Perceptions locales de la tuberculose dans un district rural au Malawi

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Int J Tuberc Lung Dis 2000 ; 4(11) : 1047-1051
© 2000 IUATLD
Perceptions locales de la tuberculose dans un district
rural au Malawi
A. Banerjee, A. D. Harries, T. Nyirenda, F.M.Salaniponi
National Tuberculosis Control Programme, Community Health Science Unit, Lilongwe, Malawi
________________________________________________________________RESUME
CADRE : Dans le district Ntcheu au Malawi, des entretiens ont été menés avec les guérisseurs traditionnels et des
discussions focalisées de groupe ont été organisées avec les patients et leurs tuteurs.
OBJECTIF : Déterminer 1) le nombre de patients traités par les guérisseurs traditionnels ; 2) le type de maladies
traitées par eux ; 3) les causes perçues pour ces maladies ; et 4) la façon dont les patients et les guérisseurs
considèrent la tuberculose (TB).
SCHEMA : Entretiens en profondeur et questionnaires structurés s'adressant aux guérisseurs traditionnels,
discussions focalisées de groupe avec les patients TB.
RESULTATS : Les guérisseurs traditionnels reconnaissent quatre causes principales de la maladie concernant les
raisons pour lesquelles le patient est malade plutôt que l'affection dont souffre le patient. Chaque mois,
approximativement 4600 patients sont vus par 276 guérisseurs traditionnels qui prennent en charge des maladies
variées, principalement de nature chronique. La toux était présente chez 24% des patients vus par les guérisseurs
traditionnels ; parmi ceux-ci se trouvent des patients atteints de TB. Les guérisseurs traditionnels croient pouvoir
guérir la TB et pour cette raison, nous avons fourni à ces praticiens des informations sur les formes contagieuses de
TB (cas à bacilloscopie positive). On a exploré la possibilité d'impliquer les guérisseurs traditionnels dans le
processus de diagnostic précoce.
CONCLUSION : Il est indispensable de s'intéresser aux croyances locales en matière d'éducation pour la santé et de
trouver si possible le moyen d'impliquer les guérisseurs dans la supervision du traitement.
MOTS CLE : tuberculose ; guérisseurs traditionnels ; Malawi ; Afrique sub-saharienne
L'ASSOCIATION ETROITE entre le virus de
l'immunodéficience humaine (VIH) et la
tuberculose (TB) en Afrique sous-saharienne a
entraîné une recrudescence de TB dans beaucoup
de pays de la région. Les Programmes Nationaux
de lutte contre la Tuberculose (PNT) doivent faire
face à des augmentations de charge de patients à
tous les niveaux du système de soins de santé
Comme première priorité des programmes TB,
l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS)
recommande d'atteindre des bons taux de guérison;
ce n'est qu'après avoir approché un niveau
acceptable des taux de guérison, qu'il faut chercher
à améliorer le dépistage.1 Le PNT du Malawi a
obtenu des résultats satisfaisants au cours des
quelques dernières années et bien que les taux de
guérison n'aient pas atteint la cible de 85%
recommandée par l'OMS, surtout en raison d'une
mortalité élevée parmi les patients, on a pensé
qu'on pouvait consentir plus d'efforts pour les
activités de dépistage dans certains districts-pilote.
L'OMS conseille une collaboration entre les
services de santé et le secteur des médecines
traditionnelles.2 On sait qu'au Malawi, de
nombreux patients consultent un guérisseur
traditionnel avant de recourir aux services de
médecine occidentale mis à leur disposition dans le
pays par le gouvernement ou les institutions de
santé des missions ; près de 40% des patients
atteints de TB pulmonaire à bacilloscopie positive
et traités à l'Hôpital Central Queen Elizabeth de
Blantyre ont déclaré avoir consulté un guérisseur
traditionnel avant que le diagnostic de TB n'ait été
porté.3 Toutefois, on possède peu de données sur le
nombre de patients vus par les guérisseurs
traditionnels et sur les raisons qui ont poussé les
patients à les consulter ; on ne sait pas non plus
s'ils ont consulté spécifiquement pour une toux et
une suspicion de TB. En outre, on possède peu de
données sur les connaissances des guérisseurs
traditionnels du Malawi concernant la TB en tant
que maladie et son traitement en médecine
Correspondance à : Dr Anshu Banerjee, Schepenstraat 23B, 2922 VR Krimpen a.d. Ijssel, The Netherlands. Tel: (+31)
180 – 551702. e-mail : [email protected]
[Traduction de l'article "Local perceptions of tuberculosis in a rural district in Malawi" Int J Tuberc Lung Dis
2000 ; 4(11) : 1047-1051]
2 The International Journal of Tuberculosis and Lung Disease
occidentale. De plus, on ignore s'ils accepteraient
de transférer des cas aux services de santé.
