6La place et la hiérarchie des formes verbales dans - Hachette

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Chapitre 1
6 La place et la
hiérarchie des formes
verbales dans la phrase
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position dans les conditionnelles sans conjonction, et en seconde position
dans les subordonnées de discours rapporté sans conjonction.
3 La place de la forme verbale personnelle de la phrase
Le troisième critère, d’ordre syntaxique et communicatif, définit la place
de la forme verbale personnelle dans la phrase en fonction du type de
phrase. La forme verbale personnelle est en première ou en deuxième
position, selon qu’il s’agit d’une phrase interrogative, injonctive ou assertive 190 .
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Les critères de placement des formes verbales
dans la phrase allemande
In den letzten Jahrzehnten ist das Interesse an Hungerkünstlern sehr zurückgegangen.
Während es sich früher gut lohnte, große derartige Vorführungen in eigener Regie zu
veranstalten, ist dies heute völlig unmöglich. (F. Kafka)
Dans la première phrase, la seule forme verbale personnelle est ist, auxiliaire d’accompli, le verbe lexical étant représenté par son participe II
(zurückgegangen). Dans la seconde phrase, il y a deux formes verbales personnelles, lohnte et ist, mais lohnte est le verbe de la subordonnée (während… lohnte) alors que ist, verbe copule, est le verbe de la phrase.
Dans une phrase assertive, la forme verbale personnelle occupe la seconde
place. La première place est occupée par un membre de phrase ou par une
forme verbale non personnelle 207 . Les subordonnées se comportent
comme des membres de phrase nominaux ou adverbiaux. Le préverbe
séparable se comporte comme une forme verbale non personnelle :
Les règles définissant la place des formes verbales obéissent à plusieurs
critères.
1 La place des formes verbales non personnelles
2 La place de la forme verbale personnelle de la subordonnée
Le deuxième critère, d’ordre syntaxique, repose, pour la place de la forme
verbale conjuguée, sur la distinction entre phrases (groupes verbaux) et
subordonnées. Dans la subordonnée, la place de la forme verbale personnelle est définie selon le type syntaxique et sémantique de subordonnée.
Elle est en dernière position après les formes verbales non personnelles,
dans les subordonnées introduites par une conjonction ou un autre élément subjoncteur, ce qui est le cas le plus général ; elle est en première
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La forme verbale personnelle dans la phrase
assertive
Chaque phrase, quelle que soit sa complexité, n’a qu’un verbe principal
(en dehors des faits de coordination) et une forme verbale personnelle
principale :
Les formes verbales participent de façon essentielle à la structuration de la
phrase allemande. Elles ont une fonction de structuration interne, car elles
constituent, en début de phrase (première ou seconde position) et en fin
de phrase, des points d’amarrage à partir desquels viennent se fixer et
s’ordonner les autres éléments de la phrase. Elles ont par ailleurs, en raison de leur placement en début et fin de la phrase, une fonction fortement
démarcative à divers niveaux : démarcation de l’énoncé par rapport aux
autres énoncés, en liaison avec l’intonation 191 , démarcation des éléments
« hors construction », tels que les appositions, les ajouts, etc. 210 , délimitation syntaxique des subordonnées, comparatives, etc. 50 51 .
Le premier critère, d’ordre morphologique et fonctionnel, repose sur la
distinction entre les formes verbales conjuguées et les formes impersonnelles, infinitif et participe II. Ces dernières sont placées en fin de phrase
ou de subordonnée, selon des modalités et une hiérarchie à définir. Leur
ordre reflète les diverses opérations sémantiques et syntaxiques mises en
œuvre dans la phrase (accompli, passif, verbe de modalité, etc.).
Les formes verbales et leur emploi
Paul baut ein Haus.
Morgen wird es sicher regnen.
Als er zu Hause angekommen war, rief er uns an.
Angekommen sind wir aber noch lange nicht.
