HST INTÉGRER LE RISQUE « RAYONNEMENTS ÉLECTROMAGNÉTIQUES » DANS LE DOCUMENT UNIQUE D’ÉVALUATION DES RISQUES PROFESSIONNELS Les applications industrielles des ondes électromagnétiques se sont multipliées au cours des dernières années. Elles sont susceptibles d’exposer les opérateurs à des champs électromagnétiques supérieurs aux limites définies par la Directive 2004/40/CE du parlement européen et du Conseil du 29 avril 2004. Un recensement a permis d’identifier les équipements les plus rayonnants qui ont été classés en 8 familles : le soudage par résistance, les magnétiseurs, le chauffage par induction, la magnétoscopie, le soudage par pertes diélectriques, l’électrolyse, l’imagerie par résonnance magnétique, les micro-ondes. L’effectif d’équipements par famille a été estimé par une enquête de marché qui a dénombré notamment plusieurs dizaines de milliers de machines du type soudage par résistance ou magnétiseurs. Cette enquête a permis d’en déduire qu’au moins 100 000 opérateurs seraient, en France, susceptibles d’être exposés aux champs électromagnétiques. Le bilan des valeurs d’exposition des opérateurs à leur poste de travail a été dressé par famille d’équipements. Un groupe constitué d’experts de l’INRS et des neuf Centres de mesures physiques des CARSAT/CRAM a mesuré les champs électromagnétiques sur 635 postes de travail équipés de machines rayonnantes. Pour chaque mesure, un indice de sévérité égal au rapport entre la valeur mesurée et la Valeur Déclenchant l’Action (VDA) recommandée par la Directive 2004/40/CE du parlement européen et du Conseil du 29 avril 2004 a été calculé. Les résultats montrent que pour 7 familles d’équipements sur les huit retenues, 25 à 50 % des mesures ont donné des valeurs de champs supérieures à la VDA correspondante. Ces résultats démontrent la nécessité de moyens de prévention. La plupart du temps, la réduction de l’exposition s’obtient par un éloignement du poste de travail de la source rayonnante. Des solutions techniques existent sur certains équipements tels que par exemple le blindage pour les fours microondes et les presses hautes fréquences, le patin de masse pour le soudage de bâches. L a prise de conscience de l’existence des rayonnements électromagnétiques dans l’environnement s’est accentuée ces dernières années pour le grand public avec le développement de la téléphonie mobile (GSM, UMTS…) et de nouvelles techniques de communication (4G, WiFi, WImax…). Dans le milieu industriel, les équipements de soudage par résistance, par pertes diélectriques, de chauffage par induction… utilisent des technologies sources de rayonnements électromagnétiques dont les opérateurs ne sont pas toujours conscients et dont les effets, s’ils existent, sont analogues à ceux produits par les rayonnements de la téléphonie mobile. La directive européenne « champs électromagnétiques » (directive 2004/40/ CE) [1] définit les valeurs à respecter pour les différents paramètres de l’exposition en entreprise et les actions de prévention à prendre en cas de dépassement. Elle aurait dû être appliquée en ND 2350 - 225 - 11 3 Rayonnement non-ionisant 3 Enquête 3 Entreprise 3 France 3 Evaluation des risques Philippe DÉMARET, Patrice DONATI, INRS, département Ingénierie des équipements de travail h INTEGRATING ELECTROMAGNETIC RADIATION HAZARD INTO THE UNIQUE OCCUPATIONAL RISK ASSESSMENT DOCUMENT The number of industrial applications involving electromagnetic waves has significantly increased in recent years. These applications are likely to expose operators to electromagnetic fields exceeding the limits laid down by European Parliament and Council Directive 2004/40/CE of 29th April 2004. A survey has identified the equipment emitting the most radiation and this has been classified into 8 families: resistance welding, magnetization, induction heating, magnetoscopy, dielectric loss welding, electrolysis, magnetic resonance imagery, microwaves. The equipment numbers per family was estimated by a market surveys, which specifically identified several tens of thousands of resistance welding- or magnetization-type machines. This survey enabled us to deduce that at least 100,000 operators in France would be at risk of exposure to electromagnetic fields. An assessment of exposure levels for operators at their workstations was undertaken for each equipment family. A group comprising specialists from INRS and the 