Tempête, brouillard et embellies

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Conjoncture
et risques économiques
Le Bulletin
Économique
N° 1205-1206
mars-avril 2014
www.eulerhermes.com
Tempête,
brouillard
et embellies
Quel temps pour la
croissance mondiale ?
Études économiques
* Notre savoir au service de votre réussite
*
Le Bulletin Économique N° 1205-1206 | mars avril 2014 | Conjoncture et risques économiques
Euler Hermes
Sommaire
direction des études économiques
du Groupe euler Hermes
le bulletin
Économique
n° 1205-1206
3
éditorial
4
vue d'ensemble
8
évolution des risques Pays
10
zone de temPête Politique :
destins divergents et risque de
contagion
10
◼ ukraine : une épreuve décisive pour la
Russie ?
11
◼ turquie : des secousses, mais pas de
séisme
12
zone de brouillard économique :
quand un nouveau business model
s’impose
12
◼ brésil : mauvais mélange
13
◼ inde : libérez la croissance !
14
◼ afrique du sud : fini le maillot jaune
15
◼ France — allemagne : toujours aussi
différents
16
zone d’embellie de la conFiance :
garder le rythme
16
◼ états-unis : après l’hiver vient le
printemps
17
◼ chine : transition, acte II
18
◼ conseil de coopération du Golfe :
du pétrole et des idées
19
◼ europe du sud — royaume-uni :
y a-t-il une vie après l’austérité ?
conjoncture
et risques économiques
le bulletin économique du Groupe
euler Hermes est publié mensuellement
par la Direction des Études économiques
du Groupe Euler Hermes. Il est destiné
aux clients du Groupe Euler Hermes,
mais est aussi disponible sur abonnement
pour des entreprises ou organismes extérieurs. Reproduction autorisée sous réserve de mention de la source. Se renseigner auprès de la Direction des Études
économiques
directeur de la publication et chef
économiste : Ludovic Subran
études macroéconomiques et risques
pays : Frédéric Andres, Andrew Atkinson,
Ana Boata, Mahamoud Islam, Dan North,
Daniela Ordoñez, Manfred Stamer (Économistes pays), Nicolas Bargas, Sarah
Bosse Platière et Clémentine Cazalets
(Assistants de recherche)
études sectorielle et défaillances d’entreprises : Maxime Lemerle (Responsable), Bruno Goutard, Yann Lacroix, Marc
Livinec, Didier Moizo (Conseillers sectoriels)
édition : Martine Benhadj
conception graphique : Claire Mabille
administration et documentation :
Lætitia Giordanella
Pour tous renseignements : Direction
des Études économiques 1, place des
Saisons 92 048 Paris La Défense CEDEX
– Tél. : +33 (0) 1 84 11 50 46 – Courriel :
[email protected] > Euler
Hermes – Société anonyme à directoire
et conseil de surveillance au capital de
14 509 497 €, RCS Paris B 388 236 853
impression : Imprimerie Adelinet 27500
Pont Audemer – Dépôt légal mars
avril 2014 ; issn 1 162 – 2 881 - Achevé
de rédiger le 15 avril 2014 ◾
2
20
les bulletins économiques
de l’année
21
nos Publications disPonibles
22
imPlantations
Euler Hermes
Le Bulletin Économique N° 1205-1206 | mars avril 2014 | Conjoncture et risques économiques
éditorial
Game of Thrones
ludovic subran
Pas de panique : je viens tout juste de commencer la série, cet édito ne vous
Le découpage entre zones de tempête politique, de brouillard économique et
dévoilera donc aucun secret. La raison pour laquelle j’ai choisi de comparer
d’embellies de la confiance que nous vous proposons dans ce rapport pourrait
l’économie mondiale à Game of Thrones 1, c’est qu’aujourd’hui plus que
tout à fait provenir des meilleurs épisodes de Game of Thrones.
jamais, la fiction est au plus près de la réalité. J’irai même plus loin : les
Lorsque nous avions identifié en début d’année les 10 nouvelles règles du jeu
dirigeants et observateurs économiques internationaux feraient mieux de
pour 2014, nous ne pensions pas que certaines allaient rebattre les cartes dès
regarder plus souvent HBO et de passer moins de temps dans les réunions
le premier trimestre ! La fragilité de (certains) pays émergents, la transition
dont le nom commence par un “G“.
(tous azimuts) de la Chine, les tensions déflationnistes dans les économies
Dans la série, les familles royales du continent fictif de Westeros (qui évoque
avancées et les risques politiques flagrants figurent actuellement parmi les
fortement certaines régions d’Europe de l’Ouest) complotent les unes contre
variables clés de la croissance économique et du commerce mondial.
les autres et s’entre-tuent – ni la Commission européenne ni la Banque
Des accès d’égocentrisme de certains poids lourds aux évolutions fulgurantes
centrale européenne n’apparaissent au générique. Au sud, Daenerys
des modèles économiques, qui décideront du succès ou de l’échec de la
Targaryen fomente l’invasion de Westeros et revendique le Trône de Fer.
propagation de la reprise du secteur privé, en passant par les regains de
L’analogie avec les pays des BRICS est limpide : les Dragons et les Marcheurs
confiance, brefs instants de grâce dans une économie qui n’est pas de tout
Blancs représentent les gains de compétitivité et le développement industriel
repos, il est possible que les scénaristes de Game of Thrones s’inspirent de
des pays émergents. Dans le monde réel, l’Amérique (comme Westeros)
l’actualité de leurs spectateurs pour les prochaines saisons.
semble oublier ce qui se passe à Essos (l’Est). Les récentes évolutions du
conflit entre l’Ukraine et la Russie et la manière dont Westeros gère la
situation jusque-là confirment ma théorie.
La parabole est relativement simple. Alors que l’économie mondiale reprend
progressivement pied, on assiste à une montée des risques politiques :
interventionnisme, guerre des devises ou bien encore protectionnisme.
Ajoutez-y l’émergence de nouveaux blocs régionaux (les “Royaumes“ de la
série) qui lorgnent tous sur les matières premières, les réserves de change ou
l’influence de leur voisin, et vous obtenez tous les ingrédients d’une série
1
Le Trône de Fer
télévisée.
3
Le Bulletin Économique N° 1205-1206 | mars avril 2014 | Conjoncture et risques économiques
Euler Hermes
vue
d’ensemble
Tempête, brouillard et embellies
Quel temps pour la croissance mondiale ?
études macroéconomiques et risques Pays
La croissance mondiale devrait se reprendre (+2,9 % en
2014), mais les risques baissiers restent importants
Les économies avancées
prennent de la vitesse, avec une
croissance attendue à +2 % en
2014, la plus élevée depuis
2010. Le Royaume-Uni (+2,4 %)
et les pays de la zone euro
(+1 %) continuent sur leur
lancée positive (même si la
reprise dans la zone euro reste
fragile, notamment dans les
pays du sud de l’Europe) tandis
que les États-Unis ont été
quelque peu pénalisés par un
hiver particulièrement
rigoureux (+2,8 %). Au Japon, la
politique “Abenomics“ continue
de soutenir la croissance
Si les économies émergentes
resteront les principaux
moteurs de la croissance
mondiale (+1,6 pp), les
attentes ont été révisées à la
baisse en raison de la
dégradation des perspectives
de la Russie (+0,7 %), du Brésil
(+2 %), de la Turquie (+3 %) et
de l’Afrique du Sud (+2,8 %).
En décembre 2013, nous avons dévoilé nos 10
nouvelles règles du jeu pour la croissance mondiale en 2014 1. Sur ces dix points, trois se sont révélés déterminants: (1) la désinflation dans les
économies avancées, (2) la fragilité des marchés
émergents et (3) les anciens et nouveaux risques
économies émergentes.
%, croissance mondiale
5,5%
5
4,5%
Désinflation dans les
économies avancées
Amérique du Nord
4
3
les règles du jeu de
l’économie mondiale
ont-elles changé ?
(géo) politiques en 2014, en particulier dans les
Commerce mondial et contributions régionales aux importations mondiales
6
(+1,2 %), même si de nouvelles
mesures de soutien seraient
nécessaires pour alimenter le
moteur économique. Au final,
l’activité économique reste bien
répartie entre économies
avancées et pays émergents.
Amérique latine
Europe de l’Ouest
2,3%
Le ralentissement de l’économie mondiale depuis
2,1%
Europe de l’Est
2012 a pesé sur l’inflation qui s’est progressive-
2
Asie-Pacifique
1
0
ment modérée aux États-Unis, au Royaume-Uni
Moyen-Orient et Afrique
et surtout dans la zone euro, en particulier dans
Importations mondiales
les pays du sud de l’Europe. Des facteurs à la fois
cycliques et structurels ont en effet mis les prix à
-1
12
13e
14p
la consommation sous pression. Parmi eux, la fai-
15p
Sources : IHS Global Insight, Euler Hermes
1
4
Voir le Bulletin Économique n° 1202-1203, “Dix nouvelles Règles du jeu pour 2014“.
