I 21 V OT R E A CT UAL I T É S OCI O- P ROF E S S IONNE L L E L’insuffisance cardiaque au cœur des débats du Parlement Lors de la Journée mondiale du Cœur qui s’est tenue le 29 septembre, le Heart Failure Policy Network (HFPN)*, un réseau qui rassemble des parlementaires, des patients et des professionnels des soins de santé de toute l’Europe, lançait au Parlement européen une initiative visant à s’attaquer de front à l’insuffisance cardiaque, une bombe à retardement en termes de santé publique. ors de cette journée, le Dr Pierre Troisfontaine, cardiologue, vice-président de «Mon Coeur Entre Parenthèses», première association belge de patients souffrant d’insuffisance cardiaque et vice-président du groupe de travail sur l’insuffisance cardiaque, le BWGHF (Belgian Working Group on Heart Failure), avait l’honneur de lancer le Heart Failure Policy Toolkit, qui a été développé au sein du Heart Failure Policy Network pour fournir aux décideurs et aux parlementaires les ressources nécessaires pour mieux comprendre les enjeux et les défis que représente l’insuffisance cardiaque et pour que celle-ci devienne une priorité en termes de santé au sein de l’Union européenne. L Pourquoi cette initiative? Les chiffres sont éloquents: en Europe, 15 millions de personnes souffrent de cette maladie et l’on estime qu’un Européen sur cinq est à risque de la développer au cours de sa vie. C’est également la principale cause d’hospitalisation des personnes âgées de plus de 65 ans. De plus, les prévisions sont sombres. Si l’on ne fait rien, on attend une augmentation de 30% du nombre d’insuffisants cardiaques d’ici à 2030 du fait entre autres du vieillissement de la population. Plans nationaux Et l’Anglais Ian Duncan, membre du HFPN et du Parlement européen, de plaider pour que chaque pays développe son propre plan en fonction des réalités de terrain. «L’insuffisance cardiaque est la plus grande menace portant sur nos systèmes de soins de santé. Nous devons élaborer des plans nationaux afin de trouver une solution à cette pathologie avant qu’il ne soit trop tard. Il s’agit d’une pathologie qui affectera un jour une personne sur cinq, parmi nous. Cependant, seuls 3% d’entre nous savons comment en reconnaître les symptômes». Le Dr Gonzalez Juanatey, membre du HFPN et président de la Société espagnole de cardiologie, a ensuite enchaîné sur l’importance d’une prise en charge multidisciplinaire de ces patients insuffisants cardiaques. «Nous devons faire en sorte d’adopter une approche pluridisciplinaire et axée sur le patient afin que la santé des patients ne soit plus inférieure à celle des patients atteints des cancers les plus courants. L’insuffi- JS2132F «Notre objectif principal au sein du réseau HF Policy Network est donc de sensibiliser les décideurs politiques à tous les niveaux, que ce soit au niveau européen, national ou même régional, et de faire prendre conscience de la gravité et de l’importance que représente l’insuffisance cardiaque en termes de santé publique. C’est dans cette optique que nous avons développé cette boîte à outils, accessible en ligne (http://www. hfpolicynetwork.eu)», affirme Pierre Troisfontaines. www.lespecialiste.be «Nous disposons d’une occasion de prendre la bonne décision. Si nous échouons, nous serons submergés par une déferlante de coûts», a déclaré Nick Hartshorne-Evans, président de l’association de patients insuffisants cardiaques, Pumping Marvellous. Faciliter la prévention Pour la Belgique, le Dr Troisfontaines a rappelé que la volonté est d’améliorer l’accès aux outils et tests de diagnostic, comme l’échocardiographie et des dosages sanguins, qui peuvent être utilisés en première ligne pour confirmer rapidement le diagnostic d’insuffisance cardiaque. «Ces outils font partie des recommandations européennes pour une meilleure prise en charge de l’insuffisance cardiaque. Malheureusement, la Belgique est à la traîne en ce domaine et certains tests comme le BNP/NT-proBNP sont remboursés chez nos voisins mais ne le sont toujours pas chez nous.» Par ailleurs, le cardiologue belge a également tenu un plaidoyer pour que les approches prônées de multidisciplinarité et d’empowerment du patient bénéficient des budgets nécessaires pour pouvoir être mises en œuvre. «Il faut favoriser une approche centrée sur le patient où celui-ci est impliqué dans sa prise en charge et où il est acteur de sa propre santé pour apprendre à vivre avec sa maladie. Malheureusement, faute de moyens, ces approches ne sont que rarement développées et soutenues dans nos pays. Nous devons repenser l’organisation de nos systèmes de soins de santé et développer de nouvelles stratégies de prise en charge, en renforçant notamment la collaboration avec la première ligne.» ] Boîte à outils Cette boîte à outils comporte des données validées et des informations concises et claires, destinées à aider dans la prise de décisions. On y trouve notamment des exemples sur le coût socio-économique de cette maladie à travers l’Europe et dans les différents états membres, des témoignages et points de vue de patients, ou encore des propositions d’actions et d’initiatives à envisager aux niveaux européen et national. sance cardiaque n’est pas sur les radars des professionnels de santé, alors qu’il s’agit d’une affection dans laquelle le temps est compté.» France Dammel * A ce jour, le HFPN compte 21 membres, dont trois Belges: le parlementaire européen Marc Tarabella, la parlementaire européenne honoraire Marie-Claire Lambert, et le Dr Pierre Troisfontaines, cardiologue. Dr Pierre Troisfontaines Le Spécialiste 15-17 ] 21 octobre 2015