Rapport sur la gestion des parcs nationaux

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Analyse des modes de gestion forestière
dans les parcs nationaux
Etude comparative à l’échelle européenne
Sophie Coste
Programme aires protégées – Efficacité de la gestion
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Analyse des modes de gestion forestière
dans les parcs nationaux
Etude comparative à l’échelle européenne
Sophie Coste
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Table des matières
Remerciements ................................................................................................................... 6
Introduction ......................................................................................................................... 7
1. Orientations internationales ........................................................................................... 8
1.1. Définitions ..................................................................................................................................... 8
1.2. Catégories UICN .......................................................................................................................... 8
1.3. Objectifs détaillés de gestion d’un parc national en lien avec les critères de l’UICN ................... 9
1.4. Gestion forestière dans les zones constitutives d’un parc national (régime et réglementation
des activités) ...................................................................................................................................... 12
2. Analyse comparative de la gestion forestière à l’échelle européenne et
identification de bonnes pratiques.................................................................................. 15
2.1. Méthodologie .............................................................................................................................. 15
2.2. Identification de bonnes pratiques à l’échelle européenne ........................................................ 15
2.2.1. Parc National de Bialowieza (Pologne) ............................................................................... 16
2.2.2. Parc national Foreste Casentinesi, Monte Falrerona et Campigna (Italie) ......................... 18
2.2.3. Parc national Picos de Europa (Espagne) .......................................................................... 20
2.2.4. Parc national d’Oulanka (Finlande) ..................................................................................... 22
2.2.5. Parc national de Cairngorms (Ecosse) ............................................................................... 25
2.3. Synthèse ..................................................................................................................................... 27
3. Les parcs nationaux français et la loi de 2006 : analyse de la gestion forestière
dans les réserves intégrales, zones coeurs et aires d’adhésion ................................... 28
3.1. La définition des parcs nationaux dans la loi de 2006 ............................................................... 28
3.1.1. La réserve intégrale ............................................................................................................. 28
3.1.2. Le cœur de parc national..................................................................................................... 29
3.1.3. L’aire optimale d’adhésion de parc national ........................................................................ 29
3.2. Situation des principaux parcs forestiers nationaux français ..................................................... 30
4. Recommandations pour mettre en adéquation la gestion forestière avec les
critères internationaux ...................................................................................................... 31
4.1. Bilan de l’étude menée dans les cinq parcs nationaux forestiers européens ............................ 31
4.2. Propositions de recommandations pour les différentes zones de parc national ........................ 33
4.2.1. Recommandations pour la réserve intégrale ....................................................................... 33
4.2.2. Recommandations pour la zone cœur ................................................................................ 33
4.2.3. Recommandations pour l’aire d’adhésion ........................................................................... 33
4.3. Conclusion .................................................................................................................................. 34
Annexes ............................................................................................................................. 35
Annexe 1 : contacts ........................................................................................................................... 35
Annexe 2 : bibliographie et webographie .......................................................................................... 36
Annexe 3 : Enquête transmise aux cinq pays européens ................................................................. 38
Annexe 4 : Fiches complètes des parcs nationaux forestiers européens ......................................... 43
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Remerciements
Ce document a été élaboré grâce aux contributions et à la collaboration d’experts :
International: Nigel Dudley (Equilibrium research)
France: Isabelle Meurillon (GIP des forêts de Champagne et Bourgogne) – Daniel Vallauri (WWF) –
Gilles Landrieu (Parcs Nationaux de France) – Véronique Boussou (Parcs Nationaux de France) –
Marie Thomas (Parcs Nationaux de France)
Pologne: Piotr Daszkiewicz (Service du Patrimoine Naturel / Muséum National d’Histoire Naturelle) Tomek Samojlik (Parc National de Bialowieza)
Italie: Corrado Teofili (Federparchi) - Davide Alberti et Nevio Agostini (Parc national Foreste
Casentinesi, Monte Folterona et Campigna)
Espagne: Marta Mugica (Europarc Espagne) - Rodrigo Suárez Robledano (Parc national Picos de
Europa)
Finlande: Kari Lahti (Metsähallitus)
Royaume-Uni: Will Boyd Wallis (Parc national Cairngorms) - Chris Mahon (IUCN National Committee
UK)
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Introduction
La loi du 14 avril 2006 a consolidé la protection juridique des parcs nationaux et renforcé leur
organisation territoriale en trois secteurs interdépendants (réserves intégrales, zones cœurs et aires
d’adhésion) régis par des réglementations et des objectifs de gestion différents. Cependant, il existe
une variabilité entre les parcs nationaux existants en matière de gestion forestière et de
réglementation de la chasse, qui nécessite d’être clarifiée vis-à-vis des standards internationaux qui
correspondent aux catégories de gestion d’aires protégées, telles que définies par l’UICN.
La présente étude vise à caractériser en détail les objectifs de gestion de chaque zone d’un parc
national et d’évaluer leur compatibilité avec les catégories UICN correspondantes (régime et
réglementation des activités d’une catégorie I, II, V). Elle s’appuie notamment sur un recueil de
pratiques de gestion exemplaires à l’échelle européenne pour formuler des préconisations. Sont
considérées en priorité dans l’analyse les actions de gestion forestière, les pratiques sylvicoles et
extractives locales, la chasse pour la régulation de grands ongulés, les travaux de restauration dans
les milieux naturels non forestiers (marais, cours d’eau, pelouses sèches).
Depuis leur origine, les parcs nationaux ont pour objectif de protéger un patrimoine naturel, culturel et
paysager exceptionnels, sur les domaines terrestres et marins, et de promouvoir l’éducation et les
loisirs. A l’échelle internationale, il existe environ 5000 parcs nationaux, plus de 300 en Europe et 10
en France. Couvrant une superficie totale de 4,9 millions d’hectares soit 7,7% du territoire terrestre de
la métropole et des DOM, ils sont situés dans plusieurs régions biogéographiques d’Europe
(méditerranéenne, alpine, océanique, continentale), d’Amérique (Antilles, Amazonie) et d’Asie
(Mascareignes). Le réseau français des parcs nationaux est en expansion régulière. A l’issue de la
réforme de 2006, l’Etat a créé le parc amazonien de Guyane (2007) et le parc national de La Réunion
(2007). Malgré ce développement, certains écosystèmes sont restés faiblement représentés dans le
réseau des parcs, en particulier les zones humides et la forêt tempérée, qui constituent pourtant les
deux tiers de la superficie de peuplements forestiers métropolitains. Dans le cadre du Grenelle de
l’environnement, l’Etat s’est donc engagé à compléter le réseau actuel par trois nouveaux parcs,
centrés sur des écosystèmes clés du patrimoine naturel français, actuellement peu représentés dans
les parcs nationaux existants : zones humides, forêts de plaine et côte méditerranéenne (Calanques).
L’étendue et la qualité des massifs forestiers de Champagne et de Bourgogne ont permis à ce
territoire d’être choisi pour accueillir le futur parc national consacré à la forêt feuillue de plaine. Ce
dernier couvre plus de la moitié du territoire et constitue un vaste ensemble boisé, simplement
entrecoupé, en son centre, par des vallées et quelques clairières où se concentrent les villages et les
activités agricoles.
A la demande du Ministère en charge de l’agriculture, l’objectif de l’étude a été de mener une
démarche prospective sur les types de gestion forestière compatibles avec les critères internationaux
d’un parc national qui pourraient être envisagés en fonction des différents zonages en : réserve
intégrale (Ia), cœur de parc (II) et aire d’adhésion (V). Pour cela, l’étude s’est attachée à :
- évaluer la correspondance avec les catégories UICN et préciser les modes de gestion forestière
compatible avec chaque catégorie et ainsi redéfinir les catégories de gestion pour chacune des zones
du parc national
- faire un recueil de bonnes pratiques dans des parcs nationaux européens en faisant ressortir des
éléments de comparaison
- formuler des recommandations pour orienter la gestion forestière dans les 3 zones de parc.
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1. Orientations internationales
1.1. Définitions
Aire protégée
L’UICN définit une aire protégée comme un espace géographique clairement défini, reconnu,
consacré et géré, par tout moyen efficace, juridique ou autre, afin d’assurer à long terme la
conservation de la nature ainsi que les services écosystémiques et les valeurs culturelles qui lui sont
associés.
Parc national
Vaste aire naturelle ou quasi naturelle mise en réserve pour protéger des processus écologiques de
grande échelle, ainsi que les espèces et les caractéristiques des écosystèmes de la région, qui
fournissent aussi une base pour des opportunités de visites de nature spirituelle, scientifique,
éducative et récréative, dans le respect de l’environnement et de la culture des communautés locales.
Forêt
Territoire occupant une superficie d’au moins 0 ,5 hectares avec des essences forestières capables
d’atteindre une hauteur supérieure à 5 m à maturité in situ, un couvert arboré de plus de 10 % et une
largeur moyenne d’au moins 20 m.
En 2011, la forêt française couvre environ 16,3 millions d’hectares en métropole (soit 30% du
territoire)1, et 8,3 millions d’hectares en outre-mer.
Aire protégée forestière
Une aire protégée comprenant des espaces forestiers, protégée sur la base de dispositions légales,
principalement pour la conservation de la nature, et qui a reçu une désignation officielle comme
espace protégé à long terme (COST Action E27 – Protected Forest Areas in Europe).
L’UICN a également élaboré une définition spécifique des aires protégées forestières qu’elle conçoit
comme un sous-ensemble à part entière des aires protégées.
Protection, gestion et restauration forestière
Les forêts recouvrent un panel important de fonctions ce qui induit des régimes de gestion forestière
différents. Certaines forêts nécessitent une protection stricte mais toutes exigent une bonne gestion et
beaucoup de forêts détruites ou endommagées doivent être restaurées. Un éventail d’approches
différentes pour leur utilisation est nécessaire pour mener à bien la protection, la gestion et la
restauration forestière.
1.2. Catégories UICN
Depuis la création du Parc National de Yellowstone en 1872, plus de 100 000 aires protégées ont été
créées à travers le monde, dans des contextes politiques et écologiques très diversifiés. Ce
développement s’est traduit par la multiplication des dénominations et des statuts de protection,
rendant nécessaire la recherche d’une nomenclature commune à l’échelle internationale.
L’UICN a contribué à cet effort de standardisation en développant un système de classification des
aires protégées reconnu par les Nations-Unies. Il est utilisé par plusieurs Gouvernements pour
planifier leurs systèmes d’aires protégées et incorporé dans de nombreuses législations nationales.
Cette classification sert également d’autres objectifs, parmi lesquels :
- Alerter les Gouvernements sur l’importance des aires protégées
- Faciliter les analyses comparatives des systèmes de protection
- Identifier de manière précise les objectifs de gestion des aires protégées
- Instaurer un cadre standard pour la collecte et la diffusion de données sur les aires protégées
- Encourager les Gouvernements à développer un éventail d’objectifs de gestion adaptés aux
conditions nationales et locales
- Améliorer la communication et la compréhension mutuelle entre les acteurs impliqués dans la
conservation.
1
IGN, 2011. La forêt en chiffres et en cartes
8
La classification de l’UICN définie en 1994 distingue six catégories d’aires protégées en fonction de
leurs objectifs de gestion. Elles correspondent à une gradation de la naturalité de l’espace et du
niveau d’intervention dans les milieux, depuis l’exclusion de toute activité jusqu’à des stratégies de
gestion durable de la biodiversité.
Les catégories I à III visent en premier lieu à protéger l’intégrité écologique des écosystèmes et des
processus naturels. Les sites relevant des catégories II et III ont en plus une vocation récréative et
éducative.
La catégorie IV s’applique à des sites dans lesquels des interventions de gestion régulières sont
nécessaires pour conserver et, le cas échéant, restaurer des espèces ou des habitats.
Les dispositifs relevant de la catégorie V protègent des paysages culturels habités, comprenant par
exemple des exploitations agricoles ou d’autres formes d’utilisation des sols.
La catégorie VI s’applique aux aires d’utilisation durable des ressources naturelles, essentiellement
au profit des populations locales.
1.3. Objectifs détaillés de gestion d’un parc national en lien avec les critères de l’UICN
L’originalité des parcs nationaux français repose sur la mise en place d’un zonage qui permet
d’articuler les mesures de protection de la nature avec les dynamiques de développement durable, sur
terre et sur mer (eaux territoriales et eaux intérieures). Cette organisation intégrée du territoire était
déjà présente dans la loi fondatrice de 1960 et a été renforcée avec la réforme de 2006. Chaque parc
national correspond à une unité écologique et géographique composée de trois secteurs
interdépendants, dont les objectifs et les modalités de gestion sont différents mais complémentaires.
Réserve intégrale
Des réserves intégrales peuvent être établies dans les cœurs des parcs nationaux « afin d’assurer,
dans un but scientifique, une protection plus grande d’autres éléments de la faune et de la flore ».
Pour cela, des sujétions particulières plus contraignantes peuvent être appliquées, par exemple en
réservant l’accès pour les études scientifiques. Classées par décret, elles disposent d’un plan de
gestion propre, proposé par le conseil scientifique.
Ces objectifs et ces modalités de gestion les assimilent à la catégorie Ia définie par l’UICN, qui
correspond à des aires protégées mises en réserve pour protéger la biodiversité et, éventuellement,
des caractéristiques géologiques/ géomorphologiques. Les visites, l’utilisation et les impacts humains
sont strictement contrôlés et limités pour garantir la protection des valeurs de conservation.
Ces aires protégées peuvent servir d’aires de référence indispensables pour la recherche scientifique
et la surveillance continue.
Plusieurs objectifs de gestion définissent cette catégorie :
Objectif premier :
Conserver les écosystèmes exceptionnels au niveau régional, national ou mondial, les espèces
(individuelles ou en groupes) et/ou les caractéristiques de la géodiversité : ces caractères distinctifs auront
été formés principalement ou entièrement par des forces non humaines et seraient dégradés ou détruits par
tout impact humain sauf très léger.
Autres objectifs :
- Conserver les écosystèmes, les espèces et les caractéristiques de la géodiversité dans un état aussi
préservé de toute nouvelle activité humaine que possible ;
9
- Conserver des milieux naturels exemplaires à des fins d’études scientifiques, de suivi de l’environnement
et d’éducation à l’environnement, y compris des aires de référence en excluant toute intrusion évitable ;
- Réduire au minimum les perturbations en planifiant et en menant avec circonspection les activités
autorisées, de recherche et autres ;
- Conserver les valeurs culturelles et spirituelles associées à la nature.
La zone du parc national mise en réserve intégrale pour protéger la biodiversité peut être résumée en
6 critères distincts :
- Le site est mis en réserve stricte pour protéger la biodiversité et aussi, éventuellement, des
caractéristiques géologiques/géomorphologiques
- Les visites, l’utilisation et les impacts humains sont strictement contrôlés et limités pour
garantir la protection des valeurs de conservation
- Le principal objectif de gestion vise à conserver des écosystèmes exceptionnels à l’échelle
régionale, nationale ou mondiale
- Au moins un des éléments suivants figure dans les objectifs de conservation : écosystème
exceptionnel, espèces (individuelles ou en groupes), caractéristiques de la géodiversité
- L’ensemble des caractères distinctifs décrits précédemment ont été formés principalement ou
entièrement par des forces non humaines
- L’ensemble des caractères distinctifs décrits précédemment seraient dégradés ou détruits par
tout impact humain sauf très léger
Cœur de parc
Les cœurs des parcs nationaux visent en priorité à protéger le patrimoine et constituent des territoires
d’excellence de la gestion conservatoire. D’après la réglementation, un cœur de parc national est « un
espace de protection et de référence scientifique, d’enjeu national et international, permettant de
suivre l’évolution des successions naturelles, dans le cadre notamment du suivi de la diversité
biologique et du changement climatique. Il est aussi un espace de découverte de la nature, de
ressourcement et de tranquillité. (…) La gestion conservatoire du patrimoine du cœur du parc a pour
objet de maintenir notamment un bon état de conservation des habitats naturels, de la faune et de la
flore, les fonctionnalités écologiques et la dynamique des écosystèmes, d'éviter une fragmentation
des milieux naturels et de garantir le maintien d’une identité territoriale. La maîtrise des activités
humaines, dont la fréquentation du public, doit être suffisante pour garantir la protection du patrimoine
du cœur du parc et garantir la conservation de son caractère ».
