L’actualité en médecine dentaire Controverses médicales au cours du 19e siècle Les précurseurs de la narcose à l’éther Marcel Hänggi (traduction de Jean-Jacques Gindrat, source: NZZ) On considère que le 16 octobre 1846 est le jour qui a vu la naissance de l’anesthésie (NZZ du 5 mai 2004). Ce jour-là, pour la première fois, un patient aurait été opéré à Boston sans douleur grâce à une narcose à l’éther. L’auteur de l’article qui suit a consacré son mémoire de licence aux débuts de l’anesthésie en Suisse. Il a été amené à une appréciation quelque peu différente de ces événements. «And there shall be no more pain», cette dédicace émouvante peut être lue, à Boston, sur le socle du monument célébrant l’éther. Il rappelle le souvenir du médecindentiste Thomas Green Morton, à l’initiative duquel, le 16 octobre 1846, pour la première fois, grâce à une anesthésie à l’éther sulfurique, un patient fut opéré sans douleur devant un public de spécialistes. Ce jour est considéré comme la date de naissance de l’anesthésie. Certains faits toutefois font entrevoir les choses sous un angle un peu différent. Tout d’abord, avant l’«Ether Day» déjà, on avait procédé à plusieurs reprises à des opérations sans douleur. En avril 1846, l’ «Augsburger Allgemeine Zeitung» avait décrit avec beaucoup de détails des opérations sans douleur, couronnées de succès. L’histoire traditionnelle de la médecine rapporte de tels succès, elle les considère cependant comme peu vraisemblables. Deuxièmement, selon des récits de témoins oculaires, le patient, ce fameux 16 octobre, n’a pas crié comme à l’accoutumée, mais il a gémi et déclaré, au réveil de l’état d’euphorie dû à l’éther, qu’il avait eu mal. On prit bien soin d’ignorer cette déclaration. Troisièmement enfin, c’est en 1800 déjà, que dans un article fort remarqué, Humphrey Davy avait proposé l’anesthésie par inhalation d’un gaz (il suggérait l’utilisation de gaz hilarant). Davy devint plus tard président de la Royal Society – et c’est précisément cette société qui, à réitérées reprises, refusa de vérifier des communications de ses membres dans lesquelles ceux-ci affirmaient avoir découvert une méthode leur per- mettant d’opérer sans douleur. La société sœur en France agissait de même. Le mesmérisme controversé En 1842 déjà, à Londres, là aussi en présence d’un public de spécialistes, William Topham amputait la cuisse d’un patient qu’il avait préalablement «mesmérisé», c’est-àdire mis en état de transe par l’intermédiaire d’une technique ressemblant à l’hypnose. Si l’on excepte un discret grognement, le patient ne fit entendre aucun son. Cela n’empêcha pas la majorité des spécialistes de l’assistance de considérer l’intervention comme un échec: on soupçonnait le patient de s’être comporté de façon à faire croire qu’il n’aurait pas eu mal! Comment interpréter, dans un intervalle d’à peine quatre ans, des réactions si fort différentes aux deux opérations? Au cours de la première moitié du 19e siècle, on pouvait assister, dans le domaine de la médecine, à des luttes acharnées pour la définition de ce qu’il y avait lieu de considérer comme relevant de la science. A la fin du 18e siècle, Franz Anton Mesmer avait suscité l’intérêt avec sa théorie du «magnétisme animal». Selon celle-ci, de même que les métaux magnétiques, les organismes disposeraient d’un certain «magnétisme». S’il est altéré, il peut être, à en croire les mesméristes, rétabli par des interventions manuelles. Les effets de telles manipulations pouvaient être comparés à ceux de l’hypnose, qui apparaîtra ultérieurement. Après la mort de Mesmer, la théorie a connu à Londres un grand nombre d’adeptes. Au début de 1838, le médecin londonien John Elliotson, entre- prit un certain nombre de séances de mesmérisation sur une patiente épileptique. Le milieu spécialisé, et notamment la revue médicale «The Lancet», qui était son organe de communication le plus puissant, se montrèrent fort impressionnés. Mais, lentement, Elliotson perdit tout contrôle de sa patiente, jusqu’au moment où, en présence de spectateurs appartenant à la noblesse, elle se mit, dans son état d’euphorie, à les railler et à proférer des paroles obscènes. Elliotson perdit la faveur dont il jouissait auprès du public et, en juillet, le «Lancet» se détourna de lui. Dès lors, la revue adopta une furieuse attitude antimesmériste. Les «pneumaticiens», ceux qui dans les années 1800 faisaient des expériences avec les gaz – le jeune Davy était l’un d’entre eux – jouissaient de la même réputation de manque de sérieux. Les gaz provoquaient un état d’ivresse semblable à la transe mesmérienne. Cet effet s’opposait diamétralement à la tendance des médecins qui visaient un contrôle toujours plus grand du corps du patient. Le rôle de la revue «The Lancet» On peut voir une preuve de l’association des essais d’opérer sans douleur à la charlatanerie dans l’exclamation de John C. Warren, le 16 octobre 1946: «Messieurs, ceci n’est pas un canular!». La NZZ du 20 janvier 1847 réagissait de manière identique lorsqu’elle écrivait: «Il ne s’agit en aucun cas d’une narcose par magnétisation». Si la percée s’est produite aux Etats-Unis, ce n’est certainement pas dû au hasard. La professionnalisation de la médecine y avait moins progressé qu’en Angleterre, en France ou en Allemagne, pays dans lesquels un universitaire aurait compromis sa réputation en pratiquant une telle opération. L’establishment médical s’était opposé aux publications de Davy de 1800, qui préconisaient l’utilisation de l’anesthésie – maintenant, elle les célébrait comme une victoire. Il était temps, les annonces selon lesquelles les mesmériens étaient en mesure d’opérer avec succès sans douleur allaient en s’accumulant. Le mesmérisme gagnait de nouveau du terrain. Certains historiens de la médecine attirent toutefois l’attention sur le fait que le mesmérisme était une technique manquant de fiabilité. Joseph Liston, qui utilisa l’anesthésie par inhalation pour la première fois en décembre 1846, fêta cette dernière comme une victoire sur le mesmérisme: «Cette idée géniale des Yankees (…) dépasse sans conteste le mesmérisme. Quelle chance!». Rev Mens Suisse Odontostomatol, Vol 114: 9/2004 965 L’ a c t u a l i t é e n m é d e c i n e d e n t a i r e La rapide dissémination de l’idée nouvelle n’aurait pas été possible sans l’aide du «Lancet». La revue spécialisée consacra 112 articles à ce sujet au cours du premier semestre de 1847. Les médecins, qui quelques mois auparavant repoussaient toute idée d’anesthésie, se trouvaient dès maintenant prêts à accepter des échecs et même à considérer des décès comme quelque chose d’accessoire. Les journaux, eux aussi, rapportaient en long et en large. Le médecin glaronnais Johann Jakob Jenni publiait des articles enthousiastes dans la NZZ. Les patients se mirent bientôt à réclamer des narcoses – alors que les chirurgien, plus prudents, préféraient encore opérer selon les méthodes traditionnelles – c’est-à-dire des patients parfaitement conscients. Q Hugo Spicher pose des jalons: «Dentalakzente» Anna-Christina Zysset (traduction Jean-Jacques Gindrat) Le technicien dentiste Hugo Spicher, par le développement de sa fraise en matériel synthétique, a posé des jalons importants dans les domaines de l’adaptation et du façonnage des appareils d’orthodontie. Pour lancer sur les marchés européens la distribution de la fraise Spicher, récemment brevetée, une nouvelle firme a été créée. Cette firme, dont le siège se trouve à St. Antoni, porte le nom de «Dentalakzente». Hugo Spicher «Dentalakzente» a été créée spécialement