PLAN CLIMAT ENERGIE DE SEINE-ET-MARNE POUR UN TERRITOIRE DURABLE LA SEINE-ET-MARNE AGIT Les impacts du changement climatique en Seine-et-Marne AUJOURD’HUI LUN MAR MER JEU VEN SAM MELUN ÉCLAIRCIES ÉCLAIRCIES seine-et-marne.fr fo Face au changement climatique qui affectera de nombreux secteurs d’activité (agriculture, tourisme, bâtiments et infrastructures…) et les ressources et milieux naturels, l’adaptation de notre territoire est devenue un enjeu majeur qui appelle une mobilisation nationale et surtout locale. En Seine-et-Marne, ce changement est d’ores et déjà observable et risque de s’amplifier. Or, il est possible d’anticiper et de réduire les effets sur les milieux naturels, les ressources, les biens, la santé, l’activité économique. C’est pourquoi, le Département de Seine-etMarne s’engage et mobilise les acteurs du territoire. Ce document, élaboré en partenariat avec Météo-France, présente le profil climatique actuel de la Seine-et-Marne et ses possibles évolutions futures selon les dernières études prospectives. Il détaille également les impacts du changement climatique sur les différents secteurs d’activité seine-et-marnais. Le temps de l’action est lancé ! Il est primordial de s’engager dès à présent dans des actions d’adaptation au changement climatique. Pour accompagner les collectivités, aménageurs et urbanistes seine-et-marnais dans cette mise en œuvre, le Département édite en supplément un guide « Adapter son territoire au changement climatique », élaboré dans le cadre des travaux du Club climat énergie 77. Le Département de Seine-et-Marne s’investit sur ces questions de lutte contre le dérèglement climatique et contribue dans ses différents champs d’intervention à changer ses pratiques, à limiter sa dépendance énergétique et à innover. Agissons dès aujourd’hui, ensemble et durablement. Isoline Millot Vice-présidente du Département en charge de l’environnement et du cadre de vie Jean-Jacques Barbaux Président du Département de Seine-et-Marne 3 p03 Édito p05 Le climat : comprendre un système et observer ses changements p07 Le climat seine-et-marnais aujourd’hui p09 Quelques événements remarquables enregistrés p11 Évolution du climat seine-et-marnais au 20e siècle p13 Quel climat futur ? Projections climatiques pour la Seine-et-Marne p16 Les vulnérabilités au changement climatique en Seine-et-Marne p21 S’adapter au changement climatique ? 4 Le climat : comprendre un système et observer ses changements Un système complexe De multiples éléments conditionnent le climat : on parle de « système climatique ». Ce système est constitué principalement par l’atmosphère, les océans et les glaces, et les terres émergées. Son fonctionnement est dominé par les échanges d’énergie entre la Terre et le Soleil, et par des échanges complexes au sein du système. Ainsi, le climat varie continuellement en fonction de nombreux facteurs naturels : variation de l’activité solaire, éruptions volcaniques, fluctuations de l’orbite terrestre… Cependant, l’évolution des facteurs naturels ne suffisent pas à expliquer les changements récents du climat. Le développement des activités humaines depuis le début de l’ère industrielle et les émissions de gaz à effet de serre associées sont les facteurs qui expliquent, de façon extrêmement probable, l’essentiel du réchauffement climatique constaté ces cinquante dernières années. Zoom sur l’effet de serre Source : CEA/Les défis du climat Éclairée et chauffée par le Soleil, la surface terrestre réfléchit une partie du rayonnement solaire et émet un rayonnement infrarouge dit « tellurique ». Une partie de ce rayonnement tellurique s’échappe vers l’espace et le reste est absorbé par certains constituants atmosphériques, c’est « l’effet de serre ». Grâce à ce phénomène naturel, la température moyenne du globe est de 15°C, sinon elle serait aux alentours de -18°C. Les gaz à effet de serre (GES) sont naturellement présents dans notre atmosphère : ce sont principalement la vapeur d’eau (H2O), le dioxyde de carbone (CO2) et le méthane (CH4). Les recherches scientifiques menées depuis près de 40 ans, en particulier les travaux du GIEC (groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) ont constaté un accroissement très important de ces GES dans l’atmosphère depuis le développement de l’activité industrielle, en particulier le CO2. Or, on observe une corrélation entre l’accroissement de la concentration en CO2 dans l’atmosphère et la hausse de la température moyenne de la Terre. La figure ci-après présente l’évolution de ces deux données sur les 400 000 dernières années. On constate qu’actuellement la concentration en CO2 est de 30% supérieure au maximum observé sur les 400 000 années d’archives climatiques. 