les biens (bien doit ici être entendu au sens large : bien ou service) suivants dans le tableau :
 Les ressources halieutiques
 L’éclairage public
 Un jean
 Télévision à péage
Typologie des « biens »
Rival
BIEN PRIVES
Excluable

Un jean
Non rival
BIENS DE CLUB

BIENS COMMUNS
Non excluable

Les ressources halieutiques
Télévision à péage
BIENS COLLECTIFS PURS

L’éclairage public
2) Quel danger pèse sur les biens communs si on fonde leur gestion sur le libre fonctionnement du marché ?
Epuisement des ressources puisque chacun a intérêt à exploiter à son profit ces ressources (elles sont non
excluables) sans se soucier de leur épuisement futur (elles sont rivales non seulement au sein d’une
génération, mais entre générations).
Donc la gestion de l’environnement ne peut être laissée au fonctionnement libre du marché. Une intervention
publique sera nécessaire. Nous analyserons les outils des politiques publiques en la matière dans la dernière
partie de ce chapitre.
Document polycopié n°10
Environnement et externalités
La science économique fournit un cadre d'analyse théorique fondé sur un critère de maximisation du bienêtre collectif : l'idée est que les pressions que nous exerçons sur la biosphère sont trop intenses par rapport à
ce que souhaiteraient les habitants de la planète. Cela n'implique pas de protéger à tout prix et en toutes
circonstances l'environnement, mais de déterminer, en tenant compte des bénéfices et des coûts, le degré de
protection le meilleur pour la collectivité.
Le problème environnemental renvoie au cadre des défaillances du marché : le libre jeu des agents
économiques ne conduit pas à l'optimum social. Cette divergence entre intérêts privés et intérêt collectif
s'explique notamment par la présence d'externalités : certaines actions individuelles affectent – positivement
ou négativement – le bien-être d'individus extérieurs à ces actions, sans que cet effet soit compensé par un
paiement. Par exemple, une entreprise dont l'activité émet des rejets polluants n'est pas, sans intervention
extérieure au cadre du marché, contrainte d'indemniser les individus touchés par cette pollution. De façon
analogue, l'entreprise qui substitue des énergies renouvelables à des énergies fossiles n'est pas rémunérée
pour les retombées positives de ce changement technologique. Ces externalités conduisent à des défauts de
coordination à plusieurs échelles : ainsi, les entreprises sont amenées, par la maximisation individuelle de leur
profit, à produire des quantités supérieures à celles qui optimiseraient le bien-être collectif puisqu'elles
n'intègrent pas dans leur prise de décision les effets néfastes de la pollution ; les consommateurs, pour leur
part, ne tiennent pas compte des conséquences délétères de certains produits lorsqu'ils les achètent. À un
échelon supérieur, les États ne parviennent pas à s'entendre pour adopter le niveau optimal de protection de
l'environnement en raison des externalités positives des politiques dans ce domaine : les coûts sont
individuels alors que les bénéfices sont collectifs.
O. MONTEL-DUMONT , « Les problèmes d'environnement : quelle place pour l'économiste ? », Cahiers
français, n° 355, mars-avr. 2010
1) Pourquoi les entreprises qui polluent sont-elles amenées à produire des quantités supérieures à celles qui
optimiseraient le bien-être collectif ? Utilisez dans votre réponse les mécanismes du marché étudiés en
première en faisant référence aux notions de coûts, de bénéfices, d’offre et de demande.
Voir diapo 22.
La définition même d’une externalité négative est que l’action d’un agent économique génère une désutilité
chez un autre agent sans que le marché ne soit capable de sanctionner l’un et de dédommager l’autre.
Par exemple, une entreprise polluante ne sera pas sanctionnée pour son activité par le marché. Une sanction
voudrait que l’entreprise en question voie ses coûts augmenter, coûts qu’elle répercuterait dans ses prix, ce
qui engendrerait une hausse des prix qui découragerait certains consommateurs. Au final, les entreprises
polluantes vendraient moins et seraient incitées à polluer moins. Or, en l’absence d’intervention de l’Etat, le
marché conduit à une situation sous-optimale car on produit trop de biens qui génèrent des externalités
négatives. Il y a bien défaillance du marché.
Raisonnement identique pour les émissions de gaz à effet de serre.
A l’inverse, les entreprises qui adoptent des comportements vertueux sur l’environnement (génèrent des
externalités positives) ne sont pas suffisamment incitées à produire. Là encore, la production est sousoptimale pour le bien-être collectif.
L’incapacité des acteurs économiques à adopter des comportements vertueux pour l’environnement révèle
une défaillance du marché. La somme des intérêts particuliers ne mène pas toujours à l’intérêt général ; la
main invisible est maladroite !
Nous verrons plus tard dans le chapitre comment l’intervention de l’Etat est nécessaire pour pallier ces
défaillances.
Remarque : Marx distinguait le travail comme donnée anthropologique destinée à produire des valeurs
d’usage pour satisfaire les besoins humains et le travail dans les sociétés capitalistes destiné à générer du
profit, quelles que soient ses conséquences sur la satisfaction des besoins humains ; dans le deuxième cas, la
valeur d’usage (satisfaction d’un besoin) n’est plus la finalité, mais un moyen pour réaliser du profit. Dans
cette conception, les économies capitalistes risquent donc de mener intrinsèquement à des nuisances
environnementales.
Nous allons voir maintenant comment a émergé une prise de conscience de l’état de la planète et de la
nécessité de prendre des mesures pour préserver l’environnement. Nous aborderons d’abord le concept de
développement soutenable (ou durable). Puis, nous distinguerons deux conceptions de ce développement
soutenable selon leur degré d’exigence dans la préservation du stock de capital naturel.
2.2. Soutenabilité faible et soutenabilité forte
2.2.1. Le concept de développement durable et la prise de conscience environnementale
Voir diapos 23 à 27 pour les grandes dates de la prise de conscience environnementale et le résultat des différentes
conférences.
Le développement durable défini par le rapport Bruntland
Le développement soutenable est un développement qui répond aux besoins du présent sans
compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. Le développement implique une
transformation progressive de l'économie et de la société. Même au sens le plus étroit du terme, le
développement soutenable présuppose un souci d'équité sociale entre les générations, souci qui doit
s'étendre, en toute logique, à l'intérieur d'une même génération.
Le développement soutenable nécessite de toute évidence la croissance économique là où les besoins ne
sont pas satisfaits. Ailleurs, développement et croissance économique sont compatibles à condition que le
contenu de celle-ci respecte les principes que sont la soutenabilité et la non-exploitation d'autrui.
Pour atteindre tous ces objectifs, il va falloir réorienter nos techniques. Il faut d'abord renforcer la capacité
d'innovation technologique des pays en développement afin que ceux-ci soient mieux armés pour relever le
défi du développement soutenable. Il faudrait, dans tous les pays, intégrer les facteurs écologiques dans la
recherche de nouvelles techniques. Par des mesures incitatives ou restrictives, les pouvoirs publics devraient
faire en sorte que les entreprises trouvent un avantage à tenir compte des facteurs d'environnement
lorsqu'elles mettent au point de nouvelles techniques.
Gro Harlem BRUNDTLAND, Notre avenir à tous, 1
Document 2 P. 146 Bordas
1. Définir. Quelle est la définition du développement durable ?
La définition du développement durable donnée par le rapport Brundtland est passée à la postérité.
Cette notion se définit comme le « développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la
capacité des générations futures de répondre aux leurs ». La définition du développement durable implique
donc des dimensions économique, sociale et environnementale intragénérationnelles et
intergénérationnelles.
2. Analyser. Le développement durable implique-t-il un arrêt de la croissance économique ?
Le développement durable n’implique pas un arrêt de la croissance économique. Il cherche au contraire des
solutions pour la pérenniser dans un monde aux ressources naturelles limitées.
L’autre objectif du développement durable, souvent occulté, est de réduire les inégalités entre pays
développés et pays en développement, mais également au sein de chaque pays.
3. Analyser. Comment faire pour atteindre les objectifs du développement durable ?
Selon le rapport Brundtland, les objectifs du développement durable peuvent être atteints grâce au progrès
technique et à l’intervention des pouvoirs publics. Les pouvoirs publics doivent inciter les agents
économiques à intégrer l’environnement dans leurs calculs. Ils doivent également favoriser le développement
de nouvelles techniques. Les moyens à mettre en œuvre pour atteindre les objectifs sont donc relativement
flous et ne visent pas directement la réduction des inégalités.
Document 3 p.146 Bordas
1. Société : acheter des légumes de saison, trier les déchets ménagers.
Économie : construire des voitures électriques, construire des éoliennes.
Environnement : construire des voitures électriques, trier les déchets ménagers, construire des éoliennes,
supprimer les ampoules à filament, créer un parc naturel.
Les exemples peuvent être classés dans différents piliers, ce qui prouve l’imbrication des objectifs sociaux,
environnementaux et écologiques.
2. À partir de ce schéma, le développement durable peut se définir comme une politique d’ensemble qui vise
à pérenniser la croissance économique tout en respectant l’environnement et en limitant les inégalités.
3. Cette vision du développement durable ne traite pas des moyens à mettre en œuvre pour atteindre les
objectifs. De plus, les objectifs sont ici présentés sur un pied d’égalité alors que le rapport Brundtland accorde
plus d’importance à l’objectif de réduction des inégalités.
Document 4 P.146 Bordas
On ne peut qu'être frappé par le grand écart existant entre les discours et les actions entreprises pour
promouvoir un développement réellement durable. Il ne s'agit pas ici de critiquer la multitude d'initiatives qui
voient le jour au nom de ce développement durable, mais plutôt de souligner leur caractère largement
insuffisant en regard des problèmes qui sont devant nous. [...] Si nous pensons vraiment que les dérèglements
actuels sont dus à nos modes de production et de consommation, c'est eux qu'il faut modifier en profondeur.
[...] Mais la modification des comportements est toujours difficile à accepter. D'un côté, le décideur public
peut craindre une sanction politique si les mesures prises conduisent à un désaveu dans les urnes. Quel
candidat aux élections présidentielles prendrait le risque d'annoncer une augmentation du prix du carburant ?
Et d'un autre côté, les sondages montrent une opinion publique de plus en plus sensibilisée aux questions
environnementales et se disant prête à agir pour améliorer la situation.
Un des points clés de cette réelle difficulté à mettre en œuvre des politiques environnementales qui ne
soient pas de simples effets d'annonce tient au coût immédiat perçu de ces politiques alors que leurs
bénéfices semblent beaucoup plus tardifs. Dès lors, la prise en compte de la contrainte environnementale
apparaît à beaucoup et, en particulier, aux plus défavorisés comme une dégradation de leur situation actuelle
qu'ils ne peuvent accepter.
Philippe BONTEMS et Gilles ROTILLON, L'économie de l'environnement, La Découverte,
coll. Repères, 2007.
