INSTITUT D'ETUDES POLITIQUES DE TOULOUSE Constantin LOPEZ La modernisation du capitalisme équatorien, Transformation de la matrice productive et dépendance dans l'Équateur de la Révolution Citoyenne (2007-2014) Mémoire du parcours “Développement économique et coopération internationale” Année universitaire 2013-2014 Sous la direction de Rémy HERRERA et Pablo OSPINA PERRALTA 1 2 INSTITUT D'ETUDES POLITIQUES DE TOULOUSE Constantin LOPEZ La modernisation du capitalisme équatorien, Transformation de la matrice productive et dépendance dans l'Équateur de la Révolution Citoyenne (2007-2014) Mémoire du parcours “Développement économique et coopération internationale” Année universitaire 2013-2014 Sous la direction de Rémy HERRERA et Pablo OSPINA PERRALTA 3 REMERCIEMENTS Je tiens à remercier pour leur soutien tout au long de ce travail : – Rémy Herrera, pour avoir accepté d'encadrer mon mémoire et pour m'avoir aidé à trouver un séjour d'étude en Equateur – Pablo Ospina, pour son patient travail de suivi, de relecture, de critique et pour ses conseils avisés pendant les quatre mois passés à l'Université Andine Simon Bolivar de Quito – L'ensemble des personnes qui ont accepté de s'entretenir avec moi dans le cadre de mes recherches afin de répondre à mes questions ou de me communiquer leurs analyses personnelles – L'Université Andine Simon Bolivar pour m'avoir accueilli en son sein, ainsi que ses personnels administratifs – Ma mère et Guy Chazoule pour leur aide et leur attention portée à la réussite de ce projet – Les enseignants et les personnels de l'Institut d'Etudes Politiques de Toulouse pour leurs efforts quotidiens qui m'ont permis pendant cinq ans de suivre une formation passionnante dans des conditions de plus en plus difficiles. 1 LISTE DES SIGLES ALB Association des industriels de l'électroménager d'Equateur ALBA Alliance bolivarienne pour les Amériques AP Alianza País BIESS Banque de l'Institut Equatorien de Sécurité Sociale CEPAL Commission Economique Pour l'Amérique Latine COPCI Code Organique de la Production, du Commerce et des Investissements COMEX Comité de Commerce Extérieur FEIREP Fonds de Stabilisation, Investissement Social et Productif et Réduction de l'Endettement Public GQRC Guayaquil and Quito Railway Company IDE Investissement Direct à l'Etranger IESS Institut Equatorien de Sécurité Sociale ILPES Institut Latino-américain de Planification Economique et Sociale INEC Institut National de Statistiques et Recensements LOEP Loi Organique des Entreprises Publiques LOREYFT La Loi Organique de Responsabilité, Stabilisation et Transparence Fiscale OCP Oléoduc de Cru Lourd OPEP Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole PNBV Plan National pour le Bien Vivre PSC Parti Social-Chrétien PSP Parti Société Patriotique SENPLADES Secrétariat national à la planification et au développement économique et social SHE Secrétariat des Hydrocarbures SRI Servicio de Rentas Internas (équivalent du trésor public) 2 AVANT-PROPOS L'évolution politique du continent latino-américain à partir de la première décennie du XIXième siècle fait couler beaucoup d'encre et constitue un terrain d'étude passionnant mais également particulièrement clivant. Les études, et plus largement l'ensemble des discours portant sur ces processus mettent à jour de profondes fractures qui transcendent largement les frontières de cette région. On trouve ainsi des analyses faisant du projet post-néolibéral des nouveaux régimes progressistes apparus dans le sillage du Venezuela de Hugo Chavez et du socialisme du XXI ième siècle l'étoile polaire du progressisme mondial. On rencontre également, d'autre part, des visions critiques à l'excès, des caricatures poussant le raisonnement par analogie à un niveau stratosphérique de non-sens, allant par exemple jusqu'à assimiler Hugo Chavez à un Hitler des tropiques1. Le sujet est encore brûlant, et cristallise des antagonismes idéologiques – concernant le socialisme, le capitalisme, le néolibéralisme, l'impérialisme – qui font sens également en Europe et en France. Le champ scientifique lui-même n'est pas indemne d'une importante polarisation concernant ces sujets. Avant même le début de mon parcours universitaire j'ai développé un intérêt pour ces thématiques. Ma démarche était guidée par une importante volonté de comprendre et de mettre de l'ordre dans ce capharnaüm d'analyses contradictoires faisant souvent la part belle à l'approximation. L'intérêt pour les nouveaux régimes progressistes latino-américains a de ce fait constitué un important fil d'Ariane de mon parcours académique. Ma mobilité de 3e année à Sciences Po Toulouse s'est effectuée intégralement en Amérique latine. Après un premier semestre à l'Université Nationale de La Plata (Argentine) dédié à l'étude de grands thèmes généraux propres à l'Amérique latine, j'ai effectué un stage à l'Alliance Française de Chiclayo (Pérou). De retour en France, j'ai collaboré, en tant que stagiaire, à la rédaction d'un dictionnaire des Amériques avec l'Institut des Amériques et la maison d'édition Laffont. Mon choix en 4e année de suivre le parcours Développement économique et coopération internationale me permettait d'acquérir une formation générale en matière de développement ; et d'assister à de nombreuses interventions d'économistes, historiens, géographes ou sociologues spécialistes de l'Amérique latine. Parmi les pays associés au Venezuela et à la construction du projet Bolivarien, l'Équateur occupe une place particulière. Moins étudié que son exubérant associé, il suscite également moins 1 Voir par exemple : http://www.thierry-desjardins.fr/2013/03/chavez-un-sous-mussolini-des-tropiques/ http://www.taringa.net/posts/info/17568662/El-chavismo-Maduro-como-fascismo-tropical-bananero.html 3 de controverses ; ce qui n'empêche pas Rafael Correa d'apparaître comme un des chefs de file de la gauche mondiale et de susciter un important élan de sympathie pour ses actions en faveur de la réduction de la pauvreté, de la défense de la nature et pour ses prises de position anti-impérialistes. Le renouvellement théorique et politique post-néolibéral issu de la Révolution Citoyenne possède un fort pouvoir de séduction au sein de la gauche, allant jusqu'à acquérir une dimension mythique pour la gauche de la gauche européenne. En France, le Parti de Gauche fait abondamment référence au Buen Vivir et l'appel à une “Révolution Citoyenne” est un des leitmotivs rhétorique et programmatique du Front de Gauche. Les Assises sur l'éco-socialisme, organisées à Paris en décembre 2012, ont été l'occasion de réaffirmer les points de convergence entre le “bio-socialisme républicain2” équatorien et l'éco-socialisme dont Jean-Luc Mélenchon se fait le héraut. Enfin, en décembre 2013, le Parti de la Gauche Européenne adopte une motion faisant de l'éco-socialisme sa doctrine officielle3. L'objectif de ce travail est en définitive de soulever le voile des discours idéologiques recouvrant la réalité des politiques de développement du régime de la Révolution Citoyenne, et s'inscrit dans une volonté de compréhension globale de l'évolution politique, économique et sociale de ce pays. 2 René Ramirez 3 http://ecosocialisme.com/tag/pge/ 4 SOMMAIRE REMERCIEMENTS..............................................................................................................1 LISTE DES SIGLES..............................................................................................................2 AVANT-PROPOS....................................................................................................................3 SOMMAIRE...........................................................................................................................5 INTRODUCTION..................................................................................................................7 I. De quoi la “transformation de la matrice productive” est-elle le nom ?......................................................................................................................................17 1) Du post-développementisme au retour du refoulé néo-développementiste.....................17 a) Le changement de matrice productive selon la définition institutionnelle officielle.....................................................................................................................17 b) Généalogie et critique du concept de transformation de la matrice productive.........19 c) La transformation de la matrice productive appréhendée à travers sa mise en politiques publiques : une résurgence des politiques d'industrialisation développementistes ?.................................................................................................23 2) Transformation de la matrice productive et développement : nécessité d'une théorie critique du développement latino-américain....................................................................25 a) Procéder à une analyse intégrée du développement en Amérique latine...................26 b) Modèle de reproduction du capital et dépendance : la variante marxiste de la théorie de la dépendance réélaborée selon le dispositif interprétatif de la critique de l'économie politique...................................................................................................30 II. Genèse et évolutions de la dépendance de l'économie équatorienne.....................................35 1) Emergence et crise du modèle agro-exportateur..............................................................35 a) De l'époque coloniale à l'âge d'or du cacao................................................................35 b) Développement du marché intérieur et crise du modèle agro-exportateur.................37 2) Stagnation économique et instabilité politique jusqu'au nouveau modèle industriel.......39 a) Stagnation économique et instabilité politique...........................................................39 b) Quand l'Équateur a la banane.....................................................................................40 c) Industrialisation par substitution des importations et nationalisme pétrolier.............41 3) Le modèle de reproduction du capital dans l'Équateur contemporain..............................43 a) L'État, le marché et la captation de la rente extractive...............................................43 5 b) Résurgence du nationalisme pétrolier.........................................................................44 c) L'État comme nouvel axe d'accumulation d'une économie oligopoliste et monopoliste................................................................................................................50 III. La nouvelle coalition de classes développementiste et la transformation de la matrice productive...............................................................................................................................54 1) L'État, garant des intérêts généraux des classes dominantes............................................55 a) Un réseau de pouvoir complexe.................................................................................55 b) Conflits et arbitrages autour des politiques économiques..........................................61 2) Transformation de la matrice productive et capitaux dominants au sein du régime........67 a) Secteurs priorisés et industries de base dans la transformation productive................67 b) “Bourgeoisie citoyenne” et transformation de la matrice productive........................73 c) Les capitaux de pointe, base matérielle du projet de transformation de la matrice productive...................................................................................................................82 CONCLUSION.....................................................................................................................87 BIBLIOGRAPHIE...............................................................................................................90 LISTE DES ANNEXES........................................................................................................95 ANNEXES.............................................................................................................................96 6 INTRODUCTION Cadre de recherche En Équateur, l'accession à la présidence de Rafael Correa en janvier 2007 s'inscrit dans un processus, visible à l'échelle régionale, de renouvellement politique et institutionnel. L'adoption en 2008 d'une nouvelle constitution donne lieu à la reconnaissance de la plurinationalité de l'État, ouvre de nouveaux espaces de participation politique et fixe pour objectif la construction du “socialisme du XXIième siècle”4. La récupération et la modernisation de l'État, affaibli par des années de politiques inspirées du consensus de Washington, permet de sortir de la “longue et triste nuit néolibérale”5 et de définir de grandes orientations pour les politiques de développement du pays. On assiste à un changement partiel du bloc au pouvoir, avec une plus forte participation des classes moyennes et de secteurs économiques émergents. La Constitution de Montecristi fait sienne une définition ambitieuse du développement : amélioration des conditions de vie de la population, participation politique grâce une “révolution citoyenne”, respect de l'environnement dans une perspective biocentrique ; enfin, prise de distance vis-à-vis de l'augmentation des indicateurs de richesse économique. Cette conception innovante, fusionnant les revendications de mouvements sociaux avec des éléments de la cosmogonie indigène, doit donner naissance à une société du Buen Vivir ou Sumak Kawsay en Quechua, ce qui selon Jean Ortiz pourrait se traduire de façon fidèle en français non par “Bien Vivre” mais par "la vie belle", "la vie bonne" ou "les jours heureux", termes présents dans le programme du Conseil National de la Résistance et reflétant au mieux le sens profond de cette expression 6. Celle-ci constitue selon Eduardo Gudynas une “alternative au développement”7. S'il convient de ne pas sous-estimer le potentiel transformateur d'une telle proposition, il est également important de ne pas tomber dans une forme d'idéalisation qui consisterait à prendre les discours pour des faits, et les théories philosophiques pour des politiques publiques. La marche vers le Buen Vivir ne saurait se payer de mots. Sans base matérielle permettant sa réalisation concrète, celui-ci n'est qu'une utopie circonscrite au monde des idées. L'économie équatorienne est une économie essentiellement exportatrice de matières 4 FAIVRE D’ARCIER FLORES, Hortense. « Espaces, territoires et identité dans la nouvelle Constitution équatorienne », Amerika URL : http://amerika.revues.org/1023 ; DOI : 10.4000/amerika.1023 5 CORREA, Rafael. ECUADOR: DE BANANA REPUBLIC A LA NO REPUBLICA, Random House Mondadori, 2012. 6 http://www.legrandsoir.info/le-concept-andin-de-buen-vivir-et-l-ecosocialisme.html 7 GUDYNAS, Eduardo. “Buen Vivir: Germinando alternativas al développement”. América Latina en movimiento, 462, 1-20 (2011) 7 premières8 – pétrole et matières premières agricoles notamment ; subordonnée aux investissements transnationaux, à la demande des pays développés, et vulnérable aux variations des prix sur les marchés internationaux. En 2000, l'abandon de sa devise nationale, le sucre, au profit du dollar, anéantit toute possibilité de politique monétaire autonome. Cette situation pèse sur la balance commerciale et fait de l'acquisition de devises un besoin incompressible. Or, cette économie dépendante est incompatible avec le Buen Vivir dans la mesure où elle occupe une place dominée au sein de la division internationale du travail, spécialisée dans des activités à faible valeur ajoutée, rendant difficile la production de valeurs d'usage répondant aux besoins de la population et portant atteinte à l'écosystème. Ainsi, la Révolution Citoyenne porte le projet d'une restructuration du tissu productif afin de poser les bases d'un développement endogène prenant en compte les besoins sociaux et garantissant l'équilibre écologique. Ces principes, énoncés dans la Constitution, sont une première fois codifiés et systématisés sous le vocable de “transformation” ou “changement” de “matrice productive” dans le Plan National de Développement intitulé Plan Nacional pour le Buen Vivir (PNBV) 2009-20139. Le Plan National pour le Buen Vivir 2013-201710 reprend et développe des éléments similaires. Des priorités sont identifiées par les pouvoirs publics telles que la hausse du niveau de formation de la population, la valorisation des connaissances autochtones et la réorientation du secteur productif grâce à des investissements dirigés vers des activités industrielles et de service respectueuses de la nature et des besoins humains. En 2010, l'adoption du Code de la Production crée un système d'incitations pour le secteur privé, censé accélérer la transformation productive. Si le volontarisme des discours officiels ne s'est en rien estompé, le président Correa reconnaît lui-même que le modèle d'accumulation équatorien est resté le même ; malgré une amélioration notable du fonctionnement économique en termes d'efficacité et de justice sociale 11. Si le diagnostic est expéditif, il ne se trouve personne pour l'infirmer. Parler de constat d'échec est peut-être encore prématuré au vu de la relative jeunesse du projet. Des avancées sont d'ores et déjà notables en matière énergétique et l'industrie a connu une croissance relativement plus rapide que celle du PIB, ce qui a permis de remplacer certaines importations. Néanmoins, force est de reconnaître que le poids des activités extractives et primo-exportatrices a crû dans le PIB équatorien depuis les débuts de la révolution citoyenne. Le modèle extractiviste, qu'il s'agissait de remplacer, subit en fait un approfondissement. De même, le thème de la démocratisation des moyens de 8 La balance commerciale non-pétrolière de l'Équateur est négative (entre 2 et 3 milliards de dollars de déficit annuel). Parmi ces importations figurent en outre des produits pétroliers manufacturés. 9 http://www.planificacion.gob.ec/plan-nacional-para-el-buen-vivir-2009-2013/ 10 http://www.buenvivir.gob.ec/ 11 Acosta, Alberto. "El correísmo: un nuevo modelo de dominación burguesa." 8 production et de l'accès aux ressources productives, profondément lié à la question de la matrice productive et au modèle d'accumulation, est presque absent de l'agenda institutionnel. S'il est question, au niveau rhétorique, de reconnaître la diversité des régimes de propriété, aucune action volontariste n'est envisagée pour opérer une réelle redistribution des richesses et améliorer l'accès de tous aux ressources productives, dans un pays où l'essentiel de l'économie est contrôlée par de grands groupes oligopolistes ou monopolistes et où les inégalités d'accès à la terre et à l'irrigation sont criantes. Mario Unda qualifie le corréisme de “nouveau modèle de domination bourgeoise”. Ce constat critique est à mettre en rapport avec l'éloignement de mouvements sociaux, d'organisations et de nombreux acteurs politiques – engagés ou élus, du régime. Ceux-ci lui reprochent essentiellement sa trahison des principes constitutionnels et son autoritarisme : refus de la critique, criminalisation des mouvements sociaux, affaiblissement des organisations autonomes de la gauche par la cooptation de leaders populaires. La concentration notable des pouvoirs au sein de l'exécutif a donné naissance à un régime présidentialiste “caudilliste” appuyé sur la personnalité charismatique de Rafael Correa. Les orientations successives prises par la politique de transformation de la matrice productive reflètent cette situation. Celle-ci apparaît alors comme indéfinie, labile, inassurée, évolutive. Ces contradictions peuvent être interprétées de différentes manières. Elles peuvent refléter des luttes politiques qui ont lieu entre différents groupes socio-économiques, c'est-à-dire entre classes sociales, et entre secteurs et fractions propres à chacune d'entre elles. En même temps, ces luttes émergent d'un terreau préexistant, produit d'un processus historique ayant donné lieu à la structure socio-économique équatorienne et définissant les caractéristiques spécifiques de sa dépendance. Elles reflètent donc possiblement certaines des limitations structurelles liées à cette dépendance. L'objet de cette recherche est de percer à jour quelques-unes de ces contradictions en étudiant l'élaboration des politiques publiques relatives au changement de matrice productive en lien avec les déterminants structurels propres au modèle de développement équatorien. Pour cela, il est également fondamental d'analyser comment les relations de pouvoir entre classes sociales – notamment en ce qui concerne les élites politiques et économiques – influent sur la définition de ce projet. Il s'agit donc de dépasser une lecture purement économiciste ou idéologique de cet enjeu pour assumer le prisme de l'économie politique. L'orientation théorique adoptée s'inscrit dans la continuité de la pensée critique latino9 américaine. Nous considérons qu'il est impossible d'analyser la réalité équatorienne et latinoaméricaine à partir d'un angle de vue occultant le type d'inclusion de ce sous-continent dans le système capitaliste mondial. Il sera donc fait un usage important de concepts et d'analyses issues de la théorie de la dépendance et du marxisme latino-américain, afin de procéder à une explication prenant en compte des éléments économiques et politiques, nationaux et internationaux, susceptibles de rendre compte d'une situation complexe. Le principal intérêt scientifique de ce travail réside dans sa contribution à l'étude de certains des déterminants sociaux, politiques et économiques du projet de transformation de la matrice productive. Il s'agit notamment de prendre position dans le débat portant sur les secteurs et les fractions du capital les mieux représentés au sein du régime de la Révolution Citoyenne. En outre, l'analyse conceptuelle visant à déterminer la généalogie du projet de transformation de la matrice productive tel qu'il est défini par le Senplades n'a pas, à notre connaissance, fait l'objet d'une publication. Nous estimons que trois autres intérêts mineurs de ce travail méritent d'être mentionnés : L'Équateur est un pays peu étudié – ou du moins peu connu – en France. Au sein du champ académique on compte peu de spécialistes de ce pays et l'essentiel de la littérature est composée de synthèses de textes d'origine latino-américaine. Ce néant bibliographique laisse libre-cours à la prolifération de fantasmes et de jugements sans nuance au sein de l'imaginaire politique de gauche et écologiste. Ce mémoire se base principalement sur des sources équatoriennes ou latinoaméricaines, écrites en espagnol ; et sur des entretiens réalisés à Quito. Il peut donc contribuer à mieux faire connaître la situation économique et politique de l'Équateur en France. L'approche en elle-même peut être rafraîchissante dans la mesure où le marxisme universitaire est souvent considéré comme un archaïsme en France. De notre point de vue, cette situation reflète plus un effet de mode qu'une réelle nécessité scientifique. Le marxisme universitaire reste ainsi paradoxalement très présent aux États-Unis12, et constitue un paradigme incontournable en Amérique latine. Comme le signale Rafael Correa13 dans une conférence donnée le 6 novembre 2013 à l'Université de la Sorbonne, le cas de l'Équateur est riche d'enseignements pour une Europe en crise qui s'applique à elle-même les politiques d'austérité d'inspiration néolibérale qui ont eu pour effet de saigner à blanc l'économie équatorienne dans les années quatre-vingt-dix et deux mille. L'étude proposée, sans avoir la prétention de constituer un manuel anti-crise, éclaire certaines conditions 12 Fondation Gabriel Péri, Lettre de la fondation n°13 http://www.gabrielperi.fr/Presence-de-la-pensee-marxiste-aux 13 http://www.sorbonne.fr/rafael-correa-president-de-la-republique-de-lÉquateur-donne-une-conferenceexceptionnelle-en-sorbonne/ 10 nécessaires à la mise en place de politiques économiques post-néolibérales dans un contexte de crise politique et économique. Contextualisation Au début du XXIième siècle dans de nombreux pays d'Amérique latine, différents secteurs de la société se mobilisent face à l'effondrement de l'économie résultant des politiques néolibérales, dictées par le FMI et par l'oligarchie liée aux intérêts étasuniens. L'élite politique traditionnelle perd l'appui de la base sociale qui lui permettait de se maintenir au pouvoir, et elle est mise en minorité au sein des institutions par de nouvelles forces assimilées à la gauche 14. A partir de ce moment s'opère un renouvellement des discours et des politiques publiques dans de nombreux pays tels que le Venezuela, la Bolivie et l'Équateur entre autres ; et une recomposition des relations régionales et internationales, avec une nouvelle impulsion donnée à l'intégration régionale – dont l'Alba est sans l'exemple le plus emblématique – et à travers la conformation de nouvelles relations économiques et politiques, notamment avec les BRICS.15 La Révolution Citoyenne en Équateur est l'expression de la confluence de deux crises étroitement imbriquées : crise économique du modèle néolibéral hérité du Consensus de Washington ; crise institutionnelle manifestant la faillite d'un système représentatif rendu définitivement caduque par son incapacité à générer du consensus entre les diverses fractions de la bourgeoisie et orienté vers la satisfaction exclusive des intérêts d'une fraction limitée des classes dominantes. A partir du milieu des années 1990 s'ouvre en Équateur une période de forte instabilité institutionnelle. Entre 1997 et 2005, trois présidents sont renversés et le pays perd sa monnaie nationale au profit du dollar. La prolifération de pratiques inconstitutionnelles culmine lors du mandat de Lucio Gutierrez (2002-2005), lorsque celui-ci révoque de façon irrégulière les instances juridiques en décembre 2004. La montée en puissance de Rafael Correa s'opère dans un contexte de fortes mobilisations revendiquant la récupération du contrôle démocratique sur des institutions devenues incapables de fonctionner normalement. Le 20 avril 2005, le mouvement des Forajidos obtient le renversement du président Gutiérrez. Ce mouvement, principalement urbain, prend naissance suite à la multiplication de pratiques inconstitutionnelles. Reprenant à leur compte le slogan argentin “Que se vayan todos”, les manifestants protestent contre la destitution des juristes de la Cour suprême de Justice, du 14 Il existe un débat vivace autour de la caractérisation de ces gauches. 15 TOUSSAINT, Eric. Venezuela, Équateur et Bolivie: la roue de l’histoire en marche, CADTM, (novembre 2009) (http://cadtm. org/Venezuela-Équateuret-Bolivie-la). 11 Tribunal suprême électoral et du Tribunal constitutionnel, et contre leur remplacement par des alliés politiques de Gutiérrez. Correa s'impose comme un candidat antisystème intransigeant. Durant le gouvernement transitoire d'Alfredo Palacio (2005-2006), il propose des réformes économiques hétérodoxes. Soutenu par de nombreuses composantes de la révolte de Forajidos, il se présente aux élections présidentielles de 2006 et refuse que son organisation politique se présente aux élections législatives, afin de se distancier du système des partis. Il convoque néanmoins une assemblée constituante suite à un référendum ayant obtenu plus de 80% en faveur de cette option. La révolution citoyenne est donc en premier lieu, dès le premier mandat de Correa en 2006, un projet de refondation politique. Correa cherche à combattre le système des partis, qualifié de “partidocracia”, qui a conduit à la faillite des institutions et à la privatisation des entreprises publiques par l'oligarchie contrôlant l'État16. La hausse des prix du pétrole – et plus généralement des matières premières – survenue après 2002 procure au gouvernement équatorien un puissant levier pour réorienter le modèle de développement vers le post-néolibéralisme. Entre 2006 et 2009, le président renégocie les contrats avec les compagnies pétrolières étrangères. La charge de la dette externe, qui représentait 35% du PIB chaque année, est réduite suite à un audit qui diminue celle-ci de 70% de sa valeur. Suite à ces deux mesures fortes, la hausse sans précédent des revenus fiscaux permet à l'État de se moderniser et de récupérer des capacités d'intervention. Les dépenses sociales augmentent. La poursuite d'études universitaires est favorisée, les conditions d'étude dans le primaire s'améliorent. 10% du PIB est consacré à l'éducation contre 5% auparavant. L'État investit dans la construction d'infrastructures pour permettre l'acheminement de la production agricole et consolider le réseau national. Le secteur public croît, incluant le secteur financier public. Le renforcement du système d'aides sociales, dont une des composantes importante est le “bon de développement humain” destiné aux familles aux plus bas revenus, ainsi que l'augmentation de la progressivité des prélèvements fiscaux, s'inscrit dans une volonté de redistribution des richesses à des fins de justice sociale. En 2009, comme contrecoup de la crise mondiale du capitalisme, le pays fait face à une baisse de ses exportations et adopte une politique anti-crise contracyclique grâce, entre autres, à des emprunts effectués auprès de la Chine. Dans le même temps, il impulse une politique de substitution sélective des importations en collaboration avec le secteur entrepreneurial17. 16 LACUISSE, Marie-Esther. Chapitre 4/Équateur: la révolution citoyenne des institutions pour le peuple à la personnification du pouvoir. Académique (2012): 145-173. 17 L'objectif 2 du Plan national pour le bien-vivre fixe pour objectif la transformation du modèle de spécialisation de 12 Simultanément, et paradoxalement, le besoin de devises et la recherche d'investissements poussent le régime à faire appel à des capitaux transnationaux dans le cadre d'importants partenariats public-privé, et à chercher à amplifier ses débouchés commerciaux, notamment par la négociation d'un accord commercial avec l'UE. La réalité équatorienne s'insère dans un réalignement régional, impacté par la recomposition du capital financier transnational. D'une part, on voit se renforcer un axe est-ouest parallèlement à l'ancien axe nord-sud auparavant hégémonique, ce qui permet aux pays latino-américains d'élargir leurs marges de négociation face à leurs anciens partenaires économiques et politiques du Nord. La Chine occupe au sein de ce nouvel axe une place centrale. D'autre part, sous l'effet de la crise économique, le capital financier transnational se déplace vers des “formes d'accumulation par dépossession”18, associant rente de la terre et rente scientifico-technologique. L'importance du capital transnational au sein de l'économie équatorienne exerce une pression en faveur de la reprimarisation de l'économie et de la désindustrialisation. Problématisation et hypothèses L'ambition de ce travail est d'analyser comment les politiques publiques relatives à la transformation de la matrice productive équatorienne rendent compte de la structure de la dépendance équatorienne ; c'est-à-dire de rapports de pouvoir, de conflits et d'alliances entre des groupes socio-économiques interagissant dans un système politico-économique national inséré de manière périphérique au sein du capitalisme mondial. Autrement dit, il s'agit d'analyser comment les politiques de transformation de la matrice productive – leurs hésitations, leurs avancées et leurs apories – sont influencées ou entravées par la structure de domination politico-économique de l'Équateur contemporain, elle-même profondément marquée par le type d'insertion de l'Équateur dans l'économie mondiale. Ce qui amène à répondre à la problématique suivante : Dans quelle mesure les tensions, hésitations, inconsistances ou réorientations autour des politiques de transformation de la matrice productive sont-elles révélatrices d'une situation de dépendance particulière, inscrite dans la structure socio-économique de l'économie à travers la substitution sélective des importations. Grâce aux taxes sur les importations, il est question de réorienter l'économie et de la diversifier, notamment par un changement de matrice énergétique diminuant la dépendance aux produits pétroliers raffinés importés. 18 VÁSQUEZ, Lola et Napoleón SALTOS. Ecuador : su realidad, Edition actualisée 2013-2014, fondation José Peralta. 13 l'Équateur ? Cette question intègre plusieurs autres interrogations : – A quoi l'expression “transformation de la matrice productive” renvoie-t-elle ? – En quoi consistent les politiques publiques visant à la transformation de la matrice productive équatorienne et quel est leur cohérence vis-à-vis du projet initial ? – Quelle est la structure socio-économique de l'Équateur héritée de l'Histoire ? – Comment se reconfigure le bloc au pouvoir caractérisant la nouvelle coalition de classes développementiste après la Révolution Citoyenne ? – Quels sont les secteurs économiques dominant la nouvelle hégémonie ? – Dans quel sens ces secteurs orientent-ils les politiques de transformation de la matrice productive ? Hypothèse : Après une période d'instabilité politique ayant donné lieu à l'élaboration d'un projet de “biosocialisme républicain” articulé autour du concept de Buen Vivir, les politiques dites de « transformation de la matrice productive » de la Révolution Citoyenne impulsent finalement un processus de modernisation capitaliste néo-développementiste, effectué au bénéfice des fractions et des secteurs du capital les plus dynamiques et modernisants du pays, qui fournissent au régime son support économique concret et contestent la domination politique historique de l'oligarchie agroexportatrice et financière. Autrement dit, les politiques d'industrialisation portées par le projet de transformation de la matrice productive équatorienne s'appuient sur de grands groupes économiques d'origine nationale capables de tirer profit de l'investissement étatique et des politiques publiques pour se développer malgré l'insertion dominée de l’Équateur dans la division internationale des processus productifs. Méthodologie Sources primaires Les informations de première main ont été récoltées à Quito entre février et juin 2014. J'ai pu 14 réaliser quatorze entretiens – parmi lesquels figurent neuf entretiens semi-directifs inclus dans les annexes – avec des hauts-fonctionnaires travaillant ou ayant rempli des fonctions au sein de la Banque Centrale de l'Équateur, de la Vice-Présidence, du Ministère de la Culture et du Patrimoine, du Ministère de l'Industrie et de la productivité, du Ministère du Commerce Extérieur, du Ministère Coordinateur de la Production, Emploi et Compétitivité, du Ministère de l'économie et des finances, du Ministère Coordinateur de la Politique Economique ; ainsi qu'avec des personnalités politiques ou académiques qui ont contribué à aiguiller mon travail de recherche, et m'ont permis d'avoir accès à un panel d'informations et d'analyses diversifié. Enfin, j'ai également pu avoir accès à des documents officiels issus d'organismes publics (Banque Centrale de l'Équateur, Institut National de Statistiques et Recensement, ministères), publiés ou encore à l'état de documents de travail. Certains témoins ont délivré des informations clés et demandé l'anonymat, les entretiens en question ne figurent pas dans les annexes afin d'éviter tout recoupement d'informations permettant de les identifier. Sources secondaires La bibliographie est ici constituée d'ouvrages et d'articles parus essentiellement en Équateur, en Amérique latine et dans une moindre mesure en France. Nous nous sommes permis d'inclure dans les références des textes ne répondant pas à l'exigence de neutralité axiologique quand nous avons estimé que la rigueur de l'analyse n'était pas affectée par l'orientation idéologique explicite de l'auteur. Enfin, nous nous sommes appuyés sur des articles de presse parus essentiellement dans la presse papier ou internet équatorienne. Limites La méthode ici choisie pour collecter des données empiriques – la réalisation d'entrevues – se heurte au fait que le sujet traité met à nu des relations de pouvoir économiques, et en définitive politiques. Derrière les politiques économiques liées à la transformation de la matrice productive équatorienne opèrent des rapports de force entre groupes socio-économiques ; mis à nus, ceux-ci laissent à voir la coalition de classes développementiste constitutive de la nouvelle hégémonie issue de la Révolution Citoyenne. La contradiction entre la rhétorique officialiste nationaliste-populaire – “la patria ya es de todos”19 – et la réalité de rapports sociaux de pouvoir basés sur des négociations permanentes, mettant aux prises certains secteurs et fractions de la société équatorienne dotés d'un 19 Ce slogan de la révolution citoyenne est une marqué déposée en faveur du “Secrétariat Général de l'Administration Publique, Présidence de la République” à l'Institut Equatorien de Propriété Intellectuelle depuis novembre 2009. 15 poids inégal dans la définition des politiques publiques, fait du sujet un thème sensible. Les hauts fonctionnaires et hommes politiques contactés peuvent ainsi avoir une propension à s'auto-censurer en raison de leur fidélité au régime, ou tout simplement pour éviter d'être inquiétés. D'autre part, le choix délibéré de se focaliser sur une politique économique extrêmement transversale, tout comme la volonté de lier des niveaux d'analyse de portée différente conduisent à un risque important de dispersion. Plan Dans un premier temps, il sera nécessaire de développer et de définir et d'analyser le concept de matrice productive ainsi que certains éléments fondamentaux pour la compréhension du sujet, ainsi que d'expliciter les grandes lignes de l'orientation théorique adoptée. A partir de ce travail de conceptualisation il sera possible de donner une consistance à l'orientation théorique de ce travail. Dans une deuxième partie, il sera question de rendre compte de la formation historique de la structure socio-économique équatorienne afin d'identifier les éléments de continuité et de rupture apportés à celle-ci par la Révolution Citoyenne. Enfin, il sera possible d'étudier comment la structure du bloc au pouvoir et les rapports de force internes aux classes dominantes au sein de l'appareil d'État influent sur la définition des politiques de transformation de la matrice productive. 16 I. De quoi la “transformation de la matrice productive” est-elle le nom ? Le projet de changement de matrice productive théorisé par le Senplades renvoie au champ de l'économie politique. Il se réfère non-seulement à la transformation du tissu productif, mais également à un ensemble de rapports sociaux : rapports sociaux de production, structure de la propriété, luttes et alliances entre classes sociales. Il est porteur d'enjeux généraux renvoyant au modèle de développement équatorien. La notion de matrice productive est un terme institutionnel susceptible d'être adossé à plusieurs concepts présents dans la littérature scientifique, relevant par ailleurs parfois d'orientations théoriques différentes. Il convient donc de définir et de lier la notion de matrice productive avec des concepts académiques solides, tels que celui de modèle de reproduction du capital théorisé par Jaime Osorio 20. La compréhension du sujet implique d'effectuer une analyse intégrée du développement prenant en compte des niveaux et des domaines d'analyse différents – national et international, historique, sociologique et économique – et révélant la dimension fondamentalement politique de l'évolution des structures productives et sociales résultant du passage d'un modèle à un autre. 1) Du post-développementisme au retour du refoulé néo-développementiste a) Le changement de matrice productive selon la définition institutionnelle officielle La matrice productive, selon le Senplades, se définit en premier lieu par l'ensemble des activités du tissu économique national. Au-delà de la simple considération d'une somme de secteurs productifs, il s'agit d'aller vers une conception englobante du modèle économique et social équatorien prenant en compte les rapports sociaux de la sphère économique, notamment en ce qui concerne l'accès aux ressources productives. La matrice productive est donc ici “la forme selon laquelle s'organise la société pour produire des biens et services déterminés, elle ne se limite pas uniquement à des processus strictement techniques ou économiques, mais a aussi à voir avec l'ensemble conjoint d'interactions entre les différents acteurs sociaux qui utilisent les ressources qu'ils ont à leur disposition pour mener à bien les activités productives.” Est donc appelé matrice productive : 20 OSORIO, Jaime. Crítica de la economía vulgar: reproducción del capital y dependencia, Miguel Angel Porrua, 2004. 17 “cet ensemble, qui inclue les produits, les processus productifs et les relations sociales résultant de ces processus”. 21 A partir de la caractérisation de la matrice productive, c'est à dire de la mise en évidence des “distinctes combinaisons” entre produits, processus productifs et relations sociales il est possible d'inférer un “modèle de spécialisation” qui découle de l'organisation socio-économique précédemment décrite, et génère un “régime d'accumulation” particulier. Au cours de l'histoire de l'Équateur, on voit se succéder plusieurs de ces régimes d'accumulation, coïncidant chacun avec des situations sociales et avec des régimes politiques distincts. Dans le cas de l'Équateur, ce modèle de spécialisation se caractérise encore aujourd'hui par une prédominance d'activités liées à la production et à l'exportation de matières premières, nécessitant un emploi de main d'œuvre peu ou pas qualifiée, et donnant lieu à une importante concentration des bénéfices. Le modèle de spécialisation primo-exportateur rend l'Équateur extrêmement vulnérable aux prix fixés sur les marchés internationaux. Le pays pâtit d'une situation d'échange inégal, et est contraint d'importer des biens à forte valeur ajoutée nécessitant un haut niveau de maîtrise technologique en échange de matières premières qui ne cessent de se dévaloriser en comparaison avec ceux-ci. Ceci le conduit à un cercle vicieux obligeant à intensifier l'exploitation des matières premières pour faire face à la dégradation permanente de ses revenus. La transformation de la matrice productive apparaît alors comme une nécessité pour mettre fin à l'insertion dominée de l'Équateur au sein du système capitaliste mondial. Le Senplades définit la transformation de la matrice productive comme une “révolution productive à travers la connaissance et le talent humain” destinée à mettre fin à ce modèle de spécialisation productive. Il s'agit pour l'Équateur de “générer plus de valeur ajoutée” par le biais de la “construction d'une société de la connaissance” permettant de mettre fin à la dépendance et à l'arriération technologique du pays. Comme cela a déjà été mentionné, il ne s'agit pas simplement de procéder à des réformes d'ordre technique ou strictement économique, mais bien de remplacer “un modèle de génération de richesse concentrateur, excluant et basé sur des ressources naturelles, par un modèle democratique, inclusif et fondé sur la connaissance et les capacités des Equatoriennes et des Equatoriens”. La transformation de la matrice productive est un des objectifs définis dans le PNBV 20092013. Celle-ci doit permettre le Buen Vivir à travers une “insertion stratégique et souveraine dans 21 SENPLADES, Transformación de la Matriz Productiva, Revolución productiva a través del conocimiento y el talento humano, Folleto informativo, Quito (2012). 18 le monde”. Il s'agit de faire apparaître de “nouveaux schémas de génération, de distribution et de redistribution de la richesse” permettant de “réduire la vulnérabilité de l'économie équatorienne” tout en luttant contre l'exclusion territoriale et sociale. L'idée phare de ce projet est donc de remplacer l'ancien modèle de spécialisation productive extractiviste et primo-exportateur par un nouveau modèle de production diversifié, respectant l'équilibre écologique et générateur de plus de valeur ajoutée. Le régime parie sur une élévation du niveau de formation et du capital humain. b) Généalogie et critique du concept de transformation de la matrice productive Le concept de matrice productive tel qu'élaboré par le Senplades possède une myriade d'équivalents dans le champ académique, renvoyant à des orientations théoriques différentes. Comme nous l'avons vu, une matrice productive donnée donne lieu à un régime d'accumulation spécifique, qui n'est pas uniquement d'ordre économique mais rend compte également de phénomènes historiques, sociaux et politiques. Les conceptions avancées par le Senplades semblent renvoyer en premier lieu au concept de “régime d'accumulation”, ou encore de “mode d'accumulation” ou “modèle d'accumulation” développé par la théorie de la régulation, notamment par son école parisienne. Le régulationnisme met l'accent sur le lien entre mode de régulation et régime d'accumulation. L'articulation entre la sphère proprement productive et le cadre juridique et institutionnel donne lieu à un modèle de développement22. La théorie de la régulation cherche à rendre compte de l'incroyable capacité du mode de production capitaliste à se recomposer crise après crise, et des évolutions historiques des modes de production. Elle s'appuie sur un ensemble éclectique de travaux affiliés aux traditions hétérodoxe et classique tout en rejetant tout déterminisme réductionniste. Il ne serait pas étonnant que la théorie de la régulation ait servi de référent aux institutions de planification d'un régime dont le chef de l'exécutif reconnaît lui-même sa filiation intellectuelle institutionnaliste23. La théorie de la régulation jouissait déjà d'une forte présence au sein des organismes de planification français. Elle a pu prêter le flanc à une caractérisation comme “économie politique réformiste”, véhiculant une vision techniciste de l'instabilité qu'il s'agirait de solutionner grâce à quelques propositions ou formules opérationnelles. Elle possède donc un important potentiel de séduction pour quiconque se propose de modifier en profondeur un système 22 BOYER, Robert. “La théorie de la régulation: une analyse critique”. La découverte, 1986. 23 CORREA, Rafael. Ecuador: de Banana Republic a la No República, Random House Mondadori, 2012. 19 économique à partir de politiques publiques volontaristes24. Les analyses du Senplades peuvent également être rapprochées de la théorie de l'échange inégal qui met l'accent sur l'asymétrie des rapports commerciaux entre pays centraux et périphériques. La spécialisation productive des pays périphériques, essentiellement producteurs de matières premières et sous-industrialisés, conduit pour eux à une dégradation permanente des termes de l'échange avec les pays centraux et industrialisés. Cette situation crée les conditions d'une stagnation économique pour l'Amérique latine25. La théorie de la dépendance qui constitue un prolongement de la théorie de l'échange inégal semble également être une source d'inspiration pour le Senplades. Celle-ci promeut une vision globale et holiste de l'histoire sociale, politique et économique mondiale. Le dépendantisme s'oppose ici à la théorie de la modernisation ou de l'industrialisation, qui négligent l'étude des facteurs internationaux du développement. La référence au dépendantisme est évidente : il s'agit de réduire la “dépendance du pays”, de mettre fin aux échanges commerciaux inégaux renforçant le caractère primo-exportateur de l'économie équatorienne, de dépasser la dépendance technologique de l'économie équatorienne. La matrice productive et le modèle d'accumulation renvoient ici à des modèles de développement issus de l'histoire, de processus sociaux et économiques nationaux et internationaux. L'évocation par le Senplades de l'importance de la prise en compte des rapports sociaux de production et de la structure de la propriété dans le cadre du projet de transformation productive nous amène également à penser que les concepteurs de la définition officielle de la transformation de la matrice productive ont également été partiellement influencés par le courant structuraliste marxiste. Fait surprenant, la définition faite par le Senplades de la transformation de la matrice productive présente également certains traits caractéristiques de l'école néoclassique, quoique moins immédiatement perceptibles. Cet aspect apparaît clairement à travers les synthèses faites par le Senplades du projet et des outils pour le mettre en œuvre 26. Une présentation schématique du projet laisse à penser que la transformation productive se limite à l'introduction de nouveaux intrants au sein d'une fonction de production nationale, comme on peut le noter dans l'équation suivante : 24 BONZANO, Sergio Saiz. "Régimen Social de Acumulación: densidad conceptual y programáticas teórico-políticas. Una genealogía conceptual." 25 ARGHIRI, Emmanuel. L’Échange inégal, Essais sur les antagonismes dans les rapports économiques internationaux, François Maspero, Paris (1969). 26 SENPLADES, “Transformación de la Matriz Productiva, Revolución productiva a través del conocimiento y el talento humano”, Folleto informativo, Quito (2012). 20 “industrie, technologie + création d'emplois (plus de participation du talent humain) = plus grande et meilleure production” L'axe programmatique du Senplades se limite alors à l'incorporation de facteurs de production améliorés : technologie, connaissance, capital humain. Cette vision conduit à marginaliser, au niveau opérationnel, les propositions d'inspiration marxiste ou socialiste focalisées sur le rapport capital-travail. La notion de justice sociale en est alors réduite à sa portion congrue, et limitée à une simple redistribution des revenus. Cette conception ne questionne pas les racines structurelles de la pauvreté liées aux inégalités d'accès aux ressources productives, et doit conduire plutôt à la la mise en place ou à l'approfondissement de politiques sociales assistantielles d'inspiration néolibérale destinées à rendre plus supportable la misère provoquée par l'exploitation capitaliste. L'emphase mise par l'organe de planification sur l'impulsion d'une “économie de la connaissance” ou d'une “société de la connaissance27” comme remède au modèle de spécialisation productive primo-exportateur peut être considérée comme le symptôme d'une vision scientiste, techniciste et dépolitisée, des enjeux de développement et du changement social. Toutefois, on peut également y voir la marque d'influences néolibérales non-assumées, toujours présentes malgré le changement de régime. La notion de société de la connaissance prend racine dans les années 1940 au sein du paradigme informationnel cybernétique28. Philippe Breton, qui effectue sa généalogie conceptuelle, montre que le paradigme de la société de la connaissance, dans la lignée des idées portées par la cybernétique et dans un contexte d'apologie de la science, réduit toute véritable connaissance aux technosciences, c'est à dire aux sciences exactes et naturelles et à la technique. La connaissance scientifique est réduite à une information et séparée de ses finalités sociales et humaines, ce qui “disqualifie de ce fait toute autre forme de connaissance, notamment comme produit cognitif du débat collectif et démocratique29” et conduit à la dévalorisation du politique 30. Si l'on s'intéresse maintenant à l'usage qui est fait des discours sur l'économie de la connaissance en Europe et en France, on remarque que ceux-ci sont utilisés afin de légitimer la mise 27 Ces deux expressions sont employées de manière indifférenciée. 28 On ne parle pas à l'époque de société de la connaissance mais de “société de l'information”. Ce dernier concept s'éclipse peu à peu au profit du premier à la fin des années 1990 sans qu'il soit possible d'identifier une différence substantielle quant à leurs sens respectifs. 29 BRETON, Philippe. “La “société de la connaissance” : généalogie d’une double réduction”, Education et sociétés n° 15, janvier 2005 30 BRETON, Philippe. “La “société de la connaissance” : généalogie d’une double réduction”, Education et sociétés n° 15, janvier 2005 21 en place de réformes éducatives et universitaires agissant sur deux plans : l'articulation de la formation et de la recherche aux besoins productifs immédiats des entreprises, et l'introduction de modes de fonctionnement issus du privé et du New Public Management qui instituent des modes de gestion autoritaires-bureaucratiques au sein du service public de l'enseignement supérieur 31. Il s'agit ici fondamentalement de permettre à la connaissance, réduite à un outil de production ou à une marchandise, de contribuer à la croissance d'une “économie de l'immatériel” 32. Les discours sur la société de la connaissance servent un agenda néolibéral et conduisent à légitimer la privatisation rampante de services publics, leur mise en concurrence et leur refonte dans le sens des intérêts productifs immédiats du patronat. Diego Borja, économiste, ancien ministre de la Révolution Citoyenne désormais éloigné du régime et militant de gauche, analyse de façon particulièrement acerbe la façon dont le Senplades conçoit la transformation de la matrice productive. Selon lui, cet organisme aurait combiné différentes écoles de pensée au sein d'un amas théorique éclectique et inorganique, afin de satisfaire des groupes aux conceptions divergentes sur les plans politique et économique. La définition élaborée par le Senplades serait incohérente et ne conduirait à rien de concret : “ C'est l'élaboration de quelques bureaucrates dans un bureau – qui est le bureau de planification – dans laquelle à partir de leurs critères personnels et d'une conception bureaucratique et technocratique de l'économie, ils prétendent dire à la société équatorienne comment devrait être sa modification de certaines choses qui ont des déterminants politiques, sociaux, culturels, économiques et internationaux. Comme si c'était l'élaboration d'une soupe dans laquelle tu mélanges des ingrédients déterminés, et tu ressors la préparation finale. 33” La proposition de changement de la matrice productive élaborée par le Senplades, dans le contexte de tension sociale postérieur à la Révolution Citoyenne, reflète vraisemblablement une démarche de conciliation entre des groupes en lutte ayant pour objectif de neutraliser tout risque de retour à l'ingouvernabilité des années 1997-2005. La fusion au sein d'un même ensemble éclectique de courants théoriques et d'aspirations disparates peut alors mener à des politiques publiques d'inspirations différentes. Il convient donc de compléter cette définition en analysant comment la définition de la transformation de la matrice productive s'opérationnalise à travers les politiques publiques du gouvernement de la Révolution Citoyenne. 31 LORENZ, Chris. "L’économie de la connaissance, le nouveau management public et les politiques de l’enseignement supérieur dans l'Union Européenne." Espaces Temps (2007). 