Comment améliorer mon médecin ? Le patient efficace

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COMMENT AMÉLIORER
MON MÉDECIN?
Le patient efficace
Bruno Fortin et Dr Serge Goulet
Comment améliorer
mon médecin?
Bruno Fortin, M.A. Ps
Serge Goulet, M.D.
Comment améliorer
mon médecin?
Le patient efficace
Mise en pages : Bruno Lamoureux
Conception de la couverture : Gianni Caccia
Illustration de la couverture : © Philippe Beha
Photos des auteurs : © Nancy Pelletier/UMF
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec
et Bibliothèque et Archives Canada
Fortin, Bruno
Comment améliorer mon médecin ? : le patient efficace
ISBN 978-2-7621-3122-2 [édition imprimée]
ISBN 978-2-7621-3327-1 [édition numérique PDF]
ISBN 978-2-7621-3348-6 [édition numérique ePub]
1. Relations médecin-patient. 2. Patients – Coopération.
4. Médecine – Pratique. I. Goulet, Serge. II. Titre.
R727.3.F67 2012
610.69’6
3. Coopération médicale.
C2011-942912-8
Dépôt légal : 1er trimestre 2012
Bibliothèque et Archives nationales du Québec
© Groupe Fides inc., 2012
La maison d’édition reconnaît l’aide financière du Gouvernement du Canada
par l’entremise du Fonds du livre du Canada pour ses activités d’édition.
La maison d’édition remercie de leur soutien financier le Conseil des Arts du
Canada et la Société de développement des entreprises culturelles du Québec
(SODEC). La maison d’édition bénéficie du Programme de crédit d’impôt
pour l’édition de livres du Gouvernement du Québec, géré par la SODEC.
IMPRIMÉ AU CANADA EN FÉVRIER
2012
Introduction
T
ANTÔT IDÉALISÉ ,
tantôt critiqué, le médecin occupe
une place importante dans notre société. On le
réclame lorsqu’on en manque, on lui attribue tous les
torts lorsque les coûts du système de santé augmentent.
On recherche son opinion professionnelle, mais on lui
reproche d’avoir un point de vue… médical !
En ces temps de traitements « alternatifs », certains
rejettent ce qu’ils considèrent — à tort — comme étant le
point de vue médical, alors qu’ils parlent plutôt du point
de vue scientifique. Mais la médecine est aussi un art. Et
le médecin apprend chaque jour de ses patients. Il n’est
pas la machine impassible que certains imaginent : il est
également soucieux de trouver ce qu’il considère comme
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étant le meilleur traitement des maladies. Il devra faire sa
synthèse personnelle, souvent avec la minutie propre au
perfectionnisme qu’on retrouve trop souvent présent chez
ceux qui pratiquent cette profession.
Ce n’est pas une machine, mais ce n’est pas non plus
un ami toujours disponible, toujours d’accord avec vous
et toujours prêt à faire tout ce que vous désirez. Un tel ami
ne serait d’ailleurs pas un véritable ami. Le médecin est
un professionnel qui sera à votre service dans la mesure
de ses connaissances et dans la mesure où vous êtes prêt
à faire votre part.
C’est à titre de médecin œuvrant au Québec depuis
plus de 35 ans que le docteur Serge Goulet s’exprime ici.
Après de longues années passées auprès de ses patients
dans son cabinet, il se consacre depuis 2006 à l’enseignement universitaire au sein de l’Unité de médecine
familiale de l’Hôpital Charles LeMoyne. Il y forme les
résidents de l’Université de Sherbrooke.
Bruno Fortin se joint à lui en tant que psychologue
œuvrant en milieu hospitalier depuis plus de 30 ans.
Chargé de cours à l’Université du Québec en Abitibi6
Témiscamingue de 1981 à 1987, puis à l’Université de Montréal depuis 1991, il est l’auteur ou le coauteur de quatorze
livres publiés aux éditions Fides, aux éditions du Méridien et aux éditions CPF. Il travaille lui aussi à l’Unité de
médecine familiale de l’Hôpital Charles LeMoyne, comme
psychologue enseignant, auprès des mêmes résidents.
Tous les deux ont maintes fois été amenés à observer
un important malentendu dans leur relation avec certains
de leurs patients.
