RESSOURCES EN EAU DANS L`AGRICULTURE

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Réunion OCDE des ministres de l’agriculture 2010
Note d’information n° 2
RESSOURCES EN EAU DANS L’AGRICULTURE :
PERSPECTIVES ET ENJEUX DE L’ACTION PUBLIQUE
L’agriculture mondiale va devoir relever un défi colossal dans les quarante prochaines années :
produire près de 50 % de nourriture en plus d’ici à 2030 et doubler la production à l’horizon 2050. Il
lui faudra probablement y parvenir avec moins d’eau, principalement à cause des pressions
exercées par une urbanisation croissante, l’industrialisation et le changement climatique. Par
conséquent, à l’avenir, il faudra que les agriculteurs reçoivent les bons signaux, de manière à ce
que l’utilisation de l’eau soit plus rationnelle et à ce que sa gestion en agriculture s’améliore,
d’autant plus que ce secteur est le principal utilisateur d’eau dans la plupart des pays.
Prélèvements d’eau dans le monde de 2000 à 2050 : projections de l’OCDE
Part de l’agriculture dans les prélèvements totaux
6 500
6 000
5 500
5 000
4 500
4 000
3 500
3 000
2 500
2 000
1 500
1 000
500
0
%
Part de l'agriculture dans les prélèvements totaux
Utilisation d'eau (km3 )
Par secteurs
Activités manufacturières
Electricité
Usages domestiques
Agriculture
2000
2005
2030
2050
100
90
80
70
60
50
40
30
20
10
0
2000 2005 2010 2015 2020 2025 2030 2035 2040 2045 2050
Années
Projections sur l’eau à l’horizon 2050
ces pays, ce qui nécessitera de perfectionner la
gestion des ressources en eau en agriculture dans les
pays de l’OCDE, en veillant à ce que les besoins de
l’environnement soient satisfaits.
Les projections de l’OCDE concernant l’utilisation
d’eau à l’horizon 2050 mettent en évidence
plusieurs problèmes auxquels devront s’attaquer
les responsables de l’action publique. Par
exemple, la proportion de la population mondiale
soumise à un stress hydrique prononcé, qui vit
principalement dans les pays en développement,
devrait passer de 44 % en 2005 à 47 %. Il se pourrait
Si la hausse des prix de l’eau et de l’énergie se
répercutait sur les prix des aliments, elle pourrait
stimuler l’adoption des technologies modernes
d’irrigation, ce qui économiserait de l’eau et élèverait
les rendements. Néanmoins, cela risquerait aussi de
provoquer le développement de l’irrigation sur les
terres fragiles.
que l’agriculture ait besoin de moins en moins d’eau,
en valeur absolue comme en pourcentage du volume
utilisé à l’échelle mondiale, moyennant des
améliorations du rendement hydraulique.
Plusieurs stratégies de gestion des exploitations et
approches technologiques sont appliquées dans
l’optique d’améliorer la gestion des ressources en eau.
Le développement de cultivars qui résistent à la
sécheresse en est un exemple. L’accent est mis
également sur les outils d’aide à la décision
permettant d’étayer les stratégies de gestion de l’eau,
comme les liaisons informatiques entre les appareils
de mesure de l’humidité du sol et les réseaux
d’irrigation au goutte à goutte.
Beaucoup de pays d’Asie, d’Afrique et du
Moyen Orient figureront parmi ceux où la pression
exercée sur les ressources en eau sera la plus forte,
en grande partie à cause de l’augmentation des
volumes utilisés en dehors de l’agriculture. La
technologie et l’amélioration de la gestion des
ressources peuvent se révéler utiles.
Les membres de l’OCDE continueront d’exporter
massivement des produits agricoles à destination de
1
Changement climatique, agriculture et eau
inondations. Cependant, il est difficile de mettre en
évidence et de chiffrer l’efficience économique et
l’efficacité environnementale globales du soutien
agricole du point de vue des ressources en eau, et des
analyses supplémentaires sur les relations de causes
à effets sont nécessaires.
Le Groupe d’experts intergouvernemental sur
l’évolution du climat et de nombreux organismes
publics des pays de l’OCDE prévoient que les régimes
hydrologiques vont se modifier et devenir variables
sous l’effet du changement climatique. En ce qui
concerne l’agriculture, cela suppose des changements
dans le calendrier saisonnier des précipitations et de
la fonte des neiges, ainsi qu’une multiplication et une
aggravation des inondations et des sécheresses.
Les pays de l’OCDE ont dans une certaine mesure
réduit le niveau du soutien et découplé celui-ci de la
production et de l’utilisation d’intrants (dont l’eau et
l’énergie). Ces réformes se traduisent par une
utilisation plus efficace de l’eau, une meilleure
adaptation à la rareté de l'eau et une diminution de la
pollution en dehors des exploitations.
Les approches de l’atténuation et de l’adaptation
appliquées dans l’agriculture devront être renforcées.
