MétéoSuisse - Inondations des 9/10 avril 2006 Seite 1 von 7 Diese Seite ist momentan in keiner Sprache verfügbar! Actualités météorologiques 11 avril 2006, Christophe Salamin Inondations des 9/10 avril 2006 1. Contexte météorologique et situation synoptique 1.1 La dynamique d'altitude La situation météorologique telle qu'elle se présenta durant le week-end du 9 au 10 avril 06 offrit de nombreuses similitudes avec la situation de fortes chutes de neige de début mars qui avaient affecté le nord du Plateau Suisse. D'un point de vue synoptique, elle se caractérisa dimanche à 12Z par la présence d'une dépression relativement peu creusée (1005 hPa) mais de grande ampleur au large de l'Espagne ainsi que par un profond talweg, avec une courbure très marquée, s'étirant de la Bretagne au centre de la Norvège. Un courant jet de 100 à 120 kt environ se trouvait sur le flanc sud de la dépression Atlantique, s'étendant du sud du Portugal aux Pyrénnées, alors que le talweg était encadré - au niveau 300 hPa - par des vents compris entre 120 et 140 kt. Le déplacement progressif vers l'est de la pointe de ce talweg et la conjonction - entre dimanche 9 avril à 12Z et lundi 10 avril à 12Z - des deux coeurs de jet susmentionnés au voisinage des Alpes furent à l'origine d'une frontogenèse très dynamique. Carte du niveau 300 hPa du 9 avril à 12Z (analyse) agrandir.jpeg, 319 KB Carte du niveau 300 hPa du 10 avril à 12Z (a agrandir.jpeg, 359 KB L'ascendance de grande échelle provoquée par la dynamique d'altitude se matérialisa sous la forme d'une dépression de basse couche, invisible encore au niveau de pression 500 hPa, mais clairement distincte au niveau 850 hPa (environ 1500 m), comme l'illustrent les cartes ci-dessous : http://www.meteoschweiz.ch/web/fr/meteo/actualite_meteo/inondation_des_9_10.html 18.04.2006 MétéoSuisse - Inondations des 9/10 avril 2006 Carte du niveau 500 hPa le 10 avril à 00Z (analyse). La dépression fermée n'est pas visible à ce niveau. agrandir.jpeg, 335 KB Seite 2 von 7 Carte du niveau 850 hPa du 10 avril à 00Z (a dépression fermée au-dessus des Alpes est c agrandir.jpeg, 307 KB Au niveau 500 hPa, le fait que les isobars soient parallèles à la ligne de front eut pour résultat un déplacement très lent de la perturbation - s'étendant des Pyrénnées à l'Allemagne - vers l'est, déplacement également contrarié par une situation de foehn dans les Alpes. La formation d'une dépression de basse couche au niveau 850 hPa accentua encore cette stationnarité du front. 1.2 Conflit de masses d'air et apport d'humidité Les ascendances dynamiques seules ne suffisant pas pour générer de fortes précipitations, il faut rechercher dans un conflit de masse d'air très marqué une des principales causes des récentes intempéries. Un gradient de températures nord sud au-dessus de la France et des Alpes était présent depuis plusieurs jours déjà, l'air chaud étant entraîné de la Méditerranée vers le nord par la dépression Atlantique, l'air froid s'écoulant dans un courant de nord-ouest des îles britanniques aux Alpes. Entre samedi 8 et dimanche 9 avril, ce gradient de température s'accentua et l'apport d'humidité en provenance de la Méditerranée se fit plus marqué sous l'effet d'un renforcement généralisé des vents de sud-ouest. C'est au niveau 850 hPa également que se distingue le mieux ce conflit de masses d'air, comme en témoigne l'image ci-dessous. L'apport d'humidité nécessaire aux fortes précipitations est également très net sur la carte du vent au niveau 850 hPa (environ 1500m). La confrontation entre l'air chaud et humide au sud, et l'air froid et sec au nord est illustrée sur l'image de droite représentant le taux d'humidité au niveau 700 hPa (env. 3000 m.). Cette carte permet de distinguer la masse d'air chaud (en bleu) de la masse d'air froid en provenance du nord (en vert). Comme on le Cette carte des vents au niveau 850 hPa montre bien