ACTION CULTURELLE de l’ACADEMIE DE CAEN SERVICES EDUCATIFS Document interdit à la vente Service éducatif Architecture et Art religieux (Ville de Sées) Arnaud Campain Collège et lycée 15 03 2008 Histoire - Français – Arts plastiques Les retables du Pays d’Ouche et la contre réforme Les objectifs notionnels sont liés aux programmes scolaires. Ainsi en 5ème , le premier point de la troisième partie du programme intitulé, Humanisme, Renaissance et Réformes, indique que les élèves étudient les réformes protestante et catholique, manifestations de la foi religieuse et réponse à l’exigence de salut. En 4ème le programme commence par le présentation de l’Europe moderne ; il est indiqué que le professeur met en évidence[…] les contrastes culturels et religieux de l’Europe. Dans le domaine artistique c’est à partir de quelques exemples qu’est montrée la coexistence entre des tendances baroque et classique. Enfin en classe de seconde le quatrième chapitre d’histoire est consacré à l’Humanisme et à la Renaissance, il indique que dans l’Europe des XVe et XVIe siècles, se transforment les rapports de l’homme et de la religion. Les objectifs culturels sont de rendre accessible aux élèves le patrimoine artistique local, de découvrir des éléments caractéristiques du style baroque et de le mettre en relation avec l’application de la réforme catholique. Il s’agit aussi d’approcher les mentalités du XVIIème siècle par la relation des hommes au fait religieux. Le parcours est établi dans le pays d’Ouche. Il s’agit d’un pays situé entre le Perche et le Pays d’Auge au Nord-Est du département de l’Orne, mais l’essentiel de son territoire se trouve dans le département voisin de l’Eure. Au Moyen-Âge le Pays d’Ouche a été fortement marqué par la présence monastique avec la grande abbaye d’Ouche à Saint-Evroult Notre-Dame du Bois, siège d’une école dont le rayonnement intellectuel s’étendait jusqu’en Angleterre. Il reste unique par sa richesse patrimoniale en raison aussi de ses très nombreux retables des XVII et XVIIIè siècles qui ornent encore les églises aujourd’hui. Ils offrent un éventail de ce qui, du concile de Trente à l’aube des temps modernes, s’est fait en matière de décor des églises. Cartes Liste des communes : Gauville Glos la Ferrière Saint Nicolas de Sommaire Saint Sulpice sur Risle L’Aigle Saint Evroult Notre Dame du Bois Premier thème les retables ACTION CULTURELLE de l’ACADEMIE DE CAEN SERVICES EDUCATIFS Premier thème : les retables Un retable est un meuble de bois ou de pierre placé derrière l’autel, la table sur laquelle on célèbre la messe. les retables ont une fonction utilitaire avec des gradins pour placer des objets liturgiques et une fonction décorative, ils sont ornés de peintures représentant le Christ, la Vierge ou les saints qui participent ainsi à la formation religieuse des fidèles. Aux XVIIè et XVIIIè siècles, les retables deviennent des œuvres d’art ; cela s’explique par le contexte de la Contre-Réforme ou Réforme Catholique qui a été définie au concile de Trente. Une session de ce concile a porté sur l’art sacré, elle a défini de nouvelles normes acceptées par l’Église notamment en ce qui concerne la vocation pédagogique des œuvre représentations. Les retables du pays d’Ouche sont influencés par l’art baroque marqué par une certaine exubérance des formes qui se compliquent avec des décrochements de l’autel, des décrochements des colonnes ou des ailes du retable, c’est à dire peintures placées sur les cotés du panneau central. La décoration est caractérisée par la grâce, la fantaisie avec des éclats de marbre, des dorures et la peinture en trompe l’œil. Par exemple les colonnes deviennent torses avec un décor de crochets d’acanthes, de rinceaux, de tiges de roses ou encore de pampres c’est à dire de branches de vigne avec des grappes accompagnées d’oiseaux et d’angelots. Eglise Saint Pierre à Saint Nicolas de Sommaire. Retable à ailes séparées par trois colonnes torses avec abondant décor sculpté et des anges au fronton. Daté de 1657 ce retable en bois mesure 7.20m sur 6.25m. Il est classé Monument Historique depuis 1872.Les deux photos présentent le fronton et une colonne. Autel de la Vierge et détail d’une colonne à Gauville ACTION CULTURELLE de l’ACADEMIE DE CAEN SERVICES EDUCATIFS Deuxième thème : le tabernacle Le tabernacle est une petite armoire dans laquelle on conserve les hosties consacrées. Dès le IXe siècle, on préconise la conservation des ciboires contenant des hosties sur l’autel, Par souci de sécurité, on en vint peu à peu à les enfermer dans un espace prenant l’apparence d’un tabernacle. Fixé au centre de l’autel, celui-ci s’est généralisé aux XVIè et XVIIè siècles, jusqu’à sa prescription définitive par le pape Paul V dans le rituel romain de 1614. Avec la Contre-Réforme, l’ornementation de l’autel décoré par son retable, cherche à mettre en valeur le tabernacle et son contenu, en opposition aux réformés qui remettent en question la présence réelle du Christ dans l’hostie. Le tabernacle de Gauville. Il est en bois doré et date du XVIIe siècle. C’est un tabernacle à cinq pans avec des colonnettes torses lierrées, des frontons triangulaires sur les pans latéraux, une tête d’angelot au centre et un dôme a écailles couronnant le tout. On y trouve aussi des statuettes du Christ sauveur et trois évangélistes. ACTION CULTURELLE de l’ACADEMIE DE CAEN