9 CARSAT/CRAM Physical Measurement Centres measured electromagnetic fields at 635 workstations fitted with radiation emitting machinery. For each measurement, a severity index corresponding to the ratio of the measured value to the action-triggering value (ATV) recommended by European Parliament and Council Directive 2004/40/CE of 29th April 2004 was calculated. The results show that, for 7 equipment families out of the 8 retained, 25 - 50% of measurements gave electromagnetic field values exceeding the corresponding ATV. These results demonstrate the need for prevention means. In most cases, exposure reduction is achieved by moving the workstation away from the radiation source. Technical solutions do exist for certain equipments, such as shielding for microwave ovens and high-frequency presses, a grounding pad for tarpaulin welding, etc. 3 Non-ionising radiation 3 Survey 3 Company 3 France 3 Risk assessment INRS - Hygiène et sécurité du travail - 4e trimestre 2011 - 225 / 45 avril 2008 mais dès l’annonce de la mise en œuvre de cette directive, les fabricants des équipements concernés, en particulier dans le domaine de l’imagerie (imagerie par résonnance magnétique IRM et RMN), ont exprimé des réserves. Ils estiment que l’instauration de valeurs limites constituerait un frein dans l’évolution des techniques utilisées. Chez les industriels, la publication de la directive a suscité des questions et demandes d’informations de plus en plus nombreuses, en particulier dans le cadre de l’évaluation des risques professionnels (document unique). Ces craintes et questions de la part des fabricants et utilisateurs de machines ont conduit à la révision de la directive et au report de sa publication à 2012. L’évaluation du risque « champs électromagnétiques » aux postes de travail n’est pas simple. Les paramètres représentatifs de l’exposition aux champs électromagnétiques sont en effet variables suivant l’application. Une publication du ministère des affaires sociales hollandais intitulée « Electromagnetic fiels in the working environment » [2] décrit une première campagne effectuée pour déterminer le risque électromagnétique présenté par les équipements industriels. Les mesureurs ont réparti les équipements émettant dans 3 catégories suivant la valeur de champ mesurée : 1 catégorie I : Environnements de travail pour lesquels il peut être supposé a priori que les valeurs d’action définies par la directive européenne 2004/40/ CE seront respectées, 1 catégorie II : Environnements de travail pour lesquels des mesures techniques doivent être prises afin de respecter les valeurs d’action définies par la directive européenne 2004/40/ CE, 1 catégorie III : Environnements de travail pour lesquels il est urgent de prendre des mesures extensives afin de respecter les valeurs limites définies par la directive européenne 2004/40/CE. Cette méthode, bien que fort intéressante, fait référence à plusieurs documents (normes CENELEC, tableaux de classification…) et nécessite la réalisation de mesurages par les entreprises aux postes de travail ce qui la rend difficile à mettre en application par les chefs d’entreprises ou les responsables de sécurité qui généralement ne disposent pas de champmètre. Rappelons que la directive demande d’évaluer les risques FIGURE 1 Quatre types de machines et pinces à souder par résistance De gauche à droite : machine à souder par points sur châssis, pince à souder à transformateur intégré, pinces à souder à transformateur déporté, machine à souder à la molette aux postes de travail. Cet article présente les résultats d’une étude systématique ayant pour objectif de : 1 réaliser un bilan des valeurs d’exposition aux champs électromagnétiques, 1 déterminer les équipements rayonnants et estimer leurs effectifs en France par rapport à la première version de la directive 2004/40/CE et à la nouvelle version 2011/0152, 1 recenser les moyens de prévention existants. Elle s’est déroulée en parallèle et en cohérence avec une campagne, lancée par la CNAMTS (Caisse nationale de l’assurance maladie des travailleurs salariés), visant à cartographier l’exposition aux « champs électromagnétiques », avec l’assistance des membres du groupe « champs électromagnétiques » INRS/CARSAT/CRAM. ÉQUIPEMENTS INDUSTRIELS RAYONNANTS Une première étape a consisté à identifier et à recenser les familles d’équipements industriels émettant des