1. Illustrer. Donnez des exemples illustrant le passage souligné.
La multitude d’initiatives prises au nom du développement durable peut s’illustrer à travers l’intégration
de la Charte pour l’environnement à la Constitution française en 2004, les lois du Grenelle de
l’environnement (cf. p. 176), la multiplication des écolabels (Doc. 1 p. 146)…
2. Analyser. Quelle est La principale difficulté rencontrée lors de la mise en œuvre des politiques de
développement durable ?
La principale difficulté à mettre en œuvre des politiques de développement durable qui ne soient pas de
simples effets d’annonce provient du caractère radical des changements à apporter. En effet, une politique
efficace passe nécessairement par une modification en profondeur des modes de production et de
consommation, qui se traduit par exemple par une augmentation des prix des produits.
3. Expliquer. Comment expliquer la difficulté à mettre en œuvre des politiques de développement durable ?
La difficulté à mettre en œuvre des politiques efficaces de développement durable provient du décalage
entre le temps politique et le temps écologique. Les effets positifs du développement durable ne se font
sentir qu’à long terme alors que les coûts sont immédiats, ce qui bloque l’action politique.
Document polycopié n° 11
La démarche négaWatt
Il existe une alternative crédible à l’augmentation infinie de nos consommations d’énergie, laquelle est de
toute façon impossible ! Fondée à la fois sur une approche différente et sur des techniques prouvées et sans
risque, nous l’appelons « démarche négaWatt ». Elle nous invite à poser un regard différent sur l’énergie, en
nous interrogeant d’abord sur nos propres besoins, réels ou supposés, puis en cherchant à y répondre le plus
efficacement possible et en faisant enfin appel aux sources d’énergie les moins problématiques.
La sobriété énergétique consiste à réduire les gaspillages par des comportements rationnels et par des
choix individuels et sociétaux. Par exemple, profiter au maximum de la lumière naturelle pour s’éclairer, bien
régler la température de consigne du chauffage privilégier les aliments de saison et produits localement,
organiser intelligemment l’espace. Cette sobriété est en quelque sorte l’opposé de notre ébriété énergétique
actuelle !
L’efficacité énergétique vise à réduire les pertes lors du fonctionnement et à l’exploitation. Le potentiel
d’amélioration de nos bâtiments, de nos moyens de transport et des appareils que nous utilisons est
considérable : il est possible de réduire d’un facteur 2 à 5 nos consommations d’énergie et de matières
premières, à l’aide de techniques déjà largement éprouvées, avec un « temps de retour » économique
souvent très raisonnable.
De façon complémentaire à ces deux actions sur la demande d’énergie, les énergies renouvelables, par
définition inépuisables, bien réparties et décentralisées, ont un faible impact sur notre environnement ; elles
sont les seules qui permettent de répondre durablement à nos besoins en énergie sans épuiser notre planète.
Ces trois éléments sont complémentaires et indissociables : promouvoir l’un sans se soucier des autres n’a
pas de sens.
http://www.negawatt.org/telechargement/Scenario%20nW2006%20Synthese%20v1.0.2.pdf
1) Parmi les trois piliers de la démarche négawatt, indiquez ceux qui cherchent à jouer sur la demande
d’énergie et ceux qui jouent sur l’offre d’énergie.
Action sur la DEMANDE :

Sobriété énergétique (changer nos comportements pour réduire notre consommation d’énergie).
Choix sociétaux comme une fiscalité décourageant les comportements et types de consommations
trop consommateurs d’énergie. Question de l’utilisation de l’espace. Rapprocher lieu de travail et
d’habitat donc mieux répartir les entreprises sur le territoire urbain. Les grandes surfaces sont
désastreuses pour l’environnement. Elles sont situées en dehors des villes, ce qui oblige à prendre la
voiture pour faire ses courses.

Efficacité énergétique grâce au développement technique. On parle d’éco-efficience (capacité à
augmenter la production de biens tout en diminuant la consommation de matières premières et
d’énergie) : on peut croître en réduisant la consommation d’énergie nécessaire.
o amélioration de l’isolation des bâtiments et hausse de l’efficacité énergétique des systèmes de
chauffage ;
o voitures moins consommatrices ;
o supprimer système de mise en veille ;
o interdire technologies obsolètes comme halogènes et lampes à incandescence.
o écologie industrielle : une entreprise produit des biens et ses déchets sont vendus et servent de
matière première à une autre entreprise. Par exemple une entreprise agroalimentaire qui
génère des déchets agroalimentaires peut alimenter une usine qui produit de l’énergie
biomasse ;
o recyclage.
Action sur l’OFFRE : développement des énergies renouvelables. Eolien, hydraulique, Photovoltaïque,
Biomasse, Géothermie, Energies de la mer.
Rôle des entreprises. Le DD devient un argument important pour promouvoir l’image de l’entreprise.
Certaines vont au-delà de l’image marketing de surface et prennent de réelles dispositions pour un DD.
2.2.2. Les partisans de la soutenabilité faible
Après avoir longuement nié ou minimisé les problèmes de soutenabilité (épuisement des ressources ou
dégradation générale des écosystèmes) un certain nombre d’économistes néoclassiques ont finalement
développé une approche de la soutenabilité que l’on qualifie généralement de "soutenabilité faible".
Document polycopié n°12
L’approche néoclassique de l’environnement
Dans la perspective néoclassique, il importe que, moyennant un taux d'épargne suffisamment élevé, le stock
de capital à disposition de la société reste intact d'une génération à l'autre. Si la quantité totale de capital est
constante, il est possible, selon les néoclassiques, d'envisager des substitutions entre les différentes formes de
capital : une quantité accrue de «capital créé par les hommes» doit pouvoir prendre le relais de quantités
moindres de «capital naturel » (services environnementaux et ressources naturelles). Un échange s'effectue
ainsi dans le temps, selon R. Solow : la génération présente consomme du « capital naturel » et, en
contrepartie, lègue aux générations futures davantage de capacités de production sous forme de stocks
d'équipements, de connaissances et de compétences. [...] Plusieurs conditions sont nécessaires pour
accréditer ce modèle. Une première hypothèse veut que le progrès technique fournisse un ensemble de
solutions autorisant la substitution entre les différentes formes de capital. L'augmentation du prix de ces
ressources, à mesure qu'elles se raréfient, amène la rentabilité et la mise sur le marché de ces «techniques de
secours ».
Pour ce faire, deuxième hypothèse, un régime d'investissement particulier doit être mis en place: la règle de
Hartwick stipule que les rentes procurées par l'exploitation des ressources naturelles épuisables doivent être
réinvesties dans du capital technique grâce à un fonds d'investissement ou un système de taxation spécifique.
[...] Les néoclassiques mettent en avant une autre hypothèse qui veut que l'allocation des ressources soit
réalisée par le marché. Les valeurs des différentes formes de capital, de même que les taux de substitution qui
vont s'établir entre celles-ci, doivent être déterminés par le système des prix, lesquels jouent un rôle
d'indicateurs de rareté et d'informations décisives pour les arbitrages des agents.
Franck-Dominique Vivien, «Croissance durable ou décroissance soutenable? », L'économie verte, Cahiers
Français n°355, mars-avril 2010.
1) Présentez les hypothèses et le principe de base de la soutenabilité dans l'approche néoclassique.
Dans la perspective néoclassique, la soutenabilité implique :
 d’investir une part suffisante du revenu issu de l’exploitation des ressources naturelles dans
l’accumulation d’autres formes de capital (règle de Hartwick) ;
 que le progrès technique permette de trouver des solutions techniques à la raréfaction des
ressources ;
 que le mécanisme des prix reflète adéquatement la raréfaction des ressources et conduise à
l’adoption de « techniques de secours ». Le principe de base est de léguer aux générations futures un
stock de capital au moins aussi grand que celui dont on a bénéficié.
2) Donnez un exemple simple d'application de la règle d'Hartwick.
Exemple simple de l’application de la règle de Hartwick : si l’exploitation de pétrole procure une rente de un
milliard d’euros par an dans le pays X, ce pays doit investir ce milliard d’euros dans du capital technique
susceptible de remplacer le pétrole, comme par exemple dans des techniques de synthèse de carburant à
partir d’algues. Dans la pratique, cette règle n’est (quasiment) jamais respectée et les rentes sont utilisées à
bien d’autres fins que l’investissement dans l’avenir dans une perspective de soutenabilité. De plus, il n’est
pas facile de déterminer le montant de la rente issue de l’exploitation d’une ressource.
3) Expliquez la phrase soulignée. Pourquoi l’approche néoclassique peut-elle apparaître optimiste ?
L’émergence de techniques de secours doit être poussée par le mécanisme des prix, rendant les techniques
peu efficaces plus chères, et celles qui utilisent des ressources abondantes moins chères. On note un
optimisme à deux niveaux. Tout d’abord, le mécanisme des prix (ou le jeu du marché) signale rarement la
rareté de manière optimale. Les prix du pétrole, très volatils, n’offrent pas une très bonne incitation à
investir dans des technologies alternatives, d’autant que le coût des externalités qu’ils provoquent n’est pas
pris en compte.
Ensuite, il est fait l’hypothèse que lorsque l’on en aura besoin, les technologies nécessaires seront disponibles.
Or il n’y a aucune certitude que les recherches permettent perpétuellement de résoudre les problèmes
techniques. D’autant que le pétrole est une ressource absolument unique en termes de prix et de contenu
énergétique.
Pour que le bien-être économique des générations futures soit équivalent au minimum à celui des
générations présentes, il faut leur transmettre une capacité de production de biens et de services, et donc un
stock de capital intact. Si la quantité totale de capital doit rester constante, il est possible, selon les
néoclassiques, d'envisager des substitutions entre les différentes formes de capital : une quantité accrue de
«capital créé par les hommes» (équipements, connaissances et compétences) doit pouvoir prendre le relais
de quantités moindres de «capital naturel» (ressources naturelles et services environnementaux). Par
exemple, plus de pétrole mais une nouvelle technologie qui permet de s’en passer.
Cette hypothèse de substituabilité suggère à peu de choses près que l’épuisement des ressources ou la
dégradation de l’environnement sont légitimes à partir du moment où ces ressources (ou ces dégradations)
permettent la création d’un capital artificiel qui sera lui-même légué aux générations futures... en lieu et place
du capital naturel dégradé ou épuisé.
Ainsi, selon Robert Solow, un échange s'opère dans le temps : la génération présente consomme du capital
naturel et, en contrepartie, lègue aux suivantes plus de capacités de production sous forme d'équipements,
de connaissances et de compétences.
Soutenabilité (définition de Solow) capacité généralisée à produire du bien-être économique. Doter les
générations futures de tout ce qui sera nécessaire pour atteindre un niveau de vie au moins aussi bon que le
nôtre ».
Ces richesses sont composées des stocks d’actifs, qu’ils soient tangibles ou non, monétaires ou pas. En suivant
l’état de ces stocks, il est possible de connaître le caractère durable du développement de la société.
Selon l’approche par capitaux, « le développement durable est le développement qui assure que la richesse
nationale par habitant ne décline pas, en remplaçant ou en conservant les sources de cette richesse, c’est-àdire les stocks de [...] capitaux ».
