Collemboles 95

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Spermatophores
Observation faite le 08-XI-2015, sur une petite zone herbeuse. La douceur de la température et la forte humidité ont favorisé l’apparition du collembole des prairies, Sminthurus viridis. Sur cette petite surface, je pouvais
comptabiliser pas moins d’une dizaine d’individus. Mais, ce qui est le plus intéressant, c’est d’avoir découvert
trois spermatophores sur un brin d’herbe, au «milieu» de ces symphypléones.
Un spermatophore est composé d’un pied, d’une tige et la goutte de sperme. Chez les collemboles, la transmission des spermatozoïdes en directe n’a été constatée que chez 4 espèces, 3 Arthropléones et un symphypléone, qui n’est pas notre Sminthurus viridis. Pour cette espèce, la femelle vient poser son orifice génital sur
la goutte afin de la stoker pour la fécondation des œufs. Ce symphypléone utilise une transmission indirecte.
Maintenant, restait à savoir si les spermatophores observés correspondaient bien à cette espèce ? Sminthurus
viridis mesure environ 3 mm, je vous laisse imaginer la taille des spermatophores ! Bref, n’ayant pas observé
directement la dépose de ceux-ci, j’ai donc effectué quelques recherches qui ne m’ont pas donné une réponse
satisfaisante. Ce qui est sur, c’est que seulement deux espèces étaient présentes sur la station : Sminthurus viridis et Isotomurus palustris, un Isotomidae. Sur le site collembola.org, nous trouvons des photos de spermatophores d’Isotomidae, mais visiblement, elles ne correspondent pas avec ceux de l’observation. Alors, peut-être
s’agit-il de spermatophores de ce Sminthurus. J’espère que d’autres observations nous le dirons.
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Si ce spermatophore appartient à Sminthurus viridis, comme cela semble être le cas, la dépose de ceux-ci a
lieu lorsque la température est relativement douce et que l’humidité est souvent présente, comme ce fut le
cas pour le mois de novembre 2015. Les spermatozoïdes dans leur spermadrop, restent actifs deux jours. Un
spermadrop de spermatophore est translucide quand les spermatozoïdes qu’il contient sont bons. Ensuite, le
spermadrop devient plus opaque. Celui de la photo avait l’air translucide... Reste sa taille. Étant donné que je
ne pouvais pas obtenir cette donnée, je suis allé chercher un spermatophore d’un autre Sminthuridae qui lui
ressemblait. Les spermathophores d’Allacma fusca ressemblent à celui de la photo. La tige mesure 580 µm de
hauteur et le spermadrop a un diamètre de 110 µm. Ça donne une idée de la taille de la chose ! La tige d’un
spermatophore est produite par une sécrétion de l’orifice génital du mâle. Cette sécrétion va durcir et formée
des filaments qui se colleront ensembles pour donner au final, la tige.
Sminthurus viridis, collophore.
Le 25 novembre 2015, j’observais une dizaine
de Sminthurus viridis sur l’une de mes stations. La température au sol était de 13,9°C
et le tôt d’humidité de 85 %. Sur une feuille
morte déposée par le vent se nourrissaient
deux femelles. Soudain, la femelle de droite
déploya un appendice de son tube ventral qui
battit l’air une fraction de seconde. On pense
que l’une des fonctions du collophore est de
capter l’humidité (comportement que j’ai photographié et prochainement présenté) dans
le cadre de l’équilibre hydro-électrolytique .
Cette vésicule déployée dans l’air, ne toucha,
ni la feuille, ni le corps du collembole. A quoi
a bien pu servir cette projection ? Peut-être
un élément m’a-t-il échappé ? Les vésicules,
qui sont par ailleurs collantes, peuvent-elles
renseigner l’animal sur l’humidité ambiante,
et/où capter directement celle-ci ?
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Sminthurus viridis et absorption d’une goutte d’eau.
Ce collembole que l’on peut observer aussi sous la chaleur et par un taux d’humidité faible pendant le mois
d’août, a visiblement besoin d’absorber plus d’eau pendant la période de reproduction, du moins pour les
femelles. Le 15 novembre 2015, sur une zone herbeuse, je découvre cette femelle Sminthurus viridis tenant
à l’avant de son corps, entre ses pattes une goutte d’eau. L’observation dura 27 mn. Pendant les 16 premières
minutes, rien ne se passa. Puis, la bulle commença progressivement à se réduire en volume, pour finir par
disparaître. En observant le positionnement de la goutte, on peut en déduire qu’elle devait être probablement
en contact avec le collophore. Donc, c’est certainement le tube ventral qui a absorbé la goutte. Au sol, la température était de 12,9°C et l’humidité de 90 %.