Euler Hermes
Le Bulletin Économique N° 1205-1206 | mars avril 2014 | Conjoncture et risques économiques
Évolution du taux directeur
depuis mai 2013
points de base
500
400
300
200
100
0
Turquie
Brésil
Inde
Indonésie
Colombie
Afrique du Sud
Mexique
Philippines
Chili
-100
blesse de la demande, le niveau élevé du chômage,
massives de capitaux et à conserver un taux de
la contraction du crédit, l’ajustement du coût du
change à peu près stable sans avoir à inonder le
travail, les surcapacités du secteur industriel, le
marché de devises ou à relever fortement les taux
repli des prix des matières premières, la concur-
directeurs. Ils n’ont pas non plus eu besoin de pui-
rence (notamment dans les secteurs des télécom-
ser outre mesure dans leur boîte à outils politique.
munications et de l’automobile) et les délocalisa-
Les pays tels que l’Inde ou le Brésil forment un
tions (notamment dans le textile). La BCE devrait
deuxième groupe: celui des pays qui ont dû dé-
intervenir de nouveau, en abaissant légèrement
ployer leur arsenal économique pour limiter les
ses taux après le mois de juin et en lançant de
sorties de capitaux, éviter une dépréciation de leur
nouvelles mesures non conventionnelles (rachats
devise et maîtriser l’inflation. Dans ces pays, la
d’actifs privés ou liquidités ciblées à destination
réactivité des autorités s’est avérée déterminante.
des PME) au T3-T4 2014, à l’issue de sa Revue de
L’Inde, l’Indonésie ou le Brésil, par exemple, ont
la Qualité des Actifs (AQR) et des stress tests.
progressivement relevé leurs taux directeurs dès
le S2 2013, limitant ainsi l’impact sur l’économie
Sources : IHS Global Insight, Euler Hermes
Dans les économies
émergentes, les destins
divergent
Dépréciations des monnaies
des “10 Fragiles” à fin janvier
USD/devise locale, %
60
Dépréciation depuis le 21 mai 2013
(première allusion au ralentissement des rachats d’actifs de la Fed)
50
Dépréciation depuis le 17 décembre 2013
(annonce du au ralentissement des rachats d’actifs de la Fed)
40
30
réelle. La banque centrale turque a tardivement
relevé son taux directeur de 550 pb, un retard qui
a plombé les perspectives de croissance du pays
pour 2014. Enfin, des pays comme l’Argentine ou
le Venezuela, dont les politiques macroécono-
Comme cela avait déjà été le cas en fin d’année
miques sont peu orthodoxes, ont vu leurs pro-
dernière, la capacité des économies émergentes
blèmes aggravés par le changement de la politique
à faire face aux conséquences suite au ralentisse-
monétaire de la Fed même si les principales rai-
ment des rachats d’actifs par la Fed dépend forte-
sons de leurs difficultés sont d’ordre interne.
ment de leurs fondamentaux économiques. Pour
20
remédier au rapatriement des liquidités vers les
10
fois réactives et flexibles. Et, en la matière, les choix
Les risques (géo)
politiques refont surface
ont été très variés. Les pays affichant des politiques
Les risques (géo) politiques ont joué un rôle plus
macroéconomiques traditionnellement saines,
notamment le Chili, ont réussi à éviter les sorties
important que nous ne l’anticipions. Le conflit
syrien n’est pas terminé et pénalise les pays voi-
États-Unis, les autorités doivent se montrer à la
Sources : IHS Global Insight, Euler Hermes
Chili
Mexique
Colombie
Inde
Philippines
Brésil
Afrique du Sud
Turquie
Indonésie
Argentine
0
5
Le Bulletin Économique N° 1205-1206 | mars avril 2014 | Conjoncture et risques économiques
Croissance du PIB, en %
Euler Hermes
Balances courantes
Poids*
2012
2013
2014f
2015f
mds USD
1500
Russie
GIPE
monde
100
2,5
Pays avancés
62
1,4
Pays émergents
38
4,4
amérique du nord
25
2,7
États-Unis
23
2,8
2,3
2,9
3,2
1,2
2,0
2,4
4,1
4,3
4,6
1,9
2,7
3,1
1,9
2,8
3,2
Canada
3
1,7
2,0
2,6
2,7
amérique latine
8
2,7
2,6
2,6
3,0
Brésil
3
1,0
2,3
2,0
2,5
Europe de l’Ouest
23
-0,3
0,1
1,3
1,3
Royaume-Uni
3
0,3
1,7
2,4
2,5
Suède
3
1,3
1,5
2,4
2,8
zone euro
17
-0,6
-0,4
1,0
1,4
Allemagne
5
0,9
0,5
1,7
1,9
France
4
0,0
0,3
0,7
1,2
Italie
3
-2,5
-1,8
0,4
0,9
Espagne
2
-1,6
-1,2
0,6
1,2
Pays-Bas
1
-1,3
-0,8
0,9
1,3
Grèce
0
-7,0
-3,9
-0,1
0,6
Irlande
0
0,2
-0,3
1,6
1,8
Portugal
0
-3,2
-1,4
1,0
1,3
europe centrale et orientale
6
2,1
1,8
1,6
2,5
Russie
3
3,4
1,3
0,7
2,0
Turquie
1
2,2
4,0
3,0
4,2
Pologne
1
1,9
1,6
3,0
2,4
asie
29
4,6
4,7
4,7
4,7
Chine
11
7,7
7,6
7,5
7,3
Japon
8
1,4
1,5
1,2
1,1
Inde
3
3,2
4,4
5,3
5,8
océanie
2
3,5
2,4
2,8
3,0
Australie
2
3,6
2,4
2,8
2,8
moyen orient
4
3,2
2,6
3,6
4,2
Arabie Saoudite
1
5,8
3,8
4,5
5,0
Émirats Arabes Unis
1
4,4
3,5
4,0
4,0
afrique
2
6,1
4,0
4,4
5,1
Afrique du Sud
1
2,5
1,8
2,8
3,5
Maroc
0
2,7
4,5
4,5
5,0
* Pondération PIB 2012 à taux de change courant, en %
Sources : FMI, IHS Global Insight, prévisions Euler Hermes
Flux entrants de capitaux depuis le début
de l'année
mds USD
5
4
3
2
1
0
Sources : Bloomberg, Euler Hermes
Inde
Indonésie
Afrique du Sud
Turquie
Brésil
Philippines
Thaïlande
-1
CCG
500
Asie
CCG
Allemagne
Grande Chine
‘‘10 Fragiles’’
Allemagne
0
USA
‘‘10 Fragiles’’
Europe du Sud
-500
Japon et Corée du Sud
États-Unis
-1000
-1500
00
02
04
06
08
10
12
14
Sources : IHS Global Insight, Euler Hermes
+0,7 %
Prévision
de croissance
du PIB en Russie
en 2014
sins, notamment le Liban et la Jordanie, tandis
que l’Égypte continue sa répression des Frères
musulmans, aggravant la rupture au sein de la
société. Alors que l’Iran tente de renouer des relations au niveau international, il ne fait aucun
doute que le risque politique restera un facteur
prédominant au Moyen-Orient. Les troubles politiques en Thaïlande ne faiblissent pas, dans un
contexte de profonde division de la classe politique avec les partisans du régime Thaksin d’un
côté et les opposants menés par Suthep Thaugsuban de l’autre. Même si ces turbulences n’ont
pas eu d’impact majeur sur l’économie, la durée
du conflit et son aspect de plus en plus clivant
pourraient finir par peser sur les perspectives de
croissance. Le Venezuela, lui aussi confronté à
des manifestations violentes, continue de s’enfoncer dans une spirale économique baissière
qui ne semble avoir aucune issue. En Turquie,
économie et politique ne font pas bon ménage,
2
6
1000
assombrissant les perspectives de croissance. Le
pays reste sensible à l’évolution de la confiance
des investisseurs, le déficit courant étant principalement financé par des entrées de capitaux à
court terme. Par ailleurs, la détérioration des
conditions financières est survenue en même
temps qu’un vaste scandale de corruption qui a
déclenché un affaiblissement du soutien électoral
du Premier ministre Recep Erdogan. Même si les
élections locales qui se sont déroulées en mars
ont renforcé sa position, le Premier ministre doit
composer avec les partisans de Fethullah Gulen
(ce qui pourrait diviser encore plus la société
turque). Les élections présidentielles, en août, seront donc à suivre de très près. Enfin, les risques
géopolitiques ont fait leur retour en Europe avec
le conflit en Crimée. Celui-ci a d’ores et déjà eu
un impact sur les perspectives de croissance de
la Russie, dont le PIB ne devrait croître que de
+0,7 % en 2014. Si, comme nous le prévoyons, la
situation ne s’envenime pas plus, les conséquences économiques au-delà de la Russie et de
l’Ukraine devraient rester limitées. Pourtant, des
risques baissiers subsistent, notamment si la Russie annexe d’autres parties de l’Ukraine.
S’adapter à l’évolution de la
politique monétaire de la Fed
Pour savoir quelles économies émergentes sont
les plus vulnérables à court terme, nous avons
classé les pays en fonction de leur fragilité vis-àvis du ralentissement des rachats d’actifs de la Fed
et de leur dépendance à l’égard des exportations
vers la Chine (pour identifier les pays qui pourraient
être touchés par un ralentissement de la croissance
chinoise et la transformation de son modèle économique). Nous avons élaboré une liste des pays
plus vulnérables à court terme, les “10 fragiles“
(Argentine, Indonésie, Turquie, Brésil, Afrique du
Sud, Inde, Chili, Colombie, Philippines et Mexique),
que nous surveillons de manière constante 2.
Pour plus d’informations, vous pouvez consulter notre Economic Insight intitulé “The Fragile 10 : Turbulences but no crash“
(disponible uniquement en anglais), publié le 6 février 2014.
Euler Hermes
Le Bulletin Économique N° 1205-1206 | mars avril 2014 | Conjoncture et risques économiques
Les
‘‘10 Fragiles’’
deviennent les 4 ‘’rétablis’’
les ‘’ 5 fébriles’’
et l’Argentine
La qualité des politiques économiques, la réactivité
des autorités face au changement de la politique
monétaire de la Fed et la montée des risques (géo)
politiques ces derniers mois ont montré que certains de ces pays disposent de plus de marges de
manœuvre pour résister à la tempête. Nous avons
donc séparé les “4 résistants“ (Chili, Mexique, Colombie et Philippines) des “5 précaires“ (Inde, Indonésie, Brésil, Afrique du Sud et Turquie), plus
l’Argentine. Les “4 résistants“ ont réussi à contrebalancer les sorties de capitaux sans être
contraints de resserrer leur politique monétaire.
La dépréciation de leurs devises est restée relativement contenue et leurs réserves de change
sont restées globalement stables. Par ailleurs, l’impact négatif sur l’économie réelle s’est avéré limité.