Document polycopié n°13 La courbe
environnementale de Kuznets
Au cours des années 1990, plusieurs
économistes
constatent
que
la
concentration de certains polluants
diminue au-delà d'un certain niveau de
richesse. Contrairement aux conclusions du
rapport Meadows, ils font l'hypothèse que
la croissance économique pourrait être le
remède – et non la cause – des problèmes
environnementaux. Les premières phases
du développement s'accompagneraient
d'une augmentation de la pollution, mais,
passé un certain seuil de revenu, la
tendance s'inverserait. La courbe reliant la
richesse par habitant et la dégradation de
l'environnement aurait donc la forme d'un
« U inversé », tout comme celle de Simon
Kuznets, reliant la richesse par habitant aux
inégalités de répartition. Si plusieurs
fondements théoriques permettent de
donner du crédit à la « courbe
environnementale de Kuznets » (CEK), les
données empiriques ne la valident pas de
façon tranchée : les résultats varient en
effet considérablement selon le type de
polluant considéré.
Toutes choses égales par ailleurs, une
hausse de la production conduit à une
augmentation des rejets polluants. Dans le
cadre de l'hypothèse de la CEK, cet « effet
d'échelle », qui l'emporte dans les
premières phases du développement, est
ensuite contrebalancé par plusieurs
mécanismes,
dont
l'impact
sur
l'environnement est bénéfique.
En premier lieu, l'environnement s'améliore sous l'effet
technologique de la croissance [...] L'effet de composition
fournit une deuxième explication. Sur le long terme,
l'impact structurel de la croissance sur le système productif
se traduit par un recul des activités industrielles les plus
polluantes au profit d'activités tertiaires et de pointe,
généralement plus propres. [...] A ces changements du système
productif se conjuguent des évolutions du côté de la demande.
À l'instar des loisirs ou de la santé, l'environnement peut être
considéré comme un bien supérieur, dont la demande croît
plus vite que le revenu.
Olivia Montel-Dumont, « L'hypothèse de la courbe environnementale de
Kuznets », Cahiers Français. n° 337, mars-avril 2007.
Analyser En quoi la croissance engendre-t-elle de la pollution
dans un premier temps ?
2. Analyser - Pourquoi la pollution décroît-elle au-delà d'un
certain niveau de croissance ?
3. Approfondir - Trouvez des éléments qui peuvent expliquer le
constat effectué dans la phrase soulignée.
1.
1. Dans un premier temps, joue un effet d’échelle : à mesure que la production croit, les rejets polluants
augmentent.
2. Plusieurs effets jouent :
– La croissance facilite le financement de la R&D et rend possible des progrès technologiques qui
augmentent l’efficacité écologique des processus de fabrication et permettent de mettre en place des
techniques de dépollution. Réduction de l’intensité énergétique du PIB.
– La croissance entraine également une modification sectorielle de l’économie. Elle a tendance à s’orienter
vers des activités tertiaires à l’impact écologique moindre.
– L’environnement peut être considéré comme un bien supérieur (sa demande croit plus rapidement que le
revenu). Les consommateurs des pays riches accroissent leur demande de biens propres et font pression sur
les gouvernements pour préserver l’environnement (vote écologiste par exemple).
3. Les données empiriques ne valident pas de façon systématique la courbe environnementale de Kuznets.
Cette relation entre croissance et environnement est généralement vérifiée pour des polluants aux effets
locaux sur l’environnement parce que les populations aisées sont disposées à payer pour la qualité de leur
environnement immédiat.
Par contre, pour les polluants aux effets globaux sur l’environnement, la relation est beaucoup moins
vérifiée. De même, l’exploitation de la terre, l’usage des ressources naturelles ou bien la pêche, etc. ne se
réduisent pas avec l’augmentation du revenu.
Par ailleurs, certains dégâts écologiques ont des effets irréversibles (changement climatique, disparition
d’espèces et perte de biodiversité).
On pourra aussi évoquer l’effet rebond (diapos 28, 29, 30). Par exemple, les progrès technologiques ont
permis de proposer des voitures qui consomment et émettent chacune beaucoup moins de CO2. Pourtant,
cela ne semble pas avoir d’effets sur les émissions globalement émises par les automobiles dans leur
ensemble. Ce paradoxe peut s’expliquer par le fait qu’une voiture plus sobre peut inciter à rouler davantage.
Cette hypothèse de soutenabilité faible a de quoi séduire puisque, grâce à elle, la sacro-sainte croissance
économique apparaît alors non plus comme le problème, mais au contraire comme la solution : c’est en effet
elle qui est censée permettre à l’humanité de développer la recherche et le capital technologique qui
permettront de faire face aux problèmes écologiques… et ceci, bien entendu, sans avoir besoin de remettre
profondément en cause nos habitudes de production et de consommation.
Mais pour d’autres, la soutenabilité doit avoir un tout autre contenu. On parlera alors de soutenabilité forte.
2.2.3. Les partisans de la soutenabilité forte
Document polycopié °14 L’approche de la soutenabilité dite forte
Certains auteurs hétérodoxes insistent sur la nécessité de différencier les différents types de capital. Cette
distinction fonde le point de vue de la durabilité forte, pour lequel la nature et les ressources naturelles (mais
également le capital humain) existent indépendamment de leur utilité économique et, à ce titre, méritent
d'avoir un statut à part dans l'analyse économique. Ils ont tenté d'appréhender la problématique du
développement durable dans une perspective de préservation du stock de capital naturel. S'ils ne donnent
aucune définition précise de cette dernière notion, ils s'emploient néanmoins à s'éloigner d'une vision
strictement libérale en indiquant les raisons qui les conduisent à différencier le capital physique du capital
naturel. Pour commencer, ils reconnaissent que le premier n'est pas indépendant du second.
Ensuite, ils rappellent que le capital naturel représente principalement le cadre de vie des hommes et, à ce
titre, assure des fonctions extra-économiques. Ces deux attributs conduisent les auteurs à indiquer que, en fin
de compte, la substituabilité n'est pas possible entre les deux types de capitaux.
En ce qui concerne le progrès technique, ces auteurs soulignent qu'il n'est pas du tout acquis que les
techniques nouvelles soient moins dommageables pour l'environnement que les techniques plus anciennes, ni
qu'elles soient plus économes en matière d'usage des ressources naturelles. Finalement, ce qui caractérise ces
économistes, c'est la perception originale qu'ils ont de la croissance. Tout d'abord, l'efficacité économique
n'est pas posée comme une fin en soi. Ce qui compte avant tout, c'est la pérennité du développement quelles
que soient les générations, et ce, sans préjudices pour la durabilité du patrimoine naturel. La gestion des
ressources naturelles devient également une problématique à part entière non exclusivement reliée à une
logique économique d'efficacité productive ou d'utilisation optimale des ressources. En durabilité forte, le
stock de capital naturel ne doit pas baisser.
Lahsen Abdelmalki, Patrick Mundler, Économie de l'environnement et du développement durable, De Boeck
Supérieur, Bruxelles, 2010.
1) Qu’est-ce qu’un économiste hétérodoxe ?
Un économiste hétérodoxe est un économiste qui utilise des méthodes et des hypothèses qui s’éloignent de
celles utilisées par le paradigme dominant.
2) Complétez le tableau suivant en vous aidant du texte et du schéma du document 2 p.150 du manuel :
Durabilité (ou soutenabilité) dite
Durabilité (ou soutenabilité) dite
faible
forte
Positionnement par rapport au Orthodoxe
Hétérodoxe
paradigme dominant
Oui (les capitaux produits par les Non
Substituabilité des capitaux
hommes peuvent se substituer au
capital naturel)
Le stock global de capital reste au On préserve le stock de capital
Le développement est soutenable
moins stable (peu importe la naturel et humain
si ….
composition de ce stock)
Permet
de
préserver Ne débouche pas forcément sur la
Le progrès technique
l’environnement
préservation de l’environnement
… ne se différencient pas des … se différencient des autres
Le capital naturel et humain
autres capitaux
capitaux
Est assujetti à une logique Revêt une valeur du simple fait
Le capital naturel
instrumentale d’utilisation des qu’il existe et à ce titre son stock
ressources
doit être préservé
Objectif ultime
Considéré comme un moyen du
développement humain, mais pas
Position par rapport à la
comme une fin en soi (elle peut
croissance
être subordonnée à d’autres
objectifs)
Trois principes de la durabilité forte :
 le taux d’épuisement des ressources naturelles renouvelables (forêts, ressources halieutiques) ne doit
pas dépasser leur taux de régénération ;
 le taux d’émission de polluants ne doit pas dépasser les capacités d’assimilation naturelle et
anthropique ;
 l’exploitation des ressources non renouvelables doit se faire à un taux égal à celui de la substitution
par des ressources renouvelables.
Remarques (voir document 2 p.150) :



phénomènes biologiques et physiques ne doivent pas être analysés de la même manière que les
phénomènes économiques. Impossibilité de réduire la nature à une évaluation monétaire.
Appliquer le principe de précaution : plutôt éviter la pollution que dédommager ensuite.
Insertion de l’économie dans la biosphère
Le capital naturel est constitué d’éléments fondamentaux qui ne sauraient faire l’objet d’une substitution
technologique satisfaisante. L’eau que nous buvons, l’air que nous respirons, les grands équilibres naturels,
biogéochimiques et climatiques, tout cela relève à leurs yeux d’un bien commun de l’humanité qui ne peut
être remplacé ou dégradé car il conditionne la possibilité de survie des générations présentes et futures.
Certains tenants de la soutenabilité forte en arrivent logiquement à remettre en cause la croissance
économique – en particulier celle des pays les plus riches. Les défenseurs de la soutenabilité forte considèrent
qu’il est urgent de réduire notre empreinte écologique, en comptant sur des changements radicaux de
comportements individuels et collectifs davantage que sur l’émergence d’un très hypothétique miracle
technologique censé résoudre à lui seul tous nos problèmes : consommer moins (et mieux), éviter les
gaspillages, refuser le superflu, recycler, échanger, réparer, favoriser les productions locales, se déplacer en
vélo plutôt qu’en 4x4… bref, refuser l’injonction qui nous est continuellement faite de consommer et polluer
toujours davantage.
Document 4 p.149 Bordas Le risque d’effet rebond : une limite aux vertus écologiques du progrès technique
Un argument de la durabilité faible porte sur la capacité de la technologie à résoudre à l'avenir une part des
défis écologiques. Mais dans une logique de croissance, ce progrès technologique a toutes les chances d'être
annulé par une augmentation de la consommation de ce bien ou de ce service (voire d'autres biens et
services). Par exemple, une amélioration du rendement énergétique des moteurs de véhicules individuels
peut être annulée par une augmentation du nombre de véhicules vendus, la croissance du nombre de
kilomètres annuels parcourus par véhicule, un alourdissement des véhicules ou encore la généralisation de
systèmes de climatisation, qui sont autant de facteurs qui vont accroître la consommation globale d'essence.