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Les formes verbales non personnelles (infinitif,
participe II, préverbe séparable) dans la phrase
1 Principe général
L’élément mobile du noyau verbal de la phrase (particule ou préverbe
séparable) est placé en fin de phrase, mais devant les subordonnées, les
infinitives et les comparatives :
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Chapitre 1
Les formes verbales et leur emploi
Chapitre 1
Paul baut sein Haus
um.
Paul baut sein Haus
um,
weil er Platz braucht.
Paul baut sein Haus
um,
um Platz zu gewinnen.
Verbe simple (présent)
Paul liebt Maria.
Paul steht früher
auf
als sein Bruder.
+ modalité 1 (le verbe wollen est ajouté)
Paul will Maria lieben.
Lors de chaque opération périphrastique, l’auxiliaire utilisé pour l’opération prend la seconde place et les autres formes non personnelles, infinitif
et participe II, obéissent à la même règle que le préverbe séparable et se
placent à la fin devant les propositions subordonnées, les infinitives et les
comparatives, et s’agglomèrent au préverbe s’il y en a un.
+ accompli (l’auxiliaire haben est ajouté)
Paul hat Maria geliebt.
+ futur (l’auxiliaire werden est ajouté)
Paul wird Maria lieben.
+ futur antérieur (= accompli + futur,
l’auxiliaire haben est mis à l’accompli)
Paul wird Maria geliebt haben.
Futur :
Paul
wird
sein Haus umbauen, weil er Platz braucht.
Accompli :
Paul
hat
sein Haus umgebaut.
+ modalité 1 + accompli (le verbe wollen
est mis à l’accompli)
Paul hat Maria lieben wollen.
• Première série : Paul liebt Maria.
2 La hiérarchie des formes non personnelles en finale
Nous considérerons les opérations suivantes, qui entraînent l’ajout d’un
auxiliaire : passif, modalité 1, accompli, futur. Nous appelons ici « modalité 1 » l’usage des verbes de modalité dans leur sens de base (modalité
normative, volitive, etc.). Ces opérations se manifestent toutes par la présence d’un auxiliaire, le verbe lexical étant à l’infinitif ou au participe II.
Ces constructions périphrastiques relèvent de catégories très différentes.
On peut distinguer en premier lieu celles qui affectent la forme syntaxique
et lexicale de la phrase : il s’agit du passif et de la modalité 1. Ces opérations interviennent dans le contenu propositionnel (la signification lexicale)
et la structure syntaxique de la phrase. L’expression du temps, de la phase
et du mode interviennent sur ces formes de départ et ne modifient ni le
contenu lexical ni la forme syntaxique de la phrase. Ce sont des opérations
lexicalement et syntaxiquement « neutres ». C’est donc la phrase à l’actif
ou au passif, avec un verbe de modalité ou sans verbe de modalité, qui est
à l’indicatif, au prétérit et à l’accompli. Seuls le futur et l’accompli sont des
opérations qui donnent lieu à des constructions périphrastiques qui viennent se superposer aux constructions de départ.
Nous partirons de la phrase de base Paul liebt Maria. Pour simplifier la présentation des combinaisons possibles, nous séparons deux séries de
constructions : les constructions actives, formées sur l’infinitif lieben, et les
constructions passives, formées sur l’infinitif passif geliebt werden.
REMARQUE « + modalité 1 » signifie que cette opération vient s’ajouter à la combinaison
précédente. Figurent en gras les éléments verbaux affectés par la nouvelle opération.
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Les formes verbales et leur emploi
Les phrases exemples, destinées à illustrer la combinatoire des formes verbales, sont nécessairement hors contexte, et certaines d’entre elles peuvent paraître curieuses, voire surréalistes, en tout cas difficiles à interpréter.
Cela vaut particulièrement pour certaines constructions au passif.
• Deuxième série : Maria wird von Paul geliebt.
Passif (présent)
Maria wird von Paul geliebt.
+ modalité 1 (ajout de wollen)
Maria will von Paul geliebt werden.