Les activités humaines sont strictement encadrées par la législation des parcs nationaux et la
réglementation qui en découle, notamment le code de l'environnement et pour chaque parc, le décret
de création, la charte et les actes dérivés de l’établissement public. La publicité et les activités
industrielles et minières sont interdites. L’établissement public du parc a également vocation à
encadrer les activités agricoles, pastorales et forestières. Il peut interdire ou soumettre à un régime
particulier les travaux, les aménagements, les constructions et les installations, la chasse et la pêche,
les activités commerciales, l’extraction des matériaux non concessibles, l’utilisation des eaux, la
circulation du public, le survol à une hauteur inférieure à 1000 mètres du sol et plus globalement, toute
action susceptible d’altérer le caractère du parc national et de nuire au développement naturel de la
faune et de la flore. De plus, certains travaux relevant d'une étude d'impact et pouvant affecter de
façon notable les cœurs terrestres ne peuvent être autorisés qu'après avis conforme de
l'établissement.
Du fait de ces modes de gestion, les cœurs de parcs nationaux correspondent à la catégorie II définie
par l’UICN. Les aires protégées de catégorie II sont de vastes aires naturelles ou quasi naturelles
mises en réserve pour protéger des processus écologiques de grande échelle, ainsi que les espèces
et les caractéristiques des écosystèmes de la région, qui fournissent aussi une base pour des
opportunités de visites de nature spirituelle, scientifique, éducative et récréative, dans le respect de
l’environnement et de la culture des communautés locales.
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Plusieurs objectifs de gestion définissent cette catégorie :
Objectif premier :
Protéger la biodiversité naturelle de même que la structure écologique et les processus
environnementaux sous-jacents, et promouvoir l’éducation et les loisirs.
Autres objectifs :
- Gérer l’aire de façon à perpétuer, dans un état aussi naturel que possible, des exemples
représentatifs de régions physiographiques, de communautés biotiques, de ressources génétiques et
de processus naturels intacts ;
- Maintenir des populations viables et écologiquement opérationnelles et des assemblages d’espèces
indigènes en densités suffisantes pour préserver à long terme l’intégrité et la résilience de
l’écosystème ;
- Contribuer en particulier à la conservation d’espèces occupant de grands espaces, de processus
écologiques régionaux et des voies de migration ;
- Gérer la fréquentation de visiteurs à des fins spirituelles, éducatives, culturelles et récréatives de
façon à ce qu’elle ne cause aucune dégradation biologique ou écologique significative des ressources
naturelles ;
- Prendre en compte les besoins des populations autochtones et des communautés locales, y compris
l’utilisation de ressources de subsistance, dans la mesure où celles-ci n’ont pas d’incidence négative
sur le premier objectif de gestion ;
- Contribuer à l’économie locale par le tourisme.
La zone cœur d’un parc national peut être résumée en 4 critères distincts :
- Le site correspond à une vaste aire naturelle ou quasi naturelle mise en réserve pour
protéger des processus écologiques de grande échelle, ainsi que les espèces et les
caractéristiques des écosystèmes de la région
- Il fournit aussi une base pour des opportunités de visites de nature spirituelle, scientifique,
éducative et récréative, dans le respect de l’environnement et de la culture des communautés
locales.
- Un des objectifs premiers de gestion est de protéger la biodiversité naturelle de même que la
structure écologique et les processus environnementaux sous-jacents.
- Un des objectifs premiers de gestion est de promouvoir l’éducation et les loisirs.
Aire d’adhésion
Le décret de création des parcs nationaux définit également une « aire optimale d’adhésion », qui
correspond à « tout ou partie des territoires des communes (…) ayant vocation à faire partie du parc
national en raison notamment de leur continuité géographique ou de leur solidarité écologique avec le
cœur »2. L’aire d’adhésion effective est déterminée par les communes ayant exprimé par une
délibération leur décision d’adhérer à la charte. Au total, les aires optimales d’adhésion des parcs
nationaux couvrent 25 280 km², soit 2,3% du territoire terrestre de la métropole et des DOM.
La réglementation précise que « l’aire d’adhésion, par sa continuité géographique et sa solidarité
écologique avec le cœur, concourt à la protection du cœur du parc national, tout en ayant vocation à
être un espace exemplaire en matière de développement durable. (…) L'adhésion (…) d'une
commune (…) a pour objet de maintenir l’interaction harmonieuse de la nature et de la culture, en
protégeant le paysage et en garantissant le maintien des formes traditionnelles d’occupation du sol et
de construction, ainsi que l’expression des faits socioculturels».
Les aires d’adhésion constituent des territoires de projet des acteurs locaux réunis par leur
engagement commun à la charte. En métropole, tous les documents de planification en matière
d’urbanisme doivent être compatibles avec la charte dans l'ensemble du parc. Dans la zone cœur,
l’exigence de compatibilité avec la charte s’applique aux documents de planification, d'aménagement
et de gestion des ressources naturelles relatifs à l'agriculture, la forêt, l’accès à la nature, les sports de
nature, le tourisme, la gestion de l’eau, l'énergie éolienne, les carrières, la chasse, la pêche, la faune
sauvage, l'aménagement et la mise en valeur de la mer. Ces dispositions sont assouplies dans les
DOM.
2
Loi n°2006-436 du 14 avril 2006 relative aux parcs nationaux, aux parcs naturels marins et aux parcs naturels régionaux
11
Une aire optimale d’adhésion d’un parc national s’apparente davantage à une zone tampon. Une
démarche de dialogue doit-être envisagée au cas par cas avec les gestionnaires et les élus des
territoires concernés pour valider la conformité de ces espaces avec la définition UICN d’aire
protégée.
A l’issue de cette démarche, dans le cas où l’aire est compatible avec les caractéristiques d’une aire
protégée, ses objectifs de gestion pourraient correspondre avec la catégorie V (paysage protégé)
dans la mesure où elle résulte de l’interaction des hommes et de la nature au fil du temps, et possède
un caractère distinct, avec des valeurs écologiques, biologiques, culturelles et panoramiques
considérables, et où la sauvegarde de l’intégrité de cette interaction est vitale pour protéger et
maintenir l’aire, la conservation de la nature associée ainsi que d’autres valeurs.
Plusieurs objectifs de gestion définissent cette catégorie :
Objectif premier :
Protéger et maintenir d’importants paysages terrestres ou marins, la conservation de la nature qui y
est associée, ainsi que d’autres valeurs créées par les interactions avec les hommes et leurs
pratiques de gestion traditionnelles.
Autres objectifs :
- Préserver une interaction équilibrée entre la nature et la culture par la protection de paysages
terrestres ou marins et par des approches de gestion des sociétés, des cultures et des valeurs
spirituelles traditionnelles associées;
- Contribuer à la conservation à long terme en préservant les espèces associées aux paysages
culturels et/ou en offrant des opportunités de conservation dans des paysages intensément utilisés ;
- Fournir des opportunités de distractions, de bien-être et d’activités socioéconomiques grâce aux
loisirs et au tourisme ;
- Offrir des produits naturels et des services environnementaux ;
- Proposer un cadre pour étayer l’implication active de la communauté dans la gestion de paysages
terrestres ou marins précieux et du patrimoine naturel et culturel qu’ils renferment ;
- Encourager la conservation de l’agrobiodiversité et de la biodiversité aquatique ;
- Servir de modèles de durabilité de sorte que l’on puisse en tirer des leçons pour d’autres
applications.
Les caractéristiques d’une aire relevant de la catégorie V peuvent être résumées en 4 critères
distincts :
- L’interaction des hommes et de la nature a produit, au fil du temps, une aire qui possède un
caractère distinct, avec des valeurs écologiques, biologiques, culturelles et panoramiques
considérables
- La sauvegarde de l’intégrité de cette interaction est vitale pour protéger et maintenir l’aire, la
conservation de la nature associée ainsi que d’autres valeurs.
- Un des objectifs premiers de gestion est de protéger et maintenir d’importants paysages
terrestres ou marins, la conservation de la nature qui y est associée.
- Un des objectifs premiers de gestion est de protéger et maintenir d’autres valeurs créées par
les interactions avec les hommes et leurs pratiques de gestion traditionnelles.
1.4. Gestion forestière dans les zones constitutives d’un parc national (régime et
réglementation des activités)
En premier lieu, une aire protégée forestière est définie, d’après l’UICN, comme un « sous-ensemble
de toutes les aires protégées qui comprend une surface importante de forêt. Elle peut recouvrir la
totalité ou une partie d'une aire protégée. »
Dans les aires protégées forestières, la définition de l’UNECE/FAO précise les éléments suivants 3 :
Dudley, N. (Éditeur) (2008). Lignes directrices pour l’application des catégories de gestion aux aires protégées. Gland, Suisse
: UICN. Page 60
3
12
- les plantations forestières dont l’objectif de gestion principal est le bois rond industriel, la gomme, la
résine ou les fruits ne doivent pas être pris en compte ;
- les terres restaurées en forêts naturelles doivent être comptées si le principal objectif de gestion est
le maintien et la protection de la biodiversité et des valeurs culturelles associées ;
- les « forêts culturelles » doivent être incluses si elles sont protégées en premier lieu pour leur
biodiversité et pour les valeurs culturelles associées.
Selon l’UICN, les forêts protégées et/ou conservées à d’autres fins que celle de la biodiversité ne peuvent
bénéficier automatiquement de la qualité d’aire protégée forestière :
Lignes directrices pour l’application des catégories de gestion aux aires protégées, UICN, 2008
Calcul des aires protégées forestières
Calculer la proportion de forêt dans la zone protégée
Déduire toute zone d’arbres qui ne respecte pas la définition d’une forêt comme les
plantations industrielles pour le bois, la nourriture, l’huile de palme, etc
= Aire protégée forestière
La reconnaissance d’une aire protégée forestière doit se faire au travers de l’existence d’un
objectif principal de maintien et de protection de la biodiversité et des valeurs culturelles associées.
Ainsi, les plantations forestières, dont l’objectif de gestion principal est l’exploitation industrielle ne
peuvent être considérées comme des aires protégées forestières. Pour autant des questions légitimes
se posent à l’endroit des forêts semi-naturelles anciennes gérées de façon extensive.
Il en est de même pour les forêts à objectif premier de protection physique (contre des risques
naturels), exclues d’emblée par les lignes directrices de l’UICN de la qualité d’aire protégée alors que
13
ces statuts ne sont pas exclusifs de considérations écologiques ni d’objectifs de protection de la
nature.
Afin d’apprécier si les zones d’un parc national correspondent à des aires protégées forestières
au sens de l’UICN, deux questions doivent ainsi être abordées afin de déterminer :
- la nature des habitats réellement concernés, leur naturalité, en excluant les plantations
exotiques ;
- le niveau de protection, les objectifs visés par les mesures de gestion et le régime de gestion
des activités.
Ensuite, au sein de chacune des zones composant un parc national, d’après la définition de l’UICN,
les mesures de gestion forestières permises ou non par catégorie sont les suivantes :
Catégorie Ia :
Aire protégée stricte, établie prioritairement pour des objectifs de maintien, de la protection de la
biodiversité et, éventuellement, des caractéristiques géologiques/géomorphologiques.
La forêt est laissée en libre évolution. Les seules interventions autorisées ne doivent-être ni
substantielles, ni permanentes, ne doivent pas concerner plus de 25% de la surface du territoire et
doivent être compatibles avec les objectifs principaux de gestion.
En ce qui concerne l’accès, le public n’est pas autorisé à pénétrer librement au sein de la réserve
intégrale.
Les seuls accès permis sont notamment destinés à la recherche scientifique et à la surveillance.
Catégorie II :
Aire protégée vaste, principalement recouverte de forêts naturelles et la gestion pratiquée vise à
maintenir l’habitat forestier et des activités récréatives et touristiques sont proposées.
L’objectif principal de gestion est la protection de la biodiversité donc de la forêt dans le cas d’une aire
protégée forestière en réalisant une intervention minimum.
La chasse (y compris sportive), la pêche de plaisance et la cueillette (champignons, etc.) peuvent
éventuellement être autorisées dès lors que l’aire a pour objectif la préservation d’écosystèmes.
L’exploitation ou l’occupation du territoire est exclue si elle nuit aux objectifs de l’aire protégée.
Catégorie V :
Les principaux objectifs de gestion sont liés à la protection des paysages forestiers et d’éléments
spécifiques naturels.
Les mesures de gestion qui peuvent-être mises en place sont les suivantes :
- les forêts gérées comme des réserves naturelles dans lesquelles la protection de la nature sera une
priorité
- la gestion des ressources forestières renouvelables ;
- la gestion des forêts pour leur valeur récréative en faveur des populations locales et les visiteurs;
- la gestion des forêts principalement pour répondre aux besoins de la communauté locale pour
l'alimentation, l'énergie et les matériaux fournis;
- la gestion des forêts comme des réserves pour le prélèvement durable de la faune sauvage, et
d'autres produits forestiers non ligneux comme le miel;
- la gestion des bassins versants des forêts / régions boisées, qui aident à protéger
l'approvisionnement en eau (qualité et quantité) pour les communautés situées en aval (au sein ou en
dehors de la zone protégée);
- la gestion des petits milieux forestiers utilisés pour le système de production, tels que les haies et les
bosquets, pour les mesures de contrôle du sol ou à des fins sportives, et
- la gestion des autres milieux forestiers utilisés pour les plantations ornementales ou arboretums
14
2. Analyse comparative de la gestion forestière à l’échelle européenne et
identification de bonnes pratiques
2.1. Méthodologie
Dans le cadre de cette étude, un échantillon représentatif de six pays européens a été défini afin de
réaliser des analyses comparatives et de formuler des recommandations à partir des meilleures
pratiques identifiées.
Plusieurs critères d’échantillonnage ont été déterminés, prenant en compte la diversité des contextes
juridiques et écologiques des principaux pays forestiers européens, en considérant également la
proximité des problématiques de gestion forestière avec la France et en respectant les équilibres
géographiques (Europe du Nord/Sud). Pour les études de cas, le choix s’est porté sur des parcs
nationaux forestiers, de préférence feuillus, et l’analyse visait à comparer les types de gouvernance et
de gestion forestière répondant aux exigences de chaque zone constitutive d’un parc national.
L’objectif de l’étude est de caractériser les modalités de gestion forestière compatibles avec
les exigences d’un parc national, dont la justification première est la préservation des
écosystèmes forestiers et associés, dans leur diversité et leur fonctionnalité, tout en
promouvant un modèle original de gestion durable exemplaire de la filière bois, en conformité
avec le caractère du parc, et en permettant des prélèvements sylvicoles en dehors de la
réserve intégrale4.
Au total, cinq pays ont été retenus pour l’analyse de cas: Pologne, Italie, Espagne, Finlande et
Royaume-Uni. L’Allemagne, qui partage de nombreuses caractéristiques communes avec la France, a
été traitée dans le cadre d’une étude complémentaire menée par le GIP Parc national des forêts de
Champagne et de Bourgogne. Une enquête détaillée (cf. annexe 3) a été transmise à chaque
gestionnaire de site afin de recueillir des informations en particulier sur le zonage, la gestion
forestière, l’acceptabilité sociale du parc, les menaces sur la biodiversité.
A partir des réponses recueillies par l’enquête et de documents de gestion transmis par les
gestionnaires, une fiche synthétique de chaque parc national a été réalisée (cf. annexe 4). Selon les
parcs nationaux, les données sont relativement hétérogènes, cependant de nombreuses informations
communes ont pu être obtenues, et sont présentées sous forme synthétique dans la partie suivante.