5 Températures et concentration de CO2 dans l’atmosphère au cours des 400 000 dernières années Météorologie et climatologie La météorologie étudie le temps qu’il fait et le temps prévu, à un instant et en un lieu donnés. Elle fournit des valeurs observées pour divers paramètres (température, précipitations, pression, vent, couverture nuageuse, etc.) et des valeurs prévues à plusieurs jours d’échéance. La climatologie s’intéresse aux valeurs moyennes de ces paramètres météorologiques établies sur de longues périodes et sur des zones géographiques plus étendues. Le climat décrit les conditions météorologiques moyennes caractérisant une région donnée. La météorologie en Seine-et-Marne 6 Les observations météorologiques ont débuté sur le département dès le 18e siècle. Mais le recueil de données météorologiques de façon systématique n’a commencé qu’à la fin du 19e siècle. La Seine-et-Marne est dotée aujourd’hui d’un réseau d’une quarantaine de stations météorologiques. Certaines stations sont automatisées, gérées par Météo-France ou d’autres organismes : elles relèvent les données plusieurs fois par jour et envoient un rapport directement aux centres Météo-France. Certaines sont manuelles : elles sont gérées par des passionnés bénévoles, équipés et formés par Météo-France, qui transmettent quotidiennement les données recueillies. La station de référence pour le département est celle de Melun-Villaroche (au niveau de l’aérodrome), située sur la commune Montereau-sur-le Jard. Cette station est ouverte depuis le 1er février 1947. Stations météorologiques de Seine-et-Marne Le climat seine-et-marnais aujourd’hui En pente douce, sur le bord oriental du bassin parisien, la Seine-et-Marne est un département de plaines et de plateaux, façonnés par de multiples cours d’eau, qui culmine à 220 m d’altitude. Elle bénéficie d’un climat océanique dégradé, comme Paris. La comparaison des normales climatiques entre Paris et Melun sont pour certaines (températures minimales et nombre de jours de gel) révélatrices de l’îlot de chaleur urbain de Paris (voir page 10). Normales climatiques* pour la période 1981-2010 (moyennes annuelles) Précipitations et températures mensuelles sur Melun pour une année type Normales climatiques 1981-2010 • À Melun, la moyenne mensuelle de la température varie de 3,7°C en janvier à 19,3°C en juillet. • L es pluies sont distribuées de manière assez homogène sur l’année, avec un cumul minimum de 47,6 mm en février et un maximum de 64,6 mm en mai. 7 Un département relativement peu pluvieux Précipitations annuelles - moyennes 1981-2010 Avec 677 mm par an, le cumul des précipitations en Seine-et-Marne est nettement inférieur à la moyenne nationale (environ 890 mm/an) mais légèrement supérieur au reste de la région Île-deFrance (environ 600 mm/an). La pluviosité est un peu plus marquée aux environs de Fontainebleau et dans l’Est de la Brie (environ 750 mm/an). L’hiver, période favorable à la recharge des nappes Si la répartition annuelle des précipitations est relativement homogène en Seine-et-Marne, la recharge des nappes ne l’est pas. En effet, l’évapotranspiration étant très élevée entre le milieu du printemps et le début de l’automne (températures importantes, forte activité végétale), la part d’infiltration durant cette période est quasiment nulle. De plus, les pluies y sont souvent brèves et intenses, sur des sols secs, favorisant le ruissellement direct. La recharge des nappes se fait donc principalement en hiver, quand l’évapotranspiration est faible et quand les précipitations sont moins intenses et plus soutenues dans le temps, sur des sols déjà saturés en eau. Le ciel de Melun-Villaroche le 3 septembre 2015 8 Quelques évènements remarquables enregistrés Rares et ponctuels, les événements météorologiques extrêmes caractérisent également notre climat. PLUIE Cumul record en 1 heure 80,7 mm le 16 juin 1997 à Saint-Cyr-sur-Morin 77,1 mm le 6 juillet 2001 à Vendrest CRUES Cumul record en 24 heures 