la provenance Méditerranéenne de la masse d'air dirigée vers la Suisse romande. La grandeur des Cette carte illustre la différence de taux d'humidité entre les deux masse d'air au niveau 700 hPa (env. 3000 m). L'échelle (en % http://www.meteoschweiz.ch/web/fr/meteo/actualite_meteo/inondation_des_9_10.html 18.04.2006 MétéoSuisse - Inondations des 9/10 avril 2006 constate, le gradient de forte température est très marqué et passe juste au-dessus des Alpes le dimanche 9 avril à 12Z agrandir.jpeg, 358 KB flèches, proportionnelle à la vitesse du vent, donne également un aperçu de l'intensité de cet apport d'humidité. agrandir.jpeg, 463 KB Seite 3 von 7 d'humidité) est indiquée au bas de l'image. agrandir.jpeg, 240 KB 2. Observations et relevés 2.1 Evolution de la pression au sol et déplacement du front Entre le samedi 8 et le lundi 10 avril 06, on assiste progressivement à la rencontre des deux masses d'air originaires respectivement de Méditerranée et des îles britanniques, puis à la frontogenèse au-dessus de la France et enfin au lent déplacement de l'ensemble du système vers l'est, accompagné de la formation de la petite dépression secondaire au-dessus des Alpes entre le dimanche 9 et le lundi 10. Carte au sol du 8 avril à 12Z agrandir.jpeg, 161 KB Carte au sol du 9 avril à 12Z agrandir.jpeg, 157 KB Carte au sol du 10 avril à 12Z agrandir.jpeg, 156 KB 2.2 Relevés des stations ANETZ et répartition des précipitations 2.2.1 Relevés du réseau d'obervation En Suisse romande, l'essentiel des précipitations se produisit entre le dimanche 9 avril à 11h00 et le lundi 10 avril à 20h00. En Suisse alémanique, ces précipitations se poursuivirent durant une partie de la journée de mardi en raison d'une situation de barrage de secteur nord assez dynamique. La première carte ci-dessous donne l'évolution des précipitations durant la période susmentionnée pour certaines stations du Plateau. Les précipitations furent en moyenne de l'ordre de 1 à 3 mm/h, avec des pointes entre 4 et 8 mm/h. C'est durant la nuit de dimanche à lundi que se produisirent les précipitations les plus abondantes en Suisse romande. Cette période correspond au passage de la zone d'ascendance maximale liée à la dynamique d'altitude. Lundi, les précipitations se poursuivirent durant toute la journée, mais avec une intensité moindre. La carte de droite montre la somme de précipitations enregistrées aux différentes stations du réseau ANETZ.. On constate des cumuls de 50 à 80 mm en 36 heures environ sur l'ensemble du Plateau, avec une pointe à 85 mm dans la région Lausannoise. On constate d'une part que les régions intra-alpines (Valais central et Grisons) ont été épargnées par ces intempéries, d'autre part que le sud des Alpes a également été copieusement arrosé. Cette région, pour des raisons climatologiques, est cependant nettement moins sensible aux fortes précipitations que le nord des Alpes et possède un seuil de tolérance particulièrement élevé. Evolution des précipitations pour certaines stations du Plateau entre le 10 avril à 11h00 locale et le lundi 10 avril à 23h00 locale. agrandir.jpg, 156 KB http://www.meteoschweiz.ch/web/fr/meteo/actualite_meteo/inondation_des_9_10.html 18.04.2006 MétéoSuisse - Inondations des 9/10 avril 2006 Seite 4 von 7 Relevés des stations ANETZ pour la même pé agrandir.jpg, 281 KB 2.2.2 Cumuls de précipitations calculés à partir des images radar Les deux cartes ci-dessous sont issues des images radar et représentent les cumuls de précipitations en 24 heures. Pour des raisons techniques, les cumuls indiqués sur ces cartes pourraient différer légèrement des valeurs mesurées aux stations ANETS. En l'occurrence, ces valeurs sont difficilement comparables puisqu'elles ne couvrent pas une période identique. L'intérêt de ces images réside surtout dans la visualisation spatiale des précipitations les plus intenses. Remarque : dans la région des