Description et interprétation chez Clifford Geertz

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Description et interprétation
Description et interprétation
La thick description chez Clifford Geertz*
Longtemps réservés à un public anglo-saxon ou au cercle restreint des
anthropologues, les travaux de Geertz sont aujourd’hui accessibles aux lecteurs
français. Mais une de ses contributions majeures à l’influence indéniable (« La
description dense. Vers une théorie interprétative de la culture»), tout au moins
aux Etats-Unis, restait jusqu’il y a encore peu de temps introuvable. Le travail
d’André Mary vient combler cette lacune sans toutefois bénéficier de la diffusion
qu’il aurait méritée. La « description dense » est l’introduction d’un recueil
d’articles1 paru en 1973 dans laquelle il définit l’activité ethnographique en référence à la théorie de G. Ryle – qui distingue deux niveaux de description (la thin
description et la thick description). Il serait long et fastidieux de retracer les usages
et les multiples références dont les principes épistémologiques énoncés dans
ce texte ont fait l’objet, pourtant il faut mentionner la lecture la plus radicale
et celle qui jouit de la plus grande visibilité, consistant à faire de Geertz le père
fondateur d’une anthropologie textualiste et herméneutique2. Certes, l’auteur
s’intéresse de près au statut de l’écriture ethnographique qu’il envisage comme
une fiction, sans néanmoins exclure tout procédé d’évaluation – qu’il préfère à
vérification – contrairement à ses épigones post-modernes3. Toutefois, jamais il
* Cette note s’inspire d’un numéro de la revue Enquête, (n° 6, 1998) consacré à la description, qui contient
une présentation (A. Mary, « De l’épaisseur de la description à la profondeur de l’interprétation ») et la
traduction du texte de Geertz, ainsi qu’un dossier sur le sujet: J. Bazin, «Question de sens»; V. Descombes,
«La confusion des langues»
1.C. Geertz, The Interpretation of Cultures, NY, Basic Books, 1973.
2.Nous entendons par le terme d’anthropologie textualiste, une anthropologie qui fait du texte une métaphore
pour l’analyse des phénomènes sociaux. La culture est conçue comme un vieux manuscrit défraîchi et lacunaire
dont il faut organiser la lecture.
3.Une partie de ce courant se réclame explicitement des travaux de Geertz, citons notamment J. Clifford,
«De l’autorité en ethnographie» trad. D. Cefaï, in L’enquête de terrain, Paris, La Découverte, 2003 et en anglais, J. Clifford, G. Marcus (eds.), Writing Culture: The poetics and politics of Ethnography, Berkeley, Cal.,
1986). Pour ces derniers, Geertz a posé les jalons d’une discipline ultra-relativiste dans laquelle l’écriture (et
les stratégies rhétoriques) est un vecteur d’oppression, déplaçant l’objet de l’anthropologie des modes de vie
REVUE TRACÉS n° 4 – automne 2003 – p. 103-108
REVUE TRACÉS n° 4 – automne 2003
ne suggère que le travail de l’anthropologue doive se cantonner à une analyse
textuelle (la critique des stratégies rhétoriques que les anthropologues emploient
afin de persuader les lecteurs de la véracité de leur propos), et rappelle que la
recherche n’existe pas sans une enquête empirique1. C’est dans le travail de terrain
que les principes herméneutiques prennent tout leur sens. Par conséquent,
écartons d’emblée cette lecture de la « description dense » dont les vertus
polémiques dépassent le cadre d’un débat intellectuel, et abordons une théorie
dont les concepts ou les schèmes ne trompent pas quant à leurs influences et
références2 : la culture comme assemblage de textes, l’écriture ethnographique
comme fiction3…
Les deux termes de la distinction de Ryle4 fondent cette première esquisse
d’une épistémologie anthropologique qui n’est qu’un moment dans la réflexion
de Geertz, car très vite il renoncera à ces notions pour privilégier d’autres oppositions: concepts proches de l’expérience et concepts éloignés de l’expérience, par
exemple5. L’oubli de ces concepts dans ses textes ultérieurs contraste avec le
retentissement et les échos qu’a connus ce texte, quasi-manifeste d’une anthropologie interprétative. La première forme de description chez Ryle relève de ce
qui est observable en dehors de toute information contextuelle et la seconde, à
un niveau logique supérieur, renvoie à une information enrichie d’éléments
indigènes aux textes classiques de la discipline. L’autorité à laquelle prétend l’ethnographe n’est pas très
différente de la domination colonialiste qui est à l’origine de la discipline. Et cette forme de domination impérialiste ne trouve d’issue à leurs yeux que dans «la réflexivité, le dialogique, l’hétéroglossie, la conscience rhétorique de soi, [etc.]» (Cf. C. Geertz, Ici et là-bas. L’anthropologue comme auteur, trad. D. Lemoine, Paris,
A.-M. Métailié, 1996; particulièrement «Ici» le chapitre conclusif).
