epistemologie des sciences sociales

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ESMIA - Niveau M1 - Supports de cours « Epistémologie des sciences sociales »
PROTOCOLE POUR UN CADRE CONCEPTUEL DE
RECHERCHE
Objet de la recherche : Réduction des conflits pour une
meilleure gestion et utilisation des ressources naturelles.
Sujet proposé : Le conflit des acteurs en sous pression et en
sur utilisation des ressources naturelles
Problématique : Dans quelle mesure les conflits réduisent-ils
l’importance des stratégies des acteurs de la gestion et de
l’utilisation des ressources naturelles ?
Argumentation :
- l’omniprésence des conflits dans le processus global de la
gestion et de l’utilisation des ressources naturelles
entrave les stratégies innovantes des acteurs.
- Les techniques de résolution des conflits doivent
contribuer à l’efficacité de la gestion et de l’utilisation
des ressources.
- La connaissance des conflits par rapport aux ressources
assure l’émergence consensuelle ouverte à l’amélioration
de la gestion et de l’utilisation des ressources naturelles.
Conclusion :
L’avènement d’une instance de concertation et de résolution
des conflits apparaît inévitable face à la combinaison des
référents endogènes et exogènes inhérente à la gestion et à
l’utilisation des ressources naturelles.
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Quelques notions et principes d’usage dans la recherche sociale
1°- La notion de « concept », instrument fondamentale en recherche scientifique,
souvent utilisé à la première étape de la formulation du problème
Il s’agit d’une abstraction recouvrant une variété de faits ; une structure mentale réunissant les
attributs d’une réalité permettant aussi de la reconnaître et de la distinguer des autres : une
catégorie classificatoire première d’une systématisation théorique ; la nomination d’un
phénomène complexe, mais non réductible au cœur de la réalité à expliquer
Le concept est un mot ou une expression, que les chercheurs ont empruntée au vocabulaire
courant ou construit de toute pièce pour désigner ou circonscrire des phénomènes de la réalité
observable qu’désirent étudier scientifiquement. C’est une représentation abstraite d’une
réalité observable, elle n’est donc jamais parfaitement conforme au phénomène réel, qui de
toute façon, ne peut jamais être complètement connu. Et en ce sens, l’explication scientifique,
comme toutes les autres formes d’explication, n’est jamais qu’une approximation de la
réalité. Mais, aussi imparfaite soit-elle, la connaissance scientifique, comme toutes les autres
modes de connaissance, demeure notre seul et unique instrument pour circonscrire le mieux
possible cette réalité observable. Et comme le concept est l’outil de base de la méthode
scientifique, c’est aussi l’instrument privilégié pour traduire notre représentation mentale de la
réalité et construire notre explication de cette réalité. C’est d’ailleurs pourquoi on affirme
souvent que l’explication scientifique n’est qu’une expérimentation ou une vérification de
relations possibles entre concepts ou entre propriétés de concepts.
Cela dit, le concept en milieu scientifique et le même terme utilisé dans le langage courant ne
représentent pas exactement la même réalité. Par exemple, les mots « poids » et « masse »
font référence à une même réalité, mais ne véhiculent pas exactement la même information ;
en effet, le poids est un terme du langage courant que les physiciens ont remplacé par le
concept de masse, construit de toute pièce, parce qu’il permet d’incorporer plus complètement
l’ensemble des propriétés que comporte le phénomène de la pesanteur. En sciences sociales, à
la différence des sciences pures, on utilise plus souvent des mots du vocabulaire commun
comme des concepts scientifiques. C’est le cas en particulier de l’expression « parti
politique » que les politologues emploient autant que les journalistes ou le grand public. Mais
le terme n’a pas alors la même signification pour le politologue qui l’emploie comme concept
scientifique et qui, en conséquence, doit en préciser les propriétés.
