(SDAGE) DE MAYOTTE 2010-2015

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SCHEMA DIRECTEUR D’AMENAGEMENT
ET DE GESTION DES EAUX
(SDAGE) DE MAYOTTE
2010-2015
DOCUMENT D’ACCOMPAGNEMENT N°1 :
GESTION DE L’EAU A L’ECHELLE DU BASSIN
HYDROGRAPHIQUE
DOCUMENT ARRETE LE 10 DECEMBRE 2009
COMITE DE BASSIN DE MAYOTTE
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D.A. – 1 – GESTION DE L’EAU A L’ECHELLE DU BASSIN HYDROGRAPHIQUE
AVANT PROPOS
Le présent document est une présentation synthétique de la gestion de l’eau à l’échelle du
district hydrographique de Mayotte.
Il fait partie des documents d’accompagnement du Schéma Directeur d’Aménagement et
de Gestion des Eaux de Mayotte.
Le présent document synthétise les conditions de référence de la gestion de l’eau dans le
bassin. Il comprend dans cet objectif :
Un résumé de l’état des lieux et des actions engagées,
La version abrégée du registre des zones protégées,
Les conditions de référence de l’état naturel des masses d’eau
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SOMMAIRE
1.
RESUME DE L’ETAT DES LIEUX ET DES ACTIONS ENGAGEES ............................................. 1
1.1. CARACTERISTIQUES GENERALES DE MAYOTTE ............................................................................ 1
1.2. LE BASSIN MAHORAIS .................................................................................................................. 2
1.3. LES RESSOURCES EN EAU ........................................................................................................... 2
1.4. LA DELIMITATION DES MASSES D’EAU ET SITES DE REFERENCE ..................................................... 4
1.4.1. Masses d’eau superficielles .............................................................................................. 4
1.4.2. Masses d’eau cotieres et de transition.............................................................................. 9
1.4.3. Masses d’eau souterraines ............................................................................................. 12
1.4.4. Cas des masses d’eau spécifiques artificielles ou fortement modifiées ......................... 13
1.5. EVALUATION DES PRESSIONS SUR LES RESSOURCES EN EAU ET LES USAGES DE L’EAU ................ 14
1.6. SITUATION VIS-A-VIS DES MILIEUX AQUATIQUES .......................................................................... 18
1.7. ETAT 2007 DES MASSES D’EAU ................................................................................................. 25
1.8. PERSPECTIVES 2015 POUR L’ETAT DES EAUX ............................................................................ 33
2.
VERSION ABREGEE DU REGISTRE DES ZONES PROTEGEES............................................. 41
2.1.
2.2.
2.3.
2.4.
CONTENU DU REGISTRE ............................................................................................................ 41
APPLICATION DES DIRECTIVES EUROPEENNES ............................................................ 41
PROTECTION DES ZONES DE CAPTAGES ..................................................................................... 42
LA PROTECTION DES MILIEUX NATURELS .................................................................................... 42
3.
SDAGE ET SAGE ......................................................................................................................... 44
4.
LES CONDITIONS DE REFERENCE ........................................................................................... 45
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1. RESUME DE L’ETAT DES LIEUX ET DES ACTIONS
ENGAGEES
1.1.
CARACTERISTIQUES GENERALES DE MAYOTTE
CONTEXTE INSULAIRE, VOLCANIQUE ET TROPICAL
Mayotte constitue un bassin hydrographique. Ce dernier est
composé d’une vingtaine d’îles et ilots, les deux plus grandes
étant Grande Terre et Pamandzi (Petite Terre), entourées par
un des plus grands lagons du monde formé par un récif
corallien.
Mayotte est caractérisée par :
• un contexte volcanique ancien (les plus anciennes îles de
l’archipel des Comores), au relief contrasté surtout sur
Grande Terre ;
• une hydrogéologie encore mal connue : l’absence d’une
« nappe de base » au contraire de l’ile de la Réunion plus
jeune géologiquement, la méconnaissance des aquifères
profonds ;
• un réseau hydrographique composé de nombreuses ravines
et d’une vingtaine de rivières pérennes présentant une très
grande variabilité des débits (débits très faibles en dehors
des épisodes pluvieux) ;
• un climat tropical allié au relief qui accentue les inégalités
pluviométriques du point de vue de leur répartition spatiale
et saisonnière (mousson, saison sèche, cote au vent, cote
sous le vent) ;
• des hydrosystèmes ou écosystèmes remarquables (lagon,
massif corallien de lagon, récif barrière, récif frangeant,
mangroves, …) ;
• une biodiversité exceptionnelle hébergée par le lagon et les
zones littorales mahoraise (cétacés, tortues, ….) ;
• une densité de population très importante générant une
pression anthropique forte ;
• un territoire soumis à différents types de risques naturels
(Aléa cyclonique, inondations par ruissellement ou surcote
marine (houle cyclonique), risques sismiques, érosion et
mouvements de terrain ; auxquels s’ajoute des risques de
pollution maritime accidentelle.
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UN COMITE DE BASSIN POUR METTRE EN PLACE UNE POLITIQUE DE GESTION DE L’EAU
ET DES MILIEUX AQUATIQUES A MAYOTTE
Créé en 2005, le Comité de Bassin de Mayotte est une
structure représentative des acteurs du territoire et acteurs de
l’eau. La Direction de l’Agriculture et de la Forêt en assure le
secrétariat. A ce titre, la DAF et le représentant de l’Etat à
Mayotte (Préfet) ont fait établir l’Etat des lieux du district
hydrographique mahorais en 2006 (document présenté par
ASCONIT Consultants le 10 octobre 2007).
Les objectifs environnementaux forts et objectifs de résultats
portés par le SDAGE et la DCE sont à traduire dans un
contexte insulaire de gestion des eaux et des milieux
aquatiques à la hauteur des enjeux sociaux et du patrimoine
exceptionnel de l’ile.
1.2.
LE BASSIN MAHORAIS
L’ile de Mayotte a été définie comme district hydrographique unique. Elle comprend un
ensemble de très nombreux bassins hydrographiques unitaires, dont seul un petit nombre
est relatif à des rivières pérennes. Les eaux souterraines et les eaux côtières (lagon et
océan) complètent le réseau des eaux continentales de surface.
Le district hydrographique de Mayotte s’étend ainsi sur le même territoire que la Collectivité
Départementale de Mayotte, auquel il faut ajouter les eaux côtières jusqu’à un mille marin
des côtes. Il rassemble les 17 communes de Mayotte et une population de l’ordre de 190
000 habitants (estimation 2006) (162 000 habitants - population 2002).
1.3.
LES RESSOURCES EN EAU
Le réseau hydrographique mahorais est composé d’un grand nombre de ravines au
linéaire souvent court, et une trentaine de rivières plus ou moins pérennes (26 cours d’eau
de rang 3 selon la classification de Stalher), exclusivement sur Grande Terre et
inégalement réparties sur l’île.
Ces cours d’eau, essentiellement localisés au nord, connaissent naturellement des débits
irréguliers liés à l’alternance de la saison des pluies et de la saison sèche. La dimension
réduite des bassins versant accentue rapidement les variations des débits dès les
épisodes pluvieux. Pour les rivières du sud, la diminution des apports est telle en période
sèche qu’elle se traduit fréquemment par des assecs, les liaisons avec les eaux
souterraines étant très réduites.
Les eaux souterraines sont réparties sur toute l’île de Mayotte mais leurs potentialités des
aquifères sont variables en fonction de leur répartition spatiale, mais aussi de l’état de la
connaissance. Les nappes mahoraises peuvent se recharger plus ou moins rapidement
soit par le biais des cours d’eau, soit par celui de pluies efficaces.
Au vu des capacités connues actuelles des eaux souterraines (liées au développement des
prospections du BRGM et de l’accroissement progressive des connaissances), la
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ressource superficielle reste le mode privilégié pour l’alimentation en eau potable, avec de
façon ponctuelle pour Petite-Terre une production à partir des eaux marines :
•
68% des eaux de surface captées à partir de 15 cours d’eau ;
•
28% des eaux souterraines ;
•
4% des ressources provenant de l’unité de dessalement de Pamandzi.
La gestion de la ressource en eau est délicate à Mayotte du fait qu’elle reste conditionnée
par les aléas climatiques et que la demande est croissante. 85% des usages de l’eau sont
à caractère domestique, les activités touristiques et industrielles représentant qu’une faible
part (moins de 5%). Notons que les habitants de Petite-Terre sont alimentés depuis
Grande-Terre via une canalisation qui traverse le lagon.
L’augmentation des habitations non règlementées perturbe la résolution des problèmes de
qualité et de ressource liés aux facteurs biogéographiques et anthropiques. Les cours
d’eau restent une zone stratégique dans la vie sociale mahoraise : lessive, lavage de
voitures, … irrigation de parcelles défrichées, rejets domestiques, dépôts de déchets, ….
La ressource en eau de l’archipel de Mayotte reste donc un point majeur à prendre à
compte dans le développement de l’île.
L’archipel de Mayotte est entouré par une barrière récifale, à l’intérieur de laquelle se
trouve un lagon. Des « passes » permettent de maintenir des connexions avec l’océan
indien, ou lors des submersions du récif en hautes eaux.
La diversité des habitats marins et des habitats autour des îles mahoraises fait que la
biodiversité est forte ; algues, mollusques, coraux, poissons, mais aussi mammifères
marins trouvent actuellement les conditions nécessaires à leur développement et pour leur
reproduction.