1.Les travaux de Geertz ne se réduisent en aucun cas à des réflexions épistémologiques, bien au contraire, il a
exploré plusieurs «terrains» à Bali, à Java et au Maroc. Nous renvoyons le lecteur à un des textes les plus connus
de Geertz dans lequel il met en application la description dense: C. Geertz, «Jeu d’enfer. Notes sur le combat de coqs balinais» trad. L. Evrard, Le Débat, n° 7, 1980; repris dans C. Geertz, Bali. Interprétation d’une
culture, Paris, Gallimard, 1986.
2.Il est d’ailleurs intéressant de noter que la plupart des penseurs sur lesquels Geertz s’appuie n’apparaissent
pas explicitement dans ses textes. Les figures de Ricoeur, Gadamer ou Foucault sont éludées, au nom d’un
principe qui « conduit les sciences dites humaines à renouer avec les Humanités et à leur « voler » leurs
ressources langagières autant que leur style d’intelligibilité» comme le dit André Mary.
3.C. Geertz, «La description dense. Vers une théorie interprétative de la culture» op. cit., p. 80: «Pratiquer
l’ethnographie c’est comme essayer de lire (au sens de «construire une lecture de») un manuscrit étranger,
défraîchi, plein d’ellipses, d’incohérences, de corrections suspectes et de commentaires tendancieux, et écrit
non à partir de conventions graphiques normalisées, mais plutôt de modèles éphémères de formes de
comportement.»
4.G. Ryle, «The Thinking of Thoughts, What is Le penseur doing?», in Collected Papers, Londres, Hutchinson,
t. II, 1971.
5. C. Geertz, Savoir local, savoir global. Les lieux du savoir, trad. D. Paulme, Paris, PUF, 1986, pp. 71-90.
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contextuels ; entre ces deux pôles vient se loger l’activité de l’anthropologue qui
exhume une « hiérarchie stratifiée de structures signifiantes »1. Précisons un
instant ce que Ryle désigne par ces deux termes (thick et thin), en rappelant
l’exemple qu’il prend : la différence se fait entre une contraction de paupière
(«fait brut»2) et un clin d’œil qui implique l’existence d’un code ou d’une convention pour que la contraction soit identifiée comme un signe. Ensuite, Ryle
décline toutes les variantes signifiantes du même geste : le simulacre, la
parodie, etc. Mais pour Geertz, la thick description n’est plus ce point limite
de l’observation, mais ce vers quoi doit tendre l’analyse culturelle, c’est-à-dire
la mise au jour d’une pluralité de « couches de signification » sans passer par
l’observable béhavioriste (le « fait brut »), alors que c’est un préalable chez Ryle3.
Et dans ce sens, elle se rapproche de « l’interprétation profonde »4 de Ricoeur
où se joue la « plurivocité spécifique »5 des actions humaines, dont le principe
réside dans le conflit des interprétations. Un glissement se produit dans l’usage
de la distinction ryléenne, puisque l’on passe d’une approche descriptive à une
procédure contradictoire où se mêlent les schèmes d’interprétation ; Ryle
souhaite ordonner ce qu’il observe avec des niveaux de signification tandis
que Geertz tire cette pratique vers le modèle de la confusion des langues6, sans
toutefois renoncer à une hiérarchie des significations. Pour autant, il ne faut
surtout pas imaginer que la description dense s’enfonce dans les méandres de
la subjectivité ou de l’intime, la profondeur n’est pas de cet ordre-là7. A ce
propos, Paul Ricoeur écrit :
1.C. Geertz, «La description épaisse. Vers une théorie interprétative de la culture» trad. A. Mary, Enquête, n° 6,
1998, p. 78.
2.Geertz naturellement conteste, contrairement à Ryle, l’idée même que l’on puisse observer un «fait brut» sans
qu’intervienne une part d’interprétation.
3.André Mary justifie sa traduction du terme thick par «dense» en raison d’un déplacement de sens au fil du
texte où l’on passe d’une multiplicité de strates de signification (Ryle) à une pluralité d’interprétations (Ricoeur).
Ce glissement thématique légitime pour A. Mary le passage de «épais» à «dense»
4.P. Ricoeur, Du texte à l’action. Essais d’herméneutique II, Paris, Seuil, 1986, p. 235.