+ accompli (l’auxiliaire werden est mis à
l’accompli)
Maria ist von Paul geliebt worden.
+ futur (l’auxiliaire de passif werden est mis
au futur)
Maria wird von Paul geliebt
werden.
+ accompli + futur (l’auxiliaire sein est mis
au futur)
Maria wird von Paul geliebt
worden sein.
+ modalité 1 + accompli (le verbe wollen
est mis à l’accompli)
Maria hat von Paul geliebt
werden wollen.
Les deux dernières phrases, qui font intervenir plusieurs opérations avec
deux auxiliaires différents et un verbe de modalité, sont interprétables sans
trop de difficultés, mais elles représentent le degré maximal de complexité
acceptable. Cela ne tient pas seulement à la complexité formelle provoquée par la succession de plusieurs formes verbales, mais aussi et peutêtre surtout à la difficulté de la reconstruction du sens quand le nombre
d’opérations sémantiques intervenant devient trop grand.
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Chapitre 1
Les formes verbales et leur emploi
Chapitre 1
3 La modalité 2
3 Autres types de subordonnées
La modalité 2 (expression de la probabilité) intervient sur l’énoncé, et elle
est donc a priori combinable avec toutes les constructions précédentes,
notamment avec celles qui contiennent une occurrence de modalité 1, sauf
incompatibilité sémantique ou trop grande complexité :
Modalité 1 + accompli
Paul hat damals Maria heiraten wollen.
+ Modalité 2 (ajout de muss)
Paul muss damals Maria haben heiraten
wollen. (Il se peut que Paul ait voulu à
l’époque épouser Maria.)
Modalité 1 + accompli
Plusieurs types de subordonnées ne se conforment pas au modèle général.
Dans les subordonnées introduites par als avec la valeur de als ob, la forme
verbale personnelle vient immédiatement après als 28 :
Er tut, als hätte er uns nicht gesehen.
Er behauptet, er habe das nie gesagt.
Hätte ich das gewusst, wäre ich gleich
gekommen.
(Maria aura probablement été obligée
d’attendre longtemps.)
51
1 Règle générale
Dans la subordonnée introduite par une conjonction de subordination ou
un pronom relatif, la forme verbale conjuguée est placée à la fin de la
subordonnée, après les formes verbales non personnelles.
Présent :
… weil Peter sein Haus
umbaut
Futur :
… weil Peter sein Haus
umbauen wird
Parfait :
… weil Peter sein Haus
umgebaut hat
Futur antérieur :
… weil Peter sein Haus
umgebaut haben wird
Les formes verbales non personnelles sont placées selon le même principe, en fin de phrase. Elles précèdent également les subordonnées
enchâssées 51 , les infinitives et certaines constructions comparatives.
2 Exception
Il prétend ne jamais avoir dit cela.
Dans les subordonnées conditionnelles sans conjonction, la forme verbale
personnelle est en première position 28 :
Maria hat lange warten müssen.
La place des formes verbales dans la subordonnée
Il fait comme s’il ne nous avait pas vus.
Dans les subordonnées de discours indirect sans conjonction, le verbe est
en deuxième position 31 :
Modalité 1 + modalité 2 (ajout de wird) Maria wird lange haben warten müssen.
50
Les formes verbales et leur emploi
Si je l’avais su, je serais venu immédiatement.
Les phrases complexes avec enchâssements
de subordonnées
On parle de phrase complexe dès qu’une phrase contient plusieurs formes
verbales personnelles. Cette complexité peut venir de la coordination de
plusieurs groupes verbaux dans une seule phrase, de la présence de
subordonnées ou, ce qui est très fréquent, de la combinaison de ces deux
phénomènes. On parle d’enchâssement de subordonnées quand une
subordonnée est elle-même membre ou constituant syntaxique d’une
autre subordonnée :
Hans rief an, [1. weil er vergessen hatte, [2. dass er bei uns eingeladen war] ].