32 Maurice, LÉVY et JOUYET, Jean-Pierre. “L'économie de l'immatériel. La croissance de demain. Rapport de la commission sur l'économie de l'immatériel” remis à Thierry Breton, début décembre 2006 33 Voir l'entrevue avec Diego Borja Cornejo, annexe 1 22 c) La transformation de la matrice productive appréhendée à travers sa mise en politiques publiques : une résurgence des politiques d'industrialisation développementistes ? Jusqu'en 2010, les textes officiels faisant référence à la transformation de la matrice productive et au changement de modèle d'accumulation – dix défis productifs (2008), PNBV 20092013, agenda de la transformation productive (2010) – en restent essentiellement au stade du discours et ne modifient pas le cadre juridique afin de rendre possible l'objectif visé. Le texte de loi central pour la transformation de la matrice productive est le Code Organique de la Production, du Commerce et des Investissements (Copci) 34, adopté en 2010, qui prévoit la mise en place d'un système d'incitations fiscales tout en stimulant la modernisation de domaines liés au développement – éducation, santé, infrastructure, connectivité et services de base – destinés à améliorer la compétitivité systémique du pays. Le Copci définit quatre axes prioritaires. Tout d'abord, une diversification productive grâce au développement d'industries stratégiques : raffineries, chantiers navals, pétrochimie, métallurgie et sidérurgie. Il est également question de susciter l'apparition de nouvelles activités : mariculture, biocombustibles, exploitation forestière (bois). Deuxièmement, aller vers des productions plus intensives en technologie et en connaissances, génératrices de valeur ajoutée, notamment à travers le développement des biotechnologies – bio-chimie et bio-médecine, des services environnementaux et des énergies renouvelables. Troisièmement, mettre en place une substitution sélective des importations, en premier lieu des biens déjà produits sur le territoire national tels que ceux issus de l'industrie pharmaceutique, de l'informatique (software, hardware, services informatiques) et du travail des métaux35. Enfin, il s'agit d'encourager l'exportation de nouveaux produits issus de secteurs aujourd'hui marginaux, de plus forte valeur ajoutée, tels que ceux issus des industries textile, agroalimentaire ou du tourisme ; notamment par une expansion quantitative et géographique des marchés d'exportation. D'autres projets de loi, dans une moindre mesure, répondent à la volonté de transformation de la matrice productive. La Loi Organique de Régulation et Contrôle du Pouvoir de Marché cherche à limiter l'abus de position dominante dans une économie dominée par de grands monopoles ou oligopoles. En matière d'éducation et de capital humain, la Loi Organique d'Education Superieure (LOES) cherche à transformer l'enseignement supérieur pour en faire une des composantes majeures du changement visé. 34 http://www.proecuador.gob.ec/wp-content/uploads/2013/07/codigoproduccion.pdf#page=1&zoom=auto,-174,637 35 Industria metalmecánica 23 En ce qui concerne les infrastructures, des investissements importants ont été faits pour permettre l'amélioration de la compétitivité. L'investissement public a, proportionnellement à la dépense publique et en valeur absolue, considérablement augmenté pour l'éducation de base, le développement scientifique, les télécommunications, la voirie et les énergies renouvelables (notamment hydro-électrique), dans une perspective de long terme. Le régime de la Révolution Citoyenne revendique une “logique de planification à moyen et long terme”, et cherche à articuler un tissu complexe d'administrations et d'institutions publiques afin de donner une cohérence à sa politique. Suite à la réélection de Correa en 2013, la transformation de la matrice productive est devenue officiellement la priorité numéro un du gouvernement. En 2013 et 2014, le régime radicalise sa politique de substitution des importations et accroît les restrictions aux importations. Le Comité de Commerce Extérieur (COMEX), organisme chargé de mettre en œuvre les politiques nationales en matière de politique commerciale, met notamment en place de nouveaux quotas et impose des normes de qualité que doivent remplir les importations. Les restrictions aux importations s'accompagnent par la mise en place de programmes et d'accords entre le gouvernement et les entreprises du pays afin de développer de nouvelles productions et d'augmenter pour chaque produit la portion de valeur ajoutée produite nationalement. Le rôle de la politique douanière et des commandes publiques est alors central pour permettre la réussite de ces mesures. Parallèlement, et paradoxalement, la négociation d'un accord commercial entre l'Équateur et l'UE suit son cours. L'adoption de cet accord pourrait rendre caduque la transformation productive du pays et approfondir le caractère primo-exportateur et extractiviste de son économie. Le régime assure que toutes les cartes sont sur la table et que des lignes rouges ont été fixées dans les domaines sensibles pour le pays. Si l'on analyse l'ensemble des politiques publiques et des textes de loi, on réalise que la définition de la transformation de la matrice productive telle qu'élaborée par le Senplades ne se traduit pas intégralement dans les politiques publiques. Il s'agit avant tout d'attirer des investissements en assurant un cadre légal protecteur pour les investisseurs et de stimuler les exportations tout en développant dans le même temps le marché intérieur. Il est également question de développer une économie de la connaissance à travers l'impulsion donnée à l'enseignement et à la recherche, notamment avec le projet de construction d'une “ville de la connaissance” à Yachay. Néanmoins, en aucun cas il n'est question dans les faits de favoriser la démocratisation des moyens de production, de modifier les rapports sociaux de production et la structure de la propriété. Force est donc de constater que la transformation productive équatorienne s'apparente avant tout à 24 une modernisation du capitalisme équatorien, à un projet néo-développementiste vidé de son contenu socialiste ; et non pas à un “bio-socialisme républicain36” post-extractiviste. Le contraste entre la réalité des politiques publiques et les discours sur le Buen Vivir met en avant une dimension importante de ce dernier, ce qui nous amène à mentionner les réflexions faites à ce propos par Rafael Domínguez et Sara Caria 37. La thèse des auteurs est que le Buen Vivir, qui intègre des visions alternatives au développement, en vient à jouer un rôle fonctionnel pour l'État et pour sa structure. Le Buen Vivir correspond à un grand nombre de définitions du concept polysémique d'idéologie, présentes dans les corpus marxiste ou psychanalytique : à la fois perception déformée de la réalité (fausse conscience), catalyseur d'une action collective transformatrice (programme mobilisateur), utopie, illusion, volonté de plénitude (fantasme) et instrument de domination au service du pouvoir (discours hégémonique). L'idéologie du Buen Vivir constitue alors un important levier pour consolider le pouvoir étatique et mettre en œuvre des politiques économiques correspondant à la véritable idéologie du régime, étapiste et développementiste. La résurgence de conceptions développementistes incarnées dans le projet de transformation de la matrice productive manifesterait à cet égard un “retour du refoulé38”. 2) Transformation de la matrice productive et développement : nécessité d'une théorie critique du développement latino-américain Comme nous l'avons vu, la transformation de la matrice productive est un terme bureaucratique et technocratique façonné à partir d'influences académiques diversifiées et donnant lieu à un concept, à un projet et à des politiques publiques traversés par d'importantes contradictions. Pour aller plus loin dans la compréhension du sujet, il convient donc de mettre en rapport ce terme avec des débats académiques afin de disposer d'un cadre de lecture susceptible de rendre compte d'enjeux transversaux. Il semble heuristique de rattacher dans le cadre de ce travail – ayant pour objet l'étude d'un ensemble de politiques publiques censées opérer une transformation radicale du tissu économique et de la structure sociale inhérente à celui-ci – les concepts de matrice productive et de régime d'accumulation à des théories permettant la prise en compte de l'histoire, des rapports sociaux de production et du type d'insertion dans le système capitaliste mondial de l'économie équatorienne. 36 Concept élaboré par René Ramirez, idéologue phare du Buen Vivir. 37 DOMÍNGUEZ Rafael et CARIA Sara. “La ideología del Buen Vivir: la metamorfosis de una «alternativa al desarrollo» en desarrollo de toda la vida” Pre-Textos para el Debate, No. 2 (2014) 38 FREUD, cité par DOMÍNGUEZ et CARIA 25 Les analyses issues de la théorie de la dépendance et de sa variante marxiste sur les modèles de développement semblent mieux à même de permettre la compréhension des enjeux entourant les politiques de changement de la matrice productive. Il s'agit de rendre compte de la spécificité du capitalisme latino-américain – et plus spécifiquement équatorien, de ses caractéristiques et des implications de celles-ci par rapport au projet de transformation de la matrice productive en Équateur. a) Procéder à une analyse intégrée du développement en Amérique latine A la fin de la Seconde Guerre Mondiale, de nombreux pays latino-américains semblaient prêts à poser les bases d'un développement endogène. Ils apparaissaient comme aptes à compléter un cycle d'industrialisation par substitution des importations initié dans les années antérieures en finalisant celui-ci par la constitution d'une industrie capable de produire des biens de capital. Le marché intérieur semblait suffisamment vaste. Il était possible de parier sur le fait que le transfert de main d'œuvre des secteurs faiblement productifs vers des secteurs hautement productifs permettrait de l'amplifier encore plus. Il fallait ajouter à cela les possibilités de redistribution de la rente, susceptible de dynamiser la consommation des travailleurs. Ces pays disposaient de devises grâce à l'exportation de matières premières minières ou agricoles, de stimulants pour la croissance économique liés à un renforcement du commerce extérieur et d'un important taux de formation interne de capital. A la fin des années 1950, les faits infirment cette espérance, même dans les pays où les indicateurs économiques semblaient les plus prometteurs. Certaines tentatives émergent pour expliquer cette situation. Néanmoins, souvent effectuées à partir de présupposés téléologiques ou normatifs, elles ne parviennent pas à rendre compte de manière satisfaisante des raisons de l'absence de décollage économique en Amérique latine. C'est notamment le cas pour l'analyse typologique et pour la conception du changement social, qui apparaissent ici comme des cadres de lecture obsolètes, dont il convient en premier lieu de se distancier. L'analyse typologique oppose société traditionnelle et société moderne. Ce cadre théorique postule que les sociétés en développement passent de la première à la seconde, formant durant la période de transition un modèle hybride caractérisé par un dualisme structurel 39. Cette approche se montre incapable de rendre compte de la diversité des formes de relations sociales présentes au sein des différentes sociétés modernes ou traditionnelles, tout comme elle ne permet pas d'expliciter les 39 Il s'agit fondamentalement d'une remobilisation des concepts de “communauté” et “société” présents chez Tönnies. 26 différents modes de développement et les étapes de ceux-ci. Enfin, elle associe de façon binaire le sous-développement aux sociétés traditionnelles, et le développement aux sociétés modernes, ce qui est contrefactuel40. D'autre part, la conception du changement social41 suppose que les pays d'Amérique latine doivent reproduire les étapes parcourues au cours de leur développement par les États-Unis ou les pays industrialisés d'Europe. L'Amérique latine serait plus ou moins en retard concernant différents aspects du développement. La participation politique et économique des masses serait ainsi en “avance” par rapport au développement des forces productives. Cette participation posséderait deux effets antagonistes. Elle conduirait d'une part à rapprocher l'évolution latino-américaine de celle des pays développés en favorisant la convergence des aspirations sociales et des comportements de consommation42. Au niveau économique, l'accroissement des salaires aurait en contrepartie pour effet de freiner l'investissement et donc de retarder le développement du secteur industriel. Cette situation altèrerait les étapes du développement et est interprétée comme une déviation vis-à-vis du processus “normal” de modernisation. Ces approches trop simplistes ou qui assimilent le sous-développement à une forme de pathologie doivent être substituées par une grille de lecture focalisée sur les éléments fondant la spécificité historique du sous-continent latino-américain. La dégradation des termes de l'échange caractérisée par la diminution du prix des matières premières sur les marchés internationaux après le boom de la Corée du Sud offre un élément d'explication pour comprendre l'échec des processus d'industrialisation. Mais l'analyse économique à elle seule semble insuffisante, tout comme apparaît insuffisante une explication purement sociologique. De ce constat naît l'idée de combiner ces deux approches afin d'élaborer une analyse intégrée du problème du sous-développement en Amérique latine43. Au cours du XXième siècle, des auteurs posent les jalons sur lesquels viennent s'appuyer par la suite les sciences sociales latino-américaines44. Des auteurs issus de la gauche latino-américaine tels que le marxiste péruvien Mariategui45 insistent alors sur la spécificité latino-américaine, reprenant et adaptant les thèses de la III Internationale sur la question coloniale et l'impérialisme. 40 FRANK, André Gunder. Le développement du sous-développement: l'Amérique latine. F. Maspéro, 1972. 41 L'auteur le plus représentatif de ce courant théorique est Walt Whitman Rostow, connu pour avoir proposé une théorie des étapes du développement conçu comme une progression linéaire à travers cinq stades successifs. 42 Il se produirait un ”effet de démonstration”, défini comme la tendance d'un groupe social donné à imiter la consommation d'un groupe au revenu supérieur pour donner à voir un certain statut social. 43 CARDOSO, Fernando Henrique, et FALETTO, Enzo. Dependencia y desarrollo en América latina, México, Siglo XXI, 1975 (1969) 44 Selon Agustín Cueva les "sciences sociales latino-américaines" se définissent doublement en rapport avec cette région : il s'agit à la fois de leur objet d'étude et de leur lieu d'émission et de production, sans que cela remette toutefois en cause la dimension universelle du discours scientifique. 45 MARIÁTEGUI, José Carlos. 7 ensayos de interpretación de la realidad peruana, Biblioteca Ayacucho, 1979. 27 Dans les années 1940, des économiste de la CEPAL introduisent de nouveaux éléments dans le débat sur le développement et donnent naissance à la théorie de la modernisation. Celle-ci postule l'existence d'obstacles structurels au développement et à la modernisation, liés notamment à la grande propriété terrienne (latifundio) et aux formes précaires de recrutement de la main d'œuvre. Ce courant se focalise sur l'importance fondamentale de la dimension “historico-structurelle” (Celso Furtado) des processus de développement et concentre donc ses analyses sur les structures sociales et productives de l'Amérique latine. La théorie de la dépendance émerge d'une controverse avec la théorie de la modernisation. Paradoxalement, c'est un économiste structuraliste de la CEPAL, Raul Prebisch, qui, à travers une critique de la théorie des avantages comparatifs de Ricardo, met en avant l'importance de l'opposition centre-périphérie pour comprendre les enjeux de développement de la région. La théorie de la dépendance naît donc en réponse au besoin de dépasser la limitation du niveau d'analyse aux simples structures socio-économiques nationales et régionales et au développement des forces productives, afin d'appréhender le problème du sous-développement dans sa globalité en le situant historiquement et géographiquement au sein du capitalisme mondial. Le problème du sous-développement ne relève pas ici fondamentalement d'un insuffisant développement des forces productives, mais bien d'une insertion différenciée au sein d'une même structure internationale de production et de distribution. Cette insertion internationale provoque une importante divergence quant aux degrés d'autonomie dont disposent les différents centres de décision, qui tissent entre eux des relations de domination, avec un poids accru des économies centrales. A partir des années 1950, des intellectuels de gauche non liés au bloc communiste s'emparent de cette problématique, donnant lieu à des courants de pensée plus ou moins radicaux. On peut citer notamment André Gunder Frank pour qui le développement du capitalisme génère, dans les pays dépendants, une structure économique déséquilibrée engendrant un “développement du sous-développement” insoluble dans le cadre du capitalisme46. L'acte de naissance symbolique du paradigme sociologique de la théorie du développement s'effectue en 1969 avec la publication de l'ouvrage “Dépendance et développement en Amérique latine” de Fernando Henrique Cardoso et Enzo Faletto 47. Le courant marxiste non-orthodoxe du dépendantisme élaboré par ces auteurs se forme au sein de la CEPAL et incorpore des influences diversifiées, consolidées en un paradigme cohérent. Il convient à cet égard de souligner l'influence 46 ROLLINAT, Robert. "Analyses du Développement et Théories de la Dépendance en Amérique Latine: L’actualité d’un débat." Cahiers PROLAM/USP 4.1 (2005): 97-118. 47 MORALES, Juan Jesús. "De los Aspectos Sociales del Desarrollo Económico a la Teoría de la Dependencia: Sobre la gestación de un pensamiento social propio en Latinoamérica." Cinta de moebio 45 (2012): 235-252. 28 du sociologue espagnol José Medina Echavarria, qui rencontre Cardoso et Faletto au milieu des années 1960 au sein de l'ILPES de la CEPAL. Ceux-ci vont alors emprunter un fil weberien ainsi que des hypothèses importantes aux travaux de Echevarria, auxquels ils incorporent des outils d'analyse marxistes. Ils tentent de compléter sa pensée, qui présente la limite majeure d'écarter complètement de son champ d'étude les enjeux internationaux du développement latino-américain, afin de procéder à une analyse intégrée du développement. Il ne s'agit pas d'une théorie globale du développement, mais d'un cadre de lecture destiné à faciliter la compréhension de chaque situation de développement dans sa spécificité. Cardoso et Faletto accordent une attention particulière aux structures de domination susceptibles de rendre compte de la nature sociale des processus économiques. “A travers le processus politique, une classe ou un groupe économique tente d'établir un système de relations sociales qui lui permette d'imposer à l'ensemble de la société un mode de production propre, ou pour le moins essaie d'établir des alliances ou de subordonner le reste des groupes ou des classes dans l'objectif de développer une forme économique compatible avec ses intérêts et ses objectifs”. Le sous-développement latino-américain s'enracine historiquement dans la relation inégale entre “centre” et “périphérie” à partir du décollage industriel des économies capitalistes avancées. Les économies latino-américaines vont alors connaître différents modes d'insertion au système productif mondial. Ce sont des facteurs socio-politiques internes à chaque pays, tels que les différents intérêts nationaux, qui vont déterminer l'idiosyncrasie de la dépendance de chaque pays. Les relations entre groupes propres à chaque pays, entre eux et avec des groupes étrangers, occupent une place centrale dans l'analyse. La dépendance se définit donc comme “un mode déterminé de relations structurelles : un type spécifique de relation entre les classes et groupes qui implique une situation de domination portant en elle structurellement la relation avec l'extérieur 48”. La relation avec des pays centraux est une constante dans l'histoire latino-américaine : Espagne et Portugal, puis Angleterre, et enfin États-Unis. La relation avec chacune ces puissances a eu des impacts très différents sur les structures productives nationales 49. Le passage par différents 48 CARDOSO, Fernando Henrique, et FALETTO, Enzo. Dependencia y desarrollo en América latina, México, Siglo XXI, 1975 (1969) 49 Si le Royaume-Uni avait plutôt intérêt à stimuler l'économie latino-américaine pour bénéficier de matière premières et écouler ses produits manufacturés, les États-Unis en tant que producteurs de matière première ont plutôt cherché à exercer un contrôle sur le système productif latino-américain afin de protéger leur production nationale. 29 modes de domination successifs, s'effectue toujours à partir d'une structure socio-économique préexistante. Cette même base économique donne lieu à un champ des possibles historique qui doit nécessairement être pris en compte pour comprendre comment s'effectue le passage d'un modèle de domination et de production à un autre. “Chaque forme historique de dépendance produit un accord déterminé entre les classes, non pas statique, mais de caractère dynamique50”. Pour Cardoso et Faletto, le type d'accord entre classes est fondamental pour garantir à l'économie des possibilités d'expansion. Certains peuvent le permettre et l'encourager, d'autres non. En somme, il convient d'analyser les interactions du système économique et de l'organisation sociale des pays dépendants avec les pays développés. Etudier les processus de développement en Amérique latine implique donc de rendre compte de thèmes tels que la situation du marché mondial en lien avec les rapports de pouvoir internationaux, la structure du système productif national en lien avec son inclusion au sein du système capitaliste mondial et la structure socio-économique héritée de l'Histoire, sans faire l'impasse sur la structure du système de domination national et ses luttes de classes. Si la théorie de la dépendance dans sa version marxiste non-orthodoxe a sans conteste posé des bases théoriques incontournables, elle a aussi été soumise à un certain nombre de critiques, notamment d'un point de vue marxiste. Quelques-unes retiennent particulièrement notre attention. Le capital y est défini avant tout comme rapport technique de production, ce qui conduit à faire l'impasse sur l'analyse des rapports sociaux qu'il engendre. En conséquence, la théorie de Cardoso et Faletto peine à rendre compte précisément de la nature de classe des États. Troisièmement, les situations “d’industrialisation restreinte ” ou “ retardataire ” engendrées par ces mêmes États ne sont pas définies clairement. Des auteurs marxistes comme Marini, et à sa suite Osorio, cherchent à solutionner ces impasses en partant du dispositif interprétatif de la critique de l'économie politique élaboré par Marx. b) Modèle de reproduction du capital et dépendance : la variante marxiste de la théorie de la dépendance réélaborée selon le dispositif interprétatif de la critique de 50 CARDOSO, Fernando Henrique, et FALETTO, Enzo. Dependencia y desarrollo en América latina, México, Siglo XXI, 1975 (1969) 30 l'économie politique51 Tout en reprenant un grand nombre d'éléments de la thèse de Cardoso et Faletto, la branche marxiste de la théorie de la dépendance cherche à dépasser ses limites concernant ses conceptions de l'État et du capital. Osorio, approfondissant les travaux de Marini52, part de la définition marxiste du capital comme “unité différenciée”, à la fois politique et économique, issue d'un rapport social de production basé sur l'exploitation et la domination. La notion de modèle de reproduction appelle à une analyse des différentes formes prises par le capital au cours de son processus de valorisation : capital-argent, capital-productif et capital-marchandise. Le rapport social capitaliste crée les conditions de sa propre reproduction afin de permettre la perpétuation de l'accumulation de plusvalue prélevée sur le travail. Le capital se fixe autour de processus déterminés, génère des cycles répétitifs, et reproduit par conséquent les rapports de domination et de dépendance résultant de la division internationale du travail. Le capital n'est pas homogène, il est pluriel et fragmenté. Ainsi, parmi les classes dominantes, on peut différencier bourgeoisie et propriétaires terriens. La bourgeoisie se divise en fractions qui rendent compte de sa spécialisation productive : financière, industrielle, agricole, minière, commerciale etc. Il convient également de différencier la taille des capitaux, les secteurs : grand, moyen ou petit capital. Un modèle de reproduction du capital donné reflète une hégémonie, c'est-à-dire la domination d'un projet politique et économique, appuyé par une alliance de classes particulière, bénéficiant à certains secteurs et fractions des classes dominantes et en marginalisant d'autres. Déterminer à qui bénéficie ou à qui nuit un projet politique et économique donne des pistes pour saisir la réalité du bloc au pouvoir, défini comme “la particulière articulation d'alliancesconfrontations au sein des classes dominantes, fractions et secteurs53” en fonction du rapport de forces historique. L'analyse du modèle de reproduction du capital implique donc de lier des questions d'ordre économique concernant l'investissement et la production avec la situation du champ politique. La politique économique constitue l'outil fondamental pour lever les obstacles à la reproduction du capital industriel – taux d'intérêt, qualification de la main d'œuvre, fixation des salaires, accès aux matières premières, aux biens d'équipement, aux marchés – par la fixation du 51 L'ensemble de cette partie est tirée des travaux de Jaime Osorio 52 MARINI, Ruy Mauro. Dialéctica de la dependencia, Era, 1977. 53 OSORIO, Jaime. "El patrón de reproducción desde el estudio del capital como unidad económica y política." 31 taux de change, des mesures protectionnistes, des barrières douanières et une intervention de l'État en matière d'investissement, de fixation des salaires et de création d'emploi. Les politiques économiques sont diverses et peuvent accorder un rôle plus ou moins central à l'État (keynésianisme...) ou au marché (néolibéralisme...), avec toute une palette de variations. La détermination d'une politique économique rend compte du rapport de forces interne à la bourgeoisie, dans la mesure où elle favorise toujours certains secteurs et fractions du capital. Les modèles de reproduction du capital doivent être saisis à travers leur historicité. Ils apparaissent, perdurent et disparaissent à travers diverses étapes : “incubation, maturation, entier déploiement, épuisement et crise”54. Le passage d'une période à une autre donne lieu à une transition où les germes du nouveau modèle émergent sur les vestiges de l'antérieur. Osorio partage avec Cardoso et Faletto la même analyse de la genèse historique de la dépendance. Depuis la colonisation, l'Amérique latine occupe une position subordonnée dans la division internationale du travail. D'abord fournisseur de matières premières agricoles et de métaux précieux à la métropole, le sous-continent accélère le processus d'accumulation européen et rend possible la révolution industrielle. A partir du milieu du XIX ième siècle, la région s'insère de manière dynamique au sein du capitalisme mondial et se spécialise définitivement dans l'exportation de matières premières aux nations européennes industrialisées. Osorio55 identifie trois modèles d'accumulation successifs, séparés par des périodes de transition, au cours des XIXième et XXième siècles, tout en précisant qu'il ne s'agit que d'une simplification schématique dans la mesure où ils s'interpénêtrent et se combinent : – Un modèle agro-minier exportateur pour le XIXième siècle et le début du XXième siècle, – Un modèle industriel entre les années 1940 et 1970, – Un modèle exportateur de spécialisation productive de 1980 à nos jours La concurrence capitaliste accélère la recherche d'innovations techniques pour augmenter la productivité et la production, et ce faisant la plus-value relative. Ceci permet aux régions industrialisées d'acquérir rapidement un monopole dans la production de bien manufacturés. En revanche, pour les capitaux présents dans les économies dépendantes, les matières premières permettent alors d'obtenir des profits importants, notamment grâce à la hausse de la demande des pays industrialisés d'Europe puis des États-Unis et de par la possibilité de bénéficier d'une force de travail bon-marché – notamment d'esclaves – peu intégrée à la consommation. La spécialisation 54 OSORIO, Jaime. "El patrón de reproducción desde el estudio del capital como unidad económica y política." 55 Op. cit. 32 productive dépendante est antagoniste avec la logique de progrès scientifiques et techniques des nations industrialisées. Le capital se voit plutôt incité à accroître l'exploitation de la force de travail et la plus-value absolue. Ceci renforce d'autant plus la spécialisation productive dépendante et crée les conditions pour une incorporation des travailleurs au marché des consommateurs au centre. L'échange inégal avec les territoires non-industrialisés conduit à des mécanismes de transfert de valeur de la périphérie vers le centre : – Transfert de bénéfices à des maisons-mères étrangères – Par le biais des échanges inégaux – Paiement d'intérêts liés à la dette extérieure La fragmentation accrue des chaînes productives et leur transnationalisation rendent d'autant plus difficile le développement industriel en Amérique latine. Le pouvoir de décision en matière productive est aux mains de transnationales qui font jouer la concurrence au niveau mondial. Elles réservent les segments les plus intensifs en capital humain aux économies centrales et assignent aux économies dépendantes des activités moins complexes, générant des enclaves productives. Il faut ajouter à cela l'importance du capital spéculatif, accrue à partir de l'ère néolibérale, qui pèse sur l'ensemble du système productif et sur le modèle de reproduction du capital. Une différence fondamentale entre les modèles d'accumulation des économies dépendantes et celles du centre réside dans le rôle inégal joué par la consommation des travailleurs pour la reproduction du capital. Si, au centre, la consommation des travailleurs est au cœur du processus d'accumulation (cette situation est en passe d'évoluer en raison de la crise), dans les économies dépendantes la surexploitation de la force de travail est une constante nécessaire à la reproduction du capital. Le modèle exportateur en Amérique latine n'est de fait pas orienté vers la satisfaction des besoins de la population locale. Chaque modèle de reproduction du capital correspond à une organisation spatiale et territoriale spécifique. Un même modèle de reproduction observable régionalement peut compter différentes variantes, en fonction des valeurs d'usage produites dans chaque économie et qui impactent la configuration de cet espace, notamment la relation entre espaces ruraux et urbains et la répartition territoriale de la population. En Amérique latine, le modèle d'exportation spécialisé ne donne pas lieu aux mêmes axes d'accumulation nationalement. En résumé, l'étude d'un modèle de reproduction du capital requiert l'analyse des éléments suivants : – 33 branches et secteurs dominants constituant l'axe d'accumulation – provenance, montant, bénéficiaires des investissements – quantité, qualification, type, contrat, emploi, salaire de la force de travail en rapport avec la valeur de la force de travail – marchés d'où proviennent les intrants productifs (biens d'équipement, technologie et matières premières) – organisation du processus productif – journée de travail, intensité et productivité du travail – valeurs d'usage produites et caractérisation en fonction du marché auquel celles-ci sont destinées (biens de consommation courant, bien de luxe ou bien de capital) – Destination géographique (marché intérieur ou extérieur) – Vente du produit – Distribution des bénéfices – Liens avec les chaînes globales de production – Configuration de la demande mondiale, si la production est destinée à l'exportation – Cycles de rotation du processus – Taux de croissance de ces secteurs Il convient de contextualiser les conditions de production et d'identifier les périodes de crise et de transition annonciatrices de l'émergence d'un nouveau modèle. En définitive, l'analyse du modèle de reproduction dans sa globalité permet de dépasser les analyses fragmentaires et de donner du sens à l'évolution de l'économie d'une zone particulière en lien avec de grandes tendances régionales et mondiales56. 56 OSORIO, Jaime. "El patrón de reproducción desde el estudio del capital como unidad económica y política." 34 II. Genèse et évolutions de la dépendance de l'économie équatorienne57 La dépendance de l'économie équatorienne est le produit d'un long processus historique. Economie d'abord exportatrice de matières premières agricoles et contrôlée nationalement dès la fin du XIXième siècle, l'explosion de l'exploitation pétrolière après 1972 donne lieu à la formation d'une enclave pétrolière qui échappe peu à peu au contrôle des élites économiques nationales et implique de fait une perte d'autonomie pour les centres de décision politique équatoriens. La hausse du cours des matières premières intervenue après 2002 et l'émergence d'un axe est-ouest octroie au régime de la Révolution Citoyenne des capacités de négociation rénovées et rend possible une captation accrue de ressources issues de l'enclave pétrolière. La renégociation des contrats pétroliers permet ainsi à l'État d'accroître ses capacités d'intervention en matière économique et de renforcer le secteur public, donnant lieu à une modernisation étatique sans précédent. Cette nouvelle configuration politique et économique modifie le modèle de reproduction du capital en Équateur. Le nouvel axe d'accumulation s'articule autour du secteur public qui contrôle désormais la distribution d'une grande partie de la manne pétrolière, et revendique d'utiliser celle-ci au service du Buen Vivir et de la transformation productive. Afin de cerner les enjeux relatifs à la transformation productive de l'Equateur, il convient donc de rappeler comment le modèle de spécialisation productive dépendant de l'Equateur se structure historiquement et évolue conformément à son insertion particulière dans la division internationale des processus productifs, à partir du décollage industriel des pays centraux. 1) Emergence et crise du modèle agro-exportateur a) De l'époque coloniale à l'âge d'or du cacao Dès l'époque coloniale, les activités économiques de ce qui deviendra plus tard l'Équateur (notamment de l'Audience de Quito) s'articulent déjà autour d'activités exportatrices destinées à la métropole. Lors de la phase de découverte et de conquête marquée par la recherche du mythique El Dorado, entre 1530 et 1560, les fondations espagnoles essaiment à proximité de gisements aurifères. Elles organisent l'exploitation minière destinée à la métropole et pillent les richesses accumulées par les civilisations pré-colombiennes. Le rapide dépeuplement des régions aurifères donne lieu à un nouveau cycle économique basé sur l'élevage et l'artisanat textile. Ces activités 57 Les parties 1 et 2 du II sont tirées de DELER, Jean-Paul, Ecuador del espacio al Estado nacional, Quito, Ediciones del Banco Central del Ecuador (1987) 35 émergent afin de répondre aux besoins des zones d'exploitation minières de l'Amérique andine coloniale, notamment de l'Audience de Charcas où se situent les mines d'argent de Potosi. La société coloniale se structure et de nombreux centres urbains émergent. Au cours du XIXième siècle, le territoire Equatorien s'insère de façon différenciée dans l'économie mondiale. La Costa, notamment la région du Guayas, commence à produire et à commercialiser du cacao à partir de la fin du XVIII ième siècle alors que la Sierra est en proie à une crise économique et démographique aggravée par les guerres d'Indépendance. La production agricole destinée à l'exportation s'envole suite à la modernisation des infrastructures de transport, notamment avec l'introduction de la machine à vapeur – chemin de fer et navigation fluviale – à partir de 1860. L'expansion de la frontière agricole dans les provinces côtières conduit à une monopolisation des terres dans les mains d'un nombre réduit de familles, et à l'incorporation croissante de main d'œuvre agricole, notamment salariée. L'exportation de cacao se convertit en la première source d'accès à des devises et permet à l'État de disposer de revenus fiscaux accrus. En conséquence, le centre de gravité démographique et politique de l'Équateur se déplace vers Guayaquil, surtout à partir de la Révolution Alfariste de 1895 qui marque le début d'une hégémonie libérale qui dure jusqu'en 1925. Cette période atteint son apogée durant la période dite de la “Ploutocratie”, entre 1912 et 1925. L'oligarchie agro-exportatrice de Guayaquil – composée de différents secteurs : planteurs, exportateurs et financiers – constitue un bloc relativement homogène caractérisé par l'interpénétration d'intérêts agricoles, commerciaux et financiers, souvent imbriqués au sein d'une même famille ; elle constitue un important système bancaire articulé à la production et à l'exportation de cacao et contrôle l'essentiel de l'appareil d'État. Le contrôle de la terre permet de plus aux propriétaires terriens de disposer d'un pouvoir local caudilliste appuyé sur des pratiques clientélistes. Le caractère du dépendantisme équatorien de la fin du XIX ième et du début du XXième siècle apparaît ici clairement. L'Équateur se spécialise sur la production d'une matière première agricole – le cacao – pour laquelle il dispose d'un quasi monopole lié à sa situation géographique, à son climat et à l'exceptionnelle fertilité de ses terres agricoles. La production de cacao requiert des investissements très limités et une main d'œuvre abondante et peu qualifiée, ce qui fait que les coûts de production sont particulièrement bas. Entre 1895 et 1913, l'Équateur reste le premier exportateur mondial de cacao, satisfaisant entre 15 et 25% de la demande des marchés internationaux. L'oligarchie bénéficie alors de revenus particulièrement élevés, mais qui ne sont pas réinvestis dans d'autres activités productives. La rente sert à financer le défrichement de nouvelles terres destinées à la production de cacao. Mais elle est aussi dépensée dans l'importation de produits de luxe, ou à 36 l'étranger. Une part variable de la rente est également investie dans les activités commerciales et financières. L'industrie représente une part minime des investissements (environ 10%), surtout si l'on considère que le capital investi dans ce secteur sert en priorité à développer les services urbains réclamés par l'oligarchie. En même temps, l'Équateur dépend de capitaux étrangers. Dès 1830, il s'endette lourdement auprès de créanciers anglais. Malgré des difficultés à rembourser la dette de l'Indépendance, le pays est obligé de contracter un nouvel emprunt pour relancer la construction du chemin de fer national, qui stagne depuis 1870. L'État fait appel à des capitaux étasuniens. Il signe un contrat avec une société du New Jersey donnant lieu à la création de la Guayaquil and Quito Railway Company (GQRC). Les dirigeants de la GQRC imposent à l'État une relation asymétrique et procèdent à une gestion irrégulière marquée par des escroqueries et des faits de corruption au préjudice de l'État équatorien. Après l'ouverture du canal de Panama en 1914 et à l'occasion de la Première Guerre Mondiale, les États-Unis supplantent définitivement le Royaume-Uni en tant que premier partenaire économique et politique de l'Équateur et exercent par conséquent un contrôle croissant sur son économie. b) Développement du marché intérieur et crise du modèle agro-exportateur Le développement de la machine à vapeur, la modernisation de la voirie et des infrastructures de transport donnent au marché intérieur une base technique pour se développer. En 1908, le chemin de fer – conçu avant tout comme un instrument d'intégration nationale, arrive à Quito et permet de rallier Guayaquil. Le marché intérieur acquiert d'autant plus d'importance que le boom des exportations de la Costa octroie aux producteurs de la Sierra de vastes débouchés commerciaux. Les activités destinées au marché intérieur s'articulent alors à l'axe d'accumulation agro-exportateur. Le chemin de fer profite d'abord aux exploitations agricoles pouvant tirer profit d'une situation géographique avantageuse vis-à-vis de celui-ci. De grands propriétaires terriens de la Sierra investissent dès le début du XX ième siècle une partie de leur rente dans la modernisation de leur exploitation, donnant notamment naissance à une économie laitière significative. En même temps, l'économie urbaine de la Sierra se renforce : la zone en vient alors à concentrer 90% de l'industrie textile. L'industrie alimentaire se développe et un réseau bancaire émerge. Ainsi, à l'apogée de la République cacaotière, le cacao représente environ les trois quarts des exportations mais seulement, entre 1920 et 1925, 13% du PIB, ce qui donne une idée de 37 l'importance du marché intérieur à cette époque. Néanmoins, l'Équateur se positionne comme premier producteur mondial de cacao à un moment où l'Afrique commence à produire celui-ci massivement, après avoir été colonisée par les puissances européennes. De plus, l'industrie devient capable de transformer du cacao de moins bonne qualité que celui produit en Amérique latine. Le système cacaotier entre en crise et est affecté par la forte fluctuation des prix du cacao et par la perte de marchés, ce à quoi il faut ajouter l'apparition de maladies qui ravagent les récoltes ainsi que l'impact négatif de la Première Guerre Mondiale. La hausse de la consommation de cacao aux États-Unis entre 1900 et 1925 rend par ailleurs l'Équateur de plus en plus dépendant à la demande de ce seul pays, qui absorbe à partir de 1916 plus de la moitié de ses exportations de cacao. Les élites agro-exportatrices tentent alors de stabiliser leurs revenus par la spéculation : sur la qualité du cacao, sur les délais de vente et d'achat, sur le taux de change sucre-dollar. La politique monétaire consistant à émettre de la monnaie conduit à une dévaluation du sucre destinée à maintenir intact le taux de profit de l'oligarchie. Le système bancaire de Guayaquil tire également profit de prêts octroyés à l'État, ce qui devient une source d'enrichissement importante. La “ploutocratie” concentre alors un tel pouvoir économique et politique que la Banque Commerciale et Agricole, la banque la plus puissante de Guayaquil, va jusqu'à exercer un contrôle des nominations aux postes clés du pouvoir politique, jusqu'au président de la République. La fin de l'âge d'or du cacao précipitée par les crises de 1922 et 1929 marque un point de rupture, et précipite la fin de l'hégémonie de l'oligarchie bancaire et commerciale agro-exportatrice de Guayaquil et de son régime libéral, suite à la Révolution de juillet 1925. L'exportation de cacao s'effondre au cours des années 1920, passant d'environ 45 000 tonnes annuelles vers 1920 à un peu plus de 10 000 tonnes annuelles au début des années 1930. La crise frappe en premier lieu la Costa et affecte les activités exportatrices et les secteurs financiers et commerciaux liés à celles-ci. Elle donne lieu à un afflux massif de travailleurs agricoles vers les villes – notamment Guayaquil, cellesci n'étant pas en capacité de fournir suffisamment d'emplois à cette population. Un important sousprolétariat urbain se forme. La Sierra est en revanche relativement protégée de la crise. La demande de la production destinée au marché intérieur – essentiellement des biens alimentaires et de consommation courante – ne peut pas être réduite au delà d'une certaine limite. Par conséquent, les propriétaires terriens de la Sierra résistent mieux, malgré une hausse du chômage rural qui provoque des migrations vers Quito. En même temps, la diminution de la capacité de l'Équateur à s'approvisionner sur les 38 marchés internationaux favorise un développement de l'industrie nationale. Cette situation est renforcée par des mesures protectionnistes après 1929. Le développement lent mais continu d'une industrie dite de “substitution d'importation” est notable à travers la diminution des importations (huiles, graisses, cuir, bois...). Celle-ci dynamise l'économie urbaine et favorise l'émergence de nouveaux secteurs sociaux : classes moyennes, prolétariat industriel – et ses organisations syndicales. La Sierra, en particulier Quito, en vient à concentrer l'essentiel de l'industrie équatorienne, elle bénéficie ainsi de 80% du potentiel électrique du pays en 1939. 2) Stagnation économique et instabilité politique jusqu'au nouveau modèle industriel a) Stagnation économique et instabilité politique Malgré l'ampleur de la crise, le modèle d'accumulation agro-exportateur reste en vigueur pendant encore 40 ans, jusqu'en 1960-1965. Dans un premier temps, aucune production dominante équivalente à celle du cacao ne se détache, malgré un accroissement des exportations de café dans les années 1930 et de riz dans les années 1940. L'Équateur connaît une forte instabilité politique entre 1925 et 1948. L'ancienne hégémonie libérale s'estompe au profit d'un équilibre politique fragile caractérisé par la confrontation permanente entre intérêts de la Sierra et de la Costa, et entre classes moyennes et élites ; sans qu'aucune fraction des classes dominantes – bourgeoise ou oligarchique, conservatrice ou libérale – ne soit en mesure d'imposer sa domination. Il convient, pour rendre compte de cette situation, de rappeler l'importance décisive des évolutions socio-économiques notables à partir du début du XX ième siècle, et surtout à partir de 1920. Les classes moyennes, présentes essentiellement à Quito et Guayaquil ainsi que dans de nombreuses villes de la Sierra, doivent leur existence au développement de l'enseignement public, à la croissance du secteur public, des activités de service liées à l'import-export ainsi qu'à la modernisation des infrastructures de transport et de communication. L'accroissement de la participation et du poids des classes moyennes dans le jeu politique est ainsi profondément corrélé à l'expansion du marché intérieur et de l'économie urbaine à la remorque des activités agroexportatrices. Les classes moyennes sont alors de plus en plus en mesure de procéder à des arbitrages dans les conflits internes aux classes dominantes en s'alliant alternativement avec différents secteurs, en fonction des circonstances. Les populations rurales au sein de ce nouvel équilibre de pouvoir occupent une position 39 marginale malgré leur importance démographique. Le prolétariat et le sous-prolétariat urbains constituent pour leur part une force d'appui pour les groupes politiques en lutte. Le pouvoir politique tente alors de limiter la contestation des secteurs urbains par l'introduction d'une législation sociale et de stabiliser l'économie par des politiques budgétaires orthodoxes. Malgré la crise, il n'est alors pas question de dépasser le modèle de spécialisation productive agro-exportateur. Cette situation est aisément compréhensible si l'on considère que l'ensemble des secteurs dominants et des classes moyennes tirent en définitive de cette activité l'essentiel de leur subsistance. L'absence de changement structurel notable du modèle économique pour mettre fin à la stagnation économique explique le surgissement des forces armées, ou d'un leader populiste tel que José Maria Velasco Ibarra58, comme arbitres au-dessus des luttes de classes au cours de cette période. Jusqu'à la fin des années 1940, l'Équateur connaît donc une période de stagnation économique et d'instabilité politique liées à la permanence d'un modèle d'accumulation agroexportateur inadapté à la demande des marchés internationaux. Néanmoins, à partir de 1946, la culture de la banane va permettre de remédier temporairement à cette situation. b) Quand l'Équateur a la banane... Après la Seconde Guerre mondiale, l'Amérique centrale voit ses plantations bananières dévastées par des cyclones et ravagées par des maladies. La compagnie américaine United Fruit, en position de monopole dans la région, doit, de plus, faire face à des mouvements sociaux qui dénoncent ses abus. Malgré son éloignement des principaux marchés, l'Équateur apparaît alors temporairement aux yeux des compagnies bananières nord-américaines comme un pays propice à la production et à l'exportation de bananes, alors que le prix de cette denrée augmente drastiquement. Alors que le cycle du cacao s'étend sur près de quarante ans, le cycle bananier dure moins de vingt ans. Le rapport avec les États-Unis diffère de celui entretenu par l'Équateur avec les centres économiques dominants durant le cycle cacaotier. Le président Galo Plaza, pro-étasunien patenté, ami personnel de Rockefeller et partageant des intérêts avec la United Fruit, met en place des politiques qui favorisent l'expansion de la culture bananière. Il s'appuie notamment sur une réforme antérieure du secteur étatique destinée à permettre une meilleure coordination entre capitaux nationaux et étrangers et une meilleure allocation du 58 Président de l'Équateur cinq fois : 1934-1935, 1944-1947, 1952-1956, 1960-1961 et 1968-1972. 40 crédit notamment dans le domaine agricole. Réaffirmant la vocation “essentiellement agricole” de l'Équateur, l'État facilite l'accès à la terre pour les agriculteurs s'engageant à cultiver des bananes, notamment dans le bassin du Guayas qui présente de parfaites conditions écologiques. Le pays devient rapidement le premier exportateur de cet “or vert”, fournissant entre 20 et 30% de la demande mondiale. Les bananes représentent alors entre 50 et 60% des exportations les années les plus fastes, même si l'on est loin de renouer avec avec les pratiques de monoproduction qui avaient caractérisé la République du cacao dans la mesure ou d'autres produits – le cacao et le café – pèsent environ entre 25 et 40% de la valeur des exportations dans la même période. L'expansion de la culture bananière provoque l'incorporation de nouveaux territoires de la Costa à l'espace régional, la conquête de nouvelles terres agricoles et des migrations intérieures – notamment depuis la Sierra – vers les zones de production nécessitant une main d'œuvre importante. Le cycle de la banane ne donne pas lieu à la formation d'une enclave productive. Au contraire, se développe un important réseau de petits et de moyens producteurs donnant lieu à une structure de la propriété “démocratisée”. En revanche, la concentration des exportations est extrêmement élevée, cinq compagnies étrangères contrôlant environ 80% des exportations. A la première période d'euphorie succède une ère de surproduction – nationale et internationale, dont profitent les compagnies exportatrices qui disposent d'un pouvoir de marché considérable sur des agriculteurs pour la plupart dédiés à la monoproduction. Les grands exploitants disposent eux de leurs propres canaux de commercialisation. Enfin, dans les années 1960, l'imposition de la variété Cavendish dont la culture et le conditionnement nécessite la maîtrise de techniques spécifiques met en difficulté de nombreuses petites et moyennes exploitations, incapables de s'adapter car ne recevant pas d'aide des pouvoirs publics ou n'ayant pas accès au crédit. Elles deviennent dépendantes de plus grandes exploitations. Finalement, le cycle bananier qui avait permis à ses débuts une certaine prospérité s'achève sur une période de crise économique et d'instabilité politique et institutionnelle qui se conclut par un coup d'État préparant l'instauration d'une dictature militaire. c) Industrialisation par substitution des importations et nationalisme pétrolier Entre 1960 et 1980, l'Équateur connaît un processus de développement, accéléré particulièrement à partir de 1972 grâce à la rente pétrolière. Au début des années 1960, la crise du modèle agro-exportateur se conjugue avec une évolution des stratégies d'investissement du 41 capitalisme central. Des firmes multinationales se sont constituées et cherchent à bénéficier de la main d'œuvre bon marché des pays périphériques tout en trouvant des débouchés pour des technologies obsolètes. En même temps, le triomphe de la Révolution castriste de 1959 constitue un traumatisme pour les États-Unis. Ceux-ci élaborent une stratégie anti-insurrectionnelle ainsi qu'un programme “d'assistance”, l'Alliance pour le Progrès qui se propose de faire de l'industrie un nouvel axe de développement pour l'Amérique latine afin de contrecarrer les velléités contestataires et révolutionnaires liées au sous-développement. L'idéologie développementiste table sur un certain nombre de transformations internes visant à permettre le développement du marché intérieur et le dynamisme de l'économie : modernisation étatique, infrastructures de transport, réformes agraires (en 1963 et 1973) destinées à moderniser le secteur agricole et à réduire la concentration de la propriété de la terre. En parallèle, l'intégration régionale s'approfondit afin de compenser la faible taille des marchés nationaux. Le secteur étatique se renforce, crée un réseau d'administrations spécialisées et est en mesure de contrôler directement la rente pétrolière à partir de 1972. Il accroît ses capacités d'investissement. En même temps, il crée un cadre juridique afin de permettre aux capitaux nationaux et transnationaux d'évoluer au sein de l'économie nationale. Le modèle industriel nécessite l'impulsion des fractions industrielles de la bourgeoisie. Celles-ci étant trop faibles en Équateur durant les années 1960 et 1970, et dans un contexte d'instabilité politique, s'instaure une dictature militaire en 1963. La junte militaire affirme alors son adhésion totale aux principes de l'Alliance pour le progrès. Elle cherche à supprimer les obstacles au développement dus à la structure agraire du pays. Le retour au pouvoir des militaires en 1972 donne lieu à des politiques nationalistes visant à sauvegarder le contrôle national sur les ressources pétrolières et à continuer le développement de l'industrie. L'Équateur intègre l'OPEP, crée une entreprise publique pétrolière et met fin au système de concessions. La radicalisation des militaires conduit à l'émergence d'un important capitalisme d'État, en association avec des capitaux transnationaux. Les forces armées bénéficient alors de 50% des bénéfices pétroliers et 30,75% du budget de l'État est tiré du pétrole. Finalement, les secteurs de l'armée favorables au capitalisme d'État se retrouvent marginalisés. Dès 1974, l'opposition des compagnies pétrolières à la politique menée par le régime conduit à la destitution du Ministre de Ressources Naturelle Gustavo Jarrin Ampudia, à l'initiative des politiques nationalistes pétrolières. En 1976, le renversement du général Rodriguez Lara marque finalement la défaite des fractions de la bourgeoisie favorables au développement d'un capitalisme 42 d'État. L'interpénétration d'intérêts entre bourgeoisie industrielle et oligarchie traditionnelle entrave de plus la remise en cause de la structure agraire et ne permet pas de dépasser la structure caractéristique de la dépendance équatorienne, dans un pays où la moitié de la population est rurale et où il est impossible d'envisager un développement réel sans une réforme agraire ambitieuse. La structure agraire connaît néanmoins des évolutions importantes et est marquée par la dualité entre petites et grandes exploitations. Les exploitations se spécialisent suivant leur taille dans divers types de production. Les grandes haciendas de la Sierra abandonnent la polyculture traditionnelle, notamment la culture du blé (qui peut être importé facilement) et se dédient à l'élevage et à la production laitière. Les petites exploitations fournissent elles des biens agricoles diversifiés pour le marché intérieur. Dans les zones chaudes, notamment de la Costa, les exploitations se spécialisent en fonction de leur taille sur divers types de production. En règle générale, les biens nécessitant la maîtrise de procédés complexes ou l'accès à des capitaux relativement importants sont produits par les grandes exploitations. On observe souvent une dépendance des petits exploitants vis-à-vis des grands quand à l'accès à certaines ressources productives, quand il ne s'agit pas tout simplement de la nécessité de se salarier en raison de la faiblesse des revenus dont bénéficient les petits exploitants. En somme, la période de substitution des importations provoque une substantielle dynamisation économique : croissance de la production industrielle, du commerce, des ouvrages publics ainsi que de la construction – malgré la dépendance à des technologies et à des biens de capital provenant des économies centrales. Entre 1960 et 1980, le capitalisme équatorien se modernise : généralisation du salariat (notamment dans l'agriculture), colonisation de nouvelles terres agricoles de la Costa et importante croissance urbaine avec notamment l'arrivée massive d'un sous-prolétariat d'origine agricole. Ce développement donne lieu à un “sous-développement moderne” provoquant un accroissement des inégalités sociales et économiques sans pour autant solutionner les problèmes fondamentaux de la population. 3) Le modèle de reproduction du capital dans l'Équateur contemporain59 a) L'État, le marché et la captation de la rente extractive La dimension de la rente pétrolière dépend principalement des prix sur les marchés internationaux, et du rapports de force social lié à chaque situation historique et qui influe sur 59 La partie 3 du II est tirée de RUIZ ACOSTA, Miguel, in. La alquimia de la riqueza. Estado, petróleo y patrón de acumulación en Ecuador, Quito, Centro de Derechos Económicos y Sociales (marzo 2013): 21-138. 