en 2004 pour assurer la distribution de la fraise Spicher, en Suisse et sur les marchés européens. Les fraises Spicher sont de nouvelles fraises en matériel synthétique, brevetées universellement, qui facilitent significativement le façonnage des appareils d’orthodontie. A l’heure actuelle, «Dentalakzente» étend son réseau de distribution à la Suisse romande, ainsi qu’à la France et à l’Italie. Le directeur de «Dentalakzente» s’appelle Jens Moecke. C’est un directeur de vente diplômé, né en 1962, de nationalité allemande, il habite la Suisse depuis 1996. Avant de choisir une activité indépendante, il était directeur des ventes, au niveau mondial, dans une importante maison de commerce de biens d’investissement de haute valeur. «La famille Moecke a une lourde hérédité dentaire», c’est ce que nous déclare l’entrepreneur. «Mon beau-frère est médecin-dentiste, mes deux frères et ma mère sont techniciens dentistes et ma sœur assistante dentaire». Jens Moecke est convaincu d’être en me- 966 sure, grâce à la fraise en matériel synthétique – swiss made – de conception nouvelle et brevetée universellement, de développer une entreprise aux reins solides. Un produit de qualité et un marketing intelligent devraient garantir le succès. Moecke nous informe que la mise sur le marché des fraises Spicher, dans les différents marchés, est toujours planifiée de telle sorte qu’elle coïncide avec une présentation en collaboration avec des cliniques universitaires. Le lancement aura effectivement lieu dans le cadre des cliniques de médecine dentaire de l’Université de Berne, là où l’inventeur, le technicien dentiste Hugo Spicher, exerce son activité depuis 1991, dans le cadre de la division d’orthopédie maxillo-faciale. Ce qui a mené Moecke à changer de domaine d’activité et ce qui a déterminé l’Université de Berne à déposer un brevet, vous sont racontés dans ce qui suit. Les cliniques de médecine dentaire déposent un brevet Fribourgeois de langue allemande Hugo Spicher a consacré d’innombrables heures de travail au perfectionnement des fraises en matériel synthétique destinées à la fabrication d’appareils d’orthodontie. En 2003, il a atteint son objectif et a pu pré- Les fraises Spicher Rev Mens Suisse Odontostomatol, Vol 114: 9/2004 senter son invention au Professeur Urs Brägger, à l’époque directeur administratif. Grâce à la composition spéciale des différents éléments constitutifs et au procédé de fabrication (le matériau est d’abord trempé, puis recuit), Hugo Spicher a été en mesure de développer des fraises qui façonnent le matériel synthétique de façon aussi efficace que les fraises en métal dur habituelles, sans toutefois laisser les habituelles traces au niveau fil/métal. Urs Brägger entra en contact avec Unitectra, l’unité des universités de Berne et de Zurich chargée du transfert des connaissances et de la technologie. Unitectra, par ses prestations, fournit une aide aux chercheurs dans tous les domaines du transfert des connaissances et de la technologie, en les mettant par exemple en contact avec des partenaires industriels, en les aidant dans le domaine des brevets ou lors de la négociation de contrats, etc. Par la suite, des contacts ont été pris avec l’office européen des brevets, la description du brevet a été rédigée et adressée à l’office le 19 juin 2003. Le brevet a été accordé le 29 septembre 2003. Des essais durent encore avoir lieu avec différentes maisons de fabrication, avant que les fraises dont on dispose actuellement ne puissent être définitivement montées. Le processus, dans son ensemble, a duré quelque deux ans. A ce sujet, l’inventeur s’exprime ainsi: «Les dépôts de brevet sont une chose très coûteuse, puisqu’il faut tout d’abord démontrer qu’aucun produit identique n’existe dans le monde.» Selon Unitectra, une invention ne peut bénéficier d’un brevet que lorsqu’elle est nouvelle, qu’elle constitue un développement significatif, réalisé de façon autonome et qu’elle est techniquement applicable. C’est précisément ce dernier point, la possibilité technique de l’application, qui a menacé le projet pendant un certain temps. Après les premiers essais couronnés de succès des premières fraises produites en série, des problèmes sont apparus de façon inattendue. La deuxième série de fraises était trop dure, de telle sorte qu’apparaissaient de nouveau des traces de détérioration. Après qu’il fut L’ a c t u a l i t é e n m é d e c i n e d e n t a i r e Ancien fil tuels autres projets, mais rien n’est encore définitif.» A la fin du mois de septembre ou au début du mois d’octobre, après le coup de départ à l’Université de Berne, Moecke va personnellement se rendre chez les médecinsdentistes et leur présenter les avantages des fraises en matière synthétique. Pour l’instant, la palette des produits de «Dentalakzente» se limite aux fraises Spicher, puisqu’il s’agit de lancer ces fraises avec compétence et professionnalisme sur les différents marchés. Peut-être que, entre-temps, Hugo Spicher aura eu la possibilité de développer avec succès un nouveau produit. «Dentalakzente» envisage de mettre à son catalogue d’autres produits innovants, de même que du matériel standard. Pour celui qui s’intéresse aux fraises en matériel synthétique: «Dentalakzente» Jens Moecke Niedermonten CH-1713 St. Antoni/Switzerland Tél. +41 (0)26 495 04 45 Fax +41 (0)26 495 04 26 www.dentalakzente.ch Q Taxe anticipée de recyclage (TAR) Dr U. Wanner La législation suisse au sujet de la protection de l’environnement est sans conteste très avancée en comparaison de celle des pays qui nous entourent. Nouveau fil possible de démontrer que les fraises ne satisfaisaient pas à la «recette» prescrite, Hugo Spicher prit un nouveau départ avec un autre partenaire pour la production. Sans l’aide de sa famille cette invention n’aurait jamais abouti. Un des frères d’Hugo Spicher, qui a des connaissances techniques dans le domaine de la métallurgie, sa femme, qui s’est consacrée aux innombrables travaux administratifs, n’ont pas cessé de le soutenir. Il faut maintenant souhaiter que cette invention, qui sera peut-être suivie d’autres encore, va rapporter quelque chose à son inventeur et à sa famille. Ce dernier, technicien inventif, qui a perdu tôt ses parents et a eu ainsi un début de vie professionnelle difficile, mériterait de profiter de son invention au plan matériel également. S’il devait aujourd’hui faire le choix d’une profession, il ne choisirait plus celle de technicien dentiste. L’absence de possibilités de promotion, à moins de se décider pour la maîtrise fédérale de technicien dentiste, a déjà souvent préoccupé Hugo Spicher. Cela ne l’empêche pas d’aimer son métier. C’est le sentiment d’être en mesure d’améliorer quelque chose qui le motive. La palette des différentes fraises en matière synthétique va considérablement faciliter le travail des futures générations de techniciens dentistes et de médecinsdentistes. Lorsqu’on lui demande si lui, l’inventeur, est déjà sur le chemin d’un nouveau projet, Hugo Spicher répond: «Oui, il y en a un, en théorie il y a déjà des idées, mais pas encore au niveau pratique (le matériel de départ n’est pas satisfaisant). J’ai déjà pris des notes sur d’éven- En ce qui concerne le recyclage respectant l’environnement, le législateur a fort heureusement laissé l’initiative aux associations professionnelles et, s’en tenant une fois pour toutes au principe bien établi de subsidiarité, n’intervient au moyen de normes que lorsque l’industrie privée ne prend aucune mesure ou des mesures insuffisantes. Tenant compte de ces