Franches-Montagnes ainsi qu'en Ajoie, les précipitations sont sous-évaluées en raison d'un cône d'ombre de l'image radar de La Dôle. Cumuls du dimanche 9 avril 06 agrandir.jpeg, 355 KB Cumuls du lundi 10 avril 06 agrandir.jpeg, 349 KB 2.3 évolution des températures et limite des chutes de neige 2.3.1 Radiosondages des 9 et 10 avril http://www.meteoschweiz.ch/web/fr/meteo/actualite_meteo/inondation_des_9_10.html 18.04.2006 MétéoSuisse - Inondations des 9/10 avril 2006 Radiosondages du 9 avril 06 agrandir.jpeg, 244 KB Seite 5 von 7 Radiosondages du 10 avril 06 agrandir.jpeg, 245 KB Les radiosondages de Payerne indiquent l'évolution des températures (courbe de droite) et du point de rosée (courbe de gauche) avec l'altitude. Plus les deux courbes sont éloignées l'une de l'autre, plus l'air est sec; lorsqu'elles sont presque superposées, l'air est saturé et des précipitations se produisent. La courbe blanche correspond au radiosondage du matin à 00h00, la courbe rouge à celui de midi, et la courbe bleu à celui de minuit. Quelles constatations peuvent-elles être tirées de ces sondages ? Radiosondages du 9 avril : le sondage de 00h00 (en blanc) montre un encore air non saturé, instable et relativement sec dans les basse couches. Un vent de sud-ouest supérieur à 25 kt (environ 50 km/h) souffle au-dessus de 1300 m environ. Ce radiosondage correspond aux averses préfrontales de la nuit de samedi à dimanche dans de l'air encore plutôt doux. La courbe rouge (le 9 à midi) montre un refroidissement et une humidification très nette des basses couches de l'atmosphère en dessous de 4000 m environ liés à la présence du front. A ce stade, les précipitations n'ont plus une allure d'averses mais sont relativement continues; la limite des chutes de neige se situe vers 1300 m. On notera une diminution de la force du vent au-dessous de 2000 m environ. La courbe bleue (le 9 à minuit) illustre de façon éclatante un phénomène appelé isothermie. Lorsque les précipitations passent de l'état solide (neige) à l'état liquide (pluie), elle soustraient de l'énergie sous forme de chaleur à l'atmosphère environnante, laquelle se refroidit d'autant. Ce faisant, la limite du 0 degré s'abaisse et l'altitude à laquelle se produit le changement de phase responsable de ce transfère de chaleur s'abaisse également. La courbe des températures adopte ainsi un profil suivant peu ou prou la limite du 0 degré (ligne blanche oblique) à partir de l'altitude initiale de la limite des chutes de neige (voir radiosondage de midi en rouge); ce phénomène est susceptible de porter la neige jusqu'en plaine; il nécessite d'une part d'intenses précipitations, mais également des vents faibles pour éviter que la masse d'air ainsi refroidie soit remplacée par de l'air plus chaud. Ces deux conditions étaient réunies dans la nuit du 9 au 10 avril. A minuit toutefois, les précipitations tombaient encore sous forme de pluie à Payerne. Radiosondages du 10 avril : la courbe blanche correspond à celle de 00h00 et nous n'y reviendrons pas. la courbe rouge (midi) montre une atmosphère pratiquement inchangée au-dessus de 4000 m environ. En revanche, un net refroidissement s'est produit dans les basses couches et la limite des chutes de neige est maintenant vers 700 m. Les vents de basse altitude sont encore faibles. la courbe bleu (minuit) montre un refroidissement radical de toute la colonne d'air, de 1000 à 7000 m d'altitude. Ce radiosondage est typique d'une traîne post-frontale active et progressivement plus instable. On notera l'orientation désormais nord-est du vent, et sa reprise à basse altitude sous forme de bise. 2.3.2 Evolution des températures D'une manière générale, on constate que les températures furent en baisse très progressive, et ce d'une manière constante sur le nord du Plateau (Fahy, Payerne, Zurich), mais avec tout d'abord un redoux assez marqué durant