Les milieux marins jouent un rôle important dans l’activité économique de Mayotte ; outre
la pêche, l’important lagon est la principale motivation pour le tourisme.
Notons qu’entre rivière et mer se situent des zones de transition souvent réceptrices des
apports terrigènes des cours d’eau ou des eaux polluées liées au mauvais assainissement
des zones urbanisées. Ces zones particulières se matérialisent par la présence de
mangroves de fond de baie ou dans les vasières littorales (pour les plus remarquables :
Bouéni, Majicavo, Longoni, M’Gombani ou la Vasière des Badamiers).
Les apports, aggravés par les activités humaines et la préemption d’une partie de ces
zones, occasionnent progressivement des perturbations pour la faune et la flore du littoral
et du lagon, notamment au niveau des bassins versants les plus anthropisés.
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1.4.
LA DELIMITATION DES MASSES D’EAU ET SITES DE REFERENCE
Il existe à l’échelle du district trois catégories de masses d’eau :
Les masses d’eau douce superficielles, que sont les cours d’eau et les plans d’eau ;
Les masses d’eau côtières ;
Les masses d’eau souterraines ;
Au total, ce sont ainsi 50 masses d’eau désignées à Mayotte (26 cours d’eau, 3 plans
d’eau, 17 masses d’eau côtières et 4 masses d’eau souterraines).
Ce découpage en portions homogènes, du point de vue des caractéristiques
environnementales et des pressions, permet de prendre en compte trois préoccupations :
La description des milieux aquatiques ;
La définition des réseaux de surveillance ;
La définition des objectifs environnementaux lors de l’élaboration du plan de gestion.
Une masse d’eau est un outil d’évaluation de l’état des ressources en eau mais chaque
masse d’eau ne fait pas forcément l’objet d’un suivi de la qualité.
1.4.1.
MASSES D’EAU SUPERFICIELLES
La Directive 2000/60/CE définit dans son article 2, comme masse d’eaux de surface : « une
partie distincte et significative des eaux de surface telles qu’un lac, un réservoir, une
rivière, un fleuve ou un canal, une partie de rivière, de fleuve ou de canal, une eau de
transition ou une portion d’eaux côtières ».
1.4.1.1.
COURS D’EAU
Une masse d’eau de rivière se définit comme une portion significative de cours d’eau,
continue du point de vue hydrographique et homogène du point de vue de ses
caractéristiques naturelles et des pressions anthropiques qu’elle subit.
Le découpage des masses d’eau cours d’eau prend en compte les éléments suivants :
Maintien des hydro-écorégions :
Versants Nord-Ouest : réseau hydrographique dense et rassemblant l’essentiel
des cours d’eau pérennes.
Versants Est : bassins versants moins arrosés, où les débits observés sont moins
élevés (Petite Terre appartenant à cette HER).
Versants Sud : versants nettement plus secs où les cours d’eau sont souvent non
permanents,
L’approche par cours d’eau important et à écoulement permanent (définition des
cours d’eau sur la base des cartes IGN avec un rang 3 selon la classification de
Stalher comme limite inférieure pour la prise en compte du cours d’eau) ;
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L’approche par lac en fonction de leur surface (> 50 ha) et de leur intérêt écologique.
Ainsi, 24 cours d’eau (bassins versants) ont été identifiés sur Grande-Terre, le plus grand
nombre étant sur les versants Nord et Ouest de l’île.
L’existence de deux grands barrages sur les rivières Maré (Dzoumonyé) et Ourovéni
(Combani) interdit toute connexion « écologique » entre l’amont et l’aval des ouvrages. De
ce fait, les milieux aquatiques afférents à ces zones évolueront indépendamment. Ces
deux cours d’eau sont découpés respectivement en deux masses d’eau différentes.
Dans le Sud, la rivière Antanana (Mronabeja), bien que définie comme pérenne, est dans
les faits un cours d’eau temporaire ; elle n’a donc pas été retenue parmi les masses d’eau.
Sur la base de ces éléments, 26 masses d’eau naturelles de type cours d’eau ont été
définies et sont réparties comme suit :
Versants Nord-Ouest : 16 masses d’eau (59%),
Versants Est : 7 masses d’eau (30%),
Versants Sud : 3 masses d’eau (11%).
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Figure n°1– D ELIMITATION DES MASSES D’EAU SUPERFICIELLES « COURS D’EAU »
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Conditions de référence des cours d’eau
Pour établir le bon état d’une masse d’eau, il est nécessaire de comparer ses
caractéristiques aux conditions de référence relative à la typologie à laquelle cette masse
d’eau appartient. En absence de données historiques de suivi sur l’île, nous nous sommes
basés sur les quelques études en place et sur deux études en cours sur la faisabilité d’un
réseau de surveillance (ARDA – 2008) et la définition de 5 sites potentiels de référence
(ASCONIT- 2008).
1.4.1.2.
PLANS D’EAU
La Directive Cadre demande de ne retenir que les plans d’eau d’une surface au moins
égale à 50 ha, ou dans certains cas de plus petite taille compris entre 20 et 50 ha.
Toutefois, du fait du contexte local, une adaptation des critères a été nécessaire. Le
découpage distingue ainsi 3 masses d’eau « plans d’eau ».
Seul, un plan d’eau (selon les critères DCE) est d’origine naturelle ; il s’agit du lac de
cratère Dziani situé sur Petite-Terre (et cela bien que sa surface -17,5 ha- soit plus faible
que les limites retenues).
Du fait qu’il est le seul lac naturel de Mayotte à pouvoir être pris en compte et de sa
spécificité écologique, nous le proposons comme masse d’eau de type lac (l’autre plan
d’eau naturel est celui de Karihani, inscrit comme site protégé d’intérêt écologique mais
ces dimensions sont trop faibles – 4 ha).
Les autres plans d’eau sont d’origine anthropique et ont été bâtis sur deux cours d’eau ; ils
sont situés sur la partie Nord de l’île. De ce fait, ces deux retenues sont définies plus
spécifiquement comme une « masse d’eau fortement modifiée ».
En termes de masse d’eau de type plan d’eau, nous retiendrons donc :
Masse d’eau naturelle de type lac : Lac de Dziani,
Masse d’eau fortement modifié (MEFM) : Retenue de Dzoumounyé,
Masse d’eau fortement modifié (MEFM) : Retenue de Combani.
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Figure n°2– D ELIMITATION DES MASSES D’EAU SUPERFICIELLES « PLANS D’EAU »
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1.4.2.
MASSES D’EAU COTIERES ET DE TRANSITION
Mayotte propose une configuration particulière quand à ses eaux marines, du fait de la
présence d’un lagon qui entoure les îles, lié à la présence d’un récif qui œuvre comme une
barrière naturelle.
La délimitation des masses d ‘eau côtières se base sur plusieurs critères :
Critères naturels et anthropiques :
• Contexte réglementaire : Limite jusqu’à 1 mille des lignes de base droite ;
• Éléments naturels : Bathymétrie -50 m au-delà du récif barrière et les complexes récifolagonaires définis par Thomassin en 1992 ;
• Pressions anthropiques : La proportion de vase (ou lutite) présente dans les sédiments
lagonaires est utilisée comme indicateur pour évaluer la pression anthropique liée aux
activités humaines : urbanisme, aménagements routiers et agriculture (Gout, 1991). A
Mayotte, il existe une forte corrélation entre l’apport de terrigène issu des zones
terrestres et les apports de sels nutritifs, de matière organique et de micro polluants dans
le lagon.
Critères spécifiques à la délimitation des « eaux du large » :
• Limites entre la bathymétrie des -50 m au-delà du récif barrière et 1 mille au-delà des
lignes de base droite ;
• Volume plus important (fond bathymétrique important, absence de récif corallien) ;
• Exposition à la houle et aux courants induits par les vents ;
• Absence de confinement ;
• Courants régionaux qui s’y appliquent (circulaires, dans le sens des aiguilles d’une
montre autour de Mayotte) ;
• Eloignement par rapport à la côte et aux pressions anthropiques.
Critères de distinction des masses d’eau du lagon :
• Limites comprises entre la côte et la bathymétrie -50 m après le récif barrière.
• Sur une base des 8 complexes récifaux (critère naturel) décrits par Thomassin (1989) et
affinés lors de la réalisation de l’état des lieux 2007 du SDAGE (ajout du complexe de la
baie de Bouéni) ;
• Délimitation le long de la radiale « terre/récif barrière » par la proportion de lutite dans les
sédiments lagonaire (seuil de 30%) avec une distinction entre les masses d’eau côtières
allant de la côte vers la limite des fonds sédimentaires constitués à 30 % de lutites et les
masses d’eau lagonaires partant de cette limite jusqu’à une bathymétrie de 50 m après le
récif barrière (prise en compte ainsi des aspects hydrodynamiques et des apports
d’éléments terrigènes dans le lagon).
Seule, une masse d’eau est hors critère et définie en fonction de sa spécificité très locale ;
il s’agit de la vasière des Badamiers, située sur la côte de Petite-Terre.
Sur ces premiers éléments, 17 masses d’eau marines ont été identifiées pour le
complexe de Mayotte (Toutefois, la modélisation de l’hydrodynamisme lagonaire réalisée par le BRGM
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en 2008 est en cours de rendu aux mandataires (dont la DAF). Ainsi, de légères modifications au
découpage des masses d’eaux1 pourront être envisagées en cours de SDAGE.).
