A la une / Actualité Actualité Les États-Unis ont une longueur d’avance Quel est l’avenir des relations internationales ? Tel est le thème développé, hier, à l’École nationale supérieure des sciences politiques (ENSSP) de Ben Aknoun (Alger). Dans son intervention, Hamoud Salhi, docteur en sciences politiques et professeur à l'université de Californie, est revenu longuement sur l’étude des relations internationales “sous le regard des chercheurs américains”, en précisant que les États-Unis ont une longueur d’avance importante sur les autres pays de la planète, en matière de recherche dans cette “spécialité”. En effet, c’est dans les années 1930 qu’ont été créées aux USA les premières chaires de relations internationales. Au lendemain de la Première Guerre mondiale, les Américains étaient en fin de compte disposés à faire face au besoin de développer une étude scientifique de la politique internationale. L’invité de l’ENSSP a, en outre, mis en exergue l’idée que l’agenda de recherche des relations internationales reste très vaste, en nous renvoyant, non seulement aux questions de mondialisation et de souveraineté nationale, mais également au rôle des organisations internationales, dont les ONG, au développement économique, au crime organisé, à la prolifération nucléaire, au phénomène du terrorisme, aux droits de l'Homme et à d’autres enjeux. De l’avis de M. Salhi, les sciences sur les relations internationales “prennent en compte six à sept sujets”, parmi lesquels figurent la société civile ou “le pouvoir civil”, le droit international et la démocratie. Dans son analyse de l’évolution des “théories”, le conférencier a passé en revue l’école du “réalisme”, la première école des relations internationales apparue aux États-Unis, puis l’approche “libérale” (au sens du libéralisme politique) et celle du marxisme. Arrive enfin l’école du mondialisme qui considère que la société Monde rassemble une multiplicité d’acteurs, dont les ONG ou les firmes multinationales. Les acteurs de la société internationale, dira l’orateur, entretiennent entre eux de nombreux liens et des transactions diverses qui font penser à “une toile d’araignée”. Plus loin, il s’est remémoré les transformations scientifiques, technologiques de grande ampleur ayant eu lieu à chaque étape de l’évolution des relations internationales citant, entre autres, les bouleversements à caractère politique, la transformation des règles du jeu international après la chute du camp socialiste et l’internationalisation du fait social. Sans omettre de rappeler cette fameuse théorie du “choc des civilisations” si chère à Samuel Huntington. En marge de la conférence, des étudiants ont observé que la théorie des relations internationales est encore dominée par les chercheurs américains, qui se laissent guider par “leurs valeurs et leur vision des choses”. Des chercheurs appartenant, selon eux, à la première puissance mondiale qui fonctionne encore par “la force” et qui ne cache pas ses ambitions, quant à “la domination de plusieurs parties du monde, plus particulièrement le monde arabo-musulman, en raison de ses importantes ressources naturelles et de la localisation stratégique de certains pays”. La rencontre d’hier a aussi délié les langues sur la problématique du “nouvel ordre mondial”, faisant dire à certains que “l’après-11 Septembre 2001 a changé la donne”, référence faite à la guerre sans merci menée contre les terroristes et des États, “jugés dangereux, parce qu’ils veulent détenir l’arme nucléaire ou les armes de destruction massive”. D’autres, en revanche, ont rappelé la seconde invasion de l’Irak, en 2003, par les USA, signalant que “ce pays a agi seul sans respect à l’ONU ni à ses valeurs de paix”. “Les Américains veulent contrôler la mondialisation”, a déclaré de son côté un enseignant sous l’anonymat, notant que “les droits de l’Homme, la démocratie, les technologies de la communication et la mondialisation des cultures sont devenus malheureusement des instruments de pression et de déstabilisation”. H. A