95,2 mm le 24 août 1987 à Fontainebleau 95 mm le 20 juillet 1955 à Touquin SÉCHERESSE Période et déficits hydriques* les plus sévères : Année 1976 (44%) Hiver : 1976 (60 %), 1992 et 1964 (56 %) Printemps : 2011 (68 %), 1976 (66 %), 1964 (53 %) Eté : 1976 (66 %), 1959 (60 %), 1990 (51 %) Automne : 1 976 (62 %), 1985 et 1964 (48 %) *Le pourcentage précisé correspond au rapport entre la quantité de précipitations tombée une année donnée et la quantité de précipitations normalement attendue. Inférieur à 100 %, on parle de déficit hydrique qui indique une année moins pluvieuse que la normale climatique. Janvier 1910 : Marne, Seine, Loing, Yonne Janvier 1955 : Marne et Seine Février 1958 : Grand Morin 1978 : Yerrres Décembre 2001 : Petit Morin TEMPÊTES 172,8 km/h le 26 déc. 1999 à Chevru 140,4 km/h le 3 février 1990 à Montereau-sur-Le-Jard 127,8 km/h le 28 février 2010 à Grandpuits-Bailly-Carrois VAGUES DE FROID Décembre 1962, 1963, 1969, 2010 Janvier 1963, 1979, 1985, 1987 Février 1963, 1986, 1991, 2012 1963 est l’hiver le plus froid Record de froid depuis 1938 : - Nuit la plus froide : -23,5°C le 17 janvier 1985 à La Ferté-Gaucher - Journée la plus froide : -13°C le 16 janvier 1985 à Dammatin-enGoële VAGUES DE CHALEUR 1976 1983 2003 2015 Août 2003, 12 jours (du 2 au 13) avec : - des températures maximales supérieures à 40°C - des températures nocturnes supérieures à 20°C Record de gel : février 1956, 29 jours de gel dont 22 jours sans dégel 9 Zoom sur le phénomène d’îlot de chaleur urbain « Si vous avez chaud, ce n’est pas (seulement) à cause de la météo » En milieu urbain, les vagues de chaleur sont amplifiées par un phénomène particulièrement connu par les météorologues et les urbanistes : l’îlot de chaleur urbain (ICU). Ce phénomène se caractérise par une élévation localisée des températures de l’air au centre de l’agglomération urbaine et par une diminution des écarts de température entre le jour et la nuit. Le principal îlot de chaleur urbain de la région parisienne est produit par la ville de Paris et sa petite couronne. En été, les différences de températures nocturnes entre le centre de l’agglomération parisienne et les zones rurales proches sont de 2,5°C en moyenne, mais peuvent atteindre 10°C selon certaines conditions (anticyclone). De façon moins marquée que la ville de Paris, les pôles urbains de Seine-et-Marne sont sujets à ce phénomène. Lors des épisodes caniculaires, l’ICU vient se superposer aux températures générales déjà élevées accentuant d’autant l’inconfort thermique du centre-ville pendant la nuit. Il a en outre des répercussions d’un point de vue énergétique (recours aux climatiseurs) et est généralement concomitant de pics de pollution aux conséquences sanitaires notables. La présence non seulement d’ombre, mais surtout de végétation et d’eau est susceptible de tempérer ces excès de chaleur. En plein été, l’écart de température entre une parcelle dépourvue de végétation et une autre ombragée peut atteindre 4 à 8°C. Profil thermique d’un îlot de chaleur urbain la nuit en période anticyclonique 10 Évolution du climat seine-et-marnais au 20e siècle Les observations climatiques effectuées sur le département témoignent d’une évolution avérée du climat de la Seine-et-Marne au cours du 20e siècle. Des températures à la hausse Une augmentation globale des températures sur la deuxième moitié du 20e siècle est observée. Les relevés effectués sur la station de Melun, au cours de la période 1954-2009 révèlent une augmentation de la moyenne annuelle des températures de : • + 1,56°C pour les températures maximales • + 1,60°C pour les températures minimales soit presque 0,3°C par décennie. Cette tendance à la hausse est plus particulièrement sensible en été (+2 °C environ). Températures minimales moyennes annuelles à Melun (1954-2009) 8,00 Températureannuelleminimalemoyenne Moyenne1954-2009 7,50 7,00 6,50 6,00 5,50 5,00 4,50 1954 1958 1962 1966 1970 1974 1978 1982 1986 1990 1994 1998 2002 2006 • L a poursuite du réchauffement se confirme au-delà de 2009, puisque les années 2011 et 2014 ont été les années les plus chaudes jamais enregistrées à Melun, et ce, aussi bien à l’échelle de la région qu’à l’échelle nationale. 