Il en va de même pour la politique étrangère canadienne à l’égard des Etats-Unis où le
concept générale est la politique canadienne à l’égard des Etats-Unis et les concepts plus
limités, la prise de décision, les intervenants, les objectifs, les comportements, etc.
Les concepts sont donc des instruments de la méthode scientifique qui interviennent au
moment de la désignation du problème de la recherche. A cette étape, les chercheurs les
utilisent essentiellement pour reconnaître les éléments ou dimensions qui se rapportent au
problème général et également pour préciser les relations établies ou postulées entre ces
éléments.
Mace, G., « Guide d’élaboration d’un projet de recherche », Québec, PUL, 1988, pp. 19-20
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2°- L’hypohèse : une proposition de réponse à la question posée
Définition et rôle :
Il s’agit d’une proposition portant sur un rapport entre des concepts particuliers ou un
ensemble de concepts particuliers, dont on ne sait pas encore si elle est vraie ou fausse, mais
au sujet de laquelle on croit que les faits pourront établir soit la vraisemblance ou la fausseté.
Elle tend à formuler une relation entre des faits significatifs. Même plus ou moins précises,
elle aide à sélectionner les faits observés. Ceux- ci rassemblés, elle permet de les interpréter,
de leur donner une signification qui, vérifiée, constituera un élément possible de début de
théorie. Les conditions de validité de l’hypothèse sont importantes. Elle doit être vérifiable de
façon empirique ou logique. La démarche scientifique implique que l’hypothèse soit formulée
en des termes que l’observation et l’analyse, la conception de la recherche puissent fournir
une réponse à la question posée. L’hypothèse suggère donc les procédures de recherche.
Plutôt que de caractériser les étapes de la méthode expérimentale par l’observation,
l’hypothèse, l’expérimentation, il eût été plus juste de dire : question, rupture, construction,
hypothèse, observation, expérimentation. Quoiqu’il en soit, nous retrouvons avec l’hypothèse,
la difficulté de poser les bonnes questions.
En sociologie, le risque de cerner des pseudo-faits qui créent des pseudo-problèmes est grand
car les hommes s’imaginent facilement connaître la société dans laquelle ils vivent. Il est
indispensable, avant de vouloir expliquer les faits par une hypothèse, de s’assurer que les faits
existent. Pour Claude Bernard, la plupart des erreurs théoriques proviennent d’erreurs de
faits. Descartes expliquait pourquoi la glande pinéale ne pouvait existait que chez l’homme,
peu de temps avant que Niels Stenzen ne la découvre chez les animaux.
L’hypothèse n’est pas toujours vérifiable d’emblée sous sa forme vérifiable. Le chercheur se
contente parfois d’indiquer simplement des domaines dans lesquels faire des recherches, ou
des classes de variables à observer, parce qu’elles paraissent offrir des régularités. Ceci
signifie que le chercheur espère trouver ultérieurement une hypothèse, sans définir ce qu’elle
sera.
L’origine des hypothèses :
Les questions auxquelles les hypothèses tentent de donner une réponse sont extrêmement
variées. Elles peuvent naître d’observations courantes portant sur des faits de la vie
quotidienne, ou des faits découverts au cours d’une recherche ayant d’autres objectifs : par
exemple la pénicilline, les reflexes de Pavlov, ou encore de phénomènes attendus,
apparaissant dans une recherche systématique. Les hypothèses peuvent également se présenter
comme résultats d’une élaboration purement théorique.
Merton distingue l’hypothèse de travail (empirique) et l’hypothèse théorique (élaboration
conceptuelle). En sciences sociales, les hypothèses peuvent porter sur des faits à expliquer :
l’augmentation de la délinquance ; sur des concepts : la cohésion des groupes ; sur des
généralisations empiriques ; sur des généralisations empiriques: l’abstentionnisme dans tel
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groupe socio-professionnel ; sur des régularités observées: le taux de natalité et le niveau
socio-économique, ou sur des schémas d’organisation sociale et leurs conséquences : la
cohésion de l’équipe de travail dans un atelier, enfin sur des contradictions entre des
observations nouvelles et des notions antérieures.
