DOSSIER PÉDAGOGIQUE CRéATION DOSSIER PÉDAGOGIQUE Lars Norén Bobby Fischer vit à Pasadena et Froid de Lars Norén mise en scène Renaud Marie Leblanc A l’attention des directeurs d’établissements et des enseignants En Europe, la violence des jeunes occupe le terrain médiatique et le débat social depuis les années 70. D'abord identifiée comme une violence «politique», puis comme un phénomène typique des banlieues des grandes villes, on voit aujourd'hui surgir un troisième type d'interprétation : la crise d'identité, individuelle et collective, d'une jeunesse en perte - et en quête - de repères. Froid plonge au cœur du malaise de cette jeunesse qui a une image désastreuse et sans illusion de son avenir et qui a recours à la violence puisqu'elle ne trouve aucun autre moyen d'agir. La pièce démontre de façon réaliste, le danger que représentent les idéologies extrémistes face à cette jeunesse. Froid est proposé dans deux dispositifs scéniques, l'un pour le plateau, l'autre léger, sans décors ni lumières (ou presque), qui permet de le présenter dans des lieux très divers qui ne disposent pas d'un équipement scénique (écoles, salles des fêtes, ou en semi-extérieur). Froid bénéficie du dispositif SAISON 13. Notre volonté est de collaborer avec les établissements pour élaborer autour de ce spectacle un véritable appareillage pédagogique. Violence, racisme et extrémisme à l’école : imaginer et utiliser ensemble un outil pédagogique L'école saisit aujourd'hui l'art comme une position de l'être au monde. Dans son histoire et dans sa pratique, par le savoir et par l'émotion, l'art ouvre une fenêtre sur l'autre, sur la différence, sur l'unique et sur l'espoir d'un avenir commun. DE L'UNITÉ DE RECHERCHE EN DIDACTIQUE EVELYN CRAMER, ASSISTANTE CHERCHEUR (BRUXELLES) DE L'HISTOIRE DE L'ART ET ARCHÉOLOGIE Un dossier documentaire reprenant les thématiques abordées dans la pièce (Les idéologies d’extrême droite, les décrypter, les comprendre pour les combattre ; la violence ; le racisme sous toutes ses formes ; le phénomène de «bande» ; l'éducation) est d’ores et déjà à votre disposition sur simple demande auprès de Didascalies and Co. Ce projet pédagogique peut revêtir différentes formes et sera adapté aux souhaits et problématiques spécifiques de chaque établissement. La base commune sera : • des séances de travail avec l'équipe artistique et des rencontres avec les élèves organisées en amont • les élèves assistent à une représentation • un débat suit la représentation Amnesty International, qui dispose d'un réseau étendu de personnes aux compétences requises, est prêt à s'associer au projet pour la mise en place d’actions et la co-animation du débat. La Ligue des Droits de l’Homme a également été sollicitée, sa collaboration peut être envisagée sur des points précis (tels les idéologies d’extrême droite). Le spectacle est disponible et sera en tournée entre septembre 2006 et juin 2007. Pour les établissements qui n’ont pas de partenariat spécifique avec un théâtre, le projet Froid peut s’inscrire dans le cadre d’un projet d’établissement et faire l’objet d’un financement spécifique de la part de l’Education Nationale. Les demandes pour l’année 2006/2007 sont à renvoyer avant mi-juin. N’hésitez pas à contacter rapidement Laurence Valentin Luzy (Didascalies and Co.: 04 95 08 20 25), afin d’étudier ensemble la faisabilité du projet ou Christophe Roque pour les demandes de projet d’établissement. Laisser le théâtre être le lieu du lien qui reconduit parents et enfants sur les bancs de l’école pour entendre la parole fusillante d’un dramaturge polémique. RENAUD MARIE LEBLANC DOSSIER PÉDAGOGIQUE Lars Norén 10/05/2006 page 2 Bobby Fischer vit à Pasadena mise en scène › Renaud Marie Leblanc traduction › Amélie Berg scénographie › Nathalie Roubaud costumes › Julien Silvéréano lumière › Erwann Collet assistante à la mise en scène › Josiane Ferrara Avec Francine Bergé › Gunnel, la mère Roxane Borgna › Ellen, la fille Thierry Bosc › Carl, le père Julien Silvéréano › Tomas, le fils Production › Théâtre National de Marseille La Criée et Didascalies and Co, en coproduction avec le Théâtre des Treize Vents - Centre dramatique national de Montpellier Languedoc - Roussillon et le Théâtre Le Sémaphore Scène conventionnée de Port-de-Bouc Texte édité chez l’Arche Éditeur Fin des années 80, dans une famille bourgeoise où les fonctions sociales les plus rassurantes vacillent. Le père, chef d’entreprise soumis à la concurrence internationale, voit pour la première fois son emploi menacé. La mère, ancienne comédienne, domine la sphère familiale. La fille, Ellen, ne se remet pas de la mort de son enfant. Le frère sort juste d’une période d’autisme. Après une sortie au théâtre, parents et enfants poursuivent la soirée autour d’un verre. La conversation essaie d’être bienveillante mais dérape de plus en plus violemment. « Bobby Fischer, vous ne connaissez peut-être pas. Nous sommes dans le royaume des échecs. Du temps de l'Union Soviétique, les échecs étaient un devoir national envers la Patrie. Dans ce domaine dominé, contrôlé par les Maîtres soviétiques, arrive un jeune américain qui est différent (en langage ordinaire, il est fou). Son histoire familiale est l'histoire classique ; cela aurait pu donner un meurtrier en masse, cela donne un génie. Ce qui frappe c'est que parallèlement, de l'autre côté de la frontière, vit un autre génie, celuilà du piano et de la musique, Glen Gould. Tous deux auraient pu se retrouver dans des instituts pour handicapés mentaux graves. Bobby Fischer arrive, se fait supplier, se fait payer, exige et exige et exige encore, se fait insulter copieusement, et gagne. Et se retire et ne joue plus jamais en public. » NILS STALBRAND EXTRAIT DU SITE http://faiblefaible.jag-minns.com/id197.htm BOBBY FISCHER VIT À PASADENA Au Théâtre National de Marseille La Criée Du 17 au 28 mai 2006 mardi, mercredi 19H jeudi, vendredi, samedi 20H dimanche 15H DOSSIER PÉDAGOGIQUE Lars Norén 10/05/2006 FORUM SUR LE NET RÉSERVATIONS espace de dialogue et d’échanges autour de la création du spectacle et des Journées Lars Norén, sur notre site www.theatre-lacriee.com Tel : 04 91 54 70 54 CONTACT Patrick Wante, relations avec le public Tel : 04 96 17 80 30 [email protected] page 3 Froid mise en scène › Renaud Marie Leblanc texte français › Karin Ahlgren et Amélie Wendling lumière › Erwann Collet Avec Rodolphe Blanchet › Keith Simon Gillet › Karl Carlos Martins › Ismaël Nicolas Violin › Anders Production › Didascalies and Co Texte édité chez l’Arche Éditeur Dans un coin tranquille de la Suède, c’est la fin des cours. Trois jeunes gens, trois amis, s’ennuient. Ils parlent de leur amour pour la race suédoise, la nature suédoise : ils évoquent les matchs de foot et leur cortège d’alcool et de rixes, les dangers que font peser les « métèques » sur la pureté de la Suède. Ils disent aussi leur fascination pour le passage à l’acte par excellence : la mise à mort de quelqu’un. Sur ces entrefaites, un garçon nommé Karl, passe. C’est un enfant coréen recueilli et éduqué par une famille des environs. La famille est fortunée et « l’étranger » réussit à l’école. En outre, c’est peut être le nœud gordien de la pièce, il croit à la vertu du dialogue. FROID FORUM SUR LE NET RÉSERVATIONS Au Théâtre National de Marseille La Criée Du 19 au 21 mai 2006 vendredi 20H samedi 17H dimanche 15H espace de dialogue et d’échanges autour de la création du spectacle et des Journées Lars Norén, sur notre site www.theatre-lacriee.com Tel : 04 91 54 70 54 DOSSIER PÉDAGOGIQUE Lars Norén 10/05/2006 CONTACT Patrick Wante, relations avec le public Tel : 04 96 17 80 30 [email protected] page 4 Lars Norén Auteur et souvent