11 Précipitations L’analyse des précipitations montre que ce paramètre est très variable : d’une année à l’autre, d’une saison à l’autre. Les variations du régime des précipitations ne sont pas statistiquement significatives sur la période d’observation (1947-2013). Cependant, le département était encore récemment, de 2002 à 2012, en situation de sécheresse par rapport à la normale des précipitations annuelles. Précipitations moyennes annuelles à Melun (1947-2013) 12 Quel climat futur ? Projections climatiques pour la Seine-et-Marne Modéliser le climat D’après le dernier rapport du GIEC (Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’évolution du Climat), l’augmentation des températures moyennes à la surface du globe à l’horizon 2100 sera probablement comprise entre +0,3°C et +4,8°C (par rapport aux valeurs constatées sur la période du climat actuel). Les climatologues n’ont pas une approche unique du changement climatique. Pour obtenir ces résultats, ils utilisent plusieurs modèles simulant diversement l’évolution du climat, tenant compte de différents scénarios socio-économiques, ainsi que de la variabilité propre du climat. Les modèles globaux sont établis par grandes régions, avec une résolution de 100 à 300 km. Sur la base des scénarios développés par le GIEC et transposés finement à l’échelle régionale (résolution de 8 km), les projections climatiques aux horizons 2071-2100 montrent que la Seine-et-Marne pourrait connaître les changements suivants : 13 • Pour les températures, une hausse de 1 à 4°C est attendue pour la Seine-et-Marne, selon le scénario du GIEC étudié. Cette hausse sera plus importante en été (de +1 à +5,4°C) qu’en hiver (de +0,9 à +3,6°C). La figure ci-dessous présente l’évolution des températures minimales sur la région à l’horizon 2100 selon le scénario sans politique climatique (RCP 8.5). Simulation de la température minimale quotidienne (moyenne annuelle) selon le scénario sans politique climatique (RCP 8.5) - modèle Aladin-climat de Météo-France 1976-2005 (référence) 2071-2100 • Pour les précipitations, les modèles climatiques s’accordent sur une hausse des précipitations pendant l’hiver, jusqu’à 60 mm supplémentaires à l’horizon 2071-2100 (la moyenne des précipitations hivernales est actuellement de 172 mm). Par contre, le régime futur des précipitations en période estivale est incertain : certains modèles prévoient des baisses, d’autres de légères hausses. Simulation du cumul de précipitations en période hivernale selon le scénario sans politique climatique (RCP 8.5) - modèle WRF de l’IPSL 1976-2005 (référence) 14 2071-2100 •U ne augmentation des chaleurs estivales est attendue : entre 60 et 110 journées par an supérieures à 25°C contre 48 en moyenne par an actuellement. Une augmentation de la fréquence, durée et intensité des canicules est projetée. La température subie pendant la canicule de 2003 deviendrait la température estivale moyenne à l’horizon 2075 (voir figure ci-dessous). Température estivale moyenne à Melun (1954-2100) • Actuellement, on relève 15 jours de sécheresse par an à Melun. En raison des incertitudes sur l’évolution des précipitations, notamment estivales, l’évolution du nombre de jours de sécheresse à la fin du 21e siècle varie selon le modèle considéré. La tendance va d’une légère baisse de -6 jours par an à une hausse pouvant atteindre +13 jours par an. Cependant, les modèles s’accordent sur une forte augmentation des sécheresses des sols dès le milieu du 21e siècle, pilotée par l’augmentation des températures. Ainsi, on s’attend à une augmentation de 50 à 70 % de la durée annuelle des sécheresses à l’horizon 2080 par rapport à la période actuelle. Enfin, une baisse de la réserve en eau des sols est attendue pour le bassin de la Seine. 15 Les vulnérabilités au changement climatique en Seine-et-Marne Le GIEC définit la notion de vulnérabilité comme « le degré par lequel un système risque de subir ou d’être affecté négativement par les effets néfastes du changement climatique, y compris la variabilité climatique et les phénomènes extrêmes ». La vulnérabilité d’un système ou d’un territoire, dépend de trois facteurs : • Son exposition (populations, milieux et activités) aux impacts climatiques • Sa sensibilité aux impacts • Sa capacité à s’adapter Au regard des projections climatiques modélisées (voir pages précédentes) et du niveau de préparation du territoire seine-et-marnais, le Département a analysé la vulnérabilité au changement climatique de différents secteurs : eau, agriculture, énergie, cadre bâti et infrastructures, tourisme, santé, forêt, biodiversité. Le niveau de préparation du territoire a été établi à partir d’entretiens d’acteurs et de l’étude des documents locaux de planification qui ont permis de définir le niveau d’appropriation des enjeux liés au changement climatique et le niveau d’implication dans leur gestion. 