Colloque « Les nouvelles technologies dans la Cité » * Pôle de compétitivité européenne, la Bretagne est sensible à la montée des technologies dans la vie de tous les jours. Le Colloque, organisé le 9 décembre 2004 à l’initiative de l’Université de Rennes 1 et de l’INSA de Rennes et de l’ENST Bretagne sur le thème des « TIC dans la Cité » a réuni plus de trois cents personnes. Au cours de cette journée, de nombreux thèmes ont été abordés. Les aspects techniques et les usages émergents ont été évoqués à propos des réseaux de communication, de l’habitat, du transport, de la santé, etc. La disponibilité des TIC permet d’envisager des nouveaux usages à caractère social, sous réserve de la faisabilité technique, de l’acceptabilité individuelle et de l’utilisabilité sociale (sous réserve de ses contraintes juridiques et humaines). La collaboration entre les laboratoires et les chaires de Sciences Humaines a permis d’évaluer la dimension sociologique des projets. Compte tenu de la densité des présentations, nous nous limiterons à évoquer trois projets qui ont été présentés lors de cette journée. Le projet Altermed Le projet Altermed met en jeu les technologies d’accès à l’Internet haut débit pour assurer la continuité des soins entre les différentes zones d’un même territoire. L’objectif se partage en deux volets : « Altermed Patient à domicile », pour assurer la continuité des soins entre une zone rurale et une agglomération grâce à la téléconsultation, et « Altermed Hôpital local », qui vise à la continuité des soins entre les établissements de soins du continent et l’hôpital local d’une zone insulaire ou un poste médical éloigné grâce à l’expertise à distance. Dans les deux cas, il s’agit de relier avec le même type d’équipement une structure hospitalière du continent et le domicile d’un patient ou d’un poste médical insulaire. Le volet « Altermed Hôpital local » est attaché aux zones insulaires de Belle-Ile, Houat et Hoedic et à leur relation avec Vannes. Le volet « Altermed Patient à domicile » concerne la zone délimitée par un rayon de 25 km autour de Vannes, excluant les îles du Morbihan. La maîtrise d’ouvrage est assurée par des acteurs publics et privés du domaine de la Santé, dont la Clinique Océane de Vannes et sa structure d’Hospitalisation à Domicile, l’Hôpital Lanco de Belle-Isle-en-Mer, le Conseil Général du Morbihan (en cours de confirmation), etc. [www.telemedecine.org] Le projet MEDIANET Le projet européen MEDIANET concerne les échanges de contenus de média à travers les réseaux numériques et la distribution de contenu de services audiovisuels à l’intention du marché résidentiel. Il concerne la création de nouvelles architectures de chaîne de distribution et des schémas de coopération entre les propriétaires de contenus, les fournisseurs de services et les fabricants de terminaux électroniques et d’ordinateurs. Au cours des deux premières années, le projet doit définir l’environnement nécessaire à ce déploiement de communications multimédia de bout en bout. Après identification des points de blocage, il devra proposer des technologies, des protocoles, des architectures, des normes, des modèles commerciaux et des règles de bonne conduite entre partenaires pour la réussite de cette entreprise. MEDIANET doit prendre en considération trois domaines différents, mais complémentaires : le domaine des réseaux multimédia, celui des services associés et celui lié à l’ingénierie du contenu qui comprend à son tour le codage audio et vidéo, la gestion du régime des droits (DRM), la protection des contenus, le stockage et la mise en ligne des informations multimédia. Téléassistance aux aînés (projet T@PA) Hélène Trellu et Philippe Cardon, membres de l’Atelier de Recherche Sociologique (l’Université de Bretagne Occidentale) sous la responsabilité de Simone Pennec, ont choisi d’allier la sociologie aux nouvelles technologies de l’innovation et de la communication dans la vie quotidienne avec le concours du groupe de travail S.I.D (« Services Innovants pour personnes Dépendantes ») du département informatique de l’ENST-Bretagne. Le projet T@PA « Télé-Assistance pour Personnes Agées » envisage d’élargir la cible des utilisateurs aux personnes en situation de handicaps de plus de 60 ans. Il s’agit de personnes ayant des difficultés à se déplacer, à sortir de chez elles et qui de fait peuvent se sentir plus ou moins