CHAPITRE H2 GRANDES PUISSANCES ET CONFLITS

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CHAPITRE H2
GRANDES PUISSANCES ET CONFLITS DANS LE MONDE DEPUIS 1945
CHAPITRE H2b
LES CHEMINS DE LA PUISSANCE :
LA CHINE ET LE MONDE DEPUIS 1949
I – Comment la Chine communiste a-t-elle cherché à retrouver sa puissance passée à l’époque de Mao
(1949-1976)
A) Une puissance passée endormie
B) La Chine en quête de puissance à la façon soviétique (1949-1963)
C) La Chine en quête de puissance selon une voie propre (1963-1976)
II – Comment le tournant majeur pour la Chine s’est-il opéré à partir de la fin des années 70 ?
A la mort de Mao en septembre 1976, la Chine semble arrêtée dans son développement. Elle a réussi à
se construire comme une puissance politique avec une certaine légitimité internationale, mais sans parvenir à
un développement économique.
A) La métamorphose du « modèle chinois »...
Après une période tendue marquée par une crise de succession, Deng Xiaoping, ancien dignitaire du
parti écarté par Mao à l’époque du Grand Bond en Avant, prend la tête du pays et lance en 1978 le programme
des « Quatre Modernisations » dans l'agriculture, l'industrie, les sciences et la technologie, l'armement. Ce
programme aboutit à la décollectivisation des campagnes, à la libération des prix, à l'abandon de la
planification (donc à la fin d’un véritable système économique de type socialiste) et à l'encouragement des
entreprises individuelles. La priorité est donc donnée au développement économique. Il amène la Chine à
adopter une « économie socialiste de marché », une voie de développement hybride : le pays reste
officiellement un Etat communiste mais adopte les pratiques de l’économie de marché.
Economie socialiste de marché : économie où le libéralisme économique se développe au sein d'un système
politique autoritaire se proclamant toujours communiste
B) ...fait de la Chine une puissance économique
Cette politique s'appuie sur le contexte international et en particulier sur le dynamisme économique
des voisins des la Chine (Corée du Sud, Taïwan, Hong Kong) qui s'intègrent au cercle des pays développés dès
les années 80. Comme eux, la Chine va choisir la voie d’un développement extraverti, c’est-à-dire basé sur
l’ouverture au monde. Les difficultés que rencontrent l'URSS de Gorbatchev (libéralisation économique et
politique) servent de contre exemple aux réformateurs chinois. Pour eux, il faut d'abord libéraliser l'économie
et stimuler la croissance. La Chine fait alors le pari de la mondialisation. Pour cela, elle s'appuie sur son
énorme réservoir de main d'œuvre à bas coût. La mise en place de zones économiques spéciales, dans les
régions côtières, vise à attirer les IDE. Ces zones sont l’objet d’aménagements titanesques comme à Shenzhen
(lieu où se fabriquent aujourd’hui de nombreux objets de haute technologie comme les Iphone) où on
remodèle totalement le paysage en supprimant des collines entières par exemple. Pour accompagner ces
transformations, d’autres aménagements importants sont réalisés (comme le fameux barrage des Trois-Gorges
sur le fleuve Yangzi Jiang). On le voit, tous ces aménagements se font sans grand respect pour
l’environnement.
ZES : Zones économiques spéciales. Territoires ouverts aux entreprises étrangères offrant des conditions
préférentielles (droits de douanes et impôts réduits)
Du fait de la stratégie adoptée par la Chine, ses ports deviennent les premiers du monde (Shanghai) et
la Chine est depuis 2009 le premier exportateur mondial de marchandises, ce qui témoigne de son émergence
en tant que puissance industrielle. Elle le doit au fait qu’elle est devenue depuis les années 90 l'un des
premiers destinataires des investissements directs à l'étranger (IDE) émis à l'échelle mondiale. La puissance
industrielle et commerciale acquise par la Chine lui permet désormais de devenir elle-même une puissance
financière, ce que traduit l'essor des IDE sortants, de plus en plus importants notamment en Afrique, en
Amérique latine ainsi qu'en Asie centrale (+ de 10 milliards de $ depuis 2005). Nouvelle puissance
économique mondiale, elle entre dans les organismes financiers internationaux : FMI et Banque mondiale en
1980-1981 ; OMC en 2001 ; G 20 en 2008. Toutefois, la Chine continue à se présenter lorsque cela l’arrange
comme un pays pauvre et mal-développé (ce qu’elle reste par certains côtés) ; cela a été notamment le cas lors
de la conférence de Durban sur le climat en 2011 (voir document ci-dessous)
- Virginie, vous revenez sur le début des négociations sur le
climat à Durban en Afrique du Sud. Là-bas, il y a un pays qui
énerve tout le monde, c'est la Chine qui est devenu le plus gros
pollueur de la planète mais qui dans ces négociations ne veut
rien signer.
- Oui, la Chine est surtout le pays le plus riche du monde, qui est
en train de racheter notre dette mais quand on parle de climat,
la Chine n'est plus riche du tout, elle exige qu'on la classe parmi
les pays en voie de développement car ceux-ci n'ont aucune
obligation. En fait, pour les Chinois, si la planète et le climat sont
dans cet état-là, c'est de la faute des pays riches et pas de la
leur. Alors, d'accord, eux sont aujourd'hui les plus gros
émetteurs de gaz à effet de serre mais depuis deux siècles ce
sont les industries européennes et américaines qui ont pollué,
donc que ces pays se débrouillent ! Là où ils sont un peu
hypocrites, c'est qu'ils veulent bien en revanche continuer à
toucher l'aide financière de ces mêmes pays riches ; alors ça, ça
énerve beaucoup les Africains, c'est quelque chose qui a été
rendu possible par le protocole de Kyoto, l'Europe a financé des
programmes sur le climat dans les pays du Sud, eh bien la moitié
de ces aides est allée à la Chine, et ça continue... La France aide
toujours les Chinois à construire des éoliennes ou des barrages.
Il y aurait peut-être mieux à faire en Afrique, cela dit on ne peut
pas complètement les accabler car s'ils refusent de signer des
accords internationaux, les Chinois sont devenus les moteurs de
l'économie verte, ils sont champions de l'éolien, champions du
solaire. En fait, ces grands sommets, ils trouvent ça inutile, ils
préfèrent agir, ils ont la même position que les Américains. C'est
le progrès technique, le marché, l'économie qui sauveront le
climat, et pas les Nations-Unies.
Virginie Garin, Chronique « C’est notre planète », RTL, 29
novembre 2011, 6h45
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