éléments, l’Association suisse de l’industrie et du commerce dentaire (ASICD) a pris la décision d’établir un concept d’élimination du matériel électrique et électronique dentaire et de laboratoire, qui assure une réutilisation aussi grande que possible du matériel et des constituants, ainsi qu’une élimination professionnelle des parties non réutilisables de telles installations de médecine dentaire. En décidant de collaborer avec SWICO, l’Association économique suisse de bureautique, qui a déjà une très grande expérience dans le domaine de l’élimination des ordinateurs, des écrans, des appareils téléphoniques et de photocopie, etc., il a été possible de trouver un partenaire en mesure de réaliser les objectifs du commerce dentaire. A dater du 1er octobre 2004, les dépôts dentaires de l’ASICD vont prélever une taxe anticipée de recyclage sur les appareils électriques et électroniques. Elle permettra de couvrir les frais d’élimination, ou de réutilisation. Les coûts de démontage, ainsi que le transport du cabinet vers le lieu de collecte pour élimination, ne sont toutefois pas inclus. Pour ces derniers, le dépôt dentaire établira au médecin-dentiste une facture en fonction des frais réels. Il est vivement conseillé au médecin-dentiste de faire établir par le dépôt dentaire une at- testation confirmant que l’élimination de ses appareils, y compris leur transport, ont eu lieu conformément aux règles, ceci pour éviter tout problème en cas de contrôle de la part des autorités chargées de la protection de l’environnement. La taxe anticipée de recyclage, sous la forme d’un «système de répartition», va permettre, à partir du 1er octobre, le financement de l’élimination des anciens appareils pour lesquels aucune taxe de recyclage n’avait été prélevée à ce jour. L’Association suisse du commerce dentaire déclare formellement qu’elle ne réalisera aucun profit par l’intermédiaire de la TAR. La SSO aura par conséquent la possibilité de consulter les comptes annuels de la TAR. L’élimination proprement dite des anciennes installations sera confiée à des entreprises de réutilisation et de recyclage certifiées par l’EMPA. L’élimination se fera ainsi «lege artis». L’Association suisse du commerce dentaire, ainsi que les dépôts dentaires qui lui sont associés, espèrent que les médecinsdentistes feront preuve de responsabilité pour la cause de l’environnement et le manifesteront en acceptant de payer la TAR. Un certificat sera remis aux médecins-dentistes qui doivent payer pour la première fois pour des installations; il atteste, de la part de l’ASICD et de la SSO, que le cabinet dentaire participe aux efforts en vue d’une élimination respectueuse de l’environnement des installations électriques et électroniques dentaires. Pour d’éventuelles questions en relation avec la TAR, le secrétariat de l’Association suisse du commerce dentaire se tient volontiers à disposition (tél. 031/952 76 75). Q Rev Mens Suisse Odontostomatol, Vol 114: 9/2004 967 L’ a c t u a l i t é e n m é d e c i n e d e n t a i r e CLIN D’ŒIL DU PASSÉ Psychologie dentaire Roger Joris, Genève Transcription, rédaction et illustrations de Thomas Vauthier Le dentiste, dans l’exercice de son art, «bénéficie», si l’on ose dire, d’une réputation plutôt défavorable. Il ne peut pas ignorer cette situation sans prendre le risque de commettre des impairs qui ne manqueront pas de compliquer sa tâche. Il ne faut pas oublier qu’il y a peut-être 150 ans, le dentiste était encore un arracheur de dents – et très souvent aussi un charlatan. Et le proverbe «menteur [ou mentir] comme un arracheur de dents» nous collera sans doute à la peau pendant longtemps encore. appartient de tout faire pour éliminer ces éléments. Nous en avons les moyens. Il ne nous reste qu’à les utiliser judicieusement; il convient tout d’abord d’examiner calmement la réalité telle qu’elle se présente à nous tous les jours. Je suis bien certain que la plus grande partie des éléments qui font notre réputation sont erronés, mais ils n’en existent pas moins pour autant et c’est à nous qu’il Pour tous ceux qui se seraient quelque peu lassés des «barbus» qui ont marqué l’histoire de notre profession, votre fidèle chroniqueur a décidé d’intercaler dans cette rubrique une mini-série de quelques observations plus personnelles de notre confrère Roger Joris, ancien président de la Société suisse de l’histoire de la médecine et de la Société européenne de l’histoire de la médecine. En effet, plusieurs textes provenant de ses archives, et gracieusement mis à disposition de nos lecteurs, concernent les aspects psychologiques des relations entre le praticien et ses patients. Si ces réflexions ne nous emportent pas en arrière de plusieurs siècles, elles ne sont pourtant nullement désuètes ou poussiéreuses, comme vous allez voir. Il est rafraîchissant de constater que certaines idées formulées par un praticien ayant exercé il n’y a que quelques décennies sont toujours d’actualité. Thomas Vauthier Entreprendre le traitement en psychologue Le traitement que vous devez effectuer ne peut pas laisser indifférent le patient et vous devez agir avec délicatesse et prudence. Nous ne pouvons pas oublier que notre intervention s’effectue dans une matière particulièrement sensible et que nos patients non plus ne peuvent l’oublier. Les sentiments qui les animent face à leur dentiste peuvent être très pénibles même s’ils sont soigneusement cachés. Et un sentiment, quel qu’il soit, ne peut rester intérieur que pour autant qu’une force plus grande en empêche l’extériorisation. Cette force inhibitrice peut être aussi bien la peur que le courage, la sociabilité, la courtoisie, la vanité, ou encore un facteur pathologique, somatique ou psychique. Il est bien évident que le monde sensible ne peut être séparé arbitrairement du monde psychique, et il est impossible d’agir sur l’un des deux sans provoquer une réaction de l’autre. Mais cette réaction peut aussi bien être une réaction de sympathie qu’une réaction de défense. Il faut savoir qu’on ne peut pas soigner un corps et oublier que le corps est animé par une âme. On ne peut pas être neutre avec son patient; il a besoin de nous, par conséquent, on doit lui apporter plus qu’une thérapeutique somatique, mais encore, et c’est aussi important, une thérapeutique psychologique, ou, plus exactement, entreprendre le traitement en psychologue. Conseils pratiques Quelques conseils pratiques vous aideront, je l’espère. Ils entrent, à mon avis, dans ce que j’appelle la psychologie dentaire. Ainsi, je pense que le praticien doit absolument voir son patient avant que ce dernier ne soit assis dans le fauteuil. Il faut donc que le dentiste aille lui-même chercher le patient à la salle d’attente, ou, à tout le moins de le recevoir dans son cabinet de consultation. Il pourra, de cette façon, juger aisément de la taille de son patient, de sa morphologie, de son comportement; il pourra lui parler. Car si votre patient (nouveau) est installé par la demoiselle de réception avant l’arrivée du dentiste, il se trouve en état d’infériorité et d’inconfort, si j’ose dire, vis-à-vis de vous. En effet, se trouver enfoncé ou couché dans un fauteuil avec une serviette autour du cou, un linge sur les genoux, peut être extrêmement désagréable. Et cela ne crée pas un climat de confiance et de détente, ni de relâchement musculaire ou nerveux. S’il ne s’agit pas d’un nouveau patient, le problème est différent, bien entendu, car il ne s’agit alors plus de faire connaissance. Maintenant je vais vous dire ce que je pense d’un cabinet dentaire, c’est-à-dire, de