metteur en scène de ses propres textes, Lars Norén est né dans une famille d’hôteliers restaurateurs à Stockholm en 1944. Il a commencé par écrire des poèmes (premiers recueils en 1962 : Fuga, puis Schizopoesie). En 1964, à vingt ans, c’est l’hôpital psychiatrique pour schizophrénie, mais il ne cesse pas pour autant d’écrire. En 1970, il écrit son premier roman Les Apiculteurs, salué avec enthousiasme par la critique. Il écrit sa première pièce de théâtre Le Lécheur de souverain en 1973, ce fut un échec public, mais elle fut reprise à la fin des années 80, et devint un succès à scandale. C’est avec sa pièce Oreste présentée en 1980 au Dramaten à Stockholm que Lars Norén fut reconnu du public scandinave. Arrêtant d’écrire des poèmes, Lars Norén se consacre à l’écriture dramaturgique, radiophonique ou pour la télévision. Photo © Joakim Strömholm Auteur atypique, il est un dramaturge des plus radicaux de la seconde moitié du XXe siècle. Longtemps considéré comme le digne successeur de Strindberg, Tchekhov ou Ibsen, il ne cesse de creuser au cœur des angoisses existentielles et familiales pour en découvrir les fonctionnements. On dit de lui qu’il a transformé la psychanalyse en dramaturgie, avant de rompre avec cette tradition théâtrale qui lui valut une reconnaissance internationale. Dans ses dernières pièces, il explore le monde des plus démunis et des plus faibles, montre l’univers de l’enfermement psychiatrique et carcéral par le truchement d’une langue riche, drôle, vivace. Toutes ses pièces de théâtre traduites en français sont publiées par l’Arche Editeur. Depuis 1999, il est le directeur artistique du Riks Drama, au Théâtre national itinérant suédois (le Riksteatern). En 2000, il adapte et met en scène Si c’est un homme de Primo Levi. La même année, Jean-Louis Martinelli met en scène Catégorie 3.1 au TNS à Strasbourg. En 2001, Acte (publié en 2003) et Venir et disparaître sont créées au Riks Drama, mais non mises en scène par l’auteur ; il met en scène La Mouette de Tchekhov au Théâtre des Amandiers de Nanterre, la pièce reçoit le prix de la critique du meilleur spectacle étranger en 2002. En 2002, Musique silencieuse est créée dans une mise en scène de Lennart Hjulström ; Lars Norén écrit et met en scène Eaux calmes au Deutsches Theatre à Berlin, puis au Riks Drama avec des comédiens suédois ; Détails est créée à Copenhague dans une mise en scène de Billie August, puis au Dramaten à Stockholm ; Lars Norén traduit en suédois Quelqu’un va venir de Jon Fosse. En 2003, Lars Norén écrit et crée Froid (publiée en 2004) ; Démons est montée à Mexico ; Sang est mise en scène par James MacDonald au Royal Court à Londres ; le réalisateur Kristian Petri adapte November et Détails pour en faire un film, (sortie de Détails fin 2003) ; Emballage d’hiver est créée au Théâtre national d’Oslo ; Guerre (publiée en 2003) est créée par Lars Norén au Théâtre Vidy-Lausanne. DOSSIER PÉDAGOGIQUE Lars Norén 10/05/2006 page 5 Lars Norén, c’est aussi… CATÉGORIE 3:1 traduit en 2000 par Katrin Ahlgren, Jacques Serena Le titre est à lui seul tout un programme. Par Personkrets 3:1, l'administration de la ville de Stockholm désigne ceux qui vivent dans la marge. Dans la pièce, alcooliques, drogués, prostitués, psychotiques, SDF et chômeurs peuplent Sergelstorg, une place du centre de Stockholm, dont la matière première est le béton. Lars Norén a quitté l'univers clos des explosions familiales, le champ de bataille des couples de la tradition strindbergienne pour celui des marginaux. La pièce est un long fleuve de répliques et d'actions qui forme un univers micro-dramatique minutieusement construit, sous-tendu par une ironie constante et des critiques cinglantes. Description intense de ceux qui s'inquiètent chaque jour de leur survie, elle provoque chez le lecteur/spectateur « la pitié et la terreur » dont parlait déjà Aristote: « Quand nous présumons que nous pourrions aussi en être victimes, ou quelqu'un des nôtres, et que le danger paraît proche de nous », on s'identifie et éprouve alors de la compassion. Il est curieux de constater qu'une pièce qui semble à des années-lumière de la dramaturgie classique provoque finalement les mêmes effets. GUERRE traduit en 2003 par Katrin Ahlgren, René Zahnd Tout commence lorsque le père rentre. Engagé dans une guerre qui ne dit pas son nom mais que nous devinons quelque part dans les Balkans, il est devenu aveugle. Il a besoin d'aide mais sa famille n'est plus la même ; elle a changé parce que son frère, pendant son absence, a pris sa place. Pire, il rend sa femme heureuse, plus heureuse que le mari auparavant. Et les deux filles ne semblent pas en être trop mécontentes. DÉMONS traduit en 1993 par Per Nygren, Louis-Charles Sirjacq La scène se déroule en ville, dans un appartement au mobilier moderne. Katarina et Franck vivent depuis des années ensemble. Ils jouent le jeu qui est celui de milliers d'autres couples. Elle dit une phrase qui contient une attaque plus ou moins cachée. Lui ne peut pas séparer cette nuance agressive du contenu de la phrase, et charge à son tour sa réponse d'agressivité. Ainsi, le carrousel commence à tourner, parfois lentement, parfois vite, mais jamais assez lentement pour qu'un des acteurs puisse le quitter, ni assez vite pour que le carrousel se détruise lui-même. Le malheur est que ces relations perdurent, que Franck et Katarina, et Jenna et Tomas qui habitent le palier en dessous, sont conscients de leur état, mais qu'ils n'ont pas assez de force pour y remédier et espèrent vainement de l'aide de l'extérieur. Tous les textes de Lars Norén sont édités par l’Arche. DOSSIER PÉDAGOGIQUE Lars Norén 10/05/2006 page 6 Renaud-Marie Leblanc, metteur en scène de Froid et de Bobby Fischer vit à Pasadena Pour vous, mettre en scène Lars Norén, c’est « se poser la question du réel au théâtre » et, à son sujet, vous parlez souvent de naturalisme. En effet. Mais faut-il vraiment le rattacher à un genre, à une classification ? Le naturalisme, c’est l’imitation de la nature. C’est aussi un mouvement mal vu en France aujourd’hui, parce qu’on le trouve un peu « juste », dans le sens où il est à la fois très (et même trop) proche du réel et sans intérêt. Jouer naturaliste serait peu méprisable parce que trop proche du cinéma et trop proche de la vie réelle, du quotidien, donc trop éloigné d’une poétique et des codes de représentation. Le naturalisme a mauvaise presse en France aujourd’hui mais on oublie que le théâtre français à la fin du XIXe et du début du XXe siècle a été naturaliste. Qu’est ce qui vous paraît intéressant chez Lars Norén ? Ce qui me semble intéressant chez lui, ce ne sont pas véritablement les histoires ellesmêmes, somme toute assez banales (mal-être d’une famille dans Bobby Fisher vit à Pasadena, racisme dans Froid ) mais plutôt la façon dont elles sont racontées et, avant toute chose : l’écriture de Lars Norén. Il est vrai que le vocabulaire est commun, proche de celui de la vie quotidienne, qu’on dans une continuité dialoguée proche du cinéma. Et pourtant, la construction du texte, l’agencement des répliques rendent l’œuvre très dense. Justement, quels sont les caractéristiques d’écriture de Froid et de Bobby Fischer vit à Pasadena ? Les répliques sont brèves, se succèdent sans vraiment de temps mort. C’est surtout vrai dans Froid : KEITH. Sinon tu peux venir une fois t'entraîner avec nous. KARL. Oui... Peut-être. ISMAËL. Oui, viens une fois avec nous. ANDERS. Lui ? KEITH. Peut-être ? KARL. Bon, une fois. KEITH. Quand ça ? KARL. Ben, ça pourrait être marrant d'essayer. En fait, j'ai jamais été à la muscu. KEITH. On le sait bien, ça fait rien. KARL. Oui, je pourrais. KEITH. Dimanche, alors ? DOSSIER PÉDAGOGIQUE Lars Norén 10/05/2006 > page 7 Ou KARL. Sur quoi? KEITH. Sur moi, entre autres. ANDERS. Sur moi aussi. KEITH. Sur mes copains. Et si on raconte des conneries sur eux, il faut en accepter les conséquences. Il faut avoir le courage de ses opinions. KARL. Je crois pas avoir dit quoi que ce soit. C'est pas dans mes habitudes. ANDERS. Pas dans mes habitudes. KARL. Je dois me casser maintenant. KEITH. Putain, calme-toi. Comme on vient de le voir dans le dernier extrait, Froid use beaucoup des répétitions et des accumulations. Cela crée une sorte de spirale, d’escalade qui va en s’accélérant et donne le vertige. KEITH. On est tellement sympa. ANDERS. On est tellement jovial, KEITH. Blancs et polis. ANDERS. Blancs avant tout. KEITH. De gentils suédois blancs ordinaires […] KEITH. On croit au dialogue. ANDERS. On croit à la conversation […] KEITH. On pense qu'il faut parler. ANDERS. On parle. ISMAËL. On picole et on parle. KEITH. On doit parler […] ANDERS. On a pas peur d'une discussion honnête. On flippe pas. Ou encore : KEITH. Un nationaliste n'a jamais tort. Un nationaliste a toujours raison, même s'il a tort. ANDERS. Même s'il a raison, il a toujours tort. Non... Même s'il a tort, il a toujours raison. Les dialogues sont construits selon l’opposition : affirmation / réfutation. Beaucoup de répliques commencent par « oui », « non », « mais », réfutant ou affirmant d’emblée, avant de développer : KEITH. On a même plus le droit de faire du catéchisme à l'école, mais ils apprennent tout sur les musulmans et les juifs […] KARL. Mais vous dites ce que vous pensez. Vous faites des manifestations. KEITH. Ça, c'est sûr, putain. On défend nos idées. On est prêt à mourir pour nos idées. On va bientôt le faire d'ailleurs. > ANDERS. Oui, je me soumettrai pas. DOSSIER PÉDAGOGIQUE Lars Norén 10/05/2006 page 8 KEITH. Je me soumettrai que pour mourir. ISMAËL. Oui, moi non plus. Il y a une sorte de dialectique du dialogue, un affrontement de points de vue : ce n’est pas l’action mais le conflit qui est intéressant. L’écriture de Bobby Fischer vit à Pasadena fonctionne aussi avec des accumulations, mais surtout, ce qui me semble le plus intéressant, avec des effets de croisement entre les répliques : souvent, la réponse d’un personnage à un premier s’intercale entre les échanges entre deux autres personnages. Ainsi, dans cet extrait (acte II), Carl, le père, s’adresse à Ellen, sa fille : CARL. […] Nous allons comme vont la plupart des gens... sans grande flamme... ni hauts monts, ni profonds vallons... une vie quotidienne plutôt tranquille... que j'essaie de préserver... que j'essaye de gérer de mon mieux... Je ne peux que faire de mon mieux... pour Tomas et Gunnel... et pour toi aussi... aussi longtemps que je pourrai. Tu es satisfaite ? Ça te va ? ELLEN. Hum. CARL. Moi, ça me va... Ça me suffit. Pause. ELLEN. Oui. CARL, plus bas. Je ne demande rien d'autre... Je n'ai pas de plus hautes exigences. Tomas, le fils, fait irruption et interroge Ellen, tandis que Carl finit sa réplique : TOMAS. Tu es allée là-bas ? CARL. C'est tout ce que je veux... ces années qui nous restent. ELLEN, à Tomas. Qu'est-ce que tu dis ? CARL, légèrement agacé. Je ne comprends pas non plus pourquoi il faudrait que je déménage... alors que je me plais ici. TOMAS. Tu es allée là-bas ? ELLEN. Où ? TOMAS. Là-bas ! ELLEN. Non. À Paris ? Du coup, on a l’impression que la réponse d’Ellen « Non. À Paris ? » est toute entière destinée à Tomas, alors qu’une partie (« Non ») est une réponse agacée à l’apitoiement du père (« Je ne comprends pas non plus pourquoi il faudrait que je déménage... alors que je me plais ici. ») et l’autre partie (« A Paris ? ») s’adresse à Tomas, puisque l’on sait qu’elle est allée à Paris. C’est une écriture tramée assez complexe, difficile à jouer pour l’acteur qui doit soutenir le rythme pour que le spectateur ne perde pas le fil de la pensée, tout en ménageant avec précision l’adresse aux différents protagonistes. > DOSSIER PÉDAGOGIQUE Lars Norén 10/05/2006 page 9 Sur l’exemple suivant, on remarque 4 plans de dialogue : Gunnel-Ellen, Tomas-Gunnel, TomasCarl, Ellen-Tomas. L’affirmation et la réfutation sont aussi présents avec l’utilisation de formes affirmatives (« oui, tu as toujours, c’est vrai, alors… ») qui s’affrontent avec des négatives ( « ne…pas, ne…jamais, mais… »). L’accumulation syntaxique d’expressions dans une alternance de formes interrogatives et affirmatives est aussi caractéristique. C’est un prototype parfait de la permanence de l’écriture de Norén. GUNNEL. A Ellen Mais pour parler sérieusement... tu as toujours tellement de choses à faire quand j'appelle... qu'on n'arrive jamais à se parler vraiment... encore faut-il que tu sois chez toi... enfin c'est ce que tu prétends... Et je comprends... Enseigner n'est pas ce qu'il y a de plus facile de nos jours... vu la nervosité des enfants et tous leurs problèmes... Mais j'essaie autant que je peux. TOMAS. Qui est-ce qui parle ? ELLEN. La mauvaise conscience. GUNNEL. Je n'ai pas mauvaise conscience ! ELLEN, en insistant. La mauvaise conscience GUNNEL. Oui, peut-être, mais... j'essaie quand même autant que je peux de ne pas m'imposer... je ne veux pas non plus être une vieille maman radoteuse et importune qui ne laisse pas ses enfants vivre leur vie TOMAS. Tu veux me faire endosser le nouveau... comment ça s'appelle... complexe d'Œdipe... tu veux me le faire endosser GUNNEL, étonnée. Complexe d'Œdipe ? TOMAS. Pitié GUNNEL. C'est justement ce que je ne veux pas. TOMAS. Alors, je pourrai avoir une voiture, papa ? CARL. Une voiture ? TOMAS. Oui ? CARL. Une voiture ?... Je ne sais pas... TOMAS. Ça veut dire quoi ? CARL. Une voiture ? TOMAS. Oui... je pourrai en avoir une ? CARL. Quand ça ? TOMAS. Le plus vite possible. Pause. GUNNEL. On verra, Tomas. TOMAS. On verra, Tomas... Ça veut dire quoi ? GUNNEL, amicalement. Qu'on verra GUNNEL. A Ellen. Je suis désolée, mais ça au moins tu ne peux pas me le reprocher. C'est vrai... et je m'en excuse, il m'est arrivé parfois de ne pas réussir à garder le masque comme je l'aurais voulu... comme j'avais décidé de le faire... DOSSIER PÉDAGOGIQUE Lars Norén 10/05/2006 page 10 Eléments de réflexion sur les notions de naturalisme et de réalisme Naturalisme, n.m. 2. LITTERATURE : courant littéraire né en France à la fin du XIXe siècle. S’il ne se conçoit pas sans l’œuvre de Zola, le naturalisme ne saurait s’y réduire. Il fut surtout le fer de lance du groupe de Médan qui réunit autour de Zola quelques écrivains laborieux (Paul Alexis, Léon Hennique, Henry Céard), mais aussi Huysmans, Alphonse Daudet et Maupassant. Au nombre des parrains, ils réquisitionnaient Balzac et ses essais de physiologie sociale, Flaubert et ses descriptions de la mesquine réalité, les Goncourt pour leur obsession documentaire, mais aussi Claude Bernard et Darwin, pour leur caution scientifique. […] Il est […] trois marques de l’écriture naturaliste qui s’avérèrent d’une grande importance. • L’esthétique du laid. Contre les rêveries romantiques ou l’esthétisme de l’art pour l’art, contre l’Eglise et la morale bourgeoise, la laideur prit droit de cité dans les lettres : misère sociale et sexuelle, déséquilibres pathologiques, références argotiques. Le naturalisme matérialisa ainsi l’ancienne figure du mal en faisant de la société tout entière une entité diabolique : malédiction de l’instinct (La Bête humaine de Zola, 1890), de la prostitution (Marthe de Huysmans, 1876), des maladies nerveuses (Germinie Lacerteux des Goncourt, 1865), de l’alcoolisme (L’Assommoir de Zola, 1867), de l’exploitation des enfants (Jack de Daudet, 1876), de l’existence même en son absurdité (Une vie de