2.2. Identification de bonnes pratiques à l’échelle européenne
Les fiches descriptives des parcs nationaux étudiés présentent un état des lieux du contexte
historique et institutionnel, des caractéristiques forestières, des objectifs de gestion et des menaces,
une description du zonage et un exemple de bonne pratique adaptable dans le contexte français.
4
Extrait convention constitutive (article 2 -3 missions du GIP)
15
2.2.1. Parc National de Bialowieza (Pologne)
Nom
Création
Superficie
Couvert forestier
Type de forêt
Zones
Białowieski Park Narodowy
1921
10 520 hectares
55%
Feuillus, conifères, alluviales
Zone de protection stricte (Ia), zone de protection active (II) et
zone de paysage protégé (V). Hors du parc national : zone
tampon
Contexte
Le Parc National de Bialowieza, le plus ancien des 23 parcs nationaux de Pologne, est situé au nordest du pays. Il recouvre la partie centrale de la forêt de Bialowieza (1/6 de la forêt sur la partie
polonaise), qui correspond à la dernière forêt naturelle européenne dite primaire, identique à celle qui
a couvert la zone de forêts de feuillus et de conifères dans le passé.
En 1921, la Réserve forestière fut tout d’abord créée. C’est en 1932 que la Réserve est devenue Parc
National. La forêt de Bialowieza est classée au Patrimoine Mondial de l’UNESCO depuis 1979 au titre
du critère (vii)5.
Caractéristiques forestières
La forêt recouvre 55% de la superficie totale du parc national avec :
- les forêts de Chêne, Charme et Tilleul qui couvrent près de la moitié de la surface de la forêt.
- les forêts de conifères dominées par le Pin sylvestre et/ou l’Épicéa (pinèdes, pessières sur tourbe…)
qui constituent le deuxième grand type de formation forestière de Białowieza. Elles couvrent plus d’un
tiers de la forêt.
- les aulnaies qui constituent le troisième grand type forestier. Les zones humides font également
partie intégrante du parc national.
Objectifs principaux de gestion
L’objectif principal du Parc National est la protection de la nature avec pour actions principales :
- la protection des ressources naturelles, scientifiques, des valeurs du paysage
- l’identification et l’évaluation des menaces intérieures et extérieures existantes et potentielles, et
mises en place pour faire face à ces menaces
- l’accessibilité du Parc pour les recherches scientifiques
- la gestion de la conservation des bisons d'Europe (centre d’élevage et in-situ, au sein de la forêt de
Bialowieza côté Pologne)
Zonage
Trois zones délimitent le parc national pour lesquelles les catégories UICN n’ont pas été précisées
mais une correspondance a néanmoins été proposée.
5
« Représenter des phénomènes naturels ou des aires d'une beauté naturelle et d'une importance esthétique exceptionnelles »
16
Synthèse des modalités de gestion dont forestière
Zone
Superficie et
pourcentage de
couverture
Catégorie
UICN
Zone de protection
stricte
5 725,75 ha –
57,6%
Ia
Zone de protection
active
4 438, 20 ha –
39%
II
Zone de paysage
protégé
353, 32 ha – 3,4%
V
Zone tampon
3 224, 26 hectares
/
Description – Gestion – Réglementation
Zone la mieux préservée (de haute valeur patrimoniale) dans
laquelle aucune intervention humaine, aucun prélèvement,
aucune introduction ne sont permis.
La forêt est laissée en libre évolution.
Accès au public très limité (pas plus de 20 personnes
accompagnées d’un guide professionnel)
Intervention humaine autorisée sous forme d’actions de
protection avec pour objectif le rétablissement de conditions
le proche possible d’écosystèmes naturels, du maintien des
habitats naturels, flore, faune…
Bon exemple de gestion au sein de cette zone : la fauche et
le déracinement d’arbustes dans les milieux prairiaux afin de
laisser se développer des espèces patrimoniales, rares et
d’attirer des espèces avifaunistiques.
Les mesures de gestion sont mises en place l’été, après que
les espèces floristiques rares aient fleuri, quand la période
de reproduction de l’avifaune est terminée.
Conservation des fonctions caractéristiques d’un paysage
particulier
Zone qui permet d’atteindre l’objectif de protection du parc
national contre les menaces extérieures, notamment celles
d’origine anthropiques
Etude de cas
Le parc national de Bialowieza constitue un cas d’étude particulièrement intéressant en raison de la
gestion exemplaire de sa réserve intégrale. Cette zone, qui correspond a priori à une catégorie Ia, a
permis de préserver la forêt primaire depuis 1921. Aucune intervention humaine - de gestion ou
d’usage – n’est permise dans son périmètre : la forêt est laissée en libre évolution et la protection
stricte facilite l’expression des processus écologiques. L’arrêt des coupes d’arbres s’est ainsi traduit
par le rétablissement progressif de la forêt et l’augmentation de la diversité spécifique. Le bois mort
représente environ 20-25% de la masse totale de bois.
L’accès du public est strictement contrôlé : seuls des groupes de 20 personnes maximum sont
autorisés à entrer dans la réserve, à condition d’être accompagnés par un guide professionnel.
17
2.2.2. Parc national Foreste Casentinesi, Monte Falrerona et Campigna (Italie)
Nom
Création
Superficie
Couvert forestier
Type de forêt
Zones
Parco Nazionale delle Foreste Casentinesi, Monte Falterona, Campigna
12 juillet 1993
36 200 hectares
80%
Feuillus (hêtraies)
Réserve intégrale (Ia), zone de valeurs culturelles, scientifiques et
paysagères (II), zone forestière, agricole et récréative (V)
Contexte
Le parc national des forêts de Casentinesi, Mont Falterona et Campigna intègre la première réserve
intégrale de Sasso Fratino créée en Italie. Cette réserve détient le label du Diplôme européen 6 depuis
1985. L’ensemble du Parc national est également inclus dans un site Natura 2000.
Il est caractérisé par des écosystèmes forestiers en bon état de conservation, très rares dans cette
partie des Appenins. Il contient également des paysages d’intérêt patrimonial, importants pour de
nombreuses espèces de flore et de faune, et liés à la présence d’activités agro et sylvo-pastorales
traditionnelles.
Dans les premières années de sa création, le parc national a fait l’objet d’oppositions locales, en
raison d’une gestion non optimale et du rejet de certaines parties prenantes (chasseurs, opérateurs
touristiques). Les mesures mises en place pour renforcer l’acceptabilité sociale ont reposé sur une
communication de l’information plus transparente et sur des actions de sensibilisation soulignant la
multiplicité des bénéfices associés à la présence du parc national.
Caractéristiques forestières
La forêt recouvre plus de 80% du territoire du parc national et l’Etat est propriétaire. Elle est
principalement composée de feuillus (23 853 hectares), dont une majorité de hêtraies (11 257
hectares).
8%
12%
15%
65%
Zones non boisées
Forêts de conifères
Forêts de feuillus
Mixte conifères - feuillus
Objectifs principaux de gestion et menaces
Les principaux objectifs de gestion visent la préservation de la forêt primaire et ancienne et,
l'amélioration de la naturalité des parties restantes de forêts domaniales incluses dans le parc
national. Le maintien des usages productifs sur les terrains privés est également intégré. La gestion
actuelle est guidée par les critères de peuplements forestiers naturels afin de faciliter une biodiversité
élevée, en favorisant la présence d'arbres morts et de bois mort sur le sol.
Les menaces qui pourraient peser sur le parc national sont l’abandon du pastoralisme, le manque de
pâturage et la perte d'espaces ouverts. Il faut également citer la fréquentation touristique dans
certaines zones sensibles à forts enjeux de biodiversité. Dans certains cas, les activités sportives, la
cueillette d’espèces floristiques illégale, l’empoisonnement ou le piégeage illégal d’espèces animales
constituent également des menaces importantes. Enfin, la présence de certaines espèces exotiques
envahissantes pourrait modifier à terme les processus naturels biotique et abiotique.
6
Le diplôme européen des espaces protégés est un outil d'application de la stratégie européenne pour la biodiversité. Il est
depuis 1965 attribué (pour 5 ans, sur la base d'un règlement) à des espaces naturels ou semi-naturels protégés « en raison de
qualités remarquables du point de vue scientifique, culturel ou esthétique, à condition toutefois que ces espaces bénéficient
également d’un régime de protection adéquat, éventuellement associé à des programmes de développement durable... ».
18
Zonage
Trois zones délimitent le parc national pour lesquelles une catégorie de gestion UICN a été attribuée :
Zonages du
Casentinesi,
Campigna »
Parc National « Foreste
Monte
Falterona
et
Source : Parc National « Foreste Casentinesi, Monte
Falterona et Campigna »
Zones de la Réserve intégrale
Zones d’intérêt scientifique
Zones d’intérêts paysagères
Monuments
Zones d’un intérêt écologique particulier
Zones à destination sportive
Zones à destination forestière prédominante
Zones à destination agricole prédominante
Zones urbaines et d'expansion urbaine
Synthèse des modalités de gestion dont forestière
Zone
Superficie
Catégorie
UICN
Zone A : Réserve
intégrale
1320 ha
Ia
Zone B : zone de
valeurs culturelles,
scientifiques et
paysagères
10 408 ha
II
Zone C : zone
forestière, agricole
et récréative
25 833 ha
V
Description – Gestion – Réglementation
Ancienne forêt laissée en libre évolution.
Activités permises : surveillance et activités de recherche
Protection des processus écologiques, espèces et caractéristiques des
écosystèmes de la région.
Activités récréatives et traditionnelles agro-pastorales et forestières maintenues
si compatibles avec la conservation des valeurs naturelles du site.
Quelques activités anthropiques sont permises comme la cueillette des
champignons, les traitements de lutte contre les espèces exotiques
envahissantes. La chasse n’est par contre pas autorisée.
Zones d'intérêt naturel, avec une référence particulière à la protection des
paysages. L’interaction des hommes et de la nature a produit, au fil du temps,
une aire qui possède un caractère distinct digne de protection.
Les objectifs de cette zone sont la protection, l’amélioration, la promotion :
- de l’agriculture agro-environnementale
- des activités traditionnelles, y compris l'agriculture et l'élevage
Les usages prévus, tant publics que privés, sont compatibles avec les activités
prévues et les objectifs du parc national conformément à la loi cadre aussi bien
pour le quotidien des populations locales et les intérêts généraux.
Etude de cas
La conception de ce parc national est très intéressante. Les trois zones distinctes ont été définies
selon les objectifs fixés en sous-zones. Une partie de la réserve intégrale est dédiée à la recherche
scientifique. La zone B a également été subdivisée en deux parties, l’une en raison de l’intérêt
paysager et l’autre pour préserver le patrimoine culturel. Enfin la zone C, a été organisée en trois
secteurs à savoir, forestiers, agricoles et culturels.
La réglementation repose sur des documents de gestion relatifs à chaque activité, accessibles sur le
site Internet7 du parc national. Ces orientations portent notamment sur la gestion forestière (coupe de
taillis à maturité, arbres morts, feux de forêt), la recherche scientifique, les dommages à la faune, la
cueillette de champignons, le camping, les manifestations sportives etc…
7
http://www.parcoforestecasentinesi.it/pfc/index.php?option=com_inclusore_ricerca_norm&file=1&Itemid=158&pag=1&cap=1&la
ng=it&titolo=&argomento=4&categoria=-1&visualizzazione=a.data_pub&Submit=Cerca
19
2.2.3. Parc national Picos de Europa (Espagne)
Nom
Création
Superficie
Couvert forestier
Type de forêt
Zones
Parque Nacional de Picos de Europa
30 mai 1995
66 640 hectares
Non renseigné
Feuillus
Parc national classé en catégorie II.
5 zones recouvrent le parc national mais les catégories UICN n’ont pas
été précisées : Zone de la réserve, zone d’usage restreint, zone
d’usage modéré, zone d’utilisation spéciale, zone d’activités
traditionnelles
Contexte
Le parc national Picos de Europa est issu de l’extension en 1995 du parc "Montaña de Covadonga»,
créé le 22 Juillet 1918 (premier parc national d’Espagne). Le 9 juillet 2003, l’UNESCO a approuvé la
demande de classement en Réserve de Biosphère 8.
La loi 16 /1995 du 30 mai 1995 portant création du parc national des Picos de Europa précise que ses
objectifs de gestion sont de protéger l'intégrité des écosystèmes, de contribuer à la protection, la
valorisation, le développement et la diffusion des valeurs culturelles, de faciliter la connaissance et la
bien-être des citoyens, promouvoir le développement social, économique et des communautés
culturelles à leur niveau territorial, et de contribuer à l'héritage européen et mondial d'un échantillon
national d’écosystèmes représentatifs de la haute montagne et de la forêt Atlantique. Une attention
particulière est apportée aux populations locales qui vivent ou qui exercent des activités économiques
au sein du parc national.
La réalisation de ces objectifs, comme dans le reste des parcs nationaux, repose sur la préplanification, comme spécifié dans le Plan d'utilisation et de gestion d'administration. Ce document
normatif est établi pour une durée de six ans, conformément au Plan directeur des parcs nationaux,
instrument de base de la gestion du réseau des parcs nationaux, approuvé par le décret royal
1803/1999, du 26 Novembre 1999. Des plans d’action sont élaborés annuellement.
Caractéristiques forestières
De nombreuses espèces forestières ont colonisé le parc national en fonction de l'altitude, du sous-sol
et de l'exposition :
- le chêne vert (Quercus ilex)
- le chêne liège (Quercus suber)
Dans les zones plus fraîches :
- le châtaigner (Castanea sativa)
- le chêne rouvre (Quercus robur)
- le hêtre (Fagus sylvatica)
Objectifs principaux de gestion et menaces
Les objectifs de conservation du parc national sont les suivants :
- protection de l'intégrité des écosystèmes qui constituent une représentation significative des
systèmes naturels et semi-naturels associés à la forêt oro-cantabrique (forêt humide)
- Contribuer à la protection, la restauration, le développement et la diffusion des valeurs culturelles
et l'histoire anthropologique
- Protéger le paysage de haute montagne
- Maintenir les activités traditionnelles telles que l’élevage
- Promouvoir le développement social, économique et culturel durable en associant les populations
locales
- La chasse et la pêche sont de manières générales incompatibles avec les objectifs de parcs
nationaux. Un comité de gestion mixte, sur proposition de l’organisme gestionnaire du parc, avec
d’autres administrations compétentes, établit un programme d’accords volontaires avec les autorités
du droit de la chasse.
Des menaces pèsent également sur le parc national, en particulier :
8
Réserve de biosphère est une reconnaissance par l'UNESCO de zones modèles conciliant la conservation de la biodiversité
et le développement durable, dans le cadre du Programme sur l'homme et la biosphère (MAB)
20
- la forte concentration de visiteurs sur certains sites
- les feux de forêts
- des phénomènes associés aux changements climatiques tels que la raréfaction du grand tétras et le
déclin des populations de saumon atlantique.
Quelques problématiques fragilisent également l’acceptabilité sociale du parc national :
- la présence du loup
- la crise économique, dans la mesure où elle se traduit par une baisse de crédits et
d’investissements.
Pour faire face à ces problèmes, l’Etat propose :
- des aides financières aux résidents du parc national et ses municipalités
- des activités éducatives et des formations
- la participation à la gestion (à titre consultatif uniquement).
En termes de gestion, les actions entreprises ont pour priorité la conservation des valeurs naturelles
et des processus qui les soutiennent. Toute action mise en œuvre doit être compatible avec la
conservation des valeurs naturelles.
Zonage
Le parc national est subdivisé en cinq zones, caractérisées par des actions de gestion distinctes.
Synthèse des modalités de gestion dont forestière
Zone
Zone de la réserve
Zone d’usage restreint
Zone d’usage modéré
Zone d’utilisation
spéciale
Zone d’activités
traditionnelles
Description - Gestion - Réglementation
Zone la plus protégée avec les caractéristiques suivantes :
- valeurs naturelles importantes,
- public non autorisé
- gestion autorisée mais pour la recherche, la spéléologie, les contrôles de population…
Dans cette zone, les activités traditionnelles et la pression du public sont plus faibles. La présence du public
est limitée sur les routes, les chemins, les sentiers, et les voies d'escalade, sauf cas exceptionnels
Cette zone est dominée par le caractère naturel dans laquelle le public est autorisé mais aucune grande
infrastructure n’est présente.
