Formuler la question Le centre d’Evidence Based Medicine d’ Oxford recommande de formuler la question en 4 ou 5 éléments, selon qu’on utilise le modèle du PICO ou du PECOT. Le système le plus connu est celui du PICO où à chaque lettre de l’acronyme correspond un des quatre éléments de la question : P pour le patient (l’animal), ou le problème, ou la population I pour l’intervention sur laquelle porte l’interrogation ( un test diagnostic, un traitement), C pour une autre intervention à comparer à la première, et O pour les résultats (outcome, en anglais). On pourrait ainsi appliquer le système PICO pour se demander : « Chez le cheval (P = le patient), l’anastomose latéro-latérale de l’intestin grêle (I = l’intervention) par rapport à l’anastomose termino-terminale (C = la comparaison) favorise-t-elle la réapparition de coliques par la suite ou influence-t-elle le taux de survie (O = outcome) ? » Une autre façon de poser la question est d’utiliser l’acronyme PECOT où P correspond à la population, E à l'exposition (à un traitement, à un diagnostic mais aussi à un facteur de risque ou de pronostic), C à la comparaison, O au résultat mesuré, et T au temps. Cette dernière notion , le temps, est peu souvent utilisée. Elle l’est lorsqu’on veut restreindre l’exposition à une période bien particulière. Par exemple, on pourrait poser la question qui suit avec le système PECOT: « Chez le cheval (= P), l’alimentation à base d’herbe ( = E) par rapport à une alimentation à base de grain ( = C) favorise-t-il est-elle l’occurrence des coliques (= O ) ». On pourrait préciser le temps (= T) en ajoutant « …entre mars et juin ». Cependant, en utilisant ces acronymes, on se heurte parfois à l’absence d’un élément comparatif (C) dans la question. Ainsi on pourrait également se demander: « Chez le cheval (= P), la chirurgie pour incarcération du grêle dans le foramen epiploique (= I), est-elle un facteur de risque pour une seconde chirurgie abdominale (= O)? ». Oui, mais par rapport à quoi ? La réponse est en fait : par rapport aux autres chirurgies (= C). L’élément comparatif est parfois sous-entendu : il s’agit de l’intervention classique, l’absence d’intervention, l’exposition habituelle, ou l’absence d’exposition. On pourrait se demander pourquoi s’embêter à formuler les questions de façon aussi tordue. En fait, dans le milieu médical, il a été montré que les cliniciens qui ont appris cette façon structurée de procéder posent des questions plus spécifiques, effectuent plus de recherches, utilisent des techniques plus précises de recherche de l’information, et obtiennent de meilleures réponses à leurs questions. Quelques trucs et astuces peuvent être utilisés pour générer la question (Tableau 1). Tableau 1. Trucs et astuces pour élaborer une question selon le modèle PICO ou PECOT Elément Astuce Exemple Patient ou le Problème, ou la Population Se demander comment on pourrait décrire Chez le cheval en un groupe de patients similaires à celui en colique… présence. Il faut essayer d’être précis mais bref. Intervention Envisager quel type d’intervention on est ...l’anastomose en train d’évaluer: un test diagnostic, un termino-terminale... traitement, une mesure prophylactique? Et lui donner un nom. Exposition Est-on en train d’évaluer un facteur de ...la mise à l’herbe... risque, un facteur de pronostic. Et lui donner un nom. Comparaison Quelle est la principale alternative à ce que l’on veut comparer? Il faut essayer d’être précis mais bref. Si la comparaison n’est pas explicitée, s’agit-il de l’intervention classique, l’absence d’intervention, l’exposition habituelle, ou l’absence d’exposition. Outcome (résultat) Qu’espère-t-on accomplir avec ...entraîne-t-elle l’intervention choisie? Quel pourrait-être le plus de récidives? résultat du facteur d’exposition envisagé? ...entraîne-t-elle plus de coliques? ...par rapport à l’anastomose latérolatérale... ...par rapport à l’alimentation classique...