Maupassant, 1883 ; A vau-l’eau de Huysmans, 1882). • La dissolution du héros. Les personnages des romans naturalistes sont des êtres fragiles dont la capacité d’agir apparaît anéantie d’avance par la double force de l’hérédité et du milieu : ils sont donc prisonniers de ce qu’il leur arrive […] • L’observation de la vie. Passer de l’observation brute à l’œuvre d’art revient à « dégager de la société ce beau relatif qui n’est autre chose que la vie » (Zola), et ce beau relatif peut exister jusque dans la quotidienneté la plus plate ou la trivialité la plus sordide […] Le naturalisme essaima à l’étranger : Camille Lemmonier en Belgique, August Strindberg en Suède, Henrik Ibsen en Norvège, Clarin et Perez Galdos en Espagne. C’est surtout la nécessité de l’observation sociale que l’on a retrouvée chez les Américains (John Dos Passos, John Steinbeck) ou les Espagnols (Camilo José Cela, Juan Goytisolo), le regard sur la famille (John Galsworthy) et la présence du laid ou de l’absurde dans l’existentialisme à venir. Réalisme, n.m. Cherchant à restituer la réalité à l’état pur et la nature telle qu’elle est, avec la volonté de n’y mêler ni idéalisation ni artifice, le réalisme donna son nom à un mouvement artistique et littéraire qui se développa dans la seconde moitié du XIXe siècle et prit une allure de doctrine. Il était issu d’une réaction aux débordements imaginatifs du romantisme et aux conventions de l’académisme néoclassique. L’influence des idées philosophiques à tendances socialistes et humanitaires qui se développaient dans un monde industriel en pleine expansion contribua à son essor […] Le réalisme en littérature. Tout comme dans les arts plastiques, le courant réaliste fut toujours présent dans la littérature [… Villon, Rabelais, Boileau, Molière, La Bruyère, Marivaux, Diderot…Citons surtout Stendhal, Mérimée et Balzac]. > DOSSIER PÉDAGOGIQUE Lars Norén 10/05/2006 page 11 La tendance réaliste ne prit allure de théorie littéraire qu’à partir des années 1850. Elle fut influencée par les recherches de Claude Bernard en biologie et par les idées positivistes d’Auguste Comte – créateur de la sociologie – en philosophie. Le réalisme se caractérisa par l’objectivité, le souci de documentation scientifique, le désir de peindre le monde familier et contemporain, et la recherche de la beauté par le travail de la forme. C’est le roman qui fut le genre de prédilection du réalisme. [… Citons Flaubert, les frères Goncourt, Zola, Huysmans, Maupassant…] Le réalisme au XIXe siècle. […] La tradition réaliste ressurgit en France dans les grands romans-fleuves comme Les Thibault (1922-1940) de Roger Martin du Gard, ou La chronique des Pasquier (1933-1945) de Georges Duhamel. Aux Etats-Unis, […citons Jack London, Mark Twain, Frank Norris, John Steinbeck…] IN ENCYCLOPÉDIE BORDAS, VOLUME VI, PARIS, 1994 DOSSIER PÉDAGOGIQUE Lars Norén 10/05/2006 page 12 Rodolphe Blanchet, comédien (Keith dans Froid) Parlez-nous de Keith, le personnage que vous incarnez dans Froid : comment le définir ? On ne sait pas grand chose de sa famille, tout au plus peut-on faire des suppositions. Il semble que son père soit mort (il est question d’un héritage que sa mère doit récupérer et « il est mort maintenant » semble désigner son père), on peut donc imaginer que sa mère se soit retrouvée seule pour élever ses enfants, impuissante pour asseoir son autorité. Le père de Keith travaillait sur les chantiers navals : je me l’imagine costaud et impressionnant et qui sait, violent peut-être ? J’ai aussi remarqué que Keith faisait mention à plusieurs reprises du sort des enfants (dénonçant notamment « les gamins nus exposés dans les musées nationaux ») : est-ce à dire qu’il aurait été victime d’attouchements sexuels étant gamin, de la part de son père ou d’un autre adulte ? Keith se sent exclu de la société et éprouve un sincère sentiment d’injustice, qu’incarne le jeune Karl, suédois d’origine coréenne, adopté par des gens aisés, vivant dans un confort que lui envient Keith, Anders et Ismaël. Une grande part de la pièce fait mention des attributs sociaux dont bénéficie Karl : téléphone portable (avec appareil photo !), maison de campagne (sans doute maison secondaire), repas au champagne, etc. On connaît aussi de Keith ses antécédents : il a été renvoyé du lycée pour ses discours et des signes néonazis ostentatoires, il s’est pas mal bagarré (il n’est pas sûr d’ailleurs de ne pas avoir battu à mort quelqu’un). Il a aussi pas mal voyagé, en quête d’une famille (politique) et de reconnaissance. Il est récupéré par les mouvements néonazis qui lui offrent ce qu’il recherche : se sentir utile, défendre une cause. Car c’est véritablement cela qui l’anime : Keith veut agir pour son pays, pas pour lui-même. On peut dire qu’il a véritablement intégré la pensée néonazie, car il est capable d’argumenter, de répondre à Karl, de réfuter ses arguments. Le danger des discours extrémistes apparaît ici clairement. Ses arguments, qui partent d’un désir de justice, il les énonce avec simplicité. La bêtise des personnages, leur humour, leur jeunesse et aussi leur détresse les rend quelque peu « attachants » pour le spectateur, mais il faut rester vigilant ! Car le contenu du discours n’est pas anodin et son aboutissement sera l’horreur du meurtre. Ainsi, même si les propos de Keith pourraient pour certaines personnes sembler s’inscrire dans une certaine réalité, il ne faut pas en oublier les buts ! « Si les gens préfèrent vivre avec les leurs et vivre dans le pays que leurs ancêtres ont fondé et qu'ils veulent pas se mêler à d'autres races... je dis pas qu'elles valent moins ou qu'elles ont pas le droit d'exister, mais ces gens-là doivent pas venir et s'imposer dans les autres cultures et les religions et réclamer ce qu'un autre peuple a bâti juste parce qu'ils sont persécutés dans leur propre pays et demandent l'asile. Il arrive une foule de gens du monde entier, bientôt on va couler, merde... On peut pas avoir ces idées alors, si on pense qu'on a le droit de défendre nos propres droits ? » ou encore « Ca te branche pas, nous, des Suédois blancs qui travaillent et remplissent leur devoir et essaient de créer un avenir convenable à leur peuple ? », auquel Karl répond d’ailleurs « Non, mais c’est bien. > Tout le monde veut faire ça ». DOSSIER PÉDAGOGIQUE Lars Norén 10/05/2006 page 13 Habité par son sentiment d’injustice et son désir d’agir, il se conduit avec Anders et Ismaël comme un militaire qui conditionne son armée, répétant des slogans tels que « Confiance, espoir, combat », ou « White Power ». Il dit d’ailleurs lui-même être en guerre : « C’est la guerre, putain.. Et à la guerre, il se passe des choses désagréables, c’est dans la nature des choses ». Et puis, se déclarer en guerre, c’est aussi trouver un ennemi et combattre son ennui. Jusqu’où est-il maître de lui-même ? La mise à mort de Karl était-elle préméditée ? Des indices dans la pièce peuvent le laisser penser : il sait que Karl va passer dans la forêt et il l’attend, de plus il prend garde qu’Ismaël ne le photographie pas avec le portable de Karl, ce qui le trahirait. A l’inverse, il semble dépassé par les événements, à la fin, il doute : tuer Karl ou non ? C’est de toute façon trop tard, quand Keith perd pied, c’est Anders qui prend le relais, les trois personnages sont comme embarqués dans un mouvement d’inertie qui alterne entre moments de calme et moments d’agression. Que dire d’Anders et d’Ismaël ? Contrairement à Keith, qui sait entrer dans un système d’argumentation, Ismaël et Anders sont des suiveurs, qui n’agissent pas par conviction ou par justification. Anders n’est guidé que par sa pulsion de mort, il veut tuer quelqu’un, mais