Sminthurus viridis, contacts antennaires.
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Le 25 novembre 2015, j’observais
des contacts antennaires entre un
mâle et une femelle Sminthurus
viridis. Voici le déroulement comportemental : celui-ci se passe sur
une feuille morte posée sur une
zone herbeuse. Un mâle grimpe
sur la feuille, puis se dirige vers
deux femelles se nourrissant. Il
s’approche de la femelle la plus
proche de lui. Un contact antennaire de quelques secondes se
produit. Puis, le mâle quitte la
femelle, descend de la feuille et
pénètre dans l’herbe. La femelle
recommence à se nourrir. A présent, reste le plus difficile, tenter
d’interpréter cette phase comportementale !
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Sminthurus viridis et l’escargot.
Un escargot s’approche
lentement d’un Sminthurus viridis se nourrissant.
En vignette 4, le gastéropode est suffisamment
proche du collembole
pour le toucher de ses
petites tentacules, et c’est
ce qu’il fait. En réponse,
le collembole ne déclencha pas sa furca pour
effectuer un saut, comme
nous pouvions raisonnablement nous y attendre,
mais juste un déplacement. Si l’escargot avait
été un prédateur, nul
doute que notre collembole des prairies ne serait
plus de ce monde ! Le 25
novembre 2015.
Sminthurus viridis, les mouvements des antennes.
L’observation sur le terrain montre bien le multi-usage des antennes de Sminthurus viridis. Et ce, grâce à la
musculature contenue dans les trois premiers segments antennaires et qui débordant dans le 4. Les quatre
segments antennaires possèdent de nombreuses soies. Sur le segment 1, quelques soies. Le segment 2, ne
contient que des soies courtes. Le segment 3, compte au moins 5 soies longues et rigides en plus des courtes.
Le segments 4, se divise en 16 ou 17 sous-segments, sur lesquels on trouve des soies courtes groupées par 3
ou 4. Sur les antennes de Sminthurus viridis, on observe des soies longues et rigides (segment 3) faisant penser aux sensilles olfactives, dites trichoïdes, réceptrices des phéromones. Le segment 4, le plus chargé en soies
est souvent utilisé pour toucher l’environnement et lors des contacts antennaires avec ses congénères.
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Sminthurus viridis, observation du 09-XII-15.
Note de terrain. Observations effectuées pendant l’après-midi. Météo : soleil, une température de
7,2°C et une humidité de 88%. Milieu : zone herbeuse contenant du Trèfle Trifolium. Une nouvelle
génération de Sminthurus viridis est bien présente sur les stations, comme en témoigne l’observation
de nombreux juvéniles. Par contre, les individus adultes sont désormais plus rares.
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Le saut du Sminthurus viridis.
C’est une chance de
pouvoir repérer un collembole après un saut !
Le 13 décembre 2015,
j’observais un adulte
(photo) Sminthurus
viridis se nourrissant
sur une feuille morte.
Heureusement, je n’étais
pas derrière le viseur de
mon appareil photo, et
c’est ce qui m’a permis
de savoir où retomba
le collembole après son
saut ! Le petit Sminthurus de 3 mn sauta un
distance d’environ 14
cm...bel exploit !
Collembola-tâches blanches.
Chez les collemboles adultes, on observe au niveau de l’abdomen des tâches blanches, plus où moins nombreuses. Comme le montre la photo, elles sont très visibles chez les Sminthurus viridis adultes. Lubbock et
Tullberg se sont penchés sur la question. Ces tâches ne concernent que les vieux collemboles. Plus un collembole vieillit, plus les produits d’excrétions se concentrent dans le tissu adipeux. D’une nature urique, ils
forment ainsi des tâches blanchâtres (contenant des concrétions crayeuses) que l’on voit sous la peau. Les collemcoles ne possèdent pas de tubes de Malpighi, alors ils utilisent le tissu adipeux comme moyen de stockage
de leur production urique.
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