SERVICES EDUCATIFS Troisième thème : la Contre-Réforme et la représentation des images La Contre-Réforme est un mouvement religieux apparu au XVIè siècle après le succès de la réforme protestante de Luther. Cette Réforme catholique est faite à l’initiative du pape qui convoque le concile de Trente. Les points du dogme (les règles religieuses) sont examinés pendant ce concile, ce qui donne naissance à une nouvelle spiritualité. Une nouvelle période de l’histoire de l’Église s’ouvre, de nouvelles normes sont définies en ce qui concerne l’art sacré. L’image doit servir à la propagation de la foi et les représentations qui célèbrent le triomphe de l’Église doivent renouveler la foi des fidèles. De nouveaux thèmes apparaissent, tels les représentations de la Vierge et des saints, alors que les protestants refusent les intermédiaires entre les hommes et Dieu. La façon de peindre change également, elle devient maniériste et la multitude de feuillages et d’anges dans les décors donne une vision joyeuse du paradis. Avec la Contre-Réforme, l’Église exerce un contrôle sur les représentations, certaines sont retenues pour leur caractère pédagogique et donnent lieu à de multiples copies. C’est ainsi que les œuvres des grands maîtres, tel Rubens, se retrouvent copiées . Les compositions de Rubens avec leur caractère dramatique et triomphal correspondent aux visées de la Contre-Réforme, elles touchent les personnes qui les regardent. Ici, dans l’église de Glos La Ferrière, le retable comprend une copie de l’Adoration des Mages, dont l’original se trouve au Louvre. Selon l’évangile, les mages sont les personnes qui sont venues rendre hommage à l’enfant Jésus ; l’épiphanie, la fête des Rois commémore l’adoration des rois mages. l’Adoration des Mages ; Glos la Ferrière, tableau du XVIIe siècle restauré en 1997. ACTION CULTURELLE de l’ACADEMIE DE CAEN SERVICES EDUCATIFS Quatrième thème : saint Dominique et le rosaire Saint Dominique de Guzman s’attacha à la fin du XIIè et au début du XIIIe siècle à réconcilier les hérétiques albigeois de Toulouse avec l’Église grâce à la fondation de l’ordre des frères prêcheurs, appelés aussi dominicains et de communautés qui étaient des centres d’étude de la culture sacrée. Saint Dominique est associé au Rosaire, ce chapelet qui, selon la tradition, lui aurait été attribué par la Vierge elle même au cours d’une vision. Ce rosaire rappelle la dévotion des dominicains pour la Vierge. à Gouville Dans le Pays d’Ouche, la donation du rosaire est souvent représentée, à Gauville ou à Saint Nicolas de Sommaire par exemple ; ces représentations sont à mettre en relation avec l’existence de confréries du Rosaire. Les confréries étaient d’associations pieuses de laïcs qui parfois étaient aussi des confréries de charité, elles remplissaient un rôle social, par exemple pendant les grandes épidémies. Les confréries du rosaire étaient placées sous le contrôle des dominicains, elles organisaient lors de fêtes de Marie, des processions chantées. Ces confréries pouvaient avoir une chapelle avec un autel orné d’une œuvre d’art, le plus souvent une peinture représentant la Vierge du rosaire. Ces représentations, comme ces confréries témoignent de la sensibilité religieuse des paroissiens aux XVIe et XVIIe siècles ; la figure de saint Dominique s’inscrit dans le cadre de la lutte contre l’hérésie protestante et le culte de la Vierge est un des thèmes autour desquels catholiques et protestants s’affrontent. Cette référence à la Vierge, on la retrouve avec une représentation de son Assomption. Eglise saint Martin, L’Aigle. L’enlèvement miraculeux de la Vierge au ciel par les anges. ACTION CULTURELLE de l’ACADEMIE DE CAEN SERVICES EDUCATIFS Cinquième thème : les saints Comme nous l’avons vu précédemment, le culte des saints oppose catholiques et protestants pour qui il n’existe pas d’intercesseurs entre les hommes et Dieu. Dans les églises du Pays d’Ouche, deux figures de saint spécifiques à cette période de contre-réforme se retrouvent, il s’agit de saint Charles Borromée et de saint Ignace. Saint Charles Borromée Saint Charles Borromée a été un acteur de la contreréforme. Comme cardinal de Milan et secrétaire d’État du Pape Pie IV, il a participé au concile de Trente et s’est employé à en faire appliquer les décisions dans son diocèse. Il a fondé des séminaires qui ont eu valeur d’exemple, effectué des visites régulières même dans les vallées les plus reculées ; enfin il est resté proche de ses fidèles durant la peste de 1576, s’occupant même personnellement des malades. Saint Ignace Saint Ignace est le fondateur de la compagnie de Jésus, un des instruments les plus efficaces de la contre-réforme. Né en Espagne à la fin du XVe siècle, il se distingue dans une carrière militaire avant de devenir chevalier du Christ. Après une expérience d’ermite et un pèlerinage en Terre sainte, il étudie la philosophie à Paris. C’est à Paris qu’il fait vœu de pauvreté et de chasteté avant de se consacrer à la prédication en créant la Compagnie de Jésus ;c’est en 1534 que le Pape Paul III reconnaît la compagnie dont le membres, les Jésuites, développent une activité d’éducation et de mission dans les régions protestantes. La compagnie organisée de façon hiérarchique est implantée dans toute l’Europe à la mort d’Ignace en 1556.Elle sera aussi à l’origine de missions en Asie ou en Amérique du sud.