43 l'élaboration des politiques liées à la captation et à la distribution de la rente. Le volume de rente capté dépend essentiellement de la capacité de l'État à la collecter, et peu du type d'entreprise qui réalise l'exploitation (publique ou privée). L'augmentation du prix des matières premières, après 2002 est liée à l'augmentation de la demande de ces produits de la part de nations connaissant une forte croissance de la production industrielle, comme la Chine, mais aussi à certaines tendances spéculatives résultant du déplacement du capital financier transnational vers les marchés à terme où s'échangent des droits de propriété sur les matières premières, en réponse à la crise postérieure à 2007. La hausse du prix des matières premières semble aujourd'hui avoir atteint un point de stagnation : passé de plus de 140 à moins de 40 dollars le baril entre juillet et décembre 2008, le cours du pétrole semble s'être stabilisé depuis 2011 entre 80 et 110 dollars. Cette situation joue alors un rôle clé pour le succès de ces politiques visant à la captation de la rente pétrolière. Les termes de l'échange se sont améliorés en Amérique latine depuis 2001, malgré une interruption de cette tendance entre 2008 et 2009. Le commerce extérieur s'est dynamisé, les exportations ont augmenté en volume, et plus que proportionnellement en valeur. La production de minéraux est elle aussi profondément touchée par l'accroissement de la demande mondiale – notamment de la Chine – et par la recomposition du capital financier transnational. Elle possède des caractéristiques similaires à celles du pétrole : forte concentration de la production et de la demande, prix en hausse. L'Amérique latine apparaît comme un des premiers producteurs de minéraux destinés à l'industrie. Durant la dernière décennie se succèdent trois périodes pour les industries extractives équatoriennes, par rapport au volume et à la circulation de la rente dans le tissu social. Entre 2000 et 2003, les exportations pétrolières se tassent en valeur et en volume. Le gouvernement cherche alors à modifier la législation pour attirer de nouveaux investissements. Entre 2003 et 2006, les exportations croissent en valeur et en volume, grâce aux nouveaux investissements et à la hausse des prix mondiaux du pétrole. Enfin, entre 2006 et 2011, on observe un déclin progressif des volumes exportés ainsi qu'une instabilité des prix internationaux du pétrole. Certaines entreprises privées mettent fin à leurs investissements. L'État renforce sa participation dans le secteur pétrolier et de nombreux acteurs cherchent alors à tirer profit de la distribution de la rente . b) Résurgence du nationalisme pétrolier La dollarisation de 2000 rend nécessaire l'acquisition de devises pour garantir le 44 fonctionnement de l'économie équatorienne. Dans ce contexte, Gustavo Noboa puis Lucio Gutiérrez mettent en place dans le domaine pétrolier des mesures destinées à accroître la captation de devises : vente anticipée de brut, privatisations massives, vente des banques tombées aux mains de l'État suite à la crise financière, promotion des exportations, endettement extérieur. Ces gouvernements parient sur le secteur privé pour développer la production et le transport du pétrole. Ils appuient la construction d'un nouvel oléoduc. En parallèle, ils mettent en place une réforme fiscale, flexibilisent le travail et créent un fonds financier de stabilisation. Gustavo Noboa adopte peu après la dollarisation, en 2000, un ensemble de mesures proposées par l'ancien président Jamil Mahuad. La Loi pour la Transformation Economique de l'Équateur, aussi appelée Loi Trole, modifie notamment la Loi des Hydrocarbures. Elle ouvre la possibilité pour les compagnies privées de participer au transport et au raffinement des hydrocarbures, phase auparavant réservée aux entreprises publiques. La Loi pour la Promotion de l'Investissement et de la Participation Citoyenne, ou loi Trole II, adoptée la même année, prétend lutter contre les pratiques ou régulations vues comme anti-concurrentielles. Il s'agit de donner plus de facilités à l'investissement et aux compagnies privées tout en restreignant le champ d'action de l'État60. Le nouveau cadre juridique permet la construction d'un nouvel oléoduc dit “Oléoduc de Brut Lourd” (OCP) par un consortium d'entreprises privées. La construction est entachée d'irrégularités : surcoût laissant penser à des pots-de-vin, exonérations fiscales injustifiées. La création d'emploi est largement inférieure à l'offre de postes initiale61. La construction est effectuée sans s'assurer des conditions minimales de sécurité – estimation des risques géologiques – et sans consultation préalable des populations. Enfin, la construction s'avère finalement non-rentable : la production de brut lourd des sociétés du consortium est trop faible par rapport aux dimensions de l'oléoduc. Les compagnies font alors pression sur Lucio Gutiérrez pour incorporer une partie du brut léger produit par Petroecuador, la compagnie publique. Elles obtiennent gain de cause. Finalement, le mélange effectué au sein du gazoduc détériore la qualité du brut léger, ce qui est une source de pertes pour l'État. La raffinerie de Esmeraldas, conçue pour raffiner du brut léger, voit aussi son rendement diminuer drastiquement. A partir de 2000, les politiques économiques visent essentiellement à garantir la valeur de la dette exterieure sur les marchés de capitaux. La Loi Organique de Responsabilité, Stabilisation et 60 La portée de la Loi Trole II est finalement réduite par le Tribunal Constitutionnel, en réponse à l'opposition obstinée de mouvements sociaux et d'organisations populaires . 61 300 postes directs et 3000 indirects contre 52 000 initialement prévus. 45 Transparence Fiscale (LOREYFT) entérine la création d'un fonds alimenté par les ressources pétrolières, le Fonds de Stabilisation, Investissement Social et Productif et Réduction de l'Endettement Public (FEIREP). Ce fonds destine 70% de ses revenus pour le service de la dette, 20% à la stabilisation des revenus pétroliers et seulement 10% pour des dépenses sociales (santé et éducation). L'adoption de cette loi visant à garantir le rachat de la dette externe provoque un renchérissement de celle-ci sur les marchés financiers et rend d'autant plus difficile son rachat par l'Équateur. En 2002 le FEIREP est également habilité à garantir le paiement de la dette interne. Sous Gutiérrez aggrave, la fuite de ressources fiscales s'aggrave suite à des mesures augmentant les revenus destinés au FEIREP et la dette publique empire. En 2005, le FEIREP est supprimé et ses ressources transférées à un nouveau fonds. Au cours de ses 4 années de fonctionnement, le FEIREP aura procuré aux créanciers de l'État équatorien, notamment internationaux, une manne financière colossale. Les bénéficiaires peuvent être clairement identifiés : “Il ne faut pas oublier, [qu'] après son renversement, Gutiérrez fut invité aux États-Unis par la banque Barclays, une de celles favorisées par les fonds du FEIREP. Et que Mauricio Pozo, avant le ministère [de l'Economie], était haut fonctionnaire de Produbanco, et que son frère Fernando l'est de la banque du Pichincha, deux entités détentrices de bons de la dette souveraine”62. L'ouverture au capital intervient au début des années 1990 et met fin à une période de nationalisme pétrolier. La valeur nominale des investissements directs à l'étranger est multipliée par 12 entre 1990 et 2003. Petroecuador est contrainte à s'associer de plus en plus avec des multinationales ce qui conduit dans les faits à une privatisation d'un certain nombre de ses actifs. Le gouvernement de Gustavo Noboa crée pour cela de nouvelles modalités contractuelles appelées “Alliances Opératives” et “Alliances Stratégiques”. Ces “Alliances” présentent en réalité pour Petroecuador des conditions très défavorables. Le caractère inique des conditions d'association entre Petroecuador et les entreprises privées déclenche en 2003, à l'occasion d'un projet d'exploration et d'exploitation, un conflit social mettant aux prises la Fédération de Travailleurs Pétroliers d'Équateur (Fetrapec) et le gouvernement. Ce dernier réagit en remerciant la direction exécutive de Petroecuador, opposée au projet, et en licenciant des travailleurs et en réprimant les leaders syndicaux. La mobilisation obtient toutefois un relatif succès dans la mesure où Gutiérrez annonce sa volonté de ne pas privatiser Petroecuador et suspend les contrats d'Association de cinq grands 62 (Rosero, 2009) cité par Miguel Ruiz Acosta 46 champs pétroliers. Les gouvernements de Noboa et Gutiérrez choisissent au cours de leur mandat de contribuer à la marginalisation progressive de Petroecuador, entamée dès 1993. La Loi 44, qui oblige celle-ci à transférer 10% de sa production au Ministère des Finances, affecte les capacités d'investissement de l'entreprise publique et accélère la dégradation de ses infrastructures. Le gouvernement de Gutiérrez choisit d'amputer les comptes de l'entreprise de 350 millions de dollars pour les affecter au service de la dette et porte le coup de grâce à ses capacités de prospection, d'exploration et d'exploitation. Alfredo Palacio, vice-président de Gutiérrez, remplace ce dernier lors qu'il fuit du pays suite à des troubles sociaux. Pressionné par des intérêts contradictoires, il forme un cabinet pluraliste intégré par des citoyens opposants au président déchu, parmi lesquels se trouve le Ministre de l'Economie, Rafael Correa Delgado. Pendant quatre mois, Rafael Correa réoriente la politique pétrolière. Il remplace le FEIREP par un compte spécial de Réactivation Productive et Sociale du Développement Scientifique-Technologique et de la Stabilisation Fiscale (CEREPS). L'objectif d'une telle réforme est réaffecter les revenus pétroliers vers des postes de dépense prioritaires et négligés jusqu'alors par le FEIREP. Le CEREPS ne doit pas consacrer plus de 35% de ses fonds au rachat de la dette, 20% sont destinés à un fonds d'épargne et de prévoyance, 45% sont directement alloués à l'éducation et à la culture, à la santé, à l'assainissement environnemental, à l'investissement scientifique et technologique... Les résultats ne sont pas à la hauteur des espérances de Correa : une grande partie des ressources du CEREPS sont tout de même destinées au service de la dette interne, au mépris des dispositions légales développés plus haut. Néanmoins, la réforme marque un changement dans les relations avec les organismes internationaux de crédit. L'Équateur annonce sa décision de cesser de privilégier le paiement de la dette par dessus toute autre considération. Il prévoit une consultation populaire afin de se prononcer sur le Traité de Libre Echange avec les États-Unis. Les relations se tendent avec les créanciers internationaux liés à Washington. Soumis à des pressions, Correa démissionne de son poste de ministre. Prenant appui sur l'augmentation des cours internationaux du pétrole, la politique pétrolière équatorienne prend un tour nationaliste et l'État cherche à reprendre le contrôle du secteur des hydrocarbures. La Loi 42-2006, ou Loi des Hydrocarbures, redéfinit le partage du gâteau pétrolier entre l'État et les entreprises privées, notamment concernant les “bénéfices extraordinaires” – résultant de la hausse des prix internationaux du pétrole – dont chaque contractant se voit attribuer une part égale. La loi rentre en vigueur en 2006 mais doit être réformée en raison de pressions du secteur privé, ce qui génère des conflits au sein même du gouvernement. Une mesure emblématique 47 de cette nouvelle période est la révocation du contrat avec l'entreprise étasunienne Occidental (Oxy) en raison d'un transfert financier illégal. Les aires exploitées par Oxy sont rendues à l'État. Sous la première administration de Correa, l'Équateur réintègre l'OPEP et décrète que désormais 99% des bénéfices extraordinaires seront destinés à l'État, avant de rétrocéder et de porter finalement cette proportion à 70%. L'Assemblée Constituante décrète la Loi Organique pour la Récupération de l'Usage des Ressources Pétrolières de l'État et la Rationalisation Administrative des Processus d'Endettement. Cette loi élimine tous les fonds pétroliers et transfère les revenus pétroliers, une fois déduits les coûts de production de Petroecuador, au Compte Courant Unique du Trésor National et élimine certains prérequis pour contracter des emprunts. La Constitution de Montecristi, dans les articles 313 et 318, affirme le droit de l'État à exercer un contrôle sur les secteurs stratégiques à travers la constitution d'entreprises publiques, et à déléguer à des entreprises mixtes à majorité actionnariale étatique la gestion des secteurs stratégiques et des services publics. En 2009 et 2010, des discussions entre l'État et les entreprises pétrolières dont l'objet est d'établir un nouveau modèle contractuel ne débouche pas sur l'élaboration d'un type de contrat unique, entérinant la continuité de l'ancien modèle où coexistent prestations de service, de services spécifiques et de champs marginaux. En 2010, la réforme à la Loi des Hydrocarbures est adoptée à marche forcée. Elle table sur le retour à d'anciens modèles de contrat de prestation de service – prédominants au cours des années 1980 – ainsi que sur des réformes contractuelles et institutionnelles garantissant une participation accrue de l'État, pour éviter la chute de la production pétrolière. Elle crée le Secrétariat des Hydrocarbures (SHE) pour administrer le domaine pétrolier. Le SHE signe en 2010 huit contrats de prestation de service avec cinq entreprises, puis sept contrats avec cinq entreprises par rapport à des champs marginaux. Trois entreprises refusent en revanche de renégocier leur contrat. Le fait d'accepter ou non la renégociation des contrats dépend pour beaucoup de la taille et du rendement du champ exploité. Parmi les entreprises bénéficiant de champs de grande taille et à rendements élevés, figurent de nombreuses entreprises latinoaméricaines. La Loi Organique des Entreprises Publiques (LOEP) de 2009 procède à une réforme institutionnelle des entreprises publiques pétrolières afin d'améliorer l'efficience de la gestion étatique et de moderniser les compagnies pétrolières publiques. Petroecuador et Petroamazonas sont désormais appelées Entreprise Publique d'Exploration et d'Exploitation des Hydrocarbures (EP Petroamazonas) et Entreprise Publique des Hydrocarbures d'Équateur (EP Petroecuador). Il s'agit de mettre fin à la dispersion des activités liées au pétrole, afin de concentrer chaque 48 étape de la chaîne de valeur pétrolière – exploration et exploitation, transport et stockage, raffinage, commercialisation, sécurité-santé-environnement, développement organisationnel – au sein d'une institution donnée. Toutes les activités d'exploration et d'exploitation réalisées par Petroecuador sont transférées à Petroamazonas. La première se spécialise sur le transport et le stockage, le raffinage et la commercialisation. En matière de politiques pétrolière et minière, on remarque donc un point d'infléchissement au moment de la présidence de Alfredo Palacio. Rafael Correa approfondit cette réorientation, et rompt avec la gestion néolibérale de Gustavo Noboa et Lucio Gutiérrez63. Les gouvernements de Palacio et Correa sont ceux qui captent le volume le plus élevé de rente pétrolière depuis 30 ans. Le gouvernement de Correa, particulièrement, reçoit en moyenne 326 millions de dollars par mois, contre 100 millions de Roldos à Palacio. L'augmentation de la participation de l'État à la production se doit à l'incorporation du Bloc 15 et de l'ancienne concession de la Oxy à la comptabilité de Petroamazonas. En conséquence, la production publique sort du marasme de la période néolibérale. A l'inverse, la production privée décline. La distribution du pétrole, elle aussi, connaît des modifications. L'État, qui en recevait 67% vers 2002, se voit désormais attribuer 82%, les compagnies privées passant de 33 à 18%. Ceci s'explique par l'augmentation de la production globale de Petroecuador et Petroamazonas 64, par la diminution des investissements et de la production privés ainsi que par une renégociation des contrats pétroliers décidée par l'État. Les revenus publics non-pétroliers croissent aussi au cours de la décennie, notamment les recettes fiscales et les contributions à la sécurité sociale. Ceux-ci sont multipliés par deux en valeur entre 2005 et 2010, passant de 6 871 millions à 13 983 millions de dollars. En revanche, les revenus pétroliers deviennent instables après 2008 : 8 675 millions de dollars en 2008, 5 212 millions en 2009 et 7 844 millions en 2010. La diminution de la production privée intervenue après 2006 n'a pas été homogène. Des entreprises comme la chinoise Andes Petroleum, l'espagnole Repsol et la brésilienne Ecuador TLC continuent de concentrer une partie importante de la production et de la rente, une fois déduite la partie revenant à l'État et dépendant de chaque contrat. 63 L'analyste pétrolier Fernando Villavicencio contesterait cette thèse de Miguel Ruiz Acosta. Néanmoins, si l'on peut débattre du caractère post-néolibéral des politiques pétrolière et minière de Rafael Correa, il n'en reste pas moins qu'encore aujourd'hui, l'opacité des négociations de l'État avec les intermédiaires et les entreprises prestatrices de service est un facteur favorable à l'apparition d'irrégularités et d'affaires illégales dans ce domaine. 64 Petroamazonas s'est convertie en la première entreprise publique équatorienne dans le secteur pétrolier, avec des transferts nets à l'État passant de 920,5 à 2 388,8 millions de dollars entre 2006 et 2008. En revanche, la production de Petroecuador continue de décliner dans la période, passant de 68 millions à 50 millions de barrils par an entre 2006 et 2010. 49 Si l'on considère la valeur de la rente captée par le secteur privé pétrolier, celle-ci augmente jusqu'en 2005, puis décline, atteignant moins de la moitié du montant brut et cinq fois moins en terme de gains nets en 2009. L'impôt sur le revenu augmente également sensiblement, passant de 25% des bénéfices entrepreneuriaux en 2007 à 41% en 2008, puis à 32% en 2009. Ces données montrent que la production pétrolière privée est réalisée par un oligopole, au sein duquel Andes Petroleum et Repsol-YPF occupent le premier plan. c) L'État comme nouvel axe d'accumulation d'une économie oligopoliste et monopoliste Depuis la dollarisation en 2000, le PIB a crû en moyenne de 4,5% par an, à mettre en rapport avec les 1,8% pour la décennie antérieure. Cependant, la dollarisation n'a joué aucun rôle quant à la dynamisation de l'économie. Les facteurs qui expliquent cette situation sont avant tout la hausse des devises envoyées par les migrants (malgré un essoufflement en raison de la crise économique à partir de 2008), les prix élevés des matières premières sur les marchés internationaux, et des mesures internes : réduction du poids de la dette, renégociation des contrats pétroliers, récupération par l'État de capacités d'intervention dans l'économie. Depuis 2006, le dynamisme de l'économie est tel que, parallèlement à l'amélioration de la consommation et à la diminution du chômage, presque toutes les branches ont crû. Certains secteurs manifestent entre 2001 et 2011 un taux de croissance annuel particulièrement élevé, et laissent à voir autour de quelles activités se constitue le nouvel axe d'accumulation : – aquaculture et la pêche de crevettes (+15,2%) – courrier et communications (+13,2%) – services financiers (+7,4%) – activités professionnelles, techniques et administratives (7%) – hôtellerie et restauration (6,4%) – approvisionnement en eau et en électricité (6,1%) – pétrole et mines (4.7%) La croissance de ces secteurs est loin d'être homogène au cours de la décennie. Ainsi, entre 2001 et 2005, les secteurs en plus forte croissance sont les suivants : – 50 aquaculture et pêche de crevettes (+21.9%) – courrier et communications (+15,9%) – construction (+11,4%) – pétrole et mines (10,9%) Ces secteurs croissent au détriment du raffinage du pétrole (-3,4%). En revanche, après 2006, les secteurs les plus dynamiques sont : – approvisionnement en eau et en électricité (+11,5%) – courrier et communications (+10,9%) – aquaculture et pêche de crevettes (+9,6%) – services financiers (+8,1%) – secteur de la construction (+8%) Cependant, entre 2006 et 2011, le secteur pétrolier et minier décroit en moyenne de 0.4%/an. Cette donnée permet d'apprécier le rôle décisif des prix élevés des hydrocarbures sur les marchés internationaux pour l'économie équatorienne. C'est ce qui explique la hausse de la rente pétrolière malgré le désinvestissement du secteur privé, qui commence à être corrigé, à partir de 2010, grâce aux investissements de Petroamazonas et Petroecuador. Si on examine la valeur ajoutée des différentes branches de l'économie, on note à partir de 2006 l'importance prise par les activités liées au marché interne : services, construction, commerce, industrie non-pétrolière, mais aussi l'intermédiation financière qui malgré son poids limité dans le PIB acquiert un rôle de plus en plus important, en recevant l'épargne et en octroyant des crédits. Par conséquent, l'ensemble des classes dominantes tirent profit de cette conjoncture prospère ; non seulement l'oligarchie de la Côte ayant impulsé la dollarisation de l'économie, mais encore l'ensemble des secteurs entrepreneuriaux de Quito, de Cuenca ainsi que les capitaux étrangers liés au marché intérieur. Parmi les indicateurs ayant le plus crû, on trouve les importations (+9,7%/ an), la formation brute de capital fixe (+9%/an) et la demande interne (+6%/an). La faible croissance de la période néolibérale (1994-2000) s'explique par la stagnation de la consommation finale du gouvernement, de la formation de capital, et de la consommation. La forte croissance actuelle est en revanche tirée en premier lieu par la consommation, par la formation brute de capital fixe mais aussi par la hausse significative des importations ayant succédé à la dollarisation. Les exportations non-pétrolières augmentent constamment à partir de 2000, avec une parenthèse due à la crise internationale vers 2009. Cette hausse se doit à la hausse du prix des 51 matières premières ainsi que dans une moindre mesure à la progression des volumes exportés. Notons que parmi les cinq principaux produits exportés, quatre sont des produits primaires ou des biens manufacturés basés sur les ressources naturelles : banane, crevette, produits de la mer élaborés et fleurs. L'exception est constituée par les produits manufacturés métalliques, en quatrième position. La richesse générée par ces exportations est accaparée en majeure partie par un nombre limité d'exportateurs de la Côte, ainsi que par quelques capitaux originaires de la Sierra. Les trois quarts des exportations sont représentées par des produits primaires, parmi lesquels le pétrole, les bananes et les crevettes occupent le premier plan. Les produits manufacturés sont constitués par les dérivés du pétrole et par les produits de la mer transformés ainsi que par les ouvrages métalliques. Le hausse des importations notable depuis la dollarisation s'accentue encore plus à partir de 2006. A partir de 2008, la balance commerciale devient négative. En 2007 Rafael Correa crée une commission chargée de réaliser un audit public de la dette afin d'identifier la légalité et la légitimité de celle-ci. En 2008, la commission rend son rapport et dénonce une série d'irrégularités dans la contraction de la dette des gouvernements antérieurs. Le gouvernement décrète un moratoire partiel sur le remboursement de la dette. Le gouvernement rachète une partie des bons de la dette, profitant d'une diminution de leur valeur sur les marchés internationaux. La dette diminue de 13 873 à 10 235 millions de dollars, ce qui diminue de fait le poids du service de la dette. Néanmoins, à partir de 2010, le gouvernement contracte de nouveaux emprunts à l'étranger – auprès de la Chine, de la CAF et de la BID – pour financer des investissements stratégiques, notamment des infrastructures énergétiques. La hausse des ressources fiscales rend possible une hausse substantielle de la dépense publique, particulièrement notable à partir de 2007. Celle-ci se dirige principalement vers la construction d'infrastructures et dans différents types de subventions, ce qui dynamise la demande interne et l'emploi. En outre, on observe une hausse absolue et relative des dépenses sociales : éducation, santé, développement urbain et habitat, travail. Celles-ci sont multipliées par 6 entre 2001 et 2011, leur poids est multiplié par deux comparativement aux dépenses du secteur public non-financier. La croissance de ces dépenses constitutives du “salaire social”, ajoutée à l'augmentation des salaires réels, permet de restaurer un niveau de vie qui n'avait cessé de se dégrader depuis les années 1980. Le marché interne se dynamise. D'autre part, le secteur public financier se développe, et octroie des prêts par l'intermédiaire de différentes banques publiques. En somme, la hausse des dépenses, de l'investissement, et les facilités accrues de crédit public et privé dynamisent l'activité économique. La concentration s'observe dans l'ensemble de l'économie et bénéficie à un nombre réduit de groupes économiques et d'une partie des classes 52 dominantes. Les revenus des 400 plus grandes entreprises présentes en Équateur passent de 56% à 78% du PIB entre 2003 et 2011. Les secteurs à plus forte concentration sont le manufacturier, l'industrie agroalimentaire, le commerce de gros et de détail, la construction, les communications et le secteur financier. La concentration de l'économie équatorienne reflète significativement la structure sociale de l'Équateur héritée de l'histoire, au cours de laquelle un groupe réduit issu des classes dominantes a pu établir sa domination sur des activités diversifiées et à articuler l'ensemble de ces secteurs : finance, communications, agrobusiness, importation. Les vingt plus grands groupes du pays contrôlent les axes fondamentaux de l'accumulation en Équateur. 53 III. La nouvelle coalition de classes développementiste et la transformation de la matrice productive Dès la deuxième moitié du XIXième siècle l'Équateur s'insère dans le système productif mondial comme une économie primo-exportatrice et extractiviste. Le développement d'un marché intérieur significatif dès le début du XXième siècle ne se concrétise pas par un changement du modèle d'accumulation équatorien, malgré des tentatives timides de développer une industrie nationale après 1929, et malgré une brève période développementiste ayant mis en place une stratégie d'industrialisation par substitution des exportations entre 1965 et 1976. L'économie équatorienne se caractérise par une forte concentration de la production et de la distribution ainsi que par un contrôle important de celle-ci par des capitaux transnationaux, accru au cours du XXième siècle suite à la hausse des IDE issus de pays centraux, puis de pays périphériques. Elle se présente comme une économie d'intermédiation avec une faiblesse notable du secteur privé local : sur les 22 plus grands groupes équatoriens, 16 sont contrôlés par des capitaux publics ou par des capitaux privés étrangers. Le capitalisme équatorien se développe en accroissant son caractère monopoliste, en absorbant les capitaux mineurs et en subordonnant l'ensemble de la production – notamment l'économie populaire – aux besoins des grands capitaux en expansion. Il s'agit d'une économie basée sur la sur-exploitation de la force de travail, peu productive, arriérée sur le plan technologique ; caractéristiques renvoyant directement à une économie dépendante. Le marché domestique y est particulièrement réduit65. Après 2006, le régime de la Révolution Citoyenne cherche à réimpulser des politiques de développement endogène, en faisant de l'État le garant des intérêts généraux des classes dominantes. La modernisation de l'État impulsée par Rafael Correa met à distance certaines pratiques de gestion clientélistes caractéristiques de l'ancienne partitocratie. Les liens avec le secteur privé se complexifient. La dollarisation impose au pays la recherche permanente de devises afin de permettre le fonctionnement du système productif. Dans ce contexte, l'approfondissement du modèle de spécialisation productive équatorien extractiviste et primo-exportateur apparaît comme une solution afin de lutter contre le déficit structurel de la balance commerciale et du secteur public. Cette situation conduit le régime de la Révolution Citoyenne à adapter les politiques de transformation productive afin de les rendre compatibles avec une économie de plus en plus extravertie. Il s'agit alors de s'appuyer sur des entreprises et des groupes économiques monopolistes 65 UNDA, Mario et BETHANIA, Ellis. “Concentración, monopolios, transnacionalización. Aproximación a las tendencias actuales del capitalismo ecuatoriano”. Revista R n°4 (2010). 54 ou oligopolistes puissants, capables de résister à la pression concurrentielle accentuée par les politiques commerciales libre-échangistes, contrebalancées par des mesures protectionnistes ponctuelles – déguisées ou non – et par des investissements ciblés, publics ou issus de partenariats public-privé. Ce sont finalement de grands capitaux de pointe, très souvent d'origine nationale, qui bénéficient finalement en premier lieu des politiques de changement de la matrice productive et se muent en secteur économique dominant au sein du gouvernement. 1) L'État, garant des intérêts généraux des classes dominantes a) Un réseau de pouvoir complexe Il existe un consensus pour dire qu'aucun changement substantiel de la matrice productive n'a eu lieu entre 2007 et fin 2012. Malgré cela, le discours autour du changement de matrice productive a fait parti des lignes structurantes de la campagne pour les présidentielles de 2013. Le nouveau mandat présidentiel initié le 24 mai 2013 marque, selon Rafael Correa, le début d'une nouvelle période gouvernementale au cours de laquelle la transformation de la matrice productive acquiert la priorité numéro un. L'institutionnalité de la transformation de la matrice productive a évolué en conséquence pour donner plus de poids au projet. Auparavant, celui-ci se trouvait sous la tutelle du Ministère coordinateur de la production à la tête duquel se trouvait notamment Nathalie Cely – conceptrice du Copci – entre juillet 2009 et novembre 2011. La faible effectivité des politiques de transformation productive, et l'incapacité du Copci à générer une dynamique forte a conduit à faire remonter la responsabilité du projet de transformation de la matrice productive au sein de la hiérarchie étatique. Celui-ci est désormais placé sous le leadership du Vice-président Jorge Glas, qui coordonne tous les ministères impliqués dans cette politique extrêmement transversale, touchant au commerce extérieur, à l'agriculture, au tourisme, à l'industrie et en général tous les ministères liés à la production. Le ministre de l'industrie, Ramiro Gonzalez, occupe le second plan au sein du nouveau schéma institutionnel de la transformation de la matrice productive. Il est chargé d'établir des liens avec les industriels, de les consulter, d'adapter les directives émises par la Vice-Présidence, voire parfois par le Président. Les politiques de transformation de la matrice productive s'insèrent au sein d'un réseau de pouvoir complexe, faisant intervenir des secteurs et des groupes économiques multiples ainsi que 55 des acteurs politiques aux conceptions parfois divergentes. La présence des groupes économiques au sein de l'appareil d'État est moins décelable qu'avant la Révolution Citoyenne. La bourgeoisie n'est plus aussi présente qu'elle pouvait l'être auparavant au sein de l'administration et des agences étatiques, ce qui rend plus difficilement lisibles les intérêts contradictoires traversant les politiques publiques. Le secteur extractiviste équatorien a su dans le passé faire usage de l'État et des institutions dans son propre intérêt : à travers des pratiques de corruption, la mise en place d'un État autoritaire et un contrôle privé des ressources bénéficiant en premier lieu à des “groupes de pouvoir traditionnels-oligarchiques et transnationaux”66. Les ministres, autrefois nommés en grande partie par les chambres de commerce et d'industrie, sont aujourd'hui moins liés à un secteur économique en particulier au moment de leur prise de fonction. Les entrepreneurs ne sont plus admis au sein des organismes décisionnaires comme cela pouvait être le cas auparavant. Par exemple, le COMEX est intégré uniquement par les différents ministères qui le composent alors que son ancêtre, le COMEXI, était composé à parts égales de représentants ministériels et de présidents de chambres entrepreneuriales. Selon une source qui a souhaité rester anonyme, la bourgeoisie, notamment de Quito, qui se réservait un certain nombre de postes administratifs, est désormais contrainte de respecter des procédures de droit commun. L'actuel Vice-Président, Jorge Glas était d'abord un fonctionnaire mineur. Devenu ministre des secteurs stratégiques, il négocie et établit des liens avec les investisseurs chinois, avec les grands contrats pétroliers et hydro-électriques. Sa gestion pragmatique et efficace conduit Correa à le nommer Vice-Président. Il ne représente aucune fraction entrepreneuriale particulière et a établi des liens directs avec le grand capital étranger et transnational au cours de sa fonction. Nathalie Cely est originaire de la Costa. Née à Portoviejo, elle a étudié à l'Université Catholique de Guayaquil. Elle possède un cabinet de conseil où elle a travaillé pour le secteur public et pour le secteur privé. Elle apparaît donc comme liée à des secteurs académiques et entrepreneuriaux de la Costa. Mais elle est également une fonctionnaire issue de la technocratie de la Banque Mondiale. Elle a étudié à la Harvard University’s John F. Kennedy School of Government, et est connue comme l'instigatrice du Bon de développement humain – une politique sociale d'inspiration néolibérale – durant le gouvernement de Mahuad. Sa formation politique et économique est néolibérale, et elle a du s'adapter au nouveau discours socialisant de la Révolution Citoyenne. Les liens tissés avec le secteur privé ne signifient pas qu'elle soit associée à un groupe entrepreneurial spécifique. 66 MUÑOZ JARAMILLO, Francisco et CARRIÓN, Diego. “Cambio de matriz productiva: ilusión movilizadora o lucha de posiciones”, La linea de Fuego, 10/06/2013 56 Diego Borja connaît bien le milieu ministériel de la Révolution Citoyenne. Il a été ministre de l'économie et des finances sous le gouvernement de Alfredo Palacio, député à la constituante puis ministre coordinateur de la politique économique entre 2008 et 2010 avant de devenir président de la Commission Technique Présidentielle de la Nouvelle Architecture Financière Régionale. Militant au Mouvement Révolutionnaire de la Gauche Chrétienne dans sa jeunesse et dirigeant du mouvement de gauche Pouvoir Citoyen, ses divergences s'accroissent peu à peu avec le régime auquel il reproche sa droitisation. Il rompt définitivement avec celui-ci en 2012 après avoir été remercié. Selon Diego Borja, ce qui caractérise le plus fidèlement Nathalie Cely est son affiliation idéologique au néolibéralisme et ses liens avec les institutions internationales, ses attaches régionales ne jouant qu'un rôle subsidiaire. La perception de deux représentants du secteur privé concernant la ministre nous aide à saisir la nature des liens de celle-ci avec les milieux entrepreneuriaux équatoriens. Roberto Aspiazu67 est directeur exécutif du comité entrepreneurial équatorien, un organisme chargé de représenter l'ensemble des chambres de commerce du pays. On peut supposer que le comité entrepreneurial équatorien exprime un point de vue proche de celui des secteurs exportateurs de matières premières, notamment agro-exportateurs de la Costa, en raison de leur poids dans l'économie et dans la génération d'emplois dans le pays. De plus, Roberto Aspiazu est originaire de Guayaquil et est clairement affilié à la droite libérale équatorienne. Celui-ci est extrêmement critique vis-à-vis de Ramiro Gonzalez et du projet de transformation de la matrice productive dans la mesure où il pense qu'il est plus important de renforcer les secteurs exportateurs, notamment de matières premières. Il affirme que Nathalie Cely possède une mentalité très proche de celle des entrepreneurs, contrairement à Ramiro Gonzalez qui est “très politique” et “ne connaît pas le sujet”. A l'inverse, Javier Mora68 est président de l'Association des industriels de l'électroménager, une industrie plus souvent liées à des groupes capitalistiques de la Sierra. Il est également élogieux envers Nathalie Cely qu'il qualifie d' “excellente ministre” ouverte au secteur privé. Toutefois il critique le processus d'élaboration du Copci, qui a, selon lui, laissé de côté les entrepreneurs. Cette affirmation est surprenante : selon Mauricio Leon 69, fonctionnaire affecté à la transformation de la matrice productive au sein de la Vice-Présidence, le secteur privé s'identifie au Copci et le défend, dans la mesure où les entrepreneurs ont contribué à son élaboration. Javier Mora reproche notamment au texte de loi final de n'accorder une exemption du paiement de l'impôt sur le revenu pendant 5 ans qu'aux nouvelles entreprises ou aux nouveaux investissements effectués dans les 67 Voir annexe 2 l'entretien avec Roberto Aspiazu 68 Voir annexe 3 l'entretien avec Javier Mora 69 Voir annexe 4 l'entretien avec Mauricio Leon 57 secteurs identifiés comme prioritaires. Les réinvestissements réalisés par des entreprises déjà existantes ne bénéficient pas de cette exemption. Cette mesure léserait les intérêts des entreprises nationales déjà existantes, désinciterait le réinvestissement et favoriserait au contraire les nouveaux investissements étrangers au détriment des producteurs nationaux. Il semble donc que Nathalie Cely, malgré une absence de liens organiques démontrés avec des secteurs agro-exportateurs de la Costa, soit pour des raisons idéologiques ou du fait de relations personnelles, plus compatible dans sa pratique politique avec les intérêts agro-exportateurs de la Costa. Ramiro Gonzalez est pour sa part avant tout un homme politique décrit comme particulièrement pragmatique. Diego Borja a eu l'occasion d'approcher Ramiro Gonzalez alors que celui-ci était encore président de l'Institut Equatorien de Sécurité Sociale (IESS). Sa gestion est alors marquée, selon Diego Borja, par une “série d'actions politiques pour favoriser des groupes productifs concrets” avec une ambition politique à long terme pour lui-même et son organisation. C'est lui qui crée la banque de l'IESS (Biess) afin de réinvestir l'épargne de cette institution, notamment à travers des prêts hypothécaires. Il tisse rapidement des liens avec la Banque du Pichincha, avec le groupe financier Tata (lui même lié à la banque du Pichincha), avec de grands groupes immobiliers (de Quito, ou avec Pronobis) et avec les grands constructeurs équatoriens. Au cours de son mandat de ministre de l'industrie, il se rapproche de secteurs impliqués dans la transformation de la matrice productive. Il négocie avec les industriels la mise en place de politiques de substitution des importations suite à l'adoption de la résolution 116 (décembre 2013) du COMEX. Cette résolution détermine des normes de qualité que les importations doivent nécessairement remplir, et s'avère dans les faits être une mesure protectionniste déguisée. La décision, venue directement de la Présidence, contraint Ramiro Gonzalez à réagir sur le tas et à négocier avec les industriels l'application de celle-ci. 370 conventions sont signées avec les industriels dans cette optique. D'autres accords relèvent d'une logique différente. Il s'agit ici de partir d'un inventaire des capacités de production existantes et de déterminer de futures productions à incorporer en échange d'un appui octroyé aux industriels à travers les politiques publiques, destinées à garantir le succès des nouveaux investissements. Les industriels s'engagent pour leur part à fournir un nouveau type de production, à renforcer leurs exportations et à générer de nouveaux emplois. Roberto Aspiazu affirme qu'un de ces accords volontaires réalisé entre la fédération de l'industrie métallurgique et Ramiro Gonzalez a débouché sur un inventaire irréaliste, où les industriels ont incorporé dans les biens capables d'être produits localement, des câbles de communication en cuivre que personne ne 58 peut encore fabriquer en Équateur. En conséquence, le prix de ce produit a doublé suite à la mise en place de taxes douanières visant les câbles en cuivre importés 70. Il pense que ceci est le signe de l'existence d'un lien privilégié entre Ramiro Gonzalez et le secteur métallurgique. Le secteur métallurgique semble en effet être un partenaire privilégié de Ramiro Gonzalez dans le cadre des politiques de transformation de la matrice productive. Le gouvernement a récemment annoncé sa volonté de supprimer la subvention sur le gaz, afin de réduire la consommation et l'importation de ce combustible. Dans le cadre de la transformation de la matrice énergétique, un programme prévoit le remplacement des cuisinières à gaz par des cuisinières électriques à induction. Ce programme implique une forte participation du secteur métallurgique. Il s'agit de rendre possible localement la conception et la production des nouvelles cuisinières ainsi que les ustensiles associés. Le marché serait de 3,5 millions de foyers à fournir d'ici 2017. L'État aurait alors un rôle clé dans la distribution de bons aux familles afin de les aider à s'équiper dès 201571. De même, Fabian Espinoza Luna72, actuel coordinateur de la transformation productive territoriale du ministère coordinateur de la production, et ancien fonctionnaire du ministère de l'industrie durant les fonctions de Xavier Abad et de Verónica Sion, ayant participé au programme des cuisinières à induction, mentionne un lien probable – tout en disant n'en être pas certain – entre Ramiro Gonzalez et le groupe sidérurgique Adelca, repérable à travers le montant des commandes publiques effectuées auprès de cette entreprise. Adelca est en effet particulièrement impliquée dans le projet de transformation de la matrice productive : elle participe au programme RENOVA consistant à recycler les réfrigérateurs usagés en évitant l'émission de gaz nocifs pour la couche d'ozone. Elle est également partie prenante d'un programme de recyclage de carcasses de voitures destiné à diminuer les importations de biens manufacturés métalliques. Ces projets s'effectuent en lien direct avec l'État et la commande publique73. Un autre élément qui plaide, non pas pour une proximité de Ramiro Gonzalez mais du régime vis-à-vis du secteur métallurgique est l'introduction dans le PNBV 2013-2017 de la construction navale comme secteur prioritaire, dépendant évidemment du dynamisme de l'industrie métallurgique. L'ensemble des liens tissés par Ramiro Gonzalez durant ses fonctions à l'IESS et au 70 370 acuerdos bajaron importaciones, El Comercio http://www.elcomercio.com/actualidad/negocios/370-acuerdosbajaron-importaciones.html 71 INDUGLOB expone su prototipo de cocina de inducción a ministro González, 30 aout 2013, site internet du Ministerio de Industrias y Productividad 72 Voir annexe 5 l'entretien avec Fabian Espinoza Luna 73 CORREA, Rafael , Enlace ciudadano 02/11/2013 59 Ministère de l'Industrie plaide pour une plus grande proximité avec les secteurs entrepreneuriaux de la Sierra. Mauricio Leon affirme que le ministre posséderait une exploitation floricole. Ce type d'activité économique propre à la Sierra constitue un argument de plus dans ce sens. Néanmoins, les demandes, notamment vis-à-vis des politiques commerciales, ne sont pas les mêmes pour le secteur industriel lié à la métallurgie et pour les floriculteurs. Ramiro Gonzalez est décrit par Mauricio Barahona74, un ancien militant politique proche de Ramiro Gonzalez mais non affilié à Avanza pour des divergences personnelles, comme clairement favorable à une accentuation du caractère libre-échangiste du régime, ce qui remet en cause une affiliation profonde au secteur métallurgique, ce dernier appréhendant l'effet que pourrait avoir une accentuation de la concurrence sur ses activités75. Il est loin d'être évident que la gestion de Ramiro Gonzalez s'effectue en fonction de critères purement sectoriels ou régionaux. Mauricio Barahona affirme que : “en étant ministre de l'industrie, Ramiro dispose de moyens pour se rapprocher du secteur privé. Beaucoup de gens à l'intérieur de AP le voient comme le possible successeur de Correa. Ou au moins comme futur Vice-Président au sein d'un gouvernement AP. Il va sortir renforcé de sa gestion, à montrer un bilan réussi. Ramiro n'est pas naïf, cela fait 25 ans qu'il fait de la politique, il sait ce qu'il fait”. Les rapprochements opérés par Ramiro Gonzalez au cours de ses fonctions correspondent à des opportunités liées aux missions qui lui sont dévolues et doivent beaucoup aux priorités déterminées par le gouvernement central. D'autre part, celui-ci s'appuie sur les relations nouées avec les différents secteurs qu'il est amené à côtoyer afin de servir des objectifs politiques de long terme pour lui et son organisation. Comme l'affirme Diego Borja : “Il existe un réseau du pouvoir complexe, tu n'es pas nécessairement payé par certaines entreprises, mais elles peuvent à un moment donné t'appuyer dans une campagne”. Le ministre du commerce extérieur, Francisco Rivadeneira, est selon Mauricio Barahona clairement libre-échangiste et regarde en direction de l'UE et des États-Unis. Le ministère du commerce extérieur dépendait autrefois du ministère des relations extérieures. Il a été doté d'autonomie afin d'assurer au ministre une plus grande autonomie d'action. Roberto Aspiazu affirme que le comité entrepreneurial équatorien entretient avec Rivadeneira une relation étroite. Correa qui, comme le démontre l'exemple de la résolution 116 du COMEX est particulièrement 74 Voir annexe 6 l'entretien avec Mauricio Barahona 75 “Las empresas buscan un “ganar-ganar” con la UE”, Revista Lideres, 05/05/2014 60 impliqué dans la stratégie de substitution des importations, a pris des mesures pour aménager un important espace institutionnel à un ministre libre-échangiste. L'analyse des liens et des articulations de ces différents ministres partie prenante de la transformation de la matrice productive avec certains secteurs entrepreneuriaux révèle donc l'intrication au sein du régime de la Révolution Citoyenne d'intérêts difficilement matérialisables, divergents voire contradictoires, qu'il s'agit de faire cohabiter et de concilier par le biais d'un arbitrage de l'État. Diego Borja résume et explique ce phénomène en tentant une analogie avec la gestion d'une entreprise capitaliste : “A un moment determiné, le propriétaire du capital est celui qui le gère, celui qui le dirige et qui le gestionne. Mais à mesure que se complexifie la direction du capital, il y a une autonomie entre la propriété et la gestion. Et le capitaliste fait appel à des bureaucrates, à des technocrates qui servent d'intermédiaires pour pouvoir traiter toute cette complexité du capital”. L'effacement des représentants directs du capital au sein du secteur étatique est alors un symptôme de la modernisation du capitalisme équatorien. Néanmoins, cela ne signifie pas pour autant l'absence de domination de certains groupes économiques sur les autres. b) Conflits et arbitrages autour des politiques économiques En Équateur, une nouvelle hégémonie, issue d'une nouvelle coalition de classes, se bat pour acquérir un caractère prédominant au niveau politique et remplacer l'ancienne alliance néolibérale. Cette alliance de classes est intégrée par une nouvelle technocratie réformiste, par des fractions de la bourgeoisie et par certains secteurs capitalistes transnationaux. La technocratie réformiste produit le discours et l'idéologie du régime, et cherche à imposer le caractère central de l'État dans le processus de transformation socio-économique issu de la Révolution Citoyenne76. Le débat sur le changement de matrice productive, qu'il s'agisse de sa définition ou de sa conversion en politiques publiques, est au cœur de conflits opposant différents secteurs et fractions des classes dominantes. Ces intérêts divergents sont investis idéologiquement et au niveau programmatique et donnent lieu à une “guerre de position”77 où les différentes postures “reflètent les principaux conflits et coïncidences entre secteurs et fractions dominantes”78. 76 UNDA, Mario et BETHANIA, Ellis. “Burguesía “ciudadana”, nueva hegemonía, nueva alianza de clases”, Revista R n°3, janvier-février 2010 77 Lucha de posiciones 78 MUÑOZ JARAMILLO, Francisco et CARRIÓN, Diego. “Cambio de matriz productiva: ilusión movilizadora o 61 Une fraction officielle, représentant le secteur gouvernemental, prône la diversification des marchés auxquels sont destinées les exportations, tout en garantissant une substitution sélective des importations en développant des accords au sein du MERCOSUR 79. Il s'agit de développer l'industrie en renforçant les industries de base comme la pétrochimie et la sidérurgie afin de créer entre elles des chaînes de valeur80 susceptibles d'engendrer des synergies81. Enfin, ce secteur mise sur le développement scientifique et technique, notamment par le biais de Yachay. Une fraction plus libérale et libre-échangiste, comptant dans ses rangs Manuel Chiriboga (responsable de la négociation d'un traité de libre échange avec les États-Unis) ou Mauricio Dávalos (ex-ministre de Correa) regarde plus en direction de l'UE. Elle revendique l'ouverture à l'investissement étranger. Selon elle, le développement endogène doit s'appuyer sur l'agriculture et l'agro-industrie. La pétrochimie joue alors un rôle central dans ce projet. Enfin, les milieux les plus proches de la droite, représentés par exemple par l'éditorialiste de Guayaquil, Walter Spurrier, affirment qu'il faut renforcer les liens avec l'UE et ne pas chercher à modifier la matrice productive. Roberto Aspiazu, dont l'analyse est proche, considère le projet de transformation productive du régime comme une “vision utopique, peu pratique” de la façon dont l'Équateur doit s'industrialiser. Il pense que la Senplades a une vision “très retardataire” typique d'une “gauche ancrée dans le passé”. La complexification de la gestion capitaliste de l'État rend difficile l'analyse de la structure de domination entre les différents secteurs et fractions du capital. Pour cette raison, il existe des divergences dans la façon dont certains auteurs perçoivent les groupes et les secteurs économiques dominants au sein du régime. Ospina, à travers une analyse de l'évolution des différents secteurs prioritaires au cours du temps, cherche à comprendre quels secteurs sont dominants au sein de l'appareil d'État 82. Selon lui, les changements de secteurs prioritaires observables dans les textes de loi et documents officiels successifs sont donc dus au fait que, suite à une lutte à l'intérieur du régime entre groupes liés à l'agro-exportation et groupes technocrates progressistes, les groupes vainqueurs se révèlent finalement être ceux liés aux “contrats publics, à la création d'infrastructure, les associations stratégiques avec des firmes étrangères liées à ces contrats et toutes les activités économiques qui y sont liées”. La domination des capitaux transnationaux liés aux contrats publics est également lucha de posiciones”, La linea de Fuego (10/06/2013) 79 L'Équateur compte depuis 2004 parmi les pays associé au MERCOSUR mais il n'est pas membre permanent 80 Encadenamientos productivos 81 Par exemple, le secteur pétrolier a besoin de produits de la sidérurgie (pipelines...), le secteur pétrochimique permet de produire des intrants agricoles etc. 82 OSPINA, Pablo. "Ecuador: el nuevo periodo de gobierno y el cambio de la matriz productiva." Informe de coyuntura, CEP (2013) 62 observable à travers l'approfondissement de l'extractivisme et des conditions favorables octroyées aux investissements dans le domaine minier. Les réformes à la loi minière adoptées en 2013 cherchent à faciliter les modalités de négociation entre l'État et les compagnies privées. Le capital lié aux contrats publics serait donc hégémonique à l'intérieur de AP. Pour Napoleon Saltos et Fernando Villavicencio également, le groupe dominant au sein du régime serait également celui des capitaux qualifiés d' “émergents” et liés aux contrats publics83. Mario Unda et Ellis Bethania contestent cette analyse. Ils identifient quatre grands secteurs qui apportent au régime sa base matérielle, et lui permettent de mener à bien ses projets. A travers une liste des entreprises partie prenante des programmes du gouvernement, ils identifient différents types de capitaux : – des “capitaux locaux ou émergents” – des capitaux émergents liés aux commandes publiques, “intermédiaires entre l'État et les capitaux transnationaux”, souvent liés à la commande publique. – de “grands capitaux de pointe d'origine nationale, “modernisés” et régionalisés” – des “capitaux transnationaux, privés, étatiques ou mixtes”, investisseurs clés pour la réalisation des grands projets de l'État notamment en matière d'infrastructures, d'exploitations pétrolières ou minières. Pour Mario Unda et Ellis Bethania, la présence des capitaux “intermédiaires entre l'État et les capitaux transnationaux” liés à la commande publique est la plus visible. Néanmoins, pour ces auteurs, cela ne signifie pas qu'ils occupent une position dominante au sein de la nouvelle hégémonie. Ceux-ci pensent au contraire que les capitaux les mieux représentés au sein du gouvernement sont les capitaux monopolistes transnationalisés et modernisants d'origine nationale, dans la mesure où ceux-ci apportent la “base matérielle réelle” du projet politique du régime et son lien avec le “mouvement réel du capital”. Cette fraction du grand capital monopoliste alliée au gouvernement de Rafael Correa est originaire de diverses provinces, de la Costa et de la Sierra. Ce sont des groupes très diversifiés, mais qui fondent l'essentiel de leur accumulation sur un nombre très limité de branches. Ils se trouvent en position dominante au niveau national sur les créneaux qui leur sont propres, mais entretiennent également de forts liens avec le marché mondial, d'où ils tirent la majeure partie de leurs ventes (exportations ou importations destinées au marché national). Ils se transnationalisent en nouant des alliances au niveau régional. Ils investissent des secteurs de pointe 83 SALTOS, Napoléon et VILLAVICENCIO, Fernando, El discreto encanto de la revolución ciudadana, Fundación José Peralta-Facso, Quito, 2009. 63 (énergie, biocombustibles...) et occupent des secteurs en forte croissance depuis deux décennies 84. Ces groupes se distinguent des agro-exportateurs traditionnels, peu intéressés au développement du marché intérieur, structurellement libre-échangistes, spécialisés dans des productions moins intensives en technologie. Unda et Bethania donnent quelques exemples de ces capitaux de pointe et de leur influence au niveau gouvernemental : – Carlos González Artigas, le président du groupe manabite La Fabril (spécialisé dans l'agroindustrie et les biocombustibles), est également le président du conseil d'administration de Manageneración, entreprise gérant deux barrages hydroélectriques. Il est également président de Gondi, exportatrice de produits de la mer. Carlos González Artigas était présent aux côtés de Rafael Correa lors de son voyage en Iran de décembre 2008. – Le groupe Nirsa, originaire de Manabí, transforme et commercialise principalement des produits de la mer, ainsi que d'autres produits alimentaires, destinés au marché national et à l'exportation. Le président et propriétaire de Nirsa, Roberto Aguirre, est également gérant de la Compañía Agrícola Ganadera S.A. et a fait partie d'une équipe chargée de négocier un traité de libre échange en 2005. Juan Gabriel Aguirre, copropriétaire de l'entreprise, accompagnait Correa lors de son voyage en Iran de 2008. – Le groupe Bakker (Pronaca), né à Quito en 1957. D'abord importateur d'intrants agricoles et textiles, il s'est peu à peu diversifié pour devenir importateur-producteur de volailles et producteur d'oeufs, producteur-exportateur de cœurs de palmiers, producteur-transformateur de viande et de poisson. Le groupe Bakker a également passé des alliances capitalistiques avec l'entreprise équatorienne Mardex et avec l'entreprise brésilienne Agroceres. – Le groupe Wright (supermaxi) est propriétaire de Corporation La Favorita (qui regroupe des entreprises de la grande distribution). Il a su se diversifier (agro-industrie, production d'énergie hydroélectrique). Il s'est associé avec d'autres détaillants latino-américains (Péruvien, Dominicain, Costaricien et Chilien). De notre point de vue, une des limites de l'énumération de Ellis et Bethania réside dans la non prise en compte de capitaux de pointe régionalisés d'origine industrielle, mais néanmoins peu capables de rivaliser avec l'industrie des pays centraux. Cette distinction révèlera son importance au moment d'analyser la politique commerciale du gouvernement. Les informations recueillies auprès de personnalités proches du régime, d'entrepreneurs, de fonctionnaires de ministères partie prenante de la transformation de la matrice productive nous 84 UNDA, Mario et BETHANIA, Ellis. “Burguesía “ciudadana”, nueva hegemonía, nueva alianza de clases”, Revista R n°3, janvier-février 2010 64 permettent de prendre position dans ce débat. Pour Mauricio Barahona, la tendance la plus à gauche de AP, notamment celle qui défendait une alternative au développement, est en perte de vitesse et a de moins en moins accès à des postes clés. Cette vision est corroborée par la défection de ministres priorisant l'intégration régionale ou s'inscrivant de plain-pied dans l'idéologie du Buen Vivir, tels que Alberto Acosta, Katiuska King ou Diego Borja. Cette tendance fait également les frais de ses mauvais résultats électoraux. Les élections locales de 2014 ont encore contribué à son affaiblissement dans la mesure où Correa favorise avant tout les candidats qui gagnent les élections85. Au contraire, le secteur “modernisant” du régime, plus volontiers libre-échangiste, se renforce. Entre autres, le poids politique de Ramiro Gonzalez s'est accru suite aux résultats électoraux à la hausse de Avanza, qui compte désormais 31 maires. Selon une source anonyme, après ces élections, Ramiro Gonzalez a pu placer à des postes décisifs des collaborateurs, des personnes proches ou sur lesquelles il est en mesure d'exercer un contrôle, notamment au sein de l'IESS. L'IESS octroie par le biais de la BIESS des prêts hypothécaires et possède donc une fonction stratégique dans la relation du régime avec la classe moyenne, destinataire de ce type de prêts. Les conceptions politiques de Ramiro Gonzalez ainsi que de Avanza sont décrites comme de centre gauche. Néanmoins, l'influence libérale de ce parti est également très forte. Ramiro Gonzalez vient de la défunte Gauche Démocratique (ID), un parti de centre-gauche qui se revendiquait social démocrate et provient d'une fraction progressiste du libéralisme 86. Selon Mauricio Barahona, les fondateurs de Avanza sont principalement des anciens de ID, même si ceux-ci ont peu à peu dû partager des espaces politiques avec de jeunes hommes politiques et avec des figures charismatiques locales parfois issues de la droite, dans le cadre d'une stratégie d'élargissement de l'implantation territoriale du parti87. Alfredo Muñoz Neira88 est proche de Ramiro Gonzalez. Membre de Avanza, il se définit comme “une sorte d'idéologue du parti”, dans lequel son fils est en outre président de la formation idéologique. Il est donc possible d'escompter que ses positions soient révélatrices des orientations 85 Le contrôle territorial est un élément essentiel du pouvoir politique en Équateur. Le contrôle d'une ville, même de taille modeste, peut être mis à profit pour bloquer le trafic et l'approvisionnement en biens alimentaires produits localement pour le marché intérieur et destinés à la consommation courante. Il existe dont un risque de blocus physique en cas de désaccord profond entre le pouvoir central et les mandants locaux. 