La subordonnée causale (1), qui commence par weil et se termine par war,
comprend une subordonnée enchâssée en fonction de complétive
[2. dass… war]. Le principe de l’enchâssement s’oppose au principe de la
juxtaposition, qui consisterait à voir dans cette phrase, comme l’a fait la
mauvaise analyse syntaxique traditionnelle, une succession de trois propositions.
Analyse erronée :
À l’accompli, l’auxiliaire haben précède le double infinitif. Mais cette règle
ne vaut que pour la langue écrite. De telles constructions sont évitées la plupart du temps par les locuteurs à cause de leur caractère très recherché :
Présent :
… weil Peter sein Haus
umbauen muss
Futur :
… weil Peter sein Haus
umbauen müssen wird
Parfait :
… weil Peter sein Haus
hat umbauen müssen
Hans rief an (principale), weil er vergessen hatte (subordonnée 1), dass er bei uns eingeladen war (subordonnée 2).
La forme verbale personnelle de la subordonnée qui accueille (on parle de
« matrice ») a une fonction démarcative. Elle ne signale pas la fin de la
subordonnée dont elle fait partie, mais le début de la subordonnée qui
suit. Ce n’est pas un signe de clôture, mais d’ouverture. Les deux subordonnées se terminent en même temps.
REMARQUE La combinaison d’un verbe de modalité et du futur antérieur produit une
forme très complexe, peu usitée :
… weil Peter sein Haus wird haben umbauen … parce que Peter aura été obligé de
müssen.
transformer sa maison.
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Chapitre 1
Les formes verbales et leur emploi
La phrase suivante comprend deux relatives, l’une rattachée à des Herrn
Egge, l’autre à ein Agent. La première relative comprend un groupe infinitif
enchâssé, la seconde relative comprend plusieurs subordonnées enchâssées, dont les limites sont indiquées au moyen d’indices :
In die Wohnung des Herrn Egge, der
gelernt hatte, nein zu sagen, kam in der
Zeit der Illegalität ein Agent, der einen
Schein vorzeigte, auf dem stand, dass ihm
jede Wohnung gehören solle, in die er seinen Fuß setzte. (B. Brecht)
Dans l’appartement de M. Egge, qui avait
appris à dire non, se présenta un jour durant
la période de l’illégalité un personnage qui lui
montra un papier sur lequel on pouvait lire
que toutes les habitations où il posait le pied
devaient lui appartenir.
On constate que les formes verbales personnelles des subordonnées servent d’élément démarcatif pour indiquer le début de la subordonnée ou
infinitive enchâssée qui suit :
In die Wohnung des Herrn Egge, [1. der gelernt hatte, [2. nein zu sagen] ], kam in der Zeit
der Illegalität ein Agent, [1. der einen Schein vorzeigte, [2. auf dem stand, [3. dass ihm jede
Wohnung gehören solle, [4. in die er seinen Fuß setzte] ] ] ].
La phrase suivante comprend une subordonnée complétive (wie… könne),
à l’intérieur de laquelle sont enchâssées trois autres subordonnées :
Sie erinnerte sich, wie erstaunt eine Kollegin
gewesen war, dass sie Frank nicht sein lasse,
obwohl sie da ein Risiko eingehe, dass sie
nicht studieren könne. (U. Braun)
Elle se souvenait combien une de ses collègues avait été étonnée qu’elle ne laissa pas
tomber Frank bien qu’elle courre ainsi le
risque de ne pas pouvoir étudier.
La forme personnelle du verbe de chaque subordonnée sert de démarcation pour le début de la subordonnée enchâssée suivante :
Sie erinnerte sich, [1. wie erstaunt eine Kollegin gewesen war, [2. dass sie Frank nicht sein
lasse, [3. obwohl sie da ein Risiko eingehe, [4. dass sie nicht studieren könne] ] ] ].
Les subordonnées s’ouvrent donc les unes après les autres comme dans
une fugue, [wie… [dass… [obwohl… [dass… ]]]], et se referment toutes
ensemble sur le verbe de la dernière subordonnée.
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