16 Eau degré de vulnérabilité : FORT L’enjeu pour le territoire seine-et-marnais : Le niveau des réserves en eau de la Seine-et-Marne est très lié à la pluviométrie hivernale qui assure la recharge des nappes souterraines. De 2002 à 2012, la pluviométrie hivernale fut faible, voire déficitaire (par rapport aux normales climatiques), ce qui a eu pour conséquence en mai 2012 d’avoir un niveau de la nappe (47,6 m) proche de celui historiquement le plus bas constaté en septembre 1993 (46,5 m), son niveau de référence étant de 53 m. La situation s’est améliorée en 2013 et 2014 mais reste très fragile. Les impacts avérés et attendus : Le SDAGE (Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux) du bassin Seine-Normandie 20162021 intègre les résultats du projet de recherche Explore 2070 qui prévoit à l’horizon 2050 : • une diminution de la ressource en eau à l’échelle du bassin Seine-Normandie dans une fourchette de -30 à -50 %. • une baisse des débits des cours d’eau tout au long de l’année et une tendance à l’aggravation significative des étiages sévères, dans une fourchette de -30 % à -80 %. • une baisse de la recharge des nappes avec une diminution des niveaux piézométriques de plus de 4 mètres en moyenne sur le bassin SeineNormandie et jusqu’à 7 mètres en certains points de la Brie. Ces projections impliquent : • un risque de conflits d’usage qui conduiront à une augmentation du prix de l’eau. • une dégradation de la qualité des eaux via un renforcement des étiages et une diminution de l’effet de dilution avec un risque d’impact sanitaire et un besoin de renforcer les systèmes de traitement. • une progression de la mortalité piscicole du fait de l’assèchement et de la diminution des taux d’O2. Agriculture degré de vulnérabilité : MOYEN/FORT L’enjeu pour le territoire seine-et-marnais : Les impacts avérés et attendus : L’agriculture seine-et-marnaise est productive et à haut potentiel de rendement. Compte tenu des changements climatiques à venir, la question de la résilience à moyen et long termes des systèmes de production, et par conséquent de l’adaptation des pratiques agricoles, se pose. Dans les secteurs aux sols sableux situés au sud du département, le recours à l’irrigation est fréquent et, dans la perspective d’une diminution de la ressource en eau, l’enjeu du partage des usages peut devenir prégnant. L’urbanisation croissante induit une progression sur les terres agricoles. Cette disparition d’espaces productifs est d’autant plus dommageable que l’agriculture a un fort potentiel de stockage du carbone et rend de nombreux services économiques, sociaux et environnementaux aux territoires. Les impacts du changement climatique restent incertains dans le contexte seine-et-marnais et sont très variables suivant les types d’activités agricoles (cultures, élevage, etc). • L’augmentation probable des températures pourrait accélérer l’arrivée à maturité de certaines cultures (blé, orge, colza). Une plus grande concentration de CO2 dans l’air pourrait améliorer les rendements. Toutefois, ces bénéfices seront tributaires de la ressource en eau et pourraient être annulés par les sécheresses des sols attendues à l’horizon 2050, en raison des fortes chaleurs estivales. • La hausse des températures estivales pourrait entrainer une augmentation de la mortalité des animaux d’élevage, comme cela a déjà pu être constaté au cours de l’été 2003. • Développement potentiel de nouvelles cultures. 