86 La ID connaît son apogée entre 1988 et 1992 à l'occasion de l'accession à la présidence de Rodrigo Borja Cevallos. Arrivé au pouvoir avec un discours anti-néolibéral, sa gestion s'avère finalement en grande partie conforme aux recommandations du FMI, limite les libertés syndicales, et accentue l'extraversion de l'économie équatorienne (ACOSTA, Alberto, Breve historia economica del Ecuador, Corporacion Editora Nacional, Quito, 2012). 87 “les idéologies au niveau local se disolvent durant les élections et donnent lieu à des alliances complètement improbables” 88 Voir annexe 7 l'entretien avec Alfredo Munoz Neira 65 idéologiques de Avanza et de Ramiro Gonzalez. Propriétaire d'une petite exploitation agricole, il prend parti en faveur d'une “réforme du travail qui flexibilise le coût de la main d'œuvre pour les heures supplémentaires et le travail de nuit”. Une réforme de ce type est déjà en cours pour certains secteurs agricoles, mais il pense qu'il faudrait l'appliquer au secteur agricole dans sa globalité. Ancien avocat du travail, il fait part de sa pratique professionnelle : “Je participais pour les travailleurs, et pour les patrons. Ce que je n'acceptais jamais, c'était la stabilité du travailleur. Parce que quand tu lui donnes de la stabilité, il se fait virer pour recevoir une indemnisation. La stabilité normale doit être d'un an.” Alfredo Muñoz Neira pense que la politique économique de la social-démocratie doit consister à faire intervenir le secteur public en tant que compétiteur à part entière afin de corriger les failles et les imperfections de marché. Pour lui, la transformation de la matrice productive est avant tout synonyme d'amélioration de la productivité. Sans aller jusqu'à affirmer que les positions en faveur d'une précarisation des conditions de travail sont universellement répandues au sein de Avanza, il semble que la montée en puissance de Ramiro Gonzalez et de son parti puisse refléter une évolution du régime vers la droite. Selon Mauricio Barahona, la Constitution de Montecristi constitue pour le secteur modernisant du régime une “camisole de force” et un “pur discours auquel ils ne croient plus”. Les propos de Alfredo Muñoz Neira concernant la Constitution vont dans le sens de cette assertion. Celui-ci la trouve “trop réglementaire”. Tout comme Rafael Correa, il s'inquiète notamment du fait qu'elle constitue un obstacle permanent à la culture des OGM, alors que cette biotechnologie pourrait devenir indispensable dans le futur. Alfredo Muñoz Neira affirme que la pensée du président ne serait pas socialiste-révolutionnaire, comme ce dernier le revendique, mais purement social-démocrate et extrêmement similaire à celle de Avanza. Cette similitude serait manifeste quand on se penche sur les politiques publiques. Alfredo Muñoz Neira impute le discours socialiste-révolutionnaire de Correa à la nécessité, dans les premiers temps du régime, de juguler la poussée d'une gauche radicale “extrémiste” représentée au sein du gouvernement. Ce discours ne refléterait pas la pensée du président et relèverait du marketing politique. La tension permanente entre le discours officiel sur le Buen Vivir, les agissements de l'exécutif – notamment de Rafael Correa – et les controverses internes au gouvernement met en évidence les divergences autour du projet de changement de matrice productive et laisse percevoir 66 les intérêts économiques représentés à l'occasion de l'élaboration des politiques publiques. Cette situation est, selon Francisco Muñoz Jaramillo et Diego Carrión, révélatrice de l'affrontement, au sein même de l'État, entre une bourgeoisie monopoliste primo-exportatrice et importatrice de biens à forte valeur ajoutée d'une part et des secteurs de la moyenne bourgeoisie liés à la technocratie gouvernementale, intéressés au développement endogène, à la substitution sélective des importations et à la limitation du pouvoir des monopoles89. Une analyse des politiques économiques liées à la transformation de la matrice productive et de leurs contextes d'élaboration peut nous aider à comprendre quels sont les secteurs économiques dominants au sein du gouvernement et comment ils orientent les politiques économiques. 2) Transformation de la matrice productive et capitaux dominants au sein du régime a) Secteurs priorisés et industries de base dans la transformation productive Face à la constante dégradation de la balance commerciale, le régime cherche à réduire les importations. Pour cela, il cherche à impulser des industries capables de remplacer des importations et à développer la valeur ajoutée produite dans le pays. Une nouvelle méthodologie développée par le trésor public (SRI) permet de décomposer la chaîne de valeur de chaque produit et de déterminer la part produite en Équateur. La moyenne est de 51%. Le secteur incorporant le plus de valeur nationale est l'hôtellerie et la restauration avec 75,26%, contrastant avec le secteur commercial, le moins bien côté avec 25,96%. L'idée est d'utiliser cette méthodologie afin de créer des incitations fiscales stimulant la production nationale et sanctionnant les importations90. Le secteur industriel représente actuellement 13.3% du PIB. Le gouvernement prétend élever cette proportion à 25% d'ici 2024. L'objectif est ici de faire émerger des industries de base capables de créer des enchaînements productifs avec les secteurs déjà existants : des industries de base aux intermédiaires, et, enfin, à celles qui livrent le produit final. Comme le signale le ViceMinistre des Industries Basiques, Intermédiaires et de la Désagrégation Technologique 91, David Molina, le 25 mars 2013 au journal El Telégrafo : 89 MUÑOZ JARAMILLO, Francisco et CARRIÓN, Diego. “Cambio de matriz productiva: ilusión movilizadora o lucha de posiciones”, La linea de Fuego (10/06/2013) 90 “Industrias básicas, el eslabón pendiente”, El Telégrafo, 17/03/2014 91 Ce Vice-Ministère est créé en décembre 2012 dans le cadre de la stratégie de transformation de la matrice productive 67 “A l'exception de l'agro-industrie et de la production de céramique, il n'y a pas un secteur industriel qui ait été capable d'enchaîner tous les maillons de la chaîne productive92.” David Molina attribue cette situation à la “vocation agricole du pays” et au “contrôle agroalimentaire” ayant dirigé les investissements vers des biens finaux à faible valeur-ajoutée et peu intensifs en technologie tels que l'assemblage. Il s'agit ici de permettre la production d'intrants industriels,“matière première la plus élémentaire pour tous les processus productifs postérieurs” requise par les industries intermédiaires. L'agrégation de valeur ajoutée aux processus nationaux passe alors par le développement d'industries intensives en technologie et en capital humain susceptibles de générer des biens de capital pour le secteur. Le projet implique donc la création de “grandes infrastructures” dans les secteurs pétrolier, minier et dans les industries de base, permettant “d'articuler la chaîne productive autour de ces grandes infrastructures” pourvoyeuses de matière première. Les investissements prévus sont colossaux pour le pays. Les projets liés à la pétrochimie sont ceux qui requièrent l'investissement le plus massif. La Raffinerie du Pacifique, prévue pour raffiner 300 000 barils par jour, implique un investissement de presque 13 milliards de dollars 93. La réhabilitation de la raffinerie d'Esmeraldas représente pour sa part un investissement de 980 millions de dollars94. Pour la sidérurgie, il s'agit de produire – à partir du recyclage, de minerai extrait localement ou le cas échéant de matières premières importées – une quantité correspondant à la consommation nationale, soit entre 1 et 1,5 millions de tonnes annuelles, avec un investissement de l'ordre de 1 300 ou 1 400 millions de dollars. Une fabrique d'urée95 est également prévue, avec une capacité de 500 000 tonnes annuelles (plus que la consommation actuelle, qui est de 300 000 tonnes). Le gaz naturel est nécessaire à la synthèse de l'urée, et des explorations sont en cours dans le golfe de Guayaquil afin de pourvoir la matière première nécessaire au processus productif. L'investissement prévu est de 600 à 800 millions de dollars. Dans les deux cas, des études sont en cours visant à déterminer la rentabilité du projet en fonction de la disponibilité réelle d'intrants productifs dans le pays, tels que le gaz ou le minerai de fer. Rafael Correa a annoncé le déblocage de nouveaux crédits destinés aux investissements industriels, notamment pour les petits et moyens entrepreneurs. La Corporation Financière Nationale prévoit entre 50 000 dollars et 25 millions de dollars de prêts et un fonds de garantie sera 92 “El reto de de las industrias básicas”, El Telégrafo, 25/03/2013 93 http://www.zaichina.net/2012/05/10/china-financiara-la-refineria-del-pacifico/ 94 http://www.elcomercio.com/actualidad/refineriaesmeraldas-petroecuador-gasolina.html 95 L'urée est utilisée comme fertilisant dans l'agriculture. 68 ouvert pour appuyer des projets rentables mais ne disposant pas de garanties conséquentes96. Arrêtons nous maintenant sur les secteurs priorisés et sur les liens de ceux-ci avec les industries de base. Parmi les “nœuds critiques” de la transformation de la matrice productive, figurent neuf secteurs priorisés partie prenante de 12 chaînes productives priorisées97 98: – Le secteur des aliments frais, congelés et industrialisés est concerné par les chaînes productives de la transformation du cacao, du café, du poisson et des produits laitiers. – Le secteur pétrochimique est concerné par les chaînes productives liées aux dérivés du pétrole en général, au plastique et au caoutchouc. Ce qui fait que ce secteur concerne également les chaînes productives du textile, du secteur automobile et du transport, de l'électronique, de la construction, des aliments, des fertilisants, des secteurs pharmaceutique et chimique notamment. Le plastique rentre dans la fabrication d'emballages de biens agricoles destinés à l'exportation99. C'est le secteur pétrochimique qui concentre les investissements les plus importants et il est susceptible de fournir des intrants productifs très diversifiés. – Le secteur du travail des métaux est concerné par la chaîne productive du travail des métaux. Les chaînes de valeur liées au travail des métaux sont constituées par des industries diversifiées telles que les industries métalliques de base, la fabrication de produits en acier, la production de machines et d'équipements, l'industrie automotrice et d'équipement pour le transport, les installations et services métallurgiques, les biens métalliques pour la construction100. Il s'agit donc d'un enjeu majeur dans le cadre de la transformation de la matrice productive. – L'agroforesterie et ses produits dérivés est impliquée dans les chaînes productives du papier et du carton. Le papier et le carton sont nécessaires au secteur de la distribution dans la mesure où ils permettent de fabriquer des emballages. C'est également un intrant de première importance pour l'agro-exportation, notamment concernant la banane cavendish101. – 96 97 98 99 Le tourisme, dans les opérateurs touristiques. “Industrias básicas, el eslabón pendiente”, El Telégrafo, 17/03/2014 Copci (2010) Voir annexe 12 BRAVO HERRERA, Dolores María. Sectores productivos priorizados y su relación con el sector externo de la economía del Ecuador en el periodo 2000–2011, Mémoire de master (2013) 100MOSQUERA PAZMIÑO, Christty, et LÓPEZ LÓPEZ, Sonia. Análisis de resultados de la implementación de la norma ISO 9001: 2008 en las empresas del sector metalmecánico asociadas a Fedimetal para determinar sus efectos en el ingreso de producto ecuatoriano en los mercados de la comunidad andina de naciones. Thèse préalable à l'obtention du titre d'ingénierie commerciale mention commerce extérieur (2013). 101FLÓREZ PUENTES, Ricardo Daniel, et ACOSTA AVILA, Alejandro. Análisis de la cadena de valor del banano orgánico en Cundinamarca (2013). 69 – Le secteur pharmaceutique, dans les chaînes productives de la chimie et de la pharmacie. – Pour les énergies renouvelables, aucune chaîne productive n'est mentionnée. – Le secteur des biotechnologies et software appliqué, dans les chaînes productives de la connaissance et de la technologie. – Enfin, les services logistiques, dans la chaîne logistique. Parmi ces secteurs, figurent des industries stratégiques. Pour chaque industrie stratégique sont prévus un ou plusieurs projets d'envergure afin de leur permettre de produire des types de biens et de service déterminés, comme le montre le tableau suivant : industrie possibles biens ou services projets raffinerie méthane, propane, diesel, kérozène, essence, gasoil raffinerie du Pacifique chantiers navaux construction et réparation de bateaux, services associés chantiers navals de Posorja pétrochimie urée, pesticides, herbicides, fertilisants, désherbants, plastique, fibre études pour la production d'urée et de fertilisants synthétiques, résines azotés, installation pétrochimique basique métallurgie (cuivre) cables électriques, tubes, lamination Système pour l'automatisation des activités de cadastre, suivi et contrôle minier ; suivi, contrôle et fiscalisation de travaux à grande échelle sidérurgie Cartographie géologique au niveau national à l'échelle 1:100.000 et 1:50.000 pour les zones de majeur potentiel géologique minier plans, larges Tableau 1. source : Senplades (2012) Le projet de développement des industries de base est, si l'on se fie au montant des financements nécessaires et alloués à un tel projet, le cœur opérationnel des politiques de transformation de la matrice productive. On peut émettre l'hypothèse que les tenants et les aboutissants d'un tel projet révèlent par conséquent quels sont les secteurs hégémoniques de la Révolution Citoyenne. Examinons d'abord les chaînes productives auxquelles sont susceptibles de contribuer les industries de base sus-mentionnées. Tout d'abord, le projet de raffinerie semble en premier lieu destiné à substituer des importations et donc à contrer le déficit de la balance commerciale tout en allégeant la dépense 70 publique dirigée vers les subventions aux énergies fossiles. La production de dérivés doit ensuite servir à l'ensemble du secteur productif, aux transports et aux particuliers. Il n'en va pas de même pour la pétrochimie. La production semble ici destinée en premier lieu au secteur agricole, mais aussi au secteur manufacturier et textile. Le plastique fait partie des chaînes productives de la manufacture mais également des agro-exportateurs. La banane cavendish nécessite par exemple des emballages en plastique qui constituent une proportion notable de la valeur du produit. L'industrie agroalimentaire requiert également une quantité de plastique importante, également pour le conditionnement et pour des emballages. La pétrochimie peut enfin éventuellement contribuer à la synthèse de produits chimiques et pharmaceutiques. Les chantiers navals requièrent une importante base sidérurgique et métallurgique. Les industries sidérurgique et métallurgique quant à elles semblent plus volontiers liées au secteur manufacturier : industries automotrices, électronique, électroménager etc. Pourtant, l'agroalimentaire est également une importante consommatrice de produits sidérurgiques et métallurgiques, notamment en ce qui concerne la fabrication de boites de conserve. Si l'on fait un lien entre ces industries de base et les secteurs priorisés, on voit lesquels parmi ces derniers pourront tirer profit du développement des premières : – Le secteur pétrochimique, de façon évidente – Le secteur des aliments frais, congelés et industrialisés – Le secteur du travail des métaux – Et potentiellement le secteur pharmaceutique Il convient également de noter que l'agroforesterie, qui participe à la chaîne productive du papier et du carton, est également liée aux chaînes productives de l'agro-industrie, de l'agroexportation et de l'industrie manufacturière à travers la production de cartons et d'emballage. Les services logistiques, enfin, sont indispensables au développement des exportations et pourront également tirer profit de la hausse de celles-ci. Pour les énergies renouvelables, le montant des investissements réalisés dans l'hydroélectrique nous amène à penser que ce secteur n'est absolument pas délaissé par le pouvoir. Deux secteurs “priorisés” apparaissent finalement comme les moutons noirs du projet : – Le tourisme – Le secteur des biotechnologies et software appliqué Ces deux secteurs semblent être là pour “faire beau” dans la mesure où aucune mesure concrète d'ampleur ne leur est destinée102. 102En matière de biotechnologies et de software appliqué, il existe le projet Yachay. L'idée est de créer un cluster 71 D'autre part, les chaînes productives priorisées et celles que permettent de développer les industries de base vont fournir des intrants productifs qui sont utilisés en priorité par les branches de l'économie équatorienne les plus concentrées. Comme cela a déjà été mentionné, quatre secteurs de l'économie équatorienne parmi les plus concentrés sont le secteur manufacturier, l'industrie agroalimentaire, le commerce de gros et de détail et la construction (avec les communications et le secteur financier). Or, pratiquement l'ensemble des chaînes productives liées aux secteurs priorisés et aux industries de base semblent avoir un intérêt productif immédiat pour ces quatre secteurs. Secteurs économiques à haut niveau de concentration Chaînes productives liées aux secteurs priorisés et aux industries de base Secteur de la construction dérivés du pétrole, plastique, caoutchouc, biens métalliques pour la construction Secteur manufacturier dérivés du pétrole, chaîne logistique, plastique, caoutchouc, textile, électronique, secteurs pharmaceutique et chimique, exportation, industries métalliques de base, fabrication de produits en acier, production de machines et d'équipements, industrie automobile et d'équipement pour le transport, installations et services métallurgiques, biens métalliques pour la construction, papier et carton, chimie, pharmacie Commerce de gros et de détail dérivés du pétrole, plastique, caoutchouc, biens métalliques pour la construction, papier et du carton Industrie agroalimentaire dérivés du pétrole, produits laitiers, cacao, café, poisson, chaîne logistique, plastique, aliments, fertilisants, exportation, papier et carton Autres connaissance et technologie, opérateurs touristiques Tableau 2. Réalisé par l'auteur spécialisé dans les technologies de pointe, nanotechnologies et biotechnologies, avec une emphase mise notamment sur l'agriculture, articulé autour d'activités de recherches dédiées à l'étude de cet “avantage comparatif” qu'est la biodiversité équatorienne. Néanmoins, l'émergence d'un cluster, ou de tout système d'innovation en général, est lié à des effets d'entraînement provoqués par l'existence d'un réseau d'entreprises développant des programmes directement liés à leurs nécessités productives, en lien avec des centres de formation et de recherche, et appuyées par des politiques publiques impulsées par l'Etat. Rien de tout cela ne semble ressortir de Yachay. Les technologies visées qu'il s'agit de développer ne sont utilisées par aucune entreprise du pays, et aucune politique publique ne vise pour le moment à adapter les thèmes de recherche aux besoins des secteurs prioritaires. Alors que l'émergence d'un cluster dépend essentiellement de l'environnement productif, le choix de la localisation semble avoir été effectué en fonction de critères géographiques d'ordre climatique et hydrographique. Impulsé malgré une quantité très faible d'études préalables concernant sa faisabilité, on ne sait toujours pas avec exactitude quels seront les matières enseignées et les thèmes de recherche de cette “ville de la connaissance”. Celle-ci mobilise pour l'instant essentiellement le secteur de la construction, pour un coût estimé à 20 milliards de dollars. Les premières entreprises à bénéficier de ce projet semblent donc être celles liées à la construction et non celles liées à des technologies avancées. Le projet risque également d'attirer à lui une grande partie des fonds destinés à la recherche, ce qui risque d'accentuer le morcellement du système universitaire équatorien et d'assécher les autres activités de recherche publique. L'aspect douteux et inabouti de ce projet, toujours au stade embryonnaire, nous amène par conséquent à l'exclure de notre analyse des secteurs priorisés. A ce sujet, voir VILLAVICENCIO, Arturo. "¿ Hacia dónde va el proyecto universitario de la revolución ciudadana?", La linea de Fuego (2013). Pour une synthèse de ces enjeux, voir OSPINA, Pablo. "Ecuador: el nuevo periodo de gobierno y el cambio de la matriz productiva." Informe de coyuntura, CEP (2013). 72 Ce qui ressort de cette analyse, c'est que les ressources destinées au développement des industries de base et des secteurs prioritaires bénéficient en premier lieu à des secteurs déjà hautement concentrés, et donc à de “grands champions”, en position de monopole ou d'oligopole sur le marché équatorien. b) “Bourgeoisie citoyenne” et transformation de la matrice productive La Révolution Citoyenne comme “Nouveau modèle de domination bourgeoise103” appuie ses politiques sur des groupes économiques de toutes natures, omniprésents au sein du régime. Comme le signale Diego Borja, “il n'y a pas eu une révolution. En Équateur, ce qu'il y a eu c'est un questionnement de l'Ancien Régime 104 disons. Du vieux régime qui s'appelle la “Partitocratie”. Mais ceci ne s'est pas traduit par une altération des leviers fondamentaux du pouvoir. Il y a eu une modification électorale. Mais il n'y a pas eu une révolution qui modifie drastiquement les constitutifs politiques et économiques de la société équatorienne.” Parmi les groupes économiques omniprésents, Diego Borja mentionne en premier lieu le groupe Eljuri. Les entreprises de construction Hidalgo e Hidalgo, et Herdoisa Crespo, détiennent chacune un monopole sur les concessions routières d'une moitié du pays, respectivement les routes du sud et du nord. La Banque du Pichincha qui concentre 40% des activités bancaires est également un partenaire de poids. Les contrats avec le groupe Claro sont également fondamentaux et révèlent à l'occasion le poids du milliardaire mexicain Carlos Slim sur les destinées télécommunicationnelles de l'Équateur. Les liens avec les contrats pétroliers, avec la commercialisation et l'importation de dérivés – gazoil, essence et GLP – sont également très importants. Le secteur lié à l'agro-exportation est toujours puissant politiquement et économiquement. Les oligopoles de l'immobilier, comme le groupe Pronobis, ne sont pas non plus négligeables. Il sera question dans cette sous-partie d'analyser l'évolution des politiques liées à la transformation de la matrice productive afin de chercher à comprendre si celles-ci révèlent la domination, au sein du régime, d'un groupe, d'un secteur ou de fractions du capital particulières. Nous nous focaliserons pour cela sur deux enjeux constituant des chevaux de bataille du régime : la politique commerciale et le programme de remplacement des cuisinières à gaz par des cuisinières 103UNDA, Mario, “Modernización del capitalismo y reforma del Estado” in. El correismo al desnudo, 2013 104En français dans le texte 73 électriques à induction dans le cadre du projet de transformation de la matrice énergétique. Nous comparerons ensuite nos conclusions avec les données des entretiens afin de mettre à l'épreuve la cohérence de nos propos. Il s'agit de montrer ici que le groupe économique dominant au sein du régime est constitué par de“grands capitaux de pointe d'origine nationale, “modernisés” et régionalisés”, conformément à la thèse de Mario Unda et de Ellis Bethania. Ce parti pris ne rentre pas pour autant en opposition frontale avec les analyses de Pablo Ospina, de Napoléon Saltos et de Fernando Villavicencio qui voient dans le régime avant tout la main de capitaux liés aux contrats publics. En effet, les capitaux de pointe participant à la transformation de la matrice énergétique tirent également directement profit des commandes publiques et de leur partenariat avec l'État. La volonté politique, réaffirmée par l'exécutif, de signer avec l'UE un accord de libre échange sous le vocable d' “accord commercial multipartite” constitue un indice de la perte de vitesse des idées portées par le Senplades et la nouvelle technocratie progressiste. Rafael Correa semblait jusqu'alors adopter une position de conciliation entre factions pro-MERCOSUR et pro-UE, porteuses de deux projets politiques distincts et mutuellement excluants. Les études d'impact d'un potentiel accord commercial entre l'UE et l'Équateur montrent que celui-ci apporterait très peu de bénéfices au pays. Les premiers bénéficiaires seraient les exportateurs de bananes. L'augmentation du PIB attendue est quasi nulle, tout comme l'impact sur la pauvreté et les inégalités. L'augmentation des importations déséquilibrerait la balance commerciale et l'État verrait diminuer ses recettes en raison de la diminution des droits de douane. En Équateur, les secteurs affectés seraient les petits agriculteurs et les consommateurs. L'UE pourrait exporter des quantités supérieures de produits pharmaceutique et sidérurgique, des biens d'équipement, des véhicules et des produits manufacturés. Ceci rentrerait frontalement en contradiction avec la stratégie d'industrialisation par substitution sélective des importations. La négociation de l'accord avec l'UE a dans le même temps pour effet d'entraver l'intégration régionale. Selon Edwin Vasquez105, chef de négociations commerciales de biens agricoles avec l'UE, les négociations pour intégrer l'union douanière du MERCOSUR ont été gelées afin de permettre les marges de manœuvre les plus larges pendant la négociation avec l'UE. Edwin Vasquez considère que l'accord commercial avec l'UE n'est pas un problème. Le commerce avec l'UE est déjà en grande partie libéralisé, et il affirme que des clauses de sauvegarde sont prévues pour permettre le développement des industries naissantes. Il reconnaît leur limitation 105Voir annexe 8 l'entretien avec Edwin Vasquez 74 – 10 ou 12 ans maximum – tout en rappelant qu'il existe d'autres moyens, conformes à la législation commerciale internationale, de développer un secteur productif 106. Il affirme que des outils sont en préparation pour réduire l'impact de l'accord à court terme et anticiper les ajustements qui découleront de son application à moyen et long terme. Enfin, selon lui, les négociations ont été effectuées dans l'optique d'aboutir à un accord équilibré et de ne pas léser le secteur produisant pour le marché intérieur. Aucun conflit ne s'est encore matérialisé, mais il n'exclue pas de futures frictions au moment d'effectuer un premier bilan des négociations. Katiuska King, ministre coordinatrice de la politique économique démissionnaire en octobre 2011, est favorable à un renforcement des accords avec le MERCOSUR. Elle affirme que la stratégie de négociation adoptée par l'Équateur est mauvaise et ne pourra pas déboucher sur un accord favorable pour le pays. Celle-ci critique le fait que le Pérou et la Colombie – ces pays disposent déjà d'accords de libre échange avec l'UE et les États-Unis – n'aient pas été associés à la démarche afin de négocier en bloc des conditions plus favorables et éviter l'adoption d'un “accord de libre échange express” dévastateur107. L'adoption de clauses plus favorables pour l'Équateur impliquerait l'extension de ces clauses au Pérou et à la Colombie, ce qui n'est pour elle pas concevable. L'UE cherche avant tout à élargir ses marchés d'exportation dans un contexte de crise économique et elle n'a donc pas intérêt à permettre à ces pays de mettre en place des barrières protectionnistes dans des domaines où l'industrie européenne est dynamique108. Mauricio Leon est également critique vis-à-vis de l'accord de libre échange en préparation. Il affirme que certains secteurs industriels sont opposés à l'accord, et fait siennes les conclusions des études d'impact tout en identifiant les secteurs favorisés et moteurs de l'accord avec l'UE : “Il y a des secteurs qui [...] ne sont pas très d'accord car ils pourraient sortir perdants de ce processus [il mentionne l'industrie laitière et du bois]. Nous allons finir par importer plus que ce que nous allons gagner avec l'exportation. Nous avons aussi une partie de nos exportations à l'UE qui sont des produits agro-industriels. Pas seulement la banane [...] Donc ceux-ci vont être les grands gagnants de ce processus. Ce sont eux qui défendent la signature de l'accord.” L'avancement des négociations en vue de la signature de l'accord de libre-échange avec l'UE, dans un contexte de concurrence accrue avec d'autres pays de la région, semble constituer un glissement du régime en faveur de ses fractions les plus éloignées du projet initial du Buen Vivir, 106Notamment le développement d'entreprises publiques et la commande publique. 107 KING, Katiuska. América Latina se desviste como México y opta por acuerdos de libre comercio express 24/01/2014 108 KING, Katiuska. Acuerdo de comercio con la UE: ¿Ecuador entre la espada y la pared?, 05/03/2012 75 notamment des vieux secteurs agro-exportateurs. Néanmoins, ceci n'est pas forcément le signe d'une présence renforcée de ces groupes au sein de l'appareil d'Etat. En effet, des critères de gestion intégrés par les technocrates, tel que le souci constant des concepteurs des politiques publiques de garantir l'entrée de devises dans le pays afin de maintenir à flot la dollarisation, la volonté d'attirer des investissements ou de capter des revenus fiscaux, jouent certainement un rôle clé. Edwin Vasquez défend l'idée selon laquelle la décision de négocier l'accord de libre échange avec l'UE serait avant tout une initiative de l'exécutif, qui aurait agi indépendamment de toute pression émanant du secteur privé. La droite politique et les milieux économiques n'auraient ainsi manifesté leur appui à cette politique que postérieurement. L'affirmation de Mauricio Leon selon laquelle les secteurs agro-industriels exerceraient une pression pour obtenir la signature de l'accord avec l'UE semble néanmoins être un élément allant dans le sens de la thèse de Unda et Bethania qui voient dans le régime la prédominance de capitaux de pointe d'origine nationale, notamment agro-industriels. Il convient en effet de distinguer les secteurs agro-exportateurs traditionnels des secteurs agro-industriels “de pointe”. Alors que les premiers exportent leur production essentiellement aux pays centraux, les seconds sont volontiers tournés vers le marché intérieur, ont réussi à se régionaliser et exportent une part croissante de leur production à des pays d'Amérique du Sud ou d'Amérique centrale. Ils incorporent dans leur système productif des technologies relativement élaborées – on pense par exemple aux conserves qui font appel à la maîtrise de procédés liés à la métallurgie. L'UE reste néanmoins la destination la plus prisée par les exportateurs de produits non-traditionnels – notamment de produits de la mer industrialisés – et tout laisse à penser que ces derniers ne peuvent que redouter les conséquences d'un durcissement des barrières douanières pour leurs activités. L'étude de tenants et des aboutissants du programme de changement des cuisinières à gaz par des cuisinières électriques nous aide également à comprendre quelles sont les fractions du capital sur lesquelles s'appuie le régime, et lesquelles il favorise. Le programme fera appel à un investissement de l'État d'environ 2,4 milliards de dollars109. Il implique toute une chaîne de valeur allant de l'industrie de base à l'industrie électroménagère. Il s'agit tout d'abord de permettre le recyclage de réfrigérateurs obsolètes et de carcasses de véhicules, à travers le Plan Renova Réfrigérateur et le Plan Renova Automobile. Le recyclage sera effectué par l'entreprise privée Adelca110. Cette mesure, selon Ramiro Gonzalez, diminuera le déficit de la 109“Programa de Cocinas de Inducción permitirá crear nuevas empresas”, Ministerio de industrias y productividad, 09/08/2013 110Les entreprises Ecasa et Indurama participent aussi au Plan Renova pour remplacer les anciens réfrigérateurs par de 76 balance commerciale de 200 millions de dollars et permettra l'emploi de 7000 personnes 111. Comme le souligne Santiago Izquierdo112, assesseur du Vice-Ministre de commerce extérieur, le rôle de Adelca est ici central pour substituer des importations dans le cadre de l'élaboration des nouvelles cuisinières à induction. Principale actrice du programme Renova, l'entreprise Adelca appartient au groupe Adelca. Le groupe Adelca était en 2009 classé comme le 33e groupe le plus important d'Équateur. Il est spécialisé dans la sidérurgie et l'industrie métallique, activités d'où il tire l'essentiel de ses revenus grâce à ses entreprises Adelca et Kubiec. Le groupe a néanmoins su diversifier ses investissements : recyclage, pneumatique et revêtements métalliques ou en caoutchouc, textile, floriculture. Il exporte ses produits principalement à ses voisins directs : au Venezuela, en Colombie, au Pérou, au Chili et dans une moindre mesure au Panama. L'industrie électroménagère bénéficie de la restriction des importations créée par les normes de qualité fixées par le COMEX pour l'importation des cuisinières à induction, et dispose d'un marché captif pour produire et commercialiser les nouveaux prototypes. En retour, un concours déterminera en fonction de paramètres techniques, fonctionnels, d'efficacité énergétique, de qualité et de garantie quelles entreprises pourront intégrer le programme. Des incitations fiscales sont prévues afin de garantir le fait que les cuisinières intègrent la plus importante valeur ajoutée nationale possible. Dix entreprises équatoriennes et trois entreprises étrangères se sont dites intéressées pour participer au concours. Du côté équatorien, on compte Induglob, Motsur, Fibroacero, Enerinteco, DME, Ferromédica, Ecasa, Mabé, Kangle et Electrococ113. L'entreprise Electrocâble a pour sa part affirmé pouvoir produire localement des bobines électriques pour les cuisinières et ainsi contribuer à la valeur ajoutée produite dans le pays114. La production massive de cuisinières à induction s'accompagnera également du renouvellement d'une partie des ustensiles de cuisinière afin de les rendre compatibles avec les nouvelles installations. Selon Ramiro Gonzalez, cette impulsion à la production nationale devrait conduire, en lien avec les politiques de désagrégation technologique, à la création de nouvelles entreprises et de nouveaux sites de production et au renforcement d'un réseau de petites et nouveaux appareils plus efficients énergétiquement (“EN LÍNEA BLANCA el sector no ensambla, produce”, Revista Lideres n°49, 27/05/2012 ). 111 “$200 millones se ahorra el fisco con el reciclaje y la chatarrización”, El Universal, Pichincha, 31/10/2013 112Voir annexe 9 l'entretien avec Santiago Izquierdo 113“Trece empresas entregaron propuestas para la fabricación de cocinas de inducción”, Ministerio de industrias y productividad, 19/05/2014 114“Industriales ecuatorianos aclaran inquietudes sobre la fabricación de cocinas de inducción”, Ministerio de industrias y productividad, 12/05/2014 77 moyennes entreprises115. Les entreprises Indalum et UMCO (Alumco S.A.) sont parmi les leaders sur le marché latino-américain des ustensiles de cuisine. Ces deux entreprises veulent participer au programme Cuisson Efficiente et investir dans la production d'ustensiles de cuisine compatibles avec les nouvelles cuisines à induction, prévoyant de fournir entre 50 000 et 100 000 jeux mensuellement 116. En prenant l'estimation la plus basse, de 50 000 jeux produits par mois entre août 2014 et janvier 2017 ces deux entreprises à elles seules produiraient 1 500 000 jeux, soit environ la moitié du marché estimé. Ces deux entreprises font partie du groupe UMCO-Indalum, filiale de la holding Madeco, propriété du groupe Luksic, le plus riche consortium entrepreneurial du Chili 117 118 . Les artisans, les petites et moyennes entreprises, que Ramiro Gonzalez prétend aider à se développer, joueront donc un rôle subalterne dans ce programme. Une analyse des d'entreprises souhaitant participer au programme de fabrication des cuisinières à induction nous montre que ce sont surtout des “grands capitaux de pointe d'origine nationale, “modernisés” et régionalisés” tels que décrits par Unda et Bethania qui seront les premiers bénéficiaires de l'investissement public, ainsi que de potentiels investisseurs étrangers. Les entreprises candidates sont originaires de l'ensemble du pays : Induglob, Motsur et Fibroacero sont de Cuenca ; Enerinteco, DME, Ferromédica et Ecasa sont originaires de Quito ; Mabé, Kangle et Electrococ proviennent pour leur part de Guayaquil. Il s'agit d'entreprises dynamiques, en forte croissance, régionalisées et transnationalisées. Fibro Acero, Induglob, Mabe et Ecasa produisent à elles quatre environ 1,7 millons de cuisinières par an. Selon des données fournies par Javier Mora, entre 2008 et 2011 l'industrie électroménagère équatorienne dans le pays a crû de 26,5%. Elle exporte sa production dans plus de 20 pays. Il ne s'agit pas simplement d'entreprises d'assemblage, l'activité créant le moins de valeur ajoutée. Cellesci produisent de nombreux composants avant la phase d'assemblage. Elles ont réussi à bénéficier de transferts de technologie et certaines ont noué des alliances avec des marques internationales telles Whirlpool ou Premium119. Intéressons-nous maintenant à la structure productive de l'industrie électroménagère équatorienne. Toujours d'après Javier Mora, il existe actuellement cinq entreprises d'électroménager en 115“Programa de Cocinas de Inducción permitirá crear nuevas empresas”, Ministerio de industrias y productividad, 09/08/2013 116 “Ollas de hierro y acero sirven para las cocinas de inducción”, El Universo, 16/05/2014 117Site internet de Alumco 118“Madeco anuncia cierre de Indalum y propone aumento de capital de $200 millones”, Diario financiero, 11/03/2014 119 “EN LÍNEA BLANCA el sector no ensambla, produce”, Revista Lideres n°49, 27/05/2012 78 Équateur : Induglob, Mabe, Fibro Acero, Ecuastoves et Ecasa. Celles-ci produisent sept marques différentes : Indurama, Mabe, Durex, Ecogas, Ecasa, Global et Innova. Elle produisent aussi pour des marques internationales telles que Whirpool y Premium. Deux groupes économiques nationaux ainsi qu'une entreprise étrangère contrôlent la totalité de la production. L'essentiel de la production actuelle est extrêmement concentrée. L'entreprise Induglob S.A. produit les marques Indurama, Global et Innova. Induglob est de loin la première entreprise d'électroménager en Équateur, elle produit environ 600 000 cuisinières à gaz chaque année et exportait en 2012 près de 50% de sa production à des pays andins, d'Amérique centrale et des Caraïbes. Le groupe Indurama auquel appartient Induglob est un des plus grands groupes équatoriens, classé 38ième en 2010 par l'INEC, une partie de son capital est détenu par des investisseurs transnationaux (Camburg Financial Group, Girasol Group). Le groupe est capable de produire des pièces de verre, de plastique et de métal constitutives des cuisinières, et des éléments en carton qui peuvent être utilisés pour des emballages. Il contrôle donc une importante proportion de la chaîne de valeur de son créneau productif. Il emploie 1900 personnes et est également présent dans d'autres pays d'Amérique latine, notamment au Pérou 120. Ses revenus proviennent selon l'INEC essentiellement de deux entreprises : Indurama S.A. et Marcimex S.A (qui distribue au détail des produits électroménagers). Indurama S.A. générait en 2009 un revenu brut de 135 millions de dollars. Mais il a également investi dans d'autres secteurs comme le commerce de gros de produits électroménagers, l'agriculture et la floriculture121. Le groupe Eljuri, originaire de Cuenca, est classé deuxième groupe économique du pays en terme de revenus par l'INEC en 2009. Son capital est intégré par des investisseurs transnationaux et il a tissé des liens commerciaux avec de nombreux pays d'Asie, d'Amérique et d'Europe 122. Il est également très présent dans l'électroménager, quoique de façon moins marquée qu'Indurama. L'entreprise Fibro Acero lui appartient et produit à travers Ecuastoves S.A. la marque de cuisinière Ecogas123. Fibro Acero produit 140 000 cuisinières et 250 000 réchauds par an. 50% de sa production est exportée en Amérique centrale, andine et dans les Caraïbes. L'entreprise Ecasa, qui produit la marque éponyme, appartient également au groupe Eljuri. Le groupe Eljuri est présent dans la production de céramique, dans l'assemblage automobile, dans l'électroménager, dans l'hôtellerie. Il a investi dans des banques et des sociétés d'assurance en Équateur et à l'étranger ainsi que dans des compagnies aériennes. Il produit également des produits à base de carton. Les revenus 120Selon le site web de Indurama 121 INEC, conformación y carga fiscal de los grupos económicos, 2010 122 “159 empresas son parte del Grupo Eljuri”, El Comercio, 20/10/2010 123Résolution de la CAN 79 bruts cumulés de Ecuastoves S.A. et de Ecasa S.A. s'élèvent en 2009 à près de 10 millions de dollars. La production électroménagère du groupe Eljuri reste néanmoins très modeste en comparaison avec celle du groupe Indurama. L'entreprise Mabe de Guayaquil, également présente dans le secteur de l'électroménager, s'avère être une société d'origine mexicaine contrôlée par des capitaux étrangers. Si l'on s'intéresse aux groupes volontaires pour élaborer et produire les cuisinières à induction, on observe d'abord la présence des entreprises déjà implantées localement, notamment celles appartenant aux groupes Eljuri et Indurama : Induglob, Fibroacero, Ecasa et Mabé. Parmi les autres entreprises candidates, on note la présence d'une entreprise contrôlée par des capitaux nationaux. L'entreprise Motsur appartient au groupe Gerardo Ortiz & hijos, principalement implanté dans les provinces de Azuay et de Guayas et classé 28 ième groupe économique du pays en 2009. Les autres candidats sont essentiellement des entreprises contrôlées par des capitaux étrangers, voire des entreprises étrangères prévoyant de s'implanter à cette occasion. Initialement prévue pour 2015, la date de livraison des premières cuisinières a été avancée à août 2014124. Le laps de temps pour les entreprises concurrentes pour s'adapter est donc extrêmement court. Logiquement, on peut penser que les entreprises en position oligopoliste et possédant déjà d'importantes capacités installées seront les premières bénéficiaires de la politique de substitution des cuisinières à gaz par les nouvelles cuisinières électriques à induction. Éventuellement, les entreprises étrangères les plus réactives pourront également parvenir à tirer leur épingle du jeu si elles arrivent dans les temps à passer à travers toutes les démarches administratives nécessaires pour s'installer et produire dans le pays. Ces démarches peuvent durer des mois et sont souvent peu transparentes. Notre analyse est confirmée par les témoignages concernant les liens du régime avec ses groupes économiques de prédilection. Une rencontre entre l'entreprise Induglob et le ministre Ramiro Gonzalez s'est produite le 8 août 2013 à l'occasion de la présentation d'un plan de travail élaboré par Induglob en lien avec l'ALB 125. Une autre rencontre du même type a eu lieu le 30 août 2013 afin de présenter au ministre un prototype de cuisinière électrique à induction126. Ces relations cordiales se muent parfois en liens de connivence manifestes, comme c'est le cas avec le groupe Eljuri. Il est de notoriété publique qu'il existe une proximité entre la famille Eljuri et le régime. Juan Eljuri était en compagnie de Rafael Correa durant son voyage en Corée du 124 “Desde agosto se venderán las cocinas de inducción”, El Universo (25/03/2014) 125 “La línea blanca afina sus estrategias”, El Comercio, 08/08/2013 126INDUGLOB expone su prototipo de cocina de inducción a ministro González, 30 aout 2013, Ministerio de Industrias y Productividad 80 Sud en septembre 2010127. A propos de ces liens, Roberto Aspiazu parle d'une “rumeur” difficile à vérifier. Pour Diego Borja, il ne s'agit pas que d'une rumeur. Au cours de sa gestion ministérielle, il affirme avoir reçu des pressions et des demandes pour favoriser des entreprises de ce groupe. “Il ont réussi une articulation de caractère organique ou à travers des intermédiaires avec les fonctionnaires, des décideurs du gouvernement, avec les exécutifs des différentes entreprises, institutions ou organismes de l'État [...] Eljuri a une insertion politique très claire” L'ex-député pour Pachakutik, Cléver Jiménez128, a également dénoncé en 2010 les connivences entre le régime et le groupe Eljuri. Les ministres de l'Industrie et des Ressources Naturelles de l'époque, respectivement Verónica Sion et Wilson Pastor, auraient décidé de subventionner de manière injustifiée et sans études préalables le diesel destiné aux entreprises de céramique du groupe. Cette décision contredit la politique du gouvernement consistant à supprimer les subventions aux combustibles fossiles et octroie à un groupe en particulier un privilège sur les autres secteurs productifs129. Une source qui a souhaité rester anonyme affirme que Eljuri est également en capacité d'influer sur la nomination des ministres. Le Ministre de l'intérieur José Serrano, le Ministre coordinateur de sécurité Fernando Cordero, et le Ministre de l'électricité et des énergies renouvelables Esteban Albornoz Vintimilla, tous les trois originaires de Cuenca, auraient été placés par Eljuri. Le témoin reconnaît toutefois ne disposer d'aucune preuve matérielle pour étayer ces affirmations. Fabian Espinoza Luna affirme que les politiques de transformation de la matrice productive se focalisent en premier lieu sur les grandes entreprises les mieux à même de croître et de développer leurs exportations. Il théorise l'importance économique d'une telle politique. “Si de grandes entreprises sont déjà positionnées, elles vont toujours entraîner d'autres entreprises de fournisseurs, etc, etc, [...]. La vision consistant à renforcer les secteurs existants, on la maintient parce qu'ils mettent l'économie en mouvement, ce sont ceux qui conduisent l'économie. On ne peut pas avoir une économie basée simplement sur le développement de secteurs innovants, parce que pour pouvoir innover tu as besoin de fonds, d'une base.” 127 “Empresas de Eljuri, cuestionadas”, El Comercio, 20/05/2011 128Cléver Jiménez a par la suite été déchu de son mandat de député, condamné à 18 mois de prison ferme pour insultes envers le chef de l'État et accusé d'espionnage. Il aurait été instructif de réaliser un entretien avec lui mais il est difficilement contactable. Dans sa volonté d'échapper à la justice équatorienne, il s'est réfugié un temps dans une communauté indigène de l'Amazonie puis s'est volatilisé, ce qui rend complexe sa localisation. 129 “Asambleísta advierte que el Gobierno ecuatoriano beneficia a un conocido empresario del país”, Ecuador en Vivo, 22/10/2010 81 Comme nous le voyons, la logique institutionnelle elle-même conduit à favoriser des groupes économiques particulièrement dynamiques possédant des atouts tels qu'une taille importante, la maîtrise de technologies complexes et une présence sur les marchés régionaux et internationaux. La domination de ces capitaux modernisants est matérialisable à travers les liens entretenus par l'exécutif avec certains de ces groupes, les traitements de faveur qui en résultent, mais aussi leur poids politique et leur capacité à orienter les politiques publiques. L'État est dépendant de ces capitaux qui constituent sa base matérielle et son lien avec le mouvement réel du capital. Le processus de négociation de l'accord de libre échange avec l'UE, initié par le gouvernement et appuyé par les groupes liés à l'agro-exportation et par une grande partie des agroindustriels, menace les intérêts des grands groupes de la sidérurgie ou de l'électroménager. S'il existe une volonté politique de signer l'accord, les négociateurs équatoriens n'en sont pas moins prudents et disent étudier les effets de la libéralisation branche par branche afin de limiter les effets néfastes que celle-ci pourrait avoir. Il convient de noter que pour les grands capitaux de pointe d'origine nationale les plus vulnérables, la politique de transformation de la matrice productive donne lieu à des mesures qui contrebalancent l'effet que pourrait avoir une exacerbation de l'extravertion de l'économie équatorienne. Ces entreprises sont déjà compétitives, exportent dans des pays d'Amérique latine ayant déjà signé un traité de libre échange avec l'UE ou les États-Unis. Prises sous l'aile de l'État, ou pouvant bénéficier le cas échéant de clauses de sauvegarde réservées aux industries naissantes, elles possèdent un important potentiel de développement et sont dotées d'un dynamisme suffisant leur permettant de passer outre ce nouveau tournant de la politique commerciale. c) Les capitaux de pointe, base matérielle du projet de transformation de la matrice productive Les discours et attitudes relatifs au changement de matrice productive coïncident avec certaines lignes de force traversant la structure sociale. Ceci se traduit au niveau gouvernemental par des contradictions entre le volontarisme politique proclamé et les nécessités de prendre en compte les réalités structurelles de l'économie. Le gouvernement de la Révolution Citoyenne mène une politique économique keynésienne et néo-développementiste. L'État, démantelé au cours de l'ère néolibérale, se renforce après 2006 et 82 accroît sa participation dans l'économie grâce à la captation accrue de la rente pétrolière et, dans une moindre mesure, à la mise en place d'un système fiscal progressif et à l'élévation des taux d'imposition. L'investissement social acquiert le rang de priorité face au paiement de la dette extérieure, ce premier passe de 0.35% à 3,82% du PIB entre 2006 et 2011. En premier lieu, afin de permettre au secteur privé de disposer d'un meilleur accès au crédit, l'État a mis en place une politique de liquidité monétaire. D'autre part, la politique de substitution sélective des importations vise à diminuer les fuites de devises liées à l'importation d'intrants et de technologies. Ces deux axes de la politique se matérialisent à travers la mise en place d'un système d'incitations fiscales et bancaires spécifiques. L'interventionnisme de l'État se manifeste également à travers la mise en place de mégaprojets, principalement liés à la construction d'infrastructures de transport ou énergétiques, avec l'objectif affiché d'atteindre l'autosuffisance énergétique et d'améliorer la compétitivité systémique130. La hausse des dépenses publiques est alors soutenue par la hausse des prix du pétrole et par la renégociation des contrats pétroliers avec les grandes entreprises transnationales qui exploitent les concessions nationales. Rapidement, le nationalisme pétrolier de Rafael Correa conduit à un désinvestissement inquiétant de la part de compagnies qui s'estiment lésées par la radicalité des réformes d'inspiration socialiste du régime. Entre 2008 et 2010, le désinvestissement des États-Unis en Équateur atteint la somme astronomique de 1 171 millions de dollars 131. La hausse soutenue des prix du pétrole permet alors de compenser la stagnation de la production pétrolière. A partir de 2010, l'investissement des entreprises pétrolières publiques permet une compensation partielle de ce désinvestissement. Néanmoins, le besoin croissant de ressources fiscales pousse le gouvernement à recréer des conditions favorables pour les entreprises transnationales et à modifier les modalités contractuelles avec les capitaux étrangers en réadoptant certaines caractéristiques du modèle antérieur. Notamment, les compagnies étasuniennes Baker Hugues et Halliburton, et la française Schlumberger, se voient octroyer dans des conditions jugées comme favorables la concession de champs pétroliers matures auparavant sous le contrôle de Petroecuador132. Au désinvestissement dans le secteur pétrolier s'associent les répercussions de la crise mondiale qui frappe le pays en 2009. Dollarisation aidant, la balance commerciale est de nouveau 130MACHADO, Decio. "Las élites económicas: los verdaderos beneficiarios del Gobierno de Rafael Correa." Revista R n°4 (2012). 