Au sein de l'Union européenne, la production d'électricité renouvelable a ainsi augmenté de près de 30 %
entre 1990 et 2003. Pourtant la part des énergies renouvelables dans le bilan de production électrique de l'UE
est restée à peu près la même : 12 %. Pourquoi ? Tout simplement parce que, sur la même période, la
demande d'électricité a augmenté de près de 2 % par an – du fait notamment de la multiplication des
équipements électriques au sein des ménages et des entreprises. Il est évident que, sans une réduction des
consommations, la part des énergies renouvelables a toutes les chances de rester anecdotique...
Aurélien BOUTAUD, Les agendas 21 locaux. Bilan et perspectives en Europe et en France, décembre 2009.
1. Illustrer. Donnez d'autres exemples illustrant l'effet rebond.
L’effet rebond peut également être illustré par le développement de l’informatique, qui a augmenté la
consommation de papier, le développement du TGV qui, en augmentant la vitesse de déplacement en
France, a favorisé l’allongement des distances parcourues, ce qui réduit le gain de temps obtenu.
2. Définir. Qu'est-ce que l'effet rebond ?
L’effet rebond est l’augmentation de consommation liée à la réduction des limites à l’utilisation d’une
technologie. Les économies d’énergie ou de ressources initialement prévues par l’utilisation d’une nouvelle
technologie sont partiellement ou complètement compensées suite à une adaptation du comportement de la
société.
Voir diapos 28, 29
3. Déduire. Pourquoi l'effet rebond est-il une limite à la thèse de la soutenabilité faible ?
L’effet rebond est une limite à la thèse de la soutenabilité faible dans la mesure où il remet en cause l’idée
que le progrès technique apporte les solutions aux problèmes environnementaux. L’effet rebond montre que
l’adoption d’une nouvelle solution technologique peut se traduire par l’apparition d’un nouveau problème.
Dire que l’intensité énergétique diminue ne signifie pas que la consommation d’énergie va diminuer !
Voir diapo 30
La croissance pourrait se poursuivre parce que la quantité de ressources naturelles requise par unité produite
(intensité énergétique de la production) diminue avec le progrès technique. On pourrait donc produire toujours
davantage avec moins de matières premières et d’énergie. Or la baisse de l’intensité en ressources naturelles est
malheureusement plus que compensée par l’augmentation générale de la production ; la ponction sur les
ressources et la pollution continuent ainsi d’augmenter
Même si notre économie est plus efficace (il faut moins de matière pour une même unité de PIB),
l'augmentation du PIB surpasse le progrès de cette efficacité productive. "Peu importe à notre planète que les
véhicules ou les industries soient unitairement plus efficaces, résume Jean-Marc Jancovici dans la revue de
l'Ecole polytechnique, La Jaune et la Rouge (août 2007) : ce qu'elle "voit" c'est la consommation globale pour
ce qui est flux de matière ou d'énergie, ou de rejets."
Et l’Agence internationale de l’énergie (AIE) s’alarme du ralentissement des progrès accomplis en matière
d’intensité énergétique : entre 1973 et 1982, cette dernière avait diminué en moyenne de 2,5 % par an dans les
pays représentés au sein de l’AIE, puis seulement de 1,5 % par an de 1983 à 1990 et de 0,7 % par an depuis 1991.
Document polycopié n°15
Le développement durable, un oxymore
Il y a de l'hypocrisie dans la notion de développement soutenable, voire durable. C'est bien pourquoi elle
semble si allègrement convenir aujourd'hui à tous les esprits, de droite comme de gauche, même à ceux qui
s'en réclament comme d'un vœu pieux pour en faire leur commerce et leurs profits. Il suffit, en effet, de voir
ce que la formule dénonce - l'idée d'un développement non durable ou non soutenable - pour en percevoir
toutes les contradictions. « Durable », traduction (ou interprétation) européenne de la notion première,
anglo-saxonne, de « soutenable », comporte au moins deux sens : qui se maintient (ce qui dure ne change
pas) et qui continue ou perdure (pas d'arrêt, c'est voué à se prolonger indéfiniment). Or qu'est-ce qui n'est
pas durable (ou soutenable) ? C'est bien le développement tel que nous l'avons pratiqué jusqu'à maintenant
et continuons de le pratiquer en feignant de croire que les choses peuvent continuer en l'état malgré tous les
signaux qui s'accumulent confirmant que, précisément, cela ne peut pas se maintenir et/ou que le processus
peut s'interrompre et même s'achever.
J.-P. Deléage, Croissance, emploi et développement. Les grandes questions économiques et sociales. Repère la
Découverte, 2007.
Oxymore : rapprochement de deux termes contradictoires.
1) Quelle contradiction de l’expression « développement durable » pointe l’auteur ?
Nous recherchons le développement depuis plusieurs siècles et c’est cette recherche qui a entraîné des
dégâts environnementaux, pour certains irréversibles.
Accoler l’étiquette durable à notre mode de développement qui a justement pour propriété d’être non
durable est donc pour le moins discutable.
Voir diapo 31
Il nous reste à analyser les outils que les économistes mettent en avant pour rendre compatible croissance et
préservation de l’environnement. Ce sera l’objet de la partie 2 de ce chapitre…
3. Les instruments politiques pour assurer la soutenabilité
Rappel des défaillances du marché en matière de préservation de
l’environnement
Voir la partie 1 de ce chapitre. Rappel des défaillances du marché :

Biens communs (ressources halieutiques, forêts, eau pure) : ils sont rivaux et non excluables. Comme
ils sont non excluables, les acteurs vont avoir tendance à puiser dans le stock plus que de raison.
Laisser faire les mécanismes du marché conduit à l’épuisement des ressources. C’est ce qu’on appelle
la tragédie des biens communs.

Externalités négatives : Un acteur économique génère un coût pour un autre acteur économique ou
pour la collectivité sans qu’il ne soit sanctionné pour cela par le marché. Le signal prix est alors faussé
car le prix de sa production sera inférieur au prix incluant le coût pour la collectivité. Donc il a
tendance à produire plus de ce bien que ce qu’il serait nécessaire pour la collectivité car aucune
incitation marchande ne le pousse à faire autrement. Le marché et le mécanisme des prix sont
défaillants. C’est évidemment un raisonnement applicable à toutes les pollutions et aux émissions de
gaz à effet de serre.

Externalités positives : Un acteur économique génère un bénéfice pour un autre acteur économique
ou pour la collectivité sans qu’il ne soit récompensé pour cela par le marché. Le signal prix est alors
faussé car il n’est pas suffisamment incité par le mécanisme des prix à produire son bien (le rendement
social est supérieur au rendement privé). Donc il a tendance à produire moins de ce bien que ce qu’il
serait nécessaire pour la collectivité car aucune incitation marchande ne le pousse à faire autrement.
Le marché et le mécanisme des prix sont défaillants. C’est évidemment un raisonnement applicable à
toutes les actions positives sur l’environnement des acteurs économiques (par exemple des
investissements pour polluer moins ou émettre moins de gaz à effet de serre).
Toutes ces défaillances du marché justifient l’intervention de l’Etat en matière environnementale. Nous allons
aborder à présent plusieurs outils à la disposition des pouvoirs publics pour mener des politiques climatiques
permettant de limiter les émissions de gaz à effet de serre.
Document polycopié n°16
Les différents outils de la politique climatique
L‘analyse économique des questions environnementales repose sur l'idée simple d'une sous-valorisation
par le système de prix de l'utilisation des ressources naturelles. Ainsi, dans le cas de la lutte contre le
changement climatique, comment contraindre le système de prix à refléter le coût social de l'utilisation
intensive du carbone dans les sociétés contemporaines ?
Trois solutions de politique publique peuvent être envisagées :
1. La solution réglementaire, ou politique de régulation (command and control), consiste à imposer aux
producteurs et aux consommateurs des standards et des normes obligatoires qui respectent des
objectifs environnementaux fixés par l'autorité publique.
2. La « solution coasienne1 » repose sur l'idée que le marché, dès lors que les droits de propriété sont
correctement définis et distribués, peut efficacement réduire les maux environnementaux comme la
pollution des gaz à effet de serre (GES). Le rôle de l'État est alors de créer un « marché des droits à
polluer » dont il déterminera le plafond (« cap ») et dont le libre fonctionnement aboutira par le jeu de
l'échange des permis entre les entreprises (« trade ») à déterminer le prix social du carbone.
3. La « solution pigouvienne2 » vise à utiliser l'outil fiscal pour modifier les prix relatifs, il s'agit alors
d'instituer des « écotaxes » (fiscalité environnementale) qui, dans le cadre de la lutte contre le
changement climatique, prennent la forme d'une taxe carbone.
É. LAURENT, « Les instruments d'une politique économique de croissance verte », in 0. MONUEL-DUMONT (dir.), La
Politique économique et ses instruments, La Documentation française, 2e éd., 2010.
1. Du nom de Ronald Coase (né en 1910), économiste britannique, lauréat du prix Nobel d'économie en 1991.
2. Du nom d'Arthur Cecil Pigou (1877-1959), économiste néoclassique anglais dont les travaux portent sur la monnaie,
l'économie du bien-être et l'emploi.
1) Quel est l’objectif commun des trois solutions décrites par l’auteur pour parvenir à réduire les émissions de
gaz à effet de serre ?
Conduire les acteurs économiques à minimiser les externalités négatives générées par leur activité. Répondre
aux défaillances du marché en matière d’incitation à polluer moins.
Pour les solutions économiques (taxes et marché des droits à polluer) le but est de conduire les acteurs à
Internaliser les externalités.
Voir diapos 32 et 33
2) Pourquoi peut-on parler de l’utilisation d’un signal-prix pour les solutions coasienne et pigouvienne ?
Signal-prix : effet d’une mesure qui, par une variation du prix vise à modifier le comportement d’un agent
économique. La taxe ou les permis d’émission ont un effet d’incitation économique par recours à un signalprix.
3.1. La réglementation
Première manière de faire en sorte que le pollueur tienne compte de sa pollution : la loi et son corollaire,
l’amende, qui lui fait perdre quelque chose quand il pollue. L’Etat fixe alors une norme de pollution tolérée
ou interdit complètement toute émission. Celui qui ne respecte pas la réglementation se met en dehors de la
loi.
Ne pas confondre l’amende que l’on paye lorsque l’on ne respecte pas la norme / la taxe que l’on paye dès
qu’une première tonne de pollution a été émise et qui est proportionnelle aux quantités émises.
Réglementation : norme imposée par les pouvoirs publics. Elle fixe les limites de pollution que les agents
économiques peuvent émettre. Dans ce chapitre cet outil réglementaire s’oppose aux outils économiques de
lutte contre la pollution.
La réglementation ainsi entendu agit sur les quantités. Nous verrons plus tard qu’il est possible aussi d’agir
par les prix (cas de la taxe et des marchés de droits à polluer).