l’endroit où nous passons la moitié de notre vie. Il vaut tout de même la peine de s’en occuper, pour nous et pour nos patients. Le cabinet de consultation Le cabinet de consultation doit être clair et spacieux. Par clair, je ne veux pas dire blanc, car c’est trop brillant et fatigant pour les yeux. Et je vous recommande de ne laisser aucun instrument rébarbatif trop en vue, ni d’instruments tranchants ou piquants sous les yeux du patient qui n’en demande pas tant. Il sait bien, ce patient, que vous avez toute l’instrumentation nécessaire et même plus; cela ne présente pour lui qu’un intérêt fort limité. S’il est venu chez vous, c’est qu’il vous fait confiance, ce n’est pas pour vérifier la beauté de votre panoplie instrumentale. Sachez bien, de plus, que vous n’augmenterez pas votre autorité ni votre importance auprès de vos patients en ayant posé ostensiblement un crâne humain sur Rev Mens Suisse Odontostomatol, Vol 114: 9/2004 971 L’ a c t u a l i t é e n m é d e c i n e d e n t a i r e votre bureau, même si vous l’utilisez avec désinvolture comme cendrier … Il est bien préférable d’y avoir un bouquet de fleurs ou même une fleur seule. Les planches anatomiques accrochées aux murs sont absolument à proscrire. Elles n’apportent rien à vos patients et si elles vous sont utiles, vous pouvez alors les fixer contre le panneau intérieur de la porte d’un buffet ou d’une armoire. Il y a mieux à mettre contre un mur. Mettez-y des tableaux ou des gravures de qualité et de bon goût; vous pouvez également y mettre des photos; mais abstenez-vous d’y mettre votre photo avec un fusil, les pieds sur la tête d’un lion ou d’un éléphant. Les photos de votre famille n’intéressent personne non plus. D’autre part, je ne saurais assez vous mettre en garde contre l’aimable et humoristique habitude, qui me semble d’ailleurs, fort heureusement en perte de vitesse actuellement, d’épingler au mur des caricatures représentant des dentistes; elles ne peuvent pas égayer un patient qui souffre, ou simplement un patient peureux. De plus, il faut reconnaître que c’est d’assez mauvais goût. Ces caricatures peuvent très bien orner les murs du laboratoire, où le technicien n’en sera pas le moins du monde incommodé, et vous pourrez en jouir vous-même chaque fois que la nécessité d’une sédation de vos nerfs se fera sentir … La salle d’attente La salle d’attente doit être avenante et ne pas être encombrée de meubles trop disparates. Ce n’est en tout cas pas l’endroit pour achever la vie d’un vieux salon défoncé qui ne trouve plus de place ailleurs. Et il n’est pas recommandable de faire voisiner pour la fin de leur carrière de faux sièges Louis XV avec de vrais tabourets, même recouverts de velours délavés et sans couleur. Il y faut de bons sièges confortables; une table ou deux et, si la place ne manque pas, une bibliothèque ou une armoire. Quant à la désastreuse habitude d’empiler n’importe quelle revue à moitié déchirée sur 972 la table, elle est à proscrire. Et toute publication à laquelle il manque des pages doit être éliminée pour éviter que votre salle d’attente ne devienne un marché aux puces. Il y a assez de revues très intéressantes qui peuvent y prendre place et résister aux nombreuses sollicitations des lecteurs. D’après les expériences que j’ai faites, je puis vous dire que les revues historiques ou géographiques, ou encore certaines revues de voyage ont la faveur des patients. Au mur aussi, il ne doit y avoir que des choses plaisantes; tout doit aider au confort et à la sédation. Psychologie et plan de traitement Il est une question que je ne puis qu’effleurer au passage, mais qui a son importance; c’est celle du traitement à entreprendre en tenant compte d’un certain nombre de facteurs parmi lesquels il faut noter: – le facteur esthétique, – le facteur fonctionnel, – le facteur financier. Je sais qu’il est extrêmement satisfaisant au point de vue professionnel de réussir un travail exceptionnel par sa beauté et sa qualité; mais cela peut être une grave erreur psychologique de l’entreprendre sur un patient dont les moyens financiers sont limités. Car on s’expose alors à de longues discussions, à des complications de tous ordres qui ne peuvent que vous fatiguer bien inutilement. On me rétorquera qu’il ne devrait pas y avoir une thérapeutique pour riches et une thérapeutique pour pauvres. J’admets bien volontiers l’objection, mais il n’en reste pas moins que c’est une réalité et qu’il faut tout de même s’en accommoder, même si elle n’est pas très satisfaisante, pour éviter des mécomptes et des déboires. D’ailleurs, le phénomène n’est pas nouveau; en effet, un illustre médecin de l’Ecole de Salerne, Cophon, enseigne déjà à son époque la thérapeutique pour pauvres et pour riches. Il est inutile de faire du romantisme dépassé, il faut être réaliste et surtout psychologue. Q CONGRÈS / JOURNÉES SCIENTIFIQUES «Médecine dentaire sociale: économique et ciblée» – Rétrospective du Congrès SSO du 10 au 12 juin 2004 à Interlaken Tout ce qui serait subjectivement souhaitable n’est pas toujours objectivement nécessaire Thomas Vauthier, Rheinfelden «Une médecine dentaire sociale, raisonnable et ciblée». Voilà un sujet qui ne peut que convaincre même les plus réfractaires. En effet, qui n’est pas confronté quotidiennement à cette médecine dentaire qui est peut-être la plus difficile à mettre en valeur ou à pratiquer? S’adapter à la situation sociale et financière du patient, ainsi qu’à ses désirs, tout en pratiquant une médecine dentaire de qualité est souvent une véritable gageure. Le thème principal du Congrès SSO 2004 à Interlaken, dont les multiples facettes ont été traitées avec panache par des spécialistes de renom, aura sans doute permis aux quelque 1300 congressistes d’aiguiser leur sens pour les aspects essentiels et les responsabilités sociales de notre profession. A noter, en passant, que ce fut la 20e fois que le Congrès de la SSO a eu le plaisir de se dérouler à Interlaken. La responsabilité que notre profession doit assumer pour garantir à l’ensemble de la population un accès complet aux soins dentaires gagne en importance, non seulement du point de vue médical, mais aussi politiquement parlant. Aujourd’hui, le médecin-dentiste ne peut plus se concentrer sur le seul aspect médico-dentaire des soins qu’il prodigue a ses patients. Lorsqu’il recherche la solution optimale pour chacun d’entre eux, il doit également tenir compte de l’environnement social et économique dans lequel nous vivons. A Rev Mens Suisse Odontostomatol, Vol 114: 9/2004 cet égard, le véritable défi ne réside pas avant tout dans la réalisation à tout prix du nec plus ultra. Au contraire, le médecindentiste doit au contraire le plus souvent se limiter au nécessaire, tout en garantissant une exécution irréprochable. Ce problème est souvent bien difficile à résoudre. Le congrès SSO de cette année a été consacré précisément à ces aspects de notre profession. Le fil rouge des présentations peut être résumé sous le constat: l’objectif premier de la médecine dentaire sociale est de garantir à chaque patient, quel que L’ a c t u a l i t é e n m é d e c i n e d e n t a i r e soit son statut social, un traitement individuel optimal et adapté à ses besoins, en tenant compte de sa situation personnelle. Pratiquer la médecine dentaire signifie viser des objectifs variés. En quoi s’appliquent-ils au statut socio-économique d’une collectivité ou à celui d’un individu? Dans notre société en pleine évolution particulièrement marquée par d’énormes variations économiques, environnementales, sociales