Ces économies, reconnues pour leurs politiques
macroéconomiques saines, leur bonne qualité
des institutions (Chili), des réformes favorables
aux entreprises (Mexique), une dette publique et
extérieure limitée (Colombie) ou une banque
centrale réactive et crédible (Philippines) n’ont
pas été confrontées à une trop forte perte de
confiance des investisseurs. Les “4 résistants“ devraient continuer de bénéficier de perspectives
plutôt favorables. Les “5 précaires“ restent vulnérables (déficits courants, forte dépendance
aux financements étrangers de court terme, inflation et contexte économique toujours en
demi-teinte). Face à la subite perte de confiance
Évolution des réserves de change
depuis mai 2013
cap sur l’avenir : qui
aura le vent en poupe?
mds USD
15
10
5
0
-5
-10
-15
Chili
Mexique
Colombie
Inde
Philippines
Afrique du Sud
Brésil
Turquie
Indonésie
Argentine
-20
Sources : IHS Global Insight, Euler Hermes
des investisseurs, ces pays ont été contraints de
réagir dans l’immédiat avec plus ou moins de
succès. Le calendrier politique renforce les incertitudes puisque des élections se déroulent
cette année dans ces cinq pays. L’Inde a tiré son
épingle du jeu grâce à une banque centrale crédible et déterminée à enrayer l’inflation, l’amélioration de la confiance des entreprises, au rebond de la production industrielle et à la
réduction du déficit de la balance courante. L’Indonésie a fait ses preuves grâce à des politiques
macroéconomiques globalement saines (en dépit des scandales de corruption), même si les
élections présidentielles de juillet constituent un
élément d’incertitude. Les résultats sont plus mitigés au Brésil et en Afrique du Sud où la croissance reste atone alors que les pressions inflationnistes restent élevées. Des réformes
structurelles profondes seront nécessaires afin
d’améliorer le climat des affaires et ainsi relancer
l’investissement. Dans le cas du Brésil, la diversification industrielle et la compétitivité seront des
éléments déterminants. En Afrique du Sud, il serait nécessaire d’améliorer les relations sociales,
de parvenir à une gouvernance fiable et de prendre des mesures à nouveau favorables aux entreprises. En Turquie des mesures ont été prises
pour contrer les sorties de capitaux, mais les difficultés politiques ont nui à leur succès. En résumé, nous estimons que le pire est passé pour
ces cinq pays, les contre-mesures adoptées commençant à porter leurs fruits, même si des
risques subsistent. Enfin, l’Argentine est un cas
à part : il s’agit du seul pays des “10 fragiles“ dont
les perspectives économiques continueront de
pâtir de politiques macroéconomiques défavorables et de problèmes internes, sans véritable
espoir d’amélioration avant les élections de 2015.
Si les mesures économiques et les orientations
politiques ont sans aucun doute un rôle majeur
à jouer, il ne faut pas oublier l’importance de la
confiance. À l’échelle mondiale, la confiance
continue de progresser en dépit des mauvaises
nouvelles en provenance de Chine et d’Ukraine,
grâce à un redressement aux États Unis et en
zone euro. Sur les marchés financiers, l’aversion
au risque recule et la confiance revient progressivement dans les marchés émergents. Les actifs
des pays émergents ont notamment amorcé un
redressement depuis fin janvier à la faveur d’un
regain de confiance à l’égard de l’Asie et de
Investissements directs étrangers
mds USD
400
350
300
250
200
150
Russie
100
‘’ 10 Fragiles’’ 1
GIPE 2
50
Allemagne
0
05
06
07
08
09
10
11
12
13 14p
Argentine, Indonésie, Turquie, Brésil, Afrique du Sud, Inde, Chine,
Colombie, Philippines et Mexique
Grèce, Irlande, Portugal et Espagne
1
2
Sources : IHS Global Insight, Euler Hermes
l’Amérique latine, qui est venu compenser les
tensions en Europe de l’Est.
À la lumière de ces éléments, nous distinguons
zones de tempête, de brouillard et d’embellies.
La Russie, l’Ukraine, et dans une moindre mesure
la Turquie, restent des zones de tension en raison
des risques (géo) politiques. Le Brésil, l’Afrique
du Sud et l’Inde dans une moindre mesure, apparaissent de leur côté comme des brouillards
économiques qui vont devoir s’adapter à un
monde où les investisseurs semblent discriminer
davantage les pays émergents en fonction de
leurs fondamentaux économiques. Pourtant, les
économies émergentes ne seront pas les seules
à devoir ajuster leur modèle économique. Une
convergence entre la France et l’Allemagne semble s’imposer. En effet, la France semble entamer
un cycle de réformes structurelles en vue de regagner en compétitivité alors que les exportations allemandes pourraient pâtir des pressions
déflationnistes dans la zone euro. À l’inverse, les
États Unis et le Royaume Uni vont, selon nous,
faire figure de zones d’embellie où la croissance
s’accélère. Leur objectif sera donc de maintenir
ce cap. Le sud de l’Europe affiche également des
signes de redressement des perspectives économiques et la confiance revient après plusieurs
années d’ajustements douloureux et d’austérité.
Grâce à une croissance dynamique, une consommation interne solide et une amélioration du
contexte économique, les échanges commerciaux avec les pays du CCG devraient également
éclairer une économie mondiale en pleine mutation. Enfin, les perspectives en Chine devraient
rester positives face au changement de son modèle économique puisqu’elle dispose des outils
suffisants pour assurer le succès de la transition
comme elle l’a déjà fait par le passé.
7
Le Bulletin Économique N° 1205-1206 | mars avril 2014 | Conjoncture et risques économiques
Euler Hermes
évolution
des
risques pays
1er trimestre 2014
six pays ont changé
de niveau de risque
au 1er trimestre 2014
études macroéconomiques et risques Pays
6
pays
connaissent une
amélioration du niveau
de risque
Pays-bas
risque
de moyen terme :
l’échelle comporte 6 crans :
aa représente le risque
le plus faible,
d le plus élevé.
risque
de court terme :
l’échelle comporte 4 crans :
1 représente le risque
le plus faible,
4 le plus élevé.
8
aa2
aa1
Les perspectives économiques se sont améliorées
ces derniers mois et la croissance devrait atteindre
+0,9 % en 2014 et +1,3 % en 2015. Les défaillances
d’entreprises devraient se stabiliser en 2014, mais à
un niveau record. Le risque de financement à court
terme reste limité grâce à un déficit budgétaire et
des charges d’intérêt maîtrisées, un excédent
courant important et une amélioration de la santé
du secteur bancaire.
malte
aa2
a1
Depuis 2010, le pays s’est montré relativement
résilient. La croissance devrait atteindre +2,1 %
en moyenne en 2014 et 2015. Le risque de
financement restera modéré sur les 6 à 12
prochains mois, même si certaines faiblesses
pèseront sur les perspectives à moyen terme
(dette publique et extérieure élevée, fragilité du
secteur bancaire, dépendance excessive vis-à-vis
du tourisme et des exportations de semiconducteurs).
Euler Hermes
Le Bulletin Économique N° 1205-1206 | mars avril 2014 | Conjoncture et risques économiques
Philippines
c3
b2
La résistance de l’économie aux chocs
extérieurs, le dynamisme de la croissance au
cours de la dernière décennie, la solidité de la
position extérieure, l’amélioration notable
des finances publiques et un contexte
porteur pour les entreprises sont autant
d’indicateurs qui plaident en faveur d’une
nette amélioration de l’environnement
macroéconomique.
algérie
c3
c2
L’excédent de la balance courante, dopé par des
revenus pétroliers et gaziers solides, permet au pays
d’accumuler des réserves de change. Ces dernières
s’élèvent à environ 190 milliards USD, ce qui
correspond à plus de 30 mois d’importations. Le
service de la dette extérieure reste par ailleurs à des
niveaux très bas. Nous tablons sur une croissance de
+4,5 % en 2014 et +4,0 % en 2015 grâce au soutien
apporté par les dépenses publiques (notamment de
grands projets d’infrastructures).
roumanie
c3
b2
Les fondamentaux macroéconomiques
continuent de s’améliorer (déficit courant et
déficit budgétaire en baisse, dette publique
contenue), bien que la dette extérieure reste
importante (68 % du PIB en 2013). Nous
prévoyons une croissance d’environ +3 % en
2014 et en 2015, s’accompagnant d’une baisse
des défaillances d’entreprises.
Kenya
c3
c2
Le pays encourage activement la diversification
de l’économie pour réduire le poids des secteurs
traditionnels. L’utilisation de la téléphonie
mobile a permis une meilleure diffusion des
services bancaires et financiers. Les perspectives
à moyen et long terme semblent favorables,
reflétant le rôle de centre névralgique régional
du pays et les nouvelles perspectives offertes
par les ressources en énergie.
9
Le Bulletin Économique N° 1205-1206 | mars avril 2014 | Conjoncture et risques économiques
Euler Hermes
Impact sur la croissance du PIB
points de pourcentage
zone de tempête politique : destins
divergents et risque de contagion
120
milliards
USD
manFred stamer
L’Ukraine : une
épreuve décisive pour
la Russie ?
scénarios de crise
Les événements en Ukraine, où une
crise politique nationale a dégénéré
en conflit avec son voisin russe après
l’annexion de la Crimée, ont d’ores
et déjà pénalisé les économies des
deux pays. L’impact sur l’Europe est
pour l’heure négligeable.
impact sur l’ukraine
Dans notre scénario central (aucune autre région d’Ukraine n’est
occupée et la Russie n’est donc pas
massivement sanctionnée - probabilité de 80 %), les perspectives d’un
programme de financement international mené par le FMI réduisent
les risques immédiats d’une crise
de la balance des paiements et d’un
défaut souverain en Ukraine. Pourtant, les principales conditions exigées par le FMI – austérité budgétaire et taux de change flexible –
freineront nettement la demande
intérieure. Nous estimons que le PIB
réel se contractera de 3 % en 2014.