Document polycopié n°17
Les avantages de la réglementation
La réglementation directe […] présente des avantages certains :
 C’est une méthode éprouvée qui bénéficie de l’expérience et des structures acquises dans d’autres
domaines (santé, sécurité, etc.). De plus, les systèmes réglementaires dans le domaine de l’environnement
ont bénéficié de perfectionnements constants au cours de la dernière décennie ;
 C’est une méthode présentant un maximum de garanties quant au résultat final, pour autant que les
moyens de mise en œuvre et de contrôle soient suffisants […] ;
 C’est le moyen le plus sûr de prévention des effets irréversibles et des pollutions les plus dangereuses qui
nécessitent des règlements draconiens allant jusqu’à l’interdiction totale.
Jean-Philippe Barde, Economie et politique de l’environnement, PUF, 1992.
1) Dans quel cas le recours à la réglementation s’impose-t-il ?
Pollution les plus dangereuses ou dont les effets sont irréversibles. Deuxième intérêt : atteindre rapidement
un objectif précis de dépollution.
A ce propos, on pourrait considérer que les émissions de CO2 à leur niveau actuel produisent des effets
irréversibles et que la norme est de ce fait la solution la plus appropriée pour y faire face.
Mais les conditions d’efficacité de la norme ne sont pas tout à fait remplies dans le cas du réchauffement
climatique : très grand nombre d’activités humaines à l’origine des émissions de GES. Utiliser l’outil
réglementaire exigerait une panoplie très large et très coûteuse de dispositions encadrant tous les recoins de
la vie économique et sociale.
2) Quels sont les autres avantages des mesures réglementaires ?
Elles sont relativement simples à mettre en œuvre.
Document 1 et 2 p. 162 Bordas
La découverte des chlorofluorocarbones (CFC) n'apportait que des avantages à l'industrie : gaz stables,
ininflammables, non toxiques pour l'homme. Ils furent donc massivement utilisés sans étude préalable sur
leur impact écologique. Grave erreur, puisque dès 1974 des études avancent l'hypothèse que ces gaz peuvent
libérer leur atome de chlore dans la haute atmosphère. Celui-ci peut ensuite détruire l'ozone stratosphérique
et laisser passer les UV nocifs pour la santé. Cette hypothèse fut confirmée en 1987.
En réponse à ces inquiétudes, le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) créa en 1977
le Plan d'action mondial pour la protection de la couche d'ozone. Il a fallu attendre 1987 et le protocole de
Montréal sur les substances nocives à la couche d'ozone pour introduire l'obligation de contrôle sur certains
CFC. En 1990, un fonds financier fut créé pour couvrir les coûts des mesures de contrôle du protocole, de
l'assistance technique, des informations et de la formation.
Grâce à ces efforts, la couche d'ozone devrait se stabiliser et redevenir normale dans une cinquantaine
d'années à condition que le protocole de Montréal soit respecté.
Emmanuel ARNAUD, Arnaud BER, Christian DE PERTHUIS, Le développement d
Commenter : trou dans la couche d’ozone dû aux émissions de chlorofluorocarbones (CFC) dans l’atmosphère.
Ce trou dans la couche d’ozone est dangereux pour la santé puisqu’il risque de laisser passer les UV nocifs
(risques de cancers de la peau). En 1985 est ratifié le protocole de Montréal visant à contrôler et à réduire
l’usage des CFC.
En 2009, 196 pays sont signataires du Protocole de Montréal, lui permettant ainsi d'être le premier protocole
environnemental à atteindre la ratification universelle. En 2009, les CFC sont définitivement supprimés, à
l'exception de quantités très minimes et indispensables (utilisation en médecine).
Grâce à cette mesure réglementaire, la couche d’ozone a déjà commencé à se reconstituer.
Autre exemples :
 normes de pollution pour les véhicules légers. A permis de réduire la combustion d’énergies fossiles
par véhicule de 40% entre 1990 et 2005.
 Interdiction des lampes à incandescence qui consommaient beaucoup d’énergie.
La norme présente d’énormes avantages et est la méthode la plus couramment utilisée par les
gouvernements notamment sous forme de normes fixant les limites d’émissions par unité produite ou
consommée. La régulation par les normes est efficace sous l’angle écologique si elle est utilisée de façon
habile par les pouvoirs publics.
Document polycopié n°18
Les limites de la réglementation
Les normes d’émissions, fixées par les autorités publiques, visent à fixer un plafond pour les émissions de
carbone ou d’autres GES* liées à la production d’un certain bien ou service. La réglementation est une
méthode efficace autant que les moyens de mise en œuvre et de contrôle sont efficaces et pas trop coûteux.
C’est le moyen le plus sûr de prévention des effets irréversibles et des pollutions les plus dangereuses qui
nécessitent des règlementations draconiennes allant jusqu’à l’interdiction totale. Assez répandues pour
réguler les émissions de polluants dans l’air, elles sont bien adaptées lorsque le contrôle de leur application
est aisé. C’est le cas de la norme européenne qui limite à 130 grammes de CO2 par kilomètre les émissions
des voitures neuves à compter de 2012. Néanmoins, une norme s’applique mal à des émetteurs très
différents car elle est uniforme : une norme ne tient pas compte de l’impact économique des coûts de
réduction des émissions qui peuvent être insignifiants pour une grosse entreprise et fatals pour une PME. Une
norme peut ainsi engendrer des effets pervers (notamment sur l’emploi ou apparition de pratiques de
contournement : fraude ou délocalisation des activités polluantes dans un pays sans normes) qui
compromettent son efficacité économique d’ensemble. De plus la norme d’émission de CO2 n’assure pas
l’atteinte d’un volume d’émissions de gaz à effet de serre donné : par exemple la norme de 130 g de CO2/km
est inefficace si le nombre de voitures vendues à cette norme explose (équipement des ménages chinois par
exemple). Enfin, une réglementation n’incite pas à abaisser les émissions sous la norme.
Source : Jean-Philippe Barde, Economie politique de l’environnement, PUF 2012.
1) Soulignez la phrase qui fait référence à l’effet rebond ?
« la norme d’émission de CO2 n’assure pas l’atteinte d’un volume d’émissions de gaz à effet de serre donné :
par exemple la norme de 130 g de CO2/km est inefficace si le nombre de voitures vendues à cette norme
explose (équipement des ménages chinois par exemple) »
Le fait que chaque producteur ou consommateur réduise sa pollution n’assure pas que le volume global de
pollution soit réduit. Cela renvoie encore une fois à notre modèle de développement économique fondé sur
la croissance et une hausse ininterrompue de la consommation de biens et de services.
2) Quelles sont les quatre limites des mesures réglementaires évoquées dans le document ?
 La norme s’applique de manière uniforme à des entreprises différentes.
Effort sera plus ou moins important pour les entreprises selon leur coût de dépollution. Plus ce coût de
dépollution est élevé, plus il leur sera difficile de respecter cette norme, ce qui risque de les mettre en
péril et de fragiliser l’emploi. Il faudrait pouvoir différencier les normes en fonction des acteurs et de
leurs coûts de dépollution, mais cela deviendrait très compliqué à gérer pour les pouvoirs publics.
 Difficultés de mise en œuvre quand les sources de la pollution sont très diverses. Complexité de la
recherche d’informations : si trop ambitieuse, l’objectif risque de ne pas être atteint ou à un coût trop
élevé. Si trop laxiste, pas d’efficacité environnementale.
 Lorsqu’elle est appliquée uniquement au niveau national, risque de nuire à la compétitivité des
entreprises résidentes par rapport aux entreprises non résidentes pour lesquelles ne s’applique pas
forcément la même norme. Risque d’entraîner des délocalisations vers des pays où la norme est plus
souple ou n’existe même pas. Cet argument a beaucoup été mis en avant au moment du débat sur
l’éventuelle mise en œuvre d’une taxe carbone en France.
 Elle n’incite pas à faire mieux que la norme fixée alors que certaines entreprises seraient en mesure
de le faire en raison d’un coût de dépollution qui n’est pas trop élevé pour elle.
A retenir : la norme joue sur la contrainte alors que les deux instruments économiques jouent sur les
incitations.
TRANSITION La taxe assure que l’effort de dépollution soit fait en priorité par ceux qui ont les coûts de
dépollutions les plus faibles, ce qui réduit le coût pour la collectivité de la dépollution.
2. Les taxes environnementales ou écotaxes
Les éco-taxes visent à introduire une incitation à réduire les atteintes à l’environnement en leur donnant un
prix. Elles obligent les acteurs économiques à internaliser les externalités.
Principe pollueur-payeur : loi française qui dit « les frais résultant des mesures de prévention, de réduction de
la pollution et de la lutte contre celle-ci doivent être supportés par le pollueur ». Principe d’efficacité
économique : les prix doivent refléter la réalité économique des coûts de pollution, de telle sorte que les
mécanismes du marché favorisent les activités ne portant pas atteinte à l’environnement.
Document 1 p.164 Bordas
1. Pour l’achat d’un véhicule qui émet moins de 50 grammes de CO2 par kilomètre, l’acquéreur bénéficie d’un
bonus à l’achat de 5 000 €.
Pour l’achat d’un véhicule qui émet plus de 231 grammes de CO2 par kilomètre, l’acquéreur paie un malus de
2 600 € à l’achat.
2. L’objectif de cette mesure est d’inciter les consommateurs à intégrer la protection de l’environnement
dans leur calcul économique. Le bonus-malus écologique, en modifiant les prix d’achat des véhicules, envoie
un signal aux consommateurs qui sont ainsi incités à acquérir des véhicules moins émetteurs de CO2.
3. On constate que les émissions moyennes de CO2 des voitures particulières ont baissé de 9,67 % en France
entre l’année 2003 et l’année 2008.
4. L’entrée en vigueur du bonus-malus écologique au 1er janvier 2008 s’est immédiatement traduite par une
baisse de 7 grammes de CO2 par kilomètre pour l’ensemble du parc automobile français, soit 4,73 %.
Voir diapo 34
Document polycopié n°19
Les écotaxes
Les taxes carbone sont un prélèvement financier public assis sur la quantité d’émissions de carbone ou
d’autres GES. Elles permettent de donner un prix à chaque tonne de gaz à effet de serre émise, mais elles ne
permettent pas de connaître à l’avance le volume des émissions finales : les émetteurs réduisent leurs
émissions tant que le coût de cette réduction (coût marginal) est moins élevé que le prix de la taxe. La taxe a
l’avantage de pouvoir tenir compte des spécificités économiques des secteurs d’activité concernés et donc
d’être modulées (exemption partielle ou totale). La taxe présente aussi l’avantage de rapporter des recettes
fiscales à l’Etat au moins jusqu’à ce que les émetteurs aient adopté des modes de production moins ou non
polluants. De nombreux économistes pensent qu’une taxe carbone internationale harmonisée pourrait
constituer un moyen efficace de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Toutefois, la mise en œuvre de
cette option reste en pratique très difficile, sinon impossible, au plan international. Des taxes carbones ont été
mises en place dans plusieurs pays européens.
L’efficacité environnementale de cette mesure dépend de la capacité des pouvoirs publics à fixer le bon
niveau de taxe, trop faible l’incitation est nulle, trop forte, elle incite au contournement de la taxe (fraude ou
délocalisation des activités polluantes dans un pays sans taxe).