et culturelles, le paradigme de l’uniformité clinique est un non-sens, parce qu’impraticable. C’est aux enseignants et aux formateurs d’induire tant au stade de formation prégraduée, postgraduée que continue cette quête incessante de l’identification des responsabilités éthiques et sociales à laquelle les praticiens seront confrontés en tant que professionnels de la santé. La biologie et bien souvent l’obsession cosmétique ne sont pas les seuls déterminants des critères de la santé buccodentaire et de la compétence professionnelle. Comprendre et intégrer le rôle des facteurs sociaux, économiques, environnementaux, culturels et personnels reste aussi essentiel dans les enjeux et dans l’accomplissement d’une prise en charge que dicte le respect de l’individu. Les devoirs du médecin-dentiste et des sociétés professionnelles face au problème des besoins en soins bucco-dentaires chez les populations indigentes de notre pays comprennent les points suivants: intensification et ciblage des programmes de prophylaxie des affections bucco-dentaires, intégration des démarches de prévention en matière de tabagisme, chez les jeunes en particulier, une meilleure information des patients en difficulté sur leurs droits en matière de prise en charge des soins bucco-dentaires par les services sociaux, établissement d’un dialogue constructif avec le patient et, dans certains cas particuliers, assorti d’une concertation avec le médecin-dentiste conseil et, finalement, un sens du discernement capable d’identifier aussi les nombreux patients souffrant d’une situation socio-économique précaire sans pour autant bénéficier d’une aide sociale. Quel traitement pour quel patient? Dr Michel Perrier, ancien directeur de la Policlinique de médecine dentaire, Lausanne La notion de dénuement, d’indigence, de pauvreté, de misère et de besoins est difficile à définir de manière univoque du fait qu’il s’agit d’un phénomène pluridimensionnel qui se réfère à divers aspects économiques, sociaux, psychologiques, éducatifs et culturels. 974 Dr Michel Perrier La pauvreté se réfère au niveau de vie moyen de la population et aux styles de vie approuvés par la société. Elle exprime un point de retrait par rapport aux modes de vie jugés normaux. Ce niveau de vie moyen est déterminé par des ressources économiques, mais aussi par ce que l’on considère comme des ressources non économiques, telles que les pratiques de la santé, l’éducation et la formation, la situation familiale, le logement, l’alimentation, les loisirs, le prestige social, les réseaux sociaux. Aujourd’hui, la pauvreté ne se limite plus à de petites minorités ou à des zones géographiques bien délimitées. Elle peut menacer des personnes jouissant d’une situation apparemment stable, dans des régions aussi urbaines que rurales. Aussi, bien que la pauvreté se définisse toujours en fin de compte en termes de manque de ressources, d’isolement voire d’exclusion sociale, elle est à considérer comme une menace pour une portion non infime de la population. La pauvreté est difficile à mesurer et à quantifier, car non seulement elle a de multiples visages, mais elle comprend une bonne partie d’invisibilité. Par exemple, selon les mesures statistiques habituellement utilisées, on dénombre entre 10 et 15% de personnes et ménages pauvres dans la société suisse, selon les seuils de pauvreté considérés. Ces chiffres atteignent 13% en Autriche, 16% en France et en Allemagne et 19% en Italie. Les taux les plus élevés concernent les pays méridionaux et le Royaume-Uni. En Suisse, la définition du seuil de pauvreté s’appuie sur les directives de la Conférence suisse des institutions d’action sociale (CSIAS). Le seuil de pauvreté en 2002 était de 2200 fr. pour un ménage d’une personne et de 4300 fr. pour une famille avec deux enfants. Est considéré comme pauvre tout ménage dont le re- Rev Mens Suisse Odontostomatol, Vol 114: 9/2004 venu, après déduction des cotisations sociales et des impôts, est inférieur au seuil de pauvreté. Mais la pauvreté est aussi cachée: on sait qu’une part importante des personnes qui auraient droit à une aide (du fait qu’elles n’atteignent pas le minimum vital) ne la demandent pas, et de ce fait, ne sont la plupart du temps pas connues et très difficiles à approcher. Ainsi, un tiers de rentiers AVS et 40% des rentiers AI auraient droit à des prestations complémentaires pour compléter leur revenu, mais ne les demandent pas et la moitié des personnes qui auraient droit à l’aide sociale ne font pas valoir ce droit. Les groupes les plus souvent concernés comprennent: Les travailleurs pauvres ou «working poor»: leur revenu est insuffisant pour couvrir leur charge. Ils ont souvent un faible niveau de formation et de qualification professionnelle qui les empêche d’améliorer leurs conditions de travail. Ils sont ainsi particulièrement dépendants de leur employeur. La faiblesse du revenu peut aussi avoir comme conséquence le recours au crédit à la consommation et au leasing, donc à des dettes. En 2002, la Suisse comptait 220 000 «working poor» entre 20 et 59 ans, qui vivaient dans 140 000 ménages qui comptaient au total 505 000 personnes. Les familles monoparentales ont la plupart du temps des femmes comme cheffes de famille qui cumulent plusieurs désavantages: de faibles qualifications professionnelles, l’absence ou l’insuffisance de soutien familial et un faible pouvoir d’achat. Prises dans un cercle vicieux, elles ne peuvent occuper un emploi à plein temps car elles ont charge d’enfants et le salaire qu’elles obtiendraient à plein temps ne leur permettrait pas de payer les frais de garderie. Les personnes migrantes ou immigrées occupent souvent des emplois peu qualifiés dans des branches à faible rémunération. Les migrants en situation précaire, soit les requérants d’asile et les personnes admises provisoirement ne sont en général pas représentés dans les études sur la pauvreté. Leur standard de vie est souvent très bas et leurs emplois souvent très disqualifiants. Le nombre de personnes ayant eu recours à l’aide sociale a doublé au cours des années 90. Elles sont actuellement estimées à 300 000 avec une forte part de jeunes réduits à vivre de l’aide sociale (22,5% de plus dans le seul canton de Zurich). La réduction de la durée d’indemnisation des chômeurs a des conséquences concrètes, L’ a c t u a l i t é e n m é d e c i n e d e n t a i r e Flambées de rougeoles et médecine dentaire – faut-il s’inquiéter? Dr Serge Roh, président de la CHPE L’étude des chiffres récents publiés par l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) montre dans certaines régions de notre pays des flambées récurrentes de rougeole suffisamment importante pour que l’on puisse parler d’épidémie. Cette affection virale qui se transmet par contact avec des gouttelettes provenant du tractus respiratoire est particulièrement contagieuse pour les personnes non immunes. Il semble donc intéressant de prendre le temps d’évoquer ici les mesures nécessaires pour protéger le personnel et les patients de nos cabinets d’une transmission indésirable. L’application des mesures d’hygiène préconisées dans les diverses publications de la Commission d’hygiène de la SSO (CHPE) est certainement la façon la plus fiable pour enrayer la transmission des particules infectieuses dans le cadre d’un cabinet dentaire. Toutefois, en accord avec les recommandations de l’OFSP, il convient d’encourager la totalité du personnel médical pouvant entrer en contact avec des porteurs potentiels de l’infection à être immunisé contre la rougeole. Bien