Jérémy n’avoue que la moitié de sa consommation d’alcool.
Jade cache à son médecin sa décision de ne pas prendre les médicaments qu’il lui a prescrits. Zachary est profondément insulté
par les retards de son médecin et les diagnostics qu’il lui annonce,
mais il n’en parle pas. Thomas prend les médicaments de sa mère
et Coralie magasine les médecins en secret.
Il convient manifestement de s’interroger sur certains
types de comportements. Et de se demander pourquoi des
patients qui connaissent leur médecin depuis des années
lui cachent certains de leurs secrets pourtant essentiels
à la compréhension de leur situation et au choix du traitement idéal pour leur problème. Ou encore pourquoi
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d’autres entretiennent une certaine ambiguïté dans la
relation médecin-patient.
Annabelle se maquille minutieusement, choisit ses vêtements
avec soin et tente de socialiser avec son médecin dans l’espoir
secret de le séduire et d’obtenir une relation privilégiée avec lui.
Maélie cherche à parler longuement de ce qui est secondaire pour
charmer, voire séduire son médecin ou essayer de s’en faire un ami.
Ne vaudrait-il pas mieux utiliser cette rencontre avec
un professionnel de la médecine pour obtenir l’aide dont
on a besoin ? Pourquoi tant de patients oublient-ils de
fournir l’information indispensable à la poursuite de
leur traitement ? Et pourquoi négligent-ils de suivre les
conseils auxquels ils adhéraient pourtant sans réserve
lors de leur dernière rencontre avec le médecin ?
Les êtres humains sont complexes et la relation médecin-patient l’est aussi. Lieu de parole privilégié, le cabinet
médical peut également devenir le lieu d’attentes déçues
et d’angoisses émergentes.
Ce livre portera donc sur une relation de collaboration
qui n’a pas toujours été associée à la pratique de la médecine. Les médecins de la première moitié du XXe siècle
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étaient en effet plutôt fiers de leur attitude paternaliste
et parfois autoritaire. Leur influence et leur pouvoir rappelaient ceux des curés d’une époque révolue. Encore
aujourd’hui, on trouve une attitude semblable chez bien
des médecins d’autres pays : ils ordonnent à leurs patients
de faire ce qu’ils leur disent ou de ne plus se présenter.
Cette attitude se manifeste souvent au cours de la formation de résidents venant de pays où, lorsqu’un médecin demande au patient de choisir ce qu’il préfère parmi
différents traitements, il se fait répondre : « Mais c’est à
toi de choisir ! C’est toi le médecin ! Tu es payé pour cela ! »
La collaboration médecin-patient n’est pas une évidence
pour tous. Il est difficile d’établir une relation de collaboration lorsqu’on est habitué à avoir une relation autoritaire. Au Québec, par contre, la plupart des médecins
ont appris à travailler en interdisciplinarité, dans une
relation de collaboration avec les autres professionnels
ainsi qu’avec le patient et sa famille.
Le défi d’établir une relation satisfaisante avec son
médecin ne date pas d’hier. En 1952, le docteur Gumpert
suggérait ces 10 commandements aux patients.
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1.
Choisissez votre docteur soigneusement.
2.
Ne l’abandonnez pas si vous en êtes satisfait.
3.
Posez-lui des questions.
4.
Suivez ses prescriptions.
5.
Ne trichez pas avec lui.
6.
Ne vous attendez pas à de la sorcellerie.
7.
Voyez-le pendant que vous êtes en santé.
8.
Assistez-le comme un partenaire.
9.
Conservez votre propre fichier de santé.
10. Respectez son temps et son travail.
Étonnamment, malgré l’évolution de la médecine, plusieurs conseils de ce médecin sont toujours pertinents. En
résumé, le patient aura à faire sa part, toute sa part et rien
que sa part, en exprimant clairement ses perceptions, ses
symptômes, ses pensées, ses idées, ses suggestions et ses
préférences.
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Aide-mémoire
▶ Votre médecin est un être humain.
▶ Votre relation est une relation professionnelle
complexe.
▶ Il sera plus efficace si vous lui demandez ce qu’il peut
faire.