rayonnements électromagnétiques de par leur conception. Le choix a été effectué à partir de l’expérience des agents de terrain, des Centres de mesures physiques des CARSAT/CRAM. Les équipements les plus rayonnants ont été regroupés en huit familles selon leur technologie. Les principales caractéristiques des équipements composants cer- INRS - Hygiène et sécurité du travail - 4e trimestre 2011 - 225 / 46 taines de ces familles sont données dans les paragraphes suivants. Soudage par résistance Le soudage par résistance est réalisé par la combinaison d’une forte intensité électrique et d’une pression ponctuelle appliquées sur deux pièces métalliques. Ce procédé ne nécessite pas d’apport extérieur de matière. L’intensité électrique chauffe la matière jusqu’à la fusion. La pression maintient le contact entre l’électrode et l’assemblage. Cette technique est dépendante de la résistivité (résistance électrique) des matières, de l’épaisseur totale de l’assemblage et du diamètre des électrodes. Ce procédé est majoritairement utilisé dans l’assemblage de tôles d’acier de faible épaisseur (< 6 mm) telles que celles employées pour les carrosseries d’automobile. Magnétoscopie La magnétoscopie est une technique de contrôle non-destructif qui consiste à créer un champ magnétique intense à l’intérieur d’un matériau ferromagnétique. Lors de la présence d’un défaut sur son chemin, le flux magnétique est dévié et crée une fuite qui, en attirant les particules (colorées ou fluorescentes) d’un produit révélateur, fournit une signature particulière caractéristique du défaut. Les presses de soudage par pertes diélectriques Le procédé de soudage par pertes diélectriques est utilisé pour la soudure étanche instantanée des produits thermoplastiques. Les molécules du produit HST ND 2350 - 225 - 11 FIGURE 2 FIGURE 3 FIGURE 4 Exemple de poste de contrôle par magnétoscopie Presse à souder par pertes diélectriques Cuves à électrolyse pour l’étamage des tôles FIGURE 5 FIGURE 6 Appareil de diagnostic médical IRM Tunnel de séchage de céramiques par micro-ondes sont soumises à un champ électrique de haute fréquence. Les vibrations moléculaires intenses engendrent, par le frottement des molécules, un échauffement interne suffisant pour entraîner le ramollissement et le soudage des matériaux entre eux. La fréquence du champ électrique est généralement de 27 MHz mais on rencontre également des générateurs fonctionnant à 13, 6 MHz. Les soudeuses hautes fréquences sont généralement utilisées dans : 1 la confection d’articles d’emballage et de conditionnement, 1 l’habillement, 1 la maroquinerie plastique : garnitures de bureau, porte-documents, serviettes d’écoliers, couverture de livres, porte-cartes, porte-billets, sacs à main, 1 les jouets et articles de jeux de plein air : ballons et matelas gonflables, canots gonflables, 1 l’équipement intérieur des automobiles et les assemblages industriels complexes pour le capitonnage des portes et des parois. Les équipements d’électrolyse industrielle L’électrolyse est une méthode qui permet de réaliser des réactions chimiques grâce à une activation électrique. C’est le processus de conversion de l’énergie électrique en énergie chimique. Elle permet la séparation d’éléments ou la synthèse de composés chimiques. Les principales applications sont : 1 la production de dihydrogène par électrolyse de l’eau, 1 la production de chlore par électrolyse, 1 le plaquage par électrolyse qui consiste à recouvrir des objets d’une mince couche régulière d’un métal généralement précieux ou d’un alliage : dorure, argenture, nickelage, chromage, cadmiage, cuivrage... 1 la production d’aluminium par électrolyse. Les équipements d’imagerie par résonance magnétique (IRM) et de résonance magnétique nucléaire (RMN) L’imagerie par résonance magnétique (IRM) est une technique d’image- rie médicale permettant d’obtenir des vues 2D ou 3D de l’intérieur du corps humain de façon non-invasive avec une résolution relativement élevée. L’IRM repose sur le principe de la résonance magnétique nucléaire (RMN) qui utilise certaines propriétés des noyaux atomiques pour la spectroscopie en analyse chimique. L’IRM nécessite un champ magnétique puissant et stable, produit par un aimant supraconducteur qui crée une magnétisation des tissus. Des champs magnétiques oscillants plus faibles, dits radiofréquence, sont alors appliqués de façon à légèrement modifier