Dans un souci de simplification de l’approche de ces masses d’eau pour les futurs suivis
règlementaires, il a été procédé à un regroupement en type de masse d’eau sur les bases
suivantes :
• État écologique actuel identique ;
•
Pressions actuelles de mêmes nature et de même intensité.
•
Évolution semblable des pressions ;
•
RNABE identique.
8 types de masse d’eau ont été ainsi définis dont 3 types de masse d’eau côtière et 2
types de masse d’eau lagonaire :
Type de masse d’eau
Caractéristiques
ME concernées
Type 1
(Eaux du large)
Etat actuel : bon
Pressions actuelles : moyennes
Évolution des pressions : augmentation
Eaux du large
Type 2
(Eaux lagonaires)
État actuel : bon
Pressions actuelles : faible à moyen
Évolution des pressions : augmentation
Grand récif Sud
Barrière immergée Ouest
Bambo Est
Pamandzi-Ajangoua-Bandrélé
Type 3
(Eaux lagonaires)
État actuel : moyen à mauvais (pour
Mamoudzou-Dzaoudzi)
Pressions actuelles : moyennes
Évolution des pressions : augmentation
Grand récif Nord Est
M’Tsamboro-Choizil
Mamoudzou-Dzaoudzi
Type 4
(Eaux côtières)
État actuel : moyen
Pressions actuelles : moyennes
Évolution des pressions : augmentation
Barrière immergée Ouest
Bambo Est
Type 5
(Eaux côtières)
État actuel : moyen
Pressions actuelles : moyennes
Évolution des pressions : augmentation
Grand récif Nord Est
M’Tsamboro-Choizil
Pamandzi-Ajangoua-Bandrélé
Type 6
(Eaux côtières)
État actuel : mauvais
Pressions actuelles : fortes
Évolution des pressions : augmentation
Mamoudzou-Dzaoudzi
Type 7
(Fond de baie)
État actuel : mauvais
Pressions actuelles : moyennes
Évolution des pressions : augmentation
Baie de Bouéni
Type 8
(Vasière)
État actuel : moyen
Pressions actuelles : fortes
Évolution des pressions : augmentation
Vasière des Badamiers
1
Les premiers résultats du modèle hydrodynamique confirment déjà que le découpage par complexe
récifo-lagonaire est pertinent et que seuls quelques réajustements pourraient être opérées.
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Figure n°3– D ELIMITATION DES MASSES D’EAU COTIERES ET RECIFALES
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1.4.3.
MASSES D’EAU SOUTERRAINES
Selon la directive 2000/60/CE, une masse d’eau souterraine est définie dans la
directive 2000/60/CE comme « un volume distinct d’eau souterraine à l’intérieur d’un
ou de plusieurs aquifères ».
En contexte géologique volcanique, cela revient à identifier une masse d’eau par grand
édifice volcanique. 5 ensembles volcaniques sont identifiés à Mayotte à partir de la carte
géologique synthétique des principales unités volcaniques de Mayotte (D. Debeuf - 2004 –
Etude de l’évolution volcano-structurale et magmatique de Mayotte (Archipel des Comores, Océan Indien)
– Thèse de 3ème cycle de l’université de la Réunion) et suites aux travaux du BRGM et de la DAF
de Mayotte en 2008 (sur la base d’un autre document ‘’Approche géologique et hydrogéologique des
ensembles volcaniques de Grande Terre ‘’ - DAF-BRGM n° RP-51498-FR ).
Une autre entité discontinue est définie comme masse d’eau, il s’agit des nappes alluviales
côtières.
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Figure n°4– D ELIMITATION DES MASSES D’EAU SOUTERRAINES
Les 4 masses d’eaux souterraines retenues sont :
Edifice volcanique :
• Complexe du Nord (massif de M’Tsamboro) : 9601
• Massif de M’Taspéré : 9602a
• Petite-Terre : 9602b
• Massif de Digo : 9602c
Complexe Nord-Est
• Complexe du Sud : 9603
Dominante sédimentaire :
• Alluvions : 9064
1.4.4.
CAS DES MASSES D’EAU SPECIFIQUES ARTIFICIELLES OU FORTEMENT MODIFIEES
Une masse d’eau artificielle est « une masse d’eau de surface créée par l’activité
humaine ».
Aucune masse d’eau sur l’île n’a été classée en masse d’eau artificielle.
Une masse d’eau fortement modifiée est « une masse d’eau de surface qui, par suite
d’altérations physiques dues à l’activité humaine, est fondamentalement modifiée quant à
son caractère ».
Elle est définie ainsi quand il est difficile de retrouver les caractéristiques originelles :
-
soit
parce
que
les
modifications
à
apporter
aux
caractéristiques
hydromorphologiques de cette masse d’eau pour obtenir un bon état écologique ont
des incidences importantes sur l’environnement, mais aussi sur les activités pour
lesquelles l’eau a été stockée,
- soit parce que les mises en œuvre pour atteindre cet état sont disproportionnées par
rapport aux objectifs à atteindre.
Pour les plans d’eau de Dzoumounyé et de Combani, les deux retenues affectent la
continuité écologique des cours d’eau de Maré et de l’Ourovéni et ne peuvent atteindre le
bon état écologique que par un rétablissement des écoulements originels de la rivière.
Les intérêts économiques et sanitaires de ces deux retenues font que leur maintien à ce
jour reste justifié ; ces deux retenues sont donc proposées comme masse d’eau fortement
modifiée (MEFM).
Cette désignation permet de ne plus viser le bon état écologique, mais le bon potentiel
écologique.
A noter que la construction d’une nouvelle retenue dans la période du SDAGE nécessitera
un nouveau découpage de la rivière Ourovéni ( 2 plans d’eau et 3 tronçons de cours
d’eau). L’opportunité de classer l’ensemble de ces masses d’eau en Masses d’Eau
Fortement Modifiées sera à évaluer en cours de SDAGE pour la prochaine échéance 2015
de la Directive Cadre sur l’eau.
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1.5.
EVALUATION DES PRESSIONS SUR LES RESSOURCES EN EAU ET LES
USAGES DE L’EAU
La gestion de la ressource en eau reste une des préoccupations majeures des mahorais,
tant sur le plan quantitatif que qualitatif.
Les eaux souterraines étant encore peu exploitées du fait d’une absence de
connaissances des ressources en dessous de 50 m, la grande majorité de
l’approvisionnement en eau des populations, mais aussi pour assurer les activités
économiques (tourisme, industrie, agriculture) provient des eaux superficielles.
La gestion de celle-ci reste fortement corrélée aux précipitations, avec une alternance de
périodes critiques (saison sèche) où les apports sont très réduits et des périodes plus
propices (saison des pluies). Il existe aussi une disparité entre le Nord et le Sud (PetiteTerre compris), du fait d’une présence plus importante de rivières pérennes au Nord.
D’un point de vue qualitatif, l’eau est globalement de bonne qualité sur les zones amont
des cours d’eau peu perturbés par les activités humaines. Dans les zone aval, le
développement urbain, les infrastructures routières plus denses, les multiples captages et
les pratiques culturelles plus intensives (lessive, nettoyage des véhicules, dépôt de
déchets, …) influent sur la qualité des eaux. Sur certains cours d’eau, les eaux se
dégradent pouvant entrainer dans certains cas des mortalités piscicoles. De plus, la
raréfaction de la ressource en période sèche limite les processus d’autoépuration des
cours d’eau et accentue de fait les risques sanitaires et écologiques sur ces masses d’eau.
Les pollutions des cours d’eau mahorais sont essentiellement d’origine domestique du fait
d’une agriculture peu développée, et d’une zone économique essentiellement regroupée
autour de Mamoudzou, Kawéni, Longoni et Petite-Terre. Le mauvais assainissement des
zones urbanisées et la mauvaise gestion des déchets affectent les milieux aquatiques dans
lesquelles se retrouvent, outre les éléments nutritifs excessifs issus de la biodégradation
des matières organiques, des traces de micropolluants et d’hydrocardures.
Les polluants agricoles sont à ce jour peu répandus (car peu analysés aussi), mais les
dernières analyses d’eau montrent une présence faible des ces éléments sur l’île. Le
principal impact des pratiques agricoles reste le défrichement des zones pentues qui influe
sur l’érosion des sols et les apports sédimentaires dans les cours d’eau et dans le lagon.
LES CONSTATS
UNE QUANTITE A CE JOUR LIMITEE
L’eau captée à Mayotte, légalement ou non, sert principalement pour assurer les usages
domestiques. Plus de 70% de la population possède un point d’eau dans leur habitation,
ou tout au moins au niveau de l’enclos (Environ 30% ne possède pas cet accès direct à
l’eau et a recours à des systèmes d’approvisionnement divers).
Les limites de la ressource exploitable à ce jour et l’essor de la population mahoraise
restent des problèmes majeurs pour concilier l’alimentation en eau potable et les besoins
pour le développement économique de l’île.
DES REJETS MAL MAITRISES
Un développement urbain aléatoire et une gestion des eaux usées non maîtrisée ont
accentué les pressions sur la ressource en eau en dégradant la qualité de celle-ci. Les
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eaux de surface et souterraines en zone urbanisée sont de plus en plus contaminées d’un
point de vue microbiologique. Les collecteurs des eaux pluviales servent souvent de milieu
récepteur des rejets domestiques et de zone de dépôts des déchets.
Le faible niveau d’équipement en installations sanitaires est persistant malgré les
dispositions prises par la DASS ; ces aménagements se heurtent à des contraintes
financières (prix de l’eau chère, pratiques culturelles : lieu d’aisance dans les cours d’eau
ou plage, latrines sèches, …).