Elles seront probablement plus efficaces si elles
s’inscrivent dans des stratégies à long terme
étroitement liées aux réformes de la politique agricole,
à la politique de gestion des risques et aux démarches
économiques.
Enjeux futurs
L’action publique axée sur la gestion des ressources
en eau en agriculture sera influencée à l’avenir par
des facteurs nombreux et variés. En ce qui concerne
les pays de l’OCDE, la gestion des exploitations et les
technologies agricoles, le changement climatique et la
variabilité du climat, de même que le coût du pompage
de l’eau imputable à l’énergie, seront particulièrement
importants.
Politiques de l'eau et politiques de soutien à
l’agriculture
Dans la mesure où les prévisions font état d’une
hausse de la demande de produits alimentaires et
d’eau, et d’une aggravation des pressions liées au
changement climatique, l’agriculture sera une cible
déterminante de l’action publique car elle consomme à
peu près 70 % des volumes d’eau douce prélevés
dans le monde (45 % dans les pays de l’OCDE).
Dans la publication Sustainable management of water
resources in agriculture, l’OCDE analyse les défis à
relever pour gérer les ressources en eau
rationnellement dans l’agriculture, répondre à la
hausse de la demande de produits alimentaires et
faire face aux répercussions du changement
climatique. Dans cet ouvrage, il est indiqué qu’il faudra
notamment que les responsables de l’action publique :
Les montants facturés aux exploitations agricoles pour
l’eau qui leur est fournie ont augmenté dans les pays
de l’OCDE. Souvent, néanmoins, les agriculteurs
n’acquittent que les coûts d’exploitation et de
maintenance de la fourniture de l’eau, et la part de
l’agriculture dans les coûts d’investissement dans les
infrastructures hydrauliques n’est récupérée qu’en
petite partie, voire pas du tout (cf. tableau ci-dessous).
Dans les pays où les agriculteurs paient désormais
l’eau plus cher, les données disponibles indiquent que
cela ne s’est pas traduit par une diminution de la
production agricole. Quoi qu’il en soit, les prix de l’eau
reflètent rarement la valeur de rareté et la valeur
sociale, ou bien les coûts et avantages
environnementaux.
La politique de gestion des eaux souterraines prévoit
en général un régime d’autorisations et d’autres
instruments
réglementaires.
Toutefois,
les
prélèvements illégaux d’eau souterraine sont difficiles
à mesurer et à empêcher, et ils continuent de
représenter un obstacle majeur à la durabilité des
activités agricoles.
Les mesures de soutien à l’agriculture fondées sur la
production sont susceptibles d’encourager une
utilisation moins efficiente de l’eau, d’engendrer de la
pollution en dehors des exploitations et d'aggraver les
2
1.
prennent acte de la complexité et de la diversité
de la gestion des ressources en eau dans
l’agriculture, compte tenu d’équilibres variables
entre l’offre et la demande d’eau aux échelles
régionale et nationale ;
2.
renforcent les institutions et les droits de propriété
qui ont une incidence sur la gestion de l’eau en
agriculture ;
3.
fassent en sorte que les factures acquittées par
les agriculteurs reflètent au moins les coûts de
fourniture dans leur totalité ;
4.
améliorent l’intégration et la cohérence des
politiques de l’agriculture, de l’eau, de l’énergie et
de l’environnement ;
5.
améliorent la capacité d’adaptation de l’agriculture
aux répercussions du changement climatique et
de la variabilité du climat ;
6.
s’attaquent aux déficits de connaissance et
d’information dans l’optique de mieux étayer la
gestion des ressources en eau.
1
Récupération des coûts de la fourniture d’eau de surface aux exploitations agricoles
2
dans les pays de l’OCDE - 2008
Récupération de 100 % des coûts d’exploitation, de maintenance et d’investissement :
Autriche ; Danemark ; Finlande ; Nouvelle-Zélande ; Royaume-Uni ; Suède
Récupération de 100 % des coûts d’exploitation et de maintenance, mais de moins de 100 % des coûts
d’investissement :
Australie ; Canada ; États-Unis ; France ; Japon
Récupération de moins de 100 % des coûts d’exploitation, de maintenance et d’investissement :
Espagne ; Grèce ; Hongrie ; Irlande ; Italie ; Mexique ; Pays-Bas ; Pologne ; Portugal ; Suisse ; Turquie
Récupération de moins de 100 % des coûts d’exploitation et de maintenance, et coûts d’investissement
subventionnés en totalité :
Corée
1. Le coût total de la fourniture d’eau aux exploitations comprend : les coûts d’exploitation et de maintenance (entretien
et réparation des infrastructures d’irrigation, par exemple) et les coûts d’investissement, qu’il s’agisse du
renouvellement des ouvrages (remplacement de canaux d’irrigation, par exemple) ou de la construction d’ouvrages
nouveaux (édification d’un barrage, par exemple).
2. Nous ne disposons pas de ces informations sur les membres de l’OCDE suivants : Allemagne ; Belgique ; Islande ;
Luxembourg ; Norvège ; République slovaque ; République tchèque.
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