17 Énergie degré de vulnérabilité : MOYEN L’enjeu pour le territoire seine-et-marnais : Les impacts avérés et attendus : La balance énergétique de la Seine-et-Marne est très fortement négative : elle importe 85 % de son pétrole, 99,8 % de son gaz et elle ne produit que 5 % de l’électricité dont elle a besoin. La Seineet-Marne (hors aéroport) a consommé 2 831 184 TEP (tonnes équivalent pétrole) d’énergies en 2009, principalement des produits pétroliers (36 %), du gaz (28 %) et de l’électricité (27 %). La Seine-etMarne produit également de la chaleur renouvelable (33 477 TEP en 2012) à partir de la géothermie (59 %), des unités d’incinération de déchets (29,8 %), de chaufferies biomasse (10,8 %) et de panneaux solaires thermiques (0,4 %). Le potentiel de développement des énergies renouvelables est élevé. L’augmentation de la part d’énergies renouvelables dans le mix énergétique de la Seineet-Marne et la réduction des consommations sont indispensables pour engager une véritable mutation énergétique du territoire et réduire sa vulnérabilité. Avec le réchauffement du climat sont attendues une baisse de la consommation énergétique en hiver et une hausse en période estivale (liée à une surconsommation des appareils de froid et d’usage de la climatisation). Les réseaux électriques sont exposés aux évènements climatiques extrêmes : les tempêtes peuvent générer des dégâts importants (ruptures d’approvisionnement énergétique, déploiement massif de personnel pour la maintenance du réseau, etc.), les épisodes de fortes chaleurs fragilisent les réseaux électriques enterrés. Les phénomènes de « black out » (coupure généralisée du courant associée à une surconsommation ponctuelle) épargnent actuellement la Seine-et-Marne mais risquent de toucher les territoires situés en bout de réseau, notamment les territoires ruraux. Cadre bâti et infrastructures degré de vulnérabilité : MOYEN 18 L’enjeu pour le territoire seine-et-marnais : Les impacts avérés et attendus : Près de 10 % de la superficie des espaces urbanisés seine-et-marnais se situent en zone d’aléa “retraitgonflement des argiles”, ainsi que 7 % du réseau routier principal (127 km). De fait, la Seine-et-Marne est le 3e département le plus touché par ce type de catastrophe naturelle, eu égard au coût cumulé des sinistres dont le montant, au niveau national, pourrait s’élever à 1,3 milliards d’euros d’ici la fin du siècle. Par ailleurs, le département possède deux villes nouvelles : Marne-la-Vallée et Sénart, qui concentrent sur seulement 6 % du territoire près de 30 % de la population seine-et-marnaise. Cette concentration de biens et de population sur un espace réduit rend ces zones particulièrement vulnérables au changement climatique. • Accroissement du phénomène de retraitgonflement des argiles et, en conséquence, des dommages causés aux biens (infrastructures routières et maisons individuelles). • Amplification du phénomène d’îlot de chaleur urbain (voir page 10) dans les zones urbaines denses et une aggravation des pollutions locales (pic d’ozone), en particulier dans les grandes villes. • Baisse du confort d’été en cas de hausse globale des températures et un recours massif aux systèmes de refroidissement plutôt coûteux et énergivores. Santé degré de vulnérabilité : FORT L’enjeu pour le territoire seine-et-marnais : Il est aujourd’hui admis que le changement climatique affectera la santé humaine, selon des mécanismes directs (augmentation du stress thermique) ou indirects (aggravation des pollutions locales en particulier dans les villes où les concentrations en ozone et en oxydes d’azote sont importantes et amplification des allergies). L’enjeu pour le département est de maintenir une bonne qualité de l’air et concevoir des aménagements urbains adaptés et réfléchis pour améliorer le confort des habitants. Les impacts avérés et attendus : • Avec l’amplification et la recrudescence des épisodes caniculaires, associés à une dégradation de la qualité de l’air, le département subira probablement une augmentation de la mortalité estivale et une amplification des maladies cardio- respiratoires (la chaleur renforce entre autre les pics de pollution à l’ozone) et immunitaires (allergies nouvelles via le développement d’espèces exogènes). • Avec la hausse des températures il est également attendu une dégradation de la qualité des milieux aquatiques avec un développement accéléré des micro-organismes qui pourrait donner lieu à une recrudescence des intoxications alimentaires via la rupture de la chaîne du froid. Néanmoins avec une part de personnes âgées en deçà de la moyenne nationale (5 % contre 7,7 % à l’échelle nationale) et la présence de nombreux espaces naturels qui exercent un effet de rafraichissement, la Seine-et-Marne paraît plus robuste que les autres départements de la région Ile-de-France. Tourisme degré de