131 Banque centrale de l'Équateur, 2013, chiffres cités dans : Bureau of Economic and Business Affairs, Investment Climate Statement, février 2013 132RUIZ ACOSTA, Miguel et ITURRALDE, Pablo La alquimia de la riqueza. estado, petróleo y patrón de acumulación en Ecuador, Centro de Derechos Económicos y Sociales, Quito, mars 2013 83 déficitaire et l'Équateur est contraint de s'endetter auprès de la Chine, peu de temps après avoir réduit la charge de la dette qui l'étouffait avant la gestion de celle-ci par le Correa des débuts de la Révolution Citoyenne. La dollarisation constitue une structure rigide et rend indispensable l'entrée de devises pour le fonctionnement économique du pays, à travers des investissements, des exportations ou des prêts. Cette nécessité pousse Correa à renouer des liens avec la Banque Mondiale en 2014 et à contracter auprès de celle-ci un nouveau prêt, dans des conditions néanmoins meilleures qu'auparavant dans la mesure où ce prêt n'est pas assorti de conditionnalités liées à des mesures d'ajustement structurel. En même temps, le régime fait de l'attraction des investissements et de la promotion des exportations son fer de lance. L'un des axes de cette politique est l'impulsion donnée aux activités d'exploration et d'exploitation minière et pétrolière afin d'accroître le volume extrait et la productivité du secteur. Correa a déclaré qu'il était temps pour l'Équateur de passer de “l'ère pétrolière” à “l'ère minière”133. Il s'agit ici principalement d'attirer des investissements dans le domaine de l'activité minière à grande échelle à travers la promotion de cinq méga-projets d'extraction d'or et de cuivre. L'adoption de la Loi minière en 2009 et les réformes apportées à celleci en 2013 rentrent en contradiction avec les conceptions environnementalistes de la Constitution et préparent les conditions de l'exploitation minière à grande échelle sous l'égide de grands capitaux privés. Comme le montre Pablo Davalos, contrairement aux idées reçues, la rente pétrolière perçue par l'État ne sert pratiquement pas à financer l'investissement social ou productif. Elle est dépensée essentiellement à travers les subventions aux dérivés du pétrole et alimente des réserves dites de “libre disponibilité” placées sur des comptes à l'étranger134. Face aux impératifs liés à la boulimie du secteur étatique, le projet de transformation de la matrice productive évolue et s'oriente de plus en plus vers le soutien à des activités génératrices de ressources fiscales ou vers le soutien indifférencié aux exportations. La manne publique a favorisé l'explosion des importations, la croissance du secteur de la distribution et du secteur bancaire, également favorisé par la politique de liquidité monétaire du régime et le développement des crédits à la consommation. Face à ce constat, il ne reste plus à l'État équatorien qu'à se tourner vers des investisseurs privés. Les ministères ont intériorisé cette logique, ce qui amène Fabian Espinoza Luna à émettre cette affirmation : “A la fin de la journée, les investissement ici ne se font pas à partir des secteurs priorisés. Elle se fait à partir de ceux qui 133MENA ERAZO, Paúl, “Ecuador apuesta su crecimiento a la minería a gran escala”, El Pais, Quito, 12/01/2012 134DÁVALOS, Pablo. "Las falacias del discurso extractivista." in El correismo al desnudo (2013) 84 veulent venir investir, venir et investir. Le but n'est pas d'avoir un Code de la Production parfait, une politique industrielle parfaite, ou d'avoir un PNBV parfait. Ce dont nous avons besoin c'est d'une grande quantité d'investissement étranger pour maintenir la dollarisation” La priorité accordée aux investissements privés étrangers et transnationaux est lourde de conséquences en matière de transformation de la matrice productive. Il convient de créer un cadre juridique attractif, stable, donnant des garanties aux entrepreneurs. Le climat d'affaire doit permettre aux employeurs de s'insérer sur des créneaux productifs où l'Équateur possède des avantages comparatifs tout en bénéficiant d'une main d'œuvre à un coût compétitif. La situation politique du pays doit donner à l'investisseur la garantie qu'il ne sera pas privé d'une partie de sa plus-value au gré des réorientations de la politique publique. Le seul critère des investisseurs est le taux de profit qu'il peuvent retirer d'un placement. Or quels sont les secteurs productifs les plus rentables et compétitifs en Équateur ? Les secteurs agro-exportateurs et extractivistes. Cette situation est accentuée, comme nous l'avons déjà mentionné, par la hausse des prix des matières premières et par le déplacement du capital financier transnational, en réponse à la crise économique mondiale, vers des secteurs combinant rente de la terre et rente technologique. Ces capitaux exercent alors une pression à la reprimarisation de l'économie. De plus, les activités extractivistes dans les pays périphériques comme l'Équateur étant basées sur une sur-exploitation de la force de travail, le gouvernement n'a d'autre choix pour attirer ces investissements que de procéder à des réformes de flexibilisation du travail. La dépendance aux capitaux étrangers et privés implique également de renoncer aux mesures visant à une redistribution des moyens de production, notamment de la terre. Il convient d'allouer de grandes superficies de terre cultivable aux agro-exportateurs afin de développer des secteurs de pointe tels que les agrocarburants. La transformation de la matrice productive se mue à ce stade en projet de modernisation capitaliste néo-développementiste visant à accroître la productivité et le PIB. Les politiques nationalistes du début de la révolution citoyenne ainsi que les modifications successives du système fiscal, notamment en ce qui concerne l'impôt à la sortie de devises, suscite le mécontentement de nombreux investisseurs étrangers. Le Investment Climate Statement de février 2013, élaboré par le Bureau de l'Economie et des Affaires Commerciales du Département d'État des États-Unis évoque les risques d'un investissement en Équateur : instabilité politique, juridique et fiscale, corruption endémique. L'Équateur semble chercher à rassurer les investisseurs en réintroduisant des éléments de l'ancien modèle néolibéral et en garantissant le statu quo. Néanmoins, certains vestiges du projet initial profondément ancrés dans les discours 85 officiels et toujours présents dans l'imaginaire des secteurs techno-bureaucratiques et des classes moyennes font pression sur le régime pour mettre en place des mesures destinées à développer le marché intérieur et l'industrie. Les capacités d'investissement du secteur public dépendent alors de sa capacité à développer le secteur extractiviste et la rente qu'il génère. Les investissements étatiques, alliés à une politique protectionniste et à un système d'incitation fiscal vont alors jouer un rôle clé pour atteindre cet objectif. Malgré cela, les pressions en faveur du libre-échange des secteurs exportateurs dynamiques vont constituer des obstacles pour atteindre cet objectif. L'unique alternative pour l'État qui cherche à développer l'axe extractiviste afin d'attirer des investissements et d'augmenter ses revenus, tout en développant une industrie nationale efficiente, va être de s'appuyer sur des champions nationaux compétitifs, transnationalisés et ayant déjà intégré des technologies avancées à leurs systèmes productifs. Ces industries peuvent alors compléter leur développement dans un contexte de protection limitée, à l'ombre de la commande publique et de mesures protectionnistes à durée déterminée. Les grandes entreprises de l'industrie métallurgique et électro-ménagère équatorienne répondent à cette description. Celles-ci sont dans le contexte actuel de hausse de la commande publique incitées à investir dans des activités intégrées à leur chaîne de valeur, hautement concurrentielles et déjà sujettes à une suraccumulation de capital au niveau mondial, comme c'est le cas pour la sidérurgie. Aucune grande entreprise transnationale du centre ne serait aujourd'hui prête à investir dans ce secteur : celles-ci possèdent déjà leur structure productive, adaptée à leurs besoins. Réinvestir reviendrait alors à gaspiller une partie de leurs excédents. 86 CONCLUSION L'enjeu de la transformation productive cristallise des conflits idéologiques et sociaux. Le concept même de “transformation de la matrice productive” élaboré par le Senplades intègre des influences diverses qui le rendent incohérent et peu opérationnel. Au nom du Buen Vivir sont mises en oeuvre des politiques publiques néo-développementistes, bien loin des discours idéologiques, fonctionnels pour le régime, sur le post-développementisme et le “bio-socialisme républicain” d'un René Ramirez. La question de la redistribution des moyens de production chère à la gauche marxiste et à un grand nombre d'organisations populaires est éjectée de l'agenda institutionnel au profit d'une vision techniciste et bureaucratique de la transformation productive. L'économie équatorienne, se caractérise tout au long du XX ième siècle et jusqu'au début du XXIième siècle par l'exportation massive de matières premières et de biens non-manufacturés au détriment de la production destinée au marché intérieur. Cette économie dépendante, peu productive et arriérée sur le plan technologique, est, dès cette époque dominée par une oligarchie agroexportatrice et financière incapable d'impulser le développement du pays et rétive à toute politique susceptible de remettre en question la base économique sur laquelle elle repose. Dans le même temps, l'importance des investissements étrangers s'accroît et ceux-ci deviennent un levier indispensable pour permettre le fonctionnement de l'Etat, la modernisation du pays et du secteur productif. Les investisseurs transnationaux acquièrent alors des capacités d'ingérence très importantes en matière de politique économique. L'arrivée au pouvoir de Rafael Correa dans un contexte d'embellie économique et d'amélioration des termes de l'échange marque la fin d'une période d'instabilité politique et économique provoquée par les politiques néolibérales imposées par l'oligarchie traditionnelle et dictées par les institutions financières internationales. La captation accrue de ressources fiscales permet à l'Etat néo-développementiste modernisé de réorganiser l'activité économique autour de lui et d'impulser des politiques d'industrialisation sous couvert de “transformation de la matrice productive”. La Révolution Citoyenne s'accompagne alors d'une recomposition du bloc au pouvoir. La mise en place de politiques post-néolibérales marque une prise de distance vis-à-vis de l'oligarchie agro-exportatrice et financière traditionnelle. Des groupes économiques orientés en grande partie vers le marché intérieur, liés aux contrats publics, à la construction d'infrastructures, mais aussi de grands capitaux de pointe régionalisés et “modernisants”, bénéficient des politiques de transformation de la matrice productive. 87 Ces capitaux de pointe tirent profit de la hausse de l'activité des constructeurs, de la modernisation des axes de transport et des investissements publics en matière énergétique. De plus, la politique de substitution sélective des importations destinée à mettre fin au déficit chronique de la balance commerciale observé depuis 2008 les pousse à compléter leur appareil productif afin de maîtriser un ensemble accru de chaînes de valeur liées à leur offre commerciale. Les programmes de développement des industries de base, et les chaînes productives priorisées, répondent à cet objectif. Il s'agit principalement de produire localement tout un ensemble d'intrants métalliques ou issus de la pétrochimie. Ces intrants, aujourd'hui importés dans leur majorité, pourraient être fabriqués en Equateur. Ils sont demandés en premier lieu par des entreprises en position oligopolistique ou monopolistique sur le marché équatorien, opérant au sein des secteurs productifs présentant les niveaux de concentration les plus élevés de l'économie équatorienne. Ces entreprises, en croissance rapide, présentent de fortes tendances à la régionalisation et certaines, dans le cas de l'agro-industrie, conquièrent des parts de marché hors du sous-continent latino-américain. Le programme de substitution des cuisinières à gaz par des cuisinières électriques à induction illustre parfaitement l'importance que la politique industrielle du gouvernement revêt pour certains grands groupes nationaux, oligopolistiques ou monopolistiques, produisant pour le marché intérieur. Le programme, basé sur un système d'incitations fiscales renforcé par des mesures protectionnistes, met à la disposition d'entreprises leaders de la métallurgie ou de l'électroménager sur le marché équatorien une quantité considérable d'argent public pouvant être utilisé pour moderniser l'outil de production. Les liens du régime, et notamment de Rafael Correa, avec certains de ces grands groupes capitalistes modernisants d'origine nationale apparaissent parfois au grand jour. C'est le cas principalement pour le groupe Eljuri, dont l'influence se manifeste jusqu'au sein de l'exécutif. Cette information, qui pourrait n'être qu'anecdotique, rentre toutefois en résonance avec l'analyse des groupes économiques favorisés par les politiques de transformation de la matrice productive et constituent un élément de plus pour nous aider à appréhender la nature du bloc au pouvoir engendré par la révolution citoyenne. Une fois ce constat effectué, reste à répondre au paradoxe apparent constitué par la politique commerciale du régime, en contradiction avec ses velléités protectionnistes et sa volonté affichée de développement industriel. La négociation d'un traité de libre-échange avec l'UE représente en effet une menace pour une grande partie des entreprises produisant pour le marché intérieur équatorien. La nécessité pour les agro-industriels de maintenir leur présence sur le marché européen constitue un argument de poids pour le régime qui semble miser sur ces entreprises modernisantes. 88 D'autres déterminants liés à la dépendance de l'Equateur nous offrent des clés d'interprétation. Face à la pénurie d'argent public et à l'aggravation du déficit commercial, l'Etat cherche à générer de nouveaux revenus en attirant des investissements privés, notamment étrangers. Les investisseurs privés ne placeront leurs fonds que dans des secteurs présentant des niveaux de rentabilité élevés. La garantie pour les exportations de disposer de marchés accessibles constitue ainsi un critère important pour de potentiels investisseurs. Le développement de l'industrie nationale repose alors sur les épaules de grands champions nationaux, compétitifs et aptes à supporter un niveau accru d'ouverture commerciale. Ceux-ci peuvent également compter sur des mesures protectionnistes ponctuelles et sur l'investissement public pour développer de nouvelles activités intégrées à leur chaîne de valeur, alors que se maintient et s'approfondit dans le même temps le caractère extractiviste et primo-exportateur de l'économie nationale. 89 BIBLIOGRAPHIE Ouvrages ARGHIRI, Emmanuel. L’Échange inégal, Essais sur les antagonismes dans les rapports économiques internationaux, François Maspero, Paris (1969). BOYER, Robert. “La théorie de la régulation: une analyse critique”. La découverte, 1986. CARDOSO, Fernando Henrique, et FALETTO, Enzo. Dependencia y desarrollo en América latina, México, Siglo XXI, 1975 (1969) CORREA, Rafael. Ecuador: de Banana Republic a la No República, Random House Mondadori, 2012. DELER, Jean-Paul, Ecuador del espacio al Estado nacional, Quito, Ediciones del Banco Central del Ecuador (1987) FRANK, André Gunder. Le développement du sous-développement: l'Amérique latine. F. Maspéro, 1972. 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Master en economia en la Universidad Catolica de Lovaina. Ha estado vinculado a la izquierda ecuatoriana y al Movimiento Revolucionario de la Izquierda Cristiana. Actualmente miembro del movimiento Poder Ciudadano. Ministro de economia y finanzas entre diciembre 2005 y julio 2006. Participo a la constituyente de 2007 como asambleista. En 2008 Correa le invita a participar en el Ministerio Coordinador de Politica Economica. Accepta por tener convergencias sobre las politicas economicas en un contexto de crisis. Empieza a tener discrepancias por la modificacion del proyecto politico del gobierno. Muy critico a partir del ano 2011. Sale del gobierno tras renunciar a la presidencia de la nueva architectura financiera internacional el 31 de agosto de 2012. ________________________________________________________________________________ - La investigacion que estoy llevando a cabo es sobre la transformacion de la matriz productiva y cuales son los grandes asuntos de esas politica por ejemplo, por supuesto determinaciones del mercado externo, el tipo de insercion del Ecuador en la economia mundial pero tambien en mismo tiempo tratar de ver si las discrepancias que pueden existir alrededor de ese proyecto pueden ser vinculadas con la actuacion de diferentes grupos economicos o politicos que tratan de pesar sobre la definicion de esa politica muy general y que es un proyecto economico pero tambien politico, entonces trato de tener un enfoque economico, sociologico e historico tambien. - Habrian muchas cosas que decir sobre ese tema. Pero en primer lugar, yo empezaria diciendo que el propio termino de transformacion de la matriz productiva es un termino en primer lugar de caracter burocratico y tecnocratico. Es un termino que se aleja de los condicionamientos historicos y de los condicionamientos de economia politica del Ecuador. Yo creo que si habria que hablar de una transformacion, seria de una transformacion de la parte productiva del Ecuador, habria que hablar de la modificacion del regimen de acumulacion del Ecuador, habria que hablar de la modificacion de la estructura de insercion del Ecuador en la economia mundial y en la division internacional del trabajo. Lo que estan planteando como discurso oficial, es un discurso burocratico y tecnocratico. Que quiero decir con eso ? Que es la elaboracion de unos tecnocratas en una oficina – que es la oficina de planificacion – en la cual a partir de sus criterios personales y de un concepcion burocratica y tecnocratica de la economia, pretenden decirle a la sociedad ecuatoriana como tendria que ser su modificacion de algunas cosas que tienen determinantes politicos, sociales, culturales, economicos e internacionales. Como que fuera esto la elaboracion de una sopa en la cual tu mezclas determinados ingredientes y sacas el cocido final. Entonces creo que es un discurso muy alejado de una accion politica para lograr una transformacion de la economia ecuatoriana. Creo que es un discurso al igual de discursos que hacen ese gobierno, y Correa particularmente, en el que transmiten a la sociedad un sueno a alcanzar alejado de la acciones politicas y sociales que deberian hacer. - De mi parecer, eso es cierto si se mira como esas hechas las politicas, pero cuando se mira la definicion de matriz productiva hecha por el Senplades, te dicen que es una concepcion tambien que incluye las relaciones productivas, relaciones sociales, estructura de la propiedad ; que hay que tener un enfoque historico y te recuerdan los diferentes regimenes de acumulacion del Ecuador. En 96 cuanto a como lo definen. Dan una definicion que hubieran podido dar los teoricos de la teoria de la dependencia, algo muy completo y transversal. Pero una vez que hacen las politicas hay como una quiebra entre la definicion teorica y lo que es la realidad de las politicas publicas no ? - Yo incluso te invito a que mires la definicion que hacen de transformacion de matriz productiva, es un enfoque muy eclectico en lo cual combinan efectivamente escuelas del pensamiento donde podria combinarse teoria de la dependencia, la teoria del intercambio desigual, la teoria de la regulacion francesa, incluso algun conato de enfoque estructuralista marxista. Pero el momento en el cual definen, es como exactamente la definicion que hacen los neoclasicos, cuando tu defines una funcion de produccion en la cual tu incluyes distinctos argumentos : entonces, esta el trabajo, esta el capital, esta la tecnologia y tu puedes incluir muchos otros como la estabilidad juridica, como la seguridad y yo que sé que ... Es decir, cuando yo leo la definicion de transformacion productiva que hace el gobierno, es una definicion eclectica que combina de una manera inorganica muchos visiones y componentes como intentando dar gusto a todos. Pero el momento en el cual tu te asientasen la verdadera definicion del tema, tu tienes que eso no conduce a absolutamente nada. Y cuando vemos la accion politica, esta totalmente desconectada de la accion practica-concreta este intento de definicion teorica de dar gusto a todos. Entonces, yo creo que hay varios elementos que ademas son verificados por la historia recien. El gobierno levanta con fuerza el discurso de la transformacion productiva desde el ano anterior. En el enforme a la Nacion que da Correa el 24 de mayo de ano pasado. Es la primera vez que se hace una mencion tan fuerte a la transformacion productiva. En ese momento habian pasado ya 7 anos. Y en 7 anos, si tu verificas las politicas, no tenemos ni solo una politica que haya ido a la raiz para modificar el regimen de acumulacion del Ecuador, la base productiva del Ecuador, la modalidad de insercion con el mercado mundial, la division internacional del trabajo en la cual nosotros cumplimos un rol de papel de pais subordinado, primario-exportador, asentado basicamente en el extractivismo petrolero. Siete anos. Por tanto, si tu vez, hay una incoherencia historica con lo que se ha venido haciendo. En los 7 anos, se han fortalecido los mismos grupos oligarquicos vinculados a la agroexportacion primaria – cacao, banano, café, camaron, pescado, flores – se ha fortalecido es esquema de extractivismo petrolero como nunca antes en la historia, y ademas se ha fortalecido toda la oligarquia productiva y comercial que historicamente ha gobernado el Ecuador en el siglo XX. - Los de Guayaquil ? - Los agro-exportadores, los importadores, los oligopolios de la construccion, de la construccion de infraestructura – ha habido una gran construccion de infraestructura en este gobierno de carretera, de centrales electricas, de infraestructura petrolera etc ; los oligopolios de la construccion de vivienda ; y a traves del sistema productivo y comercial ecuatoriano se ha fortalecido el resto de la oligarquia. Las ganancias mas grandes que ha tenido la burguesia y la oligarquia ecuatoriana en los ultimos problemente 50 anos, es en el gobierno de Correa. Y el nucleo central que dirige la economia, el pequeno circulo que toma las decisiones fundamentales, es exactamente el mismo que hace 10 o 15 anos. No hay una modificacion de la economia politica como para pensar que podria haber un nuevo bloque en el poder que conduzca el Ecuador a una transformacion. Y si es que tomamos en cuanta las ultimas acciones, ya despues del discurso del 2013, ya tienes : profundizacion del extractivismo con todo el tema de la explotacion del Yasuni, y con todo el tema de la mineria de cielo abierto. Profundizacion del caracter primario-exportador del Ecuador con el TLC que se esta negociando con Europa. Un codigo del trabajo en el cual tu no modificas la relacion entre el capital y el trabajo, que seria basico para pensar una transformacion productiva. Que tranformacion productiva podria pensarse sin una alteracion de la relacion entre el capital y el trabajo ? Y un discurso de soberania internacional, de sobernia politica pero ningun accion concreta 97 para modificar las palancas fundamentales de la articulacion del Ecuador con el mercado mundial. Por ejemplo, no ha habido avance alguno en la nueva architectura financiera regional, que el algun momento avanzo. No ha habido alguno en la conformacion de un nuevo bloque economico como por ejemplo pudo haber sido el Alba, o pudo haber sido la integracion en el Mercosur, o en Unasur. Se vuelve mas al rendir del Banco mundial, abandonando el discurso de la nueva architectura financiera y volviendo a la logica del financiamiento multilateral comandado por los grupos hegemonicos de los paises hegemonicos, que son las viejas instituciones de la economia mundial. Es decir, totalemente alejado de la accion politica el discurso de la transformacion productiva. Entonces, si ya nos vamos hacia atras, hacia los fundamentos de esto, donde esta la clase social que va a llevar adelante la tranformacion de esto ? Quienes son ? Son los trabajadores, los campesinos, las nuevas clases medias, los profesionales, quienes son ? Una nueva burguesia emprendedora ? Quien es ? No encuentro definitivamente en la sociedad ecuatoriana una clase social, o un grupo social, o una alianza de clases que pueda llevar adelante una transformacion productiva como efectivamente se ha hecho en los paises que la llevaron adelante. Y por otro lado, cuando no hay una clase social, tu encuentras que la elite pretende venderle a la nacion un discurso de modificacion productiva cuando su corazon del beneficio esta sentado en el viejo esquema de produccion ecuatoriano. Lo grueso del beneficio en la burguesia y en la oligarquia ecuatoriana esta en las finanzas que son oligopolicas, el la agro-exportacion que es oligopolica y en el control del mercado interno ligado a la obra publica y a la inversion del Estado que es oligopolico. - Hay mas o menos una continuacion, si se miren los grupos hegemonicos desde la edad de oro del cacao con esa oligarquia financiero-comercial-exportadora y ahora ? Hay una estructura de la dominacion parecida ? - No ha habido una modificacion sustantiva en la estructura de la dominacion en el Ecuador. Claro que si comparamos la etapa cacaotera con la etapa actual, hay una gran modificacion por el avance del capitalismo a nivel mundial. El Ecuador tambien es parte de esa globalizacion mundial del capital. Ha sido parte de esa fase especulativa-financiera del capital. Si hemos logrado de alguna manera modificaciones dentro de la linea de desarrollo del capital. No se puede decir que la vieja oligarquia exportadora del cacao de finales del siglo XIX es la misma oligarquia del siglo XXI, no. Lo que yo digo es que el corazon de las decisiones economicas esta en la misma clase oligarquica y burguesa con sus modificaciones en el siglo XXI, que hace 50 anos. Y desde el otro lado, las clases subordinadas, los trabajadores, los campesinos, las clases medias, los pobladores etc siguen en ese momento siendo subalternas por qué no tienen un proyecto politico, no son portadores de un proyecto politico distinto. Entonces, en ese contexto, la transformacion de la matriz productiva podra probablemente alcanzar determinadas modificaciones tecnico-productivas. Por ejemplo, podriamo reemplazar una parte del uso de la energia basada en el combustible fosil por las hidroelectricas. Eso se podra lograr. Podremos lograr una modificacion en ciertas cosas de carreteras, de puertos de aeropuertos y de infraestructuras necesarias para la produccion.Puede ser. Podremos lograr mejoras en la capacitacion de la mano de obra. Con las universidades, con el proyecto Yachay, puede ser. Pero nada de eso altera el regimen de acumulacion del Ecuador. Nada de eso realmente modifica las condiciones de reparticion del excedente. Y si es que nosotros vamos a mirar donde esta la redistribucion de medios de produccion, tu ves que en el mejor de los casos hay una redistribucion mejorada de la renta. Pero zero distribucion de la riqueza. Y zero distribucion de los medios de produccion. Que transformacion productiva puede ser eso ? - Identifica en cuanto a esas politicas de transformacion de la matriz productiva, dentro del gobierno o de esa hegemonia, diferentes proyectos, discrepancias entre grupos economicos ? 98 - Si, pero son discrepancias, si citamos a los clasicos del marxismo, discrepancias menores en el seno de las clases dominantes. O en el seno de las fracciones dominantes. Son discrepancias por la distribucion de la torta. Son discrepancias, para ponerlo en terminos marxistas, de la distribucion de la plusvalia, o sea respecto de la centralizacion. No son disputas fundamentales en el ambito de la acumulacion ; como podria darse en otros momentos entre una burguesia emprendedora, renovadora, schumpeteriana, versus una vieja oligarquia extractivista y depredadora. Esa disputa, yo no la veo. Por eso no encuentro una clase empresarial, moderna, pujante con nuevos valores incluso con los que el gobierno propagandiza. No veo una clase burguesa, por ejemplo pensando en responsabilidad con los clientes, con los consumidores, no veo una clase burguesa pensando en responsabilidad con la naturaleza, no la veo. No existe. En el momento en el cual quieran contaminar los manglares los contaminan. - Tiene conocimiento de si ciertos sectores, o ciertos grupos economicos tienen mas presencia que otros en el gobierno ? - Si, claro. Sin lugar a dudas. Estan muy presentes a traves de funcionarios, de politicas, o directamente de interlocutores con el gobierno, los oligopolios vinculados a la construccion de infraestructura, los oligopolios vinculados al manejo de la comercializacion, de combustibles, de derivados del petroleo, los grandes oligopolios de la telecomunicacion – tienen interlocutores muy fuertes, los propios bancos se han modificado con respecto a la crisis financiera del 99 pero el poderio de los bancos sigue inalterado. Definitivamente, las clases dominantes, las fracciones dominantes, los grupos dominantes del capital, del empresariado, estan articulados organicamente, o representados en el gobierno de la Revolucion Ciudadana. Lo podemos ver por negacion. Si no fuera asi, por qué en el Ecuador no hay reforma agraria ? Por qué en el Ecuador no hay una modificacion drastica de la propiedad de la tierra y del agua ? Por qué en el Ecuador no existe una reparticion drastica de medios de produccion hacia los grandes sectores, pensemos en los emprendadores jovenes. En la gente que sale de las universidades. La riqueza y el grueso de la dominacion esta en las mismas manos. - Si tendria que citar un grupo monopolico que tiene mas presencia que otros ? - Eljuri ! Es un grupo que esta ahi presente. - A que se debe eso ? - Han logrado una articulacion de caracter organico o a traves de intermediarios con los funcionarios, decisores del gobierno, con los grandes ejecutivos de las distintas empresas, instituciones y organismos del Estado. - A que se nota eso ? - Yo lo aduzco a que no hay una modificacion en el bloque politico en el poder. Los que a un momento pudieron haber surgido que son los grupos subalternos de trabajadores, de campesinos, de pobladores que estuvieron representados en el Estado en la asamblea constituyente del 2007, no lograron alcanzar la representacion politica en el ejecutivo y en los otros organismos del Estado. Por qué ? Por qué en el Ecuador no ha habido una revolucion. En el Ecuador lo que hubo es un cuestionamiento del Ancien Régime digamos. Del viejo regimen que se llama la partidocracia. Pero eso no se tradujo en una alteracion de las palancas fundamentales del poder. Hubo una modificacion 99 electoral. Pero no hubo una revolucion que modifique drasticamente los constitutivos politicos y economicos de la sociedad ecuatoriana. - No piensa que hay una modificacion en la modificacion de las administraciones publicas, los integrantes del aparato estatal ? Antes habia una vinculacion organica muy evidente entre grupos financieros y agro-exportadores dentro del poder politico y de las administraciones. Ahora son mas burocratas o tecnocratas de la clase media. - Esto son fenomenos que pasan con el capitalismo tambien. A un momento determinado es el propio dueno del capital el que lo gerencia, el que lo dirige y el que lo gestiona. Pero con forma que se va complejizando la direccion del capital hay una autonomia entre la propiedad y la gestion. Y el capitalista acude a burocratas, a tecnocratas que hacen de intermediarios para poder manejar toda esta complejidad del capital pero siguen obteniendo el puesto numero uno en beneficio. Habra cierta redistribucion hacia las clases, los grupos que gestionan, pero no habra una modificacion de la estructura. El mismo se ha dado con el Ecuador, es decir : a un momento dado eran los representantes mismos de la oligarquia los que estaban al frente de las instituciones publica. Los propios duenos de las empresas agro-exportadores y de los bancos. Pero conforme, la sociedad ecuatoriana ... ademas a que hay otra cosas entre parentesis. Hubo una gran crisis politica durante 10 anos que desprestigio enormemente a esa cara directa de la burguesia al frente del Estado. Entonces tuvieron que modificar por qué eso resultaba en una ingobernabilidad. Tuvieron que recurrir a intermediarios politicos que son burocratas, que son tecnocratas, que son politicos. Con toda la complejidad que eso implica por qué no es un asunto en blanco y negro. Tambien ellos son representantes de nuevos grupos emergentes. De una nueva clase media emergente. De una clase profesional, o de una nuevo fraccion de clase profesional emergente. Entonces, el momento en el cual encontramos una evaluacion clara de como es la estructura antes, y como es la estructura despues, la diferencia no es muy grande. Hay una modificacion, y eso vale la pena senalarlo, en la distribucion del excedente petrolero. Por ley, por constitucion, el Ecuador tiene que aumentar en educacion y en salud, es una cosa. Pero eso no implica alterar la base de la populacion. - Piensa que se puede explicar la evolucion de las politicas de transformacion de la matriz productiva por el peso de Eljuri en el gobierno ? Por ejemplo, yo pienso en varias cosas. El subsidio al gas y al petroleo, lei un articulo que dice que hay un asambleista que se llama Kleber Gimenez que denuncio esos vinculos entre Eljuri y el regimen. Queria entrevistarlo pero como es en la selva no voy a poder. Tambien he mirado un poco las resoluciones del COMEX, antes habia una empresa que es parte de Eljuri, que se llama Starmotors, importaba mercedes-benz, autos de lujo que tienen un precio muy alto. Y a un momento, el COMEX puso cupos para limitar la importacion y solo quedo una empresa para importar esos coches. Starmotors dejo de hacerlo. Y despues hubo tambien otra resolucion que incrementaba los cupos, tambien para Starmotors que incrementaba el nivel de importacion de autos de lujo mientras se dice que hay que combatir la evasion de divisas. - No creo que Eljuri sea el unico grupo. Tu tienes ahi, si es que vayamos a nombrar el grupo de Hidalgo e Hidalgo, que es el grupo de las carreteras del sur, Herdoisa Crespo que hace las carreteras del norte. Es como una division espacial del Ecuador, a los unos les dieron el sur y a los otros el norte, toda la concesion de las vias que se llama Panavial, es de esa empresa Herdoisa Crespo. Tu tienes al Banco del Pichincha que maneja el 40% del negocio bancario en el Ecuador. Es el oligopolio evidentemente mas grande. Tienes los contratos con Claro, y ahi esta Slim, uno de los hombres mas ricos del mundo, detras de una negociacion de frecuencias el se iba para el Ecuador. Eso en su momento se lo supo. Yo te invito a que mires como fue la negociacion de las frecuencias con Claro. Ahi hay un escandalo incluso que en un momento salio sobre ... se lo entrego a cambio 100 de una cantidad de dinero muy por debajo de lo que el flujo actualizado de fondos en el presente hubiera significado para el Ecuador. En este gobierno ! Estamos hablando del gobierno de la revolucion ciudadana. Tienes los vinculos con las contrataciones de petroleo, y la comercializacion de derivados, de gasolina, de diesel y de GLP. Y todas empresas que son las que traen los derivados al Ecuador. Es un incremento sustantivo : pasamos de 300 millones de dolares en el ano 2000 a 6300 millones en el ano 2013. - Se incremento por efecto del subsidio no ? - El subsidio es el mismo. Desde el ano 2000 hasta el presente. Lo que si ha aumentado es el consumo. Tu tienes todo el negocio vinculado a la agro-exportacion. La comercializacion de banano esta en dos o tres empresas. La comercializacion de atun esta en dos o tres empresas. Los oligopolios del manejo inmobiliario son 2 o 3 empresas : Pronobis (hermana del candidato presidencial Noboa) ... Entonces no es solo un grupo. Probablemente, el grupo Eljuri tiene una insercion politica muy clara. - Que es lo que le hace decir eso, son rumores ? - No solo rumores. En el momento que he cumplido funciones publicas elevadas, las presiones, los pedidos que me llegaban a mi para favorecer a determinadas empresas y grupos de Eljuri estuvieron ahi, entonces eso me hace pensar que hay o vinculos organicos, o vinculos no organicos, que es lo que hemos hablado. Por qué hay una red del poder compleja, no solamente es que tu estas pagado por unas empresas, sino que a un momento te apoyan en una campana ... Evidentemente para poder hablar con mucha claridad habria que tener datos y esos datos no los tengo. Pero es una percepcion, por lo que yo veo. Por lo que siento. Por lo que conozco. - Sobre los ministros, cada uno tiene sus propias vinculaciones en general ? - Si, en general y si no las tiene, en la funcion se las va adquiriendo. Pero hay ministros que vienen de una ... por eso te digo eso es mas discurso que realidad. Por ejemplo, todo el equipo economico : el ministro coordinador de politica economica, el ministro de finanzas, el gerente del Banco Central ; esos tres funcionarios provienen de la etapa del neoliberalismo ecuatoriano cuando quien comandaba las decisiones economicas era un grupo absolutamente neoliberal ligado a un ministro que se llama Mauricio Pozo, y a otro ministro que se llama Mauricio Yepe. Y estos tres muchachos, estos jovenes en ese momento eran el equipo tecnocratico mas neoliberal del Ecuador. Eran aquellos que estaban en linea con el cumplimiento del articulo 4 del FMI. Yo les conoci por qué cumpli funciones de ministro en el ano 2005-2006. A quienes estan vinculados ellos ? Probablemente en su desempeno cotidiano no estan vinculados a un grupo concreto, pero en su desempeno general estuvieron absolutamente vinculados a la redes internacional del poder a traves del FMI, del Banco Mundial y del BID. Entonces, no es tan simple como que una persona tiene un vinculo organico con un determinado grupo. Puede ser un tecnocrata que incluso inconcientement, ideologicamente ... - Incluso seleccionan los que estan compatibles ? - Exactamente. - Sobre las mismas vinculaciones de Ramiro Gonzalez, tiene idea ? 101 - Claro, por supuesto. En el momento en el cual cumplio funciones, vincula mucho su accionar al Banco del Pichincha, al grupo Tata – grupo indio que aca esta en la area financiera, muy vinculado al Banco Pichincha, a los inmobiliarios, a Pronobis, a los grandes inmobiliarios Quitenos, a los grandes constructores... y asi ! Tu tienes que son los funcionarios vinculados a la misma clase burguesa, oligarquica que controla la economia del Ecuador que han tenido que cambiar de mascara por qué sus antiguos representantes estaban muy desprestigiados en el Pueblo. Pero al final del dia el lucro, el beneficio que han obtenido, yo creo que es incomparable mayor incluso con el de los periodos anteriores. - No piensa que el tiene tambien vinculaciones con el sector metalurgico ? Con Adelca por ejemplo ? - Puede ser, ademas creo que es una empresa que tiene un componente de inversion estatal si no me equivoco... ah no, es Andec... - Digo eso por qué esa empresa tiene un papel muy importante en el cambio de las cocinas a gas hacia las cocinas electricas. - Mira, eso que tu estas mencionando es probablemente lo mas importante, que es lo siguiente. Puede no haber un vinculo organico, que hay o que no haya es irrelevante. En terminos del gran proceso. Es relevante en terminos del accionar etico. Pero en terminos del gran accionar historico es irrelevante. Lo que al final del dia es relevante es que independientemente del vinculo organico, son funcionarios cuyas decisiones politicas benefician a eses mismos grupos burgueses-oligarquicos ligados a la acumulacion global del capital.Y que al final del dia sus politicas para lograr legitimidad reparten una parte del excedente en las clases subalternas, pero conducen el grueso del beneficio hacia el mismos grupo. - Pero hay razones para que ellos establezcan relaciones con esos grupos, no ? Ellos necesitan una base para su proyecto politico. - Claro, entonces ahi tu te preguntas cual es el proyecto politico del gobierno. Por qué cuando nosotros ganamos este proceso en el ano 2006, cuando viene la asamblea constituyente, puedes mirar en la constitucion. Ahi hay una linea de modificacion del regimen de acumulacion. En todo el capitulo 6, en lo que tiene que ver con el desarrollo economico. Ahi, tu tienes que eso expresaba una modificacion, una organizacion social que quieria alterar el orden economico en el Ecuador. Entonces, cuando tu dices : “por qué se ha dado estos vinculos?”, por qué tiene que mantenerse, claro, entonces a modificar el proyecto politico. El proyecto politico inicial era alterar las bases economicas, politicas, sociales y culturales del viejo regimen en el Ecuador. Cual es el proyecto politico ahora ? El proyecto politico ahora es mantenerse en el gobierno, el proyecto politico ahora es la reeleccion de Correa, el proyecto politico es sostener a esta tecnoburocracia enquistada en las instituciones del gobierno olvidandose de la modificacion de la base economica y politica del Ecuador. Entonces, si necesitan esta alianza fuerte con las viejas clases del estatu quo. - La vinculacion es lo que permite el fortalecimiento del aparato estatal y en mismo tiempo permite vincular las clases medias y ... - Legitimar en las clases subalternas. Y legitimar la politica a las clases subalternas. Fijate tu incluso en la forma como se ha modificado el discurso. Hasta hace poco tiempo atras, el discurso era antipartidocracia, anti-imperialismo, anti-gamonalismo, la peluconeria, la emergencia de los plebeyos 102 como decia Garcia Linera. Hoy dia el discurso es el del orden, el de la estabilidad, el del progreso. Eso es un cambio tematico en el discurso sustantivo. Siempre el discurso de la estabilidad, del orden y del progreso es el discurso del estatu quo. Eso quiere decir que en el proyecto politico ya no se plantea una revolucion, ya no se plantea una alteracion. Se plantea un mantenimiento. - Ve una diferencia entre las vinculaciones que pueden tener Ramiro Gonzalez y Nathalie Cely ? Y las consecuencias que eso puede tener sobre lo que ellos plantean sobre la transformacionde la matriz productiva ? - Yo creo que Nathalie es una funcionaria que viene de la vieja estructura del funcionariado tecnoburocratico del banco mundial. Ella fue la artifice del bono de desarrollo humano en la epoca de Mahuad. Es de una formacion neoliberal quien tuvo que adecuarse al discurso del gobierno de la Revolucion Ciudadana por qué fue ministra de ese gobierno. Pero viene de esa formacion. Ramiro es un politico mas pragmatico. Mas concreto. El no tiene tanta formacion politica, ideologica. El esta haciendo una serie de acciones politicas para favorecer a grupos productivos concretos. Ademas pensando en un futuro politico. - Esta aprovechando estos vinculos para fortalecerse politicamente ? - Con toda seguridad por qué eso lo hace cualquier politico. El tema es : tu te fortaleces dentro de que proyecto politico ? Tambien puedes fortalecerte solamente por un deseo personal. Pero si te fortaleces para armar un proyecto politico, la buena hora. Eso ya no lo veo. - Hablé con personas de Avanza, y parece que estan muy satisfechos con lo que esan haciendo ahora. Ademas me parece que son mas liberales que AP. - Son liberales, si. En algunos casos son mas liberales, en otros son los mismos que se fueron a Avanza por qué no tenian espacio politico dentro de Pais. - Nathalie Cely es de la Costa, piensa que eso tiene una incidencia sobre sus vinculos ? - No, yo no creo que en el caso de Nathalie haya un vinculo por el tema regional. Ella estudio, fue a los EEUU, fue funcionaria aca en el gobierno de Mahuad, entenderia yo que tuvo vinculos con los organismos internacionales no sé si como consultora, como funcionaria eso no lo sé. Pero ideologicamente ella tiene un concepto neoliberal de la economia y de la politica. Y que este concepto neoliberal tiene que ser adecuado en ese contenedor que es la Revolucion Ciudadana. No puede ser el mismo, es decir, el mismo planteamiento neoliberal que ella debia llevar en el gobierno de Mahuad, no le podia llevar adelante en el gobierno de Correa. Por qué la correlacion de fuerzas era distinta. Por qué la situacion latinoamericana era distinta. Correa llego a un momento determinado a ser parte del Alba, junto a Chavez, junto a Fidel Castro. Por qué las situaciones politicas, le conducen por alla. Eso es una cuestion compleja. Estan en el Alba pero no participan para nada. Yo creo que el futuro es que se vayan por la Alianza del Pacifico con Colombia, Peru, Chile, Mexico y algunos paises de centroamerica como Costa Rica. Por qué las politicas van mas hacia alla que para el Alba. Son los paises que han firmado TLC con EEUU. Y los paises que han tenido politica neoliberal. - Ve vinculos particulares de Jorge Glas ? - Jorge Glas es un funcionario en realidad, el nunca fue un represantante politico. El viene a su 103 condicion de vicepresidente por qué el presidente Correa lo escoge. El empezo siendo un funcionario menor en realidad y que cumplio funciones igualmente muy pragmaticas, con vinculos muy claros con la inversion china, con los grandes contratos del petroleo, de las hidroelectricas, todo lo que aca en el Ecuador se conoce como los sectores estrategicos. El fue ministro de sectores estrategicos y el cumplio ahi un papel muy pragmatico en el periodo anterior del gobierno de Correa, hecho que produce el presidente a proponerle a la Vicepresidencia. Pero no es representante de ninguna fraccion en particular, creo que ha cumplido un papel. Era un funcionario que establecio vinculos directos con el gran capital. - Entonces, ninguno de Jorge Glass, Nathalie Cely, Jorge Glass son personas que al inicio tienen un vinculo organico con sectores empresariales pero pueden tejer vinculos por distintas razones : por razones ideologicas, de estrategia politica como es el caso con Ramiro Gonzalez y razones puramente profesionales, burocraticas en el caso de Jorge Glas por ejemplo ? - Este resumen que tu haces es importante, pero tambien comprendamos que durante ese periodo a emergido una capa, una fraccion de nuevos ricos que han crecido a la sombra de la inversion publica, de la gran asignacion de recursos que el Estado ha tenido en distintos ambitos, y esos nuevos ricos han constituido una nueva burguesia. Muy vinculada a la vieja burguesia, muy vinculada a la vieja oligarquia, muy vinculada a las practicas de la vieja oligarquia, a sus concepciones. No es una nueva burguesia emprendedora, muchos menos. Es una burguesia que ha nacido al calor de la inversion publica, de la renta estatal, de la renta petrolera. - Eso es el caso por ejemplo de Fabricio Correa ? - Es parte de eso. Sin lugar a duda. Es gente que se ha beneficiado directamente de los contratos del Estado. 104 Annexe 2 Entretien avec Roberto Aspiazu Director del comité empresarial ecuatoriano y miembro de la asociacion de empresas de telecomunicacion - Yo diria que el cambio de la matriz productiva ecuatoriana, cabria aplicar el viejo aforismo de la biblia de “nada nuevo bajo el sol”, o sea si tu conoces algo de la historia del Ecuador vas a encontrar que desde los anos sesenta, es decir de hace medio siglo a la fecha, ya de alguna manera se viene hablando bajo otras denominaciones de la necesidad que el Ecuador deje de ser un pais productor de productos primarios y vaya migrando hacia una produccion industrial con mayor valor agregado. De manera tal como esta la economia en el mundo, podriamos agregar el componente de servicios, de manera tal que para tratar de cenirnos a lo que ha sido el actual gobierno, tampoco es nuevo esto del cambio de la matriz productiva, al inicio en el gobierno se hablaba de las apuestas productivas, y de los sectores priorizados de la economia, de hecho cuando se aprobo el Copci a finales del ano 2010, nuevamente entro a colacion este tema y se definieron en el proprio Codigo, si la memoria no me falla, alrededor de 15 sectores que de una manera u otra estarian destinados a recibir beneficios tributarios con miras a que la inversion se desarrolle en esos sectores. Lo que ocurre es que, en mi punto de vista, es un gobierno que no ha terminado de resolver una contraposicion de visiones al interior de su seno. Dentro del propio del gobierno. Si tu revisas por ejemplo el PNBV, en el componente relacionado a la industria, la vision que ellos tenian era : “yo, como Estado, voy a encargarme del desarrollo industrial del pais, yo voy a hacer inversion, que por algun motivo los privados no han hecho para contar con una plataforma industrial que me permite a mi abordar este tema del cambio de la matriz productiva”. En esa epoca no hablaban precisamente de esos terminos pero la idea, el concepto era exactamente el mismo. Pero al poco tiempo se daron cuenta de que con el nivel de gasto publico que manejaban, no habian los excedentes presupuestarios para volcar esos recursos hacia el desarrollo industrial. Entonces, como consecuencia de la falta de recursos, cual fue la vision ? - Atraer inversiones ? - O desarrollar inversiones privadas, si, o atraer inversiones, pero en el esquema mismo que ha presentado sobre el cambio de la matriz productiva, donde se supone que va a haber industrias ancla ... - Industrias industrializantes ? - Exactamente, industrias industrializantes que generen cadenas de valor de una manera u otra que permitan la inclusion de otros negocios relacionados, industrias relacionadas, que son basicamente la refineria – o sea, petroquimica, la refinacion de derivados, siderurgica, fertilizantes ... - Con la petroquimica ? - Relacionado. Y barcos, astilleros. Pero hay unas cosas que hemos dicho al gobierno en lo que se refiere, dicimos desde el ano pasado cuando vino la nueva administracion – a pesar de que el presidente sigue siendo el mismo, y este tema como que cobro prioridad uno dentro del agenda gubernamental, fue que tenian que hacer esos proyectos con un sentido de rentabilidad. Proponen hacer siderurgica, pero finalemente tienen un pais que no produce acero, no tiene la materia prima. 105 Entonces lo que hemos dicho al gobierno, es : “de donde se ha sacado esto ? Cual es la logica que hay detras de esa gran industria ancla que te va a permitir desarrollar eventualmente otras industrias relacionadas dentro de cadenas de valor ?”. Nosotros advertimos que en ese plan, hay demasiada teoria, y un poco enfoque practico por qué por decirte en el caso del acero, a nivel mundial hay excedente de produccion y los precios mas bien estan a la baja. Entonces, por qué un pais en via de desarrollo como Ecuador se va a empenar en ... - En sectores donde hay sobreacumulacion de capital productivo ? - Sectores donde hay sobreacumulacion de recursos y de inversion, o sea ... - Quien va a brindar la inversion ? - Claro, puede ser un tema tambien por qué nos parece que todavia no hay una definicion clara si es que eso se va a manejar exclusivamente con inversion publica, si va a ser inversion publica-privada, o solamente privada. Pensamos que hay un poco mas la idea de que sea inversion publica o publicoprivada antes que privada propiamente dicha. Pero el tema del acero, tu lo llevas tambien al tema de los astilleros. Tampoco que tenemos aqui condiciones para competir con Corea, o con Alemania en la fabricacion de barcos de ultima generacion. Como que no haya sentido. Entonces, cual es el enfoque ? Unicamente por mantenimiento y eventualmente construccion de flota pesquera ? Pero obviamente va a ser un proyecto mucho mas acotado, mucho mas limitado, mas pequeno. Entonces... Para la refineria ya has hecho toda la inversion, lo que es el movimiento de tierras pero por la informacion que tenemos el financiamiento no esta cerrado con los chinos. - La refineria del Pacifico ? - Claro. - Mas mejorar la de Esmeraldas ? - Exactamente. Ampliar la de Esmeraldas, aumentar la capacidad de refinacion... Y ahi volvemos a un punto que ya lo mencionamos en el caso del acero. Hoy en dia, hay una sobrecapacidad de refinacion en el mundo. O sea, vamos a hacer un inversion en refineria, eso te va a generar una idea de autarquia en cuanto a independencia economica y que nosotros no tengamos que importar derivados, sino que produzcamos derivados en el pais y que ese valor agregado quede en el Ecuador. Estamos abiertos a esa posibilidad, y entendemos que podria ser un proyecto interesante, pero finalmente hay que ver los numeros no ? Si tu vas a hacer una inversion en la refineria, de 9 millones de dolares, alguien va a tener que pagar esa plata. Y esa plata en principio tendra que pagarse en pase a un proyecto que sea rentable. Que genere excedentes.Hemos tenido tambien el problema que en los ultimos anos Ecuador es un pais que tampoco ha desarrollado las reservas probadas de petroleo por qué no ha habido basicamente inversion. Hemos tenido casi 10 anos en los cuales la inversion no se ha dado y es uno de los motivos por los cuales, nos vemos obligados a explotar el Yasuni. Hay una serie de factores que convergen para el analisis sobre ese tema. En suma nosotros le vemos muchos vacios, muchos fallos, faltas, a ese proyecto. Nosotros ... - Nosotros, son las camaras empresariales ? - El comité empresarial representa a todas las camaras del pais. 106 - Yo hablé con industriales de linea blanca y estan muy contentos... - Bueno, los de linea blanca estan contentos especificamente por el tema de las cocinas, pero es un tema especifico. Yo de estoy hablando del proyecto macro del gobierno por ahora, del cambio de la matriz productiva. Con cuatro industrias anclas. Con cuatro grandes industrias, que permitirian desarrollar otras. Sobre esos proyectos especificos te estoy dando mi opinion, mi parecer, lo cual no quiere decir que en algunos sectores no hayan industriales que se estan viendo como ganadores. Indiscutiblemente, si tu dices que vas a cambiar toda la base en cuanto al sistema de coccion o de cocinas en el pais, obviamente, la industria de linea blanca se ve como ganadora. Aunque ellos mismos van a tener que importar muchos insumos, van a tener que importar mucho de afuera para poder asumir el reto de construir o de fabricar todas esas cocinas. Pero no mezclemos, no hay contrapunto en lo que te estoy diciendo en relacion con lo que te pudieran haber dicho los amigos de linea blanca. Es una cuestion muy especifica, yo te estoy dando una idea un poco mas macro. Ecuador esta con problema para traer inversion extranjera, y los niveles de inversion privada nacional, tampoco son niveles considerables o muy altos. O sea, pensamos que eso es un tema del cual hay que seguir trabajando, por qué obviamente, si tu revisas las estadisticas de los ultimos siete anos [...] desde el 2007 hasta la presente fecha, tu has tenido una situacion en la cual la inversion publica a comenzado a crecer, desplazando a la inversion privada. Probablemente el ano pasado la cifra este en el 46 de inversion publica, versus 54 de privada. Mas o menos estan en ese orden. Cuando, en 2007 la relacion era 75/25. La reflexion que tu tienes que hacerte es : cuanta eficiencia le das a la economia con ese desplazamiento ? Es discutible por qué hay mucho gasto publico, la burocracia ha crecido mucho y finalmente se estan pagando muchos sueldos y salarios en el sector publico y la pregunta es : y la economia del pais realmente tiene una ganancia ? Yo pienso que no, que realmente Ecuador podria funcionar con aparato publico mucho mas reducido. Tu quieres que te ponga ejemplo ? La ley de comunicacion ha creado una superintendencia de la comunicacion, un consejo de regulacion de la comunicacion, cad una de estas instancias tiene aqui en Quito su oficina matriz, pero a nivel de provincias en algunas provincias tienen tambien su delegatario, sus oficinas tipo sucursal. Todo estoy cuesta, y la pregunta es : y realmente esto me esta dando a mi como pais en terminos de bienestar o eficiencia economica una ganancia ? Yo pienso que no. - Sobre ese tema de desarrollo de industrias basicas, lo que se destaca es que hay sectores que ganan y eso precisamente es mi pregunta, si usted piensa que eso se explica por qué es un tipo de ideologia ... - Yo pienso que si. - ... o si es que hay una presion de ciertos sectores ? - Yo creo que eso es un ensayo que responde a una vision utopica, poco practica, de como este pais tiene que industrializarse. Los Coreanos, la cooperacion coreana, ha estado aqui haciendo un estudio hace un poco mas de un ano, y la sugerencia es esta industrializacion va a venir de poco, pero en un proceso en el cual no se pueden saltar etapas. Tiene que haber una cierta continuidad, y la principal recomendacion que hicieron es : “apoyen a sus sectores exportadores”. Los que producen bienes primarios, no importa? Generan divisas y son los sectores que pueden crecer mas, si tu revisas estadisticas, los sectores exportadores te crecen mucho mas que lo que crece el promedio de la economia del pais, por qué obviamente para vender no depende de lo que esta ocurriendo en el mercad interno. Y el mercado internacional es suficientemente grande como para que si tu tienes una relacion de precios versus calidad satisfactoria tu puedas vender todo, absolutamente todo. Todos tu excedentes. Pero el punto es que eso te permite a ti ir generando 107 excedente de capital que de alguna manera te permite a ti invertir en otros sectores. Es cuestion de conocer a la historia. En el Ecuador, el momento clave que permitio la industrializacion del pais a finales del siglo XIX – con las primeras industrias, industrias de alimento, cerveza, fabricas de hielo, ingenios azucareros – fue con el cacao. El ferrocarril finalmente se lo acababa financiando con el cacao por qué el cacao representaba practicamente la 3/4 partes del presupuesto nacional. Si no provenia directamente del cacao, provenia de las importaciones que el cacao te permite hacer. Todo lo que fue la modernizacion de la ciudad en el Ecuador en su momento, todo eso fue producto de esos excedentes. Eso es el problema de que todos esos jovenes que manejan el Senplades que de alguna manera es en think tank del gobierno piensan que podemos saltarnos etapas. Pensamos que esa etapa, si se trata de inversion privada, va a ser muy dificil saltar. Eso es un proceso que se va a ir dando de poco, en la medida en que el pais identifique sectores dentro de las cadenas de produccion globales en donde puedamos insertarnos y tener eficiencia, costo bajo, productividad, y poder finalmente posicionarnos en estos segmentos de la produccion. Nos hemos demorado siete anos en firmar un acuerdo comercial con la Union Europea. Ahora, el presidente se da cuenta de que es necesario tener un acuerdo comercial. Hoy por hoy, en un escenario de globalizacion, un pais sin acuerdo comercial dificilmente va a pueder levantar su economia. El cambio de la matriz productiva que promove el gobierno requiere un mercado ampliado, mismo que el escenario de desarrollo de la petroquimica o fertilizantes ... Toda esa produccion vas a tener que venderla afuera, y para venderla afuera, a precios competitivos, vas a necesitar obviamente acuerdos comerciales. Cada vez, son mayores los paises que son competidores tuyos, y te quitan mercados internacionales que los que tienen acuerdo comercial. - Sobre los sectores priorizados, se ve la evolucion entre el primer PNBV, y los siguientes documentos oficiales y leyes. A que se debe esto ? - El enfoque era tratar de sustituir importaciones en ciertos sectores donde el pais realice importaciones de una manera importante. La idea es tener una industria nacional que pueda producir y sustituir esas importaciones. Pero en un esquema de mercados globales, todo depende de si tu puedes ser eficiente en costos y tener costos suficiente bajos que determinen que tu no tengas que perjudicar a tu consumidor por qué tu tienes que proteger a una industria con aranceles muy altos y con costos que en definitiva te generan una rentabilidad, pero una rentabilidad poco eficiente a desmendro de tu consumidor nacional. Fijate tu como esta el cuadro de importaciones del pais. 20% apenas es bienes de consumo. 