par simple plaisir. Ismaël est le souffre douleur du groupe, celui qu’on tape pour se défouler, il est sur le fil entre raison et pulsion, dans sa propre folie. Ils n’ont aucun esprit critique, ni envers l’autorité sociale (représentée par le lycée) ni envers les idées qu’incarne Keith. Keith peut donc les manipuler sans difficulté. Les personnages de Froid font nécessairement penser à ceux de certains films: Elephant, Ken Park... Sont-ils vraiment dans la même typologie d’adolescents désœuvrés et paumés ? Ont-ils constitué pour vous une source d'inspiration? Justement, Renaud-Marie Leblanc nous a demandé de ne pas nous inspirer des films ! Il ne voulait pas rester dans le personnage-type du skinhead mais dépasser la situation et les personnages, amener la pièce ailleurs, dans son universalité. A ce propos, l’acteur qui joue Karl n’a pas les traits d’un asiatique ! En revanche, il est vrai que je me suis inspiré de ces films, et surtout de Romper Stomper de Geoffrey Wright pour les attitudes de Keith, ses mouvements agressifs, ses coups, ses jeux virils. Justement, quelles ont été les indications de Renaud-Marie Leblanc pour votre jeu ? Renaud-Marie a tenu à signifier clairement dans l’espace les rapports de force entre les personnages, en amplifiant la position des uns par rapport aux autres : ainsi quand Karl arrive, les trois autres se dirigent immédiatement de l’autre côté du plateau pour faire barrage à sa route et former comme un mur. Ce mur se recrée d’ailleurs dès qu’il y a un risque de fuite de Karl (« Je dois me casser maintenant »). Ou bien : lorsque l’intégrité du groupe vacille, qu’ Ismaël menace de faire cause commune avec Karl, il s’éloigne de ses comparses, se rapproche de Karl tout en regardant Anders et Keith. Il se crée alors un moment de tension qui indique que tout peut basculer. > DOSSIER PÉDAGOGIQUE Lars Norén 10/05/2006 page 14 Selon vous, quel est le principal intérêt de Froid pour des jeunes? Il y en a plusieurs : D’abord, les personnages ont leur âge et leur manière de parler, ils en sont au même moment de leur vie, vivent des choses similaires (le lycée, les amis,…). Ensuite, le phénomène de « bande » avec ses côtés positifs et, bien sûrs, négatifs est clairement décrypté. La pièce montre d’une part, l’enchaînement inexorable qui part d’un discours dont on pourrait cautionner certains fragments et dont on se sent parfois complices (on se surprend à rire avec Keith, Anders et Ismaël) et qui abouti à un acte que les lois humaines, morales et sociales condamnent depuis la nuit des temps : le meurtre. Elle montre ainsi la contradiction qui existe entre la possibilité d’adhérer à un groupe et à ses idées à travers un discours qui naît d’un désir de justice et le sentiment d’horreur dû à l’application de ce discours qui, poussé à l’extrême, se concrétise par le meurtre. La contradiction et l’enchaînement de cause à effet entre discours et action nous renvoie à nos propres dilemmes entre désir de justice et pulsion de mort. Qui n’a jamais dit : « J’ai une envie de meurtre », ou encore « Si quelqu’un faisait du mal à mes enfants, je le tuerais »… La construction dramaturgique de Froid nous accroche de manière viscérale et par ce biais, nous amène, par la sensation physique, par l’épreuve du corps, à reconsidérer notre manière d’« être humain ». En ce sens, elle a le même rôle cathartique que les tragédies grecques. Je crois aussi que cette pièce met en évidence le rôle, l’importance de la culture et de l’éducation, seuls remparts contre un discours qui, s’il est convaincant, peut remporter l’adhésion collective. Ce n’est pas du théâtre moraliste, mais en tout cas un théâtre d’éducation. Avec Froid, il s’agit bien de penser le monde à travers le théâtre. Rodolphe Blanchet, Keith dans Froid DOSSIER PÉDAGOGIQUE Lars Norén 10/05/2006 page 15 Froid : ses thématiques et les liens possibles avec les programmes de lycée Les entrées possibles sont évidemment nombreuses. Les aspects du discours de Keith peuvent être analysés au prisme des discours d'extrême droite, dans le cadre du nazisme et du fascisme abordés en classe de 1ère. Le cadre du programme d'histoire de seconde permet de faire réfléchir les élèves sur les enjeux et les perspectives du discours humaniste du XVIe siècle mais aussi sur ceux des philosophes des Lumières. La réflexion philosophique en Terminale dépasse le cadre du programme, les questions de l'histoire, de l'engagement, mais aussi celles de la conscience, de l'identité peuvent être nourries du débat sur le texte de Lars Norén. Ne pourrait-on pas évoquer aussi l'aspect de la catharsis au théâtre après avoir vu la représentation ? En 1ère, dans l'enseignement du français, outre l'aspect du théâtre « texte et représentation », on peut amener les élèves à aborder le thème du rôle politique du théâtre, de son aspect citoyen. Enfin, la participation ou plutôt l'invitation à l'expression et au débat doit être un des objectifs d'un projet autour de Froid. Pistes de réflexion, évidemment non exhaustives : Théâtre et engagement, Théâtre et politique, Théâtre et témoignage, Etre témoin, témoigner, Violence verbale / violence physique, Analyse du discours d'extrême droite, Responsabilité individuelle / responsabilité collective, Peur et violence, Violence et différences. DOSSIER PÉDAGOGIQUE Lars Norén 10/05/2006 page 16 Les thèmes de Froid vus par des jeunes A l’occasion de la représentation de Froid au Théâtre National de Belgique (mise en scène de Jean-François Noville) en février 2006, Amnesty International organise un concours de journalisme sur le thème « identités et discriminations » : les élèves des écoles secondaires de Belgique Francophone (de 15 à 18 ans) sont invités à rédiger des articles à partir de Froid, d’un fait divers, ou d’un événement qui s’est déroulé dans l’école ou dans le quartier. Les articles doivent traiter une ou plusieurs de ces questions : comment se créent les rapports de force au sein d’un groupe ? Comment se définir, affirmer son identité ? Pourquoi les gens se rassemblent-ils en groupes, bandes ou partis autour de mots d’ordres racistes, nationalistes ? Comment les personnes qui ont une attitude raciste ou discriminante la justifientelles ? Quels facteurs nourrissent les attitudes discriminantes et violentes ? (vécu personnel, contexte socio-économique, frustrations, inégalités, mal-être, clichés, peurs...) Les jeunes sontils plus violents ? Comment passe-t-on à l’acte violent ? Comment éviter de tels débordements ? Nécessités, vertus et limites du dialogue. Les articles sont mis en ligne à partir d’avril 2006 sur http://www.amnestyinternational.be/rubrique.php3?id_rubrique=369 Voici quelques extraits des premiers articles publiés : La violence « […] Nous savons bien que ces agressions physiques sont peu nombreuses, en tout cas, beaucoup moins nombreuses que les agressions verbales. Ce sont des passages à l’acte. Peut-on les éviter ? Pourquoi les jeunes sont-ils le plus souvent accusés d’actes pareils ? Pourquoi lorsqu’un conflit éclate entre un jeune et une personne adulte, souvent, cela retombe sur le jeune, alors que nous ne sommes pas toujours en tort ? Discrimination ? […] Les gens ont cette idée en tête : ce sont souvent les jeunes qui engendrent les conflits, mais c’est faux. Tout le monde peut commencer à frapper quelqu’un. Il faut que l’idée que tous les jeunes sont mauvais sorte de la tête des adultes […] Déjà pour que cela s’arrête, il faudrait commencer par essayer de raisonner les jeunes qui ont des attitudes violentes, leur prouver qu’il y a des moyens de régler les problèmes sans devoir mettre des coups sur tout ce qui bouge, leur montrer qu’il y a moyen de