Principes d`une démarche d`assurance qualité et évaluation des

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Faculté de Médecine de Marseille
Principes d’une démarche d’assurance qualité et
évaluation des pratiques professionnelles (11)
Roland Sambuc – Stéphanie Gentile
Mars 2005
Objectif pédagogique :
Argumenter les principes d’une démarche d’assurance qualité et de l’évaluation des
pratiques professionnelles.
Glossaire :
Amélioration de la qualité : partie du management de la qualité axée sur
l’accroissement de la capacité à satisfaire aux exigences pour la qualité. Elle s’intéresse
notamment à :
- l’efficacité, c’est-à-dire le niveau d’obtention des résultats par rapport aux objectifs
initiaux planifiés ;
- l’efficience, c’est-à-dire le rapport entre le résultat obtenu et les ressources
consommées (notion de rendement, la qualité n’est pas indépendante de l’économie).
Amélioration continue de la qualité : l’adjectif « continu » est utilisé pour indiquer
que l’amélioration est régulière. L’organisme recherche activement des opportunités
d’amélioration et les concrétise.
C’est en 1951 que W.E. DEMING a décrit ce principe d’amélioration continue de la qualité
utilisé fréquemment sous le nom de PDCA (Plan, Do, Check, Act) ou Roue de DEMING.
Les quatre temps de ce principe sont :
- PLAN : planifier. Établir une politique qualité, se fixer des objectifs, prévoir les moyens
de réalisation ;
- DO : réaliser, mettre en oeuvre ce qui a été prévu ;
- CHECK : vérifier que l’on tend vers les éléments planifiés, contrôler les résultats,
mesurer les avancées ;
- ACT : réagir et améliorer, c’est-à-dire réduire les écarts, et faire évoluer les objectifs.
Avec le principe d’amélioration continue de la qualité, l’objectif de progrès est rendu
permanent. Si l’assurance qualité visait à donner confiance dans le fait d’obtenir
immanquablement un niveau de qualité spécifié, l’amélioration continue de la qualité est
la conformité, l’anticipation permanente dans le sens de l’amélioration. Il y a ainsi dans
l’amélioration continue de la qualité une vision d’avenir que ne comporte pas le concept
d’assurance qualité.
Assurance de la qualité : l’assurance de la qualité recouvre l’ensemble des dispositions
prises pour donner confiance en ce que les exigences pour la qualité seront satisfaites.
L’organisme peut ainsi assurer qu’il a mis en place un système qui détecte, mesure,
corrige les dysfonctionnements potentiels et met en place les actions préventives
appropriées.
Pour l’école française, l’assurance qualité fait partie du management de la qualité. Pour
les Anglo-Saxons, l’assurance qualité est elle-même un système de management de la
qualité. Ces nuances conceptuelles permettent cependant de s’accorder dans tous les cas
sur l’importance de ce principe dans toute démarche qualité, en tant qu’élément de
sécurité et de fiabilité.
Audit : l’audit est une méthode qui permet de comparer une pratique, une activité ou
une organisation à un référentiel préalablement déterminé.
Audit d’un système qualité : c’est un processus méthodique, indépendant et
documenté permettant d’obtenir des preuves d’audit et de les évaluer de manière
objective pour déterminer dans quelle mesure les critères d’audit sont satisfaits.
Certification : procédure par laquelle une tierce partie donne une assurance écrite qu’un
produit, un processus ou un service satisfait aux exigences spécifiées.
La certification d’entreprise consiste à évaluer la conformité du système de management
de la qualité à la norme ISO 9001.
Client : organisme ou personne qui reçoit un produit.
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Le produit est un terme générique désignant tout ce qui peut être issu d’un processus. Le
client peut être un consommateur, un utilisateur final, un détaillant, un bénéficiaire, un
acheteur, un client interne ou externe.
On notera que cette définition du client ne comporte pas intrinsèquement la notion de
rétribution en échange du produit reçu.
Démarche qualité : ce n’est pas un terme normalisé et il faut lui conférer un sens très
ouvert. Une démarche qualité est une « façon d’agir » en qualité.
Management : le management est l’ensemble des techniques d’organisation et de
gestion d’une entreprise.
La norme ISO 9000 parle des activités coordonnées pour orienter et contrôler un
organisme.
On peut citer les termes voisins : administration, conduite, direction, exploitation. Par
extension, le management désigne aussi les hommes de l’entreprise qui la dirigent.
Management de la qualité : activités coordonnées permettant d’orienter et de
contrôler un organisme en matière de qualité.
Management total de la qualité (TQM) ou management total par la qualité : c’est
une forme de management de la qualité qui s’appuie sur la participation de tout le
personnel de l’organisme et qui vise au succès à long terme par la satisfaction des clients
et à des avantages pour tous les membres de l’organisme et pour la société. Il suppose
un engagement fort des dirigeants.
Le terme TQM est parfois traduit par qualité totale pour traduire cette implication
nécessaire de tout le personnel de l’organisme et la satisfaction de toutes ses parties
prenantes.
La définition proposée par la JCAHO pour Total Quality Management dans son lexique est
la suivante : « a continuous quality improvement management system directed from the
top, but empowering employees and focusing on systemic, non individual, employee
problems », que l’on peut traduire par :
« Un système de management d’amélioration continue de la qualité dirigé par la
direction, mais déléguant aux salariés et se concentrant sur des problèmes systémiques
non individuels ».
Objectif qualité : ce qui est recherché ou visé, relatif à la qualité. Un objectif doit être
mesurable et comporter une date cible pour sa réalisation. Dans une démarche qualité,
on distingue en général :
- des objectifs principaux, stratégiques, à moyen terme ; ce sont ceux de la politique
qualité ;
- des objectifs plus opérationnels à court terme, découlant d’un plan d’actions.
La JCAHO, dans son lexique des termes de santé, distingue ainsi quality goal et quality
objective, le premier étant un objectif à plus long terme (supérieur à 1 an) que le second
(compris dans l’année).
Politique qualité : pour la qualité, la politique est définie comme les orientations et
intentions générales d’un organisme relatives à la qualité, telles qu’elles sont
officiellement formulées par la direction.
Intégrée dans le projet d’établissement, la politique qualité est l’expression des objectifs
stratégiques poursuivis par l’établissement en matière de qualité. La politique qualité
identifie les axes déterminants suivant lesquels elle sera structurée, ainsi que la
description de l’organisation et du mandat donné à des responsables pour sa mise en
place. Les objectifs principaux rattachés à la politique qualité de l’établissement sont
mesurables. Leur suivi permettra d’évaluer dans le temps le succès de la démarche.
Procédure : la procédure est la « manière spécifiée d’accomplir une activité ou un
processus.
Il ne faut pas confondre : procédure et processus : la procédure décrit le processus.
Processus : le processus est défini comme un ensemble d’activités corrélées ou
interactives qui transforme des éléments d’entrée en éléments de sortie. On peut dire
également qu’il s’agit d’un ensemble complexe de tâches à réaliser dans un objectif
donné.
À ne pas confondre avec la procédure qui décrit la manière de réaliser le processus.
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Protocole : le protocole concerne un niveau opérationnel : « comment je fais pour ». Le
protocole s’adresse en général à une catégorie professionnelle donnée.