23% es combustibles y derivados de petroleo. El resto, el 57% vienen a ser materias primas, insumos y bienes de capital para la industria. En que medida tu puedes ir sustituyendo importacion ? Eventualmente tu puedes ir sustituyendo importacion, pero no en la forma en que lo ha hecho el gobierno, acogiendose a reglamentos tecnicos de calidad ir de esos acuerdos voluntarios para restringir importaciones, o sea, nuestra vision es que tu tienes que hacer una seleccion donde puedes conseguir realmente por qué tienes las condiciones para hacerlo, la competitividad que se requiere, y si tu tienes que proteger a un sector, pues protege un sector. Por un tiempo determinado, pero no tampoco lo protegas indefinidamente. Por que finalmente esa proteccion la pagan los consumidores de una manera. - El hecho de que se cambien los sectores priorizados se debe a esa cuestion de rentabilidad ? No, los sectores priorizados no se han cambiado, estan en el Codigo desde 2011. Pero si tu vas a ver las inversiones que se han desarrollado a partir del Codigo, han sido minimas. El gobierno maneja cifras que han sido como 1 800 millones de dolares, eso no corresponde a la realidad, por qué ahi tienes los 1 100 millones de dolares de la inversion china, en el gran proyecto minero de 108 Ecuacorrientes, y tienes 400 millones de dolares de Holcim de la ampliacion de la fabrica en Guayaquil que se iba a dar con codigo o sin codigo igual. Por qué habia esa necesidad. Te voy a mandar un documento sobre lo que estamos proponiendo nosotros para la reforma del Copci. Una tema sin duda que a nosotros nos parece muy importante es la parte tributaria. Tienes hoy por hoy en el esquema impositivo impuestos que son muy distorcionadores. Tienes el impuesto del 5% a la salida de divisas, y tienes el impuesto a la renta en base a una formula presuntiva, que determina varias veces que aun sin generar renta, tendras que pagar renta. Nosotros como sector empresarial siempre hemos estado en contra de esos impuestos. Tienen un efecto muy distorcionador, pero tambien responden a esa voluntad del gobierno de tener mas recursos para gastar mas. Y volvemos al punto que yo te decia hace un momento. Hasta que punto el crecimiento del sector publico, o el hecho que el sector publico consuma recursos te genera bienestar en terminos de tu desempeno economico como pais ? Te entra la duda. - Piensa que el ministerio de industrias tiene vinculos preferenciales con ciertos sectores ? - Podria ser. Yo creo que en la adopcion de estas medidas, ellos hicieron una consulta con la federacion de la industria metalmecanica en donde terminaron diciendo : “yo puedo producir todo esto” pero terminaron metiendo algunos productos que no tienen como producir. Por ejemplo, cables de telecomunicaciones, cables coaxial (de cobre). Aqui no se produce en el pais. - Son cosas que propusieron producir aqui ? - Claro. Dicen “yo si puedo producir aqui” pero en ese momento no se produce. La pregunta que te cuelvo a hacer es : a que costo ? Con el excedente. Le das tu el excedente a una industria ineficiente prohibiendo la importacion. Tenemos nosotros condiciones para desarrollar economias de escala que te permitan desarrollar cables eficientemente cuando China los produce mucho mas baratos ? Es todo un dilema no ? - Estaban hablando de desarrollar refinacion de cobre. - Refinacion de cobre para importar cobre de Chile ? No hace sentido en absoluto ! Y se supone que vamos a desarrollar cobre aqui en algun momento pero va a tomar por lo menos 10 anos ! Aparentemente hay posibilidad de hacer mineria de cobre aqui pero eso sera en el largo plazo, no en este momento. Al gobierno le falta sentido comun y toman decisiones politicas en base a visiones en tanto utopicas sobre como funciona la economia en un escenario de globalizacion. Hablan de modelo de desarrollo endogeno pero, en el momento que tu hablas del cambio de la matriz productiva, como puedes tu cambiar la matriz productiva y desarrollar industrias con mayor valor agregado en el pais si estas con esa mentalidad del modelo cerrado, del mercado interno ? Aqui no tienen mercado interno para sostener ese tipo de industria. Tu necesitas obviamente de estar insertado en la economia global. Una forma de hacerlo hoy por hoy es con acuerdos comerciales. Ahora con Europa, paraceria que vamos a avanzar, pero eso nos ha tomado siete anos. La negociacion comenzo con ese gobierno, en septiembre de 2007. Yo manejo tambien el sector de las telecomunicaciones. Soy tambien de la asociacion de empresas de telecomunicacion. En 2011, el gobierno envia un proyecto a ala asamblea nacional con un enfoque estatista a cuenta de que la Constitucion le otorga al Estado la potestad que permitaria de desarrollar esos sectores denominados estrategicos, y el mensaje de ese proyecto de ley es : “yo como Estado voy a desarrollar las telecomunicaciones”. Pero cual es la realidad de las telecomunicaciones ? El 80% o mas estan en manos privados. Entonces hacen una ley, que se sujeta baja tabla a una disposicion constitucional que la practica te obliga a flexibilizar por qué no tienen 109 la capacidad de inversion, como no la tienen para desarrollar el sector petrolero o el sector electrico, lo propio ocurre con telecomunicacion. - Siente una diferencia entre la gestion actual sobre el cambio de matriz productiva con ese esquema institucional que es diferente que el Vicepresidente Jorge Glass que es responsable politico y Ramiro Gonzalez segundo ? - Yo creo que el tema sigue siendo ahora parte de una utopia, de un discurso politico, un objetivo que no es nuevo, pero el tema es : como alcanzarlo, como llegar hasta alla ? Lo primero, es que es un objetivo de largo plazo. No de corto plazo. Y por eso tu tienes que ir tomando las decisiones adecuadas. Se necesitan acuerdos comerciales. Tu nos vas a desarrollar una industria con valor agregado en un mercado de este tamano. Necesitas mercados ampliados. Lo que veo es que ha habido una serie de decisiones equivocadas, y no estan precisamente ayudando para lograr este objetivo.El gobierno lo posiciona como una idea fuerza importante pero todavia lo veo mucho mas en el campo de la publicidad de que es lo que queremos hacer, antes de que es lo que estamos verdaderamente consiguiendo, logrando. Uno de los problemas principales, yo te diria que es no existe una verdadera agenda publico-privada. En una mayoria de los paises donde esto a funcionado y ha tenido exito en el largo plazo, es donde han tenido realmente una comunicacion y una articulacion estrategica que te permitan ir caminando en esa direccion. Aqui eso esta fallando. Una prueba de esto : el ano pasado, abrobaron una regulacion de los reglamentos tecnicos de calidad y de los acuerdos voluntarios que le han tenido que ir reformando con el tiempo. Ya le han metido un monton de reformas a la normativa original. Ya le introducieron una serie de cambio, que nosotros decimos desde el comienzo. - La resolucion 116 del COMEX ? - Es de la 116 del COMEX. Pero la 116 del COMEX ya le han sacado por lo menos todas reformas importantes, y han dejado abierto por la via reglementaria la posibilidad de que el proceso de reformas continue. Por otra via, por una via normativa, administrativa. - Sobre las resoluciones del COMEX, he visto que tambien permitieron la importacion de coches de lujo. Es la resolucion 110. - Esas decisiones contravienen a acuerdos internacionales en materia de comercio, con la OMC, con la CAN ... Eso es ilegal ! Y claro, la presion que ha tenido el gobierno para modificar esta normativa ha sido tal que entiendo que el presidente dio orden de parar los acuerdos voluntarios y de flexibilizar todos estos temas de los reglamentos tecnicos. Finalmente lo que ahorran por esa via tampoco es considerable. Las partidas de la 116 representan 1 200 o 1 300 millones de dolares. Ya reducieron 140 en los primeros meses. Tampoco va a ser la diferencia. Pero hablan de que los objetivos son sustituir 800 millones de dolares el primer ano, y en cuatro anos restringir 6 000 millones de dolares. Los numeros no dan. Eso es lo que hemos dicho al gobierno. Como van a restringir 6 000 millones de dolares ? Por los bienes de consumo, tu tambien necesitas bienes de consumo. Con politicas de restriccion comercial tu generas muchas distorciones en el mercado. Mira lo que sucede con los telefonos celulares : mas del 50% de los telefonos que estan activados en el mercado son telefonos con e-mail repetido, codigo de identidad repetido. Son modelos no homologados. Como consecuencia de la restriccion comercial, comenza a entrar por frontera. Contrabando. - Entonces, usted plantea que es proyecto de desarrollo de la industria basica se debe mas a 110 concepciones ideologias que a la presencia de determinados grupos economicos dentro del gobierno ? - Volvemos a lo que yo te decia. Nosotros, de las informaciones que tenemos, por ahi no esta pasando nada, o nada importante como para decir que de aqui a dos anos estos proyectos van a ser una realidad, mismo dentro del documento del gobierno que yo te lo puedo pasar se fijen ya plazos de cuando esto este instrumentado, en muchos casos hablan de 2017. O sea, estos temas no se estan moviendo de ninguna manera como para pensar que en 2017 van a ser una realidad. - Lo mas importante seria lo de cambio de cocinas entonces no ? El proyecto con mas peso. - La refineria, sin duda la refineria. - Y despues de la refineria ? - Los otros son proyectos que en relacion con la refineria son mas pequenos. Son proyectos de 400 millones de dolares de los astilleros, otro de fertilizante creo que es 1 100, de acero 1 200 por ahi. En eso. Pero te repito por ahi, eso va a quedar en letra muerta, va a quedar en el papel. Por algunas de las razones que te estaba explicando. - Es muy importante del punto de vista de los subsidios. - Eso es el otro tema que sin duda afecta y complica a la economia. El gobierno ha reiterado en mas de una oportunidad la posibilidad de ajustar los precios. En la posibilidad de que logren esa migracion de las cocinas de gas a las cocinas electricas, podrian eventualmente subir el precio del gas, estando tambien con la idea de implentar un sistema que otorgaria a los consumidores la posibilidad de comprar gasolina a precio preferencial, pero en la medida que superes tu un determinado volumen, tendrias que comenzar a pagar el precio internacional. La ultima vez que vi hablar alguien del gobierno de esto era el ministro de industrias Ramiro Gonzalez, decia que aspiraban a tenerlo listo en marzo de este ano. - No esta listo ? - Lo que pasa es que esto tiene un costo politico. Y a raiz de las ultimas elecciones, el gobierno se va a cuidar mucho de tomar medidas que de alguna manera puedan erosionar el capital politico del presidente Correa, que ahora como habras visto quiere reelegirse. - Usted ve una diferencia con respecto al cambio de la matriz productiva entre Gonzalez y Cely ? Le pregunto esto por qué Nathalie Cely esta mas vinculada con sectores de la Costa. - Ella tiene una mentalidad mas bien parecida a la nuestra. Gonzalez es un politico, es muy politico. Se le dio eso espacio en el ministerio de industrias, pero no pensamos que sea la persona mas indicada para ese cargo. Podria estar mejor en una funcion mas politica, tecnica. Por qué no conoce el tema. Entonces el mismo termina siendo instrumentado para llevar adelante esta politica publica, con respecto a la cual nosotros estamos en completo desacuerdo. - Rafael Correa, es economista y parece que tiene una buena comprehension ... - Bueno, si, a mi me asaltan dudas por qué se supone que obtuvo un PhD en una universidad de 111 Estado-Unidos y su inglés es muy malo. Y me dicen que su francés tambien es muy mal. He oido de buena fuente que su inglés y su francés son muy malos. Eso me llama la atencion por qué si voy a sacar un PhD a una universidad norteamericana, obviamente por mas que yo tenga acento al hablar, mi inglés va a ser muy fluido. Y el de el no lo es. Entonces, esto no quiere decir que nosotros no apoyamos. Apoyamos, estamos abiertos, pero hay que verlo con otra logica talvez. Con mas sentido comun. - Tiene mas informacion sobre la composicion o vinculaciones de ministros y ministerios con respecto a grupos empresariales en particular ? - No. Solo te puedo decir que hay ministerios que son mas pro-empresarial que otros. Con el Ministro de comercio exterior, nosotros tenemos una relacion estrecha. Con el ministerio coordinador de la produccion, mas o menos. Con el ministerio de industrias, la relacion se ha deteriorado por consecuencia de esa politica de restriccion. Ministerio de agricultura ... mas abierto. Ha estado apoyando la negociacion con la Union Europea que es un tema importante para nosotros. No nos vemos con ministerios contrarios al sector privado pero para nosotros, la Senplades es una oficina de gobierno con una vision muy retardataria, con una vision de izquierda muy anclada al pasado. No le gusta el mercado. Pero el mercado finalmente marca la pauta de la economia, como se mueve. Tu guste o no te guste. Y siempre ha sido asi. Se pueden regular los mercados. Si, los puedes regular, hasta cierto punto. Pero cuando le sobreregulas, se te generan distorsiones. - Sabe si hay un vinculo particular con el grupo Eljuri ? - No me constan mas alla de se dice que ellos son muy amigos al gobierno, que el gobierno los mira como consentidos. - El gobierno les mira como favoritos ? - Eso es el rumor. Eso es lo que se habla. - Hay maneras de averiguar eso ? - Es un poco dificil, no es tan facil. 112 Annexe 3 Entretien avec Javier Mora, président de l'association des industriels de l'électroménager d'Equateur - Los industriales de Linea Blanca ven con buenos ojos la politica gubernamental con respecto al cambio de matriz productiva, y especificamente al cambio de matriz energetica, que es lo que nos corresponde hoy por hoy dentro del programa de cocinas de induccion y del programa RENOVA que es la sustitucion de refrigeradoras por alcanzar una alta eficiencia energetica. De ahi es que el gobierno ha pedido la colaboracion de la industria nacional de linea blanca, y desde un inicio nosotros hemos venido colaborando, provocando acercamientos en todos los aspectos que esto involucra, desde el punto de vista tecnico, comercial, economico, ambiental y de mas aspectos. De alli es que hace uno o dos anos atras, firmamos un convenio con el gobierno para el cambio de las refrigeradoras con aquellas de bajo consumo energetico, y pues nos hemos enmarcado dentro de este programa hasta la presente fecha, y tiende a que las refrigeradoras que tienen mas de 10 anos de fabricacion con tecnologia anterior, con un especie de subsidio el gobierno vaya sustituyendolas. Entonces, en ese sentido la industria esta muy comprometida con el programa de gobierno, en cuanto al tema de refrigedoras. En el otro tema de las cocinas de induccion igual, desde hace unos tres anos hemos venido trabajando sobre esta factibilidad, o ya un hecho cierto, y claro este programa no se enmarca dentro de un subsidio como fue aquel de las refrigeradoras. Hoy es el consumidor el que tiene que cancelar el costo de aquella sustitucion, pero con un financiamiento que proviene del propio gobierno nacional. Tanto es asi, que desde el mes de agosto de este ano nosotros hemos previsto ya de manera oficial salir al mercado con este tipo de cocinas de induccion, que es lo que pretende este programa ? Simplemente sustituir el consumo del gas, subsidiado, importado por el Estado, por la incorporacion de las cocinas con electricidad. Esto es fundamental por el hecho de que el gobierno tiene previsto que hasta el ano 2017 posiblement, entren en funcionamiento algo asi como 6 hidroelectricas. Y el gobierno estaria incluso en posicion de exportar energia electrica. Entonces, consideramos que esto es un programa por demas sensato, puesto que hay un segmento grande de la poblacion que si esta en condiciones de pagar el gas sin subsidio. De ahi es que consideramos que a partir de agosto, habra un gran segmento de la poblacion que empezara a migrar hacia las cocinas de induccion, pero tambien habra otro que frente a una eventual eliminacion del subsidio, deseen mantener el uno de las cocinas a gas, pero con otro costo, y nosotros consideramos que si hay un segmento de la poblacion que estaria dispuesto a pagar ese costo. Por otra parte la industria ha venido trabajando con el gobierno para efectos de que aquellas partes y piezas, componentes, para el asamblaje de la cocinas que aun no se fabrican en el pais, estas puedan ser importadas con un beneficio arancelario, por qué no existe produccion todavia. Condicionado todo aquello a que en el camino, en un cronograma, la industria nacional vaya incorporando mas agregado nacional. Existe ese compromiso. Entonces, el gobierno dice : “nosotros les vamos a poner un arancel comodo para que importen esas partes y piezas, pero de la misma forma ustedes tienen que presentarnos un cronograma para que en el tiempo, aquello que ustedes van a importar este en condiciones de producirlo localmente”. Entonces en ese esquema, hemos convenido con el gobierno y de hecho en el mes de agosto nosotros estamos saliendo en el mercado local con este programa. - Ya hay prototipos de cocinas de induccion no ? Creo que Induglob por ejemplo hacia ... - Prototipos de algunas empresas ya en el mercado, hay prototipos y dentro de la presentacion de las bases para el concurso que lanzo el ministerio de industrias, hay un cronograma inclusive para aquellas empresas que ya, siendo calificadas, pues en la segunda etapa es una inspeccion a las plantas para saber las condiciones tecnicas en las que se va a cumplir ese compromiso. Y tambien 113 hay otra etapa en la que se tiene que presentar el prototipo de aquellas cocinas, una vez que superemos todos estos condicionantes que emanan de las bases del concurso, entonces oficialmente el gobierno estara en condicion de decir : “estas son las empresas que estan en condiciones de cumplir con nuestro cronograma anual”. En terminos generales, repito, hemos estado siempre muy abiertos a dialogar con el gobierno por qué vemos que es una posicion muy sensata. El gobierno, el Estado ecuatoriano no puede seguir actuando en funcion de subsidios que, si viene, cierto en un momento pueden inclusive ser focalizados, pero no puede ser un beneficio a caracter general, inclusive par quienes estan en condiciones de pagar lo que corresponde. - Esa propuesta, de cambio de cocinas a gas, donde se origina ? - La propuesta nace del programa de gobierno en cuanto se refiere al cambio de la matriz productiva del pais. Entonces estamos hablando del crecimiento de la produccion, estamos hablando de la incorporacion de valor agregado, estamos hablando de la sustitucion de importaciones por productos locales, y dentro de esa matriz productiva hay un segmento que se refiere a la matriz energetica de la que estamos hablando en este momento. Todo esto esta organizado bajo el programa de gobierno denominado “Cambio de matriz productiva y energetica”. - Se habla especificamente del cambio de cocinas en este programa de gobierno ? O es una adaptacion del Plan de Gobierno ? - Es una de las aristas del Plan de Gobierno. Son varios los puntos que tienen que cumplirse en la agenda del cambio, y nosotros como industrias de linea blanca lo que nos corresponde, estamos en el tema de las cocinas de induccion. - Fue en la Senplades que se elaboro esa propuesta ? - Es el gobierno central. Y entiendo que dentro del gobierno central, la Senplades habra tenido una gran participacion, de hecho. - No piensa que Ramiro Gonzalez tuvo una importancia en esa politica ? Que impulso algo ? - Definitivamente. Yo diria que si, en cuanto se refiere a ese programa de cocinas de induccion, la participacion del ministro de industrias ha sido determinante como representante del gobierno. Por qué es con el con quien hemos tenido que conversar e ir ajustando a la conveniencia del usuario las condiciones tecnicas de las cocinas de induccion. - No hay sectores que se oponen a ese programa de sustitucion ? Eso es una politica que va a beneficiar mucho al conjunto de la poblacion por qué ya se sustituyen importaciones, pero los que van a hacerlo son industriales mas de la Sierra, no ? - Mira, alguien hubiera pensado que la industria nacional pudiera oponerse, posiblemente los importadores por qué ese programa tiende a fortalecer la industria nacional. Y por eso el gobierno no esta diciendo que los importadores no importen. Lo que pasa es que bajo las condiciones tecnicas que requiere el gobierno para la sustitucion, tiene que haber calificacion y tiene que haber componente nacional, entonces, si hay una marca que quiere invertir en el pais, poner una planta, comenzar a fabricar esas cocinas que van con esas caracteristicas, el importador puede transformarse en productor. Pero bajo esos condicionantes que ya establecen las bases para el concurso. El importador puede importar. Pero claro, esas cocinas a induccion, que estarian fuera de 114 las caracteristicas que requiere el gobierno, estarian en el mercado, pero no son parte del beneficio del gobierno central para efecto de financiamiento, para eliminacion de aranceles por importacion de materia prima, de insumos que no se producen en el pais, siempre estaran en el mercado otro tipo de modelos para la gente que lo requiera, pero bajo otro concepto. Pero como le decia, fue definitivamente el ministro de industrias el que lidero el tema. Hay una parte en la que obviamente tuvo que ver el ministerio de electricidad y energia renovable, en lo que le corresponde. Pero en la politica publica industrial propiamente dicha, ha habido un liderazgo y una orientacion cabal ... importante. Importante por qué no hemos tenido problemas en el acercamiento con el gobierno para llegar a un feliz termino, de como tienen que darse las cosas. Ha sido un proceso. No ha sido facil. Habran temas que no son de nuestro agrado. Pero no es el caso en un termino general. Yo creo que en ese momento cuanto las cartas estan hechadas, es inoficioso estar refiriendonos a temas especificos, por qué la globalidad del esquema, esta consensuada. Es lo que importa. - Sabe que hubo un cambio muy importante en la institucionalidad del cambio de matriz productiva. Al inicio lo lideraba el ministerio coordinador de la produccion, con Nathalie Cely, y subio de nivel, ahora es la Vicepresidencia que lidera todo el cambio y el ministerio de industrias es el segundo puesto de importancia. Siente una diferencia entre las orientaciones de Ramiro Gonzalez con respeto al cambio de matriz productiva y lo que estaba haciendo Nathalie Cely ? - Es que aqui hay dos opticas dentro del programa. La una en que considero que es al ministerio de industrias que le corresponde liderar esos procesos, por qué es el ministerio de los industriales. Entonces, por logica, es ese ministerio que institucionalmente debe manejar. Por otra parte, cuando ese ministerio asume esa competencia, lo ha hecho bien. Por qué hay una cabeza que lo ha hecho bien. Definitivamente estamos ... ha sido una persona con quien se ha podido conversar. Es una persona que ha acceptado nuestras sugerencias de cuando hemos dicho : “esto no esta bien”. Entonces ha habido una receptividad. No diria en todo. Pero si en buena parte. Y cuando digo “no en todo” por qué asumo yo que tampoco del ministro de industrias depende ciertos otros tipos de decisiones. Que tambien vienen de mas arriba. Y las tiene que cumplir tambien. Entonces lo entendemos asi. Pero lo que ha estado a su alcance, nos ha escuchado. Las veces que hemos pedido reuniones para expresar nuestras preocupaciones, hemos sido atendidos. Y la mayor parte de nuestras observaciones han sido acogidas. Han demorado, por qué ha sido un especie de consenso al interior del gobierno central tambien. Por qué asumo yo que en esto, industria, tambien tiene que ver con consultar con otras dependencias publicas. Pero la competencia nos hemos dirigido siempre al ministerio de industrias. - Cuando Nathalie Cely lideraba el cambio de matriz productiva, por ejemplo cuando se hizo el Codigo de la Produccion, ve diferencias ? - Yo creo que ahi son las circunstancias que pesaban en esos momentos politicos, que hubieran podido dar mas celeridad, o mas eficacia. O no. Depende de los momentos politicos que cada uno de esos ministros tuvo que afrontar. Entonces es muy dificil especificar la eficacia de cada uno de esos por qué eran diferentes momentos politicos. El Codigo Organico de la Produccion, ahi si es lamentable que no hubo la suficiente acercamiento con el sector privado. Hubo, pero no todo el necesario. Y no todas las recomendaciones... tanto no fueron acogidas, que ahora se apretan a formular reformas por qué ese cuerpo legal no ha tenido la eficacia que el gobierno necesitaba. Y la industria no ha podido acogerse a esos beneficios, por vacios legales, e inequidades existentes en los beneficios del Codigo. 115 - Lo que yo escuche es que a lo contrario, el sector privado habia sido muy asociado a la elaboracion del Copci. - Si, pero no lo suficiente. - Entonces, quizas habla mas de su rama no ? - Yo, en terminos generales. Por ejemplo, en el cambio de la matriz productiva se requiere ... tiende a que existan nuevas inversiones en el pais. Y por ende, mayor produccion, mayores fuentes de empleo, mayor pago de impuestos, y mayores exportaciones. El Copci, por citar un ejemplo, establece beneficios en materia de impuestos a la renta, excepciones para 5 anos para las industrias nuevas. O para las inversiones nuevas. Pero que sucede cuando existe una industria importante en el pais, que sin ser nueva, hace una reinversion, e incorpora nuevas lineas de produccion ? Esta cayendo en el pais, no esta sacando el dinero afuera. Esta invertiendo aqui, pero el Copci no le permite acogerse a los beneficios de exoneracion del impuesta a la renta por 5 anos, por qué es una reinversion, cuando esta pudiera haber sido mas importante que la inversion nueva. Por citar un ejemplo, y eso es importantisimo. - Lo que le planteo, es que yo veo una diferencia muy importante entre Ramiro Gonzalez y Nathalie Cely, es que Gonzalez es alguien de la Sierra, y supuestamente tiene vinculos mas fuertes con el sector industrial de la Sierra, por ejemplo esta haciendo convenios con Adelca, para reciclar material usado como refrigeradoras, esta negociando mucho con industriales de linea blanca, con el sector metalurgico, y en mismo tiempo Cely es de la Costa y quizas este mas atenta a las necesidades de los sectores de la Costa pero que no son los mismos. Piensa usted eso ? - Le repito que hay momentos politicos que juegan en favor o en contra de uno u otro ministro. Nathalie Cely siempre la he considerado una excelente ministra, ella siempre tuvo apertura con el sector privado pero el momento politico, y las circunstancias economicas de aquel entonces con Nathalie Cely son diferentes. Tan diferentes que el deficit de la balanza comercial en estos momentos exige el reducir las importaciones, y uno de los mecanismos, la firma de 400 y pico de convenios. Ese momento no lo vivia Nathalie Cely. Puede ser una fortaleza mas para el ministro actual, cualquiera sea este, que no la tuvo en su momento Nathalie Cely. Los convenios tienen sus pros y sus contras. La mayor parte fueron firmados bajo el paragua de la resolucion 116 del Comex. Aquella que incorpora un requisito de normas para la importacion, y que trabo las importaciones. Y que tenia como finalidad restringir las importaciones. Entonces la mayor parte de esos convenios fueron firmados para establecer cupos de importacion y frenar el deficit comercial. Pero tambien hay otro tipo de convenios. Como el que firmo Indurama, Induglob. Que fue totalmente independiente de esos 400 y picos. Este convenio se firmo en funcion de lo siguiente : yo este momento estoy produciendo cocinas, refrigeradoras, lavadoras, vitrinas, pero quiero comenzar a producir tambien televisores, microondas, lavadoras de ropa, extractores de olores, aire acondicionado ; y para que yo incorpore todo eso en mi linea de produccion, necesito de estas politicas publicas. Con esto yo le voy a generar tanto incremento de produccion nacional, tanto incremento de exportaciones, tanta mano de obra mas ; con el gobierno firmemos un convenio para que la politica publica apoye esta reinversion. Entonces, hay dos formas de haber firmado ese convenio. La de Indurama es totalmente diferente a esos 400 y pico. Este convenio, es mucho mas favorable para el Estado que cualquier de los otros. Sin restarles importancia por supuesto. No se si esta claro, es muy importante lo que te estoy comentando. - Usted esta parte del COMEX ? Participo en las negociaciones del COMEX ? 116 - No. - Por qué he mirado un poco las resoluciones, hay la n°66 que establece cupos de importacion para vehiculos, la 116 que establece normas de calidad para las importaciones. Lo que no entendi es la 110 sobre importacion de coches de lujo, que cambia los cupos de importacion. - Pero todas estas resoluciones se enmarcan en la necesidad de restringir las importaciones, de evitar la salida de divisas. De fortalecer la dolarizacion. Entonces cada sector que se ha visto afctado obviamente ha tenido su propia reaccion. La politica publica en cuanto a todas esas resoluciones, ha tenido una sola directriz : evitar a lo posible la salida masiva de divisas. Y esta resolucion que usted menciona, es una de ellas. Los reglamentos tecnicos, cuando han sigo endurecidos, fortalecidos, han tenido el espiritu de frenar las importaciones. - Por eso, lo pregunto mas, es : segun su analisis, se establecieron cupos para restringir importaciones de coches de marca Mercedes-Benz, y despues hubo otro resolucion que incremento la posibilidad de importacion hasta, algo como 150 coches mas o menos. Pero son coches que no tienen ningun componente ecuatoriano, son 100% importados. - Pero no nos olvidemos – es un criterio muy personal – es que el tema de la sustitucion de importacion, el tema del cambio de la matriz productiva, es un tema que tiene que ir dandose en el tiempo, por qué uno de los sectores que mas mano de obra genera en el pais, es el sector del comercio. Y cuando de manera drastica y abrupta, se establecen cupos que disminuyen sustencialmente las importaciones, eso se ve reflejado en menos fuentes de empleo tambien. Entonces, yo entiendo que lo que tiene que hacer el gobierno, lo que esta haciendo es : readecuando esa politica publica para no causar mas impacto. - Es acompanar el proceso ? - Es acompanar el proceso. Entonces posiblemente hubo una resolucion drastica en los cupos. Entiendo lo que hubo que revisarla, y se incrementan los cupos en coches o lo que fue. Vaya viendo las ultimas resoluciones del COMEX, tienden un poco a eso : flexibilizando el impacto. - Lo que yo estoy tratando de ver, es si se pueden explicar elementos de la politica de cambio de matriz productiva por el tipo de vinculos que pueden tener los diferentes ministerios. Mas o menos. Y lo que le pregunto, para estar mas directo, es si piensa que Ramiro Gonzalez esta mas vinculado con ciertos sectores empresariales especificos que pueden explicar una parte de su actuar politico. Lo que a mi me parece es que esta mas vinculado con empresas de la Sierra, de Cuenca o Quito, de la zona Sierra, que eso explica una parte importante de como maneja el tema. Tiene un analisis sobre eso ? - Yo reitero en que son diferentes momentos politicos. Eso favorece o debilita a quienes, en esos momentos politicos, se encuentre actuando en las diferentes instancias. Yo reitero por qué en esta ocasion me parece que es extremadamente importante. En segundo, es que en esos momentos, con esas politicas publicas de esos momentos, exige mayor acercamiento de determinado ministro hacia el sector productivo. A veces de la Sierra, a veces de la Costa. No le veo yo que exista una mayor fortaleza entre uno y otro, por qué todo esto emana de una politica publica central. Y que esos ministerios tienen que cumplirla. Depiende del momento politico para que haya un mayor acercamiento politico con la Costa o la Sierra. Tercero, no se olvide usted que la industrializacion 117 que ha tenido la Sierra ... - Esta vinculada con la exportacion ? - Es extremadamente importante. Con relacion a la Costa. Creo que eso tambien exigiria un acercamiento. Vea usted la zona ... la provincia de Azuay como se ha industrializado. Vea el sector de calzado en la zona central de Quito. Vea el sector floricultor. Entonces, creo que hay bastante elementos como para que, de manera circunstancial, y dependiendo la epoca, haya maso menos acercamiento. No sé si soy claro en eso. - La quiebra de exportaciones que implica hacer un tipo de acercamiento ? - Usted lo ha dicho. Lo entendio claramente. Por ejemplo, esas ultimas resoluciones. La forma en la que se ha incrementado el deficit de la balanza comercial le obligo al ministro de industrias a actuar de una manera que estuvo totalmente expuesto a la opinion publica. Por qué ? Por qué las circunstancias le exigieron firmar convenios, sustituir y bajar el nivel de importaciones. Por qué peligraba la dolarizacion. Entonces este ministro quien este en la cabeza, le toca actuar, y ser el mas visible. Momentaneamente. Si la politica publica cambia de dia a la manana, yo entiendo que obviamente el Ministerio coordinador de la produccion del senor Espinoza, ayer de Nathalie Cely cumple un proposito fundamental por es el que emite las directrices de estas politicas y que reportan hoy por hoy a la Vicepresidencia de la Republica. Yo le visualizo de esa manera al actual esquema de politica en materia de comercio exterior. 118 Annexe 4 Entretien avec Mauricio Leon - Puede hablar de sus antecedentes profesionales y academicos ? - Yo soy economista, tengo una maestria en economia por la FLASCO de Ecuador. Soy profesor universitario tambien. - Usted trabaja en la vicepresidencia ? - Si. Apoyando la estrategia nacional para el cambio de la matriz productiva. - Esta en contacto con el ministerio de industrias ? - Si con ese y con varios ministerios que estan relacionados con la estrategia. - Cuales fueron las circunstencias que le han llevado a ocupar ese cargo ? - Bueno yo he estado colaborando con el gobierno desde el inicio, en distintos ministerios. Ahora, en los ultimos anos, junto con la ex-ministra Jeannette Sanchez vinimos a hacer parte de ese pequeno equipo de gente que esta apoyando en la estrategia nacional para el cambio de la matriz productiva. - Quien le contacto precisamente ? - Fue a traves de Jeannette Sanchez como vicepresidente y a traves de ??? tambien. - Usted se caracterisaria como militante politico ? - Bueno yo ne estoy afiliado al movimiento pero he estado apoyando al proyecto politico desde el ministerio del gobierno. Yo logicamente estoy afin. - Se siente cerca del gobierno en general o mas precisamente de una organisacion del gobierno, de PAIS, o de Avanza ? - No, del gobierno en general. Yo fui viceministro en tres ministerios. - Ideologicamente como se caracterisaria ? - Yo ? Como alguien de izquierda ! - De izquierda ? Nada mas ? - En terminos de una izquierda nacionalista, una izquierda progresista, una izquierda preocupada de la justicia social, de la redistribucion. En ese sentido. - Con respeto al cambio de matriz productiva, que especificamente se esta llevanda a cabo ahora ? - Bueno ahora, el gobierno... parece un nuevo periodo de gobierno. Pienso... desde el ano 2013 119 hasta el 2017. El gobierno establecio dos prioridades. Una es la estrategia nacional para el cambio de la matriz productiva, y la otra es la estrategia nacional para la eradicacion de la pobreza. Son dos estrategias que el gobierno ha priorizado para el nuevo periodo del gobierno. Entonces, la estrategia nacional para el cambio de la matriz productiva se encargo el liderazgo de eso a la vicepresidencia de la republica. Y la estrategia nacional para la eradicacion de la pobreza se encargo a la Senplades. Entonces, ambas instituciones estan coordinando con los distintos ministerios para la construccion de esa estrategia. Entonces, digamos esto es como un segundo momento del gobierno. Hemos tenido momentos del gobierno donde se dio mucha prioridad a la politica social, a la politica de infraestructuras, por los primeros siete anos. Entonces, se trabajo mucho en infraestructura, en politica social. En esto otro momento, se dio cuenta que era necesario tambien hacer transformaciones para profundizar la transformacion de la estructura productiva. Hay unos antecedentes, en el ano 2010 se aprobo el Codigo de la produccion. Es un nuevo marco legal, que genera una serie de incentivos para la inversion privada. Pero que... se tardo algun tiempo en operacionalizar. Es que esta en unos reglamentos... listos y no ha tenido mucho efecto en realidad hasta ahora en iniciativa e inversion privada. Ahora, ya en eso nuevo periodo de gobierno se ha tenido una serie de acciones para tratar de impulsar esa transformacion. Primero, se han seleccionado varios sectores. Segundo, se han tenido medidas para sustitucion de importaciones. Es la resolucion 116 del consejo de comercio exterior. En realidad son una serie de requisitos de calidad que deben cumplir las importaciones que estan en el pais, entonces, que en la practica lo que estan haciendo es sustituyendo un conjunto de importaciones, con el proposito que los industriales nacionales puedan, digamos, desarrollar en lo que sea posible lo que se pueda producir nacionalmente. Entonces el gobierno tomo la decision tras identificar una serie de problemas operativos en muchas industrias que se han ido discutiendo caso a caso y tomando decisiones para resolver. Y tambien el ministerio de industrias tiene un papel clave porque esta firmando una serie de convenios con cada empresa en los que las empresas se comprometen a producir cierto tipo de producciones con ciertas metas en un lapso de tiempo. - Cuales son los sectores priorizados en esa estrategia ? - Por lo pronto esa estrategia tiene cuatro componentes digamos. Uno, que son politicas horizontales, que van a afectar a cualquier sector privado, a cualquier empresa privada. Entonces ahi tienes politicas como mejora del clima de negocios, algun marco juridico, tienes temas tributarios que son generales. Luego tienes politicas que nosotros llamamos especificas o sectoriales, que tienen que ver con las cadenas; entonces ahi se estan haciendo analisis de cadenas productivas de estas cadenas seleccionadas. En el campo relacionado con agroindustria, esta el tema de cacao, esta el café y maricultura. Se trata de darle enfasis a la agroindustria. Pero haciendo el analisis de cadenas. Entonces, se puede empezar desde apoyar la parte agricola. Pero con la idea de apoyar la transformacion, la generacion de valor agregado, mejorando la productividad. - Cuales son los encadenamientos que se pueden generar con el cacao, con el camaron o el café , con esos tres sectores privilegiados ? - No, el cacao, café, y el otro es maricultura. Es un sector nuevo. Es algo que se tiene que desarrollar, se requiere investigacion... Pero es algo que todavia esta para el futuro. Los camarones estan... se hacen mas el cultivo en los manglares. La maricultura es en el mar. Entonces, y esos dos sectores que todavia hay que disenar mucho y investigar, y decir que tipo tecnica para cultivar en el mar. Estos sectores estan relacionados con temas primarios digamos. Luego en industria tienes metalurgia, tienes farmaceutica y... la refineria. La nueva refineria del 120 Pacifico, ya dentro de eso esta la petroquimica. En servicios, esta turismo, sobre todo turismo ecologico y de aventura; software, y todos los temas que tienen que ver con logistica. Servicios logisticos. Entonces para cada sector de esos, se esta usando una estrategia de cadenas productivas, se analisa toda la cadena y genera algun agenda de politica especifica para cada cadena. Estos son politicas distinctas a las politicas horizontales que afectan a todos. Son especificas para mejorar la cadena productiva. Lluego tienes un tercer componente que son las industrias basicas. Esta petroquimica... Estas son grandes industrias digamos. Tiene petroquimica, esta siderurgia, tienes metalurgia. Y tienes tambien, aunque no es de industria basica sino que se le ha agrupado alli, un tema de astilleros. Entonces, en este caso, salvo la refineria del pacifico, ya que esta un proyecto en marca, todo lo resto se esta haciendo estudios de factibilidad, para ver si esta factible en ecuador, tienes o no tienes materias primas, tienes o no tienes la tecnologia apropriada para un pais como el Ecuador, analisis de demanda en el mercado mundial. Todo estan haciendo estudios. No necesariamente son temas que se van a poder aplicar. Generalmente en un estudio se puede decir “esto no es posible en el Ecuador”. Otra cosa es tener tecnologias bajo ciertas condiciones, entonces se estan desarrollando los estudios. Y un quarto componente de la estrategie son temas que tienen que ver con agendas territoriales y de alianzas publico-privadas. - Entonces para resumir los cuatro componentes de la estrategia son politicas horizontales, politicas sectoriales, industrias basicas y alianzas territoriales ? - Si. - Esta presente en que documentos ? - Todavia no existe un documento publicado. Se esta trabajando en un documento para publicarlo en los proximos meses. Eso es la logica de la estructura de la estrategia. - Si entiendo bien, hay una transferencia de ese tema de cambio de la matriz productiva, que antes giraba mas alrededor del Senplades, no ? - No. Giraba mas alrededor del ministerio coordinador de la produccion. Ahi especialmente, cuando estuvo bajo el liderazgo de la ex-ministra Nathalie Cely, que ahora es embajadora del Ecuador en Estados-Unidos. Entonces se impulso una primera agenda de transformacion productiva y eso documentos si los puedes encontrar. Y tambien unas agendas territoriales, y se impulso a ese fin al Codigo de la produccion. - Realmente el primer paso es el Codigo de la produccion ? - El Codigo de la produccion y una agenda de transformacion productiva que hizo el ministerio coordinador de la produccion. Eso es la primera etapa. En ese momento es una segunda etapa que esta en proceso de construccion e implementacion. Toda la responsabilidad paso a la Vicepresidencia de la republica. Ya no es el Ministerio coordinador que lo lidera sino la Vicepresidencia. Es un cambio de liderazgo digamos. Todo eso en la optica del presidente de darle mas fuerza. Mas fuerza a la transformacion de la matriz productiva bajo el liderzago del vicepresidente. 121 - Eso viene del hecho de que al inicio no era realmente la prioridad ? En el PNBV se dice que la transformacion de la matriz productiva se hara por etapas, y ahora usted piensa que se esta entrando en el momento en que adquiere mas fuerza ese proyecto ? - Si, como te dije en el nuevo periodo del gobierno se ha priorizado las dos estrategias : el cambio de la matriz productiva y la eradicacion de la pobreza. Obviamente eso implica darle mas fuerza politica a la transformacion productiva, confiandole el liderazgo al Vicepresidente. - Nathalie Cely, ella se encargaba al inicio de ese tema de la transformacion de la matriz productiva. Porque se fue, tenia discrepencias con el proyecto ? - Simplemente por temas personales. Ahora es embajadora en Estados-Unidos. Entonces sigue colaborando con el gobierno, pero por razones personales dejo el ministerio y ahora esta en otras funciones. - Politicamente, el grupo de Nathalie Cely, como esta ? Se compone de gente de Alianza PAIS ? - Si, digamos lo que se dio al interior del gobierno fue una pugna entre dos grupos. Uno era, en ese momento, el grupo de Nathalie Cely y el grupo liderado mas por René Ramirez y gente que era alrededor de el. Ahi habia una disputa de vision sobre la transformacion de la matriz productiva. - Une disputa entre los que eran a favor de una “alternativa al desarrollo” y... ? - No, sobre como llevar a cabo la transformacion de la matriz productiva. Por ejemplo, en el grupo de René Ramirez que tiene que responder politica de ciencia y tecnologia, ahi el enfasis era mas hacia girar las politicas hacia la inovacion. Y de tal manera que priorize esas acciones y reafirmes recursos hacia alla. En el otro, habia una vision un poco mas de partir de la estructura productiva que tienes ahora, y a partir de esa estructura producir, ir haciendo transformaciones. Entonces, son como dos visiones distintas. - Nathalie Cely queria partir de las structuras ya existentes. - De las estructuras ya existentes y de ellas generar transformacion. Entonces son dos visiones, un poco distintas porque implica disputar recursos. Los recursos del Estado, incentivos... - Esa diferencia de visiones, es politica, es ideologica; pero tambien implica sostener sectores economicos distintos. - Si. - Y piensa que hay un vinculo entre los rasgos sociologicos o economicos de las personas que estan alrededor de Cely y los de Ramirez ? Hay una diferencia sociologica ? No sé, por ejemplo se puede imaginar que alrededor de Ramirez son mas tecnocratas o funcionarios, que trabajan por el Estado; y alrededor de Cely que tienen vinculos organicos con los sectores empresariales ? - Si, si. Si hay eso. - Entonces, el grupo de Cely, a que sectores esta mas vinculado ? 122 - No sé si a algun sector privado en particular. Pero ella si tenia muchos... digamos mecanismos de dialogo con varios actores del sector privado. De Quito, de Guayaquil y otros. Ella tenia mecanismo de dialogo permanente. No puedo identificar a sectores concretos. No los conozco yo. Pero lo que sé es que si tenia relaciones, incluso por ejemplo para toda la discusion del Codigo de la produccion. Ella tuvo reuniones permanentes con varios actores del sector privado. Entonces, si tu consultas a mucha gente al sector privado, ello defienden el Codigo de la produccion, se sienten identificados con el Codigo de la produccion. Porque fueron parte del proceso de discusion del codigo. Entonces ella si tiene un vinculo muy cercano con el sector privado. Y es verdad que el sector de René Ramirez es un sector un poco mas tecnocrata e ideologico. Ellos han sido muy influyentes en el contenido de la Constitucion de la Republica, en la vision del Buen Vivir, René ha escrito mucho sobre el biosocialismo del siglo XXI, entonces son mas pensadores, ideologos. Y con menos relacion con el sector privado. Entonces, si, hay esa diferencia. - De lo que veo, de la politica que se esta implementando ahora, la vision de Cely es dominante ahora. - Yo diria que hay como un punto medio. - Se ha dado a Yachay como un juguete a Ramirez pero a parte de eso, todo lo que quieren favorecer me parece basado en la estructura productiva ya existente, no ? - No. No por que, entonces, por ejemplo en todos los temas de las politicas horizontales, esta toda la parte que tiene que ver con talento humano y ciencia y tecnologia, con sistemas de inovacion. Entonces es un tema muy fuerte de las politicas horizontales, que tiene que ver con el area de René Ramirez. Y todo el tema de la industria basica, son industrias que no tenemos. Que hay que cumplir con nuevas. Todo el tema de software, que ya tenemos desarrollado una... unas iniciativas alrededor del software, son temas de futuro que hay que potenciar. Maricultura no tenemos. Son temas de futuro con una combinacion de sectores existentes y sectores nuevos que se quieren crear. Se ha llegado a un punto medio entre todas esas visiones. Eso no quiere decir que no existan... que no existan todavia tensiones. Siempre van a haber tensiones, aun no estan resueltos. Siempre van a haber tensiones entre esas dos visiones. - Entre Cely y Ramiro Gonzalez, hay una continuidad de vision con respecto al cambio de matriz productiva ? - No sé si continuidad de vision, pero Ramiro Gonzalez es otro actor politico que puede establecer vinculo con el sector privado muy facilmente. En ese sentido va a ser muy parecido a Nathalie Cely. Aunque talvez las visiones, o su comprension de la politica de transformacion de la matriz productiva sea un poco distinta. Pero, Ramiro Gonzalez puede establecer relaciones con el sector privado, facilmente. El mismo es un empresario. - En que ? - Creo que tiene empresas de flores. Entonces el mismo... ella tiene posibilidad para establecer vinculos. - Cely no era empresaria ? - Cely tenia una consultora. Generalmente ha trabajado como... Tiene su propia consultora, y ha 123 hecho consultorias para el sector privado, para el sector publico. Cely si tiene vinculo con el sector privado, de haber trabajado en ese tema de consultoria. No conozco que ella tenga una empresa propiamente, mas alla de la consultora. A cambio Gonzalez si. Y Gonzalez, si tu ves el origen politico de Ramiro Gonzalez el viene de la Izquierda Democratica, que era un partido socialdemocrata del Ecuador. Y el nuevo partido Avanza que el plantea.. que un partido social-democrata, en ese sentido tiene mas... en el viejo sentido de la social-democracia, lo que buscas es un capitalismo social. Donde hay acuerdos entre el capital y el trabajo. Entre el sector privado y el sector de los trabajadores. Entonces yo creo que.. eso es lo que le importa ideologicamente, tratara de buscar vinculos con el sector privado pero tambien defendiendo los derechos de los trabajadores. Es un acuerdo social, un pacto social. Supongo. Hay que ver en la practica que hace. Es el discurso por lo menos. - Entonces, hay relaciones construidas entre esos ministros, Cely y Ramirez, y el sector privado. Se puede hablar de un tipo de vinculo organico entre el sector empresarial y Ramiro Gonzalez ? Si es empresario... - No sé. Sobre eso habria que investigar un poco mas pero... yo creo que si el puede entablar relaciones y vinculos facilmente con ese sector. Pero tambien encuentro una diferencia importante en terminos institucionales. Pues ramiro Gonzalez es ministro de industrias. El Ministerio de industrias es parte del Consejo de coordinacion de la produccion. Nathalie Cely era ministra coordinadora de la produccion. Estaba arriba del ministerio de industrias. Institucionalmente estan en puntos distintos. Actualmente, el succesor de... el que hace las funciones que tenia Nathalie Cely es Richard Espinoza. El es el ministro coordinador que es equivalente a lo que era Nathalie Cely en su momento. Y Ramiro Gonzalez esta aca en uno de los ministerios que estan coordinados por ese ministerio coordinador. Entonces tienen roles institucionales distintos. Eso hay que entenderlo bien en la institucionalidad del Ecuador. Y el ministerio de industrias es un ministerio todavia debil institucionalmente que no ha logrado tener una capacidad de convocar realmente politicas industriales. Entonces es todavia un desafio de ese ministerio en ese nuevo contexto, de crear capacidades y proponer politicas industriales, para la transformacion productiva. - Entonces, casi todo lo que hacen ellos, es aplicar directivas de Jorge Glas ? De la vicepresidencia ? - No solo de Jorge Glas, sino del proprio presidente Rafael Correa. Por decirte, se tomo la decision de estas medidas regulatorias que... de calidad para los productos importables. En la practica, le toco al ministerio de industrias abordar la problematica con los industriales. Pero, tomo la decision el propio presidente. Entonces, tomaron las soluciones y ahora Ramiro Gonzalez esta tratando de implementar y resolver los problemas pragmaticos de los industriales. Y de establecer convenios con ellos, y apoyar a esa transformacion productiva. Sobre la marcha digamos. Le ha tocado reaccionar, sobre la marcha. - Esta medida de normas de calidad, dice que se pueden importar productos con un cierto... - Que deben cumplir ciertos estandares de calidad. Son como barreras arancelarias, en la practica. - Hay discrepencias sobre el tema de cambio de matriz productiva entre vicepresidencia y ministerio de industrias ? - No se ha tenido mucha... Muchas diferencias. Mas viendo que nosotros nos hemos fracasado en lo 124 que ha tenido mucha debilidad del ministerio y del equipo del ministerio para poder plantear realmente una politica industrial. Eso... nosotros como trabajamos con distintos ministerios vemos esa debilidad. Obviamente es una debilidad que... se tiene que estar resolviendo con el tema, creando una tecnoburocracia capaz de construir, monitorear restringimiento a la politica industrial, poder movilizar apoyos... internacionales de expertos en politica industrial. Esto es un proceso que tiene que construir... Capacitacion, presupuesto... Y un monton de cosas. Entonces, eso es una debilidad institucional, que la observamos nosotros. - Sobre los sectores empresariales particulares que tienen peso en la formulacion de las politicas, de la politica de cambio de matriz productiva, no hay sectores particulares ? - No conozco muy bien, pero lo que te puedo comentar es que el ministerio coordinador de la produccion esta restableciendo el consejo productivo, con el sector privado. Esto es algo que Nathalie Cely lo hizo en el pasado y ahora el nuevo ministro coordinador esta restableciendo ese mecanismo. Que es un mecanismo institucional previsto en la ley, pero que opero en un momento y luego se lo... no se le opero. Entonces se lo esta restableciendo. Eso es de consulta nadas mas, no es de mandatorio. Ahi van una serie de representantes del sector privado, y donde se discuten tema de la politica productiva. Y es a manera de consulta. Te pones, y escuchas, y ves lo que piensa el sector privado. - Solo con el sector empresarial o con los sindicatos tambien ? - Es solo el sector empresarial. Ese consejo productivo. Ahi entonces puedes conversar con alguien del ministerio coordinador de la produccion, para que te cuenten cuales son los mecanismos que tienen ellos de relacion con el sector privado. Con el sector empresarial, particularmente. Ahi puedes entrevistar David Molina, que es el secretario tecnico del ministerio coordinador de la produccion. Y el fue colaborador tambien de Nathalie Cely. Te puede contar la historia de antes y de ahora. Desde adentro del ministerio. Debe tener mucha informacion que yo no conozco. O tengo su contacto. - Entonces, hay una debilidad del ministerio de industrias y que esta adquiriendo mas peso el ministerio coordinador, restableciendo el consejo productivo. De hecho, puede concurrenciar al ministerio de industrias ahora en lo que el hace ? En las relaciones que tejen con el sector privado ? Si no pueden elaborar sus propias politicas y que tienen esta concurrencia del ministerio coordinador... - No. No. Eso va a depender del peso politico que Ramiro Gonzalez puede tener, y que pueda disputar recursos, en recetas presupuestarias... Eso va a depender mucho. Pero una cosa mas importante que conozcas es el Codigo de la produccion, le da apuesta institucional a lo que conoces como Consejo sectorial de la produccion. Esta liderado por el ministerio coordinador de la produccion, pero forman parte todos los ministerios como el ministerio de industrias, de agricultura, y mas ministerios relacionados con la produccion. El ministerio de comercio exterior. Todos ellos forman parte del consejo sectorial de la produccion. El codigo de la produccion le da a ese consejo muchas atribuciones. Por ejemplo, el Codigo de la produccion establece la posibilidad, como instrumento los contratos de inversion. Los contratos de inversion son contratos que a los empresarios privados les dan estabilidad juridica durante un periodo de tiempo. Entonces, ese consejo aprueba a los contratos de inversiones. Entonces, es un cuerpo colegiado donde participa Ramiro Gonzalez, participa Espinoza, participa el ministro del comercio exterior... Entonces ellos aprueban esos contratos de inversion. En ese consejo se va aprobando mucho de la politica 125 productiva. Hay que entender bien el funcionamiento de esa institucionalidad. - El ministerio de industrias no tiene tanto peso ? - Yo le veo como que no mucho todavia. Tiene poco peso institucional, tampoco tiene un presupuesto importante... No recuerdo cual es pero le he oido a Ramiro Gonzalez quejarse de que no le aprueban una serie de proyectos que el ha presentado y que no le asignan recursos. Entonces, es debil en terminos de capacidad, es debil en terminos presupuestarios todavia. Ya ademas tienes otra institucionalidad que es colegial, un cuerpo colegiado donde estan tomando muchas decisiones de politica. Entonces... Eso tambien le resta posibilidad al ministerio obviamente. - Entonces si se estan buscando los centros de impulso a las politicas productivas, seria mas la Vicepresidencia y ese Consejo de la produccion ? - Y ahora, tenien unos cuerpos colegiados... regulador. Por ejemplo, todas estas resoluciones siempre es INEN, que es la que pone esos requisitos de calidad, y el otro cuerpo colegiado que es el Consejo de comercio exterior. Que es otro cuerpo colegiado. Entonces en ese mapa institucional tienes que conseguir. Y dentro de eso es ubicado el rol del ministerio de industrias. - Como son elegidos los empresarios que van a ir en el consejo de la produccion ? - No lo sé. Eso debes preguntar a David Molina. - Se estan buscando encadenamientos dentro de los diferentes sectores, para la transformacion de la matriz productiva. Pero que tipo de encadenamiento puede generar por ejemplo la exportacion de cacao, la maricultura ? Creo que son productos que estan destinados a la exportacion, son productos basicos. - Con el cacao, nosotros producimos el cacao fino de aroma, que es muy demandado en la industria del chocolate a nivel mundial, y producimos muy poco chocolate. Entonces, y otros productos derivados del cacao como el licor de cacao, incluso el cacao se puede utilizar para la industria cosmetica. Entonces, en todos esos temas hay un analisis que se esta haciendo de la cadena del cacao, en ese caso hay que analisar el encadenamiento hacia adelante. Que posibilidad tiene Ecuador de impulsar la industrializacion del cacao, como te digo licor de cacao, cosmeticos, incluso chocolate. Ya hay iniciativas muy sutil. No se si escuchaste de la empresa francesa, que esta poniendo su planta cerca de aqui. No me acuerdo bien el nombre. Es una de las principales empresas de chocolate en el mundo. Entonces, es justamente eso : saber que proceder, tienes que industrializar el cacao, en este caso, y asi con la cadena de generar inovacion, generar nuevos productos, nuevos procesos. - Entonces, es mas que una simple seleccion selectiva de importaciones ? - Si, si. - Eso se decia mas, parece tambien que hay un proyecto de industrialisacion con industrias industrializantes ? - Si. Esa es la industria basica. A esas las llamamos industrias industrializantes, porque te generan todo un tejido productivo adicional. En ese caso, te va generando mas valor agregado, y sustituir 126 importaciones es posible en la cadena pero tambien ganar competitividad para entrar en el mercado internacional. - Se hablaba de negociar un tratado de libre cambio con la UE. Que piensa de eso ? - Bueno estaba... Digamos el presidente fijo unas lineas rojas. Que no... digamos que esta el Ecuador tratando de defender en la negociacion con la UE. Por ejemplo, una de esas tiene que ver con las compras publicas. Las compras publicas son un instrumento importante para el desarrollo industrial y para el desarrollo de las pequenas empresas. Entonces, ahi el Ecuador ha puesto una linea roja de que las compras publicas bajo cierto monto, el Ecuador puede utilizar para empulsar su industria nacional. Con privilegios. Y sobre cierto monto se da igual trato con las empresas de la UE. - Los contratos con mucho dinero se compite con las empresas... - Igual condiciones para las nacionales y las extranjeras. Se da privilegio a la pequena industria y la pequena empresa ecuatoriana. Eso es uno de los puntos que se esta negociando con la UE. Otros puntos tienen que ver con derechos de propiedad. Entonces, en la UE para ciertas industrias pide empliar los casos de proteccion a los derechos de propiedad. El Ecuador esta pidiendo que se restrinja. En EEUU piden algunos gastos hasta 50 anos. Esto son las cosas que se estan negociadando. Creo que se va a firmar el tratado por qué es una decision politica del presidente de hacerlo y hay que resolver esos temas. - Y no piensa que eso es un peligro para el proyecto de transformacion de la matriz productiva ? Hay estudios de impacto sobre ese tratado que dice que va a beneficiar principalmente a los exportadores de banano y va a afectar la produccion de alimentos para el mercado nacional, y que esto va a resultar en un incremento de precios de la canasta basica y un incremento de la precariedad en el campo. Entonces que piensa sobre ese tema y esas medidas ? - Yo creo que todo va a resultar de como se negocian estas lineas rojas, en buena parte. Tenemos tambien una parte de exportacion a la Union Europea de productos agroindustriales. No solo banano, el banano es muy importante pero tambien de otros productos agroindustriales. Entonces ellos van a ser los ganadores de este proceso. Ellos son los que defienden la firma del tratado. Pero hay otros sectores que... por ejemplo la industria maderera y lactica, ellos no, ellos estan en contra. [- Esos grupos "presionadores" se acercan mas a cual de esos grupos ? O talvez fueron ambos ? 