Grandes surfaces transformées par l'activité agricole et soumis à des utilisations traditionnelles à
caractère extensif.
Cette zone concerne les installations nécessaires pour l’usage du public, le personnel administratif. Elle
inclut également les installations pré-existantes et les routes.
Zone dans laquelle se trouvent les zones urbanisées, les zones agricoles…
Etude de cas
La particularité de ce parc national repose sur les cinq zonages établis spécifiquement en fonction des
activités autorisées. Les deux premières sont destinées à la stricte conservation du patrimoine naturel
avec une pression anthropique limitée. Les trois autres zones évoluent vers une acceptation des
activités traditionnelles et l’autorisation du public. Les populations locales tiennent un rôle important
pour le bon fonctionnement du parc national.
21
2.2.4. Parc national d’Oulanka (Finlande)
Nom
Création
Superficie
Couvert forestier
Type de forêt
Zones
Oulangan kansallispuisto
1956
28 000 hectares
55%
Conifères, feuillus, alluviales
Zone de protection stricte (Ia), zone de nature sauvage (Ib), zone
récréative et de randonnée (II)
Contexte
Les 37 parcs nationaux de Finlande sont composés en partie d’habitats forestiers mais il existe très
peu de forêts de feuillus. Le couvert forestier est en effet dominé par des forêts de conifères laissées
en libre évolution. Les forêts situées dans le sud du pays, nécessitent souvent des travaux de
restauration et certains habitats forestiers à riche formations herbeuses requièrent des interventions
de gestion pour maintenir le milieu ouvert, avec suffisamment de feuillus favorables aux espèces à
protéger.
Dans certains parcs nationaux, il existe de petites zones appelées habitats agricoles traditionnels, qui
peuvent-être boisées (mais ce ne sont pas de véritables habitats forestiers), et gérées par pâturage
(bovins ou ovins).
Le Parc National d’Oulanka est situé en Finlande au niveau du cercle polaire arctique, transfrontalier
avec le parc national de Paanajärvi en Russie. Ces deux parcs nationaux sont reconnus à l’échelle
européenne (EUROPARC9) et internationale : ils ont obtenu le label PAN parks10 en 2012 et sont
inscrits sur la liste Ramsar..
Caractéristiques forestières
En ce qui concerne les habitats forestiers, le parc national est composé de :
- Forêts de conifères Boréale (Taïga occidentale)
- Forêts à riche formation herbeuse Fennoscandienne11
- Prairies boisées Fennoscandienne
- Forêts de feuillus marécageuse et tourbières boisées
- Forêts alluviales à Alnus glutinosa et Fraxinus excelsior (Alno-Padion, Alnion incanae, Salicion
albae).
La surface totale de la forêt est de 15 300 hectares, sous propriété exclusive de l’Etat.
Objectifs principaux de gestion et menaces
L’objectif principal du parc national est d’éviter la fragmentation des zones forestières. La forêt est
laissée en libre évolution, aucune gestion n’est pratiquée et toute exploitation est interdite. Néanmoins
le brûlage contrôlé est autorisé mais ce n’est pas une opération récurrente. D’autres mesures de
gestion sont mises en place pour la conservation globale de la biodiversité, le patrimoine culturel, le
tourisme et l’administration générale du site.
Le parc fait face à trois catégories de menaces :
- naturelles : espèces exotiques envahissantes, changements climatiques et feux de forêt
- anthropiques : tourisme et autres activités humaines telles que l’érosion et les dérangements liés à la
fréquentation du site par les visiteurs, trafic illégal de cross-country, chasse illégale, pêche,
exploitation minière…
9
La Fédération EUROPARC, connu sous le nom "Fédération de la nature et des parcs nationaux de l'Europe", a été fondée en
1973 dans le but d'aider les zones protégées à réaliser pleinement leur rôle de gardiennes de la beauté naturelle de l'Europe
10
Pan Parks a pour objet de créer un réseau d'aires protégées exceptionnelles, d'importance internationale, offrant un tourisme
dans la nature de haute qualité.
11
Fennoscandien : région géographique qui comprend le massif ancien de Finlande, Suède et Norvège
22
- organisationnelles: niveau d’organisation inadéquate, manque de coopération avec les populations
locales, récession économique…
Les principales menaces impactantes pour la biodiversité sont les activités économiques, notamment
l’exploitation minière. La législation doit évoluer en bordure du parc national. Il existe également des
menaces liées au caractère transfrontalier des deux parcs nationaux Oulanka –Paanajärvi: manque
de coopération, coordination insuffisante, base juridique incompatible, baisse du niveau d’acceptation
par les populations locales,...
Zonage
Trois zones délimitent le parc national :
Zone 1 :
La zone de conservation spéciale recouvre 11% du parc national. C’est une zone frontalière dans
laquelle la protection stricte est pratiquée. Aucune mesure de gestion n’est mise en place et aucune
activité halieutique n’est permise.
Elle a été créée en raison des formalités frontalières, pour la protection d’écosystèmes fragiles et des
espèces menacées présentes.
Les objectifs de création sont de limiter l'accès conformément avec chacune des zones de
caractéristiques particulières.
L’accès à cette zone n’est autorisé qu’avec une permission spéciale des gardes ou de l’autorité
gestionnaire.
Zone 2 :
La zone de nature sauvage recouvre 74% du parc national.
Aucune mesure de gestion n’est pratiquée dans cette zone.
Le public est autorisé à pénétrer dans cette zone mais une réglementation* stricte doit-être
respectée12.
Zone 3 :
La zone récréative et de randonnée recouvre 15% du parc national.
Cette zone a été créée pour fournir un accès et des services pour la randonnée et d'autres activités de
loisirs selon ce qui est indiqué dans le plan de gestion et le code de conduite.
La réglementation*13 est la même que pour la zone de nature sauvage.
Zone 2
Zone 1
Zone 3
*Réglementation :
Autorisé
- marcher, skier ou faire du vélo librement excepté
12
13
Non autorisé
- Déranger les gens ou endommager des biens
http://www.outdoors.fi/hikinginfinland/rightsandregulations/Pages/Default.aspx
http://www.outdoors.fi/hikinginfinland/rightsandregulations/Pages/Default.aspx
23
près des habitations, ou dans les champs qui peuventêtre facilement endommagés
- camper temporairement autorisé mais à une distance
raisonnable des habitations
- cueillir des mûres sauvages, des champignons et des
fleurs tant que ce ne sont pas des espèces protégées
- pêche à la ligne
- utiliser des bateaux, nager ou se baigner dans les
eaux intérieures et la mer
- marcher, skier, ou conduire un véhicule à moteur ou
pêcher sur les lacs gelés, les rivières et la mer




- Déranger les rennes, le gibier, les oiseaux nicheurs,
leurs nids ou les jeunes
- couper ou endommager les arbres
- recueillir des mousses, lichens ou des arbres tombés
de la propriété d'autrui
- lumière de feux de camp sans autorisation, sauf en
cas d'urgence
- perturber la vie privée des habitants en campant trop
près d'eux ou faire trop de bruit
- laisser les déchets
- conduire des véhicules en dehors de la route sans la
permission du propriétaire
- chasser sans les autorisations nécessaires (la
chasse est réglementée par le décret incluant le
régime de conservation du parc).
Pour information, le parc transfrontalier de Paanajärvi
en Russie interdit complètement la chasse- pêcher
avec des filets, des pièges, ou avec moulinet et leurre
sans les permis appropriés
- pêcher avec des filets, des pièges, ou avec moulinet
et leurre sans les permis appropriés.
Le contrôle officiel de la chasse et de la pêche est
effectué par les gardes.
Synthèse des modalités de gestion dont forestière
Zone
Pourcentage de
couverture
Catégorie
UICN
Zone de protection
stricte
11%
Ia
Zone de nature
sauvage
74%
Ib
Zone récréative et de
randonnée
15%
II
Description – Gestion – Réglementation
Protection des écosystèmes fragiles et des espèces menacées
présentes.
Aucune mesure de gestion mise en œuvre, forêt laissé en libre évolution
Accès du public dans cette zone limitée : permission spéciale attribuée
par les gardes ou autorité gestionnaire
Aucune mesure de gestion pratiquée dans cette zone
Le public est autorisé à pénétrer dans cette zone mais la réglementation
est stricte*
Zone récréative créée pour fournir un accès et des services pour la
randonnée et d'autres activités de loisirs selon ce qui est indiqué dans le
plan de gestion et le code de conduite.
La réglementation* est la même que pour la zone de nature sauvage
Etude de cas
La fréquentation touristique importante dans le parc national d’Oulanka a conduit les gestionnaires du
site à établir une stratégie de développement du tourisme durable. Cette stratégie a pour objectif
d’améliorer la communication et la sensibilisation des parties prenantes concernées. La création d’un
groupe de coopération « Oulanka national park », à vocation consultative, vise à améliorer la gestion
en impliquant davantage les populations locales. La chasse et la pêche de plaisance sont autorisées
sous contrôle des autorités compétentes du parc national.
24
2.2.5. Parc national de Cairngorms (Ecosse)
Nom
Création
Superficie
Couvert forestier
Type de forêt
Zones
Cairngorms National park
2003
452 800 hectares
25% de la totalité des plus grandes forêts écossaises sont présentes
dans le parc
forêts Conifères, feuillus, tourbières boisées
Parc national de catégorie UICN V
Contexte
Les parcs nationaux écossais constituent des modèles de développement durable, de développement
rural, de croissance de la production, de l'amélioration des paysages et de la biodiversité. Leur
gouvernance est exemplaire de l’approche collaborative. La gestion collective des parcs nationaux
écossais contribue directement à l'objectif central du gouvernement écossais, à la création durable et
à la croissance économique du gouvernement écossais.
Le Parc National de Cairngorms, situé au nord-est de l’Ecosse a été créé en 200314 et fait partie des
quinze parcs nationaux du Royaume-Uni. Occupant une surface de 4528 km², il est le plus grand parc
national britannique. Les principales menaces qui touchent le parc sont liées à la fréquentation
touristique.
Caractéristiques forestières
Les forêts du parc national de Cairngorms sont d’importance nationale et internationale.
La gestion forestière vise à préserver à la fois la biodiversité, la culture et le développement
économique. Le parc contient les grandes zones d’habitats de forêt semi-naturelle et représente la
zone la plus étendue de forêt boréale au Royaume-Uni. Dans la zone des Cairngorms se développe
l'une des dernières forêts primaires des îles Britanniques, la Caledonian Forest. Les vestiges de cette
forêt s'étendent sur l'ensemble du parc national.
Environ 25% des plus grandes forêts écossaises sont présentes dans le parc national comprenant
pins, genévriers et feuillus. La forêt est composée de :
- forêts de pins calédoniennes et plantations de conifères,
- forêts de bouleaux,
- tourbières boisées.
Objectifs principaux de gestion et menaces
Les parcs nationaux écossais poursuivent quatre objectifs:
- préserver et améliorer le patrimoine naturel et culturel de la région
- promouvoir l'utilisation durable du patrimoine naturel et les ressources naturelles des parcs
nationaux
- faire connaître et apprécier les qualités particulières de la région par le public
- promouvoir le développement économique et social et le développement des communautés locales
Le plan de gestion définit comme principal objectif la reconnexion des forêts avec les zones humides
du parc national pour la biodiversité.
Aucune mesure réglementaire forte n’est citée dans le plan d’action du parc national. Néanmoins, des
mesures de gestion sont mises en place pour assurer la conservation des milieux forestiers.
Zonage
14
National Parks (Scotland) Act 2000
25
Le plan de gestion du Parc National de Cairngorms (Cairngorms National Park, 2007) reconnait le
classement du Parc dans la catégorie V (« Paysage terrestre ou marin protégé ») de la classification
des aires protégées de l’UICN.
Etude de cas
La particularité du parc national de Cairngorms, qui s’applique à l’ensemble des parcs nationaux
écossais, concerne leur classement en catégorie UICN V. La législation écossaise en matière de parc
national n’est pas orientée vers la protection des « processus écologiques de grande échelle »
(Dudley, 2008) et autorise les activités forestières et agricoles dans le tout le parc. Cela explique
pourquoi les parcs issus de sa création ne sont pas classés selon la catégorie II (« Parc National »)
des catégories de l’UICN.
Vision à long terme du parc national de Cairngorms :
Une économie
durable
soutenant les
entreprises
florissantes et les
communautés
Des usagers
bénéficiant du
parc à travers les
visites et la
pédagogie
Un lieu privilégié
pour les usagers
et la nature avec
un patrimoine
naturel et culturel
renforcés
26
2.3. Synthèse
Tableau de synthèse des parcs et de leur zonage / activités forestières
Zones
Réserve
intégrale
(catégorie Ia)
Zone cœur
(catégorie II)
Activités
Gestion forestière
Pologne
Forêt laissée en
libre évolution
Non
Italie
Forêt laissée en
libre évolution
Non
Espagne
Forêt laissée en
libre évolution
Non
Finlande
Forêt laissée en
libre évolution
Non
Ecosse
Non concerné
Interdite
Limité (avec
guide)
Interdite
Interdit
Interdite
Interdit
Non concerné
Non concerné
Oui
Oui
Oui
Interdite
Limité (permission
spéciale attribuée
par les gardes)
Oui
Oui mais
compatible avec
les valeurs
naturelles et les
objectifs de
gestion
Oui mais
compatible avec
les valeurs
naturelles et les
objectifs de
gestion
Interdite
Oui mais
compatible avec
les valeurs
naturelles et les
objectifs de
gestion
Oui mais
compatible avec
les valeurs
naturelles et les
objectifs de
gestion
Interdite
Oui mais
compatible avec
les valeurs
naturelles et les
objectifs de
gestion
Oui mais
compatible avec
les valeurs
naturelles et les
objectifs de
gestion
Interdite
Non concerné
Activités
traditionnelles
Non précisé
Accès du public
Cueillette
(champignons…)
Activités
récréatives
Gestion forestière
Oui
Oui
Oui mais
compatible avec
les valeurs
naturelles et les
objectifs de
gestion
Oui
Oui
Oui mais
compatible avec
les valeurs
naturelles et les
objectifs de
gestion
Oui
Oui
Oui mais
compatible avec
les valeurs
naturelles et les
objectifs de
gestion
Oui mais
compatible avec
les valeurs
naturelles et les
objectifs de
gestion
Interdite mais
réglementée par le
décret incluant le
régime de
conservation du
parc
Oui mais
compatible avec
les valeurs
naturelles et les
objectifs de
gestion
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Oui
Non concerné
Oui mais
compatible avec
les valeurs
paysagères et
les objectifs de
gestion
Oui mais
compatible avec
les valeurs
paysagères et
les objectifs de
gestion
Oui
Oui mais
compatible avec
les valeurs
paysagères et
les objectifs de
gestion
Oui mais
compatible avec
les valeurs
paysagères et
les objectifs de
gestion
Oui
Oui mais
compatible avec
les valeurs
paysagères et
les objectifs de
gestion
Oui mais
compatible avec
les valeurs
paysagères et
les objectifs de
gestion
Oui
Non concerné
Oui mais
compatible avec
les valeurs
paysagères et
les objectifs de
gestion
Oui mais
compatible avec
les valeurs
paysagères et
les objectifs de
gestion
Oui
Intervention
humaine
Chasse
Accès du public
Surveillance et
activités de
recherche
Gestion forestière
Intervention
humaine
Chasse
Aire optimale
d’adhésion
(catégorie V)
Activités
anthropiques à
des fins
économiques
Conservation des
fonctions
caractéristiques
d’un paysage
Non concerné
Non concerné
Non concerné
Non concerné
Non concerné
Non concerné
Non concerné
Non concerné
Non concerné
27
3. Les parcs nationaux français et la loi de 2006 : analyse de la gestion forestière
dans les réserves intégrales, zones coeurs et aires d’adhésion
3.1. La définition des parcs nationaux dans la loi de 2006
« Art. L. 331-1. − Un parc national peut être créé à partir d’espaces terrestres ou maritimes, lorsque
le milieu naturel, particulièrement la faune, la flore, le sol, le sous-sol, l’atmosphère et les eaux, les
paysages et, le cas échéant, le patrimoine culturel qu’ils comportent présentent un intérêt spécial et
qu’il importe d’en assurer la protection en les préservant des dégradations et des atteintes
susceptibles d’en altérer la diversité, la composition, l’aspect et l’évolution.