discuter. Il faut continuer à organiser des réunions pour les problèmes qui sont dans l’école : organiser une rencontre entre les professeurs qui ont des problèmes et les élèves qui les créent, discuter pour trouver un arrangement et pour que tout le monde y trouve son compte. Si les jeunes deviennent moins violents à l’école grâce au conseil de la classe, ils garderont certainement cette habitude [dans la] rue » > (Anthony, François, Frédéric et Thomas) DOSSIER PÉDAGOGIQUE Lars Norén 10/05/2006 page 17 Violents, les jeunes ? Un jeune nous raconte son ressenti face à l’incompréhension des adultes ... Qu’est-ce qui te rend violent ? Comment réagis-tu ? […] Les personnes qui disent : « Tu es jeune, donc tu es violent ». Les policiers qui te voient et qui trouvent que tu as une tête bizarre : ils vont directement s’approcher et posent la question qu’on entend tout le temps : « papier d’identité ? ». Ma réaction : j’essaye de ne pas trop parler, car sinon cela va s’emballer. J’essaye aussi de ne pas fréquenter les personnes qui disent : « Tu es jeune, tu es violent » Que penses-tu de la violence dans les quartiers ? Il y en a trop. Si on arrête de nous ennuyer, on pourrait peut-être arrêter d’être comme ça. […] A ton avis, que doit-on faire pour arrêter la violence ? Ne plus nous ennuyer et nous laisser tranquilles. […] Pour toi quel est le pourcentage de violence dans les quartiers en Belgique ? Le pourcentage est de 80%, car dans chaque quartier en Belgique, il y a de la violence [sic] ». (Interview réalisée par Aziz auprès d’un jeune du quartier de Droixhe) L’extrême droite : ce n’est pas une solution ! « Face aux problèmes, autant économiques que sociaux de la Belgique et plus particulièrement de sa capitale, nous avons enregistré une augmentation de 18% en 2003 de votes concernant les partis de l‘extrême droite. En effet la diminution des salaires, l’augmentation des loyers et du coût de la vie, le taux de chômage, l’insécurité dans certains quartiers entraînent un mal-être et un ras-le-bol général de la population. Les gens veulent un changement radical, et certains tombent dans le piège des partis racistes comme le FNB (Front National de Belgique), VB (Vlaamse Belang) , ... qui promettent un changement en rendant coupable la population étrangère, assez importante, de tous les maux de la Belgique. Mais il faut savoir que les étrangers ne sont pas la première cible. Les partis de droite ont des programmes totalement opposés aux intérêts des travailleurs, des femmes, des démunis et bien d’autres. Ils s’opposent au droit des travailleurs de faire grève, selon eux le «devoir» de la femme est d’enfanter et de veiller à la bonne éducation de ses enfants, l’avortement est désapprouvé ! Pour le FNB, l’étranger est synonyme de terroriste. Enfin, pour ne vous faire part que d’une partie de leurs propos, les extrémistes répandent l’image du chômeur comme étant une personne sans volonté de travailler, le VB les désignant même par le terme de «parasites» ! > DOSSIER PÉDAGOGIQUE Lars Norén 10/05/2006 page 18 Ceux-ci ne sont que quelques exemples des propos tenus par ces partis, mais ce qui est le plus stupéfiant est que le VB connaît un grand nombre de partisans francophones qui votent et distribuent leurs tracts, alors que le VB est un parti nationaliste flamand totalement opposé aux francophones, mais ils se gardent bien de le leur dire car ces francophones représentent des voix aux élections. Soyons prudents, cela s’est déjà produit auparavant et nous en avons retenu que des idéologies aussi extrêmes sont dangereuses et discriminatoires. Pourtant ces partis sont bel et bien présents en pleine démocratie et font ouvertement leur propagande raciste. Là se pose le gros problème de la démocratie. Quelles sont les limites d’une démocratie ? Doit-elle laisser le droit d’expression et même subsidier des partis anti-démocratiques ou les preuves de discriminations ne manquent pas ? Il semble que les problèmes soient pris au sérieux. Il y a des campagnes d’information qui dévoilent le vrai visage des partis d’extrême droite. Les communes essayent de faire régner une atmosphère d’égalité et de sécurité mais à chaque élection les démocrates retiennent tout de même leur souffle. C’est à la population de se réveiller, la Belgique est une démocratie fondée sur le principe de la souveraineté nationale, le peuple est la source de toute légitimité, ce qui implique que c’est le peuple qui choisit avant tout. Les électeurs doivent s’informer le plus possible avant d’adhérer à un parti. Le vote n’est donc pas à prendre à la légère et est une question qui doit être profondément réfléchie par chaque électeur […] » (Nadiejda, Sophie, Hafsa) DOSSIER PÉDAGOGIQUE Lars Norén 10/05/2006 page 19 Froid vu par des spectateurs « […Ce qui m’a bouleversé], c'est cette mise à jour de la violence commune, celle qui nous habite à chaque instant je crois tous et toutes, au delà des questions raciales, la haine de l'autre parce que l'autre ne semble pas penser comme nous, ou trop penser comme nous, vouloir les mêmes choses que nous, vouloir des choses différentes, être plus aimé, être moins aimé etc, etc... La réponse, la position du"gentil" chez Norén n'est pas très nette non plus […] et c'est cela aussi qui est insupportable, je ne dirai pas plus insupportable quand même, mais c'est qu'il ne comprend pas l'autre non plus, sa vie, ses manques, les différences... Je crois que pour avancer il ne suffit pas de dire que le monde est violent, mais que nous sommes violents […] et reconnaître son propre monstre, accepter que nous générons de la violence, chaque jour de façon diffuse, sans s'en apercevoir, pour sa propre survie, pour faire le bien, pour être dans son bon droit... Je crois que votre spectacle est utile parce qu'il propose de voir cela de nous, de le regarder en face, de faire avec et de s'oublier soi-même un peu plus pour adoucir les rapports humains […] » « J'ai trouvé [votre] travail remarquable pour un texte aussi piégé […] La pièce m'est apparue éclairée par[la] mise en scène, elle était un gros coup de poing […] un de ceux qui laissent sans voix, tant la réalité flanquée là est insupportable, la force est bien là, la violence est bien là, la brutalité, le vide des têtes, le dénuement, mais aussi le trop plein des corps, le désir, l'ingénuité, la bêtise à tête de taureau, la souffrance, nous sommes dans un tragique d'aujourd'hui […] J'ai ri assez souvent je ne m'y attendais pas... » DOSSIER PÉDAGOGIQUE Lars Norén 10/05/2006 page 20 Extraits de presse A la suite de la présentation de Froid les 15 et 19 janvier 2006 au Théâtre des Halles, Avignon Froid bouillant En montant pour la première fois en France Froid du suédois Lars Norén […], Renaud Marie Leblanc tentait le pari du naturalisme, si souvent décrié hors de l’Europe du Nord […]. Avec clarté et précision, dans la direction d’acteurs comme dans la radicalité des lumières, le choix a été fait de faire entendre un texte lourd et cru (trois skinheads en marge prennent à parti un camarade, coréen adopté par une riche famille suédoise, jusqu’à le crucifier) à travers les voix et les corps de jeunes aussi en phase avec l’âge de leurs rôles qu’avec leur intensité. Judicieusement, le rire gras des trois nazillons est transmis- via le sympathique et instinctif personnage d’Ismaël, immigré bosniaque qui ne pense qu’aux bières et aux saucissesau spectateur, immédiatement pris de malaise quant à ce rire-là, le pire qui soit. Alors, certes, des détails anomalistiques au parti pris de réalisme –les jeunes crachent, saignent, boivent, ils font vraiment griller des saucisses et portent des vêtements « estampillés » mais font semblant