De la fée électricité à la mobilité durable… La situation énergétique du Québec et son rapport de dépendance avec le pétrole, qui représente une ponction de 15 milliards de dollars annuellement, surtout pour le transport, imposeront des choix de société colossaux pour le maintien de notre niveau de développement. Avec, en corollaire, la responsabilité de maintenir notre qualité de vie sans altérer la capacité des générations futures à assurer leur bien être collectif. Si ces choix de société se doivent d’être transcendés par les politiques publiques d’aujourd’hui, le principal défi, vaste, réside dans leur intégration pour réaliser une vision de ce que sera demain. Parlant d’intégration, prenons l’exemple de nos politiques en matière d’énergie, de transports et de développement industrielle. Parce que le Québec a tout ce qu’il faut de potentiel et de forces en présence, il incombe aux décideurs de faire converger ces principaux vecteurs de développement vers la création de richesse. Or, le pétrole représente notre premier produit d’importation. L’auto le suit en deuxième position, toutefois largement derrière. Le verdict est sans appel : notre principal vecteur d’enrichissement collectif résidera dans notre capacité à utiliser l’énergie à bon escient, que ce soit pour nos procédés industriels ou pour la mobilité des hommes et des biens. Face à notre dépendance extérieure et aux écueils liés à la déplétion des ressources traditionnelles de pétrole, force est de constater que notre salut collectif passera par une intervention musclée du gouvernement pour changer la donne. Pensons localement aux enjeux inhérents à l’occupation du territoire, à l’aménagement urbain et au rapprochement des régions. Pensons globalement à l’accroissement de la demande des pays du Brésil, de la Russie, de l'Inde et la Chine (BRIC) dans un contexte de rareté des ressources et à la nécessaire réduction de notre empreinte écologique. En matière de transport des hommes et des biens, on réalise que cette vision de l’avenir proche nécessite d’embrasser tous ces enjeux, en empruntant le chemin de la mobilité durable. Les économies qui manqueront ce virage iront droit dans le mur dont la dernière crise nous a dessiné les contours… ainsi que les deux chocs pétroliers avant elle. Le Québec, lui, a tout en main pour métamorphoser ses menaces en opportunités d’enrichissement et de mieux être collectif, avec ce que cela sous-tend de développement technologique, économique et industriel ainsi que de modernisation de nos infrastructures. C’est ce dont font état deux études publiées récemment par le Réseau des ingénieurs du Québec (RéseauIQ) et l’Institut de recherche en économie contemporaine (IREC). S’appuyant sur le portefeuille technologique québécois et sur l’avantage que nous confère l’hydroélectricité, le RéseauIQ s’exprime en faveur de la mise en œuvre d’une stratégie québécoise de la mobilité durable soutenant deux axes éminemment stratégiques. Convaincu que le niveau d’intervention du gouvernement doit augmenter, il met de l’avant plusieurs recommandations visant à réduire l’empreinte carbone et la dépendance au pétrole du transport d’une part, et soutenir l’industrie québécoise des véhicules à motorisation électrique d’autre part. L’IREC propose de faire de la réorganisation des infrastructures de transport, la pierre angulaire d’une stratégie d’indépendance énergétique, s’appuyant tout aussi bien sur la nature de l’économie québécoise, que sur les priorités à servir pour en accroître la cohérence, en structurant notre espace économique par un réseau de transport collectif électrifié. Les chercheurs de l’IREC ont évalué qu’ensemble, ces projets représentent un potentiel de retombées économiques directes et indirectes s’élevant à la création de près de 140 000 emplois et à une valeur ajoutée totale de 11,9 G$ ! Alors, qu’attends le Québec pour se lancer dans une grande corvée transport ? Un projet qui se veut rassembleur, fort des avantages du sol québécois et de ses cerveaux ! C’est ce dont il sera question à l’occasion d’un colloque qui se tiendra le 20 janvier prochain, organisé conjointement par le RéseauIQ, l’IREC et les sections locales 957, 1500 2000 et 4250 du Syndicat canadien de la fonction publique (FTQ) à l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec (ITHQ) .