cet alignement et produire un phénomène qui donne lieu à un signal électromagnétique mesurable. Les équipements industriels de chauffage par micro-ondes Un four à micro-ondes est un appareil utilisé principalement pour le chauffage rapide de produits, par agitation des molécules d’eau qu’ils contiennent sous l’effet d’un rayonnement micro-ondes (f = 2,45 GHz). Dans l’industrie, les fours micro-ondes sont utilisés pour des opérations de décongélation, de cuisson, de pasteurisation, de séchage, de collage... Répartition par familles des équipements au niveau du parc français L’INRS a confié au cabinet ERDYN Consultants une enquête afin de connaître la répartition du nombre de machines dans chaque famille au niveau du parc français. 58 entretiens téléphoniques auprès des fournisseurs de ces équipements ou d’instances professionnelles ont été réalisés. Les données recueillies au cours de ces entretiens ont INRS - Hygiène et sécurité du travail - 4e trimestre 2011 - 225 / 47 Estimation du parc français de machines rayonnantes 100 000 10 000 1000 Les équipements les plus nombreux sont le soudage par résistance, les magnétiseurs-démagnétiseurs, le chauffage et soudage par induction, la magnétoscopie, le soudage par pertes diélectriques. Au total, si on suppose qu’à chaque poste de travail est associé un opérateur, on peut estimer qu’au moins 100 000 personnes travaillent à proximité de ces équipements. µon de s IR M -R M N d El ec tr .In di el es So ud /P er t né to sc op ie du ct io n ag dé m n- In M ag So ud /R és is ta nc e n 100 M ag La Figure 7 donne sur une échelle logarithmique, l’effectif des machines pour les huit familles. FIGURE 7 Nombre d’équipements servi de base à l’évaluation du parc français des équipements concernés. Le cas échéant des données complémentaires ont été recherchées par analyse documentaire pour vérifier la cohérence des estimations proposées (exemple : nombre d’établissements utilisateurs potentiels des équipements). Famille d’équipements TABLEAU I Liste des familles d’équipements retenues et des grandeurs mesurées correspondantes Famille d’équipements Champ électrique E (V/m) Champ magnétique H (A/m) ou Induction magnétique B (µT) Courant induit (A/m) Soudage par résistance MÉTHODES DE MESURES Magnétiseurs démagnétiseurs Chauffage par induction Magnétoscopie Soudage par pertes diélectriques Pour chaque famille, un mode opératoire de mesurage des champs électromagnétiques a été élaboré et des fiches de relevés rédigées. Le Tableau I définit les grandeurs mesurées pour chacune des huit familles d’équipements. Le Tableau II donne le type d’appareil utilisé pour chaque grandeur mesurée. L’exposition aux champs électromagnétiques aux postes de travail, s’évalue selon la directive européenne 2004/40/ CE, à partir de la valeur efficace la plus élevée des grandeurs mesurées. Pour les fréquences comprises entre 100 kHz et 6 GHz, la grandeur est moyennée sur un intervalle de temps de 6 minutes. Les mesurages des champs électriques et/ou magnétiques ont été effectués par les Centres de mesures physiques des CARSAT/CRAM et l’INRS au niveau du poste de travail, à la hauteur correspondant à la valeur maximale du paramètre mesuré par rapport à la taille d’un opérateur moyen (H = 1,75 m). Lorsque les mains des opérateurs pouvaient évoluer à proximité des éléments rayonnants (cas des soudeuses HF, par exemple), des mesures complémentaires Electrolyse Industrielle IRM-RMN Micro-ondes Paramètre(s) mesuré(s) TABLEAU II Liste des matériels utilisés pour la mesure des différents paramètres Paramètre mesuré Appareil utilisé Champ électrique E Champ magnétique Induction (V/m) H (A/m) magnétique B (µT) Champmètre équipé d’une sonde « champ électrique » adaptée Champmètre équipé d’une sonde « champ magnétique » adaptée ont été faites à ces points particuliers. Des fiches de mesure (cf. Figure 8) ont été définies pour chaque famille d’équipement et l’ensemble de ces fiches a été collecté et analysé par l’INRS. Pour chacun des résultats, nous avons comparé la valeur du paramètre mesuré (intensité du champ électrique, du champ magnétique ou de l’induction magnétique, du courant induit) à la valeur déclenchant l’action - VDA - définie par la directive européenne 2004/40/CE correspondante et calculé un indice de sévérité R égal au rapport entre la valeur de ce paramètre et celle de la VDA dans la même unité. INRS - Hygiène et sécurité du travail - 4e trimestre 2011 - 225 / 48 R= Teslamètre équipé d’une sonde « induction magnétique » adaptée Courant induit Iinduit (A/m) Mesureur de courant induit valeur du paramètre mesuré valeur déclenchant l’action (VDA) Si cet indice de sévérité R est supérieur à 1, la valeur mesurée du paramètre n’est pas conforme aux prescriptions de la Directive. Le calcul, dans chaque catégorie, des 10e, 25e, 50e(valeur médiane), 75e et 90e percentiles permet d’une part de savoir si les opérateurs sont susceptibles d’être exposés à des intensités de champ électromagnétique ou de courant induit supérieures aux VDA dans telle ou telle famille d’équipements et, d’autre part d’apprécier la sévérité de l’exposition au travers de la valeur médiane de l’indice de sévérité. HST ND 2350 - 225 - 11 EXPOSITION AUX CHAMPS ÉLECTROMAGNÉTIQUES FIGURE 8 Exemple de fiche de relevés de mesures Renseignements administratifs N° de fiche 111 Emetteur CIMPE (NANCY) N° d’Intervention XXX Année d’intervention 2009 CTN CTN E : Industrie de la chimie, du caoutchouc et de la plasturgie N° de risque 252 GK Résultats ETS XXX 635 postes de travail à proximité de machines rayonnantes ont été mesurés dans toute la France. ADRESSE CODE POSTAL Equipement de travail VILLE Outillage Catégorie : Chauffage et soudage par pertes diélectriques Type : Plaque Application : Fournitures de bureaux (classeurs, protègedocuments…) Forme : Rectangulaire Marque : THIMONNIER Dimensions (Lxlxh-m) 0,7 x 0,7 Type : Paramètres de réglage Modèle : BS 150/1 Puissance (kW) Année de fabrication : 1981 Courant anode (A) N° de série : 12 Fréquence : 27,12 MHz Nature de l’émission : Continue Type de fonctionnement : Habituel Présence de l’opérateur : OUI 15 Productivité : Matériau travaillé Temps de soudage : 2 s Matière Préparation : 10s Caractéristiques Pvc Sécurité Matériel de mesure : Champmètre Système de protection Type PMM 8053 Pictogramme RNI Capteur EP 330 Point de mesure Devant la presse Non Niveau de référence (Directive 2004/40/CE) Emax = 160 V/m Emoy = 65 V/m Champ électrique Eréf = 61 V/m Courant induit extrémité = 100 mA Densité de puissance S = 10 W/m² Courant de contact = Densité de puissance S= Seq = Commentaires Calcul de H (ou de B) : Les 10e, 25e, 50e (valeur médiane), 75 et 90e percentiles, des indices de sévérité, calculés pour chaque famille d’équipements, sur l’ensemble des fiches recueillies, sont donnés (en échelle logarithmique) sur la Figure 9. Cette présentation permet de constater que la valeur déclenchant l’action définie par la Directive européenne 2004/40 CE est susceptible (25 à 50 % des mesures réalisées) d’être dépassée pour sept familles d’équipements sur huit. Seuls les résultats de mesurage concernant la famille des équipements IRM sont toujours inférieurs à la VDA concernant les champs magnétiques statiques au poste de travail assis habituel du personnel. e Notons que les mesures effectuées à proximité des équipements d’IRM et de RMN ont été réalisées dans les cabines de pilotage de l’équipement ; aucune mesure n’a été effectuée dans la salle où se trouve l’équipement de diagnostic où évolue parfois du personnel. La raison en est qu’il est difficile de mesurer le champ réel perçu par une personne se déplaçant dans un champ statique. Limites des résultats Pour diverses raisons (métrologiques, opportunités, priorités de prévention) la répartition du nombre de postes mesurés ne correspond pas à celle du nombre d’équipements (cf. Figure 10). On remarque que le nombre de fiches concernant la famille « soudage par résistance » n’arrive qu’en 4e position derrière les familles « chauffage et soudage par pertes diélectriques », « électrolyse industrielle » et « chauffage et soudage par induction » pourtant moins fréquentes (cf. Figure 10 - histogramme bleu). La raison de cette sousreprésentation tient à des difficultés d’ordre métrologique. Avec le matériel de mesure disponible au moment de l’étude, il n’était pas possible de mesurer INRS - Hygiène et sécurité du travail - 4e trimestre 2011 - 225 / 49 FIGURE 9 10e, 25e, 50e (valeur médiane), 75e et 90e percentiles de l’indice de sévérité dans chaque famille d’équipements1 Rmédian Nombre d’équipements Soud / Résistance 0,3 75 000 Familles d’équipements 1 Magn-démagn 0,8 30 150 Maagn-démagn Induction 0,5 12 800 Magnétoscopie 0,7 10 750 Soud / Pertes diel 1,2 4 750 Electrolyse industrielle 