Les protocoles sont aussi parfois appelés instructions de travail, fiches techniques ou
modes opératoires.
Qualité : aptitude d’un ensemble de caractéristiques intrinsèques à satisfaire des
exigences.
Revue de direction : c’est le mécanisme par lequel la direction revoit, à intervalles
planifiés, le système de management de la qualité de l’organisme pour s’assurer qu’il
demeure pertinent, adéquat et efficace. Cette revue comprend l’évaluation des
opportunités d’amélioration et du besoin de modifier le système de management de la
qualité, y compris la politique qualité et les objectifs qualité.
Système de management de la qualité : c’est l’ensemble des dispositions humaines,
techniques et organisationnelles qui permettent d’établir et mettre en oeuvre la politique
qualité et de faire fonctionner la démarche au sein de l’organisme.
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Mesure de la satisfaction du client. Méthodes et mesures. Paris: MFQ; 1993.
Liens :
• ANAES : www.anaes.fr
• AFNOR : www.afnor.fr
1. Introduction
Plus peut-être que dans tout autre domaine, la qualité en santé est demeurée longtemps plus
sous l'influence des spécialistes, c'est-à-dire des professionnels, que sous celle des patients. La
qualité d'un établissement est souvent jugée à partir de la qualité de la formation initiale de
ceux qui exercent plutôt qu'à la qualité de son organisation. Malgré de nombreuses initiatives
émanant aussi bien de l'hospitalisation publique que privée, l'évaluation de la qualité des soins
n'est pas encore systématique. Elle devrait l'être progressivement avec le changement introduit
par l'ordonnance du 24 avril 1996. L'instauration de la procédure d'accréditation délaisse le
caractère incitatif de la loi du 31 juillet 1991 pour une exigence d'évaluation au caractère
persuasif, impliquant tous les établissements de santé, tous leurs professionnels, tous les
secteurs d'activité et l'ensemble de l'organisation.
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Le Fondement de la qualité des soins était jusqu'à présent considéré comme essentiellement
dépendant de la bonne formation des professionnels. Cette qualité liée aux personnes, a été
complétée par la qualité des structures avec l’apparition de standards, normes et des
règlements, permettant d'en évaluer la conformité. Cette approche a permis d'améliorer
l'équipement et l’organisation des établissements et la performance médicale Elle a cependant
trouvé ses limites, pour apporter plus d'informations sur la qualité des processus et des
résultats. Progressivement, un consensus s'est dégagé pour indiquer qu'on ne peut résumer la
qualité sur la seule existence d'une autorisation à délivrer tel ou tel soin. L’incitation à
mesurer la satisfaction des patients a progressivement introduit le point de vue de ceux-ci
dans l’appréciation globale du résultat malgré de nombreuses réticences aussi bien culturelles
que méthodologiques Cependant, la qualité perçue par les patients ajoute des dimensions
essentielles à la mesure de la qualité des soins. D'une part, elle indique que la qualité ne peut
se confondre totalement avec les soins de haute technologie et, d'autre part, elle souligne que
l'importance de l'offre de soins met de plus en plus souvent le patient en position de client
capable d'effectuer ou de participer à un choix.
Ainsi l'évaluation de la qualité des soins se déplace-t-elle progressivement d'une approche
centrée sur les structures, vers une approche centrée sur le patient et le processus de prise en
charge dont la conception et la réalisation à chacune des étapes protègent l'intérêt de ce client
principal. Les nombreuses autres personnes identifiées comme clients et fournisseurs, internes
et externes aux établissements de santé, doivent définir leurs propres exigences en tenant
compte du patient comme bénéficiaire ultime.
2. Historique
Du Contrôle Qualité à l'Assurance de la Qualité, de l'Amélioration Continue de la
Qualité à la Qualité Totale ...
Le développement des méthodes et des techniques visant à améliorer la qualité dans le secteur
industriel illustre bien les différentes approches possibles de la qualité.
Dans les années 30, les premières contraintes imposées par les clients à leurs fournisseurs sont
d’ordre technique : le produit que vous nous livrez est-il conforme à des exigences spécifiées
? C’est l’objet du contrôle de qualité qui vérifie a posteriori que les produits sont conformes
à des exigences de qualité.
Rapidement, les entreprises se rendent compte que les contrôles en fin de production, s'ils
garantissent la qualité des produits vendus, n'améliorent pas la qualité de leur fabrication. Il
apparaît plus économique de multiplier les contrôles en cours de production, y compris la
production par les sous-traitants. En effet, les produits devenant de plus en plus complexes,
les entreprises deviennent dépendantes de la qualité de leur réseau de sous-traitance. On parle
alors d’assurance de la qualité, qui recouvre l’ensemble des activités permettant de détecter
les défauts en cours de production et de mettre en place a priori des actions visant à agir sur
l’origine des défauts.
Selon la définition normalisée de l’ISO, l’assurance de la qualité représente :
« L'ensemble des actions préétablies et systématiques nécessaires pour donner la confiance
appropriée qu’un produit ou un service satisfera aux exigences données relatives à la
qualité ».
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Elle consiste donc en la mise en place d’un système d’obtention de la qualité (définition,
construction et suivi de la qualité exigée) auquel est associé un système assurant que la qualité
est maintenue et que les écarts sont traités.
La mise en place de ces systèmes de maîtrise de la qualité (contrôle et assurance de la qualité)
a conduit les entreprises à la création de véritables "Services Qualité" spécialisés. Deux
problèmes se sont alors posés : les coûts d'investissement imposés par la mise en place de ces
services et la relative lourdeur des procédures à mettre en œuvre pour la reconnaissance
externe du système d’obtention de la qualité.
En France, c'est l'AFAQ (Association Française pour l'Assurance de la Qualité), organisme
indépendant créé en 1988, qui réalise les audits des systèmes d'assurance de la qualité des
entreprises. L'AFAQ utilise comme référentiel pour la réalisation de ces audits, des normes
internationales d'assurance de la qualité : la série des normes ISO 9000. La conformité à ce
référentiel permet la délivrance d'un "label" : la certification, qui permet la reconnaissance
formelle des moyens mis en œuvre par l'entreprise pour assurer la qualité de ses produits. Au
delà de la volonté d’apporter la preuve en externe de la qualité de leur produit (objet de la
certification), les entreprises utilisent désormais "la qualité" comme outil de management
interne. Cette nouvelle orientation a été favorisée par le développement concomitant du
management participatif. Les démarches ont toujours pour objectif premier, la satisfaction des
clients et la recherche constante de l’amélioration de la qualité mais les méthodes sont
différentes : elles sont progressives, centrées sur l’amélioration d’un ou de quelques processus
particuliers de l’entreprise. Ce mouvement correspond à celui de l'amélioration continue de
la qualité.
Ces nouvelles techniques de gestion, aussi participatives que possible, visent à créer une
dynamique d’amélioration dans l’organisation par la réalisation de projets d’envergure limitée
et successifs impliquant l’ensemble des niveaux hiérarchiques. Le changement des mentalités
associé au programme est supposé conduire à terme, à une intégration de la recherche de
l’amélioration continue de la qualité dans les activités de chacun, et ceci à tous les niveaux de
l’organisation. Cette dernière approche devrait conduire l’entreprise à intégrer la “ qualité ”
dans son mode de gestion ("management par la qualité totale"), le résultat escompté étant la
mobilisation permanente du personnel autour d’un objectif partagé d’amélioration de la
qualité. Les applications de ces méthodes et techniques au secteur de la santé nécessitent des
adaptations tenant compte des spécificités des activités et des acteurs concernés.