Nous faisons état d'une initiative prise dans un
district rural dans le but de connaître le nombre de
patients qui ont consulté des guérisseurs traditionnels et leurs types de plaintes, la perception de la
TB par les guérisseurs traditionnels et les patients
et les possibilités d'impliquer les guérisseurs dans
le dépistage.
METHODES
Le District de Ntcheu est situé dans la Région
centrale du Malawi et dessert une population rurale
d'environ 483.000 habitants. La population
appartient surtout à la tribu Ngoni. Quoique dans le
district de Ntcheu, il existe une Association
Nationale des Guérisseurs Traditionnels à laquelle
sont inscrits 108 guérisseurs traditionnels, la majorité des guérisseurs traditionnels ne le sont pas.
Au cours du mois de novembre 1997, l'agent
médical du district (DMO) et celui de l'éducation à
la santé du district (DHEO) ont mené des
interviews approfondis auprès de 10 guérisseurs
traditionnels sur leur lieu de travail. Le DHEO
avait d'abord contacté les guérisseurs qui avaient
donné leur accord pour l'interview. Le DMO et le
staff du Bureau de la TB du district (DTO) ont
organisé quatre discussions focalisées de groupe
sur le traitement de la TB et sur les tuteurs. Un
mois plus tard, le staff DTO et le DHEO ont
organisé des séances d'information pour des petits
groupes comportant chacun environ 10 guérisseurs
traditionnels (276 guérisseurs au total). Aussi bien
les guérisseurs inscrits que les non-inscrits ont été
contactés par les chefs de village et les « assistants
de surveillance de santé » (travailleurs de la santé
au niveau de la collectivité) ; les données quantitatives furent récoltées pour chaque guérisseur dans
un questionnaire structuré.
Les objectifs de ces interviews et du recueil des
données ont été les suivants : déterminer 1) le
nombre de patients vus par les guérisseurs traditionnels au cours d'une période déterminée de
temps ; 2) le type de maladies prises en charge par
eux ; 3) les causes perçues pour ces maladies dans
le contexte de la médecine traditionnelle ; et 4) la
façon dont la toux et la TB sont interprétées dans
ce système.
RESULTATS
Les guérisseurs rencontrés sur leur lieu de travail
pour des interviews approfondis avaient été
contactés auparavant et ont parlé librement de leur
travail. Les guérisseurs non-inscrits qui ont été
contactés par les chefs de village, en vue de
séances d'information et de collecte de données
quantitatives, ne se sont pas présentés au début par
crainte d'être signalés à la police. Ces craintes se
sont rapidement dissipées, après que les chefs de
village eurent expliqué qu'il n'en serait rien.
Interviews approfondis avec les guérisseurs
traditionnels
Causes de la maladie
Les guérisseurs traditionnels ont reconnu quatre
causes principales de la maladie qui répondent
principalement à la question de savoir pourquoi le
patient se sent malade plutôt que de quoi il souffre.
Ces quatre causes furent les suivantes :
1. Les maladies causées par les esprits (mizimu),
tels les esprits des ancêtres dont on n'a pas
respecté la mémoire ou les esprits démoniaques ; ces maladies sont surtout l'épilepsie et les
désordres psychiatriques.
2. L'ensorcellement (matsenga) : il existe de
nombreuses formes d'ensorcellement et
différentes catégories de personnes qui pratiquent la sorcellerie. Elle est pratiquée soit pour
causer du tort à quelqu'un dont on est jaloux,
soit pour se protéger soi-même, soit pour
essayer d'acquérir des richesses matérielles.
3. Un comportement sexuel insouciant (chiwerewere/kudzadisunga). Ceci peut signifier soit
avoir des relations sexuelles avec quelqu'un en
dehors du mariage (chigololo), soit avoir des
relations sexuelles dans des situations taboues.