Les eaux pluviales s’écoulent, via des collecteurs spécifiques, directement dans le milieu
naturel et ces apports ne font qu’accroitre la dégradation des eaux douces et marines soit
par le lessivage des sols, soit par le transport des déchets. Le développement du trafic
routier sur l’île impacte aussi de plus en plus fortement la qualité des eaux, bien que la
collecte de ces eaux semblent mieux maîtrisée.
Les micro-stations d’épuration existantes présentent des dysfonctionnements du fait d’un
entretien et d’une maintenance irréguliers. Les performances de ces ouvrage sont donc
faibles et participent à accroître les rejets directs dans les eaux naturelles lors des pannes.
DES USAGES INDUSTRIELS ET AGRICOLES ENCORE MODERES
Le tissu industriel sur l’île est peu développé, et la plupart des entreprises recensées sont
peu consommatrices d’eau ; seuls les structures agroalimentaires sont plus exigeantes en
termes de volumes et de qualité et reste la principale source d’enrichissement en éléments
organiques sur la zone de Kawéni. Notons que la demande pour l’industrie n’excède pas
10% de celle des ménages.
De plus, ces activités sont essentiellement regroupées autour de 4 pôles techniques :
Kawéni, Longoni, Vallée III et Badamiers. Cette concentration des entreprises permet de
mieux maîtriser le nombre de rejets des eaux vannes dans le milieu naturel ; les eaux de
lavage sont quant à elles moins sujettes à traitement avant de rejoindre le milieu naturel
sans traitement.
Le milieu agricole mahorais est particulier par rapport à celui rencontré en métropole,
l’agriculture est souvent pratiquée par les ménages en complément d’une autre activité. Ce
sont donc des exploitations de petites dimensions (moins de 1 ha) réparties sur la quasi
totalité du territoire. Cette activité est souvent le lien social de la vie du village et contribue
à la gestion du foncier au sens du droit coutumier.
Toutefois, les zones principales de production se situent dans le Centre Ouest de l’île, sur
le grand plateau s’étendant depuis Mtsangamouji jusqu’à Ouangani, et dans les plaines
côtières (Dembéni et Chirongui).
Les exploitations à Mayotte sont essentiellement de nature vivrière : banane, coco, manioc,
ylang-ylang et vanille. L’élevage est encore peu développé à Mayotte, la seule production
importante de l’île étant celle d’œufs. La filière avicole est l’unique filière structurée.
Les prélèvements en eau se font essentiellement directement en rivière, le réseau
d’alimentation en eau potable étant très peu sollicité. 28% des installations recensées
seraient équipées pour prélever de l’eau. Selon le SDAEP, il existerait 200 petits réseaux
sommaires en mauvais état et une trentaine de puits fournissant environ 2 000 m3/j pour
l’agriculture en période d’étiage. Toutefois, il semblerait qu’aucun des quatre périmètres
d’irrigation n’est opérationnel à ce jour.
Si le nombre de prélèvements agricoles reste encore modéré à ce jour, l’augmentation de
la population mahoraise, et par conséquent de l’activité agricole, va entraîner à termes des
conflits d’usage entre les différents acteurs de l’eau.
D’un point de vue qualitatif, la culture très familiale des parcelles agricole et le coût des
produits phytosanitaires limitent encore la pollution des eaux par les engrais ou encore les
micropolluants de type pesticides ou herbicides.
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DES RISQUES SANITAIRES
Ils sont une conséquence des problèmes cités avant : une diminution de la ressource et
une altération de la qualité de celle-ci.
Les pratiques culturelles (lessive, baignade, arrosage, …) et la demande toujours
croissante augmentent ces risques du fait d’une probable contamination bactérienne des
eaux (déjections fécales, rejets d’eaux usées, …) au niveau des secteurs les plus
urbanisés ou lors de la période sèche avec un tarissement de la ressource.
Seule la résolution à terme des problèmes d’assainissement et d’approvisionnement en
eau potable limitera les risques sanitaires et les affections inhérentes. Notons que la
pollution des eaux a un effet sanitaire indirect, en réduisant ou détruisant la faune locale au
profit d’espèces moins sensibles et parfois transmetteurs de maladies (par exemple, le
développement des moustiques Aedes dans les points d’eau stagnantes).
Les rivières de Mayotte ne font pas l’objet d’un entretien régulier par les populations
riveraines. Au contraire, le cours d’eau (et parfois la zone littorale) sert de zones de dépôts
des encombrants ou des déchets obstruant en partie, voir totalement le lit de la rivière. ces
obstacles à l’écoulement des eaux, notamment en période de hautes eaux ou de crues, ne
sont pas sans conséquence pour la sécurité des biens et des personnes.
LES ACTIONS ENGAGEES
Le Plan d’Aménagement et de Développement Durable (PADD) voté au Conseil Général le
14 décembre 2004 a vocation de solutionner bon nombre de ces problèmes.
Mais d’autres mesures sont entreprises pour orienter l’évolution de Mayotte dans le sens
du développement durable.
UNE LEGISLATION ADAPTEE
Les textes de la législation française ne peuvent entrer en application à Mayotte que s’ils
sont antérieurs à 1992 ou s’ils bénéficient d’un arrêté préfectoral propre à la Collectivité.
Dans le domaine environnemental, des ordonnances (par exemple, n°92-1068 relative aux
installations classées pour la protection de l’environnement, n°92-1071 relative aux
dispositions législatives pour la protection de la nature et de l’environnement) permettent
d’appliquer les différents textes métropolitains à la collectivité départementale de Mayotte.
Différents arrêtés préfectoraux permettent l’application de la Loi sur l’eau et du Code de
l’environnement. Ils précisent notamment les procédures d’autorisation et de déclaration
pour les installations, ouvrages, travaux et activités entraînant des prélèvements ou des
rejets dans les eaux, mais aussi la nomenclature de ces opérations soumises à
autorisation ou déclaration en application de l’article 10 de la loi n°92-3 du 3 janvier 1992
sur l’eau, maintenant reprise dans la partie règlementaire du Code de l’environnement.
Notons que la Collectivité départementale de Mayotte devra se prononcer en 2010 sur son
changement de statut en département ; dans ce cas elle rentrera de plein droit dans la
legislation metropolitaine, hors mis les textes spécifiques aux DOM.
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UNE MEILLEURE MAITRISE DE LA DISTRIBUTION DE L’EAU POTABLE
Depuis plus de 20 ans, la planification de la gestion de la ressource en eau par la DAF vise
à rationaliser l’approvisionnement en eau. Compte tenu de la rareté et de la fragilité de
cette ressource à Mayotte, l’objectif est de réserver l’eau potable, en priorité absolue, aux
besoins de consommation des populations.
La mise en place par les administrations locales d’une politique du développement des
habitations modifie progressivement les conditions de logement des mahorais et la gestion
des apports domestiques. Mais en parallèle, la construction d’un habitat plus précaire
autour des villes et des villages sans maîtrise des eaux continue à créer des désordres
hydrauliques tant en termes d’apport d’eau que de rejets.
Le Schéma directeur d’eau potable (SDAEP, 2006) de Mayotte définit les besoins en eau
futurs (à l’horizon 2020) et propose une programmation de travaux visant à renforcer les
capacités de production et maintenir une adéquation entre les besoins et la ressource en
eau. Le taux de raccordement visé pour 2015 est de 100%, la consommation domestique
totale atteindrait dans cette hypothèse 47 000 m3/j voire 52 000 m3 (tous usagers
confondus) à l’horizon 2017.
La tarification de l’eau peut être aussi un frein à l’accès à l’eau publique ; le SIAEM, outre
l’aménagement de bornes-fontaine avec un prix plus bas, a initié des engagements avec
un prix social de l’eau.
Dans le même temps, le BRGM participe à l’élaboration d’un inventaire des ressources et
d’un schéma directeur de mise en valeur de cette ressource. Plusieurs programmes de
recherche des eaux souterraines visent à améliorer la connaissance de l’hydrogéologie
locale et à définir si possible de nouvelles sources d’approvisionnement.
DES PROGRAMMES DE DEVELOPPEMENT DES STEP ET DE MODERNISATION DU RESEAU
D’ASSAINISSEMENT
Le syndicat intercommunal d’eau et d’assainissement de Mayotte, qui a la compétence sur
l’île pour le développement et la gestion des structures d’assainissement, a mis en place
en avril 2000 un schéma d’assainissement avec un objectif d’aide à la décision afin de
programmer les investissements des 17 communes de Mayotte (BRLi, déc. 20002). La
commune de Mamoudzou dispose d’un schéma spécifique.
Ces dernières années, le SIAEM a entrepris la construction d’équipements
d’assainissement collectif (création d’une station d’épuration pour la commune de
Mamoudzou avec le développement du réseau, Schéma d’assainissement des 16 autres
communes).
D’autres pistes sont aussi prises en compte dans les cas particuliers : assainissement
semi-collectif dans quelques lotissements, par certains programmes RHI et dans des
établissements scolaires avant un raccordement in fine au réseau d’assainissement.
A terme, les produits secondaires des systèmes de traitement des eaux seront déposés
dans des centres d’enfouissement techniques, mais à ce jour, elles sont stockées dans les
décharges de Hamaha et des Badamiers, sans traitement particulier.
2
Schéma d’assainissement de 16 communes de Mayotte, BRLingénierie – Géotechnique et Contrôle – CET, décembre 2000.