3. Principes essentiels des démarches qualité
3.1. L’attention aux clients
La compréhension et la satisfaction des attentes et besoins des clients représentent aujourd’hui
une orientation fondamentale de la démarche qualité. Elles conditionnent le développement et
la pérennité des entreprises.
L’écoute et l’attention aux clients doivent être présentes à toutes les étapes de la vie des
produits et services, de leur conception à leur utilisation par les clients, et à tous les niveaux
d’une entreprise. Cette préoccupation décisive oriente non seulement l’activité quotidienne
des professionnels mais également les choix stratégiques essentiels, notamment le
développement de nouveaux services.
L’écoute client est une composante indispensable de tout système qualité. Elle fournit des
informations qui pourront être utilisées pour identifier les processus clés, orienter les
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objectifs, corriger les dysfonctionnements, améliorer les produits ou services existants,
concevoir de nouveaux produits ou services.
Pour entrer dans le processus d’écoute des clients, un premier travail consiste à identifier les
différents clients externes, avec éventuellement une pondération de leur importance relative
au regard de la politique et des objectifs qualité déterminés.
Le lien entre les exigences du client et sa satisfaction comporte une part de subjectivité et
implique de distinguer plusieurs types de qualité selon le point de vue du client et celui des
professionnels :
- la qualité attendue par le client se construit autour de ses besoins mais aussi de son
expérience antérieure du produit ou service ;
- la qualité perçue est celle qu’expérimente le client. Elle dépend à la fois de la qualité
attendue et de la qualité délivrée ;
- la qualité voulue est formulée par l'entreprise sous forme de critères explicites à partir
desquels il est possible d’apprécier la conformité de la qualité délivrée ;
- la qualité délivrée est celle que reçoit réellement le client.
L’écoute des clients doit permettre de réduire l’écart de conception (qualité attendue - qualité
voulue), l’écart de perception (qualité perçue - qualité délivrée) et l’écart de satisfaction
(qualité perçue - qualité attendue).
L’écart de délivrance (qualité délivrée - qualité voulue) est du domaine de la recherche de
conformité assurée par les démarches d’amélioration des processus et de résolution de
problèmes.
Schématisation de la qualité dans le domaine des services et adaptée
(Adapté du cycle de la qualité – in AFNOR FD S 99-132-Avril2000)
L'écoute des clients fait appel à différentes méthodes parfois sophistiquées et repose
également plus simplement sur une attitude d’écoute sans a priori et une réactivité à partir des
informations recueillies à toutes les étapes (développement, marketing, contacts avec les
clients). Les changements susceptibles d'augmenter la satisfaction des clients et de mieux
répondre à leurs attentes peuvent porter sur la transformation des produits ou services, et/ou
sur un comportement des professionnels au contact des clients.
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3.2. L’importance du leadership
Le leadership et son développement progressif sont indispensables à la mise en oeuvre d’une
démarche qualité.
Le leadership désigne la fonction qui consiste à fixer des buts à un groupe de personnes et à
mobiliser celles-ci dans une action commune. L’exercice du leadership conduit le responsable
à établir une vision du développement de l’entreprise ou d’une activité et à la communiquer
aux membres de son équipe puis à guider ceux-ci dans la mise en oeuvre opérationnelle.
Lorsqu'un leadership efficace est exercé, on retrouve systématiquement une vision du
développement de l’entreprise qui concilie les intérêts légitimes de l’entreprise et des
individus qui la composent, une stratégie visant à concrétiser cette vision, un groupe de
personnes très motivées occupant des positions clés dans l’entreprise, qui coopèrent entre
elles, qui s’impliquent et qui feront tout pour la transformation de la vision en réalité.
Le leadership s’exerce en grande partie lors du travail en groupe et transparaît dans la
conduite de réunions efficaces, c’est-à-dire au cours desquelles les participants coordonnent
leurs apports relatifs à un but précis grâce à la régulation du responsable.
L’ensemble des principes évoqués met en exergue le rôle fondamental du leadership des
managers pour mener à bien la démarche qualité.
Ce modèle, s’il est adopté par les dirigeants, est transmis (exemplarité des modes de
management mis en oeuvre) à l’encadrement supérieur, puis à l’encadrement intermédiaire et
ainsi de suite, en fonction du niveau de responsabilités de chacun. Un plus grand degré
d’initiative, donc de responsabilités, est donné à tous les niveaux. Le leadership permet la
prise de décisions adaptées au plus proche de l’entité, en ce qui concerne l’organisation et le
fonctionnement interne des secteurs d’activité.
Enfin, l’ensemble des auteurs s’accorde pour considérer que les savoir-faire caractéristiques
du leadership ne sont pas innés et peuvent être appris ou renforcés par des formations et des
accompagnements appropriés.
3.3. Une démarche participative
Plusieurs éléments conduisent à mettre en place une démarche de nature participative :
- l’obtention de la qualité suppose une mobilisation de l’ensemble du personnel autour des
objectifs qualité.
Cette mobilisation ne peut être obtenue que par une appropriation des objectifs « via » une
participation réelle. C’est une condition préalable à la conduite du changement ; l’amélioration
des processus suppose une réflexion de ceux qui mettent en oeuvre ces processus au quotidien ;
une démarche participative permet d’identifier et de mettre en oeuvre les actions d’amélioration
pertinentes.
Il est important de signaler que démarche participative ne signifie pas laisser-faire ou absence
de maîtrise. Dans la démarche qualité, les axes stratégiques sont fixés à un niveau
institutionnel et l’atteinte des objectifs opérationnels fait l’objet d’un suivi.
La démarche participative signifie que les objectifs sont définis avec les acteurs, qu’ils sont
expliqués et compris pour permettre leur appropriation. Les modalités de déclinaison des
objectifs font largement appel à la responsabilité et à l'autonomie des acteurs.
Cette autonomie est d’autant plus nécessaire que le domaine correspond à une activité
complexe qui requiert des compétences permettant des prises de décision basées sur une
expertise particulière.
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3.4. L’approche processus, la transversalité, le
pluriprofessionalisme
La spécialisation s’est accrue et le nombre de professionnels, tous bien formés et compétents,
nécessaires dans un processus de fabrication de produits et/ou de rendu d’un service a
fortement augmenté. De ce fait, se pose avec de plus en plus d’acuité le problème des
relations entre les professionnels spécialisés, donc de l’organisation des interfaces.
L’approche par processus répond à cette problématique. Elle permet de comprendre la
contribution de chaque secteur à la réalisation du produit ou à la prestation de service et
d’étudier l’organisation des interfaces entre les différents professionnels et les différents
secteurs qui y ont contribué. Elle améliore ainsi la performance des processus transversaux en
décloisonnant l’organisation verticale traditionnelle.
La qualité produite, la satisfaction du client dépendent maintenant de cet aspect
organisationnel au-delà de la qualité technique de chaque étape du processus concerné. Dès
lors, il faut faire porter les efforts sur l’organisation de la relation entre les professionnels.