Source : A partir de http://www.cdcclimat.com/Le-role-des-instruments.html
1) Quel est le principe des taxes carbone ?
On fixe une taxe que devra payer chaque producteur et chaque consommateur proportionnelle à la quantité
de CO2 émise. L’idée est de conduire les acteurs économiques à tenir compte du coût environnemental
(externalités négatives) engendré par leur activité et modifier ainsi leurs comportements pour au final réduire
les pollutions.
On fixe donc un prix du carbone et on laisse les quantités s’ajuster.
Voir diapo 35.
Vidéo taxe Carbone Suède
Avantages :
 Double-dividende.
 Laisse une certaine flexibilité aux acteurs économiques de payer la taxe ou de continuer à polluer.
Donc les acteurs qui feront le plus d’efforts sont ceux dont le coût de dépollution est le plus faible, ce
qui réduit le coût global de la dépollution pour la collectivité.
 Une taxe carbone harmonisée au niveau international pourrait être une solution pour réduire les
émissions de gaz à effet de serre. MAIS MANQUE D’INSTANCE INTERNATIONALE CAPABLE D’UNE TELLE
MISE EN ŒUVRE. OME ? Pour le moment, négociations internationales qui ne débouchent pas sur des
décisions précises et contraignantes (voir échec de Copenhague et Durban). Voir documents 1, 2 et 4
p.170-171.
2) Quelles sont les conditions de son efficacité ?
Trop faible l’incitation est nulle, trop forte, elle incite au contournement de la taxe (fraude ou délocalisation
des activités polluantes dans un pays sans taxe)
3) Quelles sont ses limites ?






Risque de nuire à la compétitivité des entreprises lorsqu’elle est adoptée dans un seul pays.
Ne permet pas de prévoir exactement la quantité d’émission : tout dépend du choix fait par les acteurs
de payer la taxe ou de dépolluer. Difficile de fixer le niveau optimal de taxe. Mais cela peut s’adapter
au cours du temps.
Condition d’efficacité de la taxe : possibilité pour le consommateur d’avoir recours à des solutions
alternatives. Si l’automobiliste n’a pas de solution alternative, la taxe carbone n’aura pas d’impact.
Risque de peser davantage sur les ménages modestes dont les dépenses d’énergie pèsent davantage
sur le budget. La principale limite à l’instauration d’une écotaxe est qu’il s’agit d’un impôt indirect assis
sur la consommation, ce qui en fait un impôt dégressif. En effet, les ménages les plus pauvres ayant
une propension moyenne à consommer supérieure à celle des ménages les plus riches paient,
proportionnellement à leurs revenus, un taux plus élevé.
Mais possibilité d’utiliser les ressources de la taxe pour aider ces ménages à en supporter le coût
(chèque vert par exemple). Voir document 4 p.165.
Double difficulté taxes : mal perçu par citoyen qui ont peur pour leur pouvoir d’achat. Mal perçu par
les entreprises qui craignent pour leur compétitivité.
3. Les marchés de droits à polluer
Vidéo « Un marché pour dépolluer ? » du CEP.
http://www.canal-educatif.fr/videos/economie/5/marchepollution/un-marche-pour-depolluer.html
I. Acte 1 (de 0 à 7’37)
1. En quelle année et pour quelles raisons a-t-il été décidé de mettre en place un marché d’émission de CO2
dans l’Union européenne ?
La mise en place d’un marché de quotas d’émission de CO2 date de 1997. En ratifiant le protocole de Kyoto,
38 pays s’engagent à réduire leurs émissions de gaz a effet de serre.
2. Quels sont les objectifs recherchés ?
Entre 2008 et 2012, l’Union européenne à 15 s’engage à réduire de 8 % ses émissions de GES par rapport a
1990 (année de référence). Cela revient à réduire les émissions de CO2 en moyenne de 17 millions de tonnes
par an pendant 20 ans.
3. L’émission est-elle due au seul secteur industriel ?
Le secteur industriel n’est pas le seul secteur à émettre du CO2, le secteur agricole (élevage par exemple) y
contribue également, tout comme le secteur des transports (routiers, aériens par exemple).
4. Quels sont les acteurs économiques directement concernés par ce marché ?
Ce marché concerne les entreprises les plus pollueuses qui vont de ce fait devoir internaliser les coûts
externes.
5. Quelles sont les mesures alternatives à la mise en place d’un tel marché ?
Les deux mesures alternatives au marché sont la fixation de normes et l’imposition d’une taxe.
6. Quels sont les avantages et les inconvénients de chacune de ces deux autres mesures ?
La norme est un moyen certain d’atteindre les objectifs de réduction des émissions de CO2 et est simple à
mettre en œuvre par l’administration. Par contre, la norme entrave la compétitivité des entreprises, car elle
s’applique de manière uniforme à toutes les entreprises ; or les coûts de réduction des émissions sont très
différents d’une firme à l’autre : faibles pour un hôtel qui engage des travaux d’isolation, mais élevés pour une
papeterie qui réalise une opération de reboisement.
La taxe a l’avantage de la flexibilité pour les entreprises, qui ont le choix d’engager des investissements de
dépollution et ne pas payer la taxe, ou de préférer la payer. La taxe permet également à l’Etat de percevoir
des recettes fiscales qui peuvent permettre de subventionner des projets de dépollution. Mais il demeure une
incertitude sur le niveau de dépollution engagé par les entreprises.
7. Qu’est-ce qu’un quota ? Qui décide de son niveau ?
Un quota est le droit d’émettre une tonne de CO2. Chaque entreprise reçoit gratuitement de l’Etat un nombre
de quotas personnalisé.
Les pouvoirs publics sont indispensables à l’existence d’un marché de droits à polluer car ils fixent des droits
de propriété sur les émissions de pollution, ce qui rend possible l’échange.
Les pouvoirs publics sont indispensables au fonctionnement d’un marché de droits à polluer car ils fixent des
contrôles et des sanctions pour les entreprises qui ne respectent pas leurs engagements d’émissions de
pollution et rend donc crédible la nécessité d’acheter des droits d’émission.
Marché : on fixe une quantité et les prix s’ajustent.
8. Comment un tel marché fonctionne-t-il ?
Les entreprises s’échangent des quotas par l’intermédiaire du marché. Les entreprises les plus polluantes vont
acheter les quotas qui leur manquent, et les entreprises les plus vertueuses vont vendre les quotas non
utilisés. Dans les deux cas, les firmes sont gagnantes : les premières vont acheter les quotas à un prix inferieur
aux dépenses d’investissement réalisées pour réduire leur niveau de pollution, alors que les secondes vont
rentabiliser leurs efforts de dépollution.
Voir diapo 36
9. De quelle manière les quotas (et donc leur prix) doivent-ils évoluer sur le long terme ?
Le nombre de quotas alloués va baisser, donc le prix de ceux-ci va augmenter.
Voir document 2 p.166 Bordas
10. Comment les industriels doivent-ils réagir à cette évolution ?
Les entreprises vont devoir faire des efforts de réduction des émissions de CO2.
II. Acte 2 (de 7’38 à 13’05)
1. Comment les prix se déterminent sur le marché ?
Le prix du marché correspond à l’équilibre de l’offre et de la demande de quotas.
2. Qui sont les offreurs et les demandeurs ?
Les offreurs sont les entreprises qui ont engagé des efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Les demandeurs de quotas sont les entreprises qui ne peuvent pas faire d’efforts, ou pour qui les efforts de
réduction des émissions de CO2 ne sont pas suffisamment rentables.
3. Quel est l’effet d’une évolution de l’offre et de la demande sur le prix d’équilibre ?
Plus la demande est importante, plus le prix va augmenter. Plus l’offre est importante, plus le prix va
diminuer.
4. A quelle alternative (quel choix) les industriels sont-ils soumis ?
Le prix d’équilibre est un signal fondamental adressé aux industriels, qui vont être confrontés à un choix : soit
ils achètent les tonnes de carbone sur le marché, soit ils investissent pour réduire leurs émissions de gaz à
effet de serre. Le signal-prix est le signal de l’investissement pour les entreprises.
Choisissent l’option la moins chère avec une certaine flexibilité en fonction de leur situation propre.
5. Pour quelles raisons le prix du carbone a-t-il fortement chuté à la mi-2006 ?
En 2006, la Commission européenne s’est rendu compte que trop de quotas d’émission avaient été alloués
par rapport aux émissions réelles. L’offre était donc supérieure à la demande, et les prix ont chuté.
6. Comment la Commission européenne a-t-elle réagi ?
La Commission a décidé de baisser le plan national d’allocations de quotas pour la période 2008-2012, donc
l’offre, ce qui devrait faire augmenter automatiquement le prix du quota.
7. Qu’est ce qu’un projet MDP ? Quels sont les limites des projets MDP ?
Un Etat ou une société d'un pays riche investit dans un projet de mécanisme de développement propre qui
réduit des émissions de Gaz à Effet de Serre (GES) dans un pays pauvre (comme en Afrique). En échange des
réductions de CO2 constatées pour le projet MDP, un volume équivalent de certificats CO2 (CER pour Certified
Emission Reduction) est délivré à celui qui a investi.
Cet investisseur pourra vendre ces certificats CO2 ou "crédits carbone" sur les marchés internationaux de
carbone, ou les utiliser pour compenser ses émissions de CO2.
La validation des projets MDP (mécanisme de développement propre) se fait par l'UNFCCC (l'organe de l'ONU
chargé des changements climatiques et du protocole de Kyoto).
III. Acte 3 (de 13’06 à 16’13)
1. Quelles sont les limites des marchés de droit d’émission ?
 Il y a une absence d’équité sur le marché. Un nombre limité d’entreprises détermine le prix du CO2,
car elles expriment à la fois les grosses demandes et les grosses offres. C’est le cas en particulier des
grands électriciens qui peuvent répercuter le coût du CO2 sur le prix du KWh ou disposent d’équipes
de trading, qui assurent une forte présence sur le marche et se tiennent au courant des évolutions
journalières du marché.
 Par ailleurs, le nombre de quotas alloués a été beaucoup trop important, donc le prix du quota est trop
important sur le marché car l’offre augmente plus vite que la demande. Résultat, les incitations à
limiter les émissions de CO2 sont bien trop limitées pour atteindre les objectifs.
 Marché très adapté à de gros émetteurs, mais pas réaliste pour tous les émetteurs de gaz à effet de
serre tant que coût de transaction entre agents et coût de mesure des émissions ne peuvent être
abaissés.
Document polycopié n°20
Le marché européen du carbone encore à la peine
Bruxelles cherche toujours une solution pour sauver le marché du carbone en Europe. Malgré le gel de
quotas d’émission, le prix des « droits à polluer » reste en deçà du niveau souhaité.