Flux nets de capitaux
mds USD
60
30
0
-30
-60
-90
-120
-150
04
05
06
07
08
09
10
11
12
13
Sources : Banque Centrale de Russie, Euler Hermes
10
14
devraient quitter
la Russie en 2014
En outre, les consommateurs étant
voués à faire les frais de la majeure
partie des ajustements, la mise en
place des réformes sera problématique. Le risque de financement extérieur restera donc élevé à moyen
terme. Dans un scénario alternatif
(la Russie intervient dans l’est et le
sud-est de l’Ukraine et l’Occident
impose des sanctions économiques
drastiques - probabilité de 20 %), les
conséquences sur l’Ukraine restent
très difficiles à anticiper, même si
une récession bien plus marquée
serait inévitable.
impact sur la russie
Dans notre scénario central, nous
avons révisé les prévisions de croissance de la Russie pour 2014 à
+0,7 % (contre +2,6 % auparavant)
en raison des conséquences du
conflit actuel sur l’économie, et notamment sur les sorties nettes de
capitaux (estimées à 120 milliards
USD en 2014 après environ 70 milliards USD au T1), le décrochage de
la devise et du durcissement de la
politique monétaire (hausse des
taux directeurs de 150 pb en mars).
Selon ce scénario, ce sont les dépenses des ménages et l‘investissement qui seraient les plus touchés. L’impact potentiel sur la
Russie serait encore plus important
dans le scénario alternatif. Les sanctions économiques imposées par
l’Occident se traduiraient par une
baisse des échanges commerciaux
entre la Russie et l’Europe estimée
à 50 %. Les sorties nettes de capitaux
pourraient atteindre 200 milliards
Exportations
vers la Russie
Flux d’investissements
de la Russie
scénario
central
scénario
alternatif
scénario
central
scénario
alternatif
Allemagne
-0,1
-0,6
-0,0
-0,0
France
-0,0
-0,2
-0,0
-0,0
Italie
-0,0
-0,3
-0,0
-0,0
Espagne
-0,0
-0,1
-0,0
-0,0
Belgique
-0,1
-0,6
-0,0
-0,0
Pays-Bas
-0,1
-0,6
-0,1
-0,3
Portugal
-0,0
-0,1
-0,0
-0,0
Autriche
-0,1
-0,6
-0,0
-0,2
total zone euro
-0,1
-0,4
-0,0
-0,1
Rép. tchèque
-0,1
-1,5
-0,0
-0,1
Hongrie
-0,1
-1,4
0,0
0,1
Pologne
-0,1
-0,9
-0,0
-0,1
Bulgarie
-0,1
-0,7
-0,0
-0,0
Roumanie
-0,1
-0,5
-0,0
-0,0
Danemark
-0,0
-0,3
-0,0
-0,0
Royaume-Uni
-0,0
-0,1
-0,0
-0,0
Source : Euler Hermes
USD et le rouble se déprécierait d’au
moins 30 % en 2014. Les exportations (-20 %) et les importations
(-15 %) chuteraient drastiquement.
La récession serait dès lors inévitable en 2014, avec une forte contraction du PIB réel (-2,5 %).
impact sur l’europe
La crise russo-ukrainienne pourrait
se propager à l’Europe par: (1) les
échanges commerciaux, (2) les flux
d’investissements, (3) les prix de
l’énergie, (4) les délais de paiement
des entreprises et (5) le secteur bancaire. Dans le scénario central, l’impact sur les pays européens serait limité à un léger ralentissement de la
demande russe en importations.
Dans le scénario alternatif, en revanche, les conséquences seraient
significatives et coûteraient 0,9 pp à
la croissance du PIB de la zone euro
en raison du ralentissement des
échanges commerciaux et des flux
d’investissements, et de la hausse
des prix de l’énergie. L’Allemagne,
la Belgique, les Pays-Bas et l’Autriche seraient les pays les plus touchés. La croissance des principaux
pays d’Europe centrale serait réduite
de manière encore plus prononcée.
Par ailleurs, le risque d’impayés augmenterait fortement car les entreprises russes seraient confrontées à
des problèmes de financement, et
pourraient même avoir moins intérêt à rembourser leurs dettes 1.
1
Pour plus d’informations sur l’impact de la crise russo-ukrainienne sur les économies russe et européenne,
vous pouvez consulter notre Economic Insight “Putinomics : Tightrope walking“ (disponible en anglais uniquement), publié le 8 avril 2014.
Euler Hermes
Le Bulletin Économique N° 1205-1206 | mars avril 2014 | Conjoncture et risques économiques
Balance courante et financement des déficits
% du PIB
12
zone de tempête politique : destins
divergents et risque de contagion
Turquie : des secousses,
mais pas de séisme
La croissance
du PIB
+3,0 %
attendue en Turquie
en 2014
la croissance devrait s’effriter
L’activité économique s’est montrée résistante en 2013 malgré les
difficultés politiques et les turbulences des marchés financiers
mondiaux. Le PIB réel a progressé
de +4 %, contre +2,1 % en 2012. La
demande intérieure a constitué
l’unique moteur de la croissance,
la consommation privée ayant progressé de +4,6 %, la consommation
publique de +5,9 %, et l’investissement de +4,3 %. Les exportations
ont été quasiment stables (+0,1 %)
tandis que les importations ont crû
de +8,5 %. En 2014, la demande intérieure devrait être plus limitée en
raison du durcissement de la politique monétaire et de la dépréciation de la lire. Cette baisse devrait
en revanche soutenir les exportations, même si l’effet positif sera limité, la plupart des exportateurs
ayant besoin de produits intermé-
Politique monétaire, inflation et taux de change
Taux d’inflation (GA, échelle de gauche)
Taux de change TRY/USD (échelle de droite)
Taux directeur de la Banque centrale (échelle de gauche)
20
3,0
18
2,8
16
2,6
14
2,4
12
2,2
10
2,0
8
1,8
6
1,6
4
1,4
2
1,2
09
10
4
0
manFred stamer
0
08
8
11
12
Sources : IHS Global Insight, Euler Hermes
13
14
1,0
Balance courante
Emprunts bancaires
externes nets
-4
Flux entrants nets
d'IDE
-8
Flux entrants nets
d'inv. de portefeuille
-12
00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13
Sources : IHS Global Insight, Euler Hermes
diaires importés. Nous tablons sur
un ralentissement de la croissance
à +3 % en 2014, puis sur une reprise
à +4 % en 2015. En 2014, des
risques découlant de possibles difficultés économiques ou politiques
continueront de peser légèrement
sur les perspectives. Les risques
d’impayés devraient quelque peu
augmenter en raison du ralentissement de l’activité et de la faiblesse de la lire, certaines entreprises turques ayant des dettes en
devises étrangères non couvertes.
le déficit courant reste une
source d’inquiétude
Le déficit de la balance courante
s’est creusé en 2013 pour atteindre
65 milliards USD, soit 7,9 % du PIB,
contre 6,2 % en 2012. Les investissements directs étrangers nets sont
restés modérés, à 9,6 milliards USD
en 2013, couvrant à peine 15 % du
déficit courant. Le solde a de nouveau été financé par des entrées
de capitaux de court terme : les flux
nets de portefeuille entrants ont atteint 23,7 milliards USD, tandis que
l’emprunt bancaire extérieur s’est
établi à 30,5 milliards USD. La dette
extérieure à court terme a ainsi atteint 129 milliards USD en 2013,
soit environ un tiers de la dette extérieure totale et 16 % du PIB. Alors
que la dépréciation de la lire a permis dans une certaine mesure
d’améliorer la compétitivité des exportations turques, le déficit de la
balance courante ne devrait que légèrement reculer à 6,5 % du PIB en
2014.
la réactivité des politiques
publiques restera une source de
vulnérabilité
La récente détérioration des conditions de financement de la Turquie
a mis en lumière les faiblesses qui
découlent de déficits courants importants et majoritairement financés par des entrées de capitaux à
court terme. Alors que la plupart
des pays émergents ont réussi à
échapper à une seconde vague de
sortie de capitaux après l’annonce
officielle du ralentissement des rachats d’actifs de la Fed en décembre 2013, la situation s’est révélée
quelque peu différente en Turquie.
Du fait d’un manque de réactivité
des autorités courant 2013 et de
tensions politiques survenues à un
moment peu propice, la lire a subi
une correction de 13 % face à l’euro
entre la mi-décembre et le mois de
janvier (après avoir encaissé une
chute de 18 % au cours des mois
précédents), avant que la banque
centrale ne relève ses taux directeurs de 550 pbs à 10 %. Bien que
tardive, cette décision s’est révélée
déterminante et a permis à la devise
de regagner les deux tiers du terrain
perdu. Parallèlement, le Premier ministre Recep Erdogan a appelé à une
baisse des taux et Erdem Basci, le
gouverneur de la banque centrale,
a indiqué qu’un assouplissement
monétaire progressif pourrait être
lancé sous peu. Pourtant, un relâchement trop précoce de la politique monétaire turque rendrait la
lire encore plus vulnérable à une
nouvelle dépréciation.
11
Le Bulletin Économique N° 1205-1206 | mars avril 2014 | Conjoncture et risques économiques
Euler Hermes
Ventes au détail et production industrielle
indice 100=2005
zone de brouillard économique : quand
un nouveau business model s’impose
200
Ventes au détail
(volume)
Production industrielle
180
160
140
daniela ordoñez
Brésil : mauvais mélange
120
100
80
05
06
07
08
09
10
11
12
13
Sources : IHS Global Insight, Euler Hermes
Taux
d’investissement :
20 %
du PIB,
l’un des plus bas
des BRICS
les grands rendez-vous sportifs
ne doperont pas la croissance
Les expériences passées ont démontré que l’organisation d’événements sportifs majeurs n’a pas toujours un impact positif sur
l’économie du pays hôte. Le Brésil
aurait pu être l’exception qui
confirme la règle alors que le pays
n’organise pas un, mais trois grands
événements sportifs d’affilée : la
Coupe des Confédérations (2013),
la Coupe du Monde de football
(2014) et les Jeux Olympiques
(2016), avec en prime les élections
présidentielles en octobre 2014.
Pourtant, malgré cette combinaison unique, les événements sportifs ne devraient avoir qu’un impact
négligeable sur la croissance (et sur
l’emploi) à court et moyen terme.