▶ Il sera plus efficace si vous lui donnez l’heure juste.
▶ Vous pouvez faire votre part en communiquant de
façon efficace.
▶ Votre relation se consolidera avec le temps par des ren-
contres régulières, même lorsque vous vous considérez
en santé.
Qui est votre
médecin?
O
N COMPREND
facilement que ne devient pas méde-
cin qui veut. La profession requiert diverses qua-
lités et aptitudes. Il devra être capable de mémoriser et
de synthétiser une somme impressionnante d’informations. Il devra être capable de se concentrer dans le chaos
et de prendre des décisions malgré la présence inévitable
d’ambiguïtés et d’incertitudes ; des décisions importantes
qui, en situation d’urgence, peuvent devenir une question
de vie ou de mort.
Il devra vivre avec des patients chroniquement insatisfaits qui exigent un accès instantané à ses services et
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qui souhaitent, une fois assis dans son bureau, obtenir
une entrevue d’une durée illimitée. Le médecin qui limite
sa pratique pour avoir une vie personnelle est critiqué.
Le médecin qui se laisse envahir par le travail et fait des
heures déraisonnables risque de se brûler à la tâche. Les
besoins sont illimités. Les ressources ne le sont pas.
Ce n’est ni prétentieux ni arrogant d’affirmer que n’importe qui ne peut devenir médecin. C’est reconnaître la
complexité de la tâche. Cela n’enlève rien à la pertinence
d’exercer ses talents avec humilité, au service d’autrui
et ne minimise nullement les qualités de ceux qui choisissent d’autres professions.
Les gens qui deviennent médecins ont en commun
certains traits1. Ils sont souvent perfectionnistes, parfois
excessivement dévoués au travail (quitte à négliger leurs
relations et leurs loisirs), peu capables de déléguer, entêtés, rigides, rongés par le doute, le sentiment de culpabilité
et ont un sens exagéré des responsabilités. Naturellement,
il y a des degrés d’intensité pour chacune de ces caractéristiques. Votre médecin choisira d’ailleurs de garder ces
1. Myers et Gabbard (2008).
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traits de personnalité pour lui-même. Vous n’êtes pas son
confident. Il s’agit de traits globaux et, naturellement, il
faut souhaiter que votre médecin n’en soit pas porteur à
l’excès. Mais il existe toute une documentation appuyant
cette vision des choses.
Le chanteur Luc De Larochellière a écrit, dans sa touchante chanson Si fragile, « Sitôt on se pense un dieu, Sitôt on
reçoit une croix », ce qui décrit bien le prix à payer pour un
sens des responsabilités excessif. Se croire tout-puissant
implique que chaque échec est une défaillance impardonnable. Le médecin qui intégrerait l’image idéalisée qu’on
véhicule de lui serait condamné à bien des tourments.
Heureusement, une façon plus nuancée de concevoir ce
qu’implique cette profession permet d’éviter l’épuisement
professionnel et rend ainsi la profession accessible à des
êtres humains imparfaits, même s’ils sont exceptionnels.
Votre médecin a choisi une profession où il côtoie quotidiennement la maladie et la mort, où il est confronté à
répétition aux limites de la médecine moderne et au sentiment d’impuissance qui s’ensuit.
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En lisant cette description, vous vous demandez peutêtre pourquoi vous devriez vous soucier des problèmes
de votre médecin. Qu’est-ce que cela peut bien vous faire
d’apprendre qu’il souffre parfois ? Mais si vous souhaitez
vraiment améliorer votre médecin, il est préférable que
vous compreniez ce qu’il vit. Cela vous aidera à vous faire
une opinion plus réaliste à son sujet et à faire preuve de
compassion lorsque vous lui adresserez des demandes de
changement.
Avant de rencontrer Lucas, qui souffre d’une grippe pénible,
le docteur Tremblay a dû apprendre à Arianne qu’elle avait un
cancer envahissant qui bouleverserait son existence et réduirait son espérance de vie de façon radicale, il a dû annoncer à
Alphonse qu’il lui enlevait son permis de conduire parce que ses
réflexes ralentis le rendaient dangereux sur la route et il a dû offrir
son soutien à Léa qui, en apprenant qu’elle avait une maladie
transmise sexuellement, apprenait en même temps que son mari
avait été infidèle et qu’il lui mentait. Toutes ces personnes ont été
submergées par des émotions intenses de tristesse, d’anxiété et de
colère qu’il n’est pas facile de gérer.