5.P. Ricoeur, op. cit., p. 203
6.Voir la contribution de V. Descombes, «La confusion des langues» Enquête, op. cit. Il envisage avec Geertz la
situation d’une « confusion des langues » où les acteurs croient parler la même langue alors que
plusieurs idiomes coexistent. Geertz prend l’exemple d’un conflit juridique (entre coutume et droit colonial)
dans le Maroc colonial qui débouche sur une incompréhension; il parle alors de «crise babélienne»
7.Geertz écrit – et c’est cet argument que reprend Ricoeur: «La culture est publique parce que la signification
l’est aussi» (C. Geertz, «La description dense. Vers une théorie interprétative de la culture» op. cit., p. 83). Contre
l’anthropologie cognitive et le mentalisme, il reprend la critique de l’intériorité du sens développée
par Wittgenstein et nie l’existence des « structures psychologiques » qui constituent la culture selon les
membres de ce courant. Pour une réponse aux critiques de Geertz, voir par exemple, D. Sperber, Le savoir des
anthropologues, Paris, Hermann, 1982.
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On peut parler avec Clifford Geertz de médiation symbolique pour souligner
le caractère d’emblée public, non seulement de l’expression des désirs individuels,
mais de la codification de l’action sociale dans laquelle l’action individuelle prend
place. Ces symboles sont des entités culturelles et non plus seulement psychologiques. En outre, ces symboles entrent dans des systèmes articulés et structurés en
vertu desquels les symboles pris isolément s’intersignifient – qu’ils s’agissent de
signaux de circulation, de règles de politesse, ou de systèmes institutionnels plus
complexes et plus stables. Geertz parle en ce sens de « systèmes de symboles en
interaction» de «modèles de signification synergiques»1
L’interprétation et la description sont confondues dans ce que Ricoeur appelle
l’inscription (contraction d’interprétation et de description), habile moyen pour
Geertz de dépasser les oppositions canoniques des sciences sociales, en enfermant
la description dense dans un cercle herméneutique2. Le paradigme textualiste
substitue au travail d’explication celui d’une lecture de la culture comme assemblage de textes; les actions possèdent un sens qui nous est accessible parce qu’elles
se combinent comme un discours et qu’elles sont symboliques. Le défi de la
description dense est donc celui de la narration qui doit intégrer la diversité des
niveaux de signification.
Mais ce bref exposé ne révèle qu’une part infime des subtilités et des obscurités d’un style qui use consciemment de l’ellipse, de la digression et des
métaphores. Geertz qui n’est pas à une audace près, revendique pour l’anthropologie tout à la fois le statut des sciences et celui de discours aux accents
poétiques enfermé dans un cercle auto-référentiel. Il prétend maintenir une
exigence de contrôle, d’évaluation des interprétations, en s’affranchissant des
contraintes de la référence ou du « mythe positiviste » des faits observés. Cette
approche se veut sténographique (elle traite d’objets isolés)3 et non-comparatiste,
1.P. Ricoeur, op. cit., p. 244.
2.C. Geertz, Savoir local, savoir global. Les lieux du savoir, op. cit., pp. 88-89: «Sautillant entre le tout conçu à
travers les parties qui l’actualisent et les parties conçues à travers le tout qui les motive, nous cherchons à les
tourner, par une sorte de mouvement perpétuel intellectuel en explication l’un de l’autre. Tout ceci n’est,
naturellement, que la trajectoire familière de ce que Dilthey appelait le cercle herméneutique, et ma thèse
ici est simplement qu’il est aussi central pour l’interprétation ethnographique, et donc pour pénétrer des modes
de pensée des autres, qu’il l’est pour l’interprétation littéraire, historique, philologique, psychanalytique ou
biblique, et pour tout dire pour la critique informelle de l’expérience quotidienne que nous appelons le sens
commun»
3.L’approche sténographique se contente d’étudier des cas singuliers, sans chercher par la comparaison à
s’abstraire des conditions spatio-temporelles dans lesquelles ils s’inscrivent. Voir sur ce point A. Fossier,
E. Gardella, «Insularités théoriques. De la circulation conceptuelle à la communication langagière entre chercheurs»
Tracés, n° 3, 2003, pp. 105-113.
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dans la mesure où les formulations théoriques « énoncées hors de leur contexte,
[…] semblent banales ou vides»1. Geertz imagine pourtant atteindre un niveau
de généralité conséquent, sans confronter ses résultats à d’autres terrains2. Plus
fondamentalement encore, il veut faire accéder l’anthropologie interprétative au
rang de science en omettant de préciser clairement toutes les procédures d’évaluation que cela impose. Si elle n’est pas une science cumulative, elle peut malgré
tout s’inscrire dans un espace logique assertorique3 dans lequel l’administration
de la preuve conserve un rôle, en admettant la valeur du raisonnement comparatif. Une nouvelle fois, Geertz se montre allusif. Puisqu’il n’accorde plus de
crédit aux faits ni à la cohérence formelle des interprétations – simples stratégies
rhétoriques –, il n’explicite pas le rapport entre les constructions conceptuelles
et leur référent. Et pourtant, il se défend de céder à la facilité et de verser dans
l’esthétisme sociologique4. Rien cependant ne rattache l’analyse culturelle à une
science sociale qui s’assumerait comme telle, c’est-à-dire à une science qui érigerait l’exigence typique webérienne en méthode commune de recherche. Les sciences
humaines empruntent, si l’on suit Geertz, les voies du raffinement conceptuel
plutôt que celles du consensus5. Ce diagnostic n’a rien de neuf, mais l’accord
ou l’évaluation semblent bien difficiles à envisager dès lors que l’on fait de la
procédure contradictoire le modèle des débats scientifiques en anthropologie.