Le modèle économique brésilien,
fondé sur une demande domestique dynamique mais souffrant
Inflation et taux directeur
%
15
Taux d'inflation
(fin d’année)
Taux directeur
(SELIC)
12
9
6
cible d'inflation de la BC : 4,5% +/-2%
3
07
08
09
10
11
12
13
Sources : IHS Global Insight, Euler Hermes
14
d’un sous-investissement chronique, semble avoir atteint ses limites. Nous tablons sur une croissance limitée à +2,0 % en 2014 et
à +2,5 % en 2015, des chiffres très
inférieurs au rythme d’avant-crise
(environ +5 % par an).
des réformes structurelles nécessaires pour relancer la croissance
Le ralentissement de l’économie
brésilienne s’explique principalement par des faiblesses structurelles. Alors que la demande domestique a bénéficié ces dernières
années d’une politique budgétaire
favorable, d’un chômage bas, d’une
hausse des salaires réels et d’entrées massives de capitaux étrangers, l’investissement est resté faible. Ceci s’est traduit par un
décalage croissant entre le dynamisme de la demande interne et
l’apathie de l’offre nationale. Même
si quelques mesures ont été adoptées pour palier à cette situation
(projets importants d’investissements, soutien public aux entreprises exportatrices, etc.), des réformes structurelles profondes sont
nécessaires pour juguler le manque
de compétitivité de l’industrie, les
carences en matière d’infrastructures et la piètre qualité de l’environnement des affaires. Tant que
ces réformes ne seront pas mises
en œuvre, l’économie brésilienne
restera confrontée à des déséquilibres macroéconomiques internes
(inflation) et externes (déficit courant) qui continueront de peser sur
les perspectives de croissance.
1
12
inflation et déficit courant : pas
de franc repli en vue
Alors que l’économie brésilienne
va continuer de pâtir des goulets
d’étranglement, les tensions inflationnistes devraient persister en dépit du durcissement de la politique
monétaire. La banque centrale a
relevé son principal taux directeur
de 375 pb depuis avril 2013, celuici atteignant 11 % en mars, ce qui
ne manquera pas de plomber la
croissance. Par ailleurs, le pays ne
devrait pas parvenir à réduire de
manière significative le déficit de
la balance courante (prévu à -3,5 %
du PIB en 2014 contre -3,5 % en
2013). Le Brésil restera donc dépendant des financements externes et vulnérable aux chocs extérieurs et à la volatilité des taux de
change.
des finances publiques sous surveillance
Plusieurs plans de relance budgétaire ont été lancés depuis 2011
pour lutter contre le ralentissement
de l’activité. Le déficit budgétaire a
continué de se creuser, atteignant 3 % du PIB en 2013 contre -2,5 % en
2011, ce qui a généré des doutes
quant à la capacité du gouvernement à mener une politique
budgétaire rigoureuse. Malgré les
annonces officielles d’assainissement des finances publiques pour
2014, il n’est pas certain que les
objectifs soient atteints. Le redressement de la situation budgétaire
sera donc très certainement l’un
des grands défis du Brésil en 2014 1.
Pour plus d’informations, vous pouvez consulter notre dernier Country Report sur le Brésil : “Economic activity
constrained by significant bottlenecks“ publié le 31 mars 2014 (disponible en anglais uniquement).
14
Euler Hermes
Le Bulletin Économique N° 1205-1206 | mars avril 2014 | Conjoncture et risques économiques
Balance courante et taux de change
zone de brouillard économique : quand
un nouveau business model s’impose
4
65
3
60
2
55
1
0
maHamoud islam
50
-1
Inde : libérez la croissance !
4,4
milliards
USD
d’entrées de
capitaux en janvier
et février 2014
retour en grâce prévu en 2014
et 2015
Ces deux dernières années, l’économie indienne a connu des performances relativement peu satisfaisantes, la croissance du PIB ne
dépassant pas +5 % en moyenne,
au regard de son potentiel de +7 %.
L’expansion de l’activité a été entravée par la faiblesse de la demande intérieure. L’inflation élevée
a continué d’éroder le pouvoir
d’achat, pesant sur la consommation privée. L’investissement a marqué le pas du fait d’un durcissement
des conditions de financement et
d’une demande limitée. Les exportations nettes ont reculé en raison
d’une hausse des importations en
valeur due à l’augmentation des
cours des matières premières (le
pétrole et l’or représentent respectivement 34 % et 8 % des importations), mais également suite à des
performances économiques moins
solides que prévues des principaux
partenaires du pays (États-Unis et
Chine). Sur l’exercice 2014-2015, le
Indice de confiance dans l'industrie
et les services
PMI manufacturier
60
PMI services
55
50
45
40
12
13
Sources : Bloomberg, Euler Hermes
14
45
-2
-3
40
-4
35
-5
-6
Balance courante
(% de PIB, échelle de gauche)
Taux de change INR/USD
(échelle de droite)
02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 14
30
Sources : IHS Global Insight, Euler Hermes
PIB indien devrait progressivement
se redresser pour atteindre +5,3 %
grâce aux exportations, la demande
intérieure étant vouée à l’apathie à
court terme. Cette dernière souffrira en effet du coût élevé du crédit
et des incertitudes entourant la stratégie du nouveau gouvernement.
“Rajanomics“ : stabiliser les prix,
réduire les déséquilibres extérieurs et renforcer la confiance
Depuis mai 2013, l’Inde est dans la
ligne de mire des marchés financiers et des investisseurs : entre mai
et septembre 2013, la roupie s’est
dépréciée de 16 %. La dégradation
des perspectives économiques et
l’importance des déficits jumeaux
ont en effet suscité certaines
craintes. La banque centrale, sous
l’impulsion de son nouveau gouverneur Raghuram Rajan, s’est
montrée très réactive : elle a relevé
ses taux directeurs à trois reprises
entre septembre 2013 et janvier 2014 (+75 pb à 8 %) afin de
protéger la devise et d’enrayer les
tensions inflationnistes. Elle a également amélioré sa communication et mis en place un dispositif
de “forward guidance“ ainsi qu’un
système de ciblage d’inflation (fixé
à 8 % d’ici 2015). La situation s’est
ainsi stabilisée au T1 2014 : les tensions sur la roupie se sont estompées, l’inflation a reculé, les entrées
de capitaux ont rebondi (4,4 mil-
liards USD en janvier février 2014)
et les marchés comme les entreprises ont repris confiance.
établir des bases macro-financières solides
Pour pouvoir assurer une reprise
économique pérenne, le pays doit
résorber ses faiblesses structurelles,
notamment en réduisant la volatilité des flux de portefeuille et en attirant de nouveaux investissements
directs étrangers (IDE). Les changements instaurés par Raghuram
Rajan ont déjà envoyé un message
fort sur la volonté du gouverneur
de préserver la stabilité financière.
Par ailleurs, l’annonce de la libéralisation du secteur financier (plus
grande ouverture aux acteurs
étrangers et développement de
nouveaux services financiers) changera sans aucun doute la donne
pour le pays. Les réformes lancées
par le gouvernement actuel favorisent les IDE dans des domaines
stratégiques tels que la distribution
et les infrastructures. Pourtant, les
bienfaits de ces réformes se font
toujours attendre dans un pays pénalisé par ses lourdeurs réglementaires. Il faudra du temps pour faire
évoluer le cadre réglementaire, et
ce même si un nouveau gouvernement arrive au pouvoir. La stabilité
financière à moyen terme sera
donc principalement assurée par
les autorités monétaires.
13
Le Bulletin Économique N° 1205-1206 | mars avril 2014 | Conjoncture et risques économiques
Euler Hermes
PIB par secteur
%
100
zone de brouillard économique : quand
un nouveau business model s’impose
80
60
andrew atKinson
40
Afrique du Sud : fini
le maillot jaune
Services
20
Industrie
Agriculture
0
Nigéria
(avant)
Nigéria
(après)
2010
Afrique
du Sud
Nigéria
(avant)
Nigéria
(après)
Afrique
du Sud
2012
Sources : IHS Global Insight, prévisions Euler Hermes
510
milliards
USD
Le PIB révisé
du Nigéria en 2013
◾sans l’appui moral de son
ancien président nelson
mandela, l’afrique du sud
peut-elle réussir à surmonter une partie de ses difficultés structurelles, notamment le chômage élevé, les
inégalités de revenus persistantes, les services médiocres, les relations tendues entre les partenaires
sociaux et les déficits budgétaire et courant ?
◾les données récentes n’incitent guère à l’optimisme,
d’autant que l’afrique du
sud n’est désormais plus
la première économie
d’afrique.
14
chés émergents vulnérables subissent des sorties de capitaux et une
dépréciation de leur devise.
des perspectives de croissance
ternes (+2,8 % en 2014 et
+3,5 % en 2015) connaissant des
risques de ralentissement
Au T4 2013, le PIB a rebondi pour
atteindre +3,8 % t/t en termes annualisés, après une progression de
+0,7 % au T3, grâce à la progression
de l’activité manufacturière (+1,9
pp) et minière (+0,8 pp). Cependant, la politique monétaire est restée restrictive, les cours de l’or sont
bas (ils ont reculé de 300 USD
l’once a/a à fin mars 2014) et le climat social toujours très tendu limite l’activité de certains secteurs
clés, notamment la production de
platine. Le PIB ne devrait pas réussir
à atteindre une croissance de +5 %,
un taux pourtant nécessaire pour
subvenir aux besoins de développement social. En mars, le parlement a partiellement voté une loi
sur les ressources minérales et pétrolières dont l’objectif est d’apaiser
les craintes de nationalisation,
même si elle facilitera la potentielle
prise de contrôle de certains actifs
miniers par l’État. Cette loi fait
craindre d’autres mesures plus populistes, ce qui n’est bon ni pour
l’activité ni pour la confiance des
investisseurs, à l’heure où les mar-
le nigéria sur la première
marche du podium
Des données révisées révèlent que
le PIB du Nigéria a atteint environ
510 milliards USD en 2013 (par
rapport à une estimation précédente de 292 milliards USD), contre
350 milliards USD pour l’Afrique du
Sud. D’autres pays africains,
comme le Ghana en 2012 et bientôt le Kenya, révisent également
leurs méthodes de calcul du PIB.