Depuis le début de l’année, le cours de la tonne de carbone s’est envolé de 17 % en Europe. Il a même
repris 79 % depuis son point bas d’avril 2013. Mais, à 5,82 euros, le prix du « droit à polluer » reste à des
années-lumière de son record de 2008 (36 euros). Il valait encore 20 euros en 2011, avant de s’effondrer en
raison d’une offre pléthorique de quotas d’émission, rendant ce marché quasi inefficient. Il faudrait qu’il
atteigne entre 24 et 30 euros la tonne pour inciter les entreprises à investir pour limiter leur impact sur
l’environnement…
Pourtant, Bruxelles n’a pas hésité en juillet 2013, après des mois de négociations, à geler 900 millions de
tonnes de quotas CO2 jusqu’en 2020 pour tenter de sauver le marché européen du carbone. L’objectif était de
ramener le prix de la tonne de CO2 entre 8 et 12 euros. On en est loin, notamment parce que les marchés
espéraient alors un gel de 1,4 milliard de tonnes. Or, selon le dernier rapport de la Commission européenne
sur les échanges de quotas, si les émissions de gaz à effet de serre des 28 Etats membres de l’Union ont
diminué de 3 % en 2013, « l’excédent de quotas persiste ». En cumulé, il se monte à plus de 2,1 milliards de
tonnes, malgré le gel. Car la crise économique traversée par l’Europe, en réduisant l’activité des entreprises
polluantes, a aussi réduit les besoins d’achat de quotas, favorisant ainsi la baisse des cours.
Par ailleurs, le gel des quotas est une mesure temporaire, jusqu’en 2020, là où certains militaient pour une
annulation pure et simple. Connie Hedegaard, ex-commissaire européen au Climat, avait bien proposé « la
mise en place d’une réserve de stabilité du marché des CO2 », mais c’était en mai 2014, quelques jours avant
les élections européennes… L’objectif est d’enlever encore 2,1 milliards de permis et de les mettre de côté
dans un fonds de réserve. Les discussions devaient reprendre dans quelques jours à Bruxelles, alors que la
présidence européenne a invité, le 8 septembre, les Etats membres à exprimer leurs observations. Cela risque
de prendre du temps, étant donné les intérêts dans le charbon de certains pays comme la Pologne ou
l’Allemagne. Cette réserve ne serait donc pas mise en place avant 2021… Pas vraiment la bouffée d’oxygène
susceptible de relancer le marché européen du CO2.
Pierrick Fay, Les echos.fr, 17/09/2014.
1) Quelle est la différence entre « gel des quotas » et annulation de quotas ?
Gel : on attribue moins de quotas que prévu, mais on les met dans un fonds de réserve et ils pourront être redistribués
plus tard.
Annulation : les quotas prévus ne sont pas distribués.
2) Quel est l’objectif du « gel des quotas » ?
Faire remonter le cours des quotas. Si le droit d’émission augmente, les entreprises seront davantage incitées à réduire
leurs émissions.
3) Quel est le rôle des institutions politiques dans le fonctionnement du marché des quotas d’émission en Europe ?
Il est fondamental. On en revient à la question de la volonté politique. En déterminant le volume des quotas attribués,
l’Etat a un levier d’action sur le prix de la tonne de CO2 émise et donc sur les incitations pour les entreprises.
Réglementations, normes
Il s’agit, par une loi ou un règlement, autrement dit, une mesure impérative, dʼinterdire
ou de limiter des comportements polluants.
Protocole de Montréal et couche d’ozone.
FONCTIONNEMENT
(exemples)
Norme destinée à économiser de l’énergie et donc indirectement à réduire les
émissions de CO2. Exemples : interdiction lampe à incandescence. Norme d’isolation
des nouveaux bâtiments.
Norme d’émission de CO2 pour les voitures neuves fixée par l’UE.
Plafonne ou supprime les pollutions dangereuses aux effets irréversibles.
AVANTAGES
Facilité de mise en place : décision facile et rapide à prendre pour les pouvoirs publics :
publier un décret ou règlement.
Maximum d’efficacité environnementale si les moyens de contrôle sont suffisants.
Difficultés de collecte de l’information pour fixer la norme.
Système de contrôle lourd et coûteux (bureaucratie). Or la norme est inefficace si les
moyens de contrôle sont trop coûteux ou insuffisants.
Norme uniforme ne tient pas compte de l’hétérogénéité des situations des émetteurs,
et peut conduire à la faillite « des plus petits » (coût économique > gain
environnemental ?)
Coût élevé d’un point de vue économique (argument de la compétitivité).
INCONVENIENTS OU
LIMITES
Contournement si norme trop dure et pas internationale (fraude ou délocalisation).
Incitations éventuelle à la fraude et à la triche
Pas d’incitation à faire mieux que la norme
Conditions d’efficacité de la norme ne sont pas tout à fait remplies dans le cas du
réchauffement climatique : très grand nombre d’activités humaines à l’origine des
émissions de GES. Utiliser l’outil réglementaire exigerait une panoplie très large et très
coûteuse de dispositions encadrant tous les recoins de la vie économique et sociale.
Faible acceptabilité politique (lobbying)
Mise en place internationale difficile (harmonisation juridique)
Taxes environnementales
En imposant le paiement d’une taxe, on augmente le prix de la consommation
d’énergie, ce qui a pour but d’en diminuer la consommation donc les externalités
négatives. On espère ainsi modifier les habitudes des consommateurs.
FONCTIONNEMENT
(exemples)
Les éco-taxes visent à introduire une incitation à réduire les atteintes à l’environnement
en leur donnant un prix. Elles obligent les acteurs économiques à internaliser les
externalités.
Exemple avec bonus-malus écologique ou taxes carbone.
Pour les taxes carbone, on fixe donc un prix du carbone et on laisse les quantités
s’ajuster.
Recettes fiscales supplémentaires que les pouvoirs publics peuvent utiliser
éventuellement pour la dépollution. Notion de double dividende.
Possibilité aussi d’utiliser les ressources de la taxe pour aider ces ménages modestes à
en supporter le coût (chèque vert par exemple). Voir document 4 p.165.
AVANTAGES
Une certaine flexibilité accordée aux entreprises. Chaque entreprise est libre de faire
son propre arbitrage (calcul économique) entre le coût de la taxe et le coût de
l’investissement de dépollution ou de recherche de substituts.
La taxe assure que l’effort de dépollution soit fait en priorité par ceux qui ont les coûts
de dépollutions les plus faibles, ce qui réduit le coût pour la collectivité de la
dépollution.
Une taxe carbone harmonisée au niveau international pourrait être une solution pour
réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Difficultés d’instauration d’une taxe au niveau international (problèmes de
l’harmonisation fiscale). Et de ce fait risque de contournement (fraude, délocalisation).
Risque de nuire à la compétitivité des entreprises lorsqu’elle est adoptée dans un seul
pays.
On ne connaît pas à l’avance le volume des émissions polluantes. Difficulté de fixer le
bon niveau : incitation à la réduction des émissions sans engendrer de contournement.
INCONVENIENTS OU
LIMITES
Risque d’injustice et effets économiques négatifs si les agents ne disposent pas
d’alternatives (ex : transports en commun vs augmentation du prix de l’essence).
Risque de peser davantage sur les ménages modestes dont les dépenses d’énergie
pèsent davantage sur le budget.
Résistances à la politique fiscale par les ménages et les entreprises. Exemple des
bonnets rouges.
Ne permet pas de prévoir exactement la quantité d’émission : tout dépend du choix fait
par les acteurs de payer la taxe ou de dépolluer. Difficile de fixer le niveau optimal de
taxe. Mais cela peut s’adapter au cours du temps.
Marchés des droits à polluer (ou marché des quotas d’émission)
FONCTIONNEMENT
(exemples)
Lieu d’échanges entre les offreurs et les demandeurs de « quotas d’émission ». Les quotas
sont émis par les pouvoirs publics en fonction du niveau global de pollution toléré. Ensuite
les agents économiques s’échangent ces droits en fonction de leurs émissions. Les agents
polluant plus que les quotas sont les demandeurs et les agents polluant moins que leurs
quotas sont les offreurs. Les premières vont acheter les quotas à un prix inferieur aux
dépenses d’investissement réalisées pour réduire leur niveau de pollution, alors que les
secondes vont rentabiliser leurs efforts de dépollution.
Marché : l’Etat fixe une quantité et les prix s’ajustent.
Ex : marché des quotas d’émission de CO2 dans l’UE.
On connaît à l’avance le volume des émissions polluantes, et on peut fixer un plafond.
AVANTAGES
Incite les entreprises polluantes à moins polluer pour gagner en vendant des quotas.
Lʼévolution du prix est un signal qui permet aux entreprises dʼajuster leur comportement de
pollueurs : si le prix des quotas monte, il devient intéressant de dépolluer pour pouvoir
vendre des quotas. Si le prix des quotas baisse, c’est le signe qu’il y en a beaucoup à vendre
et donc que les entreprises polluent moins. Il semble alors souhaitable que le régulateur
diminue la quantité totale de permis en circulation.
Le signal-prix est le signal de l’investissement pour les entreprises.
Les agents choisissent l’option la moins chère avec une certaine flexibilité en fonction de
leur situation propre.
Les entreprises qui réduisent le plus leur pollution sont celles pour qui les coûts de
dépollution sont les plus faibles, d’où une réduction des coûts de dépollution pour la
collectivité.
Système de contrôle lourd et coûteux (bureaucratie), car l’efficacité du marché dépend de
l’efficacité de l’autorité de surveillance (respect des quotas) et de régulation des échanges.
Inégalité très forte entre les producteurs en fonction de leur capacité financière : les petits
peuvent ne pas supporter le surcoût des quotas ou celui des investissements nécessaires au
respect du quota qui leur est accordé.
Un nombre limité d’entreprises détermine le prix du CO2, car elles expriment à la fois les
grosses demandes et les grosses offres.
Risques de spéculation : l’existence de spéculations entraîne de lʼinstabilité, ce qui réduit
l’incitation à moins polluer car les investissements ont un horizon de long terme.
INCONVENIENTS OU
LIMITES
La quantité de quotas a été trop importante au début, donc le quota n’est pas cher, ce qui
incite à polluer et à acheter des quotas plus qu’à dépolluer… Résultat, les incitations à
limiter les émissions de CO2 sont bien trop limitées pour atteindre les objectifs.
Marché très adapté à de gros émetteurs, mais pas réaliste pour tous les émetteurs de gaz à
effet de serre tant que coût de transaction entre agents et coût de mesure des émissions ne
peuvent être abaissés.
Toutes les activités qui ne sont pas couvertes par les permis voient leurs émissions
augmenter (service, transports, logement). On ne peut pas allouer des quotas à chaque
famille, chaque bureau ! Coûts de transaction énormes.
On peut critiquer la marchandisation de l’air.
Volatilité éventuelle du prix. Les incitations à préserver l’environnement seraient ainsi liées
à la spéculation.
SUJETS DE BAC DEMANDENT SOUVENT D’EN MONTRER LA COMPLEMENTARITE
Il faudra présenter les grands principes de chaque outil.
Mettre en avant les conditions d’efficacité de chaque outil.
Essayer de montrer comment les limites d’un outil peuvent être contournées grâce aux avantages d’un autre
outil.
Faire des transitions entre chaque outil en montrant la complémentarité.