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Il ne faut pas se fier à l’image romancée que les émissions de télévision présentent du monde médical. Votre
médecin n’a pas passé sa période de résidence à courir
les placards pour faire l’amour avec les autres membres
du personnel. Il s’est plutôt concentré sur des heures
d’études pas trop « télégéniques », aspect souvent négligé
dans la mise en scène romancée qu’en font les médias.
Votre médecin a consacré plusieurs années de sa vie
à l’étude de la médecine. Il en connaît les forces et les
limites. Aussi ouvert soit-il aux approches « alternatives » qui se présentent tantôt comme millénaires, tantôt
comme avant-gardistes, revendiquant un savoir qui irait
bien au-delà de ce que la médecine peut offrir, votre médecin présume que, si vous venez le consulter, c’est que vous
accordez de l’importance au point de vue médical.
Luc remet régulièrement à son médecin des photocopies
d’articles du Sélection du Reader’s Digest. Quant à Lise, elle
imprime plutôt des pages et des pages de documents puisés dans
Internet. Ni l’un ni l’autre ne se rend compte que les ouvrages
de vulgarisation qu’ils apprécient tellement ne s’adressent pas à
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un médecin qui a ses propres sources de formation continue. Ils
n’amélioreront pas leur médecin de cette façon.
Votre mécanicien ne s’attend pas à ce que vous lui
posiez des questions sur la rénovation de votre maison.
Votre épicier ne s’attend pas à ce que vous lui posiez des
questions sur la mécanique automobile. Votre médecin
ne s’attend pas à ce que vous lui posiez des questions qui
n’ont aucun rapport avec le domaine de la médecine.
Votre médecin vous aidera à ne pas paniquer devant
les rumeurs incessantes au sujet d’épidémies, de vaccins et de soi-disant complots menés par des compagnies
pharmaceutiques pour prendre le contrôle de l’univers.
Mais il présuppose que vous savez déjà qu’il aura un point
de vue médical et que vous n’êtes pas là pour le convertir
à vos croyances et à vos valeurs. Il vous présentera l’état
actuel des connaissances… et des ignorances… au sujet du
problème pour lequel vous venez le consulter.
18
COMMENT AMÉLIORER Vous est-il déjà arrivé d’avoir la sensation
MON MÉDECIN? d’être incompris par votre médecin ? De sor-
Le patient efficace tir frustré de cet entretien si difficile à obtenir ? Nous souhaitons vous permettre d’être mieux compris pour être
mieux soigné. Ce livre aidera à mieux connaître le mode de la pensée
médicale, à faire votre part pour tirer le maximum de vos rencontres
tout en aidant votre médecin à vous donner le meilleur de lui-même.
Des attentes plus réalistes vous éviteront déceptions et frustrations.
Vous trouverez dans ce livre matière à alimenter vos réflexions sur
ce qu’est un bon patient, un bon médecin et une bonne relation de
collaboration entre les deux. Les auteurs vous présentent des suggestions pour vous préparer à une consultation, pour y collaborer efficacement et pour bien utiliser l’information reçue par la suite. Vous y
découvrirez également des stratégies pour améliorer l’efficacité de votre
médecin en prenant soin de vous et en exerçant votre zone de pouvoir.
Dévoué médecin de famille depuis plus de 30 ans, le Dr Serge
Goulet se consacre depuis 2006 à l’enseignement universitaire
au sein de l’Unité de médecine familiale de l’Hôpital CharlesLe Moyne. Il y forme les futurs médecins de famille de l’Université
de Sherbrooke.
Psychologue œuvrant en milieu hospitalier depuis plus de 30 ans,
Bruno Fortin est auteur et coauteur d’une douzaine de livres.
Chargé de cours à l’Université de Montréal depuis 1991, il travaille
présentement comme psychologue enseignant à l’Unité de
médecine familiale de l’Hôpital Charles-Le Moyne.
isbn 978-2-7621-3327-1
19,95 $
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