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Pour la gestion des eaux pluviales, l’aide communautaire a été sollicitées pour traiter les
problèmes tant sur le plan de l’aménagement du sol, que la maîtrise des ruissellements ;
ce 9ème Fonds Européen de Développement (FED) a été approuvé en décembre 2004.
RETABLIR LE BON ECOULEMENT DES EAUX
Les risques d’inondation le long des cours d’eaux mahorais sont très présents, notamment
dans les zones urbanisées. Afin de rétablir l’écoulement des eaux, la collectivité
départementale de Mayotte a constitué des équipes d’entretien des cours d’eau afin de se
substituer aux riverains et dégager les cours d’eau de la végétation et de tout encombrant.
Toutefois, ces opérations restent bien insuffisantes aux vues de l’ampleur de ce problème.
1.6.
SITUATION VIS-A-VIS DES MILIEUX AQUATIQUES
Les milieux aquatiques de Mayotte sont encore mal connus et leur évolution en fonction de
l’évolution de la ressource et de sa qualité reste à définir.
Aucune mesure physico-chimique ou biologique n’est faite de façon systématique sur la
base d’un réseau de surveillance adapté. Un certain nombre de cours d’eau destinés à
l’AEP sont suivis par la DASS et par le SIAEM.
Au niveau de la faune aquatique terrestre, les données sont aussi éparses et sans
chronique continue pouvant attester d’une altération des conditions écologiques des eaux
au cours du temps.
Pour les eaux marines, les milieux lagonaires sont directement affectés par le manque de
maîtrise des rejets domestiques ou des eaux pluviales et par la pression halieutique ; cet
évolution est d’autant plus marquée qu’elle est influencée aussi par des facteurs naturels
(comme le réchauffement climatique).
LES CONSTATS
Si on connaît la différence entre les cours d’eau du Nord et du Sud, il existe aussi une
partition des cours d’eau entre l’amont et l’aval, liée à l’urbanisation de l’île concentrée au
niveau du littoral et à un captage important des eaux superficielles plus généralisé dans les
parties médianes et basses des rivières.
Il apparaît globalement une zonation de la qualité des rivières de Mayotte :
• Des zones amont préservées avec de faibles concentrations en éléments
eutrophisants (azote, phosphore), peu de matières en suspension, des teneurs en
éléments organiques, les toxiques (métaux) traduisant des conditions physicochimiques favorables pour la vie aquatique.
• Des zones aval affectées par l’urbanisation (traversée de villages) et l’activité
humaine à proximité des rivières (dont l’usage lessive), se traduisant par un
enrichissement en éléments phosphorés, en matières organiques, une élévation de
la charge en matières en suspension et une dégradation des conditions
d’oxygénation.
Les facteurs altérant la qualité des milieux aquatiques sont :
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RUISSELLEMENT ET EROSION
Ce phénomène d’origine naturelle (accéléré sur les zones de « padzas ») connait une
évolution de plus en plus défavorable du fait des activités anthropiques, notamment par le
défrichement anarchique des zones boisées et souvent pentues (>40%), et par le
développement des habitations non concerté. Si ces matériaux mobilisés par les eaux de
ruissellement affectent dans un premier temps les habitats et les différents peuplements de
la faune aquatiques des cours d’eau (colmatage et uniformisation des fonds), ils envasent
progressivement le lagon et détruisent ainsi le biotope côtier.
AUTOEPURATION MINIME
Les faibles débits d’étiage ou des prélèvements trop importants, une période sèche assez
longue et des cours d’eau de faible longueur ne permettent pas à la rivière de disposer
d’un pouvoir tampon suffisant (autoépuration) pour accueillir des charges polluantes
conséquentes.
Les eaux superficielles représentent un milieu particulièrement sensible en termes d’usage
et toute pollution d’origine domestique (rejet des eaux usées, lessives dans les cours
d’eau, …) ou industrielle (rejet des eaux de process ou de lavage) impacte directement la
rivière et les conditions naturelles des espèces aquatiques.
Ces risques de détérioration des milieux aquatiques sont aussi liés à la mauvaise gestion
des déchets qui encombrent les cours d’eau au niveau de zones anthropisées.
RUPTURE DE LA CONTINUITE DU COURS D’EAU
La quasi-totalité des prises d’eau captent l’ensemble du débit d’étiage des cours d’eau
interceptés, à l’exception des seuils de Mouhogoni, de Longoni et de Mroalé. La
conséquence de cet état est l’assèchement des cours d’eau en aval lors de débits
insuffisants ; de plus, ce problème est fréquemment accentué par la répétition des prises
d’eau sur un même cours d’eau, qui a pour effet de réduire les surfaces mouillées sur de
grands linéaires de cours d’eau et donc les habitats des espèces aquatiques.
Ces ruptures de la continuité du cours d’eau et la diminution des débits naturels
déséquilibrent les peuplements aquatiques en affectant la reproduction des poissons
migrateurs (limitation du déplacement des grands individus reproducteurs, franchissabilité
difficile des obstacles naturels ou des prises d’eau pour Anguilla sp., Sicyopterus
lagocephalus, ..., les macrocrustacés étant moins affectés du fait de leur capacité à se
déplacer en milieu aérien).
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DEGRADATION DU MILIEU MARIN
Elle est essentiellement marquée par une synergie de facteurs naturels (cyclone,
blanchissement des récifs coralliens, érosion des sols) et anthropiques.
Toutefois, les principales altérations du milieu sont dues aux activités humaines, comme
une augmentation de la sédimentation liée aux lessivages des sols, des apports diffus
d’eaux mal traitées, plus directement une influence indéniable de la pêche (surexploitation
de la ressource).
Carte 1: Evolution du pourcentage de coraux vivants sur les fronts récifaux de Mayotte
(Source : Wickel et Thomassin, 2005)
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Les causes de cette détérioration sont essentiellement dues aux rejets domestiques, aux
eaux de ruissellement sur les zones déboisées, urbaines ou industrielles et artisanales
dans certains cas. Les masses d‘eau côtières bordant le littoral sont particulièrement
touchées par ces facteurs. L’état 2006 de l’ensemble des récifs frangeants et barrières est
présenté sur la figure suivante.
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LES USAGES
Les usages coutumiers
La population mahoraise a une approche très fonctionnelle du cours d’eau, il est un vecteur
central de l’organisation sociale des villages :
- Transport des produits secondaires des activités humaines (déchets ménagers (ou
autres), déjections, …) ;
- Activités de lavage : la rivière reste un point important pour assurer la lessive, le
nettoyage des véhicules, voir parfois la toilette quotidienne ;
Ces opérations ont probablement été pendant très longtemps ponctuelles sur les cours
d’eau, souvent au niveau des agglomérations, mais le développement des habitats diffus
ont augmenté du fait des pressions tout le long de la rivière. Par exemple, il n’est pas rare
de trouver des points de lavandière dans les parties médianes des cours d’eau. Hors, en
période sèche, où les écoulements sont faibles notamment dans la région Sud de l’île,
toutes ces activités (lessive, toilette) se cumulent au niveau des sites de refuge des
espèces aquatiques.
UN HABITAT MAL MAITRISE
L’installation d’habitations à proximité des cours d’eau modifie aussi la nature du bassin
versant ; d’une situation de forêts rivulaires, on passe à celle de cultures agricoles à l’issue
d’un défrichement de zones souvent pentues. Ces pratiques, associées aussi au
développement d’habitats précaires autour des agglomérations, a pour conséquence
d’augmenter les phénomènes d’érosion lors des périodes pluvieuses et donc les préjudices
pour les milieux aquatiques terrestres et marins par destruction des habitats naturels.
DES PRISES D’EAU NON COMPATIBLES AVEC UN MAINTIEN DES FONCTIONNALITES DE LA
FAUNE AQUATIQUE
L’usage de l’eau pour la production d’eau potable et l’irrigation se traduit par une
dissémination des prises d’eau le long des cours d’eau et la présence de deux grandes
retenues sur l’île. Ces ouvrages ne font l’objet d’aucune mesure afin d’assurer la
compatibilité de la vie aquatique, la priorité ayant été donnée à la capacité de captages.
Cette situation s’avère donc contraignante pour le milieu naturel en période d’étiage.
UNE ACTIVITE HALIEUTIQUE IMPORTANTE VIS-A-VIS DE LA RESSOURCE MARINE
Bien que cette activité soit essentiellement artisanale (78% de la flottille correspond à des
pirogues traditionnelles à balancier), la pression de pêche au niveau des côtes et du lagon
reste importante et équivaut à une surexploitation du milieu.
UN TOURISME EN ESSOR
Depuis les années 1995, il a évolué rapidement ; le lagon constituant le principal attrait
pour les touristes. Cela se traduit donc par une augmentation des activités nautiques et
subaquatiques, telles que la plongée, les excursions d’observation du milieu.
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Les conditions actuelles de transport et d’accueil restent encore limitées et régulent ainsi
l’influence sur le milieu naturel ; toutefois, un essor plus soutenu du tourisme pourrait alors
augmenter les risques vis-à-vis de la ressource, sur ces réserves mais aussi sur sa qualité,
bien que le potentiel des sites et des activités marines restent importants.
Cependant, le développement touristique peut avoir un effet positif dans la mesure où il
serait un soutien non négligeable au développement économique de l’île, mais aussi pour
l’aménagement des nouvelles structures d’accueil.