Les changements sociaux orientent le plus souvent les recherches et par là les hypothèses. Il
faut pour cela qu’ils soient perçus comme des domaines particuliers, sources de problèmes.
Ce n’est pas pour rien que la sociologie des loisirs est née à notre époque, ainsi que les études
sur la propagande, les conditions de vie dans les grands ensembles ou les internats.
Les hypothèses dépendent évidemment du niveau culturel dans lequel se développent les
sciences sociales.
Types d’hypothèses :
Les hypothèses varient en étendue et en spécificité. Certaines ne portent que sur un objectif
restreint, mais sont ensuite généralisables à d’autres domaines : une hypothèse issue de
l’étude du commandement dans un petit groupe, peut s’appliquer à d’autres groupes ou à
d’autres formes de commandement.
Malgré la variété d’hypothèses possibles, il existe en sciences sociales, des types de
recherches qui se retrouvent plus souvent que d’autres, des hypothèses qui se ressemblent et
que l’on peut distinguer suivant leur niveau d’abstraction en trois classes :
Hypothèses supposant l’existence d’uniformité. Il s’agit à peine d’hypothèses, en tous cas
elles se limitent en général à quantifier des distributions de comportements. Par exemple
la constatation que le taux de divorce augmente dans des classes ayant des revenus élevés.
Ce genre d’hypothèse redresse souvent des préjugés et s’il confirme ce que l’on savait, il
donne du moins des précisions.
Hypothèses supposant l’existence des liens logiques à partir des corrélations empiriques.
C’est le cas, par exemple, de certains comportements particuliers que l’on retrouve dans
un grand nombre de groupes minoritaires. Il s’agit ici d’épurer les constatations, pour
conserver les caractéristiques communes à ces différents groupes, pouvant expliquer
comportement semblable. Au niveau des faits, on assiste déjà, pour distinguer l’essentiel,
à un certain travail d’élaboration.
Hypothèses concernant des relations entre variables analytiques. Alors que le premier type
d’hypothèse permet de constater et parfois mesurer des différences, le deuxième de
marquer des ressemblances, ce troisième type, beaucoup plus élaboré, implique la
formulation de relation entre certaines variables complexes, par exemple l’influence du
niveau économique, de lieu d’habitation, du nombre d’habitants, de la religion, etc., sur le
taux de fécondité. Dans le cas où les éléments qualitatifs sont seuls considérés,
l’hypothèse doit justifier la théorie explicative proposée, soit dans le cadre de la recherche
effectuée, soit face à un phénomène inattendu, soit pour remplacer une théorie antérieure.
Grawitz, M., « Méthodes des sciences sociales », Paris, Dalloz, 1993, pp. 345-348
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3°- Le concept : Il s’agit
d’une abstraction recouvrant une variété de faits,
d’une structure mentale réunissant les attributs d’une réalité permettant de la
reconnaître et de la distinguer des autres,
d’une catégorie classificatoire première d’une systématisation théorique,
de la nomination d’un phénomène complexe, mais non réductible au cœur de
la réalité à expliquer
Concept particulier :
C’est la représentation d’un objet révélé par la sensation (ou qui est de même nature que
les objets révélés par la sensation). Une variante du concept particulier est le concept
opératoire, c’est-à-dire la correspondance empirique d’un concept universel dans le cadre
d’une recherche.
Concept universel
Il s’agit du concept possédant des caractéristiques partagées par de nombreux concepts
particuliers. On distingue parfois :
les concepts purs, donc des fictions idéalisantes qui transcendent les cas
particuliers,
les concepts analytiques qui se réfèrent à des abstractions sans référence
empiriques immédiates, comme la stabilité politique, l’oppression,
les concepts génériques qui se réfèrent à des ensembles de cas particuliers
ayant certains points en commun comme les pacifistes, les contestataires.
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