« Il est composé d’un ou plusieurs cœurs, définis comme les espaces terrestres et maritimes à
protéger, ainsi que d’une aire d’adhésion, définie comme tout ou partie du territoire des communes
qui, ayant vocation à faire partie du parc national en raison notamment de leur continuité
géographique ou de leur solidarité écologique avec le cœur, ont décidé d’adhérer à la charte du parc
national et de concourir volontairement à cette protection. Il peut comprendre des espaces
appartenant au domaine public maritime et aux eaux sous souveraineté de l’Etat. »
Depuis la loi du 14 avril 2006, les parcs nationaux «à la française» se définissent comme des espaces
dans lesquels est menée une politique exemplaire de protection et de gestion du patrimoine naturel et
culturel, mais aussi d’éducation à la nature, de récréation et de développement durable. Ils se
composent de deux types d’espaces distincts :
- le cœur se caractérise par sa grande richesse écologique et une faible pression d’activités
anthropiques. Ce cœur est la seule zone sur laquelle s’applique la réglementation adaptée prévue par
le décret de création. Il peut comprendre une réserve intégrale dans laquelle les processus naturels
se développent librement ;
- l’aire d’adhésion, à sa périphérie, est composée des communes qui adhèrent volontairement à une
charte, signifiant ainsi leur volonté de contribution à l’objectif de protection du cœur. Cette « aire
d’adhésion » constitue un espace dédié de développement durable et de solidarité écologique avec le
cœur.
3.1.1. La réserve intégrale
La loi de 2006 précise :
Les zones dites "réserves intégrales" peuvent être instituées dans le cœur d’un parc national afin
d’assurer, dans un but scientifique, une protection plus grande de certains éléments de la faune et
de la flore ».
« Pour cela, des sujétions particulières plus contraignantes peuvent être établies ; leur accès est en
principe réserve aux études scientifiques.
Classées par décret, elles disposent d’un plan de gestion propre adopté par le conseil d'administration
de l'établissement public du parc sur proposition du conseil scientifique.
Par ces objectifs et modalités de gestion, elles se rapprochent ainsi de la catégorie I définie par
l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) pour le classement des aires
protégées. »15
Aucune gestion n’est autorisée dans le périmètre de cette zone : la forêt est laissée en libre évolution
et la chasse est interdite exceptée dans la mesure où cela répond aux objectifs de conservation16. La
fréquentation du public est interdite sauf pour les activités relatives au suivi scientifique et à la
surveillance. Toute activité de recherche ou d’exploitation minière est interdite.
15
Parcs nationaux de France, « Les parcs nationaux français, territoires de référence »
Règle des 25%: l’objectif de gestion principal doit-être respecté sur au moins 75% de la superficie du territoire. La gestion des
25% restants doit être compatible avec ce même objectif
16
28
3.1.2. Le cœur de parc national
« Art. L. 331-4-1. − La réglementation du parc national et la charte prévues par l’article L. 331-2
peuvent, dans le cœur du parc :
« 1) Fixer les conditions dans lesquelles les activités existantes peuvent être maintenues ;
« 2) Soumettre à un régime particulier et, le cas échéant, interdire la chasse et la pêche, les activités
commerciales, l’extraction des matériaux non concessibles, l’utilisation des eaux, la circulation du
public quel que soit le moyen emprunté, le survol du cœur du parc à une hauteur inférieure à 1 000
mètres du sol, toute action susceptible de nuire au développement naturel de la faune et de la flore
et, plus généralement, d’altérer le caractère du parc national.
« Elles réglementent en outre l’exercice des activités agricoles, pastorales ou forestières.
« Les activités industrielles et minières sont interdites dans le cœur d’un parc national.
« Art. L. 331-4-2. − La réglementation du parc national et la charte prévues par l’article L. 331-2
peuvent prévoir, par dérogation aux articles L. 331-4 et L. 331-4-1 et dans des conditions précisées
par le décret prévu à l’article L. 331-7, des dispositions plus favorables au bénéfice des résidents
permanents dans le cœur du parc, des personnes physiques ou morales exerçant une activité
agricole, pastorale ou forestière de façon permanente ou saisonnière dans le cœur et des personnes
physiques exerçant une activité professionnelle à la date de création du parc national dûment
autorisée par l’établissement du parc national, afin de leur assurer, dans la mesure compatible avec
les objectifs de protection du cœur du parc national, des conditions normales d’existence et de
jouissance de leurs droits. »
Cette définition indique que la chasse doit être interdite si elle nuit au caractère du parc national. Les
activités forestières doivent être réglementées et les activités traditionnelles forestières pratiquées lors
de la création du parc national sont autorisées seulement si elles ne vont pas à l’encontre des
objectifs de protection de la zone cœur.
En compléments, selon la réglementation :
≪ le cœur du parc national constitue un espace de protection et de référence scientifique, d’enjeu
national et international, permettant de suivre l’évolution des successions naturelles, dans le cadre
notamment du suivi de la diversité biologique et du changement climatique. Il est aussi un espace de
découverte de la nature, de ressourcement et de tranquillité ... La gestion conservatoire du
patrimoine du cœur du parc a pour objet de maintenir notamment un bon état de conservation des
habitats naturels, de la faune et de la flore, les fonctionnalités écologiques et la dynamique des
écosystèmes, d’éviter une fragmentation des milieux naturels et de garantir le maintien d’une identité
territoriale. La maitrise des activités humaines, dont la fréquentation du public, doit être suffisante
pour garantir la protection du patrimoine du cœur du parc ≫. Le cœur d’un parc national est institué
par le décret de création en Conseil d'Etat ; il est le territoire d’excellence de la gestion
conservatoire.
3.1.3. L’aire optimale d’adhésion de parc national
L'aire optimale d'adhésion est classée par le décret de création comme ≪ territoire des communes
ayant vocation à faire partie du parc national en raison notamment de leur continuité géographique
ou de leur solidarité écologique avec le cœur ≫. L'aire d'adhésion effective est déterminée par
l'adhésion des communes à la charte.
Selon la réglementation, ≪ l’aire d’adhésion, par sa continuité géographique et sa solidarité
écologique avec le cœur, concourt à la protection du cœur du parc national, tout en ayant vocation à
être un espace exemplaire en matière de développement durable ... pour maintenir l’interaction
harmonieuse de la nature et de la culture, en protégeant le paysage et en garantissant le maintien
des formes traditionnelles d’occupation du sol et de construction, ainsi que l’expression des faits
socioculturels≫.
Les parcs nationaux seront chacun dotés d'une Charte de 15 ans approuvée par décret en Conseil
d'Etat17. A travers les chartes, les aires d’adhésion constituent des territoires d’engagements des
17
Huit parcs nationaux font déjà l’objet d’une charte validée à ce jour.
29
acteurs locaux. L'ensemble des documents de planification en matière d'urbanisme, d'agriculture, de
forêt, d'accès à la nature et de tourisme, de gestion de l'eau, d'exploitation des matériaux, de chasse
et de pêche doivent faire l’objet d’une consultation auprès du parc et être compatibles avec la charte.
Autre traduction de la prise en compte des solidarités écologiques entre le cœur et l’aire d’adhésion,
le parc national peut s'opposer à des aménagements relevant d’une étude d’impact prévus dans l'aire
d'adhésion s'ils menacent le patrimoine du cœur.
Par ces objectifs et modalités de gestion, les aires d'adhésion pourraient se rapprocher de la catégorie
V définie par l’UICN pour le classement des aires protégées10.
3.2. Situation des principaux parcs forestiers nationaux français
©PNF - juin 2013
30
Principaux parcs nationaux français « forestiers »
Parcs
nationaux
Date de
création
Situation
géographique
Superficie
zone cœur
Guyane
27 février
2007
2 028 126 ha
Cévennes
2
septembre
1970
Territoire couvrant la
partie sud de la
Guyane, département
français d’outre-mer
situé sur le plateau des
Guyanes, au nord du
bassin amazonien, en
Amérique du Sud
Territoire situé entre les
départements de la
Lozère, du Gard et de
l’Ardèche
Superficie
aire optimale
d’adhésion
1 359 078 ha
93 500 ha
278 500 ha
Le secteur d’étude est
centré sur les massifs
forestiers s’étendant de
la forêt de Châtillonsur-Seine à la forêt de
Châteauvillain (au sudouest de Chaumont).
Il se situe pour partie
dans la Montagne
châtillonnaise, au nord
de la Côte-d’Or, et pour
partie sur le plateau de
Langres, au sud de la
Haute-Marne
/
/
GIP
Champagne
Projet en
cours de
création
Description de la forêt
Un vaste massif de forêt
tropicale amazonienne à forte
naturalité
Marginale au siècle dernier, la
forêt tient aujourd’hui une
place prépondérante dans les
paysages du Parc national
des Cévennes (plus de 55%
de la surface du territoire).
Elle ne cesse de s’étendre au
détriment des milieux
herbacés délaissés par le
pâturage. Son aspect varie
grandement en fonction de
son histoire, des roches et
des espaces qu'elle occupe.
Quatre massifs forestiers
(Châtillon, La Chaume, Arcen-Barrois et Auberive),
structurent le futur parc
national et forment un
ensemble continu dans lequel
dominent des forêts publiques
souvent de taille importante.
Elles recouvrent 72% du
territoire.
4. Recommandations pour mettre en adéquation la gestion forestière avec les
critères internationaux
4.1. Bilan de l’étude menée dans les cinq parcs nationaux forestiers européens
Les différents exemples choisis ont permis de référencer cinq parcs nationaux forestiers distincts au
sein desquels les objectifs, les mesures de gestion, le zonage et la réglementation se recoupent mais
présente chacun des spécificités en fonction de leur contexte :
- Les parcs nationaux choisis en Pologne, « Bialowieza » et en Italie « Foreste Casentinesi, Monte
Falterona et Campigna » présentent un zonage de parc national tel que défini par l’UICN (cf. première
partie du rapport). Ils sont composés d’une réserve intégrale de catégorie UICN Ia, d’une zone cœur
de catégorie UICN II et d’une zone de paysage protégée répondant à la catégorie UICN V.
La forêt primaire de Balowieza est préservée depuis 1921 et la forêt est laissée en libre évolution au
sein de la réserve intégrale.
L’originalité du parc national « Foreste Casentinesi, Monte Falterona et Campigna » repose sur les
sous-zones définies selon les objectifs fixés.
- En Espagne, le parc national « Picos de Europa » a été classé en catégorie UICN II mais il est
subdivisé en cinq zonages distincts. Aucune précision n’a été apportée en ce qui concerne la
correspondance avec les catégories de gestion UICN par zone. Néanmoins, la zone dite de la réserve
semble correspondre à une catégorie UICN Ia car aucune mesure de gestion n’est mise en place, le
public n’est pas autorisé à pénétrer dans cette partie du parc national et les seules activités autorisées
31
sont relatives à la recherche scientifique et à la surveillance. Les deux zones dites d’usage restreint et
d’usage modéré autorisent les activités traditionnelles mais ne sont pas en contradiction avec les
objectifs de conservation du parc national ce qui pourrait répondre à la définition d’une catégorie UICN
II. Les deux dernières zones dites d’utilisation spéciale et d’activités traditionnelles répondent à la
définition de zones tampons qui évoluent vers une acceptation des activités traditionnelles et
l’autorisation du public.
- Le parc national d’Oulanka en Finlande permet d’illustrer un exemple d’aire protégée en zone de
nature sauvage (= wilderness). Ce dernier a mis en place une stratégie de développement du
tourisme durable intéressante, qui vise à définir et promouvoir le tourisme axé sur la nature dans les
deux parcs nationaux transfrontaliers Oulanka-Paanajärvi tout en s’assurant que les valeurs naturelles
et culturelles ne sont pas menacées. Cette stratégie reconnait le potentiel important du parc national
pour répondre aux tendances actuelles du tourisme telles que la sensibilisation à l’environnement, le
développement durable, le bien-être et la rétrogradation.
Par rapport aux activités en catégorie II, la chasse et la pêche de plaisance sont autorisées sous
contrôle des autorités compétentes du parc national.
- Enfin, le parc national écossais de « Cairngorms » applique un modèle de gestion qui peut-être
apparenté à l’aire optimale d’adhésion d’un parc national classique selon la définition de l’UICN. Ce
dernier, classé en catégorie UICN V (conservation d’un paysage terrestre), permet, à la différence du
parc national d’Oulanka, de présenter un exemple d’espace protégé disposant d’une réglementation
moins stricte, au sein duquel les activités les activités forestières et agricoles sont autorisées.
Dans ce panel de parcs nationaux, à la différence de la situation française, l’Etat est largement
propriétaire.
En ce qui concerne la réglementation, le tableau ci-dessous présente les activités autorisées ou non
par type de catégorie de gestion UICN18 :
Activités
Autorisations
catégorie Ia
Autorisations
catégorie II
Autorisations
catégorie V
Recherche / surveillance
Oui
Oui
Chasse
Non
Exploitation du bois
Non
Activités touristiques /
pédagogiques
Non
Prélèvements
(cueillette…)
Non
Oui
Oui (régulation ou loisir)
mais avec réglementation
dans le respect des
objectifs de gestion
La gestion du bois doitêtre compatible avec la
conservation des valeurs
naturelles du site et les
objectifs de gestion
Oui mais avec
réglementation dans le
respect des objectifs de
gestion
Oui mais avec
réglementation dans le
respect des objectifs de
gestion
Activités de gestion, de
restauration
Non (les seules
interventions autorisées
ne doivent-être ni
substantielles, ni
permanentes, ne doivent
pas concerner plus de
25% de la surface du
territoire et doivent être
compatibles avec les
objectifs principaux de
gestion).
La forêt est laissée en
Oui. Les activités
traditionnelles
compatibles avec la
conservation des valeurs
du site sont autorisées et
ne doivent pas s’opposer
aux objectifs de gestion
Oui dans la mesure où
les valeurs paysagères
sont respectées
Oui dans la mesure où
les valeurs paysagères
sont respectées
Oui dans la mesure où
les valeurs paysagères
sont respectées
Oui dans la mesure où
les valeurs paysagères
sont respectées
Oui dans la mesure où
les valeurs paysagères
sont respectées
Rappel de la règle des 25%: l’objectif de gestion principal doit-être respecté sur au moins 75% de la superficie du territoire.
La gestion des 25% restants doit être compatible avec ce même objectif.
18
32
libre évolution
4.2. Propositions de recommandations pour les différentes zones de parc national
La présente étude permet de formuler des recommandations afin d’orienter les parcs nationaux
forestiers français conformément aux lignes directrices sur les catégories de gestion UICN et aux
dispositions réglementaires de la loi de 2006 sur les parcs nationaux. Plusieurs tendances communes
sont en effet identifiables à travers la diversité des cas analysés, dont il est fait état dans les
paragraphes suivants.
4.2.1. Recommandations pour la réserve intégrale
Dans chaque parc national étudié, la forêt est laissée en libre évolution au sein de la réserve intégrale
(catégorie Ia) et la chasse est interdite. Seules des activités liées à la surveillance ou à la recherche
scientifique sont permises. La réserve intégrale est fermée au public avec un accès limité selon la
réglementation des parcs nationaux. Le parc national de Bialowieza est dans ce cas précis un bon
exemple de conservation des valeurs naturelles.