0,5 1 100 0,003 1 000 0,4 300 IRM-RMN µ-ondes 0,001 0,01 0,1 1 10 Indice de sévérité On peut remarquer également que la famille d’équipements la moins représentée est celle des équipements d’IRM. La décision de limiter le nombre de mesures dans cette famille a été prise en raison de contestations des VDA par certains fabricants de matériel d’IRM qui ont conduit au report de la mise en application de la directive 2004/40/CE et pour finir au retrait de ce type d’équipements de son cadre d’application. Le nombre de postes de travail ayant fait l’objet de mesurages est cependant trop faible pour certains équipements par rapport au nombre d’équipements composant le parc français pour pouvoir tirer des conclusions (démagnétiseurs, chauffage par micro-ondes…). La publication hollandaise [2], classe les équipements de chauffage par pertes diélectriques et de chauffage par microondes dans la catégorie II - environnement de travail pour lesquels des me­sures techniques doivent être prises afin de respecter les valeurs d’action - voire III - environnement de travail pour lesquels il est urgent de prendre des mesures extensives afin de respecter les valeurs d’action – pour les applications « chauf- FIGURE 10 Répartition moyenne du parc français de machines (histogramme bleu) et du nombre de fiches pour les 8 familles retenues. Soud / Résistance Magn-démagn Familles d’équipements correctement des impulsions de très courte durée. Les résultats obtenus sont entachés d’erreurs dont on n’a pas pu estimer l’importance. Un calcul, réalisé à l’aide d’un logiciel développé lors d’une étude précédente (Teslasoft) permet d’estimer la valeur de l’intensité du champ magnétique au poste de travail à partir de la connaissance des dimensions de la pince à souder [3]. Induction Magnétoscopie Soud / Pertes diel Electrolyse industrielle IRM-RMN µ-ondes 1 10 100 Nombre d’équipements fage par induction » et « IRM ». Cette classification est partiellement cohérente avec les résultats de notre étude. Le classement dans la catégorie III pour les équipements de chauffage par induction est dû à la probabilité de présence nonnégligeable de postes de travail, très proches des bobines d’induction. En ce qui concerne les équipements IRM, certaines mesures prises en compte ont été réalisées dans la salle d’examen alors que l’appareil de diagnostic était en fonctionnement. La différence entre notre étude et celle réalisée par le ministère des affaires sociales hollandais en juin 2006 est en majeure partie due à la définition du poste de travail (en particulier dans la famille « IRM »). Notons que dans la publication hollandaise, les INRS - Hygiène et sécurité du travail - 4e trimestre 2011 - 225 / 50 1 000 10 000 100 000 Nombre de fiches familles « Electrolyse industrielle », « magnétoscopie », « magnétiseursdémagnétiseurs » et « soudage par résistance » ne sont pas citées. Le groupe « champs électromagnétiques » INRS-CARSAT/CRAM poursuivra le recueil des fiches pour affiner les résultats obtenus. De plus, en raison des difficultés métrologiques ayant été rencontrées sur les équipements de soudage par résistance, de nouvelles mesures seront réalisées avec des appareils adaptés. 1 Les indices concernant la famille « soudage par résistance » sont donnés à titre indicatif car les mesures sont entachées d’un terme d’erreur lié à des temps d’émission trop brefs par rapport au temps de réponse des appareils de mesure utilisés. HST MOYENS DE PRÉVENTION EXISTANTS L’étude a permis de recenser les moyens de prévention existants. La plupart du temps, la réduction de l’exposition s’obtient par un éloignement du poste de travail de la source rayonnante. Des solutions techniques de réduction par blindage et à la source ont été développées sur certains équipements. Des exemples concrets sont donnés ci-après. Cas n° 1 : éloignement d’un poste FIGURE 11 Éloignement d’un poste de magnétoscopie. position opérateur cabine 1 chambre de magnétisation Situation initiale La chambre de magnétisation se situe à l’intérieur de la cabine. Situation après modification La chambre est à l’extérieur de la cabine. position opérateur chargement des pièces cabine position opérateur chambre de magnétisation convoyeur 1 2 position opérateur chargement des pièces TABLEAU III Réduction du champ magnétique par éloignement sur un poste de magnétoscopie. Induction magnétique B Principe La magnétoscopie consiste à soumettre une zone à contrôler à l’action d’un champ magnétique statique ou alternatif (f = 50 Hz). Les défauts éventuels engendrent un champ de fuite à la surface de la pièce. Ce champ de fuite est matérialisé au moyen d’une poudre ferromagnétique très fine, pulvérisée sur la surface à examiner et attirée au droit du défaut par les forces magnétiques. Le contrôle est effectué sur banc dans une cabine prévue à cet effet. Les pièces sont posées sur un tapis et passent dans une chambre de magnétisation. La Figure 11 illustre la solution adoptée pour réduire le champ exposant l’opérateur (cf. Tableau III). 