Ceci peut entraîner différentes manifestations :
a. Chinzonono : écoulement urétral
b. Chidoko : ulcère urétral
c. Mabomo : bubon
d. Conditions traditionnelles telles que tsempo,
mphumu ou mdulo qui peuvent entraîner de la
toux, des douleurs thoraci-ques et un
amaigrissement soit chez le patient index, soit
chez un membre de la famille.
4. Les maladies infligées à quelqu'un par Dieu ou
par la malchance (kungobwera).
Diagnostic et traitement
Tous les guérisseurs disent faire appel à un
médium pour établir leur diagnostic après avoir
entendu l'histoire du patient. Les drogues utilisées
sont préparées surtout à partir de cinchona, feuilles
et racines. Beaucoup de guérisseurs traditionnels
prétendent que souvent la drogue n'est pas efficace
par elle-même sans l'ajout d’un agent activateur
(chizimba), surtout dans les cas d'ensorcellement ;
d'autres guérisseurs n'utilisent pas d'agents
activateurs. L'agent activateur dépend du type de
drogue et du type de maladie et peut être de diffé-
Perceptions locales de la tuberculose dans un district rural au Malawi
Tableau Problèmes de santé gérés par les guérisseurs
traditionnels
Problème
Diarrhée
Autre
Céphalées
Toux
Tsempo *
Douleurs abdominales
Manifestations psychiatriques
Œdème
Douleurs thoraciques
Mphumu *
Pourcentage
du total
18
17
17
11
10
7
6
5
4
3
* voir le texte pour l'explication
rentes origines (terre, herbes, racines, fragments
d'animaux). La drogue choisie peut-être prise par
la bouche, préparée comme tisane ou inhalée sous
forme de bain de vapeur. D'autres drogues sont
administrées comme des « vaccinations » : on les
frotte sur la peau après avoir pratiqué une incision.
La drogue est choisie en fonction de la cause de
la maladie. Une maladie déterminée peut avoir
différentes origines et dès lors devra être traitée en
fonction de sa cause et non pas des symptômes
objectifs et subjectifs. Les guérisseurs traditionnels
pensent que les médicaments occidentaux ne seront
pas efficaces si la maladie est causée par les esprits
ou un ensorcellement. Ils ne seront efficaces que si
la cause de la maladie est naturelle.
La tuberculose dans le système médical
traditionnel
Les guérisseurs traditionnels mentionnent plusieurs
maladies responsables de la toux. La TB en est
une, mais plusieurs autres conditions (telles que
tsempo, mphumu, le SIDA et mdulo) se présentent
avec des symptômes objectifs et subjectifs
similaires comme la toux chronique. On peut
acquérir ces maladies, y compris la TB, après
rupture de tabous sexuels ou comme suite d'un
ensorcellement, et dans ce cas, le guérisseur traditionnel pense que le traitement médical occidental
ne guérira pas le patient puisque la cause effective
n'a pas été abordée. Toutefois la TB peut résulter
aussi de la malchance ou de la volonté de Dieu et
dans ce cas, le traitement occidental est acceptable.
Données provenant des questionnaires
structurés
Les données ont été recueillies auprès de 276
guérisseurs traditionnels au total. La majorité
d'entre eux avaient été formés par un autre
guérisseur : 66 (24%) par un parent, 61 (22%) par
un autre guérisseur traditionnel, et 49 (18%) par un
autre membre de la famille (dans la plupart des cas,
3
les grands-parents). Quatre-vingt-dix-neuf d'entre
eux (36%) prétendent qu'ils ont été en contact
direct avec un esprit qui les a formés.
En une semaine, les 276 guérisseurs
traditionnels ont vu 1.716 enfants, 1.128 hommes
adultes et 1.755 femmes adultes, c. à d. 4.600
patients par semaine et en gros 20.700 par mois. Le
Tableau reprend les 10 problèmes les plus courants
gérés par les guérisseurs traditionnels. Ils ont
signalé la toux chez 24 % de tous les patients, soit
une simple toux (11%), soit tsempo (10%) ou
mphumu (3%). Plus de 75% des problèmes
relevaient de maladies chroniques. En ce qui concerne la cause de la maladie, la malchance ou la
volonté de Dieu intervenaient dans 55% des cas,
l'ensorcellement dans 23%, la rupture de tabous
sexuels dans 13% et les esprits dans 9%.