La confrontation de fictions concurrentes traitant d’un même phénomène
culturel enrichit notre regard, mais aucune d’entre elles ne peut prétendre avoir
le dernier mot.
Comme l’explique Vincent Descombes6, l’anthropologie interprétative
ne peut se soumettre à une quelconque vérité empirique, puisqu’elle se veut
herméneutique et appartient par conséquent à un autre régime de vérité. Geertz
1.C. Geertz, «La description dense. Pour une théorie interprétative de la culture» op. cit., p. 98.
2.P. Shankman, «The Thick and the Thin: On the Interpretative Theoretical Program of Clifford Geertz» in
Current Anthropology, Vol. 25, No. 3, 1984, pp. 261-280.
3.«L’espace logique assertorique» renvoie au travail de Passeron (J.-C. Passeron, Le raisonnement sociologique, Paris,
Nathan, 1991), puisqu’il définit le lieu épistémologique où s’énoncent des jugements portant sur les faits.
4.C. Geertz, «La description dense. Vers une théorie interprétative de la culture» op. cit., p. 105: «Le seul moyen
que nous avons de lutter […] contre la réduction de l’analyse culturelle à une sorte d’esthétisme sociologique,
est de placer l’analyse [des réalités politiques et économiques, des nécessités biologiques et physiques] au
premier plan»
5.C. Geertz, « La description dense. Vers une théorie interprétative de la culture » op. cit., p. 98 : « Comme la
théorie de la culture est inséparable des réalités immédiates que présente la description «dense» sa liberté à
se construire elle-même dans les termes de sa logique interne est plutôt limitée. La généralité qu’elle cherche
à atteindre se nourrit de la subtilité de ses distinctions, sans éliminer ses abstractions»
6.V. Descombes, «La confusion des langues» Enquête, n° 6, 1998, pp. 35-54.
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est sur la corde raide, quand il cherche à réconcilier la tradition analytique et
béhavioriste et le courant herméneutique, parce qu’en réalité l’activité du
chercheur n’a rien de descriptive, elle s’apparente au « travail d’un critique qui
décide de lire son texte dans tel ou tel contexte »1. Lorsqu’il s’écarte de Ryle et
de sa «petite histoire de philosophe oxfordien» c’est pour mieux affirmer que l’ethnographie «n’a pas affaire à des données nettement identifiables, mais à des récits
et des interprétations » Dans un même élan, le glissement s’opère de la
description à l’interprétation, d’un « ordre logique » (« un ordre de descriptions
liées les unes aux autres par des relations internes»2) à une «complexité historique»
(coexistence d’une pluralité d’interprétation). Cette vaine tentative de conciliation débouche sur une impasse, car, et c’est de cette manière que Vincent Descombes
conclut son commentaire:
pour que la description épaisse soit une activité herméneutique, il faut que
son épaisseur n’ait pas de valeur à proprement parler descriptive.3
Que reste-t-il à sauver de cette exercice théorique? C’est peut-être chez Ricoeur,
dont Geertz s’est largement inspiré, que nous trouverons la solution. Lorsqu’il écrit:
(…) la première manière dont l’homme tente de comprendre et de maîtriser
le « divers » du champ pratique, est de s’en donner une représentation fictive.
[…] [L] a structure narrative fournit à la fiction des techniques d’abréviation,
d’articulation et de condensation par lesquelles est obtenu l’effet d’augmentation iconique que l’on décrit par ailleurs en peinture et dans les autres arts
plastiques4,
Ricoeur veut témoigner du pouvoir métaphorique du langage et de la «force
référentielle» qui jaillit de l’acte narratif. Et si le paradigme textualiste de Geertz ne
répond pas aux critères d’une science sociale pleinement assumée, il jouit comme
le dit Passeron d’un réel «pouvoir métaphorique de suggestion»5.
Paul COSTEY,
élève à l’ENS LSH, 3e année de sciences sociales.
1.Ibid., p. 38
2.Ibid., p. 50.
3.Ibid., p. 54.
4.P. Ricoeur, op. cit., p. 247
5.J. C. Passeron, «Acteur, agent, actant. Personnages en quête d’un scénario introuvable» in Revue européenne de
sciences sociales, n° 121, 2001, p. 15.
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