Ces révisions devraient interpeller
les investisseurs sur les opportunités qui existent sur le continent audelà de l’Afrique du Sud. Si la nation
arc-en-ciel conserve un avantage
commercial certain en matière de
facilité à faire des affaires et de qualité des infrastructures, certaines
économies à croissance rapide
pourraient faire de l’ombre à
l’Afrique du Sud, notamment en
raison des craintes croissantes de
nationalisation (et autres changements de cap politiques de l’ANC).
malgré une gestion plutôt saine,
le budget est déficitaire
Le solde budgétaire de février illustre une fois encore la gestion globalement sérieuse dont le pays a
récemment fait preuve, même en
cette année d’élections, une période toujours propice au laxisme
budgétaire. Le déficit budgétaire
devrait ainsi reculer à -2,8 % du PIB
pour l’exercice 2016-2017 (-4 % en
2013-2014) et la dette publique se
stabiliserait à 44,3 % du PIB. Selon
nous, cette relative rigueur budgétaire, associée au niveau limité du
service de la dette extérieure, devrait permettre aux notes souveraines de rester stables. Cela étant,
le plafonnement des dépenses publiques ne permettra pas de traiter
de manière adéquate les difficultés
structurelles (chômage élevé, pauvreté rurale, inégalités des revenus
et offre éducative de faible qualité)
à court terme.
les élections, une formalité qui
pourrait rebattre les cartes politiques
Le président Jacob Zuma devrait
être reconduit à la tête du pays pour
un deuxième mandat en mai. Sa
popularité s’est cependant effritée
en raison des soupçons de népotisme et de corruption, mais aussi
parce que la population a le sentiment que le niveau de vie s’est peu
amélioré dans le pays. Par ailleurs,
l’alliance tripartite de l’ANC, de la
confédération des syndicats sudafricains (COSATU) et du parti communiste sud-africain (SACP) semble
fragilisée alors que d’autres partis
politiques remportent un succès
croissant, ce qui pourrait se traduire
par un changement radical des dynamiques politiques à long terme.
Euler Hermes
Le Bulletin Économique N° 1205-1206 | mars avril 2014 | Conjoncture et risques économiques
Salaire horaire moyen dans l'industrie
manufacturière
indice 100=2009
zone de brouillard économique : quand
un nouveau business model s’impose
+1,7 %
Frédéric andres
France Allemagne :
toujours aussi différents
États-Unis
120
de croissance
du PIB attendue
en Allemagne en 2014
Allemagne
Japon
110
100
90
80
05
06
07
08
09
10
11
12
13
Sources : OCDE, Euler Hermes
◾le nouveau Premier ministre français vient d’annoncer des réformes visant
à renforcer la compétitivité
des entreprises et le pouvoir
d’achat des ménages. ces
mesures ne se traduiront
pas par une baisse rapide
du déficit public, mais elles
seront positives pour les
autres économies de la zone
euro parce qu’elles doperont les importations.
◾ les exportations allemandes, le moteur de la
croissance du Pib, se
confrontent à une concurrence accrue de la part du
Japon et des états-unis, et
son business model fondé
sur la maxime “haute qualité des produits, prix élevés“ pourrait s’avérer inadapté face à l’environnement déflationniste de la
zone euro.
◾une convergence entre
ces deux pays est nécessaire, mais elle ne se fera
pas en un jour.
la France, éternel défenseur de
la demande
La France n’a pas atteint son objectif
initial de réduction du déficit public
à 3 % du PIB en 2013. Au lendemain
du remaniement d’avril 2014, le
nouveau gouvernement semble
vouloir renforcer le pouvoir d’achat
des ménages et la compétitivité des
entreprises, des objectifs qui semblent peu cohérents avec une
baisse rapide du déficit public, que
nous anticipons à 3,9 % du PIB en
2014 et 3,3 % en 2015. Cette situation devrait sans aucun doute susciter des tensions avec l’Allemagne
et la Commission européenne.
Pourtant, en ne respectant pas ses
objectifs budgétaires, la France a
soutenu (et continuera de soutenir)
ses voisins européens à travers les
importations. Sur la période 20132015, la France devrait générer au
moins 10 milliards EUR de de-
Importations françaises additionnelles par destination
2013-2015, mds EUR
3500
+0,7 %
3000
2500
de croissance
du PIB attendue
en France en 2014
2000
1500
1000
500
Finlande
Luxembourg
Grèce
Sources : IHS Global Insight, Euler Hermes
Irlande
Portugal
Autriche
Pays-Bas
Italie
Espagne
Belgique
Allemagne
0
mande supplémentaire à destination de ses principaux partenaires
de la zone euro. En contrepartie, le
déficit de la balance courante ne
sera pas résorbé et, compte tenu
de ses déficits jumeaux, le secteur
public français restera dépendant
des entrées de capitaux.
allemagne : du sable dans les
rouages de l’exportation ?
Contrairement à la France, le modèle économique allemand repose
sur une industrie dynamique, principalement tournée vers les exportations, comme le montre l’important excédent courant du pays.
Pourtant, si l’on en croit les récents
chiffres de l’indice de confiance des
industriels (PMI Manufacturier)
portant sur les commandes à l’exportation et les rapports de la Bundesbank, le vent semble être en
train de tourner : les exportations
allemandes commencent à rencontrer des difficultés. Au niveau
mondial, l’Allemagne fait face à un
regain de concurrence de la part
du Japon et des États-Unis, dont les
grands secteurs exportateurs sont
similaires aux siens (machines spécialisées, moteurs, voitures…). Par
ailleurs, le fort repli du yen depuis
la fin de l’année 2012 joue en faveur du Japon, où la rentabilité des
entreprises atteint des niveaux records grâce à une baisse des salaires réels. En matière de salaires,
la tendance est plutôt à la hausse
outre-Rhin, et de manière plus prononcée qu’aux États-Unis. Enfin, la
hausse des prix de l’énergie handicape l’Allemagne par rapport à son
concurrent américain. Au sein de
la zone euro, la désinflation, principalement en raison des dévaluations internes, ralentit le processus
de désendettement et pourrait limiter la reprise économique. Étant
donné qu’environ 40 % des exportations allemandes sont destinées
à la zone euro, l’Allemagne se
trouve face à un dilemme : pour
protéger ses parts de marché, fautil baisser le prix de ses exportations,
aux dépens des marges des entreprises ? Ou est-il préférable de restructurer le secteur industriel pour
qu’il produise des biens de milieu
de gamme à un coût moins élevé ?
À quand une convergence ?
Au final, nous pensons que les modèles économiques de la France et
de l’Allemagne doivent converger.
La manœuvre sera lente mais les
dernières évolutions sont encourageantes : la mise en place de réformes structurelles et la modération des salaires sur les prochaines
années en France d’une part, et la
hausse des salaires en Allemagne
d’autre part, devraient permettre
un rééquilibrage qui profitera à la
zone euro dans son ensemble. La
BCE a un rôle déterminant à jouer
pour que cette période de transition se déroule sans accroc, notamment en autorisant des écarts d’inflation plus importants entre les
pays, et donc une croissance nominale plus élevée.
15
Le Bulletin Économique N° 1205-1206 | mars avril 2014 | Conjoncture et risques économiques
Euler Hermes
Indicateurs avancés de l'activité économique
aux États-Unis
zone d’embellie de la confiance :
garder le rythme
indice 100 = T1 2008
dan nortH
États-Unis : après l’hiver
revient le printemps
◾le Pib américain devrait
progresser de +2,8 % en
2014, en amélioration par
rapport à 2013 (+1,9 %).
ce chiffre reste toutefois
inférieur à la moyenne de
long terme malgré la politique accommodante de la
Fed et les moindres incertitudes politiques. la rigueur de l’hiver a entravé
la croissance, mais devrait
laisser la place à un rebond
printanier.
la croissance devrait atteindre
+2,8 % en 2014, mais resterait
inférieure à la tendance
La majeure partie des États-Unis a
connu un hiver particulièrement rigoureux et neigeux, ce qui a fortement pesé sur l’économie. Les
ventes de voitures, les ventes de
détail, les revenus des ménages, la
production manufacturière ou encore l’activité immobilière ont nettement reculé, entraînant un ralentissement probable de la croissance
à seulement +2 % en trimestriel annualisé au T1. Cet hiver laisse présager un rebond de l’activité au
printemps qui devrait doper le PIB
du T2 et permettre à la croissance
d’atteindre +2,8 % sur l’ensemble
de l’année, un chiffre inférieur à la
moyenne de long terme mais supérieur à celui de 2013 (+1,9 %).
L’amélioration progressive de la
confiance et la hausse des revenus
permettront à la croissance de se
rapprocher de sa tendance de court
terme, même si la faiblesse du
marché du travail restera un obstacle majeur.
l’activité manufacturière devrait
s’améliorer, l’immobilier toujours
menacé
L’activité manufacturière devrait
connaître une reprise solide, le coût
unitaire du travail continuant de reculer tandis que la production industrielle, les commandes de biens
durables et l’indice de confiance
dans l’industrie (ISM manufacturier) ont tous progressé en février.