1) agroexportadores tradicionales, por ejemplo del banano (como Noboa) que exportan casi toda su producción agricola no transformada hacia países centrales (Europa, América del Norte ...) 2) grupos agroindustriales "de punta" regionalizados (La Fabril, Nirsa, Bakker/Pronaca, Wright/supermaxi etc) que pueden ver en la UE un nuevo mercado o un mercado que tiene mucho potencial para una expansión comercial ? - Ambos grupos. Exportamos banano a Europa y tenía un castigo de precio. Pero también Europa es el principal destino de productos no tradicionales. Esto lo puedes ver en la estadísticas de comercio exterior.]135 - Es normal porque estan en competencia contra una agricultura subvencionada... 135La partie entre crochets ne figure pas dans l'entretien original et est tirée d'une correspondance électronique avec l'intéressé. 127 - Exacto. Entonces ellos no estan de acuerdo. Y hay sectores industriales que tampoco... no estan muy deacuerdos porque podrian perder de ese proceso. Yo creo que es dificil... bueno los estudios de impacto ya te muestran que pueden haber efectos... con varios exportadores que ganan, pero en el mismo nosotros tengamos mas problema de balanza comercial. Vamos a terminar importando mas que lo que vamos a ganar con la exportacion. - Entonces eso puede revelar una presencia una presencia mas fuerte de ciertos grupos economicos no ? Alrededor de esas politicas. - Puede ser si. Puede ser. - Correa no es bruto, el entiende el sentido de las politicas que esta llevando a cabo. - Si claro, claro. - Entonces quizas refleja una situacion de fuerza politica que favorece mas a ciertos sectores economicos agroindustriales. - Podria ser... algunos de esos y el banano por eso no ? Pero tambien hay que entender que el sector bananero tiene toda... a diferencia de otros paises digamos, en el mercado ecuatoriano, los productores de banano son productores pequenos y medianos, una red muy grande de pequenos y ... y a diferencia de algunos paises centroamericanos donde esta muy concentrada la produccion bananera. Entonces afectar la posibilidad de entrada del banano ecuatoriano a la UE, esto va a afectar a un monton de pequenos y medianos productores en el Ecuador. Esto son 2000 millones de dolares. Entonces el Ecuador siendo un pais dolarizado necesita tambien divisas. Entonces puede reflejar una correlacion de fuerzas, pero puede tambien reflejar necesidades pragmaticas. Desde la politica publica. Entonces, hay que ver cual de las dos cosas se esta armando. - Pero esos productores lo hacen mediante la agricultura por contrato no ? - Eso es un problema. Que digamos esos productores no exportan directamente, pero a traves de grandes exportadores. Ahi por ejemplo estaba el famoso Noboa, el hombre mas rico del Ecuador. Entonces si ha habido un conflicto entre los productores, y los que se encargaban de la exportacion. Lo que ha hecho el Ecuador es basicamente crear una empresa publica de exportacion de bananos. Para poder romper esta apuesta que tienen los exportadores. Pero hay esa realidad. Tienes una red inmensa de productores pequenos y medianos de banano. - Entonces hay una empresa publica de intermediacion con los mercados internacionales. - Todavia pequena, pero ya se esta desarrollando. - Esta compitiendo contra las privadas. Con precios mas bajos ? - No, ellos respetan el precio oficial, porque hay un precio oficial que deben a los productores de banano. Lo que generalmente ha procedido es que estos exportadores privados no les pagan el precio oficial, regular. Les pagan menos. - Entonces, para resumir un poco lo que ha dicho sobre el cambio de matriz productiva, la razon por 128 la que no se observa por el momento un real cambio es que no fue la prioridad hasta 2012 mas o menos, y ahora se esta dando mas fuerza al proyecto ? - Ahora es prioridad uno. Eso y la erradicacion de la pobreza. Antes estaba en la agenda, por eso se hizo el Codigo de la produccion, hubo una agenda de transformacion, pero estaba a igual nivel que el resto de las politicas. Incluso menos porque el gobierno se enfatizo mas en el tema social y de infraestructuras. Y por eso tambien se elevo el nivel de decision al vicepresidente. Tambien en cierta medida para tratar de resolver las disputas entre los dos grupos. Entre el grupo de Nathalie Cely y el grupo de René Ramirez. Entonces el vicepresidente esta arriba. Tiene que limar estas confrontaciones. - Se dice que Ramiro Gonzalez esta capitalizando sobre su gestion para salir fortalecido y muchos en PAIS lo ven como el proximo succesor a Correa ? - Puede ser uno. Y seguramente tiene ese objetivo personal. Todo politico quiere ser presidente no ? El es un politico importante, es un politico que en las ultimas elecciones ha ganado mucho impacto politico. Seguramente el se ve como un posible candidato. Si, puede ser. Sobre los grupos economicos puedes investigar sobre cuales son los que tienen participacion en el consejo productivo, cuales fueron los sectores que participaron el el codigo de la produccion. Puedo hablar con David Molina, con el empresario Pablo Davila de la federacion de camaras empresariales. 129 Annexe 5 Entretien avec Fabian Espinoza Luna - Mi nombre es Fabian Espinoza Luna, soy coordinador de la transformacion productiva territorial del ministerio coordinador de la produccion, empleo y competitividad. Soy engeniero mecanico y he sido desde el ano 2008 asesor del ministro de industrias Xavier Abad, de la ministra de industrias Verónica Sion, luego fui asesor de la ministra de ambiente Marcela Aguiñaga, de la ministra del ambiente Lorena Tapia, y asesor del ministro de electricidad y energias renovables Esteban Albornoz. Estuve en responsabilidad en algunos proyectos que ya estan funcionando, Renault Automotriz, impuestos verdes, desechos solidos, el programa de cocinas de induccion lo desarrollamos mientras yo estaba en estas instituciones y ya estan funcionando. El ano anterior, vine a colaborar como coordinador a la transformacion productiva. Aqui coordinamos el ministerio de transporte, de industrias, de relaciones laborales, de cultura, de comercio exterior y de turismo ; y la gente que este ligada a ellos. Nuestro trabajo principal aqui es la transformacion productiva y lograr que se cumplan los objetivos. Estos estan enmarcados ya en el PNBV. Y a estos son los objetivos a los que tienen que estar alineados todos los proyectos de los diferentes ministerios. Esto es la razon por la que nosotros trabajamos aqui. La coordinacion tiene que buscar que todos esten alineados. Hay unas intervenciones transversales que cruzan los ministerios y que cruzan los objetivos. Por ejemplo, clima de negocios, medidas arancelarias [tout est dans le doc filé] Ya cuando vas centrando eso en el tema industrial, como hacemos las coordinaciones con los industriales para que suceda lo que estamos haciendo, tienes tambien que conocer que nosotros manejamos el consejo de la produccion y el consejo de la produccion dicta ya las politicas intersectoriales en lo referente a cada uno de los ejes de intervencion. Por ejemplo, cuando se habla de industrializar al pais, significa tambien que nosotros tenemos que incentivar el cambio de patrones de consumo. Por ejemplo con productos ecuatorianos con alto componente de produccion nacional que contribuya a la sustitucion de importaciones. Por ejemplo, valvulas para GLP, para petroleo, para agua... Cada una de esas valvulas tienen unas ciertas especialidades, por ejemplo son de fundicion, tiene unos empaques, unos sellos que son parte de otra industria no metalmecanica, no de la fundicion sino de refinacion de petroleo, de plasticos que no se corrodan... Valvulas para agua puede hacer todo el mundo pero como nosotros eramos buena gente, tu tenias industriales que iban cerrando las empresas porque preferiamos importar la valvulas. Te doy otro ejemplo que es, pero, espectacular. Nosotros como Estado aqui haciamos construcciones escolar, tu has escuchado de la “escuelas del milenio”. Las haciamos con ceramica importada. Entonces, tu tienes que dar ejemplo como Estado. El Estado debe estar comprando alrededor de unos 10 000, 11 000 millones de dolares para la obra publica. Y de esos entre 3 y 4 000 millones de dolares son nacionales, y el resto es importado. Las compras publicas aqui en este pais estan desarrolladas y esto es parte del ? con los industriales, de que el dinero publico no es para comprar lo que hay, sino para desarrollar aquello que el Estado necesite. Nosotros hemos desarrollado un sistema para que la compra sea plurianual. - Asi los industriales tienen un mercado captivo y pueden invertir ? - Es mas, esta inversion, a traves del financiamiento, la esta generando el mismo Estado. Por qué, ahora, tu has visto que se cambio la ley de valores, en la que ya se incorpora que una factura comercial, una factura... puede ser negociada en la bolsa de valores para tu generar capital, es decir “a ese senor le voy a cobrar durante tanto tiempo que esta en la factura, yo necesito esa plata antes”. Cuando el provedor, quien te aseguro que te va a pagar es el Estado ecuatoriano. Nosotros hacemos 130 eso para dar el capital de trabajo a las industrias cuando entran en proyectos de inversion de los que va a necesitar flujos de dinero en ese momento para generar encadenamientos productivos que te generen utilidad al fin del periodo del contrato. Es parte de ese desarrollo. Hace un momento te comentaba de un problema que nosotros tenemos con industriales. Estamos ahi en la mesa, y algunos ministerios, y le decimos asi : “a ver cuales son los problemas que tiene usted, senor industrial ?”. El industrial decia “Mire, el problemo que tengo es que mi licencia ambiental en la planta que esta ubicada en tal parte va 5 meses atrasada”. Esta aqui la ministra de ambiente : “Lorena, que paso ?”. Ella cogia y llamaba al subsecretario de calidad ambiental, el subsecretario le llamaba al director, el director le llamaba al tecnico de la provincia y decia “Que paso con esa licencia ambiental ?”. Y la licencia ambiental, estaba aqui abajo de otros papeles, y el director cogia el papel del senor que vino a quejarse aca y le ponia primero. Si todos los demas, al fondo cierto ? Entonces el director le volvia a llamar al tecnico, el tecnico al subsecretario, el subsecretario a la ministra y la ministra decia : “Ya, en 15 dias le soluciono su problema”. Pero por qué yo, como industrial tuve acceso a eso, por lo que mi tramite logré adelantarle. No esta bien, eso no deberia suceder de que solo el que tiene acceso al ministro... Debe estar institucionalizado que deben cumplir ciertos tiempos los procesos para dar respuesta. - Y hay sectores en particular que tienen mas acceso que otros ? - Yo creo que si. Pero justamente nosotros, con esta constitucion, y esta revolucion lo que busque es que... tu debes dar el mismo trato a todas las personas. Por eso generamos un programa que llamamos “dialogo productivo”, en el que estamos combinando conocer todos los tramites de todas las instituciones que te permiten asi dar... que piensa funcionar. Que muchos de esos tramites estaban tan engorrosos que por ejemplo, para darte un permiso de operacion, tenias que tener una licencia ambiental. Y para darte la licencia ambiental, te pedian el permiso de operacion. Y no se utilizaba la revision ex-post, las revisiones luego de estar en funcionamiento : “Yo te aseguro que voy a poner todo esto y si no lo he puesto, me cierran la planta”. Entonces eso te da facilidad para que empiezas a producir porque tu necesitas ingresos, y mientras lo haces vas desarrollando todo lo que te piden. Como te decia con esa cuestion del ambiente. Nosotros no podemos poner barreras de entrada. Nosotros debemos permitir que entre la inversion y una vez que esta aqui, empiezar a controlar si la inversion cumple todos los parametros. No hacen que hacer los tramites engorrosos. O sea, que sean trabados, que sean dificiles de cumplir. Nosotros debemos permitir que las empresas lleguen, se asienten y empezar a hacer los controles de que cumplan todos los procedimientos. Eso es parte del clima de negocios. Un buen clima de negocios es de ser atractivo para inversiones. Cuando tu ya tienes un buen clima de negocios, si ya los inversionistas lleguan, si estan aqui, tu empiezas con el tema de barreras arancelarias y para-arancelarias : barreras no de proteccion, de fomento. Para que el industrial desarrolle el producto, tu tienes un material que le sustituye pero que... le vamos cambiando el arancel del producto importado, por qué no desabastecemos al que necesite ese producto. Es nuestra forma de trabajar, que es totalmente legal. Luego tienes un tema de requisitos de calidad. Una economia que es dolarizada es una economia que no consume por el precio los productos. Consume por las facilidades de pago que le dan. A tener facilidad de pago, tu puedes poner cualquier calidad de producto, la gente no se pregunta que calidad tiene el producto. Lo que busca es que pueda pagarlo mensualmente. Y eso hace que nuestro pais importa una serie de productos que no cumplen una serie de requisitos de calidad, que a nuestros propios productos les exigen en el exterior. Entonces empezamos a exigir nosotros productos de calidad, hace una serie de restricciones que va a permitir a nuestras empresas sustituir importaciones por alrededor de 400 millones de dolares en el momento. 131 - Yo me estoy enfocando mas sobre el ministerio de industrias y su vision del proyecto, de los vinculos que va a tejer con industriales, con empresarios. Tiene informacion sobre ese tema ? - Claro. - Por ejemplo, le pregunté si habian grupos que tenian mas presencia, me dice que si pero que hay que corregirlo, mas o menos, pero hubo por ejemplo la elaboracion del Codigo de la Produccion en 2010, entonces, es obvio que los empresarios pueden tener entre ellos mismos intereses en comun hasta un cierto nivel, pero que hay tipos de incentivos que van a favorecer mas a ciertos sectores. Por ejemplo con el tratado de libre cambio con la UE, hay ciertos sectores que son favorables, como por ejemplo el sector del banano, y otros como el sector maderero o lechero que no quieren ese tipo de acuerdo comercial. - Mas bien, me parece que es al reves, los bananeros tienen mucha preocupacion con las medidas arancelarias, y entraria en competencia el sector de banano que tiene preferencia de Europa, de esas mismas ex-colonias que tenian ellos. - Si pero por el momento lo que pasa es que Ecuador tenian un tratado que tenian que reproducir, y ahora quasi no hay barreras arancelarias. Los que pasa es que por ejemplo si se firma un tratado de libre comercio, hay ciertos sectores que van a competir con una agricultura subsidiada, mientras el sector bananero quiere esas medidas. Entonces, a nivel de elaboracion del proyecto de cambio de matriz productiva, como se va a hacer un arbitraje entre esos distintos intereses ? Por ejemplo, que es el papel del ministerio de industrias durante la elaboracion del codigo de la produccion, si unos ministerios van a acercarse mas con unos sectores en particular ? - Eso es una coordinacion del ministerio de comercio exterior. Antes teniamos unidos el ministerio de comercio exterior y la cancilleria, se separo, se le dio vida propia al ministerio de comercio exterior, y el ministerio de comercio exterior esta bajo este ministerio coordinador. Justamente para empatar las medidas de los industriales y las agricolas, para que sea al exterior de esos dos ministerios. Ya con respecto al tema de discusiones [del tratado de libre comercio con la UE] creo que vamos a terminar la tercera ronda o cuarta ronda y el viceministro Eduardo Baldeón es uno de los que esta empoderado de este tema. Entonces podria darte mas informacion. Es el jefe negociador del comercio exterior ante la Union Europea. - Es un tema muy importante no para el cambio de la matriz productiva. - Yo creo que el tema mas importante no el cambio de la matriz productiva esta enfocado en, primero el desarrollo de la industria. Y el desarrollo de la industria se da solamente cuando tu puedes sustituir importaciones. Estando nosotros dollarizados, la unica forma que tenemos para generar mas dolares son : o gastando menos, o gastando menos. Por qué tu dejas de importar, y por qué exportas mas. Nosotros no podemos esperar a que los industriales digan lo que pueden sustituir. Nosotros tenemos que obligarles a sustituir, por qué tenemos muchas empresas que pueden entrar en el juego. Por ejemplo : las empresas de plasticos, generadoras de envases. Ellos son unos de los mas favorecidos. La industria metalmecanica, es una de las mas favorecidas por sustitucion de importaciones. Y hay el caso de las exportaciones, el crédito que esta dando la corporacion financiera, esta mas enfocado a que las empresas que ya tienen presencia en el exterior, sino que la idea es incrementar su abanico de posibilidades en el exterior, por qué son las empresas que estan mas cecanas a vender mas, y vender mas es recuperar mas rapido dolares para la economia. Las mismas empresas que estan queriendo empezar a exportar, posiblemente se van a demorar dos, tres, 132 cuatro, cinco anos hasta ya tener una presencia medio consistente en el mercado internacional. Entonces estamos enfocados sobre las empresas que ya esten en el exterior. No sé si te das cuenta cual es la logica. Asi optendremos dolar mas rapido. - Entonces el ministerio de industrias, Ramiro Gonzalez tiene vinculos mas especificos con esas actividades emergentes ? - Si, ellos tienen toda una serie de subsecretaria que llega hasta las medianas y pequenas empresas. - Pero, realmente, teje vinculos mas fuertes con esos sectores ? - Si claro, son partes de los sectores estrategicos. - Pero eso genera discrepancias con otros sectores ? - No por qué el gobierno no ha dicho “solo hablo con ustedes”. Hay para todos. Pero lo hay que hacer es fomentar la llegada de mayor cantidad de dolares. Unir la dependencia de los dolares para la produccion, y tener mas dolares en los productos que se exportan. Hay que ser muy equilibrado en ese aspecto, y no deja a nadie : recuerda que gran parte de la economia social y solidaria hacen aquellos productos que van a Europa. Los productos que son no tradicionales son a partir de la economia social y solidaria. De hacer... de cooperativismo etc etc. Por ejemplo tiene 200 productores de un fruto medio exotico, que se llama uvilla, resulta que 30% de la produccion de esa empresa va a Europa. Pero justamente por qué es parte del comercio justo, y esta fuera del ambito de industrializacion a gran escala sino es de economia social y solidaria. No se lo deja de lado. Es mas, se lo fomenta. Pero la grand industria es a la que se apoya para que exporte mas : banano e industrializarle, palma para que exporte mas y mejor, brocoli que exporte mas y mejor, flores que exporte mas y mejor. Y despues tenemos que fomentar industria con mas valor agregado como la industria metamecanica, la industria de servicios. Mas o menos son las lineas gruesas de ese proyecto de cambio de la matriz productiva. De hecho, en lo que es sustitucion de importaciones nosotros tenemos compromiso con numero de hechas [?] y fechas, de para cuando nosotros tenemos que tener sustituido cerca de 6 700 millones de dollares. Pero significa que esos 6700 millones de dolares en sustitucion de importaciones deberian fabricarse aqui. Y eso es generar industria y generar empleo. - Usted conoce de la pelea que hubo entre Nathalie Cely y René Ramirez con respecto al cambio de la matriz productiva ? - No, no conozco. - Fundamentalmente es una diferencia de vision entre René Ramirez y su grupo que son academicos, mas pensadores politicos, entonces valoran mas la idea de inovacion o economia del conocimiento que son temas muy pegados al campo academico, y del otro lado hay Nathalie Cely, elle tiene una consultora y mientras estaba en el ministerio de coordinacion de la produccion estuvo en posicion para desarrollar una red de contactos mas especificamente empresariales. Entonces su vision a ella del cambio de matriz productiva era mas de partir de lo existente, de los sectores existentes para ya mejorar eso, la eficiencia de esos sectores y a partir de esos sectores desarrollar otras cosas pero apoyandose sobre eso. - Claro, pero esa vision no es que haya cambiado, lo que ahora estamos haciendo es mantener esa 133 vision. Si tienes posicionado una grandes empresas, siempre van a jalar a otras empresas de proveedores etc etc, por un lado. Y por otro lado, tu ves aqui manejamos conocimiento e inovacion. La vision de fortalecer a los sectores existentes, se la mantiene por qué son los que arrastran a la economia, son los que la llevan a la economia, tu no puedes tener una economia basada en que desarrollemos sectores inovadores simplemente, por qué para podr inovar tu necesitas fondos, una base. Y nosotros del otro lado nosotros seguimos organizando temas de inovacion, pero no de la forma que se maneja aqui la inovacion, el emprendimiento etc. Por qué es una forma super aislada, cada uno por su lado. Tu puedes ir a cualquier lado en la ciudad de Quito, todos los bancos dicen que tienen credito para emprendimiento e inovacion. Pero tu les preguntas a cada uno de ellos : “que es inovacion?” y “que es emprendimiento?”, tienen conceptos diferentes. Tu vas a la Corporacion Financiera Nacional, - Si se miran los sectores priorizados en el Codigo de la Produccion y los sectores priorizados en el PNBV, hay una evolucion. Yo no pienso que es una inconsistencia. Pienso que mas refleja evoluciones en la maduracion del proyecto, pero que tambien puede reflejar... - Presiones ? - Presiones o vinculos con sectores empresariales. Es mi pregunta, en que medida... ? - Creo que tenes que hacer un analisis un poco anterior en la epoca en que aqui en los ministerios los ponia la industria. En la epoca de la democracia, estamos hablando de Roldos para aca, muchos de los ministros eran puestos por las camaras. Tal camara le ponia tal ministro. La camara de acuacultura y pesca le ponia tal ministro... y asi. Pero con ese gobierno cambia esa concepcion. Y todo se maneja a partir de PNBV. Mira como son las cosas ahora. Si viene aqui asoma como sectores priorizados, tu coges el Codigo de la Produccion. Al fin del dia, la inversiones aqui no se hacen a partir de los sectores priorizados. Se hace a partir de los que quieren ir a invertir, venir e invertir. La meta no es tener un Codigo de la Produccion perfecto, una politica industrial perfecta, o tener un PNBV perfecto. Lo que necesitamos es una gran cantidad de inversion extranjera para poder mantener una dolarizacion. - Entonces, lo que usted plantea es que esa evolucion de sectores priorizados esta vinculada con las posibilidades efectiva de inversion para financiar estos ? - Por supuesto. - Y no tene que ver tanto con arreglos y relaciones de fuerzas dentro del pais sino mas entre el sector productivo interno y las inversiones extranjeras ? - Exacto. Aqui hay unas lineas rojas que no se pasan. Digamos : licor. No se pasa la linea roja. Pero es posible que en su momento si viene aqui una empresa a hacer whisky en el Ecuador, con una inversion de 1 200 millones de dolares, y aqui esta : “donde firmo, donde pongo ? ”, yo creo que es dificil que alguien regrese y diga : “pero no esta aqui” [en los sectores priorizados]. - Entonces lo que ustedes estan tratando de hacer con el clima de negocios etc..., es crear posibilidades de inversion para desarrollar las actividades economicas endogenas ? - Si, endogenas, primero. Pero recuerda que el clima de negocios aqui no pensamos que sea una fuente de atraccion de la inversion extranjera. O sea, generar las facilidades para que cualquier 134 inversion venga y este aqui en nuestro pais. Eso no lo buscamos. Mira, esto esta pasando con Peru. Lima esta pasando del cuarto puesto para invertir en Latinoamerica al puesto numero uno. Y ha sido muy consistente. Ha pasado del 13 al 7, del 7 al 4 y ahora al 1. Nosotros estamos en el puesto 13, Quito. Y Guayaquil esta en el lugar como 20 o 21. Pero es por qué se genera un clima de negocio en el que a ti se te permite formar una empresa, tan facil como tambien es deshacerte de la empresa. Tambien es importante darle contenido a una empresa. El credito productivo debe esar anclado a que cualquier sector que desarrolle y que incorpore mayor PIB manufacturero dentro del PIB total. Nosotros el PIB manufacturero esta a 13,3% del PIB total del Ecuador. Nosotros tenemos como meta para el 2030 pasar a ser el 25%. - Es muy facil atraer inversiones extranjeras : zero impuestos, zero normas salariales, zero control y ya va a tener todas las industrias que van a venir hacer contaminacion y matar los trabajadores... - No podemos ir en contrar de los procesos ambientales, no podemos ir en contra de lo que dice nuestra Constitucion ! Pero tenemos que ir generando otras fuentes... otras fuentes de financiamento, clima de negocios, la seguridad que te genera el contrato de inversion por ejemplo aqui tenemos zonas especiales de desarrollo. Van a ser 4, 5 siempre estamos con industria siderurgica, la del aluminium tenemos una quinta ZED. Pero queremos que las empresas sepan que aqui, no cualquiera puede venir a derrumbar todo lo que se esta haciendo, sino que estan protegidos. Para el Codigo de la Produccion, estamos en consejos consultivos para mejorarlo. Que mas tenemos que hacer para que el Codigo de la Produccion sea bueno para los industriales ? Estamos en este proceso. Y este proceso, no lo estamos haciendo al interior del gobierno. Este consejo consultivo, es con las camaras de industriales, los industriales y las consultoras que estan atrayendo a las inversiones extranjeras. O las mismas inversiones nuestras, para que apliquen el Codigo de la Produccion. Por qué nos damos cuenta que no ha sido tan potente como ha sido en su comienzo. No esta ahi reflejada en los numeros. - A que se debe eso ? - El Copci, en el tema de impuestos, de impuesto a la renta, se aplica para empresas nuevas, no para inversiones nuevas. Entonces si una empresa quiere hacer una reinversion, no la ayuda el Codigo. Para eso hay que proponer cambios en esas leyes para mejorar la efectividad, pero no solo a partir de la inversiones : compras publicas, el acceso a proveer al Estado es una base fundamental. Aqui se espera contratar 400 millones de dolares de tubos petroleros para la ronda sur. No vamos a esperar que vaya detras del Codigo, sino a traves de una empresa que diga en parte con esa empresa es tan facil o tan dificil, si nos empatemos con empresas para proveer el material, ademas sabiendo que tu puedes exportar a Colombia, a Peru por qué hay rato que tiene el TLC con los peruanos, con los colombianos. Nosotros tenemos que buscar de tener aqui los centros de produccion. - Puede identificar un grupo economico que este mas directamente vinculado con Ramiro Gonzalez ? - Creo que tiene mucho que ver con la industria... creo que tiene, no estoy seguro con ADELCA, el grupo ADELCA que es lo que mas le compra, que es un grupo de siderurgia, que es un grupo de Mejia. 135 Annexe 6 Entretien avec Mauricio Barahona Mauricio Barahona es consultor independiente para el sector publico y privado sobre temas de planificacion. Estudio sociologia, y gestion publica y desarrollo. Es antiguo militante de ID y antes de la organizacion marxista leninista Alfaro Vive Carajo que fue implicada en operaciones de guerrilla en el Ecuador en los anos 1980 http://www.google.com.ec/url? sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=1&ved=0CCcQFjAA&url=http%3A%2F %2Fcomunidadreal.wordpress.com%2F2010%2F11%2F22%2Frelatos-caso-fausto-basantes-parteii%2F&ei=japJU_n6A9Hh0AGp-oDYAw&usg=AFQjCNHB5VZqrvhgAXYKEyJrSyGHVSyqg&sig2=JqlIuYnNMy4E5bmUrxAZQw&bvm=bv.64542518,d.dmQ ________________________________________________________________________________ La propuesta teorico-operativa del cambio de matriz productiva esta presente en el PNBV. El vicepresidente Glas es el encargado politico del tema. Coordina todos los ministerios involucrados en ese asunto: turismo, agricultura, industria etc... El segundo mas importante es el ministerio de industrias encabezado por Ramiro Gonzalez. Alrededor del ministerio de industrias se articulan muchas otras actividades. Ramiro Gonzalez es un antiguo de ID, partido que ya no existe. Creo un nuevo partido: Avanza. La ID se ubicaba en el centro izquierda. Es un partido social-democrata. Tuvo una fuerte participacion en el escenario politico despues de la democratisacion, a partir de 1979 y hasta 2007 mas o menos. Tuvo su maxima participacion entre 1988 y 1992 cuando Borja asumio la presidencia del Ecuador. El entrevistado dice que no me puede ayudar mucho en lo que toca al cambio de matriz productiva. Me aconseja que me ponga en contacto con Alfredo Munoz, un avogado muy cercano a Gonzalez. Me da tambien el nombre de Mauricio Leon, que debe tener en su posesion otros documentos. El entorno de Ramiro es una mezcla. Antiguos de la ID que constituyen el nucleo inicial del partido. Han sido perdiendo importancia. Ahora, hay mas jovenes politicos; cacicazgos y lideres locales. El entrevistado no se afilio a Alianza porque considera que es un partido electoralista, con alianzas locales sin rasgos politicos claros. Incluso llegaron a hacer alianzas antiguos de partidos populistas o de derecha como el PSP, el PRIAN o la DP. En el mismo tiempo, nunca se ha hecho esfuerzos para atraer a personas ideologicamente social-democratas de verdad. La antiguas elecciones a alcaldias, juntas parroquiales y prefecturas han sido analizadas como un triunfo electoral para Avanza, que aumenta su nombre de representantes a nivel local mientras AP pierde las principales ciudades del pais. Frente a AP, hay una discurso ambivalente. Ramiro apoya sin matices. Pero los mandos medios del partido presionan a aquello para alejarse. Nunca se ha formalizado un acuerdo organico entre AP y Avanza a nivel provincial, parroquial, local. Es una necesidad a nivel local para Avanza diferenciarse de AP : mientras existe una alianza a nivel nacional y del ejecutivo, son concurrentes durante las elecciones locales. Y no se puede competir con alguien con solo puntos de acuerdo. 136 Anade que las ideologias a nivel local se disuelven durante las elecciones y dan lugar a alianzas completamente improbables. Al ser ministro de industrias, Ramiro tiene modos para acercarse al sector privado. Mucha gente dentro de AP lo ven como el posible succesor de Correa. O por lo menos como futuro vicepresidente dentro de un gobierno AP. Va a salir fortalecido de su gestion, a mostrar resultados exitosos. Ramiro no es ingenuo, hace 25 anos que hace politica, sabe lo que esta haciendo. Hay sectores dentro de AP que son vistos como de derecha. El grupo de Ramiro esta compuesto por: – tecnocratas, no muy claros politicamente pero competentes. Le dan insumos politicos a Ramiro y a Avanza. – Por otro lado, hay un grupo de politicos jovenes que “ni siquiera saben de industria” y que estan capitalizando la gestion de Ramiro para ellos y Avanza. Desarrollar la industria en America latina es una idea que fue pensada primero por la CEPAL, mediante una substitucion selectiva de importaciones y medidas proteccionistas. Las industrias nacionales gozan de un mercado captivo interno y pueden apropiarse de tecnologia sin padecer de la competencia foranea. Pero quien va a desarrollar esa industria ? Son sectores locales. Ahora la situacion es que no se puede desarrollar la industria en un mercado libre. Hay dos tendancias dentro de AP: – Una tendencia que busca una alternativa al desarrollo. Se esta debilitando y tiene menos y menos peso interno y acceso a puestos con capacidad de decision. Barrera (alcalde de Quito, centro izquierda) que fracaso en las ultimas elecciones municipales no solo ha perdido la alcaldia, sino que tambien pierdo peso (y con el su tendencia) dentro de AP. Correa favorece a dentro de AP los que resultan exitosos en las contiendas electorales : “solo hablo con los que ganan elecciones” (citado por el entrevistado). – Un sector “modernizante” que mas y mas peso tiene dentro del gobierno y de AP. Ramiro hace parte de ese sector, es claramente aperturista. Ahora, la Constitucion de Montecristi se esta convirtiendo en camisa de fuerza para sus proyectos, es un puro discurso en que ya no creen. Para el nuevo ministro de comercio exterior, sacaron el area del comercio exterior fuera de la Cancilleria e hicieron un ministerio a su medida. Ahora, el ministro de comercio exterior es claramente aperturista, es un liberal alineado por EEUU y UE. Es una suerte de esquizofrenia politica : hay discursos sobre el MERCOSUR pero mirando hacia EEUU. Con respeto a la industrializacion, los sectores industriales van a salir de la nada, va a resultar una industria falsa como en los sesenta y setenta. Todo se va a derrumbar cuando se acaben las medidas arancelarias. Se puede identifiar a los grupos que van a beneficiar de esa politica : tienen nombre, ramificaciones politicas... El regimen ya tiene recursos como nunca antes ha tenido en toda la historia del Ecuador. Hay un 137 crecimiento del empleo publico. Hay un crecimiento de los servicios publicos : la asistencia a los servicios publicos (salud, educacion...) se han incrementado, lo que hace que ahora las infraestructuras estan saturadas y se necesitan nuevas inversiones. Lo que pasa es que necesitan cada vez mas inversion publica. Ahora, buscan volver a flexibilizar el trabajo para atraer esas inversiones. Ya no hay plata en el Estado, ha empezado una politica de endeudamiento con los chinos. Hay una creciente participacion china en las represas hidroelectrica, mineria, petroleo... Sobre ese tema, hay disputas pero los de izquierda se vuelven mas y mas debiles. AP necesita a Avanza para mantenerse en el poder. Porqué ? Por qué si la derecha llega al poder, puede proceder a una auditoria del gasto publico y llevar a cabo cientos de juicios. La derecha, si llega al poder, puede aprovechar el marco legal presidencialista. Necesitan cubrirse. La derecha en el pais se desarticulo del sector privado. Ya no hay claramente vinculo organico como habia antes. El gobierno de la revolucion ciudadana ha mejorado los negocios de una gran parte del sector privado y ellos tienen una racionalidad muy calculadora. Incluso muchos emprendedores se dicen socialistas y apoyan a Correa totalmente. La clase media tuvo acceso, por parte con la dolarizacion (aunque no lo reconozcan) y con el incremento del gasto publico al consumo de masa. “Mira los fines de semana, los bares, las discotecas, los puteros... Todo esta lleno ! La clase media tiene plata en ese pais”. Por eso apoyan a Correa. Pero hay un sector, sobre todo la clase media quitena, a quien ya no le gusta el autoritarismo de Correa. Por eso la clase media quitena ha votado en contra de su candidato Barrera. La clase media Quitena esta muy politizada y tiene un peso fuerte politico. Todos los ultimos gobiernos derrocados lo fueron por parte por la clase media quitena. “Si te metes con la clase media quitena, ya estas jodido”. 138 Annexe 7 Entretien avec Alfredo Munoz Neira Cerca a Ramiro Gonzalez, miembro de Avanza y ex-miembro de ID. Ha sido gerente de la empresa publica Austrogas, gerente de la aduana, gerente de rentas. Tiene un consultoria que hace estudios sobre temas de construccion. ________________________________________________________________________________ - Puede presentar las razones que hacen que puede hablar del tema de la composicion del ministerio de industrias ? - SI ! En realidad yo tengo una vinculacion con el ministerio de industrias de un punto de vista politico. Yo pertenezco al partido politico Avanza que es el partido social-democrata de Ecuador. Que es el partido de que Ramiro Gonzalez, que es ministro de industrias, es el lider nacional. - Antes de llegar a ese partido estaba a ID ? - Si, igual que Ramiro la mayoria somos ex-ID. - Hay un cambio especifico con ID ? De un punto de vista ideologico, de composicion... - Bueno son dos momentos historicos diferentes. De alguna manera, el ala... digamos, ID se constituye en base a la actividad y la iniciativa de jovenes del Partido Liberal que veia que su partido se quedaba muy corto respecto de sus aspiraciones de responsabilidad social del partido. Entonces ellos encontraron en la social-democracia la linea politica, ideologica que permitia desarrollar de la mejor maner sus ideales. Por eso formaron ID. Como movimiento, ID nace en el ano 70. Siendo parte del liberalismo. Era una faccion del liberalismo, ellos se empiezan ya a llamar. Este grupo de jovenes de avanzada, de jovenes progre del liberalismo fueron la semilla que creo la ID. Recien nacio, empezo a tener exitos porque en el caso de Pichincha, metieron 5 de los 6 diputados que se elegia. Con todo ese exito, hubo mucha genta de la vertiente socialista que se vinieron a la ID. Entonces, la ID se consituye por lideres populares no necesariamente ideologicos que buscaron el bienestar de su comunidad. - Entonces para emplear terminos un poco peyorativos fueron figuras, liderazgos locales que tenian un compromiso social y que se acercaron ? - No. Se acercaron al movimiento ID, antes que se constituyera el partido, especialmente en ciertos barrios del sur de Quito. El partido nace como una faccion progresista del liberalismo, mas ciertas personas que vinieron desde el socialismo y tuvieron el apoyo popular o la base popular en ciertos lideres de los barrios pobres del sur que ingresaron a la ID para fortalecer y darle cuerpo a esa ideologia. Si ? En el ano 79, ya se forma ID como partido, para ese cuerpo, nuestro lider Rodrigo Borja se recorrio todo el pais, buscando a personas de ese perfil. Es decir, liberales de avanzada, liberales progresistas; o socialistas que querian entrar a la accion politica real, y que logicamente tambien empezaron a reclutar a dirigentes populares que venian en la ID un camino hacia la satisfaccion de las necesidades de su comunidad. El partido fue fortaleciendose, creciendo poco a poco. En el ano 84 hubieramos debido haber ganado ya las elecciones presidenciales. Perdimos por fallas tecnicas porque en el ano 84 se marca un antes, y un ahora en lo que era el quehacer politico electoral. Porque por primera vez, se implementa dentro del pais el marketing politico. Pero el marketing politico no le implemento la ID, sino la oposicion que era el Partido Social-Cristiano, con 139 Febres Cordero. Borja gana la primera vuelta, pero en la segunda vuelta le gana Febres Cordero, por un excelente marketing politico. Por ello es que a partir de alli, fue ID preocupandose por formar cuadros expertos en marketing politico. Cuando llegamos al ano 88, tuvimos una eleccion, de primera vuelta mas o menos normal, pero en segunda vuelta una eleccion muy satisfaciente por qué con el populismo es muy dificil manejar una campana. Porque sabes que el populismo, es fundamentalmente emotivo, mientras que nuestro partido era fundamentalmente racional. Entonces era la racionalidad versus la emotividad. Entonces, ventajosamente, teniamos en el partido expertos en comunicacion que pudieron detectar los nichos de comunicacion en donde podiamos tener una falla, y si es que en un momento x un nicho especifico de mercado electoral, tuvimos que implementar medidas emotivas, no quiero llamarles populistas, sino emotivas. Pues, implementamos medidas emotivas. Tuvimos que crear al menos 4 espots publicitarios de television para frenar un poco la carga emotiva tan fuerte que tenia la fuerza adversa. Llegamos al poder en el 88. Para mi concepto, antes del gobierno de Correa, ese fue el mejor gobierno que tuvo el Ecuador. Salio con un indice de acceptacion superior al 65 por ciento. - Pero en terminos ideologicos, lo que se implemento durante ese gobierno fue... No voy a decir la continuidad con el febres-corderismo pero en terminos de politicas economicas no se trato de cambiar mucho es esquema antiguo no ? - Si. Lo que yo puede decir, es que el Ecuador nunca ha ido para extremos. Nunca ha tenido derecha extrema en el gobierno, y nunca ha tenido izquierda extrema en el gobierno. Si ? Los, la capacidad, el acto... La accion politica de Febres Cordero, no es bajo ningun punto de vista comparable a otros de extrema derecha del continente. - En terminos de numero de victimas, fueron 536 personas que fueron matadas o torturadas... - Lo que pasa es que, en mi concepto por lo menos, nunca tuvimos una guerrilla consolidada. El secretario de la presidencia de Leon Febres Cordero, el tenia la tesis de que a la izquierda... perdon a la guerrilla, a la subversion, hay que matarla como al pavo, a la vispera. Como el pavo para navidad. Entonces, ellos adoptaran medidas de control policial y de politica publica, logicamente atentatorios a los derechos humanos, de lesa humanidad. Pero nunca hubo una guerra. Hubo pequenos... la situacion fue muy incipiente. Yo diria que fue mas un idealismo que una autentica formacion, si ? Hay gente que salio del pais, a especializarse en guerrilla subversiva. Pero jamas llego a convertirse propiamente en un cuerpo militar organico subversivo. Es la percepcion que yo, desde afuera tengo, y yo tengo muchisimos amigos dentro de Alfaro Vive, si ? Dentro de Montoneras Patria Libre, a quienes los respeto y les considero, y muchos de ellos son mis mejores amigos, si ? Y conozco mas o menos hasta donde pudieron llegar. Conozco de su idealismo, nunca hubo acciones terroristas. Lo que es lo que ellos llaman recuperacion de dinero, cosas por el estilo. Lo mas grave que puede haber... se puede decir fue el sucuestro de Naim Isaias, no se si tu conoces... - Si el banquero. - Naim Isaias murio, no por accion de los subersivos, fue por una ataque de la policia, de los grupos especiales de la policia, por lo qué Leon FC creo grupos especiales anti-subversivos. En todo caso, en relacion con el gobierno de Borja, yo respecto el criterio de la gente que te lo habria dicho, que de alguna manera no hubieron cambios. Pero vayamos a hacer un analisis. Estando Borja en la presidencia, se le hubiese ocurrido al gobierno pedirle que quiere poner una base militar en el ecuador... hum hum hum... [no con la cabeza]. Entonces cual fue la accion de soberania mas 140 importante de ese gobierno ? Es haber expulsado a la base de Manta ! En contraparte, Borja, no hubiera permitido su instalacion. Y si hubiera sido instalada, tambien la hubiera sacado. Y si tu vas a hacer un analisis de las acciones sociales, hechas por borja, y las comparas con las del actual gobierno, vas a encontrar muchas similitudes. El privilegio a los sistemas hidrosanitarios, tu tenias agua potable para todo el mundo. Hoy, tu vas a Atacames, y todavia traen agua potable por tanquero. En el ano 90, Rodrigo Borja inauguro el sistema de agua potable de Atacames. - Y que paso ? - Lo que pasa es que por los nuevos gobiernos, las malas administraciones... y se destruyo. Hoy existe un nuevo sistema de agua potable. Entonces, en el tema de salud tuvimos grandes indices. En el tema de construccion. Nuestro presupuesto era un presupuesto exiguo, nunca tuvimos la capacidad economica de reetiquetar las cosas. Actualmente hay un director de rehabilitacion social, si ? De las carceles. Yo, en esa administracion construi dos mil plazas de presos. En 4 anos. En 4 anos nosotros casi satisfacimos el deficit de plazas para los detenidos. Este gobierno, que ha hecho ? Construir nuevas plazas. Pero si tu analisas cuantas plazas ha construido ese gobierno en 7 anos, y cuantas plazas constuyo Borja en 4 anos, y a que costo, tu vas a ver que nosotros si hubieramos tenido la décima parte del presupuesto actual, hubieramos satisfecho y hubieramos revolucionado el sistema. No te digo que no ha habido fallas, de que no ha habido equivocaciones. Pero quien fue la persona que firmo los decretos ejecutivos que entregaban a los indigenas, especialmente del Oriente, el titulo de propiedad de sus territorios ? Hoy nadie discute que tu tienes el territorio de los Wahorani, que tu tienes el territorio donde estan este rato los Tagaeri, Taromenane, que tienes los Shuars, que tienes los Achuars, que tienes... De aqui ! Y nadie discute ya eso. Antes no tenian el titulo. Fue Borja quien los dio el titulo. Y luego hizo un trabajo de reforma agraria, a nivel de la Sierra, de la Costa, pero particularmente en el Oriente. Entonces, yo no quiero hacer un comparativo de lo que fue el gobierno de Borja con lo que es actualmente ese gobierno. Pero si alguien te dijo que de alguna manera el gobierno de Borja fue una continuidad del neoliberalismo – no digo de Febres Cordero – eso es mentira. Eso no es cierto. Eso es falso. Si ? Que se pudo haber hecho mucho mas, si. Se pudo haber hecho mas. - Ha construido plazas para las carceles que eran mucho mas barato. - A precio constante no ? - Si. Usted hablo de la reforma agraria de Borja, ahora sabe que despues de la constituyente habia ese tema de hacer una reforma agraria y lo que dijo Rafael Correa era que repartir tierra con baja productividad era repartir pobreza y que era mejor implementar medidas de... por ejemplo atraer inversiones para desarrollar agrocombustibles, negocios de punta sobre temas agroindustriales pero que no se iba a hacer una reforma agraria. Cual es su posicion y la posicion de su movimiento ? - La palabra reforma agraria, el concepto reforma agraria, esta muy deteriorado, por que la reforma agraria del pais no ha sido exitosa. - En que ano, la de Correa o la de Borja ? - La primera reforma agraria empieza con el general Enriquez Gallo en el ano 38-39. Pero sigue profundizandose, hasta que llega a Borja que, con una estructura ya preestablecida, es mas eficiente, en el mecanismo de reforma ya planteado. Con muchas fallas, creo que Correa tiene razon en decir nada saco dando una tierra, no diria improductiva, por que antes se habia dado tierra productiva, o 141 no productiva. O sea, depende de la zona, depende de la autoridad, depende del propietario, del precio etc, etc... Pero en esencia la reforma agraria no es otra cosa que una suerte de declaratoria de utilidad publica a la tierra improductiva para dar a la gente que quiera producir. Si esto no va acompanado de un excelente sistema financiero de fomento, le das tierra para que el campesino se coma la camisa, se han dado una propiedad que ya es suya. - Eso lo entiendo, pero primero para desarrollar la productividad de una tierra, primero hay una cosa que hay que considerar, es la concentracion de tierras ; historicamente los grandes propietarios han manejado para concentrar las tierras mas productivas y atar a los pequenos campesinos en los lugares menos productivos. Eso se dio historicamente. Y tambien hay problemas de acceso al riego, al agua; y en mismo tiempo hay mecanismos de incentivos que estan hechos por el gobierno en la distribucion de urea, entonces... - Espera. Talvez te interrumpa para hacerte unas aclaraciones. Si ? El problema basico que ha tenido desde la epoca de la dictadura del 72 en que hubo un relanzamiento del proyecto de reforma agraria es que se crea un organismo centralizado en el campo del agua, que se llamaba INERHI [ Instituto ecuatoriano de recursos hidraulicos], tienes el banco de fomento como un organo de fomento agricola y pecuario centralizado, tienes un sistema de capacitacion y de investigacion – el centro de agricultura – centralizado. Todo centralizado. Centralizado y disperso al mismo tiempo. Desde el punto de vista de lo que era el Instituto ecuatoriano de reforma agraria y colonizacion, si ? La administracion de Borja fue eficiente. Entrego las tierras con menor corrupcion, entrego las tierras, buenas o malas, las que debian de entregarse. Pero, no estuvo de la mano un proyecto de capacitacion. Pues el INIAP [Instituto de investigacion agropecuaria] tuvo exitos, por su lado, que es un instituto de investigacion agropecuaria. Pero no como un componente del motor de la reforma agraria. O sea, en otras palabras, la politica de reforma agraria debia estar jerarquicamente por encima del Banco de fomento, de la investigacion y capacitacion, y del manejo del agua. - Investigacion y capacitacion, que es lo que hacian exactamente ? - Hay un instituto de capacitacion agricola, que tenia un convenio con el ICA, es un organismo internacional de capacitacion agricola. Es una burocracia internacional dorada y nunca hicieron nada. En esa epoca, tu tenias que poner un capo, de la reforma agraria que tenga mando sobre los creditos agricolas. Le entregué esa tierra, tienes que darle credito. Le entregué esa tierra, tienes que darle agua. Le entregué esa tierra, tienes que darle capacitacion. Le entregué esa tierra pero esa zona tiene problemas con una peste, investiga lo que esta pasando a traves del INIAP. Y no puedes hacer una reforma agraria si es que no practicas eso, en siete anos, el presidente no ha podido lograr. Creo una subsecretaria de tierras, para que vaya con esa subsecretaria este, el manejo de la tierra, la canalizacion de creditos del Banco de fomento, el tema de la secretaria de aguas en perfecta coordinacion. Pero todavia no existe una estructura que coordine eficazmente esta problematica. Por eso es que todavia hay bronca dentro de los campesinos, por la ley de tierra; y con los campesinos con la ley de agua. Yo tengo una pequena produccion de frutilla. Tengo 4 hectareas de frutilla. Que maneja mi senora. Tuvimos un problema con una peste. Necesitaba porque estaba atrasado en el pago del IESS, y algo de remuneracion de los trabajadores, fui a pedir al Banco de Fomento diciendo “Yo entrego todo lo que tengo, deme 15 000 dolares que necesito urgente para pagar a la gente y pagar al IESS”. “No nosotros no tenemos dinero para eso”. “Pero tengo facturas de la empresa, y yo, le entrego la fruta”. “No, nosotros no hacemos eso”. Entonces, el banco de fomento sigue manejandose como el caballo de carrosa, que solamente ve asi esas directrices que tiene y no ha habido todavia posibilidad para que un nuevo directorio tengo mas feed back, de usuario, de campesino o de usuarios del campo 142 para ver que necesitan. Y ese banco de fomento sigue siendo ese mismo banco de fomento de hace 60 anos. No ha mejorado. O sea, la trampas siguen ocurriendo, o si es que yo quisiera esos 15 000 dolares para ese efecto, yo les digo que voy a hacer un nuevo cultivo de dos hectareas, y le doy la plata a mi proveedor, y mi proveedor me la devuelve. Asi es como hacen los que hacen trampa para poder salir. En todo caso, en relacion con la reforma agraria de Borja, comparada con la reforma agraria de aca, si tu comparas el numero de hectareas de beneficiarios de la reforma agraria de Borja, en los primeros cuantos anos, versus los primeros 4 anos de ese gobierno, te va a aparecer que Borja hizo mucho mas reforma agraria – aunque sea mal hecha. Avanza es un partido social-democrata. A la ID Borja le etiqueto de partido socialista democratico. La diferencia que filosoficamente Borja hace entre social-democracia y socialismo democratico realmente, es muy tirada de los cabellos. La diferencia radical segun Borja radica en lo siguiente. Que un partido socialista democratico lo que busca primero es que la distribucion de los medios de produccion, o por lo menos de las utilidades, sean mas justas. - No es lo mismo los dos. Distribucion de utilidades o de medios de produccion son dos proyectos politicos distinctos. - Si. Absolutamente diferentes. Y lo que dice es que en Europa, tu tienes la social-democracia como el punto extremo de lo que es el social-cristianismo o el neoliberalismo. En todo caso, lo que te dice Borja es que los paises social-democratas europeos, partiendo de los paises nordicos pasando por Alemania, y llegando hacia Italia, Francia y con el PSOE en Espana ; lo que el te dice es que en esos paises los trabajadores ya han reivindicado sus necesidades basicas. Solo tienen que defender su estatu quo. Aca, nosotros tenemos que ganar un estatu quo, nosotros tenemos que ganar mejores condiciones de vida, por eso hay que ser mas socialistas, que social-democratas. Eso es la diferencia muy sutil que hace Borja entre lo que es el socialismo democratico con lo que es la socialdemocracia. Entonces, dentro de ese mismo diferenciamiento, podriamos pensar que Avanza es un partido social-democrata desde el punto de vista del logro o de la consecucion de las necesidades basicas, menos importante cuanto en que mas pensamos en la produccion. Que exigimos al productor que reparta. Diferenciamos eso de la siguiente manera. En el debate fundamental entre Febres-Cordero y Borja, se resume la filosofia de la derecha, o de le centro derecha; y de la centro izquierda. Cual era la diferencia fundamental de esas dos ideologias ? La ideologie de centro izquierda dice que para desarrollar al pais, se necesita mejorar el mercado interno. Como mejorar el mercado interno ? Inyectando recursos en la clase popular, en el consumismo. Para que desde abajo, se vaya generando, impulsando y dinamisando la produccion. La derecha o centro-derecha lo que dice es : no ! Hay que dar el dinero a los productores para que ellos la transmitan a la clase baja y eso se convierte en un circulo virtuoso. Febres-Cordero decia que hay que dar mas facilidades, mas reglas claras etc al empresario; al que esta pensando en asumir las remuneraciones al consumidor. Y no al consumidor, porque eso va a producir un exceso de demanda, que no va a ser disponible en el inmediato. Yo creo que las dos formas son viables, dependiendo en como se encuentre a ese momento la infraestructura de los medios de produccion. Es decir, si tu tienes en ese rato la capacidad textil funcionando a un 100%, de hecho si inyectas recursos, vas a encarecer tus textiles, porque va a haber mas demanda. Pero si tienes tu sector textil trabajando a un 50%, tienes que meter recursos abajo porque es muy facil y muy economico hacer crecer la capacidad productiva... no la capacidad economica sino la produccion, porque la capacidad ya la tienes, haces crecer la produccion de textiles. Entonces, cualquiera de los dos mecanismos es valido dependiendo de las circunstancias en las cuales se encuentre el medio de produccion. Entonces, el tema es que si tu estas saturado en la capacidad productiva, tu no puedes inyectar 143 liquidez. Pero si es que tu capacidad productiva esta por debajo del 80%, tienes que inyectar liquidez. Ahora, nosotros a este rato enfrentamos una situacion en ciertos sectores de la economia, tienes capacidad productiva ociosa. Hay que hacer cierta reforma laboral que flexibilize el costo de la mano de obra en horarios suplementarios y en horarios nocturnos. - Esto es su punto de vista ? - Si, es mi punto de vista. El gobierno lo esta haciendo para ciertos sectores agricolas, pero deberia hacerlo para todos los sectores agricolas. Porque el campo yo te digo que tengo experiencia, llevo 5 anos en esta plantacion de fresas de 4 hectareas. O sea, yo ne puedo, me he rebajado de 4 hectareas a 1 hectarea, porque los beneficios de la produccion en escala no