2 convoyeur de magnétoscopie L’entreprise est spécialisée dans la fabrication de chaînes en métal. Une recherche de défaut de compacité est effectuée par magnétoscopie sur les éléments fabriqués. La vérification de la qualité des éléments est réalisée par magnétoscopie. ND 2350 - 225 - 11 Chambre de magnétisation dans la cabine Point de mesure n° Emplacement Mesurée (µT) Chambre de magnétisation hors de la cabine % de la VDA Mesurée (µT) % de la VDA 1 Intérieur de la cabine 320 64 % 20 4% 1 Poste de travail, intérieur de la cabine, entrée de la boucle (position possible de la main pour repositionner les pièces) 1800 360 % 20 4% 2 Poste de travail, dépose de pièce sur le tapis 12 2% 96 20 % Cas N° 2 : éloignement du poste de travail sur un poste de presse à souder hf Situation initiale Une presse à souder HF (27 MHz, 10 kW, courant anode 1,3 A) est utilisée pour souder des pièces en PVC de grandes dimensions. Au poste de travail, le champ électrique maximal mesuré est de 373 V/m au niveau du tronc de l’opératrice durant des soudures courtes (10 secondes). Du fait du débordement de la matière à souder de part et d’autre du plan de travail, il n’est pas possible de réaliser un blindage efficace. Situation finale La solution de l’éloignement a été retenue pour cette machine (cf. Figure 12). La commande bi-manuelle a été déportée à 1,5 m de l’électrode. Une fois la matière mise en place et tenue par la pression de la presse, l’opératrice s’éloigne et applique la « haute fréquence » depuis le poste de commande déporté. Le champ électrique mesuré dans des conditions identiques à celles de la situation initiale est inférieur à 60 V/m. Cas n°3 : blindage : presse hf placée dans une cage de Faraday L’entreprise fabrique principalement des tourets en bois servant à l’enroulement des câbles électriques. La partie cylindrique des tourets est composée de feuilles de fibres de bois collées les unes sur les autres en 6 à 10 couches de 2 mm d’épaisseur. Les dimensions de l’enceinte de Faraday sont de : L = 5 m ; l = 2,50 m ; h = 2,25 m. INRS - Hygiène et sécurité du travail - 4e trimestre 2011 - 225 / 51 La distance libre entre l’électrode de la presse et l’enceinte est d’environ 1 m. FIGURE 12 FIGURE 13 Commande déportée sur une presse HF Presse HF placée dans une cage de Faraday L’enceinte est constituée d’un grillage à grosses mailles, soudé sur un cadre de cornières métalliques avec une liaison par feuillard du blindage à la masse de la machine (cf. Figure 13). Sans l’enceinte de Faraday, le champ électrique au poste de préparation des tubes en bois mesuré est de 62 V/m (mesure effectuée à environ 1,70 m de l’électrode et 1,60 m au dessus du sol). Avec l’enceinte en place et correctement reliée à la masse de la machine par un feuillard, le champ électrique est au maximum de 3 V/m au poste de travail de l’opérateur. FIGURE 14 Presse HF équipée avec un blindage de l’électrode Cas n° 4 : blindage de l’électrode d’une presse hf Une presse à souder HF (27 MHz, 10 kW, courant anode 1 A) est utilisée pour souder des pièces en PVC de petites dimensions. Au poste de travail, le champ électrique maximal mesuré est de 400 V/m au niveau du tronc et de 720 V/m au niveau des jambes de l’opératrice durant des soudures courtes (20 secondes). La machine n’était équipée à l’origine d’aucun blindage de protection. Un blindage prototype a été réalisé sur cette machine (cf. Figure 14). Il est utilisable pour des pièces de petite dimension uniquement. Dans la même configuration (courant anode de 1 A), le champ électrique mesuré au niveau du tronc d’un opérateur debout est de 22 V/m. Quand l’opérateur travaille en position assise, le champ électrique mesuré au niveau du tronc est de 50 V/m. Cas n°5 : réduction à la source : presses