que cet état de fait soit acquis pour la plupart de nos collaboratrices et collaborateurs (vaccination durant l’enfance), il semble opportun, en raison de la situation, d’encourager les personnes concernées à vérifier leur statut vaccinal et, pour celles qui ne seraient pas encore prémunies, de les informer des risques encourus et des mesures de protection à leur disposition. Une vaccination manquante peut être rattrapée à tout âge, le vaccin étant considéré par les spécialistes comme efficace et sûr. Bibliographie Bulletin de l’OFSP no 27, juin 2004 Guide méthodologique des maladies transmissibles, OFSP, édition 2000 puisqu’on compte quelque 2700 personnes qui arrivent en fin de droit chaque mois. Dans une étude réalisée par Michel Perrier et ses collaborateurs, les dossiers de 2000 patients examinés et traités à la Policlinique dentaire de Lausanne entre 2001 et 2003 ont été revus et analysés pour mieux connaître les besoins et les soins dispensés dans le cadre d’«un traitement simple, adéquat et économique» adapté à l’état bucco-dentaire et à l’hygiène du patient. Les besoins en soins conservateurs chez les patients assistés s’élevaient à 68% contre 73% chez les patients privés. Les besoins en prothèse amovible s’élevaient à 56,7% chez les patients assistés et à 31,2% chez les patients privés. Ces données s’expliquent par l’application de mesures plus radicales répondant aux recommandations des services sociaux et à la haute fréquence de caries particulièrement avancées que l’on rencontre chez les patients assistés. Les traitements en prothèse fixe chez les patients assistés relèvent du caractère d’exception. Ils doivent répondre à un impératif esthétique dans un contexte d’hygiène de haut niveau. La décision d’un tel traitement se fait d’entente avec le médecin-dentiste conseil de l’institu- tion qui prend le traitement en charge. Le traitement implantaire chez les patients assistés relève aussi d’une mesure exceptionnelle. Après concertation avec le médecin-dentiste conseil, il est parfois admis dans des cas de rétention prothétique mandibulaire chez des patients édentés présentant une crête alvéolaire particulièrement défavorable. 0,9% des patients assistés répartis dans les groupes d’âge des années 50 et au-delà ont bénéficié d’un traitement implantaire visant à stabiliser une prothèse totale inférieure. Il est bien connu et documenté que l’assainissement parodontal s’inscrit dans toute prise en charge thérapeutique bucco-dentaire. Assez systématiquement, les médecins-dentistes conseils des services sociaux refusent un assainissement parodontal qui dépasse le cadre des compétences de base d’une hygiéniste dentaire. Dans des cas très exceptionnels où les conditions d’hygiène domestique sont particulièrement accomplies, il peut être possible d’espérer un accord de prise en charge sur la base d’une négociation avec le médecin-dentiste conseil. Le traitement parodontal des cas assistés se limite la plupart du temps aux extractions des dents perdues et douteuses et à leur remplacement par une solution amo- vible ou non, considérant notamment qu’une occlusion prémolaire suffit à une fonction masticatoire efficace sans gêne esthétique visible. Médecine dentaire sociale: les attentes du patient et celles du praticien Dr Peter Wiehl, Directeur des Cliniques dentaires scolaires et des Policliniques de la Ville de Bâle En Suisse, la prise en charge des frais dentaires dépend de dispositifs légaux des organismes suivants: LAMal, AI, les prestations complémentaires de l’assurance vieillesse, survivants et invalidité (LPC), LAA, AM (assurance militaire) et la loi sur l’asile. Les deux premières se basent sur une liste d’affections qui intéressent le système de mastication, la troisième est couverte par des subventions fédérales octroyées aux cantons qui fixent et versent la prestation complémentaire dans le cadre d’«un traitement simple, adéquat et économique» adapté à l’état bucco-dentaire et à l’hygiène du patient. Lapidairement dit, la mise en œuvre de l’aide sociale appartient aux cantons qui ont chacun élaboré leur propre loi et fixé les montants de l’aide financière, avec comme principe celui du traitement économique, simple et adéquat que doit approuver un médecin-dentiste conseil désigné par les autorités. Pour ces raisons, à l’âge adulte, les soins dentaires ne sont pas accessibles à tous de manière identique, puisqu’ils ne font pas partie du catalogue des prestations de base de la LAMal. Les populations les plus pauvres de Suisse, notamment celles qui dépendent d’une aide financière de la Confédération, des cantons ou des communes, ont un accès différencié aux soins dentaires, suivant qu’ils reçoivent des Dr Peter Wiehl Rev Mens Suisse Odontostomatol, Vol 114: 9/2004 975 L’ a c t u a l i t é e n m é d e c i n e d e n t a i r e prestations complémentaires AVS/AI (la norme la plus généreuse), qu’ils sont suivis par l’aide sociale cantonale ou qu’ils relèvent du domaine de l’asile (le parent pauvre des régimes d’aide sociale). Les soins dentaires ne semblent guère être une priorité dans le domaine social. Il n’y a pas d’assurance obligatoire, ni de politique sociale claire. Ni la Confédération, ni les cantons, ni la SSO, ni les sections cantonales de la SSO n’ont réussi à garantir une pratique identique dans le domaine de la médecine dentaire sociale. Un deuxième avis médical, une concertation élargie, une formation organisée des médecins-dentistes conseil, des procédures de recours clairement établies, seraient nécessaires pour permettre une harmonisation des pratiques et une meilleure égalité de traitement. Le manque de transparence dans ce domaine est frappant et empêche, en l’état, une harmonisation des systèmes cantonaux. L’opacité du système, souvent relevée, son extrême hétérogénéité et l’absence totale d’informations quant à la satisfaction des bénéficiaires sur les soins donnés, empêchent aujourd’hui de réaliser une stratégie nationale dans le domaine des soins dentaires aux personnes nécessiteuses. Pour améliorer l’état actuel inadéquat, le spécialiste bâlois a plaidé en faveur de la mise en place de réseaux et d’interconnexions de toutes les ressources et associant tous les acteurs impliqués – non seulement en Suisse, mais jusqu’au niveau de l’espace européen. Les restaurations dentaires atraumatiques Prof. Jo Frencken, Université de Nijmengen, Pays-Bas La méthode ART (atraumatic restorative treatment) pourrait contribuer à réaliser même des assainissements complexes non pas sous narcose, mais en ambulatoire, ce qui permettrait de réduire les coûts et contribuerait à créer une médecine dentaire socialement supportable pour les enfants également. La méthode ART (également connue sous le terme de MID = minimal intervention dentistry) est d’une géniale simplicité. Elle se fonde sur l’état le plus récent des connaissances en matière de pathogenèse de la carie. Après l’ouverture de la cavité d’accès dans la couche de l’émail, soit avec une fraise tournant à bas régime, soit avec un instrument manuel (ciseau à émail de type ART2 enamel cutter) – qui est par conséquent indolore – la seule couche de la dentine ramollie, donc infectée, est éliminée à l’aide d’excavateurs manuels. Le 976 En dépit de l’engouement pour les médias électroniques, les ouvrages classiques rencontrent toujours un intérêt manifeste parmi les congressistes. débridement des tissus cariés peut encore être amélioré par le nettoyage de la cavité à l’aide d’un appareil à jet de poudre. En principe, on peut donc renoncer à l’anesthésie locale, un