LE TRANSPORT MARITIME
Hors mis le développement actuel du port de Longoni et du commerce maritime, l’activité
maritime mahoraise reste limitée au transport quotidien des personnes et des véhicules
entre Grande-Terre et Petite-Terre.
Toutefois, le développement de l’île et des activités économiques transparaît au niveau des
aménagements portuaires qui se développent et des risques encourus par le milieu marin
mahorais.
LES ACTIONS ENGAGEES
Comme précédemment, la principale voie reste l’application du Code de l’environnement,
avec en prévision, une mise en conformité des prises d’eaux vis-à-vis des textes
règlementaires. Une étude est en cours pour l’approche des débits des rivières
mahoraises, avec notamment une étude sur les débits minimums biologiques nécessaires
pour assurer la pérennité de la faune aquatique.
La Collectivité Départementale de Mayotte gère des zones de protections terrestre et
marine pour protéger des sites remarquables de l’île. A terme, les ambitions sont la mise
en place de parcs naturels régionaux, voire d’un parc national.
Les autres mesures portent tout comme pour la ressource sur la maîtrise de l’urbanisme au
travers de la mise en place de PLU et le cadre développé dans le PADD.
L’apport de déchets dans les rivières pourra être diminué avec une meilleure gestion et la
création d’un Centre d’Enfouissement Technique (CET) de classe II à Dzoumogné sur la
commune de Bandraboua, avec la fermeture et la réhabilitation des décharges actuelles.
La prise en compte du contexte social est primordiale pour garantir l’efficacité des mesures
alternatives à l’usage des lessives en rivière. Pour cela, la création de lavoirs est prévue,
avec des contraintes à prendre en compte : l’emplacement du site, le dimensionnement,
des équipements appropriés, l’appropriation des solutions de remplacement par les
usagers actuels des rivières.
Le CIRAD étudie les pistes de l’amélioration de l’agriculture mahoraise et l’amélioration des
pratiques actuelles, notamment pour prévenir les risques d’érosion et intégrer la gestion de
la ressource en eau. Lors d’une enquête menée en 2005, dans le but de définir les grandes
lignes d’une action de « valorisation agricole des ressources en eau et préservation de
l’environnement », les préconisations agro-environnementales proposées par le CIRAD
concernent les systèmes de culture (jachère et plantation en pseudo-quinconce à la
mahoraise qui permettent une meilleure gestion des ruissellements), l’érosion
(interventions collectives à l’échelle d’un bassin versant : végétalisation, gestion des
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écoulements, aménagement de thalwegs, changement progressif de certaines pratiques
culturales).
1.7.
ETAT 2007 DES MASSES D’EAU
Sur la base du découpage physique des masses d’eaux, un état 2007 de celui-ci a été
proposé à partir des connaissances actuelles.
Etat 2007
Nombre
Eaux
superficielles
Cours d'eau
Indéterminé
Très bon
Bon
Moyen
Médiocre
Mauvais
46
2
12
14
11
4
3
(Insuffissance
de données)
26
0
11
5
7
2
1
MEN
MEFM
MEA
26
0
0
0
0
0
11
0
0
5
0
0
7
0
0
2
0
0
1
0
0
Plans d'eau
3
1
0
0
0
0
2
MEN
MEFM
MEA
1
2
0
1
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
2
0
Eaux côtières
17
1
1
9
4
2
0
MEN
17
1
1
9
4
2
0
4
0
2
0
0
0
2
4
0
2
0
0
0
2
50
2
14
14
11
4
5
4%
28%
28%
22%
8%
10%
Eaux
souterraines
MEN
Toutes masses
d'eau
60%
30%
10%
Etat 2007 de l'ensemble des masses d'eau
Un tiers des masses d’eau est en très bon
ou bon état. La moitié est de qualité
moyenne ou médiocre. Seules 8% sont en
mauvais état (deux cours d’eau et deux
masses d’eau côtières). Pour dix pour
cent des masses d’eau (5 masses d’eau),
leur état n’a pas pu être déterminé du fait
de lacunes de connaissance.
Le détail par type de masse d’eau est
présenté pages suivantes.
10%
4%
28%
8%
22%
28%
Très bon
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Bon
Moyen
Médiocre
Mauvais
Indéterminé
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D.A. – 1 – GESTION DE L’EAU A L’ECHELLE DU BASSIN HYDROGRAPHIQUE
LES EAUX DOUCES SUPERFICIELLES
La directive 2000/60/CE et la circulaire DCE 2005/12 régissent les règles des
classifications de l’état écologique d’une masse d’eau superficielle en fonction d’une
évaluation de différents descripteurs.
L’état global comprend :
-
l’état chimique des masses d ‘eau (teneurs en substances dangereuses et prioritaires),
définit en deux classes (bon état, pas bon état ou insuffisance de données) et dont
l’évaluation porte sur les substances prioritaires et dangereuses (métaux lourds,
pesticides et autres polluants (micropolluants, ….) ;
-
et l’état écologique des masses d’eau (état physico-chimique, biologique et
hydromorphologique), définit quant à lui, en cinq classes (TB, Bon, Moyen, Médiocre,
Mauvais ou insuffisance de données) et dont l’évaluation porte sur les trois aspects : la
biologie (biodiversité, peuplements,…), l’hydromorphologie (sous tendant la biologie), la
physico-chimie (matières organiques, matières azotées, matières phosphorées,
bactériologie, oxygénation, ….). Les paramètres biologiques (flore aquatique, faune
benthique, poissons), morphologiques et physicochimiques (« soutenant les paramètres
biologiques ») sont à la base de la caractérisation de la qualité d’une masse d’eau, des
concepts plus écologiques sont aussi à prendre en compte comme la « continuité de la
rivière ».
« Le bon état d’une eau de surface est atteint lorsque son état écologique et son état
chimique sont au moins bons »
Les pressions retenues pour étudier l’état d’une masse d’eau correspondent aux influences
anthropiques qu’il s’agisse de pollutions ponctuelles ou diffuses, de régulations importantes
du débit d’eau, d’altérations morphologiques significatives ou plus de manière plus
générale, toute activité ou aménagement susceptible de bouleverser le bon équilibre
naturel d’une masse d’eau.
Les causes de dégradation de l’état sont essentiellement :
- Les prélèvements sur la ressource en eau superficielle, avec parfois un
assèchement du cours d’eau du fait des capacités des prises par rapport aux débits
des cours d’eau. Le manque d’eau et la présence de ces seuils agissent sur la
qualité physicochimique des eaux (concentration des substances polluantes), mais
aussi sur les peuplements aquatiques présents (déplacement limité des espèces
piscicoles, réduction des habitats, ….) ;
- Les rejets polluants liés essentiellement à un mauvais assainissement des
habitations, les zones industrielles ou artisanales étant très réduites et souvent
intégrées à l’habitat individuel.
- Le rapport coutumier des mahorais avec les cours d’eau comme le lavage du linge
ou des véhicules, voir des personnes,
- Les apports sédimentaires liés à l’érosion des sols agricoles et urbains, aggravant
une situation naturelle liée à la nature même des sols.
Pour établir ce diagnostic, les données sont très réduites et il n’existe pas de chroniques
analytiques pertinentes permettant une qualification objective et documentée de l’état des
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masses d’eau. Nous avons donc retenu essentiellement les dernières données et des
dernières enquêtes de terrain (ARDA, ASCONIT) et des avis « d’expert » (comparaison
avec des milieux similaires).
Un peu moins de la moitié des masses d’eaux peut être considérée comme bonne ; peu de
cours d’eau sont de qualité mauvaise, une part importante est de qualité médiocre, voir
moyenne.
Pour les plans d’eau, seule une masse d’eau a pu être estimée du fait de son isolement de
toute source pollution ou de pression. Les autres masses d’eau ne sont pas définies du fait
d’un manque de données (L’IRD étudie actuellement ces deux lacs, les résultats devraient
rendus cette année à la DAF).
Cours d'eau - Etat 2007
(nombre de masses d'eau concernées)
1
2
11
7
5
Très bon
Bon
Moyen
Médiocre
Mauvais
Indéterminé
Plans d'eau - Etat 2007
(nombre de masses d'eau concernées)
1
2
Très bon
Bon
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Moyen
Médiocre
Mauvais
Indéterminé
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Figure n°5– E TAT 2007 DES MASSES D’EAU SUPERFICIELLES « COURS D’EAU »
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LES EAUX DOUCES SOUTERRAINES
La directive 2000/60/CE prend en considération les eaux souterraines tant sur le plan
qualitatif que quantitatif, dans le but de les protéger ou de les restaurer.
L’état global des masses d’eau souterraines comprend à la fois l’état chimique
(essentiellement teneur en substances chimiques et intrusions salines) et l’état quantitatif
des eaux souterraines.
Le bon état d’une masse d’eau souterraine est défini par :
- Le bon état quantitatif correspondant au niveau de l’eau permettant d’atteindre les
objectifs environnementaux, de prévenir toute détérioration importante de l’état de
ces eaux ou des dommages importants aux écosystèmes terrestres qui dépendent
directement de la masse d’eau souterraine ;
- Le bon état chimique, celui où l’on ne note pas d’effets « d’une invasion d’eau salée
ou autre », où les concentrations de polluants respectent des normes de qualité
(dispositions communautaires) ou des objectifs environnementaux des
écosystèmes terrestres associés à cette masse d’eau souterraines.
Dans le cas où ces conditions ne sont pas respectées, la masse d’eau souterraine sera
déclarée en « mauvaise état ».