La transversalité consiste d’une part à sans cesse étudier les dysfonctionnements en
regroupant les professionnels concernés afin que chacun connaisse non seulement sa
prestation propre, mais aussi celles des autres, d’autre part quand cela est possible à organiser
la production directement de manière transversale en réunissant les différents acteurs autour
du processus. Les contraintes des uns et des autres sont ainsi identifiées, connues de tous,
partagées et prises en compte.
C’est par cette démarche transversale qui conduit au décloisonnement que l’essentiel des
gains actuels en terme de qualité est acquis en augmentant l’efficacité collective.
3.5. L’amélioration continue de la qualité
L’obtention de la qualité repose sur une aptitude de l’organisation à améliorer constamment
ses produits et ses services. L’amélioration de la qualité s'obtient toujours par une
amélioration des processus réalisée étape par étape. Elle peut être recherchée quel que soit
l’état initial. La démarche est itérative et vise des améliorations successives : on parle
d’amélioration continue.
Trois principes méthodologiques caractérisent la démarche d’amélioration continue de la
qualité:
♦ toute activité peut être décrite sous la forme d'un processus,•
♦ ce processus est analysé dans son fonctionnement actuel. Cette analyse permet d'identifier
les dysfonctionnements en situation réelle et de définir les actions d'amélioration avec les
personnes concernées,
♦ l'efficacité de toute amélioration doit être objectivée par une mesure.
3.5.1. La description sous forme d'un processus
La production d’un établissement de soins peut être vue comme un ensemble complexe de
tâches à réaliser. Ces tâches peuvent être regroupées en "processus" par rapport à un objectif à
réaliser : par exemple le processus d’ouverture du dossier d’admission, le processus de prise
en charge d’un malade au bloc opératoire, le processus de sortie … C’est l’approche par
"processus" qui caractérise la démarche d’amélioration de la qualité, car elle nécessite une
segmentation de la prise en charge d’un malade en un certain nombre d’étapes dont la
succession doit aboutir à un résultat de qualité. Au sein de ce processus complet de prise en
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charge du patient, il est possible d'identifier de nombreuses étapes (sous-processus). Chaque
étape constitue elle-même une succession de tâches faisant intervenir différents acteurs. Ainsi,
le processus de prise en charge d'un patient de chirurgie peut être segmenté en : accueil,
admission dans le service, prise en charge au bloc opératoire...
Figure2 – Exemple de découpage du processus anesthésique
3.5.2. L'analyse du processus dans son fonctionnement actuel
L'étude du processus en situation réelle nécessite l’implication de toutes les catégories
professionnelles concernées. La description du processus, même si elle est connue en théorie,
ne peut être réalisée que par les acteurs. Cette nécessité conduit obligatoirement à une
approche transversale de l'organisation, remettant en question le cloisonnement souvent
excessif des établissements de santé. De plus, seuls les acteurs directs du processus sont à
même d'identifier tous les dysfonctionnements et leurs causes potentielles qui peuvent se
situer au sein d'une étape du processus ou à l'interface entre plusieurs intervenants. Leur
implication dans leur détection favorise de plus l'acceptabilité des solutions préconisées.
L'étude du fonctionnement du processus en situation réelle a plusieurs avantages. Elle permet:
♦ de connaître les caractéristiques organisationnelles locales,
♦ de mettre en évidence les dysfonctionnements mais aussi les points positifs et de fixer les
priorités,
♦ de fixer des buts à atteindre à partir d'une situation objectivée en interne et en tenant
compte des possibilités locales d'amélioration. Cela évite de se placer d'emblée en
situation d'échec ou face à des objectifs irréalistes.
DCEM 4 – Module 1
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Ainsi, une grande partie des changements observés à l'issue d'un projet d'amélioration découle
de la qualité du diagnostic initial fait par les acteurs du processus et de la pertinence des
actions d'amélioration retenues.
3.5.3. La mesure
La mesure est un impératif de la qualité. La mesure permet d’apprécier la satisfaction des
clients, la conformité des produits et services à des références et le bon déroulement des
processus.
Cela consiste en une objectivation du niveau de qualité existant et des progrès réalisés grâce
aux actions d’amélioration. Elle permet également un suivi en continu de certaines
caractéristiques afin d'agir dès qu’une dérive apparaît.
Cette culture de la mesure permet de dépasser les opinions, les a priori et de prendre les
décisions à partir d’éléments factuels.
Mesurer permet aussi de valoriser le travail accompli, de donner confiance aux professionnels
et aux clients sur le maintien d’une qualité de production et d’apporter la preuve des progrès
réalisés. Différents types de mesure existent en qualité : les indicateurs, la satisfaction des
clients, l’évaluation des pratiques professionnelles, les audits …
3.5.4. La méthode PDCA
Plusieurs méthodes sont disponibles pour conduire une démarche d’amélioration continue de
la qualité basée sur l’analyse des processus. La plus employée est certainement la méthode
PDCA (Plan, Do, Check, Act). Représentée sous forme d’une roue (« Roue de Deming » du
nom de son inventeur), elle matérialise la maîtrise de la qualité :
Figure 3 - La roue symbolique de Deming est divisée en 4 phases P-D-C-A
PLAN (P): définir les objectifs qualité, la façon dont on va les atteindre, l'échéancier Î
PLANIFIER
DO (D) : former puis exécuter Î FAIRE
CHECK (C) : vérifier que les objectifs visés sont atteints. Sinon mesurer l'écart, comprendre
ce qui s'est passé.Î VERIFIER
ACT (A) : prendre les mesures correctives pour arriver au résultat et s'assurer que cet acquis
demeurera stable. Î AGIR De tour de roue en tour de roue, l'entreprise monte la pente des
améliorations jusqu’à atteindre l’exellence.
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4. Mise en œuvre d’une démarche qualité
Les démarches qualité actuelles sont des démarches de management. Le concept de
management de la qualité est lié à celui d’amélioration continue de la qualité. Il correspond à
un mode de gestion de l’entreprise qui, pour atteindre les objectifs stratégiques qu’elle s’est
fixés, intègre une démarche d’amélioration continue de la qualité généralisée à tous les
secteurs de l’entreprise.
Pour mettre en place une démarche qualité suppose une approche méthodique et une maîtrise
de la conduite du changement ; certains facteurs sont incontournables : on peut citer la
structuration de la démarche, la politique qualité, l’organisation du système qualité, la
formation des personnels, les méthodes et outils employés sont adaptés aux objectifs visés.
La réussite d’une démarche qualité est à ce prix !
4.1. La structuration de la démarche
Le développement d’une démarche qualité conduit progressivement à identifier des structures
nécessaires à l’impulsion, l ‘accompagnement, la coordination et le déploiement de la
démarche. Une attention particulière devra être portée au pluriprofessionnalisme de ces
structures et à leur mode d’animation participatif.
4.1.1. La structure de pilotage de la démarche (comité de
pilotage)
Elle a une vocation stratégique et politique. Elle est constitué des l’initiation de la démarche.
et a pour missions principales :
-
déterminer les objectifs à atteindre grâce à la démarche qualité, définiri les priorités
soutenir la démarche, procurer les moyens aux projets, veiller à la formation et à la
communication
prendre les décisions nécessaires à l’avancement du projet
4.1.2. La structure opérationnelle de coordination
Son rôle est d’assurer la coordination, l’animation et la gestion de la démarche qualité. Elle
apporte son soutien méthodologique. Ce groupe doit être constitué de membres
pluridisciplinaires les plus opérationnels possibles.