Données provenant des discussions
focalisées de groupe
Les patients et les tuteurs se sont plaints d'être
stigmatisés par leurs collectivités, principalement
parce que la TB et le SIDA sont considérés comme
équivalents dans la collectivité. D'autres croyances
se sont manifestées comme le fait que la TB peut
être transmise sexuellement (ceci est en relation
avec le fait que le VIH est transmis par voie
sexuelle), que les relations sexuelles réduisent
l'efficacité des médicaments et que les relations
sexuelles affaiblissent. Bien que l'on croie que le
VIH est transmis par voie sexuelle, on croit aussi
en général qu'une maladie ressemblant au SIDA est
causée par la sorcellerie.
DISCUSSION
Une identification précoce des cas et l'adhésion au
traitement sont les principales stratégies d'une lutte
efficace contre la TB. Le diagnostic précoce de la
TB dépend de la reconnaissance des symptômes et
du comportement de quête de la santé. Pour mieux
comprendre si les symptômes sont décelés, il est
important de savoir comment les gens classent
dans leur propre culture les symptômes relatifs à la
TB et leurs causes.
Les interviews approfondis ont montré que les
guérisseurs traditionnels travaillent dans un
système médical où les esprits, la sorcellerie et la
rupture des tabous sont considérés comme les
causes principales de maladie, à côté de la
malchance et de la volonté de Dieu. En outre, notre
étude révèle que ce groupe de praticiens voit
beaucoup de patients : en un mois les guérisseurs
traditionnels ont vu environ 20.700 patients
comparés au 31.000 vus par mois à l'hôpital du
district et dans ses centres de santé externes
(Rapport annuel 1997, District de Ntcheu,
4 The International Journal of Tuberculosis and Lung Disease
Ministère de la Santé, Malawi). Toutefois, on n'a
peut-être pas interviewé tous les guérisseurs
traditionnels, et dans ce cas, le nombre de patients
vus par eux serait plus important encore. Dans la
présente étude, les guérisseurs traditionnels ont eu
surtout à faire à des patients atteints d'affections
chroniques dont beaucoup souffraient de toux
chronique. Les guérisseurs traditionnels traiteront
ces patients puisqu'ils croient qu'ils peuvent leur
offrir la guérison en fonction de la cause qu'ils ont
déterminée.
Bien que les guérisseurs traditionnels ne
constituent pas un groupe homogène et qu'ils
peuvent avoir des pratiques différentes, ils sont
souvent les premiers à être contactés pour les soins
de santé. Puisqu'en Afrique, les patients croient
que leurs maladies sont curables par les guérisseurs
4-6
, on pourrait positionner ces derniers comme une
étape intermédiaire afin de réduire les délais de
transferts.7 Il est dès lors important de discuter
avec les guérisseurs de la forme contagieuse de la
TB (cas à bacilloscopie positive) de telle sorte que
ces patients soient référés aux centres de santé pour
l'examen des expectorations. Ceci amènera aussi le
patient plus tôt en contact avec les services
médicaux. A Ntcheu, au cours des séances d'information, on a donné aux guérisseurs des
informations au sujet de la TB, de sa transmission,
de son diagnostic et de son traitement. On les a
encouragés, tout en continuant leurs propres
occupations, à référer au centre de santé le plus
proche tout patient qui tousse depuis plus de 3
semaines en utilisant une lettre de transfert en
langue locale. Si le résultat du frottis s'avère
positif, on informera le patient et le guérisseur
traditionnel que la maladie est contagieuse et que
le patient devrait être traité à l'hôpital. C'est par ce
procédé, que l'hôpital sera à même de mesurer
l'impact des séances d'information avec les
guérisseurs traditionnels.