Eaux souterraines - Etat 2007
(nombre de masses d'eau concernées)
2
2
Très bon
Bon
Moyen
Médiocre
Mauvais
Indéterminé
Comme on peut le noter, 50% des masses d’eau sont en bon état ; elles ne présentent pas
de risque de non atteinte du bon état pour 2015.
Pour la moitié restante (soit deux masses d’eau), l’absence de données ne permet pas
d’apprécier au mieux l’état des masses d’eau ; elles sont donc inscrites en « doute » quant
à leur risque de non atteinte du bon état en 2015.
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Figure n°6– E TAT 2007 DES MASSES D’EAU SOUTERRAINES
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LES EAUX MARINES
Afin d’apprécier l’état des masses d’eau marines, l’approche se base à partir des pressions
humaines qui s’exercent sur le milieu. Une des principales pressions est issue des cours
d’eau et de leur apport en sédiments, qui composent en partie par l’envasement du lagon.
Les 8 complexes récifaux sont découpés à partir de la teneur en vase (> 30 %) des fonds
lagonaires3. La sédimentation terrigène est souvent corrélée aux autres pressions
anthropiques (urbanisation, aménagements littoraux, rejets d’eaux pluviales et d’eaux
usées). Le découpage reflète donc le mode hydrodynamique et une partie des pressions
anthropiques. La qualité d’une masse d’eau marine est dépendante de la qualité des
masses d’eau adjacentes. Elles sont regroupées en types de masse d’eau à partir :
- État écologique actuel identique ;
- Pressions actuelles de mêmes nature et de même intensité.
- Évolution semblable des pressions.
12% des masses d’eau marines sont de bonne qualité alors que la moitié de celles-ci
présente un état moyen. L’état médiocre représente un quart des masses d’eau et
correspond aux zones côtières du Nord, de l’est et à la baie de Bouéni. Enfin le secteur
situé entre Grande-Terre et Petite-Terre (Mamoudzou –Dzaoudzi) regroupe les 2 masses
d’eaux de mauvaise qualité.
Eaux marines - Etat 2007
(nombre de masses d'eau concernées)
2
1
1
4
9
Très bon
3
Bon
Moyen
Médiocre
Mauvais
Indéterminé
La délimitation de la teneur en vase des fonds lagonaires et issue de plusieurs études assez anciennes. Cette délimitation n’est pas
fixe dans le temps (contrairement au complexe récifo-lagonaires) et les fonds sédimentaires vaseux on du encore se rapprocher du
récif barrière.
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Figure n°7– E TAT 2007 DES MASSES D’EAU DE MAYOTTE
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1.8.
PERSPECTIVES 2015 POUR L’ETAT DES EAUX
SCENARIO TENDANTIEL
En 2010, les Mahorais seront de nouveau consultés pour se prononcer sur une nouvelle
évolution du statut de l’île pour devenir un département français et une région
ultrapériphérique européenne.
Une grande part des évolutions dépendront de ce changement institutionnel.
La Convention de développement Etat-Collectivité Départementale Mayotte 2003-2007
souligne déjà l’importance de porter l’effort vers :
- L’assainissement ;
- L’alimentation en eau potable ;
- Le traitement des déchets ;
- L’aménagement des berges de cours d’eau traversant trois communes ;
- La lutte contre la déforestation.
Le développement de la société et la culture traditionnelle mahoraise ne favorisent pas
actuellement la protection de l’environnement. Pour être efficaces, les mesures visant à
protéger l’environnement, doivent nécessairement s’adapter à la spécificité mahoraise en
prenant en compte ses conditions économiques, son caractère traditionnel et sa
démographie.
EVOLUTION DEMOGRAPHIQUE
Le Livre Blanc pour Mayotte (2003) prévoit une population de 260 000 personnes pour
2017, et envisageait une hypothèse haute de 360 000 personnes. Le PADD suggère de
tendre plutôt vers une stabilisation de la population en deçà de 260 000 habitants afin
d’être efficace le projet de développement durable de Mayotte.
La densité démographique devrait s’accroître et 695 hab/km2 en 2017. Cette évolution va
nécessiter la construction de nouveaux logements. Toutefois, si aucune action n’est
engagée, la concentration de la population devrait se renforcer la concentration de la
population dans la partie Nord-Est de l’île (Koungou, Mamoudzou, Dembéni) qui pourrait
alors peser entre 150 000 et 185 000 habitants en 2017.
HABITAT ET URBANISATION
On peut observer à terme une évolution des comportements comme en métropole avec :
- Une migration des habitants vers le pôle urbain de Mamoudzou et ses emplois, et leur
installation en périphérie dans des habitats précaires ;
- Une fonction résidentielle des communes et le développement des migrations
quotidiennes vers le bassin d’emploi de Mamoudzou.
Cette évolution de la société peut s’accompagner d’une priorité des ménages pour
l’équipement des logements et l’acquisition d’un véhicule pour la décennie à venir jusqu’à
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rejoindre un taux d’équipement se rapprochant des standards métropolitains, comme ce fut
le cas dans les autres DOM.
TRANSPORT ET INFRASTRUCTURES
Actuellement, le réseau routier est dimensionné de manière satisfaisante pour répondre à
la demande globale de déplacements des mahorais. Seul l’axe reliant le port de Longoni à
Mamoudzou connait une croissance du trafic significative. Le trafic devrait connaître une
très forte augmentation principalement due aux flux quotidien domicile-travail. Si la
tendance de l’emploi tend vers une meilleure répartition de l’emploi sur l’île (moins de
déplacements récurrents alors que Mamoudzou, Longoni et Petite-Terre sont en
croissance), l’évolution du trafic tendra vers une diminution de la croissance de la demande
de déplacements.
ACTIVITES ECONOMIQUES
Ces activités sont liées essentiellement aux liaisons extérieures et notamment avec le trafic
aérien. Si les échanges s’intensifient, Mayotte devrait connaître alors une attractivité plus
importante et par conséquent, un développement économique non négligeable.
Rappelons que des études sont programmées pour évaluer les potentialités d’un
agrandissement et d’une amélioration de l’aéroport actuelle. La volonté affichée par les
pouvoirs publics est donc un désenclavement de Mayotte et des échanges facilités avec
l’extérieur.
PRELEVEMENTS D’EAU DOMESTIQUES ET INDUSTRIELLES
Le taux de raccordement vise à atteindre 100% des ménages dès 2015, la consommation
domestique totale pourrait alors atteindre dans cette hypothèse 47 000 m3/j voire 52 000
m3 (tous usagers confondus) à l’horizon 2017.
La consommation en eau potable de l’île de Mayotte a été modélisée par DAF/SIEAM aux
trois échéances envisagées dans le Schéma (2010, 2015 et 2020), à partir des courbes de
tendances de l’évolution de la population réalisées jusqu’en 2020 et de l’évolution de la
consommation des abonnés.
2010
Hypothèses
Total (m3/j)
Hyp
basse
18 000
2015
Hyp haute Hyp basse
21 640
22 040
2020
Hyp haute
Hyp basse
Hyp haute
26 480
26 120
31 330
D’après les premières hypothèses du Schéma en cours (DAF/SIEAM, 2006), les
ressources exploitées et avérées à ce jour devraient être insuffisantes vers 2015. Les
ressources actuelles seront sollicitées fortement, même en saison humide.
Compte tenu des besoins attendus, de nouvelles ressources vont devoir être identifiées au
cours des cinq prochaines années. Le nouveau SDAEP, en cours, doit notamment fournir
un programme de travaux et étude.
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ASSAINISSEMENT
Le raccordement progressif des populations à l’eau potable génèrera un accroissement
des volumes d’eaux ménagères et d’eaux usées rejetées sans traitement. Ce phénomène
va s’accentuer rapidement dans les années à venir et une détérioration du milieu est à
craindre fortement.
Le 9ème Fonds Européen de Développement (FED) vise à gérer les eaux pluviales aussi
bien en amont (activités de reboisement de zones forestières prioritaires) qu’en aval avec
la maîtrise des ruissellements, particulièrement en milieu urbain, afin de garantir une bonne
protection du lagon par la limitation des apports notamment terrigènes pendant la saison
des pluies, ainsi que la protection des personnes et des biens.
L’évolution de l’assainissement sera conditionnée par l’application des recommandations
minimales proposées dans le cadre du schéma d’assainissement des 16 communes de
Mayotte.
LES DECHETS
Avec une production de déchets qui devrait être multipliée par deux d’ici 2017, la création
de capacités complémentaires de traitement s’avèrera nécessaire. En prévision, la création
d’un Centre d’Enfouissement Technique (CET) de classe II à Dzoumogné sur la commune
de Bandraboua doit permettre le stockage de 790 000 m3 de déchets, extensible à 3
millions de m3, soit une capacité de trente ans et la fermeture et la réhabilitation des
décharges actuelles.
L’AGRICULTURE
Les activités ne montrent pas d’évolution forte vers des changements de pratiques
générant des altérations sur les ressources en eau. Les cultures ne sont pas
consommatrices en engrais et ne nécessitent pas de pratiques d’irrigation intensive ; de
plus le revenu faible de beaucoup de ménages limite les investissements dans les produits
phytosanitaires.
Hormis la diminution des ressources halieutiques dans le lagon qui pourraient être
compensées par les initiatives d’élevage piscicole, la pêche ne génère pas d’impacts
majeurs sur les ressources en eau de l’île.
LE TOURISME
C’est le secteur le plus en développement ces dernières années à Mayotte. L’insuffisance
des structures d’accueil limite encore l’influence de cette croissance sur le milieu naturel.