La promotion de la protection de la forêt constitue un des objectifs principaux de cette zone et les
menaces doivent pouvoir être évaluées.
Recommandations pour la catégorie Ia
- la recherche scientifique et la surveillance sont les objectifs de gestion principaux ;
- laisser les forêts en libre évolution naturelle afin de favoriser les espèces liées au bois mort et aux
vieux arbres ;
- permettre des interventions de gestion temporaires et ponctuelles, compatibles avec les valeurs
naturelles de la réserve intégrale (à condition qu‘elles ne portent que sur 25% de la superficie totale) ;
- mettre en place un système de suivi-évaluation pour évaluer le bon état de conservation afin de faire
face aux menaces ;
- Autorisation de pénétration du public limitée.
4.2.2. Recommandations pour la zone cœur
Dans la zone cœur d’un parc national (catégorie II), certaines activités anthropiques sont autorisées
au regard d’une réglementation relativement restrictive :
- les activités de gestion mises en œuvre visent à protéger les processus écologiques ainsi que les
espèces, les écosystèmes caractéristiques ;
- les traitements de lutte contre les espèces invasives sont autorisés au sein des parcs nationaux
étudiés
- les parcs nationaux étudiés autorisent quelques activités anthropiques tel que la cueillette
(champignon, mûres…) à des fins récréatives et non commerciales, et compatibles avec la
préservation des valeurs naturelles ;
- la chasse, illustrée dans l’exemple du parc national d’Oulanka, est interdite mais cette activité peut
éventuellement être autorisée pour la régulation des ongulés ou dans le cadre de la chasse sportive
dès lors que les valeurs naturelles et les objectifs de gestion de l’aire sont respectés ;
- les activités traditionnelles forestières sont maintenues dans l’ensemble des parcs nationaux étudiés
si elles sont compatibles avec la conservation des valeurs naturelles du site ;
- l’accès du public est autorisé dans le respect de l’environnement et de la culture des communautés
locales
Recommandations pour la catégorie II
- Maintien des activités récréatives et traditionnelles (agro-pastorales, forestières, cueillette, chasse,
pêche…) si elles sont compatibles avec la conservation des valeurs naturelles du site.
- Certaines interventions de gestion sont autorisées dans la mesure où elles sont compatibles avec
les objectifs principaux du parc
4.2.3. Recommandations pour l’aire d’adhésion
33
L’aire optimale d’adhésion d’un parc national s’apparente davantage à une zone tampon. Une
démarche de dialogue doit-être envisagée au cas par cas avec les gestionnaires et les élus des
territoires concernés pour valider la conformité de ces espaces avec la définition UICN d’aire
protégée.
Si cette zone répond à la définition d’une catégorie UICN V, les mesures de gestion qui peuvent-être
mises en place sont les suivantes :
- les forêts gérées comme des réserves naturelles dans lesquelles la protection de la nature sera une
priorité
- la gestion des ressources forestières renouvelables ;
- la gestion des forêts pour leur valeur récréative en faveur des populations locales et les visiteurs;
- la gestion des forêts principalement pour répondre aux besoins de la communauté locale pour
l'alimentation, l'énergie et les matériaux fournis;
- la gestion des forêts comme des réserves pour le prélèvement durable de la faune sauvage, et
d'autres produits forestiers non ligneux comme le miel;
- la gestion des bassins versants des forêts / régions boisées, qui aident à protéger
l'approvisionnement en eau (qualité et quantité) pour les communautés situées en aval (au sein ou en
dehors de la zone protégée);
- la gestion des petits milieux forestiers utilisés pour le système de production, tels que les haies et les
bosquets, pour les mesures de contrôle du sol ou à des fins sportives, et
- la gestion des autres milieux forestiers utilisés pour les plantations ornementales ou arboretums
Le parc national de Cairngorms est dans ce cas précis un bon exemple de conservation des valeurs
paysagères forestières.
Recommandations pour la catégorie V
- Les usages prévus, tant publics que privés, sont compatibles avec les objectifs de gestion du parc
national
- Préserver et améliorer le patrimoine naturel et culturel du parc national
- Promouvoir l’utilisation durable du patrimoine naturel et des ressources naturelles du parc national
- Promouvoir une économie durable
- Faire connaître et apprécier les qualités particulières du parc national au public
4.3. Conclusion
L’étude met en relief la diversité des parcs nationaux forestiers européens. Même si chacun d’entre
eux présente des particularités en matière de gestion, tous sont globalement accord avec la définition
des catégories de gestion UICN qui leur ont été attribuées.
Chacune des recommandations formulées reprend la définition des catégories de gestion UICN qui
ont pu être illustrées par les exemples de parcs nationaux forestiers choisis dans chacun des cinq
pays européens. Il est rappelé que la catégorie est définie uniquement en fonction de l’objectif de
gestion principal qui doit-être respecté sur au moins 75% de la superficie du territoire (la gestion des
25% restants doit être compatible avec ce même objectif).
L’exploitation industrielle des forêts est incompatible avec la définition de l’UICN d’une aire protégée
et par conséquent, les plantations commerciales, quelle que soit leur localisation, ne peuvent être
reconnues comme des aires protégées forestières.
Enfin, chacun des exemples étudié fait en sorte de mettre en place des mesures de gestion afin de
protéger au mieux les habitats forestiers et la biodiversité associée qui le compose mais également
d’intégrer les populations locales dans les choix de mesures réglementaires qui sont prises en
fonction des zonages. La réussite des actions de conservation du patrimoine naturel du parc national
est donc avant tout conditionnée à l’acceptation des orientations de gestion par les parties prenantes
et les populations locales.
34
Annexes
Annexe 1 : contacts
Nigel Dudley, Equilibrium research ([email protected])
Isabelle Meurillon, GIP du futur parc national des forêts de Champagne et Bourgogne
([email protected])
Daniel Vallauri, WWF ([email protected])
Pologne
Parc national de Bialowieza :
Piotr Daszkiewicz, SPN/MNHN ([email protected])
Tomek Samojlik, Parc National de Bialowieza ([email protected])
Italie
Corrado Teofili, Federparchi ([email protected])
Parc national Foreste Casentinesi, Monte Folterona et Campigna :
Davide Alberti, Parc National ([email protected])
Nevio Agostini, Parc National ([email protected])
Espagne
Marta Mugica de la Guerra, Europarc Espagne ([email protected])
Parc national Picos de Europa :
Rodrigo Suárez Robledano, co-directeur ([email protected])
Finlande
Parc national Oulanka :
Kari Lahti, Metsähallitus ([email protected])
Royaume-Uni (Ecosse)
Parc national Cairngorms :
Will Boyd Wallis, Chef de la gestion des paysages et de la conservation
([email protected])
35
Annexe 2 : bibliographie et webographie
Bibliographie
Dudley, N. and Phillips, A. (2006). Forests and Protected Areas: Guidance on the use of the IUCN
protected area management categories. IUCN, Gland, Switzerland and Cambridge, UK. x+ 58 pp.
Dudley, N. (Éditeur) (2008). Lignes directrices pour l’application des catégories de gestion aux aires
protégées. Gland, Suisse : UICN. x +96pp.
Journal Officiel de la République Française. Décret n° 95-705 du 9 mai 1995 portant création de la
réserve intégrale de Lauvitel dans le Parc national des Ecrins.
Journal Officiel de la République Française. Loi n° 2006-436 du 14 avril 2006 relative aux parcs
nationaux, aux parcs naturels marins et aux parcs naturels régionaux.
Mansourian Stephanie, Rossi Magali, Daniel Vallauri, 2013. Ancient forests in the Northern
Mediterranean: Neglected High Conservation Value Areas. Marseille : WWF France, 80p.
Ministère de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement durable et de la Mer (juillet 2009). Parc
national « entre Champagne et Bourgogne », un site pour un parc national forestier de plaine en
France métropolitaine. La Défense, 20 pages.
Parcs nationaux de France (avril 2012). Les parcs nationaux français, territoires de référence.
Montpellier, 4 pages.
Parcs nationaux de France et Parc national des Pyrénées. Rencontres des parcs nationaux français
24>26 septembre 2013, Parc national des Pyrénées – Luz Saint-Sauveur. 18 pages.
UICN France (2009). Espaces forestiers protégés français, Réserves biologiques et Séries d’intérêt
écologique au regard des catégories d’aires protégées de l’UICN ; éléments pour une reconnaissance
internationale. Paris, 124 pages.
UICN France (2013), Les espaces naturels protégés en France: une pluralité d’outils au service de la
conservation de la biodiversité, Paris, 44 pages.
UICN France (2013). Panorama des services écologiques fournis par les milieux naturels en France –
volume 2.1 : les écosystèmes forestiers. Paris, France
Parc national de Bialowieza (Pologne) :
Académie Polonaise des Sciences – Centre scientifique – Annales vol.14 – Varsovie-Paris 2012 –
pages 38 à 137
Parc national Picos de Europa (Espagne) :
REAL DECRETO 384/2002, de 26 de abril, por el que se aprueba el Plan Rector de uso y gestión del
Parque Nacional de los Picos de Europa (BOE, nº119,de 18 de mayo de 2002)
Parc national Oulanka (Finlande) :
Oulanka-Paanajärvi Transboundary Park - Management plan 2012
Oulanka-Paanajärvi Transboundary Park – Suistanable tourism developpement strategy 2012
Parc national Cairngorms (Royaume Uni – Ecosse) :
Noël Sarah, La protection des espaces sauvages en Ecosse, 2013, Paris
Cairngorms National Park - Cairngorms nature, Action plan 2013-2018, Cairngorms National Park
Authority, 2013, Grantown-on-Spey
Cairngorms National Park, Partnership plan 2012-2017, Cairngorms National Park Authority, 2012,
Grantown-on-Spey
36
Webographie
http://www.forets-champagne-bourgogne.fr/
http://www.parcsnationaux.fr/
http://inpn.mnhn.fr/accueil/index
Parc national de Bialowieza (Pologne) :
http://bpn.com.pl/
Parc national Foreste Casentinesi, Monte Folterona et Campigna (Italie) :
http://www.regione.toscana.it/-/piano-del-parco-nazionale-delle-foreste-casentinesi-monte-falteronacampiglia
http://www.parcoforestecasentinesi.it/pfc/index.php?option=com_inclusore_ricerca_norm&file=1&Itemi
d=158&pag=1&cap=1&lang=it&titolo=&argomento=4&categoria=1&visualizzazione=a.data_pub&Submit=Cerca
http://www.parcoforestecasentinesi.it/pfc/images/bozza_regolamento.pdf
Parc national Oulanka (Finlande) :
http://www.outdoors.fi/Pages/Default.aspx
37
Annexe 3 : Enquête transmise aux cinq pays européens
38
39
40
41
42
Annexe 4 : Fiches complètes des parcs nationaux forestiers européens
Pologne : Parc National de Bialowieza
Source : Parc National de Bialowieza
Nom
Création
Superficie
Couvert forestier
Type de forêt
Zones
Białowieski Park Narodowy
1921
10 520 hectares
55%
Feuillus, conifères, alluviales
Zone de protection stricte (Ia), zone de protection active (II) et zone de
paysage protégé (V). Hors du parc national : zone tampon (V)
Contexte
Actuellement, la forêt de Bialowieza occupe une surface de 150 000 ha répartie entre la Pologne et la
Biélorussie. La partie polonaise, à l’ouest, recouvre 62 500 ha de la forêt. La partie située en
Biélorussie, à l’est, recouvre 87 500 ha et constitue le Parc National "Bieławieżskaja Puszcza".
Au 19e siècle, la forêt de Bialowieza était protégée comme terrain de chasse royale.
Le Parc National de Bialowieza, le plus ancien des 23 parcs nationaux de Pologne, est situé au nordest. Le parc recouvre la partie centrale de la forêt de Bialowieza (1/6 de la forêt sur la partie
polonaise), le fragment de forêt le mieux préservé. Elle correspond à la dernière forêt naturelle
européenne dite primaire, identique à celle qui a couvert la zone de forêts de feuillus et de conifères
dans le passé.
En 1921, la Réserve forestière fut tout d’abord créée. C’est en 1932 que la Réserve est devenue Parc
National. La forêt de Bialowieza est classée au Patrimoine Mondial de l’UNESCO.
Le Parc comprend trois zonages : la zone de protection stricte (5725.75 ha), la zone de protection
active (4438.20 ha) et la zone de paysage protégé (353.32 ha).
43
Une autre zone, de 3224.26 ha, a été créée autour du Parc National et qui recouvre la forêt pour la
gestion commerciale menée par l’Etat.
Ensuite, le Parc se compose de trois unités administratives : unité protectrice Orlowka (5073.21 ha),
unité protectrice Hwozna (5169.50 ha) et le centre d’élevage de bison européen (274.56 ha).
L’objectif principal du Parc National est la protection de la nature, régie par la loi sur la Conservation
de la Nature du 16.04.2004 (art.2 (1)).
Les actions principales du Parc National de Bialowieza sont les suivantes :
protection des ressources naturelles, scientifiques, des valeurs du paysage dans la zone du
Parc
identification et évaluation des menaces intérieures et extérieures existantes et potentielles, et
mises en place pour faire face à ces menaces
accessibilité du Parc pour les recherches scientifiques
gérer la conservation des bisons d'Europe (centre d’élevage et in-situ, au sein de la forêt de
Bialowieza côté Pologne)
Pour information, il n’existe pas de plan de gestion disponible.
Caractéristiques forestières
Les forêts de Chêne, Charme et Tilleul couvrent près de la moitié de la surface de la forêt.
Les forêts de conifères dominées par le Pin sylvestre et/ou l’Épicéa (pinèdes, pessières sur tourbe…)
constituent le deuxième grand type de formation forestière de Białowieza. Elles couvrent plus d’un
tiers de la forêt.
De nombreuses zones humides font également partie intégrante de Bialowieza, avec une forte
représentation des aulnaies qui constituent le troisième grand type forestier.
La forêt recouvre 55% de la superficie totale du parc national.
Zonages
Pour information, aucune catégorie de gestion n’a été précisée pour chacune des zones décrites.
1) Zone de Protection Stricte (57,6%)
Cette zone correspond à la partie la plus patrimoniale du Parc National.
Aucune intervention humaine, aucune gestion, aucun prélèvement, aucune introduction ne sont
pratiqués dans cette zone. La protection stricte facilite les processus écologiques. La forêt est laissée
en libre évolution.
44
Le meilleur exemple d’une telle action est le rétablissement de la forêt après avoir stoppé la coupe
d’arbres. Ainsi la diversité spécifique évolue ainsi que la structure de la forêt.
Cette zone couvre 5725,75 ha et comprend 4747,17 ha de l’ancienne réserve stricte, protégeant la
forêt depuis 1921.
Cette zone ne permet pas aux touristes d’y accéder librement. Des groupes de 20 personnes
maximum sont autorisés accompagnés par un guide professionnel pour y accéder.
Si l’on doit attribuer une catégorie de gestion UICN, il semblerait que cela corresponde à la catégorie
Ia (cette zone est mise en réserve stricte pour protéger la biodiversité).
2) Zone de Protection Active (39%)
Cette zone autorise l’intervention humaine mais sous forme d’actions de protection avec pour objectif
le rétablissement de conditions le plus proche possible d’écosystèmes naturels, de composantes
naturelles. Il s’agit également de maintenir les habitats naturels, aussi bien que la flore, les espèces
animales…
Le meilleur exemple de gestion au sein de cette zone est la fauche et le déracinement d’arbustes
dans les milieux prairiaux afin de laisser se développer des espèces patrimoniales, rares et d’attirer
des espèces avifaunistiques.
Les mesures de gestion sont mises en place l’été, après que les espèces floristiques rares aient fleuri,
quand la période de reproduction de l’avifaune est terminée.
Aucun exemple de gestion n’a été cité concernant le maintien des habitats forestiers.
Cette zone couvre 4438,20 ha du Parc National.
Cette zone correspond à la catégorie de gestion UICN II (Parc national).