vulnérabilité : FAIBLE L’enjeu pour le territoire seine-et-marnais : Les impacts avérés et attendus : Le tourisme est un secteur important pour la Seineet-Marne. Le développement du secteur touristique s’accompagne d’un certain nombre d’infrastructures comme les structures d’hébergement (hôtels, campings), de transport (réseaux ferrés, autoroutes), d’assainissement, et énergétiques. Ainsi, une modification future de la demande touristique peut avoir des conséquences importantes sur les choix actuels d‘infrastructures, et sur l’activité économique, dans les zones urbanisées comme rurales. •E n été, l’inconfort thermique provoqué par l’augmentation des températures en zone urbaine se traduirait par un délaissement du tourisme de ville au profit des zones fraîches (plans d’eau, forêts, parcs, commerces climatisés, etc.). • Le tourisme d’été peut également être victime de la diminution de la ressource en eau et l’offre touristique peut être impactée : fermeture partielle des greens de golf, proliférations algales dans les plans d’eau, nuisances olfactives associées au mauvais fonctionnement des stations d’épuration, assèchement des cours d’eau. 19 Forêt degré de vulnérabilité : FORT L’enjeu pour le territoire seine-et-marnais : Les impacts avérés et attendus : Avec près de 140 000 ha boisés, la forêt représente 23 % de la surface du territoire de Seine-et-Marne (moyenne nationale : 27 %). L’écosystème forestier remplit de multiples fonctions : environnementales (production d’oxygène, accueil de biodiversité, dépollution de l’air et de l’eau, prévention des inondations), sociales (zones de loisirs, valeur patrimoniale) et économiques (filière bois énergie, éco-matériaux, emploi local). La préservation de ce patrimoine est donc un enjeu conséquent pour le département et l’Île-de-France. •D épérissement de certaines essences (par exemple, en forêt de Fontainebleau : le hêtre qui possède un système racinaire peu profond, ou encore le frêne) provoqué par des situations de stress hydrique, le développement de maladies ou la diminution des jours de gel. • Vulnérabilité accrue au risque incendie qui peut être accentué par l’augmentation des chaleurs estivales. •D es conséquences plus incertaines sur le fonctionnement d’ensemble des écosystèmes forestiers : - potentielle accélération de la croissance de la biomasse liée à l’augmentation des températures et de la concentration en CO2 mais potentielle régression liée à des épisodes de canicule plus fréquents, - évolution des cortèges d’espèces floristiques et faunistiques ayant un impact sur le fonctionnement des écosystèmes (pollinisation, dispersion des graines, fertilisation des sols, etc.). Biodiversité degré de vulnérabilité : MOYEN 20 L’enjeu pour le territoire seine-et-marnais : Les impacts avérés et attendus : L’étendue et la situation géographique de la Seineet-Marne, ainsi que la préservation de nombreux espaces naturels sont à l’origine d’une grande biodiversité. Cependant, l’étalement urbain, la construction de grands axes de transport et les grandes parcelles agricoles dénuées de haies – en particulier sur la Brie, viennent fragmenter les habitats, créant de véritables barrières à la migration d’individus et au brassage génétique. Identifier et/ou restaurer un réseau écologique, cohérent et fonctionnel constituent des objectifs phares à mettre en œuvre sur le territoire. A l’heure actuelle, il existe peu d’études spécifiques à l’impact du changement climatique sur la biodiversité à une échelle locale. Néanmoins, les travaux menés à plus grandes échelles permettent de dégager les tendances suivantes : • Modification des répartitions géographiques des espèces à la recherche de conditions favorables à leur développement. Globalement, une augmentation de la température de 1 °C correspondrait à un déplacement de 50 à 200 km vers le nord ou de 150 m en altitude. Le déplacement reste néanmoins conditionné par les barrières liées à l’occupation des sols, les activités humaines, la qualité de l’habitat et par les spécificités des espèces (régime alimentaire, potentiel de migration, etc.). • Disparition et apparition d’espèces et de milieux dont l’équilibre dépendra de la faculté d’adaptation des espèces, encore peu connue à l’heure actuelle. S’adapter au changement climatique S’adapter, c’est anticiper les impacts du changement