Toutefois, il est envisagé la création de neuf zones plus particulièrement dédiées au
tourisme. En dehors de ces zones, les investissements liés à l’accueil des touristes devront
donc être réalisés sur les aires déjà urbanisées. Par ailleurs, des espaces naturels à
protéger dans une perspective de développement durable sont définis et devraient se
développer dans les années à venir.
EVALUATION DU RISQUE DE NON ATTEINTE DU BON ETAT EN 2015
L’évaluation du Risque de Non Atteinte du Bon Etat en 2015 a été faite en s’appuyant sur
les critères suivants :
l’état 2007 des masses d’eau,
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les facteurs de dégradation et les principales pressions actuelles,
les tendances d’évolution de ces pressions (amélioration prévues, projets en
cours, augmentation des usages, …).
Il faut se rappeler que cette évaluation pour les eaux douces se basent sur un nombre très
restreint de données et donc essentiellement sur « avis d’expert ».
L’évolution potentielle c'est-à-dire la possibilité d’atteindre, ou non, le bon état ou le bon
potentiel écologique en 2015 utilise trois classes :
Masses d’eau classées en « Non Risque de Non Atteinte du Bon Etat Ecologique en
2015 – Non RNABE » : cette classe correspond aux masses d’eau qui devraient respecter
les objectifs de la directive, avec les programmes d’actions actuels ou prévus ;
Masses d’eau classées en « Doute » : masses d’eau pour lesquelles existe une
incertitude quant au respect des objectifs à l’horizon 2015, soit du fait d’un manque de
données, soit du fait d’une méconnaissance des phénomènes physiques ou de l’évolution
future des pressions ;
Masses d’eau classées en « Risque de Non Atteinte du Bon Etat Ecologique –
RNABE » : masses d’eau qui risquent de ne pas atteindre le bon état écologique en
2015. Elles nécessiteront un délai ou des actions supplémentaires pour respecter les
objectifs de la directive.
Les cartes suivantes définissent l’état retenu pour chaque masse d’eau :
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MASSES D’EAUX DOUCES SUPERFICIELLES
Figure n°8– RNABE DES MASSES D’EAU « COURS D’EAU »
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Figure n°9– RNABE DES MASSES D’EAU « PLAN D’EAU »
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MASSES D’EAUX DOUCES SOUTERRAINES
Figure n°10– RNABE DES MASSES D’EAU SOUTERRAINES
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MASSES D’EAUX MARINES
Figure n°11– RNABE DES MASSES D’EAU MARINES
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2. VERSION ABREGEE DU REGISTRE DES ZONES
PROTEGEES
2.1.
CONTENU DU REGISTRE
L'objectif du registre est de répertorier :
 les zones faisant l'objet de dispositions législatives ou réglementaires particulières en
application d'une législation communautaire spécifique portant sur la protection des
eaux de surface ou des eaux souterraines ou la conservation des habitats ou des
espèces directement dépendants de l'eau ;
 les zones de captages, actuelles ou futures, destinées à l'alimentation en eau potable.
2.2.
APPLICATION DES DIRECTIVES EUROPEENNES
DIRECTIVE EAUX RESIDUELLES URBAINES
La Directive 91/271 du 21/05/1991 dite « Eaux Résiduelles Urbaines » prévoit la collecte et
le traitement des eaux usées domestiques des agglomérations de plus de 2 000 EH avant
fin 2005, avec des délais plus rapprochés pour les agglomérations de plus de 10 000
habitants et/ou les agglomérations situées en zone sensible.
A priori, elle ne s’applique pas à Mayotte.
DIRECTIVE NITRATES
La Directive européenne 91/676/CEE du 12/12/1991 dite « Directive Nitrates » porte sur la
lutte contre les pollutions liées à l’azote provenant de sources agricoles (engrais
chimiques, effluents d’élevage, effluents agro-alimentaires, boues…) susceptibles de
polluer les eaux. Elle prévoit la délimitation de « zones vulnérables » dans les secteurs où
les eaux présentent une teneur en nitrates approchant ou dépassant le seuil de 50 mg/l
et/ou ont tendance à l’eutrophisation et la mise en place de programmes d’actions
s’appliquant aux agriculteurs des zones délimitées.
A Mayotte aucune zone vulnérable n’a été définie, la Directive Nitrates ne s’y applique
donc pas.
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2.3.
PROTECTION DES ZONES DE CAPTAGES
Mayotte souhaite se doter à cours terme d’outils réglementaires de protection de
l’ensemble de ses captages pour l’eau potable (captages superficiels et forages), les
études de définition sont en cours et devraient permettre de définir dans un premier temps
la protection des cinq captages prioritaires : captage d’Ourovéni, captage de la Gouloué,
captage de Bouyouni bas, captage de Méresse, prise en mer pour l’usine de dessalement
de Petite Terre.
2.4.
LA PROTECTION DES MILIEUX NATURELS
Mayotte s’équipe progressivement des outils nécessaires afin de préserver ses milieux
naturels ; la collectivité souhaite mettre en œuvre une stratégie territoriale
opérationnelle de protection et de gestion de sa biodiversité exceptionnelle.
La surveillance des espaces naturels et protégés est assurée par une brigade de la nature,
créée en 2004, spécialement dédiée à ces tâches.
LES AIRES MARINES PROTEGEES (AMP)
Trois Aires Marines Protégées (AMP) réglementées par des arrêtés préfectoraux
(cantonnements de pêche) sont en vigueur actuellement. Elles s’étendent sur une
superficie totale de 36 km², soit environ 3% du lagon. Plus généralement, le plan de
gestion du lagon de Mayotte (PGLM, mai 2002 - DAF), constitue le principal état des lieux
de référence, assez général, pour envisager une gestion durable et partagée des
ressources marines.
LES ACQUISITIONS DU CONSERVATOIRE DU LITTORAL
Le Conservatoire de l’Espace Littoral et des Rivages Lacustres (CELRL) intervient à
Mayotte depuis 1995. Le Conservatoire intervient sur 6 sites différents où 865,5 ha sont
achetés ou transférés. 718,5 ha, au droit de ces mêmes espaces, concernent le domaine
public maritime et devraient rejoindre le patrimoine foncier de l’établissement. Chaque
espace acquis constituant une unité pertinente de gestion, devrait bénéficier, en urgence,
d’un plan de gestion pluriannuel.
Ces acquisitions sont appuyées par la stratégie d’intervention à long terme du Conseil des
Rivages de l’Océan Indien (Plus d’une vingtaine de sites sont concernés, présentant une
diversité remarquable de milieux naturels et de paysages).
DES PROJETS DE RESERVES NATURELLES NATIONALES
Deux projets de réserves naturelles nationales sont en cours d’instruction à Mayotte :
• L’îlot Mbouzi, (142,5 ha) ;
• La Réserve Naturelle du Lagon (environ 11 000 ha répartis sur 6 entités
complémentaires).
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LES PROJETS D’ARRETES DE PROTECTION DE BIOTOPE (APB)
Une politique d’Arrêtés Préfectoraux de Protection de Biotopes (APPB) sera développée à
Mayotte sur les espaces les plus riches du point de vue de la biodiversité et discutée au
sein de la Commission Consultative de l’Environnement et de la Protection du Patrimoine,
récemment renouvelée.
LES ESPECES PROTEGEES
Concernant les espèces de Mayotte, un arrêté préfectoral du 7 août 2000 fixe la liste des
espèces animales terrestres (et tortues marines) intégralement protégées. La flore ne
bénéficie d’aucun texte similaire mais un projet de liste des plantes protégées, parmi les
plus rares et menacées, est en cours d’élaboration.
La petite population de dugongs, espèce très menacée à l’échelle mondiale et toujours
braconnée à Mayotte, va bénéficier d’une action spécifique urgente, sous forme d’un plan
de sauvegarde.
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3. SDAGE ET SAGE
Le SDAGE 2010-2015 est le premier de Mayotte ; au 1er janvier 2010, aucun SAGE n’a
encore été défini ou n’est en cours de mise en place.
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4. LES CONDITIONS DE REFERENCE
Les conditions de référence sont les conditions représentatives d’une masse d’eau pas ou
très peu influencée par l’activité humaine.
Les conditions de référence peuvent être concrètement établies au moyen d’un réseau de
référence constitué d’un ensemble de sites de référence. Si pour certains types de masses
d’eau, il n’est pas possible de trouver des sites répondant aux critères ci-dessus, les
valeurs de référence pourront être déterminées par modélisation ou avis d’expert.
La mise en place d’un réseau de référence doit permettre de déterminer les conditions de
référence biologique pour des sites ne comportant pas ou très peu d’altérations
anthropiques représentatives du « très bon état écologique ».
Actuellement, il n’existe pas de suivi ou d’études permettant de définir exactement un état
de référence pour les milieux aquatiques mahorais. En 2007 et 2008, ASCONIT a été
étudié 5 sites afin d’évaluer les caractéristiques de sites non perturbées. En l’absence
d’études de sites perturbés il est difficile de statuer sur une « référence ». Actuellement,
des mesures sont réalisées (ARDA-ARVAM-ASCONIT) pour étudier la faisabilité d’un
réseau de surveillance à Mayotte.
A partir de ces deux études, il sera alors possible d’évaluer les sites potentiellement de
référence et les sites perturbés pouvant intégrer un réseau de surveillance.
SDAGE DE MAYOTTE - DECEMBRE 2009
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