4.1.3. Les groupes projet
Une démarche qualité dans un établissement conduit à mettre en place des groupes projet pour
conduire les actions sur des thèmes ciblés correspondant aux priorités établies par la structure
de pilotage. Ces groupes sont constitués lors du démarrage de la démarche. Chaque groupe de
projet est conduit par un responsable de projet.
La mission des groupes projet est de :
- Conduire les différentes étapes de la démarche qualité sur un thème défini afin de
répondre aux objectifs fixés par le groupe de pilotage.
- Analyser les processus, identifier les dysfonctionnements, proposer des actions
d’amélioration et assurer leur mise en œuvre (Cf § 5.2)
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4.2. La politique qualité
L'engagement dans une démarche qualité nécessite une réflexion sur ses enjeux et sur les
résultats attendus. L'élaboration de la politique qualité est le résultat de cette réflexion.
4.2.1. Définition
La politique qualité est définie par la norme ISO 9000 comme « les orientations et objectifs
généraux d’un organisme, concernant la qualité, tels qu’ils sont exprimés formellement par la
direction au plus haut niveau ».
4.2.2. Les objectifs
La définition d'une politique qualité va permettre :
- d’établir la finalité de la démarche qualité en définissant, au-delà d’objectifs communs à
toute démarche qualité, l’intérêt de celle-ci pour la structure concerné.
- d'affirmer l’engagement du management de l’établissement dans cette démarche ;
- d’identifier les modalités et les responsabilités pour la mise en oeuvre.
Quant à la communication de la politique qualité, celle-ci va permettre :
- d'en partager le sens avec l’ensemble des acteurs ;
- de les fédérer autour du projet ;
- de mettre en exergue l’importance accordée à la qualité et la nécessité d'engagement des
différents acteurs.
4.2.3. Le contenu d’une politique qualité
La politique qualité est fréquemment formalisée dans un document. Cette expression écrite
peut prendre la forme d’une charte comme dans l’exemple.
Les éléments suivants sont généralement présents dans une politique qualité formalisée :
- l'expression de la finalité de la démarche pour l’établissement ;
- l'affirmation de l’importance donnée à la qualité dans l’établissement ;
- l'identification des axes stratégiques permettant le déploiement de cette politique ;
- la description de l’organisation mise en place et du mandat donné à des responsables afin
que la politique arrêtée soit mise en oeuvre ;
- les modalités de suivi et éléments d’évaluation retenus.
4.3. Le système documentaire
La démarche qualité utilise et génère de nombreux documents. Les documents sont de
plusieurs types :
4.3.1. Des documents internes :
- projets, programmes,
- description du système de management de la qualité (manuel qualité),
- procédures, protocoles,
- documents d’enregistrements ou de traçabilité,
- documents de transmission d’information.
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4.3.2. Des documents externes :
- réglementation,
- guides.
Ces documents doivent selon les cas être conçus, validés, approuvés, diffusés, modifiés,
supprimés. L’objectif d’une gestion documentaire est de s’assurer que ce cycle est respecté
pour tous les documents en circulation dans l’institution.
La gestion documentaire va chercher à assurer la cohérence entre les différents documents,
l’accessibilité des documents, le partage des documents pour tous les acteurs concernés. Une
formalisation excessive peut alourdir, figer l'organisation et nuire à la réactivité. Il est donc
conseillé de la réserver à des processus comportant un enjeu prioritaire en terme de maîtrise
des pratiques.
4.4. La formation des personnes impliquées dans la démarche
La mise en œuvre d’une démarche qualité suppose un apport d’information et de formation
adaptée aux besoins de chacun des acteurs. La formation a pour objectif de transmettre à
chacun un langage commun afin de s’approprier une culture qualité. En fonction du public
concerné, la formation abordera les principes et les concepts de la qualité, les méthodes et les
outils, les thèmes techniques.
4.5. Facteurs de réussite d’une démarche qualité
Au regard des paragraphes développés ci-dessus, nous mentionnerons quelques facteurs clé de
la réussite d’une telle démarche :
♦
♦
♦
♦
♦
♦
♦
Engager les responsables
Impliquer les professionnels
Centrer la démarche autour du client
Structurer la démarche
Adapter les moyens aux objectifs
Communiquer
Former
4.6. Démarche qualié et accréditation ANAES
Introduite au sein du système de santé français par l’ordonnance n° 96-346 du 24 avril 1996
portant réforme hospitalière, la procédure d’accréditation a pour objectif de s’assurer que les
établissements de santé développent une démarche d’amélioration continue de la qualité et de
la sécurité des soins délivrés aux patients. Cette démarche est conduite sous la tutelle de
l’ANAES structure de l’Etat composé de professionnels de la santé qui sont chargés
parallèlement de la rédaction des recommandations professionnelles.
4.6.1. La structure ANAES
L'Agence Nationale d'Accréditation et d'Évaluation en Santé (ANAES) est un Établissement
Public Administratif de l'État (EPA) créé par l'Ordonnance du 24 avril 1996. Son
fonctionnement est organisé par le Décret n° 97-311 du 7 avril 1997. L'ANAES est un
organisme scientifique et technique, lieu d'expertises et d'échanges avec les acteurs de la
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santé. La nouvelle agence a été créée pour développer les missions de l'ANDEM (Agence
Nationale pour le Développement de l'Évaluation Médicale), mettre en œuvre et mener de
nouvelles activités telle que la démarche d'accréditation des établissements de soins français
publics et privés. Son indépendance est assurée par la composition, majoritairement
professionnelle, et par les règles de fonctionnement de son Conseil d'administration et de son
Conseil scientifique.
Il existe au sein del’ANAES :
- Une direction Evaluation qui produit des référentiels scientifiques et professionnels, des
méthodes d'évaluation des pratiques professionnelles et des évaluations médico-économiques
des technologies.
- Une Direction Accréditation constituée essentiellement de professionnels de santé, qui a
pour mission de mettre en place et d'assurer le suivi de la démarche d'accréditation dans les
établissements de santé.
- Enfin, Le Collège d'accréditation (composé de 30 membres (15 titulaires et 15 suppléants)
s’assure des conditions de mise en œuvre du processus d'accréditation, valide les rapports
d'accréditation à partir des rapports d'experts et des observations des établissements aux
rapports d'experts.
De plus, l'Agence possède des réseaux de professionnels répartis partout en France et qui
assurent des missions de formation à l'évaluation des pratiques professionnelles aussi bien en
médecine ambulatoire qu'en milieu hospitalier.
4.6.2. Définition de l’accréditation
L’accréditation est une procédure d’évaluation externe à un établissement de santé, effectuée
par des professionnels, indépendante de l’établissement de santé et de ses organismes de
tutelle, concernant l’ensemble de son fonctionnement et de ses pratiques. Elle vise à s’assurer
que les conditions de sécurité et de qualité des soins et de prise en charge du patient sont
prises en compte par l’établissement de santé.
4.6.3. Périmètre d’intervention
L’accréditation concerne tous les établissements de santé publics et privés, et potentiellement
les établissements de santé militaires. Elle concerne également les groupements de
coopération sanitaire entre établissements de santé et les réseaux de soins.