d’uriner…- ou un sentiment d’avoir affaire à des évidences humanistes peuvent gêner. Mais, même si le phénomène skinhead peut vraisemblablement sembler moins prégnant dans nos contrées qu’en Suède (disons plutôt : plus larvé, mieux caché…), la nécessité d’entendre cette réalité-là, avec ces acteurs-là, est salutaire, et devrait pousser les collèges et lycées, au-delà des théâtres, à lui ouvrir ses portes. DENIS BONNEVILLE LA MARSEILLAISE, MARDI 17 JANVIER 2006 Haut-le-cœur […] Pris en otage, forcément devenu voyeur, le spectateur assiste impuissant à cette montée de violence, au meurtre même, après avoir espéré que le dialogue (arme ultime ?) porterait ses fruits […] » DOMINIQUE MARÇON CÉSAR 25 JANV / 8 FÉV 2006 Froid comme le crime racial Le rideau descend, laissant sur scène un meurtrier et son cadavre. Il lèche le sang de sa victime. Le silence tombe d’effroi sur un silence morbide. […] [Renaud Marie Leblanc] tue notre indifférence froide de spectateur. […] Il oblige les personnes du public à devenir les témoins impuissants, voire lâches, des scènes raciales quelles que soient leurs formes. Rien n’est suggéré. Tout est dans le visuel et dans le ton, fort et dense. L’indicible a été montré. BRUNO ALBERRO DAUPHINÉ LIBÉRÉ MARDI 17 JANVIER 2006 > DOSSIER PÉDAGOGIQUE Lars Norén 10/05/2006 page 21 Froid Enfin vient l’explosion : Froid, de Lars Norén. En Suède, trois jeunes gens s’ennuient. Deux d’entre eux viennent d’obtenir leur baccalauréat. Il faut fêter ça ! Ils s’y emploient avec application. À coups de bières, de plus en plus nombreuses. L’alcool aidant, les discours nationalistes se réveillent et déversent leur coulée de lave haineuse. Celle qui vitrifie la pensée et permet le passage à l’acte. Monstrueux. Arrive alors un camarade de classe, qui a le tort d’être un Suédois d’origine coréenne… Froid est une pièce extrêmement intéressante. Lars Norén et Renaud-Marie Leblanc (metteur en scène doué) choisissent d’exposer la peste raciste de manière frontale, sans distanciation. Nous sommes copieusement éclaboussés par le torrent des propos xénophobes et bousculés par la violence des flots. La seule réserve que l’on peut émettre vis-à-vis de Lars Norén, c’est qu’il parie gros – et, en même temps, c’est tout à son honneur – sur l’intelligence du spectateur. Mais, conséquemment, des militants qui professent le rejet du différent peuvent se sentir confortés dans leurs convictions brunes. Pour les autres, la pièce est admirable dans son courage, dans sa précision, dans son architecture et dans l’évolution de ses personnages. Les comédiens sont tous très bien, mais j’offre la palme à Rodolphe Blanchet, qui compose un adolescent à la fois con, terrifiant et perdu de haut vol. Renaud-Marie Leblanc et toute son équipe font à l’auteur le plus bel enfant qui soit : un enfant dérangeant. Ils ne nous laissent aucun répit et nous sortons du spectacle essorés et pantelants. Vivement l’année prochaine ! VINCENT CAMBIER RUE DU THÉÂTRE, WWW.RUEDUTHEATRE.FR DOSSIER PÉDAGOGIQUE Lars Norén 10/05/2006 page 22 Ressources liées aux thèmes de Froid Un dossier documentaire (120 pages) a été réalisé par Didascalies and Co à destination des enseignants qui souhaitent engager un travail autour des thèmes contenus dans Froid. Il est disponible par mail sur simple demande auprès de Didascalies and Co [email protected] En voici la table des matières. 1. Origine de l’écriture 2. Origine du projet 3. Eléments de structuration 4. Thématiques et pistes de réflexion 4.1. Proposition d’action faite pour le catalogue Saison 13 4.2. Les idéologies d’extrême droite, les décrypter, les comprendre pour les combattre 4.2.1. Lexique de quelques symboles racistes: 4.2.2. Les grandes caractéristiques de l’extrême droite – 27 thèmes. 4.2.3. Comment lutter contre l’extrême droite : 4.2.5. Jurisprudence en faveur du combat contre l’extrême droite 4.2.6. Combattre l’extrême droite, autrement 4.2.7. Chacun dans sa forteresse 4.2.9. Eléments d’histoire 4.2.10. L'Holocauste : l'extermination des Juifs pendant la guerre 4.2.11. La notion de "Juifs" 4.3. La violence 4.3.1. Chronologie de la révolte urbaine en France depuis le 27 octobre 4.3.2. La violence à l’école en France : état de la question et politiques publiques. 4.3.2.1. Préliminaires : du chahut à la dérégulation. 4.3.2.2. La violence de l’école et les violences légitimes. 4.3.2.3. Les années 75 : nouveau souci pour la sécurité. 4.3.2.4. Fantasme, tabou ou problème pédagogique? 4.3.2.5. Médiatisation et politiques publiques. 4.3.2.6. Recherches empiriques et débats théoriques. 4.3.2.7. Conclusion : 4.3.3. Lutter contre la Violence à l'Ecole : Etat des lieux de la situation Suédoise 4.3.4. Dossier: violence à l'école 4.4. Le racisme sous toutes ses formes 4.4.1. Quelques repères pour contrer le racisme 4.4.2. Des modèles d’éducation anti-raciste 4.4.3. Apprendre à vivre ensemble 4.4.4. Le racisme et le droit international des droits de l’homme 4.4.5. Quelques termes structurants 4.4.6. Évolution des lois anti-racistes 4.5. Le phénomène de « bande » 4.5.1. La médiatisation des « violences raciales » > DOSSIER PÉDAGOGIQUE Lars Norén 10/05/2006 page 23 4.5.2. L'autorité virile dans les bandes, d'hier à aujourd'hui 4.5.3. Thomas Sauvadet, doctorant en sociologie à l’université de Paris VIII. 4.5.4. Marwan Mohammed, chercheur-doctorant au Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales (Cesdip). Il achève une thèse de sociologie sur les bandes de jeunes. 4.6. Education 4.6.1. L’école et l’éducation aux droits de l’homme : six propositions pour débattre et agir. 4.6.2. Le racisme à l’école 4.6.3. Quatre formes de discrimination ethnique dans l’enseignement 4.7. Un exemple belge DOSSIER PÉDAGOGIQUE Lars Norén 10/05/2006 page 24 Ressources du réseau SCEREN [CNDP-CRDP-CDDP] Le CRDP d’Aix-Marseille fait partie du réseau Scéren [Services Culture Editions Ressources pour l’Education Nationale] qui produit et met à disposition des enseignants et des personnels de la culture de nombreuses ressources liées au théâtre : ouvrages, DVD, cédéroms, etc. Ces ressources sont disponibles pour la consultation ou la vente à la librairie et à la médiathèque du CDDP 13, situé au : CRDP d’Aix-Marseille 31 boulevard d’Athènes, 13001 Marseille [Métro Gare Saint Charles] T. : 04 91 14 13 12 Horaires: lundi après-midi : 14 h - 17h30 / du mardi au vendredi : 9h30 - 17h30 Consultez l’ensemble de ces ressources sur www.crdp-aix-marseille (rubrique Ressources pédagogiques) ou sur www.artsculture.education.fr SUR LES THÈMES DE FROID À propos de... Elephant. Monticelli Raphaël, Simerey Jean-Luc. Conçu et réalisé par une équipe pluridisciplinaire d’enseignants, de partenaires culturels, de critiques spécialisés, produit et distribué par le ministère de l’Education nationale et le CRDP de l’académie de Nice, ce cédérom propose : des éléments d’information sur l’auteur et sur le film, un découpage séquentiel, une interview exclusive de Gus Van Sant, des fiches thématiques sur les grandes problématiques du film et des prolongements pédagogiques : pistes de recherche artistique et culturelle, pistes d’exercices pratiques, un lexique, un ensemble biblio/filmo/webographique. Ce cédérom renvoie fréquemment à des images, des plans, des séquences et comprend la bande annonce du film. Il a pour objectif d’accompagner les enseignants et les élèves dans une lecture approfondie et apaisée de ce film qui d’abord bouleverse, puis questionne notre vie, notre temps, notre monde. CRDP de l'académie de Nice, 2003 (Cédérom) A propos de… Booling for Columbine. Breton Eric, Simerey Jean-Luc Ce cédérom a été conçu à propos du film «Bowling for Columbine» du cinéaste américain Michael