L’emploi manufacturier a crû sans
interruption au cours des sept derniers mois et la demande d’automobiles devrait permettre de résorber les stocks de biens durables
et d’alimenter les nouvelles commandes. Le secteur immobilier
reste en revanche un risque majeur. Les ventes de logements neufs
comme anciens ont reculé sur trois
des quatre derniers mois en raison
Croissance du PIB et contributions à la croissance
5
4,1
2,6
4
3
3,0
3,2
2,5
1,9
Exportations nettes
2
Stocks
1
Investissement
Consommation publique
0
Consommation privée
PIB
-1
-2
T3-13
T4-13
T1-14
Sources : IHS Global Insight, Bloomberg, Euler Hermes
16
T2-14
T3-14
T4-14
Ventes au détail
(m/m, %)
60
PMI manufacturier
2
55
1
50
0
45
-1
40
12
13
14
Sources : IHS Global Insight, Bloomberg, Euler Hermes
d’une hausse des taux hypothécaires et des prix associée à une
baisse du parc immobilier, des tendances auxquelles l’arrivée du printemps ne devrait rien changer.
la réserve fédérale continuera
ses politiques extrêmement
accommodantes
La Réserve fédérale devrait mettre
un terme définitif à son programme d’assouplissement quantitatif d’ici à la fin 2014. Le bilan de
la banque centrale américaine restera néanmoins cinq fois plus important qu’il ne l’était avant la récession. La Fed dispose ainsi d’une
imposante réserve de liquidités excédentaires qui devrait être injectée
dans l’économie. Par ailleurs, la
nouvelle présidente de la Fed, Janet
Yellen, a renoncé au seuil de 6,5 %
de taux de chômage pour déclencher une hausse des taux, indiquant que ceux-ci devraient rester
bas jusqu’à la mi-2015. Le niveau
sans précédent de liquidités et des
taux d’intérêt à 0 % resterait un vrai
atout à l’avenir. Sur le plan budgétaire, bien qu’un “accord“ ait été
conclu sur les principales orientations du budget fédéral (davantage
d’impôts et de dépenses), il semble
peu probable qu’il soit mis en œuvre rapidement, ce qui viendra renforcer l’incertitude quant à l’issue
des élections de mi-mandat qui se
tiendront en novembre.
-2
Euler Hermes
Le Bulletin Économique N° 1205-1206 | mars avril 2014 | Conjoncture et risques économiques
Taux d'épargne domestique
% du PIB, prévisions 2014
60
zone d’embellie de la confiance :
garder le rythme
◾le taux d’épargne chinois,
estimé à 52 % du Pib, est
l’un des plus élevés au
monde. mobiliser cette ressource sera capital pour assurer la croissance future.
IDE et importations de biens de consommation
9000
8000
Investissements directs à l'étranger
(millions USD, échelle de gauche)
Importations de biens de consommation
(% des importations totales, échelle de droite)
10
7000
9
6000
5000
4000
8
3000
2000
1000
0
03 04 05 06 07 08 09 10 11 12 13e 14p
Sources : Sources Nationales, Chelem, Euler Hermes
7
30
20
10
États-Unis
Japon
Allemagne
0
Corée du Sud
une demande intérieure en
hausse
La transition a débuté, et les premiers signes positifs commencent
à apparaître. Premièrement, le gouvernement est passé d’un objectif
“strict“ de croissance à une vision
plus équilibrée, qui prend en
compte à la fois la création d’emplois, la stabilité des prix et l’objectif
de croissance du PIB. Ce dernier est
ainsi plus souple, et une légère déviation (0,3 pp) sera tolérée tant que
l’objectif de création d’emplois est
respecté (11 millions). Des données
récentes mettent par ailleurs en
avant l’émergence d’un marché de
consommation aux fondamentaux
solides. L’activité tertiaire (46 % du
PIB) a en effet pris le pas sur la production industrielle (44 %) pour la
première fois en 2013. Le poids des
biens de consommation dans les
importations chinoises a augmenté,
devenant le deuxième moteur de
croissance des importations totales
après les ressources primaires. Par
ailleurs, la normalisation progressive
des conditions de financement devrait se traduire par une amélioration de la qualité du crédit. De fait,
le financement social total (une mesure élargie du crédit) montre des
signes de ralentissement, notamment au niveau des composantes
non bancaires et hors bilan, ce qui
prouve l’efficacité des efforts publics
pour enrayer le financement parallèle non-standard (shadow banking).
Les prêts bancaires repartent à la
hausse et, selon le dernier rapport
de la Banque Populaire de Chine
(PBoC), la demande augmente malgré le durcissement des conditions
d’octroi.
Émirats Arabes Unis
stabilisation de la croissance en
vue au s2 2014
Le PIB chinois a été résilient en
2013, affichant un taux de croissance similaire à celui de l’année
précédente (+7,7 %). Cependant,
un léger ralentissement est attendu
en 2014 (à +7,5 %) en raison d’un
essoufflement de l’investissement.
La majeure partie de l’ajustement
devrait intervenir au S1 2014, étant
donné (i) la moindre contribution
du commerce extérieur à la croissance due à une distorsion des
données (effets statistiques dus au
Nouvel An chinois et problèmes de
surfacturation), (ii) le ralentissement de l’investissement privé
dans le sillage d’un durcissement
de la réglementation financière et
(iii) la frilosité accrue des ménages.
L’économie devrait se stabiliser au
S2 2014 grâce à des politiques macroéconomiques plus favorables
(augmentation des dépenses d’infrastructures et masse monétaire
adéquate) et à un redressement de
la consommation privée.
40
Taux d’épargne
national en 2013
Arabie Saoudite
Chine : transition,
acte II
50
Chine
maHamoud islam
52 %
Sources : IHS Global Insight, Euler Hermes
Puiser dans l’épargne, un élément clé
Alors que le modèle de croissance
portée par les exportations s’essouffle en raison de la perte de compétitivité du pays, la Chine doit trouver
de nouveaux moteurs économiques.
Parmi les options figurent le soutien
à la consommation intérieure grâce
aux prêts bancaires et aux créations
d’emplois ainsi que l’investissement
dans le savoir-faire et le développement de secteurs à forte valeur ajoutée. L’une comme l’autre de ces options auront un impact positif sur la
croissance de long terme. Des
étapes déterminantes pour l’avancée de cette stratégie ont été définies fin 2013: les procédures d’investissement à l’étranger dans les
secteurs non liés aux matières premières ont été simplifiées. Dans ce
contexte, les entreprises chinoises
devraient intensifier les investissements dans leurs homologues des
économies avancées afin de bénéficier de leur savoir-faire et de leurs
compétences en matière de gestion
de la qualité. Les premiers signes de
cette évolution sont apparus en début d’année avec le rachat de plusieurs entreprises occidentales, principalement dans les hautes
technologies et l’automobile, preuve
du recentrage graduel des investisseurs chinois des secteurs de l’immobilier et de l’énergie vers des secteurs à forte valeur ajoutée.
17
Le Bulletin Économique N° 1205-1206 | mars avril 2014 | Conjoncture et risques économiques
Euler Hermes
Fonds souverains
mds USD, prévisions 2014
zone d’embellie de la confiance :
garder le rythme
EAU
Arabie Saoudite
Koweit
andrew atKinson
Qatar
Le Conseil de Coopération du
Golfe : du pétrole et des idées
Oman
Bahrein
0
200
400
600
800
1000
Sources : Statistiques nationales, Euler Hermes
◾ la croissance économique du moyen-orient a
été pénalisée par le
contexte de transition politique et de guerre civile à
résonance régionale. Pourtant, même s’ils n’ont pas
été épargnés par certaines
revendications du Printemps arabe, les pays du
ccG ont réussi à afficher
des taux de croissance relativement élevés.
◾malgré la stabilité des
cours du pétrole et des pressions baissières à l’horizon
2014-2015, cette tendance
devrait se poursuivre, notamment grâce à la solidité
financière qui permet à ces
pays de soutenir leur demande intérieure.
le Pib soutenu par les dépenses
publiques en 2014-2015
Les pays du CCG détiennent environ
29 % des réserves mondiales de pétrole et 23 % des réserves de gaz. La
production du secteur des hydrocarbures constitue l’un des principaux moteurs de la croissance depuis 2011, date à laquelle les cours
du pétrole atteignaient, voire dépassaient, 100 USD le baril. Avec une
population totale de seulement
49 millions d’habitants, les revenus
tirés des exportations d’or noir ont
permis aux pays du CCG de maintenir des réserves de change importantes et, entre autres, d’accumuler
des actifs financiers au sein de leurs
fonds souverains. Le montant total
des actifs détenus par les fonds souverains des pays du CCG est estimé
à près de 2 250 milliards USD, dont
975 milliards USD pour les Émirats
Arabes Unis et 680 milliards USD
pour l’Arabie saoudite. Le rôle
d’amortisseur que jouent ces réserves (de liquidité variable) permet
Croissance du PIB
%
2012
2013
2014p
6
5
4
3
2
1
0
EAU
Arabie Saoudite
Moyen Orient
Sources : IHS Global Insight, prévisions Euler Hermes
18
aux pays du CCG de doper leur demande intérieure par le biais de dépenses publiques en projets d’infrastructures (venant soutenir l’emploi
et la croissance future) et de dépenses sociales (santé, éducation ou
protection sociale). Les opportunités
commerciales avec les pays du CCG
devraient donc rester nombreuses
sur l’horizon de projection et ce,
même si le contexte international
s’avère peu porteur. Nous tablons
sur une croissance de +3,6 % en
2014 et de +4,2 % en 2015 au
Moyen-Orient. Les pays du CCG devraient, dans leur grande majorité,
afficher des taux de croissance
égaux ou supérieurs à la moyenne
régionale.
des dépenses publiques plus
équilibrées
Lors des précédentes phases de
hausse des cours du pétrole, les
pays du CCG avaient utilisé leurs
pétrodollars pour investir dans des
actifs étrangers, notamment dans
l’immobilier ou les actions en Europe ou en Amérique du Nord. Le
Printemps arabe et les inquiétudes
liées à la pression sociale ont, entre
autres, eu pour conséquence un
renforcement des dépenses sur les
marchés régionaux (autres pays du
CCG, mais aussi l’Égypte, la Jordanie
ou le Maroc) et sur les marchés intérieurs pour soutenir la croissance
et les salaires locaux. Les pays du
CCG continueront certes d’investir
à l’étranger (investissements directs et de portefeuille), mais les
ressources financières seront ré-
2 250
milliards
USD
d’actifs détenus
par les fonds souverains
de la région
parties de manière plus équitable
entre marchés intérieurs, régionaux et internationaux.
le climat des affaires au sein des
pays du ccG s’améliore
Des craintes persistent quant au degré d’ouverture et au cadre réglementaire de ces marchés. Toutefois,
le classement international Doing
Business 2014 de la Banque mondiale positionne cinq des six membres du CCG parmi les 50 premiers
pays (sur 189 économies évaluées)
en termes de protection des investisseurs, de commerce transfrontalier, de respect des contrats et de
gestion des défaillances. Le Koweït
(104e place) fait figure d’exception,
tandis que les Émirats Arabes Unis
(23e) et l’Arabie saoudite (26e) affichent des résultats tout à fait honorables. À la lumière de tous ces facteurs (dynamisme de la croissance,
niveau élevé des dépenses intérieures et amélioration de l’environnement commercial), les échanges
commerciaux avec les pays du CCG
et la présence sur leurs marchés devraient constituer des embellies dans
une économie mondiale en pleine
évolution.