climatique Il est possible d’anticiper sur certains effets à venir et de préparer le territoire au changement climatique et notamment l’habitat, les infrastructures, l’activité économique, les milieux naturels. On peut définir l’ADAPTATION au changement climatique comme l’ensemble des ajustements, évolutions d’organisation, de localisation et de techniques que les sociétés devront opérer pour limiter les impacts négatifs de ces changements et maximiser leurs effets bénéfiques. S’adapter, c’est réduire sa vulnérabilité Mettre en œuvre des politiques d’adaptation permet de réduire la vulnérabilité du territoire. Les stratégies d’adaptation doivent donc être envisagées comme un volet transversal dans la conduite des politiques publiques de gestion et développement d’un territoire, en vue d’améliorer la résilience des systèmes non seulement écologiques, mais aussi économiques et sociaux. Les actions d’adaptation supposent, par exemple, d’éloigner les logements des zones inondables, de choisir les variétés des plantations en fonction des nouveaux équilibres, d’ajuster les réseaux énergétiques à la nouvelle structure de consommation, etc. L’adaptation vient en plus, et non à la place, de l’atténuation (la réduction des émissions de GES). Il s’agit d’établir un continuum entre atténuation et adaptation. Certaines mesures spécifiques à l’adaptation s’apparentent à des bonnes pratiques dont les bénéfices peuvent être immédiats et améliorer rapidement la qualité de vie des habitants, quelles que soient les évolutions du climat. C’est pourquoi on les appelle des mesures “sans-regret”. 21 Observations météorologiques faites par les élèves maîtres de l’Ecole normale de Melun en janvier 1872 Source : Météo-France, Archives nationales La collection de données météorologique de Melun est une des plus longues. C’est pourquoi MétéoFrance s’y est intéressé dès le début du projet « Accès aux Archives Anciennes ». Météo-France a fait numériser tous les tableaux des observations météorologiques de l’école normale de Melun faites de 1865 à 1937 qui sont archivées sous forme papier aux Archives nationales de Fontainebleau. La récupération des données d’observations (températures quotidiennes, température et pression infraquotidiennes) est en cours. Cela représente environ 200 000 données à récupérer et à insérer dans la base de Météo-France. 22 À consulter Guide « Adapter son territoire au changement climatique » Département de Seine-et-Marne, Club climat énergie 77 - 2015 Le Département a édité ce document opérationnel à destination des collectivités qui veulent engager leur territoire dans une stratégie d’adaptation au changement climatique et mettre en place des actions spécifiques. Il se compose de 11 fiches thématiques qui rappellent les enjeux, proposent des actions à mettre en place et présentent des exemples concrets. Bulletins climatologiques annuels de Seine-et-Marne Editions 2011, 2012, 2013 Département de Seine-et-Marne, Météo-France Climat en questions www.climat-en-questions.fr/ Site Internet créé par l’Institut Pierre-Simon Laplace, une fédération de six laboratoires publics de recherche en sciences de l’environnement, avec le soutien de l’Institut national des sciences de l’Univers et de MétéoFrance ClimatHD www.meteofrance.fr/climat-passe-et-futur/climathd L’application de Météo-France pour découvrir l’évolution passée (depuis 1900) et future (jusqu’à 2100) du climat dans votre région MÉTÉO FRANCE www.meteofrance.fr DRIAS les futurs du climat www.drias-climat.fr DÉPARTEMENT DE SEINE-ET-MARNE Direction de l’Eau et de l’Environnement Service Actions Climat-Energie et Nuisances Environnementales Tél. : 01 64 14 76 69 www.seine-et-marne.fr rubrique Cadre de vie & Transports \ Environnement \ Climat-énergie Retrouvez-nous sur Twitter : @meteofrance @VigiMeteoFrance Retrouvez-nous sur Twitter : @Departement77 Facebook : Département de Seine-et-Marne Centre de recherches de Météo-France www.cnrm.meteo.fr 23 seine-et-marne.fr fo Direction de la communication - Photos Patrick Loison, Thinkstock - Octobre 2015. Maquette : Imprimerie Imprimerie du Département : Lesur Réveil de la Marne. Département de de Seine-et-Marne Seine-et-Marne- -Melun. Melun.Impression Ne pas jeter la voie publique. Département de Seine-et-Marne Hôtel du Département CS50377 77010 Melun cedex Tél. : 01 64 14 77 77