Moore, prix Éducation nationale du Festival de Cannes 2002, César du meilleur film étranger en 2003 et nominé à sept reprises pour les Oscars 2003. Il propose une interview de Michael Moore (en V.O. et V.F.), réalisée au moment du festival de Cannes, et trois extraits du film. En outre, un ensemble de fiches présente différentes lectures et propositions d'exploitation pédagogique. Réalisées par des professeurs des disciplines concernées ou par des spécialistes des domaines culturels de référence, elles sont lisibles à l’écran mais aussi imprimables. Enfin, une sélection d'articles de presse permet une approche critique du film. CRDP de l'académie de Nice, 2003 (Cédérom) > DOSSIER PÉDAGOGIQUE Lars Norén 10/05/2006 page 25 Guide républicain : l'idée républicaine aujourd'hui Un abécédaire des mots de la République rédigé par des intellectuels et une anthologie de 88 textes avec des voix d’hier, des questions et des débats, des récits, des poèmes et des chansons. Ce guide est un outil de lutte contre le racisme, l’antisémitisme et les dérives communautaristes, pour que vive l’idée républicaine aujourd’hui. Paris : CNDP, 2004 / Paris : Delagrave édition, 2004 Violence scolaire: comprendre, agir. Guedj Claude. CRDP du Languedoc-Roussillon, 2004. (DVD vidéo, DVDrom et livret) Droits de l'homme, 1948-1988, regards d'ados. Maltraitance des enfants. Droit d'asile. Racisme. Présomption d'innocence. Inégalité des salaires. Paris : CNDP, 2001 / Achille production, 2001 L'École contre la violence. Silence la violence ! Obin Jean-Pierre. Béguin Yann, Bocquet Roland, Girardet Sylvie, Rosado Puig, Tasso Pierre. CRDP de l'académie de Lyon, 2003 Paris : CNDP, 2002 / M6, 2002 / CNDP, 2002 DOSSIER PÉDAGOGIQUE Lars Norén 10/05/2006 page 26 Sur le théâtre, pour les enseignants et les professionnels de la culture Parmi bien d’autres, citons… Collection « Théâtre aujourd'hui » Cette collection s'adresse essentiellement au public des classes et des options théâtre. Chaque titre propose des documents iconographiques et sonores, des textes critiques, des commentaires de spécialistes qui permettent de travailler en classe sur les sujets abordés. Parmi les titres parus : L'ère de la mise en scène, Le cirque contemporain, Shakespeare, la scène et ses miroirs, Dire et représenter la tragédie classique, Michel Vinaver, L'univers scénique de Samuel Beckett, etc. Collection « De Godot à Zucco : Anthologie des auteurs dramatiques de langue française 1950-2000 » Des ouvrages de référence mettant en perspective les auteurs contemporains et répondant à des préoccupations pédagogiques actuelles sur l'écriture dramatique. Collection « Baccalauréat théâtre » Volume 1 - continuité et renouvellements Volume 2 - récits de la vie : le moi et l'intime Volume 3 - le bruit du monde Collection « Baccalauréat théâtre » Platonov. Anton Tchekhov Hernani. Victor Hugo Le Théâtre du Soleil. Des traditions orientales à la modernité occidentale Collection « Théâtre aujourd'hui vidéo » Collection de films réalisés en coproduction avec des chaînes de télévision. Elle comprend des captations et des films à partir de mises en scène contemporaines, ainsi que des documentaires sur une thématique ou sur une personnalité importante du théâtre et de son histoire. Les enseignants et leurs partenaires trouveront des documents de référence pour faire entrer les élèves dans une culture vivante des arts de la scène. TDC, n° 897, 1er juin 2005, l'art du comédien Le théâtre, dans ses formes les plus gestuelles ou les plus improvisées, peut parfois faire l'économie d'un auteur ; il ne saurait en revanche se passer de l'acteur, même si le rôle croissant des metteurs en scène et scénographes a pu un temps sembler le reléguer au second plan. Le jeu dramatique demeure l'essence même de la création théâtrale, et leur histoire parallèle révèle une triple évolution : du statut social du comédien, de la définition de sa fonction et de la conception de son interprétation. Théâtre-éducation : un mode d'emploi (rencontres régionales ANRAT 2005) Comment mieux informer, analyser, mettre en perspectives, s’enrichir d’idées, d’expériences sur la transmission du théâtre à l’école ? Réunis sur un même support, les huit comptes rendus d’ateliers et colloques des rencontres régionales proposent des réflexions > et des réponses. DOSSIER PÉDAGOGIQUE Lars Norén 10/05/2006 page 27 L'ère de la mise en scène CNDP 2002 Neuf versions comparées de « Tartuffe » de Molière, une analyse du devenir scénique de « La Cerisaie » de Tchekhov et dix-huit portraits croisés de metteurs en scène dessinent une histoire passionnante de la mise en scène en France et en Europe. Coups de théâtre en classe entière 63 fiches pratiques pour aborder le texte et le jeu théâtral dans le cadre de la classe entière, au collège et au lycée. Les auteurs montrent qu'il est possible, avec une classe complète de diversifier les modes d'approche du théâtre pour construire des savoirs et savourer des plaisirs de qualité. Sortir au théâtre à l'école primaire Cet ouvrage prropose de nombreuses pistes de travail qui donnent un sens à la démarche du jeune spectateur, organisent la constitution d'une mémoire sensible et encadrent les pratiques artistiques dont la sortie au théâtre suscite l'envie. Ô théâtre ! CNDP / Autrement junior série Arts 2002 Le théâtre est un art vivant, à la croisée de nombreuses disciplines artistiques. Mais d'où vient cet art de la représentation, qui rend une histoire réelle, visible, à travers la présence vivante des acteurs ? Pourquoi des hommes jouent-ils devant d'autres hommes ? Que nous dit le théâtre ? Pourquoi... Théâtre contemporain et jeune public CNDP 2003 L’étude de la pièce « En Lettres rouges », objet d’un spectacle itinérant en collège, permet de dresser un état du répertoire théâtral contemporain, de donner des pistes de travail pour la classe et de faire une approche théorique de la mise en scène qu’enrichit une réflexion du metteur en scène. TDC, n° 837, 1er juin 2002 : La scénographie Au-delà de la simple création du décor, la scénographie n'a cessé de prendre de l'importance tout au long de l'histoire du théâtre, englobant aujourd'hui l'organisation de l'espace scénique, l'agencement de la salle, voire l'architecture du bâtiment lui-même. DOSSIER PÉDAGOGIQUE Lars Norén 10/05/2006 page 28 A NOTER ÉGALEMENT, EN LIGNE : Brochure “Apprendre sans violence” http://eduscol.education.fr/D0093/acc_violence.htm Dossier : lutte contre la violence à l’Ecole Disponible sur http://www.education.gouv.fr/prevention/violence/default.htm Violence : de l’émotion au geste plastique : http://crdp.ac-besancon.fr/cddp25/violence/index.htm Campagne de l’Education Nationale sur le respect http://www.education.gouv.fr/dossier/respect/default.htm Dossier « Laïcité & valeurs républicaines » http://www.education.gouv.fr/dossier/laicite/default.htm Dix mesures pour lutter contre le racisme, l’antisémitisme et les dérives communautaristes http://www.education.gouv.fr/prevention/violence/racisme.htm Centre Culturel Suédois http://www.si.se La Suède et les Suédois http://www.sweden.se DOSSIER PÉDAGOGIQUE RÉALISÉ PAR: Théâtre National de Marseille La Criée Patrick Wante, chargé des relations publiques, Théâtre National de Marseille La Criée L’équipe de communication du Théâtre National de Marseille La Criée Rectorat d’Aix-Marseille Christophe Roque, chargé de mission Théâtre, Rectorat d’Aix-Marseille Scéren – Centre Régional de Documentation Pédagogique d’Aix-Marseille Eric Rostand, chargé de mission Culture Clotilde Chauvin, enseignant-documentaliste Didascalies and Co Laurence Valentin Luzy, administratrice DOSSIER PÉDAGOGIQUE Lars Norén 10/05/2006 page 29