avantage qui est particulièrement intéressant pour les traitements des enfants ou des personnes anxieuses. L’obturation subséquente est réalisée par un matériau à base de verre ionomère de type II. Ces matériaux ont une durée de vie comparable à celle des composites, sans en présenter les inconvénients comme la sensibilité à l’humidité ou à des facteurs de manipulation technique. De ce fait, la pose de la digue n’est pas nécessaire, ce qui représente une simplification supplémentaire du traitement. Il est très important de veiller à étendre l’obturation par le «scellement préventif» de sorte à couvrir tous les bords de la cavité ainsi que les puits et fissures adjacents. Le principe obsolète de Black «extension for prevention» a fait place au précepte «extend the prevention». Jusqu’à présent, Jo Frencken et d’autres collaborateurs ont évalué avec succès la méthode ART dans différents pays du Tiers-Monde. En raison de sa simplicité et de son économicité, elle répondrait parfaitement aux exigences d’une «médecine dentaire sociale raisonnable et ciblée» chez nous aussi. Rev Mens Suisse Odontostomatol, Vol 114: 9/2004 Le traitement radiculaire: ses coûts, son utilité et son pronostic Prof. Roland Weiger, Directeur de la Clinique de parodontologie, d’endodontologie et de cariologie du Centre universitaire de médecine dentaire, Bâle Parmi les arguments théoriques en faveur du traitement endodontique en un seul temps, il y a lieu d’évoquer le désir, tant du praticien que du patient, de réduire le temps de traitement, la simplification sur le plan pratique (nécessité d’une seule mise sous digue et d’un seul set d’instruments), ainsi que – facteur important du point de vue des soins dentaires sociaux – la réduction des coûts. Parmi les arguments s’opposant en principe à la procédure en un temps opératoire, il convient de tenir compte des aspects microbiologiques, notamment en cas de complications périapicales, le risque de symptômes postopératoires («flare-ups»), ainsi que la question du pronostic à long terme. Alors que la littérature ne fait pas état de différences significatives entre les résultats obtenus par l’instrumentation manuelle conventionnelle et les traitements réalisés par des méthodes mécanisées, la simplification du traitement et le gain de temps font de ces dernières une alternative fort attrayante. Concernant les pansements médicamenteux, en particulier ceux par de l’hydroxyde de calcium, considéré par d’aucuns comme véritable «remède miracle», plusieurs études ont permis d’observer, après des pansements de Ca(OH)2 durant une à deux semaines un taux d’échantillons microbiologiquement négatifs de 65 à 74%. Dans ce contexte, il est plus intéressant de tenter de répondre à la question du devenir des micro-organismes non éliminés par le traitement endodontique. Le nombre restreint de données à ce sujet semble indiquer que l’hydroxyde de calcium permet d’obtenir les résultats les plus favorables, démontrés par un taux élevé de cultures avec absence d’unités formant des colonies. L’objectif primordial du traitement endodontique est d’éliminer le substrat nécessaire à la prolifération des bactéries, respectivement d’obturer de la façon la plus étanche possible les zones leur servant d’habitat. Les moyens à cet effet sont la préparation mécanique optimale des canaux radiculaires, la désinfection chimique par des solutions d’irrigation efficaces et l’obturation la plus étanche possible de l’ensemble du système canalaire. En guise de conclusion à ce remarquable exposé concernant la question de savoir s’il est préférable de réaliser des traitements ra- L’ a c t u a l i t é e n m é d e c i n e d e n t a i r e diculaires en un seul temps ou en plusieurs séances, le spécialiste bâlois a précisé qu’en l’état actuel des connaissances, il n’est pas possible de préconiser de préférence, au niveau du pronostic, ni l’une ni l’autre des deux méthodes alternatives. Besoin et indications de traitements en orthodontie Dr Jean-Paul Schatz, PD, Chargé d’enseignement, Division d’orthodontie, Section de médecine dentaire, Genève S’il y a un domaine de la médecine dentaire qui est souvent mis en question, voire considéré comme accessoire, superflu ou même un luxe, c’est bien l’orthodontie dont certains critiques ne voient pas l’utilité dans le contexte de soins dentaires à vocation sociale. Dans son exposé, le spécialiste genevois a brillamment su mettre les pendules à l’heure en passant en revue de manière très nuancée les besoins et indications de l’orthodontie. La question première à laquelle il faut répondre est celle de savoir si la malocclusion doit être considérée comme une maladie ou un risque pour la santé bucco- Dr Jean-Paul Schatz dentaire. Vue sous l’angle de l’impératif d’une hygiène bucco-dentaire correcte, la correction des encombrements et autres chevauchements semble être une indication qui va de soi. De même que les traitements orthodontiques à visée préprothétique, qui peuvent parfois être un passage obligé pour la réalisation d’un traitement prothétique raisonnable. En revanche, le problème de la prévention des troubles de l’ATM (ou plus généralement des cranio-mandibular disorders = CMD) par les traitements orthodontiques fait l’objet de controverses dans la littérature. Finalement, la demande d’un traitement orthodontique peut être liée à des considérations purement esthétiques; dans de telles situations, c’est le patient lui-même qui doit décider si la correction est raisonnable. Revenant sur le point controversé de la nécessité des traitements orthodontiques pour des raisons fonctionnelles, le conférencier a précisé que les indices de malocclusion représentent une tentative de quantification d’un écart par rapport à une norme. Leur classification doit donc se faire en fonction de la sévérité de cet écart dans le cas individuel. L’indication à un traitement sera posée après évaluation des risques avérés et réels pour le système stomato-gnathique. La notion de confort n’entre pas en ligne de compte et sera à charge du patient. Tout en admettant qu’il y a peu de données fiables basées sur des études avec un recul suffisant, le spécialiste a néanmoins défini un certain nombre de critères à prendre en considération lors de la défi- L’ a c t u a l i t é e n m é d e c i n e d e n t a i r e nition des besoins et indications pour un traitement orthodontique. Sur le plan du pronostic des tissus dentaires durs et du parodonte, l’alignement correct des arcades dentaires et des relations intermaxillaires peut tout d’abord influencer de manière favorable le risque de carie et de maladies parodontales. Un traitement peut également être indiqué pour corriger des troubles de la mastication ou du développement de l’élocution. L’amélioration des rapports intermaxillaires, par exemple dans les cas de deep bite et/ou de Classe II/2 selon Angle, contribuera à réduire les traumatismes occlusaux, de l’usure et de l’abrasion, voire le risque de résorption radiculaire. Un traitement interceptif pour corriger à un stade précoce les situations de Classe III chez les patients jeunes peut être judicieux tant du point de vue fonctionnel qu’esthétique. A ce propos, il ne faut pas sous-estimer les effets favorables des traitements orthodontiques sur le plan psychique, en particulier en ce qui concerne l’image de soi («self esteem») des patients – qui sont souvent à l’âge de l’adolescence et de la puberté lorsqu’ils demandent un traitement. Remarques importantes en guise de conclusion Comme il fallait s’y attendre, l’ampleur des sujets présentés