Euler Hermes
Le Bulletin Économique N° 1205-1206 | mars avril 2014 | Conjoncture et risques économiques
PIB réel et composantes
indice 100=T1 2008
zone d’embellie de la confiance :
garder le rythme
PIB réel
106
Demande domestique
Consommation privée
104
102
100
ana boata
98
Europe du Sud et Royaume-Uni :
y a-t-il une vie après l’austérité ?
96
94
92
90
88
08
09
10
11
12
13
14
15
Sources : IHS Global Insight, Euler Hermes
retour de la confiance dans le
sud de l’europe
Après plusieurs années de crise, les
pays d’Europe du Sud renouent enfin avec la croissance, grâce, principalement, à un rebond des exportations résultant des gains de
compétitivité. Associée aux efforts
budgétaires actuels et à un moindre
appétit des investisseurs pour les actifs des marchés émergents, cette
situation s’est traduite par un véritable regain de confiance dans le
sud de l’Europe et, de ce fait, par une
hausse des entrées de capitaux et
d’IDE. Une certaine volatilité à court
terme ne peut cependant être exclue, alors que la stratégie de sortie
des plans d’aide du Portugal et de la
Grèce n’est pas encore définie et que
des incertitudes demeurent quant
à la solidité du système bancaire
dans l’ensemble de la zone euro.
royaume-uni : compter sur la
demande interne
En 2013, la croissance britannique a
réservé une bonne surprise: le PIB a
crû à son rythme le plus soutenu depuis 2007, grâce notamment à la
Taux d’inflation
%
2012
2013
2014p
2015p
Allemagne
France
Italie
Espagne
Pays-Bas
Belgique
Autriche
Grèce
Portugal
2,0
2,0
3,0
2,4
2,8
2,6
2,5
1,0
2,8
1,5
0,9
1,2
1,5
2,5
1,1
2,0
-0,9
0,4
1,2
0,9
1,0
0,7
1,1
1,0
1,6
-0,5
0,7
1,5
1,2
1,2
1,0
1,7
1,4
1,9
0,6
0,9
zone euro
2,3
1,3
1,0
1,3
Perspectives
n
n
n
n
n
n
n
n
n
hausse de la consommation des ménages. À l’avenir, la politique monétaire devrait rester accommodante
et les politiques publiques devraient
apporter un soutien croissant au secteur privé. La confiance des entreprises progresse, ces dernières bénéficiant d’un contexte positif au
secteur privé. La pression fiscale est
moins forte que dans d’autres pays
européens et des mesures favorables aux entreprises ont été dévoilées: nouvelles baisses de l’impôt sur
les sociétés en 2014 et 2015, mesures de relance du crédit bancaire
aux PME et aux sociétés exportatrices, augmentation des dépenses
d’infrastructures, financement des
secteurs stratégiques et nouvelles
aides à l’exploitation du gaz de
schiste.
réformes structurelles : chefs de
file vs retardataires
La crise européenne a joué un rôle
décisif dans la mise en œuvre de réformes, les pays sous programmes
d’aide financière UE/FMI (Grèce, Irlande, Portugal et Espagne) ayant
été les plus réactifs. L’Italie a encore
un long chemin à faire, mais le gouvernement Monti a accompli de véritables progrès en 2012. L’arrivée
de Matteo Renzi a renforcé les attentes en matière de réformes pour
la fin de l’année 2014; ses premières
mesures ont visé une réduction de
la pression fiscale sur les entreprises
et sur les bas salaires, ce qui devrait
soutenir la croissance du PIB
en 2014 et 2015 1.
Sources : Eurostat, prévisions Euler Hermes
1
Pour plus d’informations sur les réformes annoncées par le gouvernement Renzi, vous pouvez consulter
notre Economic Insight “Renzimania : Will charm survive tough reforms ?“ (disponible en anglais uniquement),
publié le 8 avril 2014.
Pressions déflationnistes, principal risque pour l’europe
La récession et la baisse des cours
des matières premières ont généré
d’importantes pressions baissières
sur les prix à la consommation. Une
inflation durablement faible constitue une menace tant pour le secteur privé que pour le secteur public. La rentabilité des entreprises
pourrait être mise en danger dans
un contexte de concurrence accrue, tandis que la hausse des taux
d’intérêt réels alourdira le processus de désendettement. Le taux
d’inflation de la zone euro dans son
ensemble ne devrait pas dépasser
1 % à fin 2014. L’Euro fort reste par
ailleurs un problème majeur
puisque les exportations de la zone
euro sont concentrées sur les produits de milieu de gamme. La BCE
devrait de nouveau intervenir en
abaissant légèrement ses taux
après le mois de juin et en lançant
de nouvelles mesures non conventionnelles (rachats d’actifs privés
ou liquidités ciblées à destination
des PME) à l’automne, à l’issue de
sa Revue de la Qualité des Actifs
(AQR) et des stress tests.
Croissance du PIB réel
%
2012 2013 2014p2015p
zone euro
Espagne
Italie
Portugal
Grèce
Irlande
royaume-uni
-0,6
-1,6
-2,5
-3,2
-7,0
0,2
-0,4
-1,2
-1,8
-1,4
-3,9
-0,3
1,0
0,6
0,4
1,0
-0,1
1,6
1,4
1,2
0,9
1,3
0,6
1,8
0,3
1,7
2,4
2,5
Sources : Eurostat, prévisions Euler Hermes
19
Le Bulletin Économique N° 1205-1206 | mars avril 2014 | Conjoncture et risques économiques
études économiques
du Groupe euler Hermes
les bulletins
Économiques
de l’année
Euler Hermes
Les défaillances d’entreprises
dans le monde
Conjoncture
et risques économiques
Le Bulletin
Économique
N° 1200-1201
Le Bulletin
Économique
Secteurs internationaux
Le Bulletin
Économique
N°1204 février 2014
N° 1202-1203
octobre-novembre 2013
décembre 2013-janvier 2014
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Recoller
les morceaux
Moins de défaillances, sauf en Europe
Dix nouvelles
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pour 2014
Tout vient à point
à qui sait attendre
Un secteur sur quatre dans le vert en 2014
Revenir dans le match
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Études économiques
Études économiques
* Notre savoir au service de votre réussite
* Notre savoir-faire au service de votre réussite
* Notre savoir au service de votre réussite
*
*
1
Déjà parus
n° 1187
◽ les dossiers
La réindustrialisation aux États-Unis
n° 1188
◽ les dossiers
Transports : Un monde à deux vitesses
n° 1189-1190
◽ conjoncture, risques économiques et défaillances
Sixième année de crise, même les Mayas n’avaient pas prévu ça !
n° 1191
◽ secteurs internationaux
Mais où donc est passée la demande ?
n° 1192
◽ les dossiers
Les Routes du Commerce — Ce qui a changé, ce qui va changer
n° 1193
◽ conjoncture, risques économiques et défaillances
L’Europe, toujours à la recherche d’un second souffle
n° 1194
◽ les défaillances d’entreprises dans le monde
La vraie crise, celle des faillites d’entreprises
n° 1195-1196
◽ conjoncture, risques économiques et défaillances
Le monde à la croisée des chemins
n° 1197
◽ secteurs internationaux
Concilier (dés) illusions économiques et risques financiers
n° 1198
◽ les dossiers
Méditerranée — Une mer d’opportunités malgré les vagues
n° 1199
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Recoller les morceaux — Moins de défaillances, sauf en Europe
n° 1202-1203
◽ conjoncture et risques économiques
10 nouvelles règles du jeu pour 2014 — Revenir dans le match
n° 1204
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Tout vient à point à qui sait attendre — Un secteur sur quatre dans le vert
en 2014
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◽ conjoncture et risques économiques
Tempête, brouillard et embellies — Quel temps pour la croissance mondiale ?
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n° 1207
20
◽ les dossiers
*
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◽Renzimania : Will charm survive tough
reforms ? >April 8, 2014 (En)
◽The reindustrialization of the U.S. :
A 2014 update > April 2014 (En)
◽Fewer non-payments in 2013 for Italian
companies, but more severe > February
◽The Fragile 10 : Turbulences but no
crash > February 6, 2014 (En)
◽Frequently Asked Questions (FAQ) on
deflation risk in the eurozone
> February 6, 2014 (En)
◽ Italian companies benefit from exports
but continue to face high non-payments in
the domestic market >November 14, 2013 (En)
◽ Cracks in the U.S. Housing Market ?
>November 5, 2013 (En)
◽China : 6 firms out of 10 managed to
reduce their payment terms in 2013
◽ Construction boom in Qatar, between
risk and opportunities >October 30, 2013 (En)
◽ Russia, a promising land for Agrifood
> February 17, 2014 (En)
>October 18, 2013 (En)
19, 2014 (En)
◽La sidérurgie mondiale souffre
d’importantes surcapacités > 10 octobre
2013 (Fr, En)
◽ Hungary : despite overall economic
fragility, some sectors have retained
strength >September 2013 (En)
◽ En France à fin juillet 2013, toujours
aucun signe d’amélioration du côté des
défaillances d’entreprises, bien au
contraire >August 29, 2013 (Fr)
◽Chine : mini credit crunch pour maxi
économie ? > 19 août t 2013 (Fr, En)
◽La zone euro a besoin d’une politique
de crédit > 31 juillet 2013 (Fr, En)
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