http://www.meteoschweiz.ch/web/fr/meteo/actualite_meteo/inondation_des_9_10.html 18.04.2006 MétéoSuisse - Inondations des 9/10 avril 2006 Seite 6 von 7 la matinée du 9 dans le bassin lémanique (Genève, Pully, Aigle). L'évolution lente et généralisée vers le bas à partir de dimanche après-midi s'explique par le déplacement très lent de la perturbation. On distingue cependant des paliers dans cette évolution, notamment le 9 entre 18Z et minuit, et le 10 entre 06Z et 12Z.. Ce dernier palier correspond à la transition entre le front lui-même et l'air polaire post-frontal. Evolution des températures et du point de rosée les 9 et 10 avril 06 agrandir.jpg, 192 KB 2.3.3 Quantité de neige Cumuls de neige fraîche entre le 9 et le 11 avril (source : www.slf.ch) agrandir.gif, 126 KB Neige fraîche au matin du 11 avril à 06Z agrandir.jpg, 574 KB Estimer les précipitations sous forme de neige dans une telle situation n'est pas chose facile en raison des disparités régionales, mais également en raison de la grande variabilité de la limite des chutes de neige qui fait http://www.meteoschweiz.ch/web/fr/meteo/actualite_meteo/inondation_des_9_10.html 18.04.2006 MétéoSuisse - Inondations des 9/10 avril 2006 Seite 7 von 7 qu'une partie des précipitations est susceptible de tomber sous forme de pluie entre deux observations. Ceci est vrai surtout pour les stations inférieures à 2000 m. Comme nous le mentionnions au début de cette analyse, les Alpes furent relativement épargnées par ces intempéries en raison d'une phase de foehn durant la journée du 9 avril et une partie de la nuit du 9 au 10. C'est la raison pour laquelle les cumuls relevés ne furent pas remarquables. Les régions les plus touchées furent les Alpes Valaisannes occidentales, les Préalpes et le versant nord des Alpes. On y releva de 40 à 60 cm de neige fraîche en trois jours, dont la majeure partie subsistait au matin du 11 avril. Dans les vallées internes et le long des versants sud, les cumuls furent compris entre 15 et 30 cm. L'arc jurassien, soumis aux chutes de neige à basse altitude plus rapidement que les Alpes, se couvrit d'une couche de neige fraîche supérieure à 25 cm, dont une bonne vingtaine subsistait au matin du 11 avril à 06Z. 3. Période de retour d'un tel événement Les précipitations les plus importantes en Suisse romande ont été enregistrées en région lausannoise avec 85 mm en 36 heures environ, à un rythme compris entre 1 et 3 mm/h. Si l'on se base sur ce chiffre pour évaluer la fréquence d'un tel événement, cela correspond à une période de retour d'environ 7 à 8 ans. Ramené à 24 heures à des fin de comparaison, le cumul pour la station de Pully a en effet atteint 70 mm entre le 9 à 12Z et le 10 à 12Z, moment de plus forte intensité. Cela représente la 4ème valeur pour cette station depuis le début des mesures en 1978 (le record étant de 86 mm le 7 août 1978, et - pour un mois non estival - de 71 mm le 4 septembre 1984), ce qui rejoint grosso modo l'estimation d'une période de retour de 7 à 8 ans. 4. Conséquences et dégâts liés à ces intempéries Le bilan humain de ces intempéries ne fut hélas pas nul, ave une personne décédée par noyade dans la région de Schaffouse. Au niveau des lacs et cours d'eau, le bilan fut également relativement lourd, avec les débordements locaux des lacs de Morat et Neuchâtel, ainsi que de la Sorne dans le canton du Jura, de la Venoge dans le canton de Vaud et de la Glâne dans le canton de Fribourg. La navigation sur les lacs de Neuchâtel ainsi que sur le Rhin fut interdite. Les inondations de caves, terrains, villes basses ou parkings furent légions. Enfin, de nombreux éboulements et glissements de terrain provoquèrent des ruptures de routes, chemins de fer ou télécommunications. 5. Avertissements émis par MétéoSuisse © 2005 MétéoSuisse | Dernier changement: 13.04.2006 http://www.meteoschweiz.ch/web/fr/meteo/actualite_meteo/inondation_des_9_10.html 18.04.2006