3) Zone de paysage protégé (3,4%)
En application de la loi sur la Conservation de la Nature, la zone de paysage protégé correspond à la
zone de conservation des fonctions caractéristiques d'un paysage particulier. Dans ce cas, la
protection du paysage signifie que les arbres et arbustes sont élagués, la tonte et la fauche sont
pratiquées. En pratique, la zone de paysage protégé dans laquelle sont réalisées ces actions
correspondent à des parties du Parc où l’utilisation économique de la zone est permise. Un tel statut
est généralement attribué à des parcelles privées à l’intérieur du Parc National et aux constructions
humaines (routes, parkings, bâtiments…). L’ensemble des aires qui composent la zone de paysage
protégé occupe 353,32 ha du Parc National.
Enfin la zone qui a été créée autour du Parc National correspond à la zone tampon qui joue un rôle
significatif dans la protection du Parc. La zone couvre une surface de 3224.26 ha. Elle permet
d’atteindre l’objectif de protection du Parc National contre les menaces extérieures, notamment par
rapport à celles qui sont d’origine anthropiques.
Si l’on doit attribuer une catégorie de gestion UICN à ces deux dernières zones, il semblerait que cela
corresponde à la catégorie V (Paysage terrestre protégé).
Description des unités administratives
Plusieurs unités administratives prenant en compte la conservation de la nature au sein du Parc
National de Bialowieza incluent des tâches statutaires qui sont les suivantes :
Unité de protection Orlowka (zone de 5073.21 ha) dont 4784,46 sont compris dans la zone de
protection stricte du Parc National, 235.48 ha dans la zone de protection active et 53.27 ha dans la
zone de paysage protégé. Cette zone est divisée en deux districts de protection :
Sierchanowo (2303.24 ha)
Dziedzinka (2769.97 ha)
Unité de protection Hwozna (5169.50 ha) dont 941.64 ha sont compris dans la zone de protection
stricte du Parc National, 4203.68 ha dans la zone de protection active et 24.18 ha dans la zone de
paysage protégé. Cette zone est divisée en quatre districts de protection :
Cupryki (1243,17 ha)
Gruszki (1426.52 ha)
Masiewo (1120.29 ha)
45
Zamosze (1379.52 ha)
Le Centre d’élevage du bison d’Europe (274.56 ha) se situe au centre de la zone de paysage protégé.
Cette zone comprend :
Trois réserves d’élevage
La réserve des Bisons accessible par le grand public
Le personnel du centre est également responsable des résultats de reproduction des bisons d’Europe
in situ présents dans la partie polonaise de la forêt de Bialowieza.
Moyens humains mis en place pour la protection
Le personnel du Parc s’occupe de la préservation des espèces floristiques, du centre d’élevage des
bisons mais également in situ dans la partie polonaise de la forêt de Bialowieza et ils surveillent le
troupeau en permanence. Le personnel prépare également les programmes d’inventaires des grands
prédateurs tels que le lynx et le loup.
Annexes
As defined by Nature Conservation Act from 16.04.2004 (art. 2, (1)) the conservation of nature means
the preservation, balanced use, and reinstatement of natural resources, creations and composites :
- wild plants, animals and fungi;
- plants, animals and fungi covered by the species protection;
- animals leading a migratory life;
- natural habitats;
- habitats endangered by extinction, rare and protected species of plants, animals and fungi;
- formation of life and non-living nature and fossil remains of plants and animals;
- landscape;
- greenery in cities and villages;
- stand density.
The aim of the conservation of nature is (art. 2, (2) of Nature Conservation Act):
- maintenance of ecological processes and stability of ecosystems;
- maintenance of the biological diversity;
- maintenance of geological and paleonthological heritage;
- maintenance of the continuity of plant, animal, and fungi species, with their habitats, by their
maintenance or reinstatement to appropriate state of nature
- preservation of landscape values, green areas, and trees in cities and villages;
- maintenance or reinstatement to the appropriate state of protection of natural stands, and other
resources, formations and natural components;
- shaping proper human approach towards nature - through education, providing information, and
promotion concerning the preservation of nature.
Art. 8 (1) of the Act defines national park as the area distinguished by special values of a natural,
educational, social, or cultural kind, covering the area not smaller than 1000 ha, where the
conservation covers the whole nature and landscape values.
Art. 8 (2). National Park is created with the aim of preserving the biological diversity, resources,
formations and components of inanimate nature and landscape values, reinstatement of proper
condition of natural resources and components, and reinstatement of deformed natural habitats, plant,
animal or fungi habitat.
Art.12 (1). The area covered by the national park is available for scientific, educational, cultural,
tourist, recreational or sport activities unless they do not negatively influence the nature in the national
park.
46
Bibliographie et webographie
Académie Polonaise des Sciences – Centre scientifique – Annales vol.14 – Varsovie-Paris 2012 –
pages 38 à 137
Site internet du Parc National : http://bpn.com.pl/
Contacts
Piotr Daszkiewicz du SPN/MNHN ([email protected])
Tomek Samojlik du Parc National de Bialowieza ([email protected])
47
Finlande: Parc National d’Oulanka
Source : Parc National d’Oulanka
Nom
Création
Superficie
Couvert forestier
Type de forêt
Zones
Oulangan kansallispuisto
1956
28 000 hectares
55%
Conifères, feuillus, alluviales
Zone de protection stricte (Ia), zone de nature sauvage (Ib), zone
récréative et de randonnée (II)
Contexte
Le Parc National d’Oulanka est situé en Finlande au niveau du cercle polaire arctique, transfrontalier
avec le parc national de Paanajärvi en Russie.
Ces deux parcs nationaux transfrontaliers sont reconnus à l’échelle locale, nationale, européenne
(EUROPARC19) et internationale et ont obtenu le label PAN parks20 depuis 2012 et sont des sites
RAMSAR.
Le sol d'Oulanka est exceptionnellement riche et présente une biodiversité patrimoniale
exceptionnelle, pour la plupart en danger. Cette richesse s’explique par la convergence d’un nombre
surprenant de zones biologiques.
Ce site attire de fait de nombreux visiteurs ce qui a développé fortement le tourisme. Une stratégie de
développement du tourisme durable a alors été établie.
19
La Fédération EUROPARC, connu sous le nom "Fédération de la nature et des parcs nationaux de l'Europe", a été fondée en
1973 dans le but d'aider les zones protégées à réaliser pleinement leur rôle de gardiennes de la beauté naturelle de l'Europe
20
Pan Parks a pour objet de créer un réseau d'aires protégées exceptionnelles, d'importance internationale, offrant un tourisme
dans la nature de haute qualité.
48
Cette stratégie a pour objectif d’améliorer la communication, la sensibilisation des parties prenantes
concernées. La création du «groupe de coopération « Oulanka national park », comme organe
consultatif, a pour objectif d'améliorer la gestion impliquant davantage les populations locales et le
patrimoine.
En ce qui concerne les actions principales mises en place, la forêt est laissée en libre évolution,
aucune gestion n’est pratiquée, ni aucune exploitation n’y est autorisée. L’objectif du parc national est
de ne pas fragmenter les zones forestières entre elles. Néanmoins le brûlage contrôlé est pratiqué
mais ce n’est pas une opération récurrente.
D’autres mesures de gestion sont mises en place pour la conservation globale de la biodiversité, le
patrimoine culturel, le tourisme et l’administration générale du site.
Pour ce qui est des menaces, elles ont été divisées en trois catégories :
- Menaces naturelles : espèces exotiques envahissantes, changements climatiques et feux de forêt
- Tourisme et autres activités humaines : érosion et dérangements causés par les visiteurs, trafic
illégal de cross-country, chasse illégale, pêche, exploitation minière…
- Organisation et gestion : niveau d’organisation inadéquate, manque de coopération avec les
populations locales, récession économique…
Mais les menaces qui impactent le site sont principalement les activités économiques avec
l’exploitation minière. La législation doit changer en bordure du parc national.
Il existe également des menaces liées aux deux parcs nationaux Oulanka –Paanajärvi en tant que
parc transfrontalier : manque de coopération, coordination insuffisante, base juridique incompatible,
baisse du niveau d’acceptation par les populations locales,...
Caractéristiques forestières
Différents types d’habitats forestiers sont observés dans le Parc National :
- Forêt de conifères Boréale (Taïga occidentale)
- Forêt à riche formation herbeuse Fennoscandienne21
- Prairies boisées Fennoscandienne
- Forêt de feuillus marécageuse et tourbières boisées
- Forêts alluviales à Alnus glutinosa et Fraxinus excelsior (Alno-Padion, Alnion incanae, Salicion
albae).
La surface totale de la forêt est de 15 300 hectares et l’Etat est propriétaire.
Zonages
Oulanka est divisé en trois zones :
- Zone 1 : zone de protection stricte correspondant à la catégorie de gestion UICN 1a
- Zone 2 : zone de nature sauvage correspond à la catégorie de gestion Ib
- Zone 3 : zone récréative et de randonnée correspondant à la catégorie de gestion UICN II
21
Fennoscandien : région géographique qui comprend le massif ancien de Finlande, Suède et Norvège
49
Zone 2
Zone 1
Zone 3
Zonages du Parc National d’Oulanka
Source : Parc National d’Oulanka
Zone 1 :
La zone de conservation spéciale recouvre 11% du parc national. C’est une zone frontalière dans
laquelle la protection stricte est mise en place avec absence d'interventions actives, d'exploitation des
ressources et aucune activité halieutique n’est permise.
Elle a été créée en raison des formalités frontalières, pour la protection d’écosystèmes fragiles et des
espèces menacées présentes.
Les objectifs de créations sont de limiter l'accès conformément avec chacune des zones de
caractéristiques particulières.
L’accès dans cette zone n’est autorisé qu’avec une permission spéciale des gardes ou de l’autorité
gestionnaire.
Zone 2 :
La zone de nature sauvage recouvre 74% du parc national.
Aucune mesure de gestion n’est pratiquée dans cette zone.
Le public est autorisé à pénétrer dans cette zone mais une réglementation stricte doit-être respectée22
22
http://www.outdoors.fi/hikinginfinland/rightsandregulations/Pages/Default.aspx
50
Autorisé
Non autorisé
- marcher, skier ou faire du vélo librement
excepté près des habitations, ou dans les
champs qui sont facilement être endommagés
- camper temporairement autorisé mais à une
distance raisonnable des habitations
- cueillir des mûres sauvages, des champignons
et des fleurs tant que ce ne sont pas des
espèces protégées
- pêche à la ligne
- utiliser des bateaux, nager ou se baigner dans
les eaux intérieures et la mer
- marcher, ski, ou de conduire un véhicule à
moteur ou de poisson sur les lacs gelés, les
rivières et la mer
- Déranger les gens ou endommager des biens
- Déranger les rennes, le gibier, les oiseaux
nicheurs, leurs nids ou les jeunes
- couper ou endommager les arbres
- recueillir des mousses, lichens ou des arbres
tombés de la propriété d'autrui
- lumière de feux de camp sans autorisation, sauf
en cas d'urgence
- perturber la vie privée des habitants en
campant trop près d'eux ou faire trop de bruit
- laisser les déchets
- conduire des véhicules en dehors de la route
sans la permission du propriétaire
- chasser sans les autorisations nécessaires
- pêcher avec des filets, des pièges, ou avec
moulinet et leurre sans les permis appropriés
La zone récréative et de randonnée recouvre 15% du parc national.
Cette zone a été créée pour fournir un accès et des services pour la randonnée et d'autres activités de
loisirs selon ce qui est indiqué dans le plan de gestion et le code de conduite.
La réglementation23 est la même que pour la zone de nature sauvage.
Moyens humains mis en place pour la protection
Le Service du Patrimoine Naturel de Finlande est l’organisme responsable de la protection du parc
national.
Organisation du parc national24:
23
24
http://www.outdoors.fi/hikinginfinland/rightsandregulations/Pages/Default.aspx
http://www.metsa.fi/sivustot/metsa/en/AboutUs/Briefintroduction/Organisation/Sivut/Organisation.aspx
51
Organigramme du parc national :
Bibliographie et webographie
Oulanka-Paanajärvi Transboundary Park - Management plan 2012
Oulanka-Paanajärvi Transboundary Park – Suistanable tourism developpement strategy 2012
Site internet du Parc national d’Oulanka : http://www.outdoors.fi/Pages/Default.aspx
Contact
Kari Lahti de Metsähallitus (équivalent local de l’ONF) ([email protected] )
52
Italie: Parc National « Foreste Casentinesi, Monte Falterona et Campigna »
Nom
Création
Superficie
Couvert forestier
Type de forêt
Zones
Parco Nazionale delle Foreste Casentinesi, Monte Falterona, Campigna
12 juillet 1993
36 200 hectares
80%
Feuillus (hêtraies)
Réserve intégrale (Ia), zone de valeurs culturelles, scientifiques et
paysagères (II), zone forestière, agricole et récréative (V)
Contexte
Le parc national des forêts de Casentinesi, Mont Falterona et Campigna intègre la première réserve
intégrale de Sasso Fratino créée en Italie. Cette réserve détient le label du Diplôme européen 25
depuis 1985. L’ensemble du Parc national est également inclus dans un site Natura 2000.
Le parc national est caractérisé par quelques vieux écosystèmes forestiers bien conservés, très rares
dans cette partie des Appenins.
Cela permet la présence de nombreuses espèces de flore et faune liée aux forêts anciennes.
Les autres points chauds correspondent à une petite zone avec de nombreuses espèces floristiques
alpines boréales, qui restent confinées dans les parties supérieures du parc national.
La zone protégée comprend également des zones d'intérêt naturel, caractérisé par le fait que l'activité
humaine a façonné le paysage actuel qui est digne de protection. Nous parlons dans ce cas de zones
25
Le diplôme européen des espaces protégés est un outil d'application de la stratégie européenne pour la biodiversité. Il est
depuis 1965 attribué (pour 5 ans, sur la base d'un règlement) à des espaces naturels ou semi-naturels protégés « en raison de
qualités remarquables du point de vue scientifique, culturel ou esthétique, à condition toutefois que ces espaces bénéficient
également d’un régime de protection adéquat, éventuellement associé à des programmes de développement durable... ».
53
ouvertes, importantes pour de nombreuses espèces de flore et de faune et liés à la présence
d’activités agro et sylvo-pastorales traditionnelles. Il est alors important que soit maintenu le système
éducatif, d’information et récréatif et qu’il soit compatible avec la conservation de la nature.
Le Parc national a été mal accepté les premières années à cause d’une gestion non optimale qui était
mise en place mais également pour des raisons politiques concernant le lobbying de la chasse et le
rejet du développement touristique.
Les mesures mises en place pour une meilleure acceptabilité sont basées sur la disponibilité de
l’information et la sensibilisation sur l’importance des aires protégées et les bénéfices de l’existence
de ce parc national. Egalement, des évènements politiques ont été organisés afin d’informer
directement les populations locales.
Concernant les objectifs relatifs à la forêt, les principaux sont la préservation de la forêt primaire et
ancienne et l'amélioration de la naturalité des parties restantes de forêts domaniales incluses dans le
parc national. Quoi qu'il en soit, il est également important de maintenir des usages productifs sur des
terrains privés.
La gestion actuelle est guidée par les critères de peuplements forestiers naturels afin de faciliter une
biodiversité élevée et avancée en favorisant la présence d'arbres morts et de bois mort sur le sol.
Les menaces qui pourraient peser sur le parc national sont l’abandon du pastoralisme, le manque de
pâturage et la perte d'espaces ouverts.
Les autres influences négatives qui menacent le parc national concernent le tourisme dans certaines
zones sensibles dans lesquels il existe un grand intérêt naturel. Dans certains cas, les activités
sportives, la cueillette d’espèces floristiques illégale, l’empoisonnement ou le piégeage illégal
d’espèces animales sont également une menace. Enfin, la présence d’espèces exotiques
envahissantes peut modifier les processus naturels biotique et abiotique.
Caractéristiques forestières
La forêt est principalement composée de feuillus (23 853 hectares) et en particulier des hêtraies
(11 257 hectares).