Puisque 29% des guérisseurs traditionnels ne
font pas partie de la tribu principale du district de
Ntcheu (résultats non présentés) et que c'est durant
le dernier siècle que les Ngonis ont migré
d'Afrique du Sud vers le Malawi, nous pensons
qu'il pourrait y avoir de nombreuses ressemblances
dans la façon dont les guérisseurs traditionnels
approchent la maladie et la TB dans les régions du
Sud de l'Afrique. Tandis que nos observations
montrent que certaines maladies sexuelles se
voient attribuer la même cause que celle de la
biomédecine, d'autres maladies sont mises en
relation avec les tabous sexuels, par exemple
tsempo. Au Botswana, les guérisseurs Tswana
classent les maladies en « maladies européennes »
(maladies importées) et « maladies Tswana » qui
sont culturellement spécifiques et incompréhensibles pour la biomédecine. La TB est une maladie
européenne, mais tibamo (cliniquement similaire à
la TB, causée par l'adultère) est une maladie
Tswana, curable seulement par un guérisseur
Tswana. Comme conséquence de cette classification, le patient peut rejeter complètement le
traitement clinique dans son processus de quête de
la santé.8 Au Kenya, les patients ne se tracassent
pas pour une toux persistante qu'ils n'attribuent pas
à la TB en l'absence d'amaigrissement, de crachement de sang et de fièvre. On croit que l'ensorcellement en est une des causes.4
En raison du surpeuplement des hôpitaux, de
l'augmentation de la charge des cas et du manque
de ressources, il faut trouver d'autres personnes à
impliquer dans le traitement de la TB.9 L'adhésion
au traitement est liée à l'importance du soutien
social10 et à l'adhésion après un mois de traitement.11 Pour affronter ces problèmes, on a
implanté dans le district de Ntcheu un programme
de traitement basé sur la collectivité où la supervision est basée sur les tuteurs.12
Les guérisseurs traditionnels sont disposés à
incorporer les connaissances biomédicales dans
leur mode de pensée, s'ils voient que les patients
sont guéris.8,13,14 Les patients eux aussi ont une vue
pragmatique, faisant usage de tout système médical
qu'ils considèrent comme bénéfique. Récemment,
certains chercheurs15,16 se sont focalisés sur une
réinterprétation des croyances traditionnelles dans
le but de faciliter l'introduction de nouvelles
interventions ; au Zaïre, on a signalé les succès du
travail accompli avec les guérisseurs pour la
promotion du préservatif. Dès lors, une coopération avec les guérisseurs traditionnels en tant que
superviseurs des traitements délivrés dans la
collectivité pourrait augmenter la qualité et
l'accessibilité du programme et devrait être tentée.
Il est inquiétant de constater qu'au Malawi les
patients perçoivent la TB comme synonyme de
VIH/SIDA. Ceci augmente le problème de la
stigmatisation des patients TB, puisque le SIDA est
souvent considéré comme une maladie honteuse.
La crainte que d'autres membres de la famille
puissent être infectés et qu'il puisse y avoir
transmission à la collectivité rend difficiles les
relations de la collectivité avec les sujets infectés
ou même avec leurs familles. Il peut aussi amener
les membres de la famille à arrêter de rencontrer le
patient infecté ou à refuser de le faire. Cette peur
de l'ostracisme peut empêcher les patients d'avoir
recours aux soins de santé conventionnels et aux
services sociaux avec comme résultat qu'ils
pourraient préférer se rendre chez un guérisseur
plus discret17, ou au pire, refuser de se soigner.6
Perceptions locales de la tuberculose dans un district rural au Malawi
CONCLUSION
Pour les PNT qui désirent améliorer le dépistage,
l'implication des guérisseurs traditionnels pourrait
être bénéfique. Il faut encourager la coopération et
le respect mutuel entre les guérisseurs traditionnels
et les travailleurs de santé occidentaux. Il est
encore nécessaire d'explorer la façon d'impliquer
les guérisseurs dans la supervision du traitement au
Malawi. Etant donné la nécessité pour les PNT de
tenir compte des croyances et des besoins des
patients, il serait très utile de mettre en route des
enquêtes locales sur la connaissance et les
comportements pour élaborer et mettre en œuvre
des programmes de contrôle, surtout en matière
d'éducation à la santé, en tenant compte des
croyances et des idées erronées.6,18 Il y a là un
travail ethnographique important à réaliser. Il est
dès lors évident qu'un sociologue devrait faire
partie du PNT afin d'explorer le mode de quête de
la santé, de développer une éducation à la santé
adéquate et d'explorer les moyens d'impliquer les
guérisseurs traditionnels dans le transfert des
patients pour le diagnostic et dans la supervision
du traitement.
4
5
6
7
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9
10
11
12
13
Remerciements
Nous remercions les agents TB du district et l'agent de
l'éducation à la santé du district de Ntcheu de leur aide pour la
conduite des interviews et des discussions focalisées de
groupe. Nous remercions le Department for International
Development, UK, de son soutien financier. L'étude a reçu
l'approbation éthique du National Health Science Research
Committee.
16
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