lors du Congrès SSO 2004 était telle qu’il serait illusoire de tenter d’en relater tous les détails dans ces quelques lignes. Pour cette raison, la présente deuxième partie de ce compte rendu s’est limitée à évoquer un certain nombre de sujets particulièrement représentatifs. Ce faisant, l’accent a été mis en premier lieu sur les deux présentations en français (oui, hélas, seulement deux!), complété par deux exposés illustrant la complexité du thème de ce congrès. La responsabilité de ce choix, forcément subjectif, incombe entièrement à l’auteur qui, une fois de plus, compte sur la compréhension et l’indulgence de tous les intervenants qui ne sont pas mentionnés dans ce compte rendu synoptique. A noter que les exposés complets, ainsi que les graphiques et illustrations y relatives, seront publiés par la SSO sous forme d’un CD-Rom à paraître dans un avenir très proche. Ultime remarque à titre de préavis: l’année prochaine, le Congrès de la SSO se déroulera – comme en 1999 déjà – sous forme d’une semaine de formations interdisciplinaire, du 31 mai au 3 juin 2005 à Bâle. Cette réunion sera placée sous le titre «Médecine dentaire factuelle – possibilités et limites» et comprendra quatre 978 Au revoir début juin 2005 à Bâle pour la Semaine de formations interdisciplinaire placée sous le titre «Médecine dentaire factuelle – possibilités et limites». réunions consacrées aux thèmes suivants: «Esthétique et fonction»; «Diagnostic et pronostic»; «Prévention – intervention» et «Dent naturelle et/ou implant en tant que pilier». Une affiche prometteuse avec un programme fort attrayant donc, que je vous conseille de noter dès à présent dans votre agenda. Q REVUE Lichen plan Ramage G et al.: Denture stomatitis: a role for Candida biofilms Oral Surg Oral Med Oral Pathol Oral Radiol Endod 98: 53–59, 2004 Le Candida est un agent potentiel de la stomatite sous-prothétique décrite pour la première fois par Cahn en 1936. Les cellules fongiques colonisent la surface de la cavité buccale et celle des prothèses acryliques. La stomatite sous-prothétique est une affection récidivante répandue chez 11% à 67% des porteurs de prothèses. Son étiologie est multifactorielle: traumatisme prothétique, port continu, ancienneté, matériau de la prothèse, flux salivaire, hygiène, tabagisme, habitudes alimentaires et pH de la plaque prothétique. L’affection se caractérise par une inflammation de la muqueuse, en particulier au niveau maxillaire. Les patients peuvent se plaindre de sensations de brûlures, d’inconfort, de goût désagréable, bien que beaucoup ne remarquent pas du tout le problème. Les colonies microbiennes sont Rev Mens Suisse Odontostomatol, Vol 114: 9/2004 structurées de manière complexe, souvent encapsulées dans une matrice exopolymérique et ainsi constituées en biofilms capables de résister à des agressions antimicrobiennes immunologiques. Cette situation donne lieu à des maladies réfractaires. Le rôle des biofilms de Candida dans les stomatites sous-prothétiques n’a pas encore été clairement évalué. Les auteurs de cet article admettent qu’ils interviennent L’ a c t u a l i t é e n m é d e c i n e d e n t a i r e dans le caractère récalcitrant de l’affection. L’objectif de leur étude réalisée in vitro est de décrire les biofilms candidosiques associés à une stomatite sous-prothétique et d’évaluer les caractéristiques de la formation de ces biofilms. Des échantillons de prothèses acryliques de patients atteints de stomatite sousprothétique furent soumis à une analyse au microscope à balayage. Des frottis furent prélevés chez ces mêmes patients et le développement cinétique des biofilms de C. albicans fut examiné. Ces biofilms étaient constitués d’une trame de levures cellulaires et d’hyphes logées au fond des irrégularités et des crevasses des matériaux prothétiques. En surface, ces éléments étaient associés à des résidus exo- plymériques. L’activité des biofilms restait intense dans sa complexité et son développement. L’action in vitro d’antifongiques montrait une résistance accrue des biofilms arrivés à maturation par rapport aux formes planctoniques de Candida (formes libres). Le processus infectieux d’une candidose sous-prothétique commence par l’adhésion cellulaire aux prothèses et, par la suite, aux lésions des muqueuses. Les études sur les biofilms ont montré que ces derniers sont constitués de communautés bactériennes structurées attachées à une surface par une matrice. Dans le cas du C. albicans, le micro-organisme se divise après s’être fixé, en formant des microcolonies qui vont résulter en un biofilm tridimensionnel. L’adhésion des biofilms aux irrégularités de prothèses insuffisamment polies les protège du nettoyage mécanique. L’hétérogénéicité phénotypique de la population candidosique au sein d’un même milieu buccal vient encore s’ajouter à la complexité des biofilms. Ces derniers peuvent se montrer particulièrement résistants aux traitements, qu’il s’agisse de fluconazole ou d’amphotéricine B. De plus, les biofilms résistent aussi à l’action d’antiseptiques. Ces données expliquent les taux élevés de récidive de ce type d’infection et encouragent le développement de nouvelles stratégies thérapeutiques. Michel Perrier, Lausanne Impressum Titel / Titre de la publication Angabe in Literaturverzeichnissen: Schweiz Monatsschr Zahnmed Innerhalb der Zeitschrift: SMfZ Pour les indications dans les bibliographies: Rev Mens Suisse Odontostomatol Dans la revue: RMSO Redaktionsadresse / Adresse de la rédaction Monatsschrift für Zahnmedizin, Postfach, 3000 Bern 8 Für Express- und Paketpost: Postgasse 19, 3011 Bern Telefon 031 310 20 88, Telefax 031 310 20 82 E-Mail-Adresse: [email protected] Redaktion «Forschung · Wissenschaft» / Rédaction «Recherche · Science» Chief Editor/ Chefredaktor / Rédacteur en chef: Prof. Dr. Jürg Meyer, Abteilung für Präventivzahnmedizin und Orale Mikrobiologie, Zentrum für Zahnmedizin der Universität Basel, Hebelstr. 3, CH-4056 Basel Editors / Redaktoren / Rédacteurs: Prof. Dr Urs Belser, Genève; Prof. Dr. Peter Hotz, Bern; Prof. Dr. Heinz Lüthy, Zürich Redaktion «Praxis / Fortbildung / Aktuell» Rédaction «Pratique quotidienne / formation complémentaire / actualité» Anna-Christina Zysset, Bern Deutschsprachige Redaktoren: Prof. Dr. Adrian Lussi, Bern; Dr. Felix Meier, Zürich; Thomas Vauthier, Basel Responsables du groupe rédactionnel romand: Dr Michel Perrier, rédacteur adjoint, Lausanne Dr Susanne S. Scherrer, rédactrice adjointe, Genève Freie Mitarbeiter / Collaborateurs libres: Dott. Ercole Gusberti, Lugano; Dr Serge Roh, Sierre; Thomas Vauthier, Nyon/Bâle Autoren-Richtlinien / Instructions aux auteurs Die Richtlinien für Autoren sind in der SMfZ 1/2004, S. 48 (Forschung · Wissenschaft S. 19–24) und auf der SSO-Webseite aufgeführt. Les instructions pour les auteurs de la RMSO se trouvent dans le Nº 1/2004, p. 50 et sur la hompage de la SSO. Instructions to authors see SMfZ 1/2004, p. 53. Herausgeber / Editeur Schweizerische Zahnärzte-Gesellschaft SSO Präsident / Président: Dr. med. dent. Ulrich Rohrbach, Niederscherli Sekretär: Dr. iur. Alexander Weber, Münzgraben 2, 3000 Bern 7 Telefon 031 311 76 28 / Telefax 031 311 74 70 Inseratenverwaltung Service de la publicité et des annonces Schweizer Monatsschrift für Zahnmedizin Förrlibuckstrasse 70, Postfach 3374, CH-8021 Zürich Telefon 043 444 51 04, Telefax 043 444 51 01 Inseratenschluss: etwa Mitte des Vormonats. 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Auflage / Tirage: 5250 Exemplare ISSN 0256-2855 Rev Mens Suisse Odontostomatol, Vol 114: 9/2004 979