existen, porque mientras mas creces, mas tienes que gastar en costos indirectos y costos administrativos. Ahora yo no gasto en costos administrativos, porque mi senora maneja el terreno. - Y que hace con los tres hectareas ? - Estan sin producir, estan vacios. - Y esto a que lo atribuye ? - Porque la remuneracion en el sector agricola no se puede compadecer con la realidad en nuestros lados. En el sector agricola hay una politica que mejora la comercializacion del producto agricola. El productor es el perjudicado. Hay un intermediario, el que recibe la fruta en mi caso. Recibe la fruta a plazo. Si tu les das, y te paga a ocho dias. A la empresa Snob yo le doy desde hace un ano la fruta. Te paga al mes, a veces a los 45 dias. No pierdes. Porque si es un intermediario que me compra la fruta, le pone un poco de arriba y lo vende a los helados Pinguino. Entonces, el intermediario nunca pierde. El intermediario te paga el precio que le da la gana y como le da la gana. Y lo venden en el mercado directo o en el mercado intermediario. En todo caso, tiene que haber precios de sustentacion en todos los sectores agricolas. - Para que los intermediarios no abusen de su situacion dominante ? - Si, exactamente. - Entonces, de su punto de vista, los precios son demasiado bajos, y no se puede pagar correctamente a los trabajadores ? - Si tu cumples la ley, es imposible. Si yo uso dos hectareas yo necesito poner una persona mas para trabajos administrativos. Y esa persona ya no la puedo pagar. Porque para cada hectarea yo necesito a 5 personas. En una hectarea tengo los cinco, y administra mi mujer. Pero si pongo diez, tengo que contratar uno mas, para que ayude en el tema administrativo. Con los 4 hectareas yo pierdo plata. - Y usted piensa que la solucion es flexibilizar el trabajo ? No existen otras soluciones ? - Es una de las soluciones, sin llegar a abusos. Yo creo que el dia sabado, por lo menos el dia sabado en la manana deberia de trabajarse sin pagar horas extras. Porque asi lo exige el campo. Yo puedo trabajar de las 6 de la manana a las 6 de la tarde con la misma remuneracion. Claro que si trabajan mas de las 8 horas tengo que pagarles un sobreprecio de horas suplementarias. Pero puedo haber 144 equipos de trabajo de 6 a 6 que les satisfaga pagandoles esa misma remuneracion. El problema es que hay muchas tareas agricolas que hay que hacer los sabados. Y por eso tengo que pagar el doble de lo que se paga normalmente. Entonces que hace la gente el sabado ? Cuando yo empieze mi vida laboral, yo trabajaba los sabados. Y yo era obligado por qué el trabajo no era de 40 horas cada semana, era de 44 horas en la semana. O sea, si tu tienes menor educacion, tienes que ganar menos. Si tu te sacrificas educandote, tienes que ganar mas. Yo no mas pido que mi trabajador agricola sea un bachiller, o sea un profesional, porque es un trabajo estrictamente manual. Entonces, lo que pasa ahora en nuestro pais en ciertos sectores como el que yo tengo ahora en la plantacion, no hay mano de obra agricola de agricultores especializados. No tienen calificacion pero tienen aqui el disco duro que les ensena como trabajar con la tierra, que incluso te ensenan a ti. - Pero porque no hay ? Es que sus ingresos son demasiado bajos ? - No, no. Simplemente, quieren ir a la ciudad porque les atrae mas vender las frutas en las esquinas. Va a ser un trabajo a cuenta propia. - Sobre el tema de flexibilisacion laboral, se dice que eso es necesario tambien para atraer inversiones extranjeras. Entonces para usted, seria mas para necesidades propias al sector empresarial nacional ? - Lo que pasa es que la flexibilisacion laboral, lo que permite es implementar lo que ya quieres. Mi ejemplo : yo tengo 4 hectareas solo puedo hacer funcionar uno. Con flexibilisacion laboral hago funcionar cuatro y doy trabajo a quince personas. Ya ? Eso es importante. Tenemos una capacidad instalada ociosa por la rigidez del sistema laboral. Cada dia hay mayor acoso al patron, no solamente por el costo, sino tambien por ciertas prebendas que le dan al trabajador. Yo estuve abogado laboralista desde el ano 83 al ano 87. Yo participaba por los trabajadores, y por los patrones. Lo que jamas acceptaba era la estabilidad. - Estabilidad de... ? - Del trabajador. Porque cuando tu le das estabilidad, se hace hechar para recibir indemnizacion. La estabilidad normal debe ser de un ano. Es decir que tu tienes estabilidad, pero de un ano, y si te hecho te doy indemnizacion, pero de un ano. Tu le das estabilidad pero de un ano, o lo que diga el contrato colectivo. Te dije jamas firme un contrato colectivo que tenga mas de dos anos. No permitia que mi cliente pida por mas de dos anos. Lo que siempre le falto a la social-democracia, es una politica economica. Por qué tu tenias la economia centralmente planificada, y tenias el libre mercado. Pero en mercados imperfectos, no podias aplicar el libre mercado, reconociendo que en un sistema de mercado tienes que aplicar las normas de libre mercado ; como que corregir las deficiencias en un mercado imperfecto. Entonces, la filosofia, o la politica economica de la social-democracia, antes no tenias desarrollado como tenias que hacer. No estaba bien sistematizado. En la ID, Borja establecia que la social-democracia lo que pretende es tomar lo bueno del comunismo y lo bueno del capitalismo pero no decia como. Cuando inicio el curso de marketing politico, invitamos a algunos expositores, entre esos, un miembro del partido radical chileno, que es la social-democracia. Y el nos dijo : “Lo que pasa es que esta pata floja esta ahi, yo creo que hoy a nivel de social-democracia hemos desarrollado toda una politica economica”, que en el caso de nuestro pais, que mas de ser socialista y socialdemocrata, lo que dice es : vamos a intervenir en el mercado, no solo controlar. Por qué no podemos poner un policia a cada empresario. Vamos a intervenir, pero compitiendo. Es decir, si es que hay un area donde hay un monopolio o un oligopolio, el Estado tiene que poner una empresa publica 145 que compita. Pero ahi viene el tema nuestro, a diferencia de Correa. Tiene que competir en las mismas condiciones en las que compite el sector privado. Y te voy a dar un ejemplo. Yo gerencié una empresa envasadora de gaz en Cuenca, se llama Austrogas. Cuando inicié mi gestion tenia el 4% de ventas. En un ano subi a 25%. Yo pagaba impuestos, al menos a la parte que le correspondia al sector privado. Yo no obligaba al sector publico a nada, que me compren el gas los militares, el hospital publico, ... Yo no obligaba nada. Entonces para mi lo mas importante de nuestra filosofia es intervenir en el mercado compitiendo lealmente. Y la instruccion del presidente de la republica en donde haya buena competencia del sector privado no se meta. En donde noy hay, tiene que meterse. El dice que es socialista, el dice que hay que cambiar la propiedad de los medios de produccion. Nosotros no pensamos eso. Si es que hay un capitalismo popular, bienvenido. Si no hay, mala suerte... Pero no es que yo tengo que fomentar el capitalismo popular, sino que tengo que fomentar la eficiencia. Sea del capitalismo popular, sea de la empresa publica, sea de la empresa mixta, o sea del sector privado. Sea, el que es mas eficiente es el que tiene que salir adelante, pero compitiendo lealmente con todas las reglas de juego de igual a igual. Yo no haria lo que acabo de hacer el presidente con relacion a la CNT [Corporacion Nacional de Telecomunicaciones]. De darle la ventaja de una ano entregandole a la CNT la banda 4G para que tenga una ventaja competitiva contra Claro, contra Movistar. Yo prefiero hacer lo que propuso el superintendente de control del mercado de establecer el roaming interno [itinérance entre les différents opérateurs téléphoniques]. - Porque no lo hacen ? - Por qué vino Peña Nieto, el presidente de Mexico. Es uno de los temas que trato Peña Nieto, que es el vocero de Slim [propriétaire de Claro]. En todo caso, para que te quede claro, nosotros creemos eso. Hay que competir en el mercado para corregir las fallas del mercado imperfecto. - Eso es su concepcion ? - Eso es la concepcion de mi partido. Yo no quiero presumir, pero yo soy una suerte de ideologa del partido. Mi hijo es el presidente de capacitacion ideologica del partido. [precisa su CV: gerente de Austrogas, gerente de la aduana, gerente de rentas.] He estado en las instituciones mas corruptas de este pais, solo me falta la policia y la contraloria. - De lo que veo hay bastante diferencias ideologicas entre Avanza y AP... - En el discurso, no en la practica. - Pero usted dijo que en la practica la gestion de la ID habia sido mucho mas eficiente. - Cuando empieza los primeros cuatro anos de ese gobierno hubo una carga muy extremista de gente de izquierda radical que le rodeaba al presidente. El pensamiento del presidente es socialdemocrata. Lo que el diga respeto de su pensamiento a veces no tiene nada que ver con la socialdemocracia. Pero a veces es un vender. Si tu me preguntas si los que salieron eran corruptos, te diré que si. Pero eso no tiene que ver con la ideologia. Eso es a nivel de las personas. - Dice, de izquierda radical ? - Si. 146 - Pero quienes por ejemplo ? Que formaciones ? Los antiguos de Pachakutik que salieron para apoyar a AP, o por ejemplo Augusto Barrera [actual alcalde de Quito] pertenecia a este grupo ? - Claro. - Lo clasifica en los corruptos ? - Si. Si. Hay corruptos todavia aqui ! Es el problema del incremento de la corrupcion, no es patrimonio de este gobierno, es patrimonio del pais. - Con respecto al tema de la corrupcion, hubo tambien ese asunto con el hermano de Rafael Correa. - Lo que se ha hecho para combatir la corrupcion en ese gobierno es mucho menos de lo que se ha hecho en el gobierno de Borja. Borja tenia una funcion judicial independiente, una comision de fiscalizacion del congreso, una contraloria independiente, y una fiscalia a la que nunca Borja la podia llamar y decirle “enjuiciale a este”, o “no le enjuiciale a este”. Aqui hay una falta en este pais, y es la falta de la division de poderes. Es el principal problema de la falta de seriedad politica. Nadie quiere venir a invertir un cale, un centavo, en este pais, cuando sabe si es que tiene que demandar al Estado, el Estado va a ganar... Cuando sabe que tiene que demandar un privado, tiene que gastar dinero en la justica y esperar que el otro no sea amigo de la justicia. Este es un problema estructural de este pais, y si algo ha fallado dramaticamente a ese gobierno es en el area de la corrupcion. - Entonces para resumir, Rafael Correa en su discurso tiene que encargarse de la continuidad de lo que se hizo despues de la Constitucion de Montecristi, hacer una suerte de sintesis ? - Si, y discrepar, y de lo que ya sé hay demasiado disimil en su propio corazon y en su propia cabeza. - Pero en mismo tiempo tiene un pensamiento social-democrata puro. - Si. - Y la practica del gobierno es una practica inspirada de las politicas preconizadas por la socialdemocracia pero con fallas tecnicas y puntuales debidas a hechos individuales de corrupcion ? - Yo no diria eso. La corrupcion en terminos generales corroe a todas las instituciones publicas desde el gobierno central pasando por los municipios y pasando a todo tipo de institucion, incluso al sector privado. Entonces el tema de la corrupcion se ha agudizado demasiado por falta de medidas practicas de control anticorrupcion. Afecta al gobierno pero tambien afecta a toda la sociedad, por qué tendro de la propia empresa privada encuentrase un gerente de una empresa privada que recibe dinero de un proveedor de otra empresa privada para comprarle. Entonces, volviendo y resumiendo mi analisis politico e ideologico. Desde el punto de vista ideologico, para mi Rafael Correa es un social democrata. Desde un punto de vista politico, tiene que a veces adoptar discursos e inclusive acciones mas radicales para mantener el discurso politico. - Y la unidad del regimen ? 147 - Si, exacto. Ahora, mi concepto es que la social-democracia – no personalizada en Ramiro Gonzalez – sino la social-democracia como un cuerpo ideologico no partidista, la social-democracia tiene que poco a poco hacer mas carne en el manejo politico de este pais. Para mi, en Chile con la Bachelet aqui tienes una social-democracia. Para mi, el gobierno de Lula es social-democrata. Para mi, el accionar politico de Mujica se inspira en un principio social-democrata. Entonces, yo creo que la solucion para los paises latinoamericanos es la aplicacion irrestricta de la social-democracia como creo que piensa hacerlo Peña Nieto en Mexico. Lo que pasa es que del punto de vista de la praxis politica es una cosa, pero del punto de vista ideologico el PRI mas alla de sus taras de sesenta anos, se supone que hay una ideologia socialdemocrata, por eso es parte de la internacional socialista. - Hay diferentes intentos de categorizar a Rafael Correa y su ubicacion en el escenario politico. Usted dice que es social-democrata, pero hay muchos que dicen que tiene rasgos populistas, bonapartistas. Usted no esta de acuedo con eso ? - Una cosa es el quehacer politico diario y cotidiano. Rafael Correa no es el caudillo politico que nacio de las barricadas populares. Es el lider politico con una profunda formacion socio-economica y con una muy buena formacion politica. De alguna manera, en la sociedad moderna, la parte de la politica economica es trascendente para el quehacer politico. Correa mismo lo ha dicho : “se ha pretendido elevar a la economia a la categoria de ciencia”. La economia no es ciencia, la economia es politica. Politica de que hacer y a quien entregar los medios de produccion y los recursos. Entonces para el, la economia es una forma de hacer de la politica, y siempre un hombre tan preparado como lo es en materia economica particularmente en politica economica el tiene la pelicula clara de lo que hay que hacer. De lo que hay que hacer para que este pais pueda realmente arrancar. El mito anticomunista de ciertas facciones o de ciertos sectores de la produccion privada, ese mito se va derrumbando poco a poco. Y muchos productores que estaban esperando que termine el gobierno de Correa para volver a obtener ganancias, para que se les facilite las formas de produccion, para que se facilite los negocios en terminos generales, ya saben que eso no se va a dar. Y que se va a dar a todo el mundo lo que se les merece del punto de vista de la distribucion de la riqueza, y del fomento de la produccion y de la iniciativa. Si ya estan concientes de esa situacion a este rato dicen : “no nos queda que jugar con las reglas que nos disponga el presidente. Por qué si nos quedamos esperando que este gobierno termine de pronto estaremos esperando veinte anos”. O que este modelo termino. Este modelo se esta afinando con la transformacion de la matriz energetica y con la transformacion de la matriz productiva. Lo fundamental en el cambio de la matriz productiva no es una simple sustitucion de importaciones. Es la repotenciacion de la produccion existente, y tratar de que lo que podamos producir aca, lo produzcamos. - La Constitucion actual le parece buena para lo que quiere implementar Rafael Correa y lo quieren implementar los social-democratas o tiene limitaciones internas, con respecto del biocentrismo en la Constitucion, o el hecho de querer acabar con la explotacion petrolera, con temas de flexibilizacion laboral... cual es su opinion ? - Yo estimo que si hay que hacer ciertas reformas a la constitucion. Hoy vivimos una realidad. No sabemos que va a pasar con esa realidad dentro de diez anos, de cinco anos. Del 70 al 90, se produjo igual cantidad de conocimiento de lo que se produjo desde el inicio de la humanidad. O es decir, todo lo que produjo de conocimiento la humanidad hasta el ano 1970 se duplico del 70 al 90. Cuando empezamos la decada del 90 encontramos que del noventa al 2000 y piquillo, se habia vuelto a duplicar. Luego, del 2002 hasta el 2011, se descubrio que se habia vuelto a duplicar el conocimiento y se habia complejizado muchisimo mas la dinamica social y el tejido social. Hoy 148 estamos estimado que mas o menos cada seis anos se duplica el conocimiento. Lo que fue bueno para el ano 2008 este rato no es necesariamente bueno. Han pasado ya de todas maneras seis anos. Y, si viene ese rato, podemos encontrar un nicho por aca, un nicho por aca... Si yo tengo una critica a la constitucion actual, es que es demasiado reglamental. - De que punto de vista ? - En terminos generales. La constitucion tiene que apoyarse de normas que desarrollen los conceptos. A parte de la evolucion del constitucionalismo mundial, y de las experiencias que los organismos multinacionales te van dando por pauta. Entonces, yo no quiero ejemplificar con la constitucion de les EEUU. Pero es demasiado reglamental. El problema fundamental es de tener buena fe en la asignacion de la ley. Una cosa es que tu prohibas este rato la utilizacion de los transgénicos a nivel constitucional. Que va a pasar dentro de unos anos, si hay una hambruna brutal ? O sea con los cambios climaticos de pronto llega un aguacero o llega una sequia que acaba con una produccion de trigo. Y hay pocas zonas en el mundo capaces de producir trigo. Pero la produccion no va a poder satisfacer la demanda mundial. Que tienes que hacer ? Utilizar transgenicos, si el primer deber del ser humano es vivir. Entonces, para cerrar el tema, yo pienso que si hay que hacer una reforma constitucional pero mas alla de esas modificaciones puntuales de las que hemos hablado esa constitucion tiene que dejar de ser tan reglamentaria. Una constitucion que quiere satisfacer a todos insatisface a todos. - Usted conoces los grupos, por ejemplo, de Nathalie Cely ? Su composicion ? Si es diferente de el de Ramiro Gonzalez ? Con respeto a sus vinculos, a sus discrepencias. - Lo que pienso es que entre seres humanos que hacemos politica, siempre habra diferencias. Lo que pasa es que hay diferencias superables y hay diferencias insuperables. Yo creo que el senor presidente poco a poco va dando mas fuerza y mas confiancia en el quehacer politico del gobierno a gente con quienes puede tener discrepencias salvables, no discrepensias insalvables. Creo que con ello te contesto, yo no quiero entrar a dar nombres, lo que si puedo decirte es que no hay un sector muy amplio que discrepe en la matriz del concepto ideologico que Correa tiene de lo que se debe de hacer. Y para mi concepto esto es un concepto social-democrata. Pero social-democrata bien entendible, no social-democrata como empresario, no social-democrata como enemigo a los trabajadores. Por qué el gobierno social-democrata no se debe al empresario. Tiene que preocuparse fundamentalmente de los mas carenciados. Y tiene que ser una suerte de intermediario entre los intereses del impresario y las necesidades exijidas por los trabajadores. - Las antiguas elecciones municipales, parroquiales, han sido analizadas como un gran exito para avanza. Piensa usted que Avanza esta en posicion de fortalecerse dentro del gobierno ? - Yo dividiria la pregunta. Lo primero si. Tenemos un plan de accion pendiente a [llamada telefonica] Entonces, lo que queria aclarar es que en relacion con Avanza, nuestra aspiracion es lograr contar con las posibilidades economicas que les permita, reproducir la estructura que llego a tener ID que tenia una celula en cada parroquia del pais. Mas alla de este gobierno, la aspiracion de Avanza es crear nuestra estructura. Pero no queremos para crear esa estructura, crear espectativas de gobierno. Entonces yo separo perfectamente bien : una cosa es el economista Ramiro Gonzalez ministro de este gobierno, que de alguna manera tiene que compartir con el partido decisiones politicas a adoptarse en ese gobierno, y todo lo que ha hecho esta de acuerdo con nuestros principios ideologicos. Una cosa es eso. Y otra cosa es que nosotros estemos en este rato preocupando de tener mas espacios de poder. Si es que alguno de nuestros companeros es 149 considerado posible presidente, muchas gracias. Pero no, bajo ningun punto de vista queremos que nuestros afiliados se crean un derecho de cogobierno. - Porque hay un peligro tambien en asociar ampliamente a unas personas que estan ahora afiliadas con Avanza, por qué a nivel local se ha hecho a veces alianzas con antiguos que pertenecian al PSP, o al PRIAN... - Son cuestiones muy locales. Puede haber un tipo que esta corriendo detras de un partido muy distinto a lo nuestro, pero que es muy querido en la localidad. No ideologicamente, es un membrete nada mas. Eso no significa que el comparta los conceptos ideologicos de Sociedad Patriotica, del PRIAN, de quien sea. - Son acuerdos con base a programas de alcance local ? - Exactamente. Eso es todo. Y que podran en un momento afiliarse al partido Avanza si es que el partido Avanza estima conveniente. - A que se debe el hecho de que nunca que se ha logrado un acuerdo organico entre Avanza y AP ? - Es que los senores de AP son muy sectarios. Siempre vieron la organizacion nuestra como un peligro de perder cuotas de poder para ellos. Eso no existe, nosotros no estamos por cuotas de poder. Nosotros como partido - y eso lo estamos demostrando desde hace rato – no nos interesa mas espacio de poder. Si es que el companero Ramiro esta ahi, pues debe estar ahi. Y el companero esta cumpliendo con nuestra ideologia politica en ese ministerio, como lo hacia antes en el IESS. - Entonces puede ser que dentro de AP hay personas quizas que no comparten el proyecto del gobierno ? - Hay mucha gente en AP que no son ni socialista, ni revolucionario. Pero que son amigos de ciertos amigos, o parientes de ciertos parientes, que estan alli no por cuestiones ideologicas. Estan alli por razones coyunturales politicas. Ellos ni siquiera saben lo que realmente piensa el presidente. Ni siquiera han hecho un analisis serio para determinar exactamente lo que piensa el presidente. Y talvez para ellos es muy sorpresivo ese caso. De verle al presidente muy contento con Ramiro Gonzalez, y verle al presidente adoptando decisiones social-democratas que de acuerdo con ellos no son parte de la ideologia del presidente. El presidente mismo niega ser social-democrata. El dice ser socialista revolucionario. Pero si tu analisas las acciones politicas, tu ves que realmente no existe la diferencia entre la social-democracia y lo que el hace. - Ha dicho tambien que era un humanista cristiano. - Si. Cualquier diria que el es social-cristiano. - Quizas, pero no en un sentido historico. - Bueno aca tuvimos un partido que se llamaba Democracia Cristiana. Bueno, el es de un grupo religioso de Guayaquil. - De los Salesianos no ? 150 - Si. Este grupo religioso es, fue muy pegado a la democracia cristiana. Es liderado por el expresidente Gustavo Noboa, y por su hermano Ricardo Noboa. Ese grupo religioso que es parte de los Salesianos. Entonces, hubo un grupo liderado por Ricardo Noboa y Gustavo Noboa, que daba clases de orientacion familiar, que eran parte de los escouts... Varias actividades vinculadas con la actividad de los salesianos. A esa gente se les llamaba los gustavinos, por Gustavo Noboa. Se supone que Gustavo Noboa es el lider del Opus Dei, en el Ecuador. Yo personalmente no tengo evidencia. Pero de ese mismo grupo es Guillermo Lasso. Es un grupo muy catolico de la ciudad de Guayaquil del cual el era parte. Y por ese grupo religioso obtuvo su beca por la Universidad Catolica de Guayaquil. Y por ese grupo religioso tuvo espacios para irse a Lovaina. Lovaina es una universidad catolica. La Universidad del Ecuador tiene un convenio con Lovaina. - Ha dicho que lo que se trata es mejorar la eficiencia en terminos generales. - No hablemos de eficiencia, estamos hablando de economia. Mejorar la productividad. Para que la produccion local satisfaga en el mayor nivel posible las necesidades de nuestra comunidad. Entonces, eso implica optimizar la capacidad de produccion instalada en nuestras empresas, mejorar la tecnologia y renovar las formas de produccion. Conseguir trasferencia de tecnologia, y llegar a producir tecnologia. Para eso es Yachay. Pues Yachay no es algo gratis, es importantisimo en el cambio de matriz productiva. No es una universidad tecnologica, una universidad de los locos cientificos, no ! Yachay tiene por objeto que nostros creemos nuestra propia tecnologia, y nuestra propia ciencia. Es decir, en lo que nosotros podemos ser fuertes. Que es para tratar de desarrollar todo un concepto de aprovechamiento de las riquezas naturales y flora. En la universidad San Francisco de Quito, empezaron a crear esta importante escuela de astrofisica. Hay que tomar en cuenta que uno de los PhD que trabajan en esa universidad fue uno de los codescubridor del cuarto quark. De que nos sirve eso en la practica ? Nada ! En cambio, la mision y la vision que hay con Yachay, no es que un fulano descubra el cuarto quark. Es que hayan equipos multidisciplinarios en nanotecnologia, genetica etc. Para que de alguna manera el area cientifica de Yachay inicie un cluster. No te digo que hay que hacer un nuevo silicon valley, pero por ejemplo en areas de la ciencia y de la tecnologia que tiene que ver con la agroindustria por ejemplo, que tiene que ver con la propia agricultura, que sin llegar a los problemas de los transgénicos puede simplemente optimizar ciertos procesos para incrementar la produccion [considérations sur la luminosité de Yachay et la température, et conseil d'aller y voyager]. - Hay una voluntad de lograr encadenamientos entre los sectores ya existentes ? - Completamente. - La impresion que tengo es que cuando se examina a los viajes que hace por ejemplo Jorge Glass, a que industrias va a visitar, basicamente son industrias petroquimicas, de siderurgia, de metalmecanica, de motores, farmaceutica tambien... Y todos esos sectores estan en mayoria presentes en cierta proporcion en Ecuador. Entonces las preguntas que tengo son : 1- Si se trata de lograr un encadenamiento entre esas industrias que son industrias basicas para mejorar la productividad de cada industria que se aprovecha de la presencia de las otras, por ejemplo, agricultura con la petroquimica ; la siderurgia con la explotacion petrolera, con la mineria, se puede crear un encadenamiento circular entre ciertos sectores que estan produciendo materias primas. 2- Que esta previsto para encadenar a los otros tipos de actividades economicas que serian mas de economia popular ? Por ejemplo la pequenas explotaciones agricolas. 151 - El tema de la petroquimica es un tema muy importante. Por qué los costos de los insumos de la produccion agricola son demasiado grandes. La petroquimica desde el punto de vista de los insumos es muy importante. Luego, la idea es mejorar el INIAP. El INIAP va a ser parte de Yachay. Lo pasaron a Yachay para que tenga realmente enfasis lo que es la investigacion genetica, el mejoramiento de las plantas. Entonces, de un lado hay la necesidad de la petroquimica para tener fertilizantes baratos. Por otro lado el mejoramiento y el verdadero impulso a INIAP para tener con semillas certificadas y plantulas majoradas geneticamente para que sean mas resistentes a los problemas actuales. Tambien, se va a trabajar, eso es un grand exito pero del sector privado, en la propagacion de nuevas especies de rosas. Entonces ahora en Ecuador, practicamente ya no pagan regalias de las flores por qué todo es genetica nuestra. Eso mismo queremos hacer con la frutilla, con la cereza, con todo. Es mejoramiento por seleccion genetica, no transgénicos. Es como el sector privado logro combatir la mancha blanca, con los camarones. Es una peste que destruyo la industria camaronera ecuatoriana hace unos catorce o quince anos, y se demoro unos siete anos. Y solo se lo controlo por la seleccion de especies. El sector publico no hizo nada por qué habia una cantidad, una extension gigantesca de piscinas camaroneras que estaban desoladas, estaban vacias. Estuvo una perdida enorme de divisas, en una economia dolarizada. Entonces que se quiere hacer con Yachay ? Hay la mancha blanca. No hay que esperar que un empresario se vea con un laboratorista para que venga para ver como hace. No ! Es Yachay que tiene que darte la solucion. Nuevas variedades, nuevo alimento... e ir mejorando la tecnologia, hacer transferencia cientifica en lo que puedas crear ciencia. Si es que se ponga de moda Yachay, y muchos cientificos se vienen a radicar aca. - La idea es atraer a cientificos extranjeros tambien ? - Claro. Traer ciencia, tecnologia, e inovacion. El sueno desde el punto de vista metalmecanico es lograr construir con Ucrania el primer horno alto, el primer gran horno que te permita construir el primer motor ecuatoriano. - Entonces, seria como industrias industrializantes. - Si. - Entonces no solo hay el proyecto de sustituir importaciones, tambien se quiere fomentar industrias industrializantes. - En la escena automotriz, que es lo que estamos intentando ? Que los ejes, los semi-ejes que no necesitan alto horno porque no es un acero muy complejo se haga aqui. Y la idea es que desde cinco anos, Ecuador produzca el primer motor. En toda suramerica, solo se producen motores en Brasil. 152 Annexe 8 Entretien avec Edwin Vasquez Jefe de negociaciones comerciales de bienes agricolas con la UE, da tambien clases en la maestria Relaciones internacionales en la Universidad Andina Simon Bolivar. ________________________________________________________________________________ - Yo soy Edwin Vasquez, yo trabajo en el ministerio de comercio, en una de las areas que es la de la direccion de negociaciones comerciales de bienes agricolas. - Que es lo que hace concretamente en su trabajo ? Si tiene relaciones con grupos empresariales ? - Yo soy director de negociaciones agricoles, mi labor aca en el ministerio es coordinar los procesos de negociacion comercial con terceros paises en este caso, estamos trabajando directamente en negociacion con la Union Europea, estan pensando en algunos otros procesos de negociacion como el caso de Guatemala, profundizar un acuerdo que ya existe, y tambien un poco tratar de ver con Mexico. - Tiene una orientacion politica particular ? - No, soy tecnico. Yo trato de hacer un trabajo mas tecnico que politico. - No se hablaba de hacer eso con el Mercosur ? - Si pero todavia no esta nada definido ni decidido, con relacion al Mercosur. Con el Mercosur se tiene ya un acuerdo comercial existente. Lo que se habia estando analizando es la viabilidad de incorporarse al Mercosur como pais de la union aduanera del Mercosur. Pero todavia no se ha tomado una decision final, esta un poco en stand by, y tambien la directiva del gobierno fue mirar un poco a ver que sucede con la Union Europea, si nosotros logramos cerrar este acuerdo por qué ya formando parte del Mercosur, si hay unas limitaciones para cualquier iniciativa bilateral por parte de Ecuador hacia cualquier otro proceso de negociacion. - Eso es un tema realmente clave con respecto al cambio de matriz productiva. Es un asunto que provoca muchos conflictos, por ejemplo entre sectores bananero, maderero y lechero en el Ecuador. Puede percibir eso ? - Si hay, como en todo proceso de negociacion, siempre genera ciertas conflictividades. Por qué indudablemente en una negociacion, un pais tiene que otorgar concesiones frente a las concesiones que le va a otorgar otro pais. Y siempre habra una contradiccion en cuanto a los intereses ofensivos de exportacion por parte de un pais frente a los intereses defensivos de otro pais. El tema un poco ahi sera la manera en como se presente esa negociacion, los resultados que se tengan de esa negociacion, para ahi si determinar y evaluar si realmente este ha generado o si ha producido algun tipo de sensibilidad hacia determinados sectores que tengamos que mirar algun tratamiento particular ya desde el marco de la politica interna para fortalecer el sector, para que pueda competir o como siempre decimos si el sector no puede competir, hacer una conversion productiva. En este momento, internamente no se ha producido realmente una situacion muy abierta, de que se haya presentado algun tipo de contradiccion o conflicto entre los sectores exportadores digamos y los sectores que tengan que competir con la Union Europea. Es un poco desde la perspectiva misma de como estamos manejando la negociacion, en el sentido de tratar de identificar con pragmatismo los 153 sectores sensibles por qué tambien hay sectores que no van a tener mayor problema con la Union Europea por qué la UE no es muy ofensivo en determinados productos agricolas, pero si hemos determinado e identificado algunos sectores que puedan tener un alto grado de sensibilidad y le damos un tratamiento particular en las negociaciones. Es parte de nuestro labor haber mantenido un contacto interno con esos sectores para tratar de definir justamente las posiciones nacionales en la negociacion en consenso con esos sectores para que los terminos en los que se cierren esta negociacion sean los terminos mas adecuados. Los lacteos es el mas sensible en la negociacion con la Union Europea, ahi que todavia no cerramos esa negociacion y estamos manejando unos elementos que permitan medidas cautelares. Banano es ofensivo. - Ecuador es el primer exportador mundial de banano ... - Mas bien, de no tener un acuerdo, nos va a afectar. Nuestros principales competidores en el caso del banano como Colombia o Costa Rica ya tienen un acuerdo. Por eso estan con una preferencia sobre el tema arancelario. De no tenerlo, ahi nos van a tener ... mejor ventaja, digamos, que nosotros. Y ese realmente tiene una implicacion interna, y no solo bananos, todos los productos de exportacion ya qué el sistema generalizado de preferencias en el cual nosotros estamos exportando una buena parte de productos pesqueros y agricolas, esta una posibilidad que sea declarado como gradual. Y ahi tendriamos con competir contra paises con perfiles productivos muy parecidos a los nuestros. Eso es la ventaja del acuerdo. - De su analisis, este enfoque sobre un tratado de libre comercio con la Unin Europea se debe mas a presiones exteriores, como por ejemplo la competencia de Colombia y Costa Rica, y a necesidades vinculadas a mercado mundial que a pugnas internas dentro del pais entre grupos empresariales ? - Pues mas que presiones externas yo diria lo segundo, por qué indudablemente en un mundo tan globalizado como el de ahora, tu tienes que tomar muy en cuenta lo que hacen tus vecinos. Por qué mal o bien, lo que hace tu vecino o lo que deje de hacer el vecino tiene su implicacion. Sobre la base justamente de la situacion en la que nos encontramos por qué ademas formamos parte de una zona de libre comercio con los paises andinos.Entonces tambien hay que tomar en cuenta las vinculaciones que existen en relacion a esa zona de libre comercio. Todos esos factores son los que de alguna manera terminan en elemento de decision en la firma, o la busqueda de la firma de ese acuerdo.Y probablemente como tu dijiste circunstancias internacionales hacen que debamos articularnos. Por otro lado tambien, hay otro elemento que es importante. Nuestras economias no son economias grandes, domesticamente hablando. No son como EEUU, como Mexico, Peru o Colombia. Justamente un elemento que forma parte de la matriz productiva, no solamente es dinamizar determinados sectores productivos, impulsarlos y que sean ejes dinamizadores de la economia del pais, sino tambien identificar mercados hacia donde tengo que vender esos productos. Es un error pensar que todo entraria al mercado interno. Tengo que buscar otros consumidores, y esos consumidores me dan los mercados externos. Para eso, es un factor importante en el tema del acceso al mercado. Y asi si creemos que en el caso de la UE, si tenemos un potencial importante para poder explotar un mercado mediante un acuerdo que estamos negociando, el cual nos asegure una estabilidad en cuanto a la exportacion de nuestros productos. - Si habian preferencias arancelarias ? Hay que negociarlas todos los 5 anos algo asi ? - Lo que pasa es que en ese momento la politica de la UE es no beneficiar a los paises que tengan un ingreso de renta media-alta. Ecuador ya cayo en esa categoria y por tanto del ano 2015 ya no nos beneficiariamos de esas preferencias arancelarias. Entonces ahi tendriamos un pequeno 154 inconveniente por qué claro hay productos agropecuarios importantes, y pesqueros, que estan yendo al mercado europeo. Si no firmamos el ecuador y si perdemos las preferencias nos tocara pagar aranceles. Y eso tiene un costo. - Hablan de rente petrolera ? - No en general, el nivel de ingreso de la gente. - Pero en Colombia el nivel de renta es bastante alto ? - Si, Peru igualmente ha subido su nivel de renta. Igual perderian el sistema general de preferencia. Pero a ellos no les importa, por qué tienen el acuerdo. Hay algo importante tambien. Esta negociacion que estaria por culminar arranca hace anos paralelamente con Colombia y Peru, y fue abandonada por el Ecuador. Por eso es que Colombia y Peru llegaron antes. Y ademas, en ese tiempo de no haber negociado – es interesante lo que estas analizando ; internamente, las fuerzas productivas, las fuerzas impresariales no tuvieron una presion, no presionaron, sino que fue una iniciativa del gobierno, del ejecutivo, retomar las negociaciones, y llegar al momento en el que estamos. - El gobierno por simismo fue a retomar las negociaciones, independientemente de presiones de los grupos exportadores ? - Es lo que estoy diciendo. Exactamente. Lo cual es muy sintomatico, no ? A estas ultimas rondas de negociaciones, que han sido retomadas desde finales del ano pasado, y formalizadas en los primeros meses de este ano, se emiitieron unos comunicados de la parte de los empresariales, de los representantes de los empresarios, diciendo que apoyaban fuertemente esto. Hay un comunicado por prensa escrita, y uns de los candidatos, segundo candidato que tiene mas fuerza en la linea politica de la derecha, Guillermo Lasso, que es ademas un banquero, el escribio una carta al presidente de la republica, en la cual le decia centralmente que el apoyaba esa iniciativa y que por favor pedia que llegue adelante la negociacion y que toda la colaboracion que el gobierno necesitaba iba a ser proporcionada por esta fuerza politica, por este grupo de empresarios. - Esta politica se debe a lo que Correa siempre tiene que buscar divisas para la economia ? - Indudablemente es parte de la idea, por qué nosotros tenemos una economia con un sistema rigido, que es la dolarizacion. Y para que la economia tenga un n adecuado, necesita liquidez generada por ingresos de divisas No podemos generar moneda. Entonces las exportaciones son bien importantes para que haya liquidez en la economia. Y si tenemos el riesgo de verse afectadas nuestras exportaciones, va a generar problemas internos. - Usted piensa que esas necesidades estructurales pueden tropiezar el proyecto de cambio de matriz productiva, sobre todo para desarrollar un mercado interno, industrias o servicios con mayor valor agregado ? No hay una contradiccion ? - Yo creo que depende del punto de vista de... cuales son los elementos que impulsaran de manera mas fuerte el cambio de la matriz productiva. Pareceria ser mirando desde una optica muy conceptual, que si firmas un acuerdo comercial con un pais de la Union Europea, vas a tener que liberalizar el mercado, eliminar aranceles, van a limitarse unas de las politicas, de los instrumentos de politica comercial como la politica arancelaria, este es, en el desarrollo de nuevos sectores que 155 generen ese cambio de matriz productiva. Esto desde el punto de vista conceptual se podria mirar y entender asi. Pero desde el punto de vista de la pragmaticidad, hay varios elementos que juegan. Un elemento es : que hago yo, que saco yo si no habro mercados por qué mi mercado no es muy grande. Entonces, donde dirijo todos mis productos o los sectores que voy a desarrollar en el cambio de la matriz productiva ? Y eso tambien es un factor importante en cuanto a como los agentes toman una decision de inversion. Por decirte un ejemplo, si es que manana se decide desarrollar determinada produccion agricola, yo como inversionista veo que hay muchos actores que van a desarrollar el mismo producto agricola, y no tengo sino unicamente el mercado interno donde enviar, voy a tener precios bajos. Y por tanto a lo mejor mi inversion no la voy a entregar. Por tanto me limite a invertir. Pero si a lo mejor tengo un espacio para decir : “si, parte voy a vender en el mercado interno pero tambien otra parte voy a vender en el mercado externo” a lo mejor me ouede llamar la atencion invertir. Por otro lado, no solo la politica arancelaria juega un factor determinante en cuanto al desarrollo de un sector productivo, o encadenamientos productivos. Esta la politica de credito, esta toda la politica de estabilidad economica que tambien es un factor importante a la hora de tomar una decision de inversion, y en tercer lugar el fortalecimiento institucional que de los suficientes impulsos y sotenes para el apoyo que deben tener los diferentes sectores. El acuerdo tampoco es que me cierra puertas en cuanto a manejo de politicas. Y a veces son malas interpretaciones. Justamente, mirando el tema del desarrollo de la matriz productiva, y mirando justamente los sectores que se pretende impulsar dentro de la matriz productiva, por decirte los plazos para el proceso de apostura del mercado ecuatoriano para determinadas lineas, no es inmediata, tiene su periodo de tiempo. 10 anos, en unos casos. Hay herramientas que se estan negociando en el acuerdo como son las medidas de salvaguardia y ahi se esta acordando por qué ya se esta colgando, el uso de una salvaguardia para el desarrollo de industrias nacientes. - Con compras publicas ? - No, esto es un elemento con las compras publicas, la otra es para el actor privado. Tu por ejemplo desarrollas la industria de tractores, hoy no tenemos tractores... o medicinas o equipos medicos. A lo mejor tu puedes decir “pero esta abierto con la UE y me pueden traer productos medicos y no voy a poder competir”. Pero tu puedes solicitar al gobierno : “mire, estoy desarrollando esa industria, quiero acogerme a la salvaguardia de industria naciente”. Entonces, se puede usar ese instrumento para dar nuevamente un periodo de proteccion de esa industria hasta que se la desarrolle. Son herramientas, instrumentos que se estan negociando dentro del acuerdo. Ahora, indudablemente que todo tiene una temporalidad. No podemos esperar 100 anos o 200 anos a esperar esa industria. Si una industria en un plazo de 10, 12 anos no ha logrado un desarrollo, no hay industria. Entonces, se tiene dentro del acuerdo este instrumento, no le veo yo como contradictorio. Hay elementos que a lo mejor, si, podrian limitar ciertos aspectos, pero en terminos generales creo que el acuerdo va a dar ciertas autonomias en el manejo de la politica para poder desarrollar la matriz productiva. Por ejemplo se estan que desarrollan empresas publicas para desarrollar industrias como la siderurgica y ese tipo de cosas, el acuerdo no te impide. Lo que te pide el acuerdo es : fijete en lo que dice la OMC, y como somos parte de la OMC, tenemos que cumplir esas normativas de la parte multilateral. - Entonces ustedes no identifican discrepancias realmente insolubles entre los distintos sectores empresariales, hay una politica de conciliacion entre los intereses de la industria que produce para el mercado nacional, el mercado agricola o agroindustrial que produce para exportacion, hay una voluntad de hacer un arbitraje general que satifaga a todos ? 156 - En este momento lo estamos manejando asi. Justamente no se ha dado un ambiente de conflicto entre sector exportador y sector para el mercado interno, es que justamente se ha venido manejando hasta el momento este... tratando de equilibrar estas grandes frentes. No te quito, ni te puedo negar que al terminar a negociacion... vamos a ver. Y en un momento dado de la negociacion tendremos que establecer el balance del caso para determinar ciertas decisiones que se tome, pero esta cierto que se esta estructurando los plazos, la herramientas necesarias para que los sectores los sectores no se sientan afectados al menos en el corto plazo. Si tendran que adaptarse en un periodo de ajuste en el mediano o largo eso va a ser necesariamente. Pero estamos dando todos los pasos suficientes para que ese proceso se de. Hoy, se esta logrando mantener la negociacion de manera equilibrada. Por decirte, en el ambito industrial, el 66% de lo que importamos de la UE en este momento, son productos de los que el Ecuador aplica un arancel de 0%. Esta liberalizado. Si estamos mirando el resto. Entonces el 66% de lo que viene de la UE, no hay problema. 157 Annexe 9 Entretien avec Santiago Izquierdo - Puede definirse a simismo politicamente ? - Trabajé 22 anos en el servicio publico, y siempre he estado del lado de la parte tecnica, entonces no tengo una orientacion mas de elaboracion de politicas publicas. Tengo una trayectoria de servicio publico bastante amplia. - Cual es exactamente lo hace usted aqui ? - Yo trabajo aqui en la asesoria al viceministro de negociaciones comerciales, defensa comercial e integracion regional. Es un viceministerio que cumple todas esas tres areas y soy asesor del viceministro. - Como llego a ocupar ese cargo ? - Fue una invitacion personal del viceministro, yo estaba asesorando a otro ministro. Al ministro de la politica economica. Y el viceministro me invito a ocupar este tipo de trabajo a partir de noviembre del ano pasado. - De que ministerio tiene una vision global ? - Desafortunadamente, en esa ultima trayectoria profesional, tengo desde el lado de ministerio de finanzas, hacienda publica ; tambien trabaje en la superintendencia de bancos, y despues me vincule al desarrollo social. Estuve trabajando durante unos 7 anos en lo que era la politica de desarrollo social del pais, la construccion de indicadores, de indices, de propuestas de politica publica vinculadas con la politica, incluso tanto internacional como multicultural. Y despues, hace como 4 anos, 3 anos, estoy trabajando en la politica economica. Y luego vine a trabajar aca, en el comercio exterior. - Tiene una vision global sobre los ministerios donde trabajo, tiene la idea de si hay ministerios mas vinculados con ciertos sectores empresariales ? - Si, evidentement, totalmente. Los que mas tienen una vinculacion son los ministerios que estan dentro del ministerio de coordinacion del sector productivo. Y son este ministerios de coordinacion del sector productivo, esta el ministerio de comercio exterior y el ministerio de industrias, y el ministerio de agricultura, ganaderia y pesca. Estos ministerios, en conjunto con un sector de servicios, que son servicios empresariales de turismo, hacen todo el engramado, toda la architectura lo que tiene qe ver con el sector productivo empresarial. Y basicamente nosotros como ministero de comercio exterior, tratamos continuamente, diariamente, con importadores, con exportadores... con sector productivo vinculado con el comercio exterior pero tambien con la produccion interna : agricola, industrial, de servicios. - Por ejemplo, el ministerio de industrias, se vincula mas con ciertos sectores ? - Yo entiendo, y yo pienso que si. Historicamente ese ministerio ha tenido una vinculacion ahora en el cambio de la matriz productiva, esta teniendo una actoria importante, el ministerio tiene a su cargo tambien un sector importante que es el sector de mediana y pequena empresa, nosotros 158 tenemos tambien una vinculacion con ese sector, y tenemos una vision por el lado del equipo de trabajo por qué respondemos, de trabajar tambien con actores mas individuales que son los actores de la economia popular y solidaria. Por qué ? Por qué esos actores son los que producen bienes que son muy apetecidos, muy demandados en el mercado internacional, por qué son bienes que son sustentables, son bienes que tienen una certificacion digamos de comercio justo, entonces esos actores a nosotros nos interesa impulsar, de hecho trabajamos con ellos, por qué tienen un amplio mercado, sobre todo en Europa. - Y en particular, Ramiro Gonzalez sabe si tiene vinculos con sectores particulares mas que con otros ? - Podria decir que si. - Yo escuché que el tenia una relacion particular con Adelca. - Basicamente esta relacion esta sotenida en ese momento por el diseno y la construccion de todo lo que tiene que ver con el cambio de la cocina a gaz a la cocina de induccion, entonces fabricar la cocina de induccion, electrica, y tambien los ustensillos de cocina que se necesitan. Se necesitan 3 millones de ustensillos, en un conjunto de 4 piezas por familia digamos. Entonces eso es una estrategia que en ese minuto estan tratando de ... estan desarrollando, ahi hay una fuerte... un concurso que va a generar empresas que ganen ese concurso de diseno y de construccionfabricacion de las oyas. De los ustensillos de cocina. Son de aluminio y de acero. Ramiro Gonzalez tiene que tener una relacion de negociacion con la principal empresa que tiene a su cargo ese trabajo. - El mismo no trabajo con Adelca ? - No, eso seria dificil que ocurra por qué la ley ecuatoriana tiene varios parametros que impiden una participacion, una vinculacion que podria salir de los canones de la politica publica y la politica privada. Entonces ahi, varias reglamentaciones, normas de impedirian eso. - Lo que usted plantea es que Ramiro Gonzalez tiene vinculaciones mas con el sector industrial nacional que produce para el mercado interno, y esta tratando de aprovechar ese sector para lograr las transformaciones de la matriz productiva ? - Si. - Hubo un cambio importante en la institucionalidad del cambio de la matriz productiva. Antes lo asesoraba al mas alto nivel el ministerio coordinador de la produccion, hubo una pelea con René Ramirez por qué no tenian la misma vision, y despues se subio el nivel de decision a la Vicepresidencia, y el segundo nivel seria el ministerio de industrias. Usted ve una diferencia entre las vinculaciones que tiene ahora Ramiro Gonzalez con ese sector nacional industrial siderurgico, y las vinculaciones que podia tener Nathalie Cely ? - No las veria como diferencias tan radicales si se ve que los actores, en ese caso, vienen de dos vertientes totalmente distintas, Ramiro Gonzalez responde tambien a un trabajo anterior, es un personaje politico muy reconocido, lidera ademas una agrupacion politica con importante fuerza, y la senora Cely a cambio es una tecnocrata vinculada con sectores academicos, empresariales de la Costa del Ecuador. Y ha hecho un trabajo importante en el Codigo de la Produccion cuando estuvo 159 como ministra. Lo que yo en ese momento veria es que hay una ... plasmar los cambios que estaba originalmente pensados, por qué eso es una debilidad del Ecuador : nostros pensamos, disenamos planificamos y luego en un momento dado eso no necesariamente se aplica, se implementa, se llega a la practica por los diversos canales politicos no fluye la decision, y es por eso como tu senalas que se jalo el nivel y ahora el cambio de la matriz productiva depende ... esta muy altamente direccionado desde la misma Vicepresidencia. Con aval, con apoyo muy fuerte del presidente evidentemente. Por qué hemos estado algunos anos, y recien estos ultimos meses de gobierno desde que asumo el nuevo mandato, el nuevo periodo presidencial estaria implementandose esta iniciativa. Que es ademas muy necesaria, que debio implementarsela con anterioridad. - Entonces, lo que plantea con Nathalie Cely es que ella tiene mas vinculos con sectores empresariales de la Costa, pero que no se tradujo por una orientacion de las politicas explicita a favor de estos sectores empresariales de la Costa ? No hubo una diferencia radical en la gestion de Cely y la de Ramiro Gonzalez ? - Yo pensaria que si, hay una diferencia respondiendo a este iniciativa. La senora Cely es una senora vinculada historicamente a los sectores intelectuales, academicos y tambien de consultoria de la zona de la Costa del Ecuador, y produjo un cambio importante. La gestion suya fue la que propicio este cambio que llevo al Codigo Organico de la Produccion y la Inversion. Es una iniciativa muy potente. Y el devenir historico fue que esas fuerzas internas, entre la planificacion y el sector de produccion, si entre la Senplades y ... se haya definido por el lado de que se agotaron esas circunstancias y los dos funcionarios cabeza de eso cambiaron sus funciones. Y una persona llego a la embajada mas importante del Ecuador en el exterior. Y la otra persona se le cayo de [?]. - Se cambio el nivel de decision, se hizo tambien una mezcla entre lo que queria hacer René Ramirez y lo que queria hacer Nathalie Cely, pero ... Usted identifica una ruptura entre la gestion de Cely y la de Ramiro Gonzalez ? - Totalmente. Ademas los dos tienen un nivel jerarquico diferente por qué el uno es ministro de lo que implica aca una linea mas operativa, y la otra es de linea de planificacion de politica, de coordinacion. Entonces, identifico eso. - Identifica discrependias que pueden existir entre Ramiro Gonzalez y Jorge Glass con respecto al cambio de matriz productiva ? - Entiendo que al principio habian unas discrepancias que han sido sobrepasadas. El Vicepresidente ha tenido la posibilidad de alinear a esa idea que tiene de la matriz productiva al senor Gonzalez. Y este minuto, hay una completa sincronia en lo que esta pensando la Vicepresidencia y lo que tiene que implementar el senor Gonzalez a traves del ministerio de industrias. Al principio no habia esa. - En que radicaban sus oposiciones ? - En que el ministerio de industrias estaba pensando mucho en el mercado interno. - Eso tambien se explica por ... - Por las relaciones que tiene. - Y jorge Glas ? 160 - Apertura. Mucho mas de apertura al sector externo. Jorge Glas es un tipo que mira mas al contexto de la negociacion con la UE, el esta uno de los que esta impulsando muy fuerte esto. - Y el es de la Costa Jorge Glas. Y el se enfoca mas sobre un sector en particular o tiene vinculos con una empresa ? - No, yo diria que no. El es ingeniero en comunicacion, viene de un sector nada empresarial, absolutamente nada empresarial, nada vinculado. Y su orientacion es una orientacion que responde a la presidencia, abrir la economia hacia el sector exportador para poder sostener la dolarizacion. - Tiene mas o menos el mismo enfoque que Nathalie Cely ? - Lo identifico como un claro paralelo a ella. Por el mismo tema de lo que esta liderando. Tomo como su punto de liderzago y su punto principal el cambio de la matriz productiva. - Para sintetizar un poco lo que usted me ha dicho, primero hay algo muy importante que es las necesidades del Ecuador : atrear divisas, mantener un nivel de exportaciones, tratar de que no les afecta la concurrencia de Peru y Colombia, que sn necesidades vinculadas con realidades internacionales, y del otro lado hay esa politica de desarrollo, industrializacion, de cambio de la matriz productiva, y en esa politica tratan de hacer un arbitraje entre los distintos sectores. El ministerio de industrias seria mas vinculado con industrias que producen para el mercado interno como la siderurgica, y Glas y Cely tienen o tenian mas vinculos con los sectores que exportan. Entonces, Glas y Cely tienen el vinculo con el mismo sector por ser de la Costa ? - Si. - Y eso no se traduce en la practica de las politicas de transformacion de la matriz productiva por una pelea muy fuerte. Hay como un pacto. - Si. Un entendimiento de no agresion, de no perjudicar al unos para favorcer al otro. - Entonces hay una situacion de equilibrio. Eso es bastante nuevo, por qué antes los exportadores comian a todos no ? - Atacaban. Y como tenian participacion politica directa no tenian problema en las leyes, o en la elaboracion de las normas, podian ser cambiadas para conformarse a su provecho, a su interes. Es algo muy importante. Pienso que es lo que podemos, en esos teas, comentar. - Usted puede identificar grupos que tienen mas peso que otros en las politicas del gobierno ? - Identifico un equilibrio movil. Y una fuerza muy importante a favor del grupo que representa el senor Gonzalez. Por qué el tiene 41 alcaldes electos de su agrupacion politica. Y la division seccional del ecuador es muy importante a la hora de tomar decisiones. Por qué las ciudades, por pequenas que sean, pueden estar ... no son actores politicos solitarios sino que disponen de un poder importante con la vinculacion con el agro. Con la produccion de alimentos. - Para el mercado interno ? 161 - Para el mercado interno. Pueden ser elementos de bloqueo. Incluso del mismo bloqueo como ... fisico. Ciudades pueden interrumpir el trafico de alimentos hacia las ciudades. Por qué son los mismos productos que hacen la canasta basica en el pais. 162 Annexe 10 Interventions transversales prévues par le Copci dans le cadre de la transformation de la matrice productive (document de travail issu du ministère coordinateur de la production) 163 Annexe 11 Objectifs stratégiques prévus par le Copci dans le cadre de la transformation de la matrice productive (document de travail issu du ministère coordinateur de la production) 164 Annexe 12 Les noeuds critiques de la transformation de la matrice productive : secteurs productifs et chaînes productives priorisés par le Copci (document de travail issu du ministère coordinateur de la production) 165 Annexe 13 Les politiques inter-sectorielles prévues par le Copci dans le cadre de la transformation de la matrice productive (document de travail issu du ministère coordinateur de la production) 166 167