4.6.4. Objectifs
Les objectifs sont les suivants :
• l’appréciation de la qualité et de la sécurité des soins
• l’appréciation de la capacité des établissements de santé à améliorer de façon continue
la qualité des soins et la prise en charge globale du patient
• la formulation de recommandations explicites
• l’implication des professionnels à tous les stades de la démarche qualité
• la reconnaissance externe de la qualité des soins dans les établissements de santé
• l’amélioration continue de la confiance du public.
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4.6.5. Principes de l’Accréditation
4.6.5.1. La place centrale du patient :
l’accréditation s’intéresse en premier lieu au parcours du patient et à la coordination des soins
au sein de l’établissement de santé et du réseau de soins. L’accréditation est une évaluation
multiprofessionnelle, transversale à l’établissement, de l’organisation et des résultats. Les
observations et les niveaux de satisfaction des patients et des autres utilisateurs de
l’établissement (entourage du patient, médecin traitant…) sont pris en compte dans
l’évaluation.
4.6.5.2. L’amélioration de la sécurité des soins :
la sécurité est une des dimensions majeures de la qualité des soins et correspond à une des
attentes principales des patients vis-à-vis du système de santé ; les soins hospitaliers, dont
l’efficacité et la complexité ont crû lors des dernières décennies, s’accompagnent en
contrepartie de risques pour les personnes. La prévention des risques repose sur plusieurs
éléments dont le respect de la réglementation en matière de sécurité, le respect des bonnes
pratiques et la mise en place d’un système d’évaluation et d’amélioration fondé sur le
repérage des risques et la mise en œuvre d’actions de prévention.
4.6.5.3. L’amélioration continue de la qualité :
elle repose sur l’existence d’un système reconnu de gestion de la qualité. Elle est obtenue
grâce à l’amélioration systématique des processus, la réduction des dysfonctionnements et
l’implication des personnes. La démarche est pragmatique et procède d’améliorations étape
par étape à partir de la situation existante objectivée par des mesures
• L’implication des professionnels exerçant dans l’établissement de santé :
l’amélioration de la qualité est le résultat des démarches internes conduites par
l’établissement de santé. La participation de l’ensemble des acteurs est indispensable
pour l’acceptation changements et l’appropriation des solutions. Il est essentiel que les
différents acteurs soient associés à chaque étape de la démarche d’accréditation.
L’ANAES veillera à expliquer, informer et communiquer régulièrement avec les
professionnels.
• Une démarche continue : l’obtention de résultats à l’issue d’une démarche qualité
suppose un engagement de l’établissement de santé sur le long terme. L’accréditation
doit inciter à la mise en place de démarches continues d’amélioration de la qualité.
Elle correspond à un processus cyclique dans lequel l’autoévaluation et la visite
permettent d’identifier les priorités qui feront l’objet de programmes d’action conduits
jusqu’à la procédure d’accréditation suivante.
L’accréditation fournit l’opportunité de structurer une démarche qualité : la phase d’autoévaluation permet la réalisation d’un diagnostic, la mise en place d’une démarche
participative et indique les axes d’une structuration. Ces éléments seront confortés et le cas
échéant affinés par la visite des experts-visiteurs et le rapport d’accréditation.
4.6.6. Le manuel d’accréditation
Le manuel d’accréditation est le document qui constitue pour tous les établissements
hospitaliers le document de référence rassemblant les objectifs qualité à atteindre. Ce manuel
est transversal à l’activité hospitalière et se structure comme suit 3 chapitres et 10 référentiels
(ref):
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Chapitre 1 :
Chapitre 2 :
Le patient et sa prise en
Management et gestion au
charge
service du patient
Ref 1-Droit et informations du Ref 4-Management de
patient
l’établissement et des secteurs
d’activité
Ref 2- Dossier du patient
Ref 5-Gestion des ressources
humaines
Ref 3- Organisation de la prise Ref 6-Gestions des fonctions
en charge des patients
logistiques
Ref 7-Gestion du système
d’information
Chapitre 3 :
Qualité et Prévention
Ref 8-Gestion de la qualité et
prévention des risques
Ref 9-Vigilances sanitaires et
sécurité transfusionnelle
Ref 10-Surveillance, prévention
et contrôle du risque infectieux
4.6.7. Les 8 étapes de la procédure d'accréditation
1. La procédure d'accréditation est engagée sur l’initiative du directeur de l'établissement. Il
adresse une demande d'engagement à l'ANAES, accompagnée d'un dossier de présentation
de l'établissement décrivant ses activités, son organisation générale et sa stratégie qualité.
L'Agence peut ainsi déterminer le déroulement et le planning de la procédure.
2. L'ANAES propose un contrat d'accréditation rappelant les engagements à tenir puis
envoie les documents d'analyse nécessaires à la phase d'auto-évaluation.
3. L'établissement effectue son auto-évaluation et en transmet les résultats à l'ANAES.
4. Après réception des résultats de l'auto-évaluation, la visite d'accréditation est effectuée
par une équipe d'experts-visiteurs, qui rédige le rapport des experts, lequel s'appuie sur les
résultats de l'auto-évaluation.
5. Le rapport des experts est communiqué à l'établissement pour qu'il formule ses
observations.
6. Le rapport des experts et les observations de l'établissement au rapport des experts sont
communiqués au Collége de l'accréditation de l'ANAES, qui examine le déroulement de la
procédure, valide le rapport d'accréditation qui comporte des recommandations, fixe les
modalités de suivi et arrête le délai au bout duquel une nouvelle procédure devra être engagée.
(cf tableau)
Appréciations
Modalités de suivi
Sans recommandations Par l'établissement de santé
Avec recommandations L'établissement de santé réalise un
bilan de suivi des recommandations
en perspective de la prochaine
procédure
L'établissement de santé réalise un
Avec réserves
bilan de suivi et le transmet à
l'ANAES à échéance déterminée
Avec réserves majeures L'ANAES demande à ce que
l'établissement de santé apporte des
solutions aux questions ayant fait
l'objet de réserves majeures à
échéance donnée
Délai d'engagement entre
deux procédures
5 ans
5 ans
Moins de 5 ans
Moins de 5 ans et visite ciblée
à échéance fixée sur les
questions ayant fait l'objet de
réserves majeures
DCEM 4 – Module 1
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17
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7. Le rapport d'accréditation est transmis par l'Agence au directeur de l'établissement de
santé ainsi qu'au directeur de l'Agence Régionale de l'Hospitalisation compétente.
8. Un compte-rendu de la procédure d'accréditation est transmis par l'ANAES à
l'établissement. Il est consultable sur demande par le public et les professionnels de santé
intéressés. Ils sont disponibles auprès de la direction de chaque établissement concerné ou par
numéro d'appel.
4.6.8.
L’expert – visiteur
L'expert - visiteur est un professionnel exerçant dans un établissement de santé depuis plus de
trois ans et ayant une expérience de plus de dix ans dans le domaine de la santé. Il occupe au
sein de son établissement des fonctions à caractère transversal et a une expérience de conduite
de projets d'amélioration de la qualité. Il peut être :
• gestionnaire,
• médecin de différentes spécialités médicales et chirurgicales,
• soignant : directeur de services de soins infirmiers, infirmière générale, cadre
supérieur de santé, cadre de santé,
• ingénieur qualité, biologiste, pharmacien.