Compte tenu du fait que chaque type de mesure climatique possède des avantages et des inconvénients, il est
nécessaire et efficace de les utiliser chacune là où elles présentent le plus d’avantages et le moins
d’inconvénients selon le type de pollution que l’on souhaite voire interdire. Concrètement, ces 3 outils sont
donc utilisés de façon combinée.
Conclusion : lutte contre le réchauffement, une question fondamentalement
politique ?
Face au changement climatique, une nécessaire clarification stratégique
A la veille d'un dimanche de mobilisation internationale en faveur de la lutte contre le changement
climatique, Maxime Combes et Nicolas Haeringer, membres d'Attac France (et blogueurs sur Mediapart),
appellent la société civile à changer de stratégie et de cible: plutôt que de peser en vain sur des Etats qui se
sont montrés impuissants depuis vingt ans, affronter directement les pollueurs.
La lutte contre le réchauffement climatique fera de nouveau l'actualité ce week-end et en début de
semaine prochaine. Ban Ki Moon, le secrétaire général de l'ONU, a en effet convoqué un sommet spécial le 23
septembre prochain. Il réunira plus de 120 chefs d'État et de gouvernement à New York afin de « donner un
nouvel élan à la lutte contre les changements climatiques ».
Pour mettre les participants à ce sommet de l'ONU sous pression, plusieurs centaines d'organisations de la
société civile appellent de leur côté à organiser une gigantesque marche à New York, à l'avant-veille du
sommet. Elle se déclinera également en initiatives locales un peu partout dans le monde – à Paris,
notamment, où elle aura une importance particulière puisque la France accueillera la prochaine conférence
de l'ONU réellement décisionnaire en la matière à la fin 2015.
Des centaines de milliers de personnes se retrouveront donc ce dimanche dans les rues du monde entier
sous la bannière « des actes, pas des mots » ; ainsi que « pour tout changer, nous avons besoin de tout le
monde » – marquant ainsi l'une des plus grosses mobilisations citoyennes à ce jour autour des enjeux
climatiques. La séquence 2014-2015 est, de fait, cruciale : il s'agit de la dernière fenêtre d'action pour prendre
les mesures adéquates pour rester sous la barre des 2°C de réchauffement global (seuil au-dessus duquel les
conséquences du réchauffement seront réellement dramatiques).
Il faut donc bien prendre la mesure des mots d'ordre du sommet onusien comme des manifestations de la
société civile : plus de vingt ans après le sommet de la Terre de Rio, après 19 conférences onusiennes sur le
changement climatique (et plusieurs dizaines de sommets intermédiaires) la « communauté internationale »
n'a rien fait de significatif. Les émissions de gaz à effets de serre (GES) n'ont cessé de s'accroitre. (…)
Dans son étude roborative sur les liens entre capitalisme et changement climatique, Naomi Klein met en
effet en évidence à quel point les processus de dérégulation des échanges internationaux sont indissociables
de l'augmentation des émissions de GES. Son enquête minutieuse lui permet de montrer que l'inaction des
gouvernements n'est pas due à leur sidération ou à l'absence d'alternatives, mais aux pressions exercées par
les lobbies représentant les intérêts des industries polluantes ou encore du secteur de l'assurance. Plus
généralement, explique-t-elle, le changement climatique arrive au pire moment qui soit : la mondialisation
néolibérale est parvenue à supprimer méthodiquement la plupart des freins à l'action des multinationales
tout en décrédibilisant durablement l'action publique... alors même que nous avons plus que jamais besoin de
ces freins et de politiques publiques fortes pour gagner la bataille contre le réchauffement. Richard Heede a
par exemple montré que 90 entreprises sont, à elles seules, responsables de 60 % des émissions de GES
depuis qu'elles sont comptabilisées.
Le slogan de la manifestation du 21 septembre pourrait ainsi être reformulé : « pour que tout change, nous
avons besoin de monde... mais tout le monde n'a pas intérêt à ce que tout change ». (…)
Document polycopié n°21
Ces blocages invitent en outre à changer de cible, et à s'attaquer directement aux émissions des grandes
entreprises. Les objectifs de réduction de GES pourraient ainsi ne plus être considérés uniquement État par
État, mais aussi filière par filière, branche par branche, entreprise polluante par entreprise polluante. Ces
objectifs ne sauraient être traduits dans des « droits à polluer » mais s'inscrire dans une logique de sortie de la
dépendance à l'énergie fossile. (…)
Pour que tout change, nous avons, de fait, plus que jamais besoin d'action collective. Passer à l'action, pour
reprendre la main face aux acteurs qui n'ont aucun intérêt à ce que les choses changent – empêcher certains
acteurs d'agir, pour retrouver notre propre capacité à peser sur le cours des choses.
C'est ce qui se joue dans les divers rendez-vous de ce week-end, à New York comme ailleurs – Marche pour
le Climat à Paris ; Alternatiba à Gonesse.
Les invités de Mediapart, médiapart.fr, 19 septembre 2014.
1) Peut-on attendre qu’une politique ambitieuse de lutte contre le réchauffement climatique vienne naturellement d’un
sommet entre les dirigeants politiques des différents Etats ? Pourquoi ?
Constat du peu de décisions efficaces prises depuis 20 ans que la question du réchauffement a été mise à l’agenda
politique.
Politiques néolibérales qui ont mené à la libéralisation des échanges et à l’affaiblissement (programmé) du pouvoir des
Etats face aux FMN. Mondialisation = hausse du transport de marchandises = émission de GES.
Pression des lobbies économiques qui ont intérêt à ce que les contraintes sur leurs activités soient minimales, y compris
les contraintes liées à des objectifs de réduction des émissions de CO2. 90 entreprises sont, à elles seules,
responsables de 60 % des émissions de GES depuis qu'elles sont comptabilisées
Remarque : la crise récente a contribué à mettre au second plan la question du réchauffement. Priorité à la croissance.
2) Quelle est la condition pour que les dirigeants politiques se décident à agir véritablement ?
Pression de la société civile. Manifestations, rôle des associations écologistes, mouvement citoyen demandant à ce que
ce problème soit mis en avant.
Document polycopié n°22
Les limites sont-elles déjà atteintes ? La thèse de la décroissance
Après quelques décennies de gaspillage frénétique, il semble que nous soyons entrés dans la zone des
tempêtes au propre et au figuré... Le dérèglement climatique s'accompagne des guerres du pétrole, qui seront
suivies de guerres de l'eau, mais aussi de possibles pandémies, de disparitions d'espèces végétales et animales
essentielles du fait de catastrophes biogénétiques prévisibles. Dans ces conditions, la société de croissance
n'est ni soutenable ni souhaitable. Il est donc urgent de penser une société de « décroissance » si possible
sereine et conviviale. [... ] Une politique de décroissance pourrait consister d'abord à réduire voire à
supprimer le poids sur l'environnement des charges qui n'apportent aucune satisfaction. La remise en
question du volume considérable des déplacements d'hommes et de marchandises sur la planète, avec
l'impact négatif correspondant (donc une « relocalisation » de l'économie) ; celle non moins considérable de
la publicité tapageuse et souvent néfaste ; celle enfin de l'obsolescence accélérée des produits et des
appareils jetables sans autre justification que de faire tourner toujours plus vite la mégamachine infernale :
autant de réserves importantes de décroissance dans la consommation matérielle. Ainsi comprise, la
décroissance ne signifie pas nécessairement une régression de bien-être. [...] La limitation drastique des
atteintes à l'environnement, et donc de la production de valeurs d'échange incorporées dans des supports
matériels physiques, n'implique pas nécessairement une limitation de la production de valeurs d'usage à
travers des produits immatériels. Ceux-ci, au moins pour partie, peuvent conserver une forme marchande.
Serge Latouche, « Pour une société de décroissance », © Le Monde diplomatique, novembre 2003.
1) Expliquez le passage souligné.
D’après l’auteur, la « société de croissance » n’est :
- « ni soutenable » à cause de son « poids sur l'environnement » (voir les exemples donnés en début de
premier paragraphe) ; Une croissance infinie dans un monde fini est impossible.
« Chaque fois que nous produisons une voiture, nous le faisons au prix d’une baisse du nombre de vies à
venir » (Georgescu Roegen, économiste roumain précurseur du mouvement pour la décroissance).
Partisan de la soutenabilité forte : pour notre bien-être, il faut avant tout préserver notre environnement et si
nécessaire il faut sacrifier la croissance à cet objectif. On est loin de la soutenabilité faible.
- « ni souhaitable » car elle « n'apporte aucune satisfaction » à la population (voir les exemples en début de
deuxième paragraphe). Voir la persistance des inégalités dans les pays développés. Les 20% les plus démunis
aux Etats-Unis disposent de 3,4% du revenu national (7,5% en France).
Donc pour cet auteur, le développement durable qui continue de fonder notre bien-être sur la croissance
économique (notamment dans sa variante « faible ») est une ineptie. Effet rebond : on aura beau réduire
l’intensité énergétique de la production, si nous continuons de produire toujours davantage, l’impact
environnemental des activités humaines ne peut que continuer à croître.
Depuis 1970 l’intensité carbone du PIB mondial a diminué de 40% (efficacité énergétique) mais le PIB a été
multiplié par 3. Explication : croissance démographique et croissance du niveau de vie des pays émergents.
2) Quels moyens l’auteur envisage-t-il pour assurer un bien-être durable ?
L’auteur est partisan de la décroissance. Notre modèle de société ne doit plus être fondé sur la croissance de
la production et de la consommation.
Pour assurer un bien-être « durable », l'auteur propose une « limitation drastique » des gaspillages, en
particulier de la production de biens dont l'obsolescence accélérée conduit à une dégradation de
l'environnement, et un développement des services qui n'ont pas quant à eux ces inconvénients. Pour
exemple, on abandonnerait la production d'appareils jetables au profit d'appareils réparables.
L’alternative radicale aux transports actuels, ce ne sont pas des transports moins polluants, moins
producteurs de gaz à effet de serre, moins bruyants et plus rapides ; c’est une réduction drastique de leur
emprise sur notre vie quotidienne.
3) Quels sont les obstacles sociaux auxquels risque de se heurter la mise en œuvre de la décroissance dans les
pays développés d’une part, dans les PED d’autre part ?
Les obstacles sociaux de la décroissance sont :
- dans les pays développés, la remise en cause de la « société de consommation », mais aussi le risque de
devoir transformer radicalement la nature de la production et des emplois;
- clans les PED, la difficulté à faire admettre à la population que le mode de croissance et de consommation
occidental n'est, ni souhaitable pour eux, ni généralisable pour la planète.
Idée centrale de la décroissance : briser l’idéologie de la croissance (objecteurs de croissance), rompre avec
cette idée que continuer à croître nous apportera plus de bien-être. Changer radicalement notre mode de
vie : limiter notre consommation et développer les relations sociales, les échanges citoyens qui eux n’ont
aucun impact négatif sur l’environnement.
Utiliser les gains de productivité non pas pour produire plus, mais pour accroître notre temps libre. L’efficacité
doit servir à consommer moins.
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