8%
12%
15%
65%
Zones non boisées
Forêts de conifères
Forêts de feuillus
Mixte conifères - feuillus
La surface totale de la forêt occupe plus de 80% du territoire du parc national et l’Etat est propriétaire.
Zonage
Zonages du Parc National « Foreste
Casentinesi, Monte Falterona et
Campigna »
Source :
Parc
National
« Foreste
Casentinesi,
Monte
Falterona
et
Campigna »
54
Le Parc National est divisé en trois zones :
- Zone A : réserve intégrale qui correspond à la catégorie de gestion UICN Ia
- Zone B : zone correspondant à la définition de la catégorie de gestion II de l’UICN. Elle est divisée
entre les valeurs naturelles, culturelles, scientifiques et paysagères
- Zone C : zone correspondant à la catégorie de gestion V de l’UICN divisée entre la forêt, l’agriculture
et les zones récréatives
Zone A :
La réserve intégrale recouvre 1 320 hectares du parc national.
Dans cette zone est présente une très ancienne forêt avec des espèces floristiques alpines-boréales.
L’objectif est de laisser la forêt en libre évolution.
Les seules activités permises sont liées à la surveillance et les activités de recherche.
Aucun visiteur n’est autorisé à pénétrer dans la réserve intégrale excepté s’il s’agit d’activités de
surveillance ou de recherche.
La réserve intégrale de Sasso Fratino est un parfait laboratoire naturel de recherche afin d’étudier
l’évolution naturelle de la forêt ancienne.
Zone B :
Cette zone recouvre 10 408 hectares du parc national.
Les réserves biogénétiques font parties intégrantes de cette zone. Elles préservent le complexe
forestier appelé « Foreste Casentinesi ». L’Etat est propriétaire même si il y a quelques propriétaires
privés.
Les activités autorisées dans ce zonage visent à protéger des processus écologiques, ainsi que les
espèces et les caractéristiques des écosystèmes de la région.
Dans cette zone sont conservées les caractéristiques naturelles dans un environnement le plus intact
possible.
Les activités récréatives et les activités traditionnelles agro-pastorales et forestières sont maintenues
si elles sont compatibles avec la conservation des valeurs naturelles du site.
Quelques activités anthropiques sont permises comme la cueillette des champignons, les traitements
de lutte contre les espèces exotiques envahissantes.
La chasse n’est par contre pas autorisée.
Le nombre de visiteurs dans cette zone est surveillé. L’entrée est gratuite et libre. Il n’y a pas de
capacité de charge limitée.
Des activités de recherche sont conduites également dans ce périmètre du parc national.
Zone C :
Cette zone recouvre 25 833 hectares du parc national.
Elle comprend les zones d'intérêt naturel, avec une référence particulière à la protection des
paysages. L’intéraction des hommes et de la nature a produit, au fil du temps, une aire qui possède
un caractère distinct digne de protection.
Les objectifs de cette zone sont la protection, l’amélioration, la promotion :
- de l’agriculture agro-environnementale
- des activités traditionnelles, y compris l'agriculture et l'élevage
Les usages prévus, tant publics que privés, sont compatibles avec les activités prévues et les objectifs
du parc national conformément à la loi cadre aussi bien pour le quotidien des populations locales et
les intérêts généraux.
Les contraintes sont divisées selon les secteurs définis dans cette zone du parc national :
Sous-zone 1 : domaines forestiers avec un intérêt fort pour le paysage et la nature
Sous-zone 2 : domaines agricoles
Sous-zone 3 : domaines désignées pour les valeurs récréatives
Des documents très précis ont été rédigés concernant la réglementation sur :
- la coupe de taillis à maturité
- la recherche scientifique est règlementée. Un programme d’analyse de recherche doit-être envoyé
en amont de la phase de terrain que souhaitent réaliser les scientifiques.
55
- la pêche qui fait l’objet d’une réglementation. Les autorités locales ont en charge de la mettre en
œuvre.
- les dommages à la faune
- les feux de forêt sont réglementés. Seuls sont permis ceux pour brûler les petits tas de végétaux, les
aliments (mais par des agents du parc. C’est interdit dans le cadre d’activités de loisir) et le barbecue
est autorisé pour les habitants.
- les arbres morts
- le camping
- les manifestations sportives
- la cueillette de champignons
Moyens humains mis en place pour la protection
Le directeur du parc national est responsable des aspects techniques et administratifs.
Le service de direction du Parc National est sous la responsabilité du directeur. Il a en charge le
protocole, le secrétariat administratif du directeur et la liste des contrats et partenariats.
Le service de l’administration s’occupe de la gestion économique et financière du parc.
Le service de planification et de gestion des ressources s’occupe principalement de l'élaboration et de
la gestion des plans, à la fois dans le domaine de l'environnement dans le secteur de la construction,
la gestion de la réglementation dans le parc national.
Le service de promotion, de conservation, de recherche et de communication sur la nature est engagé
principalement dans les activités de promotion du tourisme durable, d’éducation à l’environnement, de
coordination de l’accueil des visiteurs, de la recherche scientifique, de la communication et également
du suivi des différentes publications éditées par le parc national.
La surveillance du site est suivie par la coordination Régionale de l'Environnement de l'Etat des forêts
et dans les faits par le parc national qui est en charge de la surveillance du territoire.
Bibliographie et sitographie
Documents relatifs à la cartographie rédigés par le parc national
Site internet dans lequel ont été téléchargés tous les documents :
http://www.regione.toscana.it/-/piano-del-parco-nazionale-delle-foreste-casentinesi-monte-falteronacampiglia
http://www.parcoforestecasentinesi.it/pfc/index.php?option=com_inclusore_ricerca_norm&file=1&Itemi
d=158&pag=1&cap=1&lang=it&titolo=&argomento=4&categoria=1&visualizzazione=a.data_pub&Submit=Cerca
http://www.parcoforestecasentinesi.it/pfc/images/bozza_regolamento.pdf
Contacts
Davide Alberti du Parc National ([email protected])
Nevio Agostini du Parc National ([email protected])
Cartographie complémentaire
56
Espagne: Parc National « Picos de Europa »
Nom
Création
Superficie
Couvert forestier
Type de forêt
Zones
Parque Nacional de Picos de Europa
30 mai 1995
66 640 hectares
Non renseigné
Feuillus
Parc national classé en catégorie II.
5 zones recouvrent le parc national mais les catégories UICN n’ont pas
été précisées : Zone de la réserve, zone d’usage restreint, zone
d’usage modéré, zone d’utilisation spéciale, zone d’activités
traditionnelles
Contexte
Le premier parc national d’Espagne "Montaña de Covadonga» a été créé le 22 Juillet 1918 qui a été
étendu en 1995 et est devenu le Parc national Picos de Europa.
Le 9 juillet 2003, l’UNESCO a approuvé la demande de classement en Réserve de Biosphère 26.
Le Parc national est membre d’EUROPARC27 et participe au programme MAB de l’UNESCO.
Des partenariats avec les parcs nationaux d’Amérique Latine sont en cours de préparation.
La déclaration du parc national des Picos de Europa , par la loi 16 /1995 du 30 mai, était de protéger
l'intégrité de ses écosystèmes , contribuer à la protection , la valorisation , le développement et la
diffusion des valeurs culturelles , de faciliter la connaissance et la jouissance des citoyens, promouvoir
le développement social , économique et des communautés culturelles à leur niveau territorial, et de
contribuer à l'héritage européen et mondial d'un échantillon national des écosystèmes représentatifs
de la haute montagne et de la forêt atlantique.
26
Réserve de biosphère est une reconnaissance par l'UNESCO de zones modèles conciliant la conservation de la biodiversité
et le développement durable, dans le cadre du Programme sur l'homme et la biosphère (MAB)
27
La Fédération EUROPARC, connu sous le nom "Fédération de la nature et des parcs nationaux de l'Europe", a été fondée en
1973 dans le but d'aider les zones protégées à réaliser pleinement leur rôle de gardiennes de la beauté naturelle de l'Europe
57
Mais, une attention particulière doit être apportée aux populations locales qui vivent ou qui pratiques
des activités économiques au sein du parc national.
La réalisation de ces objectifs, comme dans le reste des parcs nationaux, repose sur la préplanification, et cela est spécifié dans le Plan d'utilisation et de gestion d'administration, établi
conformément au Plan directeur des parcs nationaux, instrument de base de la gestion du réseau des
parcs nationaux, approuvé par le décret royal 1803/1999, du 26 Novembre.
Ce plan aura une durée de six ans, et des plans seront élaborés annuellement.
Objectifs de conservation :
- protection de l'intégrité des écosystèmes qui constituent une représentation significative des
systèmes naturels et semi-naturels associés à la forêt oro-cantabrian (forêt humide)
- Contribuer à la protection, la restauration, le développement et la diffusion des valeurs culturelles
et l'histoire anthropologique
- le paysage de haute montagne
- les activités traditionnelles telles que l’élevage
- Promouvoir le développement social, économique et culturel durable en associant les populations
locales
Menaces:
- la forte concentration de visiteurs à des moments et lieux précis
- feux de forêts
- phénomènes liés au changement climatique (raréfaction du grand tétras, déclin des populations de
saumon atlantique, ...)
Acceptabilité :
Des problématiques liées à la présence du loup.
La crise économique pose aussi problème car réduction des investissements.
Pour faire face à ces problèmes, l’Etat propose des aides :
- financières aux résidents du parc national et ses municipalités
- activités éducatives et formations
- participation à la gestion (à titre consultatif uniquement)
Gestion :
Les actions de gestion qui sont entreprises auront comme priorité la conservation des valeurs
naturelles et des processus qui les soutiennent. Toute action à mettre en œuvre doit-être compatible
avec la conservation des valeurs naturelles.
Caractéristiques forestières
En fonction de l'altitude, du sous-sol et de l'exposition, de nombreuses espèces ont colonisé le parc :
Espèces méditerranéennes :
- le chêne vert (Quercus ilex)
- le chêne liège (Quercus suber)
Dans les zones plus fraîches :
- le châtaigner (Castanea sativa)
- le chêne rouvre (Quercus robur)
- le hêtre (Fagus sylvatica)
Zonage
Cinq zones composent le parc national :
Zone d’activités traditionnelles :
Zone dans laquelle se trouvent les zones urbanisées, les zones agricoles…
Zones d’utilisation spéciale
Cette zone concerne les installations nécessaires pour l’usage du public, le personnel administratif.
Elle inclut également les installations pré-existantes et les routes.
Zone d’usage modéré
58
Cette zone est dominée par le caractère naturel dans laquelle le public est autorisé mais aucune
grande infrastructure n’est présente.
Grandes surfaces transformées par l'activité agricole et soumis à des utilisations traditionnelles à
caractère extensif.
Zone d’usage restreint
Dans cette zone, les activités traditionnelles et la pression du public sont plus faibles. La présence du
public est limitée sur les routes, les chemins, les sentiers, et les voies d'escalade, sauf cas
exceptionnels.
Zone de la réserve
La plus protégée avec les caractéristiques suivantes :
- valeurs naturelles importantes,
- public non autorisé
- gestion autorisée mais pour la recherche, la spéléologie, les contrôles de population…
Moyens humains mis en place pour la protection
Deux services principaux composent l’équipe du parc national :
- Le service en charge de la gestion du parc
- Le service administratif (la Direction)
Bibliographie et webographie
REAL DECRETO 384/2002, de 26 de abril, por el que se aprueba el Plan Rector de uso y gestión del
Parque Nacional de los Picos de Europa (BOE, nº119,de 18 de mayo de 2002)
Contact
Rodrigo Suárez Robledano, co-directeur ([email protected])
59
Ecosse: Parc National « Cairngorms »
Nom
Création
Superficie
Couvert forestier
Type de forêt
Zones
Cairngorms National park
2003
452 800 hectares
25% de la totalité de la forêt des plus grandes forêts écossaises sont
présentes dans le parc
forêts Conifères, feuillus, tourbières boisées
Parc national de catégorie UICN V
Contexte
Les parcs nationaux écossais sont reconnus à l'échelle internationale et sont des destinations
touristiques reconnues et qui mettent en valeur l’environnement écossais.
Ces parcs nationaux peuvent être des modèles de développement durable, de développement rural,
de croissance de la production, de l'amélioration des paysages et de la biodiversité.
Ils sont des modèles d'une approche collaborative de gestion. La gestion collective des parcs
nationaux écossais contribue directement à l'objectif central du gouvernement écossais, à la création
durable et à la croissance économique du gouvernement écossais.
Les parcs nationaux écossais présentent quatre objectifs:
• préserver et améliorer le patrimoine naturel et culturel de la région
• promouvoir l'utilisation durable du patrimoine naturel et les ressources naturelles des parcs
nationaux
• Faire connaître et apprécier les qualités particulières de la région par le public
60
• promouvoir le développement économique et social et le développement des communautés locales
Vision à long terme du parc national de Cairngorms :
Le Parc National de Cairngorms, situé au nord-est de l’Ecosse a été créé en 200328 et fait partie des
quinze parcs nationaux du Royaume-Uni. Occupant une surface de 4528 km², il est le plus grand parc
national britannique.
Le plan de gestion du Parc National de Cairngorms (Cairngorms National Park, 2007) reconnait le
classement du Parc dans la catégorie V (« Paysage terrestre ou marin protégé ») de la classification
des aires protégées de l’UICN.
La législation en matière de parc national écossaise n’est pas orientée vers la protection des
« processus écologiques de grande échelle » (Dudley, 2008) et autorise les activités forestières et
agricoles dans le tout le parc. Cela explique pourquoi les parcs issus de sa création ne sont pas
classés selon la catégorie II (« Parc National ») des catégories de l’UICN.
En ce qui concerne Les menaces, la principale qui touche le parc est liée au tourisme :
28
National Parks (Scotland) Act 2000
61
Caractéristiques forestières
Les forêts du parc national de Cairngorms sont d’importance nationale et internationale.
La gestion forestière est fondamentalement importante pour la biodiversité, la culture et l’économie.
Le parc contient les grandes zones d’habitats de forêt semi-naturelle et représente la zone la plus
étendue de la forêt boréale au Royaume-Uni.
Dans la zone des Cairngorms se développe l'une des dernières forêts primaires des îles Britanniques,
la Caledonian Forest. Les vestiges de cette forêt s'étendent sur l'ensemble du parc national.
25% des plus grandes forêts écossaises sont présentes dans le parc national comprenant pins,
genévriers et feuillus.
La forêt est composée de :
- forêts de pins calédoniennes et plantations de conifères
- forêts de bouleaux
- tourbières boisées
En ce qui concerne le plan de gestion, un des objectifs principal est de reconnecter les forêts avec les
zones humides du parc national pour la biodiversité.
Aucune mesure réglementaire forte n’est citée dans le plan d’action du parc national.
Néanmoins, des mesures de gestion sont mises en place pour la conservation des milieux forestiers.
Description des zonages
En ce qui concerne les zonages, le parc national de Cairngorms est classé en catégorie V.
Moyens humains mis en place pour la protection
La gestion du patrimoine naturel du parc national est orientée par un comité de pilotage dont les
représentants sont issus de plusieurs organismes :
Cairngorms National Park Authority
Community Development Officer
Dee Fisheries Trust
Forestry Commission Scotland
National Farmers Union Scotland
National Trust for Scotland
Royal Society for the Protection of Birds
Scottish Land and Estates
Scottish Gamekeepers’ Association
Scottish Natural Heritage
Bibliographie et webographie
Noël Sarah, La protection des espaces sauvages en Ecosse, 2013, Paris
Cairngorms National Park - Cairngorms nature, Action plan 2013-2018, Cairngorms National Park
Authority, 2013, Grantown-on-Spey
Cairngorms National Park, Partnership plan 2012-2017, Cairngorms National Park Authority, 2012,
Grantown-on-Spey
Contact
Will Boyd Wallis, Chef de la gestion des paysages et de la conservation
([email protected])
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Cartographies complémentaires
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