Les experts-visiteurs ont été selectionné suite aux appels à candidature parus respectivement
au Bulletin Officiel du 29 mars 98 et au Journal Officiel du 29 avril 98 .
L'expert-visiteur est missionné par l'ANAES et doit de ce fait, pour toutes les interventions
relatives à l'ANAES, agir en parfait accord avec l'Agence et selon une charte d'exercice en
conflit avec sa mission.
L'expert-visiteur ne peut consacrer plus d'un tiers de son activité professionnelle à la mission
confiée par l'ANAES.Il ne peut effectuer de visite dans un établissement situé dans la même
région que son établissement d'origine. Il ne peut exercer de visite dans un établissement dans
lequel il a exercé une activité professionnelle au cours des cinq années précédant la visite.
L'expert-visiteur ne peut, avant l'expiration d'un délai de 18 mois, exercer une activité
professionnelle dans un établissement pour lequel il a participé à une procédure
d'accréditation
5. Evaluation des pratiques professionnelles
L’amélioration de la qualité des soins délivrés aux patients est un souci constant de tout
professionnel de santé, et du médecin en particulier. Plusieurs raisons sont à l’origine de ce
besoin d’évaluation de la qualité des soins : la variabilité des pratiques, tant diagnostiques que
thérapeutiques, qui est démontrée. Elle situe l’ampleur des incertitudes dans le domaine de la
santé et les enjeux en terme de qualité des soins et la mise à jour continuelle des
connaissances qui est difficile en raison de la quantité et surtout de la qualité inégale de
l’information
La qualité des soins suppose le choix des meilleures stratégies de soins et leur mise en œuvre
la plus adaptée. Cette recherche de la qualité et fondamentale : il est fréquent que, lors de la
délivrance des soins, apparaisse une rupture entre les possibilités médicales théoriques et les
soins réellement délivrés. La mise en place d’actions systématiques d’évaluation des soins
suppose un engagement de la part des professionnels mais également des établissements de
santé. Ces conditions sont nécessaires pour assurer à tous les patients des soins de qualité. La
loi de juillet 1991 portant réforme hospitalière pose les bases de l’évaluation de la qualité des
soins dans les termes suivants « afin de dispenser des soins de qualité, les établissements de
DCEM 4 – Module 1
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santé, publics ou privés, sont tenus de disposer des moyens adéquats et de procéder à
l’évaluation de leur activité » (art L.710-3) « Les établissements de santé, publics ou privés,
développent une politique d’évaluation des pratiques professionnelles, des modalités
d’organisation des soins et de toute action concourant à une prise en charge globale du
malade afin notamment d’en garantir la qualité et l’efficience » (art L.710-4).
Les expériences étrangères ont permis d’identifier plusieurs acquis méthodologiques dans
l’approche de la qualité des soins. Il existe différentes formes d’évaluation des pratiques
professionnelles chacune ayant ses avantages et inconvénients. On peut citer pour exemple, le
contrôle par les pairs (peer-review), le recueil et l’analyse de données professionnelles,
l’établissement de directives professionnelles, de bonnes pratiques… L’audit clinique est la
méthodologie la plus fréquemment employée dans cette évaluation des pratiques.
Nous avons donc choisi de présenter uniquement cette dernière méthodologie d’évaluation,
l’audit clinique.
5.1. L’audit clinique
5.1.1. Définition
L'audit clinique est une méthode d'évaluation qui permet à l'aide de critères déterminés de
comparer les pratiques de soins à des références admises, en vue de mesurer la qualité de ces
pratiques et des résultats de soins avec l'objectif de les améliorer.
Les termes « audit clinique » et « audit médical » sont souvent utilisés l’un pour l’autre alors
qu’en toute rigueur, le terme audit clinique recouvre tous les aspects des soins médicaux et
paramédicaux et couvre donc un champ beaucoup plus large que l’audit médical.
L’évaluation concerne de façon permanente la totalité des activités : les structures (locaux,
matériel, personnel), les stratégies (procédures diagnostiques, thérapeutiques, de soins), les
résultats (guérison, morbidité, mortalité, qualité des soins).
L’audit clinique doit être développé avec l’implication des professionnels dans le cadre de
démarche d’amélioration continue de la qualité des soins.
5.1.2. La méthode de l’audit clinique
Une méthode est l’ensemble des démarches raisonnées, à suivre pour parvenir à un but .
L'audit clinique distingue 6 étapes.
1. Choix du thème.
2. Choix des critères.
3. Choix de la méthode de mesure.
4. Recueil des données.
5. Analyse des résultats.
6. Plan d'actions d'amélioration et réévaluation.
La mise en place et la réalisation d’un audit repose sur la constitution d’une équipe motivée
qui participera au projet de l’audit. Ce groupe de travail doit être de préférence
pluriprofessionnel (médecins, soignants…) et désigne un responsable du projet.
DCEM 4 – Module 1
APPRENTISSAGE DE L’EXERCICE MEDICAL
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5.1.2.1. Etape 1 : le choix du thème de l’audit
Le thème de l’audit clinique est choisi en fonction de la fréquence de la pratique, du risque
pour le patient, du potentiel d'amélioration, de l'existence de références scientifiques,
réglementaires et professionnelles, les conséquences économiques éventuelles… Un audit
clinique peut s’appliquer à des actions de soins variées, comprenant des phases diagnostiques,
thérapeutiques et préventives. Le thème peut concerner des problèmes identifiés ou ressentis
par les professionnels eux-mêmes ou signalés par les usagers.
Le thème peut porter sur :
♦ une situation clinique (ex : modalités de prise en charge d’un accès hypertensif)
♦ un protocole de soins (ex : modalités de prévention des escarres)
♦ un élément clé témoin de la qualité des soins (ex : le dossier du patient, médical ou
infirmier)
♦ un processus clinique complet (ex : la réalisation d’une cholécystectomie, de
l’indication jusqu’aux suites postopératoires)
5.1.2.2. Etape 2 : le choix des critères (ou la constitution d’un
référentiel)
Cette étape a pour but de déterminer les critères représentatifs de la qualité des soins. Les
critères se définissent comme les éléments sur lesquel repose le jugement. Ils représenteront la
base de comparaison entre la pratique réelle et la pratique jugée optimale.
Pour établir cette liste de critères qui vont permettre de mesurer l’écart existant entre ce qu’il
« faut faire » et ce qui est «réellement fait » il faut réunir les textes de références de la
pratique concernée par l’audit. On peut citer comme référentiel de pratique :
• Les protocoles et procédures de soins mis en œuvre dans le service
• Les références bibliographiques existantes comme
o les textes réglementaires,
o les conférences de consensus,
o les recommandations pour la pratique cliniques
o les audits cliniques publiés sur le même thème
o les textes généraux publiés dans les revues professionnelles
o …
• l’avis de personnes compétentes sur le thème
Tout critère doit être :
• Valide, c'est-à-dire mesurer le paramètre qu’il est censé mesurer
• Quantifiable, c’est à dire mesurable (oui/non, présent/absent, pas dutout/un
peu/beaucoup/entièrement….)