isolées. Ce projet tient son originalité dans la mobilisation d’une équipe pluridisciplinaire composée d’informaticiens et de sociologues. Il vise à mettre en place une plate-forme qui devrait faciliter les relations entre l’aîné (la personne âgée) et les réseaux affectifs, sociaux ou professionnels qui l’entourent. Il s’agit de prendre en compte ses attentes et de favoriser les relations avec leur réseau social dès lors que leur mobilité est réduite, voire inexistante. Un travail sociologique important a été effectué dans le cadre de ce projet. Il a permis d’améliorer la méthodologie employée. Une enquête qualitative s’est imposée pour avoir accès au réseau social des personnes et aux usages qu’elles font des objets de communication. Les personnes considérées au cours de l’étude peuvent avoir des appréhensions différentes et un usage différencié de la technologie, et donc un intérêt plus ou moins marqué pour le prototype qui leur est proposé. La notion de configuration relationnelle renvoie aux différentes relations familiales ou amicales, au voisinage, aux aides professionnelles, médicales et sociales, ou associatives qui se sont constituées autour de la personne. Cette configuration se construit autour des réseaux liés d’une part à la gestion et à la production de santé, d’autre part, aux réseaux de sociabilité (rencontres, discussions, téléphone, courrier, repas, invitations, autres…). L’analyse permet alors de dégager une diversité de configurations relationnelles autour de l’aîné dépendant. Deux tendances générales dans le lien entre rapport aux objets techniques et type de configuration relationnelle se dégagent : les personnes qui ne sont pas séduites par le projet ont soit un réseau professionnel, familial et amical fort avec de nombreux contacts, soit à l’inverse un réseau professionnel, familial et amical faible avec très peu de contacts. Celles qui voient un intérêt dans le prototype ont des réseaux plus restreints, avec une présence plus marquée soit du réseau professionnel, soit du réseau familial / amical ; ou se trouvant dans une configuration plus mitigée (réseau professionnel, familial et amical moyen). Dans l’ensemble, les fréquences de leurs visites sont moyennes à faibles, elles ne sont pas totalement isolées. Pour autant, ces personnes sont en demande de liens, de communication, et d’ouverture sur le monde. Après avoir identifié la perception des enquêtés face à cette nouvelle technologie, et après avoir évalué leurs attentes et leurs besoins en terme de dépendance et de centres d’intérêts, il est apparu que c’est la dimension relationnelle qui est privilégiée par ces personnes et qui suscite leur intérêt pour le prototype, ce dernier n’étant pas envisagé comme support d’usages et de pratiques destinées à la gestion et à l’amélioration de la santé. Suite aux entretiens, les services initialement proposés ont été modifiés, et ils sont désormais désignés sous le nom de « télé-relations », de préférence à « télé-assistance ». André Thépaut, (coordinateur du projet, l’ENST-Bretagne), devait illustrer cette présentation d’un aperçu technique. Le projet s’appuie sur l’expérience acquise dans le domaine de la « maison intelligente », confortée par une architecture de services et d’un ensemble de protocoles connus : capteurs et ’actionneurs divers reliés par des réseaux domestiques du type Bluetooth, IEEE802.11, CPL et infrarouge. Ces micros réseaux ou ces liaisons sont reliés ensemble par un protocole normalisé UPnP de haut niveau basé sur IP. L’architecture de la plate-forme T@PA s’articule autour d’ une console centrale, ellemême reliée à un accès à haut débit et au téléviseur. Ce dernier équipement sert à la fois d’interface de lecture et de télécommande grâce à l’infrarouge. L’ensemble de communication ne comporte donc pas de clavier alphanumérique. En plus des services de communication sur le réseau affectif, le système permet les services communautaires urbains (informations du quartier de Bellevue, télévisions résidences et accès au programme du télégramme de Brest). Il serait souhaitable que des services sociaux ou une Caisse de mutuelle (ou la CNAM par exemple), en raison de l’impact social et des économies générées sur le plan des soins de santé, prennent en charge la gestion de ces infrastructures, comme il en est d’usage au Québec et dans d’autres pays. Mise à jour du 15 Janvier 2005