hf équipées avec un patin de masse Quand les presses hautes fréquences sont utilisées dans la fabrication de pièces de grandes tailles (bâches de stores par exemple) il n’est pas possible de blinder l’électrode ni d’éloigner l’opérateur. Un patin de masse (cf. Figure 15) est constitué d’une plaque appliquée sur la table favorisant le retour du courant vers le générateur et créant un champ électromagnétique FIGURE 15 FIGURE 16 Soudeuse sans patin de masse (électrode : 1400 X 2 mm) Soudeuse avec patin de masse (électrode : 600 x 47 mm) venant se soustraire à celui non désiré émis par la machine. L’entreprise en remplacement de ces presses soudeuses sur rail investit dans une nouvelle presse (puissance HF 20 KW, fréquence 27,12 KHz) qui dispose à la conception de dispositif de contre électrode (patin de masse – cf. Figure 16). Le niveau d’exposition des opérateurs chargés de la conduite des presses soudeuses s’étend en fonction des pièces réalisées de 30 à 60 V/m (dépendant essentiellement de la position de l’opérateur et de la puissance mise en œuvre). La valeur du champ électrique dans l’atelier varie de 2 à 4 V/m au maximum. Ainsi une entreprise de fabrication de réservoirs en élastomère est équipée de 6 presses HF (cf. Figure 15). La fréquence de soudure est de 27,12 Mhz. Deux soudeuses sont montées sur rail pour le soudage d’éléments de grande dimension, évoluant le long d’un plan de travail formant un carré d’environ 20 m de coté. Le niveau d’exposition des opérateurs chargés de la conduite des presses soudeuses, fonction des pièces réalisées, varie de 140 à 480 V/m. Un champ électrique de 15 à 25 V/m peut être mesuré dans l’ensemble du bâtiment, dont les dimensions sont : 90 m x 75 m. INRS - Hygiène et sécurité du travail - 4e trimestre 2011 - 225 / 52 HST CONCLUSION A notre connaissance, aucune détermination du parc français de machines industrielles émettantes dans le domaine des rayonnements électromagnétiques n’avait été réalisée jusqu’à aujourd’hui. Cette étude a permis d’estimer, en particulier, le nombre minimum de postes de travail exposés à environ 100 000. Huit familles d’équipements ont été retenues comme rayonnantes. Parmi celles-ci, nous avons procédé à la mesure de 635 postes de travail. Les résultats ont montré que les équipements de sept familles sont susceptibles d’exposer les opérateurs à des champs électromagnétiques dont les intensités sont supérieures aux VDA fixées par la directive européenne 2004/40/CE. La directive étant en cours de modification, cette constatation est susceptible d’évoluer en fonction des nouvelles valeurs limites qui seront recommandées. L’étude met également en évidence que l’exposition à des champs électromagnétiques n’est pas une fatalité. Il existe différentes solutions efficaces (éloignement, blindage, réduction à la source) pour atténuer les champs électromagnétiques aux postes de travail. Les résultats, en particulier la création d’une banque de données « champs électromagnétiques », concernant les applications émettant des rayonnements électromagnétiques, permettront à l’employeur d’évaluer sans faire de mesures, si des installations industrielles présentent a priori un risque pour les opérateurs et/ou le personnel évoluant à proximité. ND 2350 - 225 - 11 Remerciements Les auteurs remercient Madame H. Castro (CARSAT Midi-Pyrénées) et Messieurs C. Bisseriex (CARSAT Auvergne), P. Laurent (Carsat CentreOuest), Ph. Cabaret (CARSAT Languedoc-Rous­sillon), C. Bonnet (Carsat Centre), E. Marteau (CRAM Ile de France), G. Le Berre (CARSAT Bretagne), S. Tirlemont (CARSAT NordPicardie), A. Becker (CIMPE) qui ont réalisé la plupart des mesures de champs électromagnétiques aux postes de travail et fourni les solutions de prévention. Reçu le : 25/11/2011 Accepté le : 28/11/2011 BIBLIOGRAPHIE [1] Directive 2004/40/CE du parlement européen et du conseil du 29 avril 2004 – Journal officiel de l’union européenne L159 du 30 avril 2004. [2] Electromagnetic fields in the working environment – Dutch Ministry of Social Affairs and Employment.- Juin 2006. [3] HERRAULT J., DONATI P. - Soudage par résistance – Cartographie du champ magnétique et prévention – Cahiers de notes documentaires - Hygiène et Sécurité du Travail, 2006, HST ND 2252 - 204 – 06. [4] Champs électromagnétiques : fiches pratiques INRS ED 4200 à 4217. INRS - Hygiène et sécurité du travail - 4e trimestre 2011 - 225 / 53