• Fiable, c'est à dire apte à mesurer de façon précise et reproductible
• Sensible, c'est à dire apte à mesurer les variations
• Spécifique, c’est à dire caractéristique de l’activité évaluée (ex : chiffre tensionnel
pour la surveillance de l’hypertension, chiffre de la glycemie pour la prise en charge
du diabète)
De plus, chaque critère est caractérisé par un standard (ou la norme). C’est la valeur attendue
pour le critère en l’état actuel des connaissances et des recommandations. Il représente la
valeur souhaitable par opposition à la valeur observée (ex : tout patient doit avoir les dates de
DCEM 4 – Module 1
APPRENTISSAGE DE L’EXERCICE MEDICAL
20
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rappel de ses vaccinations notées sur son dossier médical, un frottis tous les 3 ans chez une
femme de 25 à 65 ans, 100% des nourrissons de 9 mois doivent avoir un examen de santé
systématique …)
Un nombre limité de critère (10 à 20) devrait suffire pour une évaluation de qualité sur un
thème donné. Les critères sélectionnés sont ensuite organisés sous forme d’une grille
d’évaluation (ou grille d’audit)
Exemple
Pour un audit sur le suivi des patients diabétiques les critères retenus étaient :
- Le dosage de la glycémie (valeur numérique en mmol/l)
- La remise de documents relatifs au diabète, en complément des informations fournies
par le médecin (binaire oui/non)
- La consultation spécialisée de diététique (binaire présent/absent)
5.1.2.3. Etape 3 : Choix du type d’étude et de la méthode de
mesure
Le type d'étude est défini en fonction de la pratique étudiée :
• L'approche prospective convient à l'évaluation des pratiques professionnelles.
L'observation de la situation présente permet à l'évaluateur de porter un jugement sur
l'application des critères qualité. Cette approche dynamique génère souvent un
réajustement immédiat des comportements.
• L'approche rétrospective convient mieux à l'évaluation du dossier du malade. Elle
favorise l'examen d'un échantillon plus large mais n'a pas d'impact immédiat sur la
qualité des dossiers.
• La taille de l'échantillon considérée comme suffisante pour des séries homogènes est
habituellement de 30 à 50 pratiques par unité de soins (Ex : 30 à 50 actes de pose et de
surveillance de cathéters veineux courts par unité de soins)
• La période de mesure de la qualité de la pratique doit permettre d'atteindre
l'échantillon prévisionnel sans toutefois excéder une durée de 6 à 8 semaines. En effet,
l'attente prolongée des résultats peut nuire à l'intérêt des professionnels pour la
démarche.
La source d'information varie avec la pratique étudiée. Les données qualitatives sont
apportées par le professionnel : médecin, infirmière, aide soignante, masseur-kinésithérapeute.
Elles peuvent aussi être recherchées sur un support d'information : feuille de surveillance,
registre de laboratoire, dossier administratif, dossier clinique...
Le mode de recueil des données fait référence à l'observation directe, à l'interview ou à
l'autoévaluation. Ces modes de collecte des données ont leurs forces et leurs faiblesses :
• L'observation directe favorise une collecte d'information en instantané, mais elle est
consommatrice de temps et la personne observée peut modifier son comportement.
• L'interview établit une relation directe entre deux personnes offrant la possibilité de
reformuler les questions et d'obtenir des réponses exploitables. La clarification des
questions peut toutefois induire les réponses.
• L'autoévaluation impose au professionnel de remplir la feuille de recueil de données
immédiatement après le soin ou dans un délai le plus proche possible du soin afin de
protéger l'objectivité du recueil. L'autoévaluation a un caractère pédagogique par la
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remise en mémoire des critères qualité. Elle responsabilise les professionnels et est un
facteur de réussite du plan d'amélioration et de son suivi.
L'évaluateur peut être un pair formé à l'observation, à l'entretien et à l'utilisation rigoureuse de
la feuille de collecte des données. Il doit avoir des compétences cliniques et observer une
attitude neutre sans projection dans la pratique. L'évaluateur peut être le professionnel luimême.
5.1.2.4. Etape 4 : le recueil des données
Avant le démarrage du recueil de données, le responsable du projet réunit l'ensemble des
professionnels impliqués dans la collecte d'information afin de leur rappeler l'objectif
poursuivi et les modalités de la mesure des critères qualité.
• L'objectif est ciblé sur l'amélioration de la pratique et non sur l'évaluation individuelle
des professionnels.
• Les modalités de l'évaluation précisent la période de collecte des données, le nombre
de pratiques à évaluer, la manière de procéder au recueil d'information. D'autres
indications peuvent être apportées en réponse aux questions de l'assemblée.
Le recueil des sonnées a pour objectif essentiel de mesurer l'application du référentiel dans la
réalité. Il permet donc de valider la présence ou l'absence des critères dans l'exercice d'une
pratique professionnelle. Ce recueil doit être exhaustif afin de protéger l'authenticité des
résultats. Son évolution nécessite un suivi quotidien de la part du référent de l'unité de soins et
une vigilance accrue de la part du responsable de projet.
5.1.2.5. Etape 5 : Analyse des résultats
L’analyse des données va :
• Apporter une réponse brute à la question que posait le travail d’évaluation : l’exercice
est-il en accord avec les normes ?
• Estimer le niveau de qualité de l’activité des professionnels en mesurant l’écart entre
les données recueillies et les normes
• Déterminer le type d’action à mener en analysant les raisons de cet écart
Les écarts observés entre la pratique et la norme conduisent à en rechercher les causes qui
peuvent être de 3 types :
• Causes professionnelles : les procédures de soins peuvent être hétérogènes,
incompatibles ou inadaptées. La formation pour leur application peut être aussi
insuffisante.
• Causes organisationnelles : un défaut de coordination entre les différents
professionnels souvent lié à des moyens de communication insuffisants
• Causes institutionnelles : liées à des moyens inadéquats
Cette phase inclut la mise en forme des résultats de l’audit avec la réalisation de tableau et de
graphique. La confidentialité des données et l’anonymat des personnes doivent être
parfaitement assurés.
5.1.2.6. Etape 6 : Elaboration de recommandations et suivi
Les recommandations (ou actions correctives) préconisées à l’issue d’un audit doivent être
hiérarchisées en fonction de la facilité et de la rapidité de leur mise en place. Le plan d’action
faisant suite à un audit propose des priorités, des mesures concrètes d’amélioration et un
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calendrier de réalisation. Il précise les résultats attendus et les moyens à mettre en œuvre. Il
fait partie intégrante du rapport d’audit dont l’objectif est de permettre une amélioration de la
qualité.
Un dispositif de suivi est établi, il permet d’impliquer les professionnels sur la durée. Le suivi
est considéré comme une étape indispensable à la fermeture de la fermeture de la « boucle
évaluative »
Figure 4 – Résumé des 6 étapes d’un audit clinique
L’audit clinique apparaît aujourd’hui comme une démarche pertinente pour développer la
gestion de la qualité des soins dans les établissements de santé. Cette méthodologie s’inscrit
dans les démarches actuelles d’amélioration continue de la qualité. Cette méthode
d’évaluation basée sur des critères objectifs permet l’amélioration des pratiques
professionnelles, elle s’accommode bien de l’exercice pluridisciplinaire de ces pratiques telles
qu’elles sont organisées dans les établissements de santé.
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